Récit de la course : Marathon de Paris 2011, par francois 91410

L'auteur : francois 91410

La course : Marathon de Paris

Date : 10/4/2011

Lieu : Paris 16 (Paris)

Affichage : 1653 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

19 commentaires

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Un bon cru

Marathon de Paris 2011 :

un bon cru

10 avril 2011

 

 

 

Cela peut paraître curieux, mais participer à ce qui est devenu une institution dans le monde de la course à pied reste un événement en soi.

D’abord parce que prendre le départ d’un marathon, aussi entraîné puisse-t-on être, reste un challenge personnel.

Ensuite parce que le MDP est devenu une vraie fête populaire à grande échelle, avec un public très fourni doté d’un enthousiasme incroyable ; on s’y sent à la fois humble et grand quand on y participe de l’autre côté des barrières.

 

J-90

Je sors de chez mon cardiologue .

Je viens de terminer mon test d’effort bisannuel avec deux révélations :

-      comme la dernière fois, le profil présente des anomalies. Donc pas de certificat médical tant que je n’aurai pas passé de scintigraphie ; pas trop d’inquiétude, « il doit s’agit de faux positifs », mais ça fait drôle quand même…

-      le toubib trouve que je ne cours pas assez vite en endurance par rapport à ma fcm et à ma VO2max, que je devrais donc forcer mes entrainements.

C’est curieux comme certaines certitudes peuvent s’effondrer en quelques minutes  


J-60

Après une scintigraphie conforme (ouf), j’ai choisi un plan sur 8 semaines, réaménagé conformément aux indications du Dr De Vellis (que je vous recommande donc pour vos tests d’effort ; il y a un fil qui traîne sur le forum à ce sujet).

La seule question que je me pose est de savoir si la mécanique va tenir le coup avec une intensité de séances que je ne connaissais pas.

Les 3 premières semaines sont dures en effet. A S-5, j’ai prévu un semi à allure marathon, le semi de Savigny-sur-Orge (tiens, je ne me souviens pas avoir fait le récit … oups !).

Tout va bien à l’allure prévue mais je coince sérieusement au 17e. Première alerte, et des doutes qui s’installent… J’espère juste que c’est la fatigue de la prépa.

Les 2 semaines qui suivent sont les plus denses et laissent des traces, mais je pense avoir pu réaliser des séances de qualité. Seul ombre au tableau, une douleur chronique au mollet gauche.

 

J-12

La douleur au mollet est devenue permanente. Elle remonte au niveau du genou et de la cuisse. Je me masse plusieurs fois par jour dans ces deux semaines de de récupération, et j’allège au maximum les dernières séances.

 

J-3

Je récupère mon dossard avec Thierry, le collègue que j’accompagne pour son premier marathon. 2 heures ½ à piétiner dans Running Expo … ma jambe gauche est raide…

 

 

J-1

J’avais pris RDV de longue date pour recevoir des cousins / cousines à la maison … résultat : 20 personnes samedi après-midi puis à table samedi soir pour la pasta party ! J’avais prévenu : je me couche vers 23 heures … je suis mort... La nuit va être déterminante.

 

Jour J

6h30 - La nuit a été bonne, les sensations sont vraiment très correctes au moment de prendre la route pour rejoindre la capitale. Je ne sens pas trop ma jambe pour l’instant : un bon point.

7h15 – Je trouve une place à côté de Dauphine, comme d’hab : nickel. Je finis mes préparatifs tranquillou. Il fait 16° déjà. Je m’enduis de crèmes en tous genres, arnica en tête. Il est moins vingt, faut y aller pour rejoindre le RDV kikous à 08h00 + passage par le vestiaire (impressionnante l’organisation !).

08h00 – Sous l’Arc de Triomphe, je retrouve tous les kikous ainsi que Thierry. Photos de famille bien sûr avant de partir au combat. On se délecte de ces minutes. On sait qu’on ne sera pas tout seul durant ces 42,195km.

 

 
 

 

 

Les uns sont déjà concentrés dans leur course, d’autres semblent beaucoup plus détachés. Puis on rejoint doucement les sas de départ.

08h30 – J’accompagne Thierry dans son sas 4h30, histoire de faire les premières minutes ensemble. Les speakers sont bons je trouve. En plusieurs langues ils souhaitent la bienvenue, encouragent, conseillent de bien s’hydrater à cause de la température (17°) … Puis demandent une minute de silence pour les victimes du Japon ; deux japonais vétérans sont juste derrière nous : grosse émotion.

Les coups de feu successifs sont donnés pour les handis, les assoces, puis à 08h45 c’est la masse qui est lâchée.

 

Le départ

Il nous faudra plus de 16 minutes pour franchir la ligne de départ. La descente des Champs est grisante comme d’habitude. Les 8 semaines de prépas défilent dans ma tête et je me dis : ça y est, maintenant faut assurer. Rapidement je me cale sur mon tempo : 5’26 au kil, et je commence à doubler.

A la sortie de la Concorde, premier bouchon. La rue de Rivoli est dense, difficile d’avancer de façon constante et sereine : je commence à regretter d’être parti de derrière.

J’essaie aussi d’optimiser ma trajectoire malgré tout pour éviter les hectomètres supplémentaires à l’arrivée. Pas évident.

Derrière nous, les champs sont dans un drôle d'état : 

 

Km5

Je fais un gymkhana quasi incessant. Je grille le ravito (intouchable) comme prévu pour déboucher sur la place de la Bastille. A la sortie, c’est l’entonnoir comme d’hab : nouveau bouchon.

Je reste cependant concentré sur mon allure au kil et en forçant par moment, j’atteins le km10 dans les temps prévus dans d’assez bonnes conditions finalement.

 

Km10

Je réussis à capter une bouteille d’eau dans la bousculade. Depuis le départ, je bois régulièrement pour ne jamais avoir de sensation de soif.

Le château de Vincennes est dépassé, j’appelle Myriam, une collègue postée avec sa petite famille au km12. A 200m je l’entends déjà qui hurle mon prénom. Elle est quasi-hystérique quand je la trouve ! Elle en oublie de prendre une photo ! 100m plus loin, les gars autour de moi se marrent encore (ils sont jaloux) ; j’ai perdu une trentaine de secondes dans l’affaire mais ça valait le coup !!

La traversée du bois de Vincennes est chaotique. Ca se bouscule à chaque virage et à chaque rétrécissement de chaussée. Faut relancer ensuite pour récupérer la poignée de secondes ainsi évaporées.

 

Km17

Je me refais la cerise dans cette portion qui descend vers la porte de Charenton. L’entrée dans Paris est royale ! Une foule considérable, des encouragements par brassées, un enthousiasme communicatif dignes du Tour de France.

Faut pas s’enflammer, on n’est pas encore au semi ! Je continue à boire abondamment, je prends une barre énergétique.

Au 20e, au beau milieu de la bousculade du ravito, mon épouse réussit à me trouver et à faire une photo !

 

 

Je continue de me bagarrer pour concilier dépassements, évitement de bouchons, trajectoire, et tempo. Je passe le semi en 1h55’10’’. Impeccable.

Au 22e (je crois), Le Bagnard, Astro et Land m'encouragent. Génial   ! Ca fait du bien de ne pas être seul sur un marathon !

 

Km 25

La visite de la capitale se poursuit sous un soleil resplendissant. C’est magnifique. Nous avons rejoint les berges de la Seine depuis le 23e environ. Après le ravito du 25e, les pompiers arrosent à nouveau la chaussée. Je commence à avoir chaud, donc je me positionne dessous, … et m’enfonce dans 20 cm d’eau… et continue avec une litre de flotte dans chaque pompe… Je fulmine, mais en même temps, au fil des hectomètres, l’eau s’évacue, la fraîcheur de l’opération me fait du bien aux jambes, je sens moins la fatigue.

C’est le moment de descendre dans le long, long, long tunnel du Châtelet. Il y fait chaud, je reste concentré sur mon tempo, qui tient le coup pour l’instant. La remontée à l’air libre et sous le soleil et les vivas du public massé au-dessus du pont nous requinque. Je m’aperçois que mon chrono a bafouillé dans le tunnel : je n’ai plus de repère chronométrique fiable depuis le départ.

 

 

La Tour Eiffel est en vue puis dépassée. Toujours énormément de monde tout le long des berges, au-dessus de chaque pont, jusqu’au ravito du 30e : les parisiens et les touristes profitent à fond de ce beau dimanche matin ensoleillé.

 

Km30

Mon épouse a réussi à me localiser juste après le ravito : super !

  

  

 

Une future éco-coureuse ?

C’est dur mais je me sens vraiment bien, je suis persuadé que c’est l’entrainement qui paye. Le seul voyant au rouge est cette jambe gauche qui durcit de km en km. La douleur du mollet est remontée à la cuisse, ça couine …

A l’approche du km33, impossible de continuer, je suis au bord des crampes. Je dois stopper et tenter quelques étirements sur un bord de trottoir. Je peux repartir au bout d’ 1’30’’ : une éternité. Paradoxalement, j’arrive à maintenir facilement 5’40’’ au kil. Sur 2-3 km avant de réitérer les étirements après le 35e.

 

Km 37

Plus que 5 ! Je suis soulagé d’avoir pu gérer les crampes de ma patte folle et de pouvoir poursuivre. Nous sommes dans l’interminable Bois de Boulogne, et débouchons enfin sur l’interminable allée de la Reine Marguerite. J’y ai fait quelques séances de nuit cet hiver, mais le paysage aujourd’hui est bien différent. Enormément de coureurs marchent. A mon tour je dois m’étirer à nouveau ma jambe gauche par précaution.

 

Km 39

Ce coup-ci je suis certain que je terminerai. Tout le monde autour a sûrement lancé son compte à rebours dans sa tête.

Je me dis que je peux finir en 3h57.

Au 40e, je reçois un appel de mon patron (que je ne citerai pas) qui me demande ce que je fous (non, je déc*** : il pensait que j’étais arrivé). Je lui dis que je le rappelle dans ¼ heure !

Je serre les dents à présent. Autour de moi j’entends : « plus que 2 ! » et beaucoup d’anonymes qui nous félicitent déjà. On souffre tous mais pour rien au monde nous ne laisserions notre place. C’est trop bon !? Allez comprendre !

 

Km 41

Nouveaux étirements avant le 41e et la dernière ligne droite. C’est maintenant que du bonheur dans la douleur ! Mon but est d’atteindre la place Dauphine et ensuite de tout lâcher.

La place Dauphine est là. Des barrières de chaque côté contiennent une foule surexcitée. Je plane. Je harangue deux ou trois fois le public, qui répond et en redemande.

L’avenue Foch est majestueuse, les speakers nous accueillent. Nous avons l’impression que nous sommes le centre du monde. Je fais l’avion sur la ligne.

Top. Je pense avoir fait 3h58 environ. Satisfaction.

 

 

Les douleurs auront disparu quelques instants, l’émotion est à son comble. Je marche tranquillement. Pas de nausées ou de sentiment de fatigue extrême comme cela m’était déjà arrivé : c’est bon ça. Je profite.

La progression dans la zone d’arrivée est pénible, je continue à boire. Au bout de 30 minutes, j’arrive à m’extraire de la zone, enfin.

Il fait beau.

 

Bilan

De retour à la maison, en consultant les résultats, je vois 4h00’03’’. Il est interdit de rire !

Mais bon, relativisons : je vois à mon classement que le temps moyen est élevé, et en enlevant le temps perdu dans mes étirements (3’15’’), les bouchons ou les blocages, je pense que j’étais vraiment pas loin du temps escompté (3h50), surtout à cette température (23° à l’arrivée).

 

Moralité maintenant :

-      me reposer au maxi pour cicatriser et guérir ma jambe gauche

-      valider le plan d’entrainement que j’ai suivi

-      ne plus partir dans un sas postérieur à la perf envisagée

-      boire encore plus pour retarder l’arrivée des crampes

-      m’inscrire à mon prochain marathon !

 

Mais avant, ce sera un voyage en famille pendant les vacances de Pâques (et repos total), puis A Rett Toi Pour Courir à la mi-mai (Antony-Orléans).

 

A suivre…

 

NB : merci à tous et toutes pour vos encouragements, vos photos, vos sourires, votre soutien 

 

 

François – Dossard 23144
12921e en 04:00:03

19 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 11-04-2011 à 19:22:00

Yes François, Paris c'est un grand marathon. J'ai pensé à toi car quand j'ai vu le temps, je me suis souvenu de Paris 2007 où il faisait 27 degrés à l'arrivée.

Bravo à toi pour ce qui reste un challenge personnel et aussi pour nous l'avoir fait partager d'une manière aussi juste.

Commentaire de chtigrincheux posté le 11-04-2011 à 19:30:00

Je t'invites sur mon terrain de jeux préféré,la COURSE HORAIRE .Tu y trouveras ce que tu cherches,du vrai de l'authentique de la fidélité, du respect etc...
Merci mon poto t'es un mec bien

Commentaire de CROCS-MAN posté le 11-04-2011 à 19:47:00

BRAVO François, ça c'est de la maitrise!!
Ta prépa a payé, ça doit servir a quelque chose alors, faudra que j'essaie un jour lol Félicitations et merci pour ton récit. Bon c'est quand le prochain? n'oublie pas les 24h de Marignane en décembre.

Commentaire de RogerRunner13 posté le 11-04-2011 à 20:28:00

Un marathon est toujours ,un sacré challenge, bravo!

Commentaire de Mustang posté le 11-04-2011 à 20:43:00

tu t'es bien accroché, bravo!!

Euh sur la première photo prise par de ton épouse, tu n'es pas dans le sens de la course!!! c'est peut-être pour ça les 4h00'03!!! :))

Commentaire de mara posté le 11-04-2011 à 20:50:00

Bravo François !!! Maintenant, place à la recup'
A bientôt

Commentaire de bubulle posté le 11-04-2011 à 20:51:00

Jolie course! Surtout que c'est effectivement certain que tu as laissé du temps et de l'énergie en partant de l'arrière. Un peu le défaut du MDP où il y a une surestimation générale des possibilités (d'où une certaine surenchère dans les sas).

Je pense que les 10 minutes qui te "manquent" ne sont pas très loin, entre les bouchons importants (alors que 10 minutes devant je n'ai eu qu'une petite minute "perdue" à Bastille) et l'énergie dépensée à jouer à Gran Turismo sur la rue de Rivoli.

Belle gestion de course, la fin y compris, car s'arrêter pour gérer les crampes, c'est pas facile à faire!

Commentaire de LtBlueb posté le 11-04-2011 à 20:55:00

très jolie la médaille en tout cas ! et content de lire le bonheur de courir qui transpire dans ton récit !! bravo ! et bonne récup hein :))

Commentaire de raspoutine 05 posté le 11-04-2011 à 21:12:00

Bravo à toi,
une jolie perf, ce n'est jamais facile de trouver son rythme au marathon le plus fréquenté de France.

Commentaire de LongJohnSilver posté le 11-04-2011 à 21:54:00

J'aime bien la photo au ravitaillement du 20ème :) J'ai fais pareil au 5ème et pourtant personne ne m'attendait là! Félicitations.

Commentaire de Land Kikour posté le 11-04-2011 à 22:17:00

Merci françois pour ce cr qui restrancrit très bien tout le plaisir que tu as trouvé sur ce Marathon même si quelques crampes sont venues brouiller les cartes, tu peux être fier de toi !!!
Place à la récup. et à très bientôt :))

Commentaire de kkris posté le 11-04-2011 à 23:16:00

bravo pour ta course et merci pour le récit!

Commentaire de Astro(phytum) posté le 12-04-2011 à 00:00:00

Trop chaud pour une bonne perf , quelques degrés de moins ,c'était quelques minutes de moins !!!
Tu t'es quand même fait plaisir c'est le principal .

Commentaire de GAD94 posté le 12-04-2011 à 02:09:00

Bravo François. Belle course bien gérée que tu as partagé avec les kikous et tous les participants bises de la part d'un ex-Hamster des Tuileries

Commentaire de la panthère posté le 12-04-2011 à 12:26:00

un grand bravo, et maintenant reste plus qu'à soigner ce mollet récalcitrant....
un beau sourire sur les photos, encore bravo...

Commentaire de hellaumax posté le 12-04-2011 à 16:59:00

Très belle course François, ravi de t'avoir revu depuis tout ce temps et à très bientôt

Commentaire de Klem posté le 13-04-2011 à 15:09:00

Bravo François, j'ai pensé à toi toute la matinée je savais que tu allais courir le MDP.
Récupère bien et à bientôt

Commentaire de Nono_d posté le 13-04-2011 à 15:38:00

Bravo François! Belle perf compte tenu de l'objectif et des conditions de course. Pas simple de partir derrière mais dis toi que de toute manière, même quelques sas devant, ça bouchonne aussi!!!

Bonne récupération!!!

(et je n'ai pas eu la force de venir au bord du parcours... J'ai passé un dimanche frustré à maudire mon tibia gauche et à penser à l'année prochaine... Ca sera pour une prochaine fois!)

Commentaire de Génep posté le 16-04-2011 à 18:36:00

Bravo à toi, on ressent ton plaisir de pouvoir courir et c'est le principal.

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