par philkikou » sa fiche K
» 16 Mai 2014, 07:01
""" Même si j’ai bien craqué hier (consolé par madame Dieu- merci), je m’étonne encore de ce cocktail calme/patience/stoïcisme/bonne humeur qui domine depuis le début de mes ennuis. Avant que cela n’arrive, je n’aurais pas cru être capable de supporter ça une seconde. Tout est donc possible… """
Je suppose que beaucoup de personnes qui suivent de tes nouvelles se demandent : si j'étais dans la même situation que toi, comment je prendrai cet accident et de ces conséquences ??
Et l'humour dans tout çà ?? Comme Free Wheelin' Nat ton humour décalé et déjanté me fait penser à Desprosges ...
A la première question, je répondrais oui sans hésiter, et je répondrais même oui, sans les avoir consultés, pour mes coreligionnaires en subversions radiophoniques, Luis Rego et Claude Villers.
S’il est vrai que l’humour est la politesse du désespoir, s’il est vrai que le rire, sacrilège blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, s’il est vrai que ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors oui, on peut rire de tout, on doit rire de tout. De la guerre, de la misère et de la mort. Au reste, est-ce qu’elle se gêne, elle, la mort, pour se rire de nous ? Est-ce qu’elle ne pratique pas l’humour noir, elle, la mort ? Regardons s’agiter ces malheureux dans les usines, regardons gigoter ces hommes puissants boursouflés de leur importance, qui vivent à cent à l’heure. Ils se battent, ils courent, ils caracolent derrière leur vie, et tout d’un coup ça s’arrête, sans plus de raison que ça n’avait commencé, et le militant de base, le pompeux P.D. G., la princesse d’opérette, l’enfant qui jouait à la marelle dans les caniveaux de Beyrouth, toi aussi à qui je pense et qui a cru en Dieu jusqu’au bout de ton cancer, tous, tous nous sommes fauchés un jour par le croche-pied rigolard de la mort imbécile, et les droits de l’homme s’effacent devant les droits de l’asticot.