L'auteur : Japhy
La course : Courmayeur - Champex - Chamonix
Date : 31/8/2012
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 2046 vues
Distance : 98km
Objectif : Terminer
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Même si cette CCC était mon premier ultra de montagne, je n’avais jamais pensé que je pourrais ne pas aller au bout. J’y ai pensé sur d’autres courses, mais sur celle-là, non. Je ne sais pas pourquoi, je savais pourtant que ça n’allait pas être facile, mais tout cela m’a prise un peu par surprise.
Je ne suis jamais allée à Chamonix avant ça, je ne connais pas de près le Mont Blanc. Alors pour moi tout ça est un peu un rêve.
Je suis un peu groupie sur les bords, et déjà, le fait de croiser dans la rue les Sherpa, Le Saux, Guillon, Herry, Chaigneau qui fait courir les petits de la microCCC, Hawker qui s’abrite de la pluie sous une tente, ou Anna Frost qui marche d’un bon pas en jupette de course (purée quelle warrior avec ce froid), ça me met de bonne humeur. Je tombe aussi sur Eric Lacroix dans une boulangerie, je lui dis que son livre est super, il me remercie très sympathiquement et me souhaite bonne course.
Le jeudi soir j’ai prévu d’aller vois les premiers de la TDS mais il se met à tomber des cordes et à souffler un vent terrible, et je renonce, de peur de tremper mes affaires avant que la course ne commence.
Le matin suivant, je commencerai à pleurer d’émotion (bah oui, chuis très fleur bleue hein) en voyant arriver quelques uns de ces valeureux, en allant prendre mon bus navette. En sortant du tunnel à Courmayeur, on trouve une Italie baignée de soleil, hélas pas pour longtemps.
Je prends un café avec un niçois (ou plutôt un « tendois », ou « tendien » je ne sais pas comment on dit), et avec Marcel, un V4, et sa fille, venus de l’Aude.
Courmayeur-Bertone : 810m D+ ; 4,89 km. 11h47. (1813ème à Bertone)
Comme vous le savez on nous dit assez vite qu’on ne montera pas la tête de la Tronche et la Tête aux vents pour cause de météo, c’est pas la fin du monde. On part en trois vagues, je suis dans la dernière, et ma grosse erreur a été de me mettre au fond. Stupide de ma part. Je rempile dans les bêtises en mettant ma polaire au départ, je dois évidemment l’enlever un peu plus haut, et plein de monde me passe encore devant alors que j’avais essayé de remonter le flot sur le bitume.
La montée est assez surréaliste, près de 1h30 pour arriver à Bertone, à coups de bouchons, d’arrêts complets comme ça sans savoir pourquoi ni comment. Je me crois sur l’autoroute du soleil à Montélimar (sans le soleil), là où tout freine devant les éoliennes, les gens étant curieux. Bref, ne pas s’énerver de toute façon, ça bouffe des calories pour rien.
A Bertone, je me souviens du CR de Bicshow, pas d’arrêt, j’ai de l’eau, ma bouffe, je double une centaine de personnes d’un coup, allez hop.
Bertone-Bonatti : 429 D+ ; 7,38 km. 13h08. 1714ème en arrivant.
Cette portion m’agace prodigieusement. C’est plein de faux plats, voire de plats, et les gens marchent. C’est extrêmement pénible, on a beaucoup de mal à doubler, car les gens, bien évidemment, ne revissent pas leurs bâtons, et les portent souvent en travers. J’ai déjà failli me prendre 4 ou 5 fois des pointes en montant de Courmayeur, et là, ce sont de véritables barrages. C’est fort dommage, le parcours est très agréable, et le temps, froid mais pas trop pourri. T’as beau gueuler « PAAARDOOON » tout le monde s’en fout.
Je ne m’arrête pas à Bonatti, j’ai à boire et à manger.
Bonatti-Arnuva : 204 D+, le reste de descente. 5,23 km. 14h15 (hallucinant cette lenteur).
Ça continue à bouchonner, j’en ai un peu marre, et je deviens un tantinet collante, pour ne pas dire mal élevée. Je ne supporte plus que les gens marchent. Mais au moins, j’arrive à doubler un peu. Pé-ni-ble. Je trouve Silver juste devant moi à Arnuva!
Je ne prends que de l’eau dans mon bidon, je mets de la poudre à la tomate qui m’a bien réussi jusque là, et je file. Je sors un gros gâteau énergétique pour le Col Ferret. Pas besoin d’autre chose.
Arnuva-Grand Col Ferret : 800m D+, 4,45 km. 15h37.
Là on est déjà plus tranquille. Je me suis arrêtée 5 min pour mettre un gilet sous ma Goretex, et enfiler les gants Spontex jaune canari sur les gants chauds.
Ce grand col Ferret passe tout seul, je ne suis pas du tout à la peine, je le monte doucement, sans m’arrêter. Il neige, il fait très froid, il y a du brouillard en haut mais tout va bien.
1501ème en haut du col.
Grand Col Ferret- La Fouly : 9,64 km. 17h14.
ça descend mais ça remonte aussi parfois. Je descends tranquillement, je double un peu mais pas trop. En bas dans l’herbe c’est ultra-glissant, il faut vraiment ralentir, mais on ne se fait pas mal pour autant.
1471ème en arrivant à la Fouly.
Là il faut que je m’arrête un tout petit peu, il commence à faire froid, j’ai donc besoin de soupe de pâtes. Là j’hallucine pour deux raisons, il n’y a qu’UNE (grande) casserole de soupe, et plein de coureurs doublent dans la file d’attente. Voilà, ça y est, j’ai compris à quoi servent les bâtons, à leur taper dessus ! Dix minutes d’arrêt, où bien sûr je ne peux pas m’empêcher d’ouvrir ma gueule, « on resquille pas bordel ».
Je repars 8min plus tard.
1471ème à La Fouly.
La Fouly-Champex : 813 D+, 14 km. 20h12. Sortie à 21h08 (arrg).
J’arrive à 20h10 à Champex. C’est un peu lent tout ça. Normal, depuis un moment je me sens bizarre, coup de mou, en fait c’est parce que j’ai envie de … pisser. Arrêt buissons, je traîne un peu, je mange des crackers, je bois le thé à deux reprises avec des petits suisses et leur dinette sur le bord de la route. C’est très sympa, ça réchauffe.
J’arrive en 1515ème position à Champex (des gens ont profité que je faisais pipi pour me passer devant, inqualifiable).
Et là, c’est le début de la fin, presque 30 min d’attente pour les pâtes, ça re-resquille mais là je n’ai plus la force de gueuler. J’arrive à avoir de la bouffe, je prends 10 min pour manger, je lis plein de sms "remonte-moral", puis je me change à moitié à oualp devant tout le monde, je referme le sac, putaaaain j’ai oublié la frontale, je ressors tout, je remplis les poches à eau, catastrophe, 55 min en tout. Mais comment est-ce possible ?
Champex-Bovine : 945 m D+, 9,7 km. 23h54. 1516ème à l’entrée.
La première partie, en faux plat dans des pistes qui ne détrempent pas, est très agréable, j’en profite pour trottiner, je suis seule, il fait nuit, c’est génial. Le calme avant la tempête. Les caillasses arrivent d’un coup, les rochers de un mètre de haut, le torrent au milieu, une horreur. Sûrement très sympa quand il fait beau, mais là, terrible, sur 3 km. Des torrents à traverser etc. J’évite les 258 premières flaques, mais forcément je marche dans la 259ème. Je suis trempée, et lorsque j’arrive en haut des cailloux, je suis d’abord soulagée, mais pour quoi ? Il y a maintenant deux km de pente douce mais dans la neige et un froid mordant, du vent, mes pieds qui gèlent.
L’arrivée à Bovine, qui est une étable, est épique. Ils ont viré les vaches pour nous monter le ravito, et elles sont furieuses. Elles se mettent en travers du sentier et essaient de rentrer dans l’étable, frigorifiées qu’elles doivent être.
A l’intérieur c’est un peu la cour des miracles. Depuis Champex déjà, le poison de l’abandon commence à s’insinuer dans les esprits, des gens qui claquent des dents, qui n’ont plus la force de se changer, qui appellent les bénévoles qui leur installent leurs couvertures de survie entre peau et haut.
Je change mes chaussettes, avec les doigts gelés, ça me prend 10 min…Je rajoute ma polaire, + un poncho vu ce qu’il tombe, ça me fait 5 couches maintenant. Je rebois une deuxième soupe et j’essaie de repartir dans le froid.
Bovine-Trient : de la descente, 7km. 02h40. 1627ème à Trient, Waterloo….
C’est là que tout s’écroule, de la boue partout, je n’ai plus aucun appui, je ne sais pas gérer ça, je tombe trois fois comme une grosse merde en faisant des vols planés, avec ou sans bâtons, je n’y arrive pas (bah oui, je les avais pris au cas où je me casserais un truc), il me faut 2h pour descendre. Soit en tout, plus de 5h depuis Champex en comptant l’arrêt à l’étable. Je sais bien que les copains et copines, sur kikourou et sur courir au féminin, me suivent, mais ça ne suffit pas...
J’arrive à 2h40 à Trient, je dis aux bénévoles que je vais boire une soupe mais que je ne pense pas continuer. Je réfléchis en mangeant, je calcule et me rends compte que c’est mort, pour la barrière de Vallorcine, mathématiquement pas possible, vu ce qu’il m’a fallu pour Bovine, et là, c’est un peu plus haut. Je décide, après 16h20 de course ( !), de m’arrêter.
Je prends le bus, je rentre me coucher sur le lit de camp du gymnase (vu que je n’ai pas de lit d’hôtel cette nuit !), et je n’arrive pas à me réchauffer. Le lendemain matin, je pleurniche un peu, je me demande si je vais arriver à sortir de la couverture tellement j’ai encore froid, et finalement j’y arrive.
Dans ce gymnase, je me dis que PLUS JAMAIS je ne viendrai, que c’est trop dur pour moi. Je me sens vraiment assez minable, mais c’est surtout parce que je suis crevée je suppose, dans ces cas-là je vois tout en noir.
Déchirement lorsque je vais rendre ma puce à l’arrivée, et que je vois des gens arriver, vers 11h, des gens que j’avais doublés avant Arnuva ou La Fouly.
Dans l’après-midi ça va mieux, je vais voir Cécile qui est sur l’UTMB et qui passe à Argentières, où est mon hôtel pour cette nuit. Elle a l’air en forme (ou presque), il fait beau, la vie est belle.
Le lendemain, je prends le téléphérique des Grands Montets, et je me retrouve au milieu des plus belles montagnes du monde, à qui je dis merci, quand même. Merci d’être là et de m’offrir ça.
Du coup, je ne vois plus les choses de la même façon, je me dis juste que je dois grandir un peu, devenir plus costaud, et aller courir quand il pleut et qu’il fait froid, même si chez nous ça n’arrive que toutes les morts d’évêques.
Peut-être que le Mont Blanc me reverra un jour.
Marath3H a dit que le plus important dans un ultra c’était la prépa, qu’il fallait la soigner et la vivre avec bonheur, que la course c’était la cerise sur le gâteau. Ben voilà, j’ai pas eu la cerise cette fois, mais j'ai eu le gâteau: j’ai fait une prépa géniale de A à Z depuis le début de l’année, ce fut un bonheur, à Nice, dans le Mercantour, en Ardèche ou à Paris, merci pour ça aussi, merci à tous ceux qui m’ont aidée et soutenue.
27 commentaires
Commentaire de gj4807 posté le 03-09-2012 à 21:55:41
Merci pour ce témoignage Japhy qui me rappelle mon échec en 2010. La frontière semble si ténue entre une course où on subit un peu la météo et le chrono qui file, et une course réussie. Un seul message: si l'envie te vient de te réaligner sur cette course un jour, alors la victoire n'en sera que plus belle. Continue à discuter avec les montagnes, c'est une belle habitude!
Commentaire de fred2866 posté le 03-09-2012 à 22:52:02
Sincèrement, la course fut difficile et les conditions météo assez épouvantables....alors si être incapable de la finir voire de la faire faisait de toi une grosse merde...eh ben l'air nous nagerions dans un océan de merde !!!!!! non mais qu'est ce qui faut pas entendre !!!! n'importe quoi..... et comme en plus tu as une volonté de fer et une haute idée de toi, tu me feras le plaisir d'essayer à nouveau de finir la CC d'ici quelque temps. Un point c'est tout.
Commentaire de Arclusaz posté le 03-09-2012 à 23:20:02
Magnifique CR que je relirai souvent : on ne gagne pas à tous les coups, ces courses se sont de vrais défis. Merci de rendre humain tout ça...
Tu as incontestablement le niveau physique,la volonté : il faut juste d'aguerrir un peu, t'habituer à ce type de conditions (vraiment vraiment pas simples)
Tu cites pour finir un des plus grands philosophes du 21eme siècle : avec de telles lectures et si tu en as envie, tu finiras un jour la CCC.
Mais, on peut être heureux sans ça !
Commentaire de Aonikenk posté le 03-09-2012 à 23:22:04
Très bon récit comme d'hab :) Comme si on y était. Rien que de lire ces histoires de bouchons dans les premiers kms, ça m'énerve. Heureusement, on a pas trop ça dans nos contrées mar-alpines, mais ça m'inquiète pour le jour où j'irai défier la concurrence savoyarde... Sinon, les PLUS JAMAIS, je connais... Mais ça me passe qq jours après comme à beaucoup d'autres traileurs félés !
Commentaire de brague spirit posté le 04-09-2012 à 08:17:41
C'est vrai que c'est toujours un plaisir à lire tes CRs.tu as meme gardé ton sourire,sous ta carapace de warriore.
Sans doute un départ plus rapide et moins de calculs,t'aurait permis de finir.Il ne devait pas manquer grand chose.Un peu de folie.
Les plus belles montagnes,tu les découvrent,quand tu montes au Mt Chauve.
Les résidents de Tende se sont les tendasques.
Commentaire de akunamatata posté le 04-09-2012 à 09:05:13
Joli récit, on sent bien le combat intérieur!
Commentaire de KiKiKoureur posté le 04-09-2012 à 13:32:52
J'ai ressenti la même chose quelque minutes derrière toi. Je suis entré dans la cour des miracles de la Bovine 2 minutes après toi, mais j'en suis ressorti tout de suite pour ne pas laisser la misère ambiante me distiller l'idée de l'abandon...
Vu que nos temps jusqu'à Bovine sont comparables et que j'ai reçu le gilet bleu, tu as les moyens de prendre ta revanche une de ces prochaines années!
Merci pour ce récit sympa.
Commentaire de chirov posté le 04-09-2012 à 14:44:04
Merci pour ce témoignage et content de t'avoir croisé à la sortie de Courmayeur (c'était moi avec le sac kikourou). Entre Champex et Trient, ça a été clairement la partie la plus difficile pour moi aussi, je crois que sans assistance accompagnant j'aurais été proche de l'abandon à cause de l'hypotermie, bravo à toi pour ce combat.
Commentaire de Jean-Phi posté le 04-09-2012 à 15:01:05
Très joli CR. Tu décris parfaitement bien toutes ces émotions qui nous traversent et qui malheureusement ont parfois raison de nous. Je pense que la CCC tu l'avais dans les jambes mais peut être que le mauvais temps (et le fait que tu n'aimes pas le froid) t'a déstabilisé. Pour les bouchons, tu as trouvé toi même la solution. Partir un poil plus vite et devant. Tu en as toutes les capacités !
En tout cas, bravo pour avoir affronté les éléments avec le sourire (cf les photos !) et avoir su apprécier ces moments.
Repose-toi bien tu as désormais une STL à préparer !
Commentaire de laurent05 posté le 04-09-2012 à 15:21:06
merci pour ce beau récit. tu reviendras encore plus forte pour aller au bout
bravo et bonne récup
Commentaire de Matchbox posté le 04-09-2012 à 16:00:37
Superbe récit. Très émouvant.
Je partage le fait qu'en plus de la gestion des conditions climatiques, il faut parfois gérer ce qui se faire de pire... les coureurs.
Heureusement, une seule belle rencontre fait oublier la caravane de beaufs.
La prochaine sera la bonne ! Il suffira simplement de corriger les petites erreurs dont tu nous as parlé et dont tu as parfaitement conscience.
Encore bravo pour ton courage.
Commentaire de Byzance posté le 04-09-2012 à 19:24:52
Il est clair que tu y arriveras ! Peut être que "beaucoup" vient de ton placement au départ ... car tu t'énerve à doubler et perd de l'énergie ... sautes ou râles aux ravitos (qui du coup sont blindés), ... ?
Commentaire de JLW posté le 04-09-2012 à 22:27:36
J'ai retrouve quelques impressions percues sur mon CCC il y a de cela qq années. Il me semble evident qu'avec une meteo plus clemente tu l'aurais terminée. Raison de plus pour insister un peu et tu seras finisheuse à n'en pas douter.
Commentaire de Ponpon posté le 04-09-2012 à 23:11:59
Très beau récit !! Belle gestion de course malgré les conditions météo !!
Malheureusement le froid, la pluie, la neige, la boue, les cailloux sont sympas, mais pas tous réunis !!
Les conditions étaient exécrables, bien pire que l'an dernier…
Bravo donc d'avoir résister face aux éléments, et d'avoir poussé l'aventure jusqu'à Trient. C'est déjà un gros morceau !!
Commentaire de laulau posté le 05-09-2012 à 22:29:07
Très beau récit plein d'émotion...Tu n'auras pas toujours cette météo pourrie et tu y reviendras pour réussir avec un grand sourire.
Commentaire de RayaRun posté le 07-09-2012 à 10:04:09
Bravo pour ton récit et ta course, je suis sur que ce n est que partie remise, faut la finir cette foutue course ! Et tu en as les moyens ! Au plaisir de te rencontrer en montagne ou en plaine....
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 07-09-2012 à 11:43:55
hello ! bien désolé pour toi et la mise en suspension de ton aventure. Que dire ? sur ton CR : il est bien agréable, sans mièvrerie qui évitent de progresser. On ressent bien tes émotions. C'est sûr qu'une fois digérée, cette expérience va te faire franchir un sacré pas.
Sur ton potentiel physique : aucun doute, tu as la capacité de finir dans les temps et avec une bonne marge même. Sois-en sûre au départ et tu t'évitera bien du stress.
Sur l'aspect mental : comme tu le dit au départ, tu n'avais pas peur. Il me semble qu'au départ, notre esprit doit être partagé entre la crainte de l'énorme morceau qui arrive, la "zenitude" face aux multiple rebondissements que l'on va rencontrer et l'envie de tous les bouffer pour arriver au bout. Pas simple !
Coté matériel : bon ben tu t'es rendue compte des réglages qu'il reste à effectuer (habillage, ordre des couches, préparation des gestes à faire avant d'arriver aux ravito,...). Tu as par ailleurs dû t'apercevoir qu'un concurrent avec assistance avait un énorme avantage sur ceux qui sont isolés. Uniquement sur cet aspect,si tu enlève le temps que tu as passé dans les ravito (enfin en y laissant 5mn quand même) tu vois que tu passe les BH sans souci. A toi de voir si y'a moyen de motiver autour de toi Et puis des fois, ça permet de se faire engueuler quand on dit qu'on est mort et ça permet de bien repartir ...
En résumé, je n'entends pas le "plus jamais" mais plutôt un "oulala, reste plein de choses à tester pour être bien le bon jour, j'chuis fatiguée, aidez moi à y mettre de l'ordre". Hein ? t'as rien dis de tout ça ? Ben ouais, je sais mais c'est ton CR qui nous fais un peu planer !
repose toi et note tous ce que tu as réussi et aussi ce sur quoi il faut que tu règle des choses. ça va le faire, tu vas la bouffer la cerise !
Commentaire de Japhy posté le 09-09-2012 à 15:21:24
Merci à tous, c'est très gentil, cette fois je n'avais pas le niveau pour ces conditions particulières, mais un jour j'y arriverai tatatin! :)
Marat, j'ai presque dit ça la phrase que tu as failli lire, puisque j'ai admis que j'avais changé d'avis sur tout ça en haut des Grands Montets et qu'il se pourrait bien que le MOnt Blanc me revoit un jour!
Pour ce qui est de l'assistance: je n'ai pas d'orgueil mal placé quand je perds, à fortiori si j'abandonne, mais je suis une vraie tête de mule quand il s'agit de vouloir me débrouiller seule. Sûrement pas la meilleure façon d'aborder ce genre de course et sûrement de l'orgueil mal placé, c'est sûr, mais des fois, on s'accroche à de bêtes idées... :)
Commentaire de LPB posté le 10-09-2012 à 12:40:58
Salut japhy,je découvre à peine ton CR de course.Je pense que dans l'aboutissement d'un rêve (en loccurence finir ton épreuve)il manque l'élément moteur:le plaisir en course et l'émerveillement.Dis-toi que les circonstances n'ont pas joué en ta faveur,ça n'enlève en rien tes capacités.
Quand il n'y a pas de plaisir à quoi bon s'acharner? personnellement je ne serai même pas parti...c'est le genre de course ou il faut en prendre plein les mirettes!
Commentaire de Jacques42 posté le 11-09-2012 à 03:26:45
J'en suis à ma troisième lecture de ce CR. C'est remarquable ! Très bel état d'esprit que de mettre en retrait sa petite tristesse de ne avoir terminé à coté de la beauté des montagnes. Et c'est bien écrit, ce qui ne gâche rien. Bravo pour ton courage et merci pour ce petit moment passé à te lire ;-)
Bonne récup' Japhy !
Commentaire de Baobab posté le 21-09-2012 à 12:03:52
Merci pour ce récit, j'ai bien apprécié de te lire. Avec les conditions météo, s'arrêter sur cette CCC n'est ni honteux ni surprenant. C'était même sage pour beaucoup. bravo tout d emême. Tu t'es bien battue sur ces 16h de course. quand j'y pense c'est tout de même un truc de fou, il faut un sacré mental pour arriver ne serait-ce qu'à Trient. Bonne récupération, il va en falloir, parce que j'espère bien lire ta version 2013, mais en version intégrale cette fois ;)
Commentaire de Joe One posté le 14-10-2012 à 20:47:43
Merci pour ce beau récit Japhy.... çà fait plaisir d'avoir de tes nouvelles.... 16h20 de course.... et dire qu'avec chris on t'as vu venir au "monde" dans ce monde du trail... il n'y a pas si longtemps...
Bises de ns 2 ;-)
Commentaire de Joe One posté le 14-10-2012 à 20:48:59
Merci pour ce beau récit Japhy.... çà fait plaisir d'avoir de tes nouvelles.... 16h20 de course.... et dire qu'avec chris on t'as vu venir au "monde" dans ce monde du trail... il n'y a pas si longtemps...
Bises de ns 2 ;-)
Commentaire de gdraid posté le 29-11-2012 à 20:54:22
Récit passionnant que je ne découvre qu'aujourd'hui, au retour de mes 8jours NFL à Monaco !
Ce fin mélange d'humour, de détresse, d'euphorie, de colère, d'émerveillement, de souffrance, sont les remarquables composantes écrites, d'un film non muet et haut en couleurs, durant lequel on attend avec impatience les images suivantes.
Bises Japhy, tu es géniale !
JC
Commentaire de sabzaina posté le 15-12-2012 à 07:56:39
Je découvre également ce récit d'une très grande dame du trail que j'ai décidément envie de mieux connaître.
Tu la vaincras cette CCC. On la vaincra.
Ce qui me fait le plus peur à te lire, ce sont les bouchons et l'attente aux ravitos. Se faire dégager par les barrières horaires parce qu'on a peiné dans des montées ou des descentes techniques, soit, je l'accepte. Mais si c'est à cause de l'affluence de coureurs, alors ça, ça m'agace grave!!!!
Commentaire de TrailTA posté le 16-01-2013 à 17:16:09
C'est malheureusement toujours après qu'on se dit : j'aurai pu moi aussi finir et c'est vrai que tu pouvais finir. Pourtant lorsqu'on y c'est autre chose, nous n'avons plus la même lucidité et on pense principalement à ce qui reste à faire plutôt qu'à ce que nous avons déjà accompli. Il te restait probablement 6 ou 7h de course et tu en avais fait plus de 16, c'est vraiment dommage, mais ce que tu as vécu est je pense plus important et ton rècit est super j'ai quasiment vécu les même choses j'ai eu plus de chance en étant parti devant et donc moins de bouchon et de batons...
Commentaire de Bert' posté le 23-03-2013 à 12:22:20
Je découvre seulement maintenant ton périple... qui me rappelle combien ça peut être compliqué parfois et combien un Ultra n'est jamais gagné d'avance et tient à peu de choses. J'ai aussi vécu ça, croyant pourtant être à l'abri...
On appréhende parfois mal l'environnement (bouchons...) ou l'organisation (ravitos...) et c'est encore plus rageant quand cela fait pencher la balance du mauvais côté. Mais tout s'apprend, s'anticipe, notamment en lisant des récits.
"L'échec" n'est qu'apprentissage et fait aussi partie de la voie...
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