Récit de la course : Gran Trail Valdigne 2008, par L'Castor Junior

L'auteur : L'Castor Junior

La course : Gran Trail Valdigne

Date : 12/7/2008

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 5536 vues

Distance : 87km

Matos : Sac Lafuma Active Trail 11,Poche à Eau Camelbak 2L, Petzl DuoBelt Led 14, Tikka+, piles de rechange, GPS Garmin eTrex Vista Hcx, veste Arc'Téryx Alpha Lt, quelques barres de nougat et de céréales, quatre mini-sandwiches, bracelet fluorescent, téléphone, appareil photo, cuissard/short XA Raid Salomon, tee-shirt Kikouroù, casquette Kikouroù, manchons cyclistes Raidlight/UFO, manchons Booster, chaussettes Diosaz Raid 500, chaussures NB 921, Polar RS800 et Gramin Forerunner 205

Objectif : Balade

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Courir tranquille : le chemin vers le bonheur ?

Le contexte

 

7 mars 2008 : je m'inscris, par Internet, à la deuxième édition du Gran Trail Valdigne, qui doit avoir lieu les 11 et 12 juillet de la même année.


Certes, cela tombe un peu tôt (deux semaines) après les 178 km du Raid du Golfe du Morbihan, mais l'envie de retourner trottiner en montagne, dans une région que l'on décrit magnifique par delà le Mont Blanc, l'emporte finalement, d'autant que quelques amis kikoureurs prévoient également d'y participer, parmi lesquels Jérôme, coéquipier pour le Challenge Karleskind sur l'UTMB, et qui a décidé de prendre sa revanche après une édition 2007 ou la canicule l'avait contraint à l'abandon.


C'est d'ailleurs Jérôme, qui connaît bien le coin pour s'y entraîner régulièrement avec ses amis des Courmayeur Trailers, qui me propose d'organiser le weekend sur place, et notamment l'hébergement pour la veille de la course et, je l'espère, une bonne partie de la nuit du samedi au dimanche.


Je n'ai donc plus qu'à réserver un aller-retour Paris/Turin et à me laisser prendre en charge par Jérôme et sa jolie Kangoo. Dans de telles conditions de confort, aucune excuse ne pourra justifier la moindre contre-performance.


Ah, si. Il reste tout de même cette histoire des 178 km courus deux semaines auparavant. En effet, même si le Raid du Golfe du Morbihan a été, au plan sportif, un succès d'autant plus inattendu qu'il n'était même pas espéré, il a néanmoins laissé quelques traces, à commencer par une douleur, inédite pour moi, aux deux cuisses, que mon ami Olivier91, transpyrénéen en herbe, avait identifié comme une tendinite du fascia lata.


Ces douleurs ressenties, pendant toute une semaine, à chaque flexion de la jambe, seraient donc le symptôme de cet épouvantail du coureur à pied ? Bigre. On a connu des nouvelles plus heureuses. Certes, ça me changerait de mes fractures de fatigue à répétition, mais la perspective de me retrouver avec une douleur chronique ne m'enthousiasme vraiment guère.


Malgré un traitement rapide et, a priori, efficace, au Flector Tissugel, je préfère tout de même jouer la carte de la sagesse (si si...) et envoie un mail le lundi avant la course à l'organisateur pour demander à basculer du grand parcours (87 km et 5100 m de D+ annoncés) sur le « petit » (45 km et 2400 m de D+).

  

L'avant-course

 

C'est donc le coeur léger que je m'envole vendredi en fin de matinée pour Turin, et rejoins Courmayeur avec mon GO du weekend, les cheveux au vent, du moins jusqu'à ce qu'un petit orage, annonciateur des réjouissances des jours à venir, nous contraigne à rouler « couverts ».


L'arrivée à Courmayeur, comme à chaque fois que j'approche du Mont Blanc, m'effraie et me réjouit à la fois. La perspective d'évoluer dans ce terrain de jeu gigantesque et parfois sauvage, jamais sans risque, ne laisse pas indifférent. Les nuages, menaçants, renforcent ce sentiment d'infériorité face à la montagne qui s'étend tout autour de cette vallée d'Aoste, région autonome où le Français est encore une langue officielle depuis le rattachement à l'Italie en 1860, comme en témoignent les noms de la plupart des localités.


Jérôme, qui maîtrise l'Italien couramment, s'en soucie peu, mais j'apprécie d'avoir ce petit confort supplémentaire, qui facilitera le contact avec tous les bénévoles et spectateurs tout au long du weekend. Ca peut paraître anodin, mais pour moi qui m'apprête à courir mon premier ultra dans un environnement non francophone ou anglophone, c'est à ranger au rayon des petis plus bien appréciables.


Après avoir déposé nos bagages à l'hôtel, Jérôme et moi filons vers la centre sportif de Dolonne, où se déroule le retrait des dossards. C'est la troisième fois que je me rends dans ce lieu, après le départ du Courmayeur-Champex-Chamonix (CCC) 2006 et mon passage matinal sur l'UTMB 2007, qui m'avait valu d'être immortalisé sur le DVD de la course, à cause, ou grâce, déjà, à de charmantes bénévoles italiennes et à mon « moral » d'acier. 

 

Nous faisons la connaissance de plusieurs amis de Jérôme, parmi lesquels Gilles, un Français installé à Milan depuis une dizaine d'années, qui accompagne son copain Marco, Silvio et Giorgio, ainsi que des organisateurs des Courmayeur Trailers, comme Enrico. Jérôme retrouve également Enrico Bartolini, vainqueur des 24 heures de la No Finish Line 2007, membre de l'équipe d'Italie de 24 heures, et meilleur performer italien aux Championnats du Monde de Drummondville en 2007 au Canada.


Lorsque je me présente au retrait des dossards, c'est la douche froide, à laquelle je ne m'étais pas sérieusement préparé : l'organisation, qui n'a pas reçu ma demande de changement de parcours, ne peut me faire partir que sur le 87 km, les bases informatiques ayant été totalement figées la veille. Jérôme aura beau plaider ma cause auprès d'Enrico, il n'y aura pas moyen de changer de dossard, ce que je comprends sans peine au regard des contraintes que représente l'organisation d'une telle course.


Je suis donc confronté à une alternative simple : passer le weekend côté bénévoles, en essayant de me rendre utile à l'organisation, ou prendre le départ vaille que vaille, en mettant le clignotant au moindre signe de faiblesse. Jérôme m'encourage dans cette seconde voie, en insistant sur le fait qu'arrivé à Morgex, au ravitaillement de mi-parcours, après 45 km de course, je ne serai plus qu'à une dizaine de kilomètres, par la route, de Courmayeur.


Allez, c'est décidé, je me lancerai donc sur le grand parcours, perspective que j'avais évacuée un peu trop vite de mon esprit depuis quelques jours, mais qui était certainement dessinée dès le mois de mars...


Nous récupérons le dossard et le bracelet qui abrite la puce de pointage, ainsi qu'un magnifique tee-shirt Helly Hansen brodé du logo de la course et de celui des Courmayeur Trailers et un gobelet en aluminium destiné à remplacer, aux ravitaillements, les éternels gobelets en plastique, présumés trop polluants. Je crois que l'idée avait déjà été expérimentée sur l'Eco Trail de Sommand (c'était en fait aux Aiguilles Rouges, merci Serge), et j'avoue la trouver excellente. J'utiliserai d'ailleurs certainement ce souvenir du Gran Trail Valdigne sur d'autres courses à venir.


Nous retournons déposer ces affaires à l'hôtel, où nous commençons à préparer nos sacs de course. Jérôme partira avec son sac ultra-léger Camp, équipé de deux bouteilles avec pipettes, tandis que je reprendrai mon bon vieux Lafuma Active Trail de 11 litres, avec une plus classique poche à eau.


De retour au centre sportif, nous croisons tatamix1972, puis retrouvons, autour d'un très agréable plat de pâtes (ah, les Italiens savent y faire...), Gilles et Marco. Nous tendons l'oreille lors du briefing, prononcé, c'est à noter, en Italien, Français et Anglais. Après la présentation du balisage (de petits fanions rouges siglés GTV dans les zones naturelles, et de la peinture au sol dans les zones urbanisées), c'est surtout les dernières informations météorologiques qui captent l'attention des coureurs présents.

 

Comme on pouvait le redouter, la journée de samedi s'annonce perturbée, avec des « precipitazioni intermittenti » qui pourraient se manifester dès la nuit à venir, ce qui n'augure que d'un terrain très gras et de températures potentiellement très faibles pour la saison. Pas de doute, la montagne est un environnement particulier, qui ne se laisse pas dominer si facilement.


C'est donc sous la pluie que nous regagnons l'hôtel, où, avant de nous coucher, nous nous offrons une bière bienvenue. Silvio, qui avait prévu de dormir au camping, a finalement trouvé un autre trailer qui lui a proposé de partager sa chambrée... dans notre hôtel. Les deux amis se joindront donc à nous autour de ce doux breuvage.

 

Après une bonne nuit, nous nous réveillons devant un ciel bien terne, avec des montagnes presque totalement masquées par une brume bien dense. Pendant que je prends une douche bien utile au réveil musculaire, Jérôme part s'approvisionner en pain dans une boulangerie tenue par un Trailer de Courmayeur qui, pour pouvoir être au four dans la nuit de samedi à dimanche, s'est engagé sur le trail court. Cela nous permet de préparer quelques mini-sandwiches à ajouter au contenu du sac.

 

Pour ma part, ce sera donc, dans mon Lafuma, mon « phare » de spéléologie (la Petzl DuoBelt Led 14) et une plus simple Tikka+, accompagnée de piles de rechange, mon GPS Garmin eTrex Vista Hcx pour l'enregistrement du tracé, ma veste Arc'Téryx Alpha Lt en Gore-Tex, quelques barres de nougat et de céréales, quatre mini-sandwiches, le bracelet fluorescent obligatoire, ainsi que mon téléphone et mon appareil photo. Et, sur moi, en tenue de course, mon cuissard/short XA Raid Salomon, mon tee-shirt Kikouroù, la casquette assortie, les manchons cyclistes Raidlight/UFO, des chaussettes Diosaz Raid 500 et mes NB 921, déjà pas mal usées par l'Annapurna Mandala Trail, mais qui devraient tenir encore le coup.


Après un petit déjeuner peut-être pas assez copieux pour moi, nous rejoignons la zone de départ, à quelques dizaines de mètres de l'hôtel (quel luxe !). C'est là que nous retrouvons nos amis italiens, et surtout la plupart des kikoureurs présents sur le parcours : Bleau78, tatamix1972 et surtout piloumontagne, qui avait, comme moi, arpenté les chemins côtiers du Morbihan deux semaines auparavant, en s'imposant brillamment avec les Fondus d'Anjou sur le relais.

 



Nous passons au contrôle des puces, puis Jérôme parvient à obtenir un second gobelet personnel, l'anse du premier s'étant dévissée en route. Nous nous abritons quelques instants sous un portique, mais l'heure arrive de rejoindre la ligne de départ. Jérôme, qui a fait de cette course son objectif majeur de l'année avec l'UTMB, se glisse peu à peu à l'avant, et nous fait signe de le rejoindre. Mais, n'étant pas dans la même optique, notamment en raison de la coursette du Morbihan, piloumontagne et moi restons en retrait, avec Bleau78.


Courmayeur – Planaval : 18 km - 1527 m de D+ - 1001 m de D- - 3h15'32'' – 115ème


À 10h00, le départ est donné, et ça bouchonne franchement dans les rues de Courmayeur. Pas bien grave pour ce qui me concerne, mais j'espère bien sûr que Jérôme aura pu courir à son rythme. Je ne sais pas encore qu'il s'est permis, sur ces premiers hectomètres, de se mettre directement aux avant-postes de la course...

 

La montée au Col Liconi est très longue (1446 m d'une traite) et nombreux sont les coureurs qui ont pris, déjà, une belle avance lorsque nous pénétrons dans la forêt. J'apprécie la présence de piloumontagne et de Bleau78, dont j'ai l'impression marquée qu'ils accompagnent gentiment un vieillard arthritique, tant j'ai le sentiment de ne pas avancer.


Je les invite à plusieurs reprises à me laisser avancer à mon rythme bien lent, afin qu'ils puissent profiter de leur course, mais ils refusent et préfèrent m'escorter. Merci les gars pour votre soutien !


Peu à peu cependant, c'est Bleau78 qui se retrouve à la peine, et nous invite tous les deux à continuer sur un rythme pour le coup plus rapide. Cela me gêne, mais, devant son insistance, je file avec piloumontagne vers le sommet. C'est en chemin que nous faisons la connaissance d'un nouveau compère, nono5g, surnom choisi en référence à un concours de lancer de bigorneaux (si si). Ce Français, habitué du forum UTMB, porte d'ailleurs le même dossard que mon père sur le Raid du Golfe du Morbihan. Mes deux compagnons d'échappée me rappellent donc cette course qui avait été une si bonne surprise pour moi deux semaines auparavant.


Parvenus au col Liconi, nous profitons de la vue qui s'offre à nous pour une petite séance photos, avec le magnifique lac Liconi en contrebas. La plupart des coureurs sont assez chaudement couverts, humidité et air frais aidant, et je me décide enfin à retrousser mes manchons.

 

Le début de la descente est assez roulant, et nous filons tous les trois, doublant plusieurs coureurs au passage. piloumontagne, qui s'est arrêté pour nous prendre en photo puis pour une pause technique, restera ensuite en retrait, et parviendra au ravitaillement quelques instants après nous.

 


Je savoure pour ma part ces descentes où, du fait de mon niveau en régression en montée, je me retrouve souvent désormais avec des coureurs de moindre niveau général, qui sont bien moins nombreux à m'enrhumer dans les descentes. Disons que j'expérimente un effet ciseaux à l'envers : je progresse (un peu) et les coureurs autour de moi sont un peu moins bons que ceux avec qui j'évoluais parfois il y a deux ans.

 


Planaval – Morgex : 26 km (44 km cumulés) – 873 m de D+ (2400 m cumulés) – 1673 m de D- (2674 m cumulés) - 4h06'13'' (7h21'45'' cumulés) – 156ème – 133ème au scratch


Le père de piloumontagne nous attend au ravitaillement de Planaval, et s'avance pour nous prendre en photo au fond de la combe qui s'offre à nous sous un soleil presque brûlant, qui me fait regretter un instant de ne pas avoir pris de crème solaire.

 

La vue, une fois de plus, est magnifique, avec des prairies verdoyantes de part et d'autres d'un torrent fougueux qui berce nos oreilles d'une musique enivrante. Des fleurs, partout, de toutes les couleurs, nous saluent, et un odeur de Provence flotte dans l'air.

 

La montée vers le Col Serena est douce d'abord, puis devient franchement ardue sur la fin, tandis que les nuages, qui ne nous ont jamais totalement quittés, s'amoncellent de nouveau au dessus de nos têtes.

 

Nono5g me suit tranquillement, mais piloumontagne semble traîner la patte derrière. Je me retourne régulièrement pour surveiller sa progression, puis décide de continuer à monter à mon rythme pour éviter de ralentir les coureurs qui me poussent au train.


Arrivé au Col, je décide d'attendre l'arrivée de piloumontagne, tandis que Nono5g file vers le Col Fetita et le sommet du même nom. Il se passe bien cinq à sept minutes, le temps suffisant à une dizaine de coureurs pour me dépasser, avant que piloumontagne pointe le bout de son nez, le sourire toujours accroché au visage comme un talisman, mais les traits un peu tirés et les temps recouvertes de sel.

 

Le pauvre, en plus de la récupération de sa magnifique course entre Vannes et Sarzeau, a eu deux semaines chargées et compliquées au plan professionnel, qui ne lui ont guère laissé le temps de recharger convenablement les batteries. Mais, comme nous l'avions décidé entre nous dès les premiers lacets du Col Liconi, nous ferons tout pour terminer ensemble, et il est hors de question pour moi de le laisser sur place dans ces moments difficiles.


D'ailleurs, je dois avouer que le rythme, plutôt pépère, que nous suivons depuis le début de la course me convient plutôt. Je crois même que c'est la première fois, en course, que je me sens aussi nettement détaché de tout objectif, n'ayant pas même celui, habituellement le plus fort, de terminer le parcours.


L'idée que je pourrai, dès Morgex, mettre fin à l'aventure et regagner tranquillement l'arrivée, sans honte ni réelle déception, mais, au contraire, avec la perspective de pouvoir assister à l'arrivée de Jérôme, ainsi que le plaisir de partager cette balade alpine au milieu des herbes folles avec de sympathiques compagnons d'aventure, me rendent en effet extrêmement serein, et je vis les minutes passées à attendre piloumontagne comme une grande respiration, un intermède bienvenu dans cette progression un peu folle.


Nous reprenons la course à un petit train de sénateur, marchant pendant l'essentiel des premiers hectomètres de piste, puis nous reprenons un rythme un brin plus soutenu dans les quelques kilomètres de montagnes russes qui nous séparent du sommet Fetita.


C'est dans la montée vers ce col que nous reprenons nono5g, avec qui nous bouclons l'ascension au milieu de nombreux cailloux, avec un passage en crête qui offre une vue somptueuse sur le Val d'Aoste, embrassant à la fois Morgex et les montagnes environnantes, parmi lesquelles le Grand Paradis.

 

Une fois réunis au sommet, j'annonce à mes petits camarades que, vu la descente piégeuse qui s'annonce et mes piètres talents de descendeur, je vais prendre un peu d'avance, dans la foulée de Giorgio qui s'est élancé quelques instants auparavant. Nono5g est persuadé que je me moque de lui, qui m'explique que je descends plutôt bien. J'apprécie le compliment, forcément, mais doute tout de même qu'il soit réellement justifié.

 

Il n'empêche : j'ai beau me retourner régulièrement, je n'aperçois pas mes petits camarades avant l'arrivée au Col du Bard, où je marque une courte pause avant de redescendre sur Charvaz et son ravitaillement bienvenu. Je ne doute pas une seconde que piloumontagne et nono5g me rejoindront dès les premiers lacets, mais l'écart semble soudain se creuser fortement.


Arrivé à Charvaz, je me retourne de nouveau mais, ne voyant aucun des deux revenir, je décide de poursuivre ma route vers La Salle, croisant en chemin, de nouveau, le père de piloumontagne qui m'honore d'une nouvelle séance photos. Ce n'est qu'en regardant les résultats que je m'apercevrai que les deux compères étaient à moins de deux minutes de moi à Charvaz...


L'arrivée à La Salle est un antidote à toute situation de déprime en course. Mélange savoureux de passage de l'Alpe d'Huez er de fiesta à l'italienne, ce ravitaillement est un moment réellement unique dans la vie d'un coureur. En effet, bien qu'étant à cet instant dans le ventre mou du peloton (le MOP, Middle Of the Pack dirait LtBlueberry), j'ai le sentiment, comme les deux trailers qui me suivent, d'être le leader de la course.


Installées dans la cour pavée d'un bâtiment, cinq à six charmantes bénévoles toutes de jaune vêtues nous acclament par notre prénom, nous proposant moult mets délicats, dont de délicieux biscuits sucrés et de la bonne viande de grisons, ainsi que diverses boissons, dont une bien agréable « acqua frizzante ». Seul impair, mais peut on réellement le leur reprocher tant on sait qu'il ne faut jamais se reposer sur les bénévoles en cette matière, elles indiquent avec aplomb que Morgex, LE ravitaillement avec l'assiette de pâtes tant attendue, se trouve à deux kilomètres de La Salle, alors même que le roadbook en annonce au moins cinq.


Ce seront en effet cinq kilomètres, pas vraiment parmi les plus sympathiques du parcours, qui nous sépareront du chapiteau de Morgex. En effet, malgré la vue sur le Châtelard et Villair, les quatre bons kilomètres de bitume gâchent un peu le plaisir de cette course disputée jusqu'ici presque exclusivement sur les chemins.


A l'approche du chapiteau du ravitaillement, je retrouve Giorgio ainsi qu'Enrico, le champion de 24 heures. Malgré le temps maussade et les premières gouttes de pluie, le public est nombreux aux abords du ravitaillement. Je retrouve notamment l'épouse de Bleau78, qui me demande des nouvelles de son mari. Je lui réponds qu'il doit être loin derrière moi, sans pouvoir lui donner davantage d'informations car je ne l'ai plus revu depuis le milieu de la première ascension.


Arrivé sous le chapiteau, j'aperçois une tireuse à bière et, avant même de demander mon assiettes de pâtes al dente, je fais les yeux doux au barman improvisé pour qu'il accepte de me servir un demi, ce qu'il fait visiblement sans problème, à mon grand soulagement. Ce rafraîchissement inattendu et inespéré ainsi que la bonne assiette de pâtes toujours aussi bonnes me donne l'impression de me recharger à bloc, et j'ai déjà évacué, inconsciemment, la perspective de couper ma course ici.


En effet, je suis à mi course, dans un temps finalement raisonnable, et aucune douleur sournoise n'est venue perturber ma progression jusqu'ici. Je me sens bien, presque comme dans un rêve, toujours en tout cas dans cette atmosphère ouatée, étrange, de course courue totalement en dedans, comme une balade paisible.


Morgex – Pré Saint Didier : 5 km (49 km cumulés) – 100 m de D+ (2500 m cumulés) – 0 m de D- (2674 m cumulés) - 1h02'18'' (8h24'03'' cumulés) – 118ème – 120ème au scratch


C'est fort de cette décision de continuer, qui s'est imposée d'elle-même, que je croise, au moment de quitter le chapiteau, piloumontagne et nono5g qui y arrivent. Un rapide coup d'oeil m'indique qu'ils ont besoin de quelques minutes de repos supplémentaires, et eux-mêmes m'incitent fortement à partir sans attendre pour profiter de l'état de fraîcheur apparent qui est le mien.


Après m'être servi un dernier Coca citron, Je m'exécute à regret, comprenant pertinemment que le voeu fait au départ de terminer la course à trois était définitivement hors d'atteinte, mais je leur souhaite de continuer à deux leur progression pour aller au bout de ce qui n'est tout de même pas, au final, une balade de santé.


Sitôt sorti du chapiteau, je retrouve Mme Bleau78 qui m'assure que son époux ne devrait pas tarder à arriver puisqu'il a été pointé à Planaval « il y a 1h30' ». Aïe. Comment lui expliquer que j'ai mis plus de quatre heures pour effectuer cette partie du parcours, et qu'il ne sera donc vraisemblablement pas là avant bien longtemps ? A la lecture des résultats, je comprendrai que le pointage en question était en fait celui de Charvaz, et Bleau78 arrivera donc quelque 45 minutes seulement après moi à Morgex.


J'entame en tout cas cette deuxième moitié du parcours dans un état d'esprit différent. En effet, la grisaille et la pluie ont chassé définitivement le soleil, et je sais maintenant que je vais courir seul jusqu'au bout. La configuration de la course a donc changé du tout au tout, pour ce qui me concerne, en quelques minutes.

 

Heureusement, c'est à ce moment que je parviens à joindre yayoun, qui suit notre progression, à Jérôme et moi, à distance depuis Serre Chevalier où elle s'apprête à courir le Chemin du Roy le lendemain. Les nouvelles qu'elle me donne de Jérôme sont bonnes, ce qui ne me surprend guère, et elle m'encourage à ne pas oublier les conseils que je lui donnais moi-même quelques jours auparavant : ne jamais oublier que l'on court pour le plaisir, et ne jamais la^cher prise dans les coups de moins bien. On a beau le savoir, ça fait du bien quand quelqu'un que vous appréciez vous le rappelle.


Peu de temps après avoir rejoint la forêt qui longe la rivière, je vois deux coureurs prendre à gauche un chemin montant, alors que le balisage semble suggérer davantage un passage à droite le long de la rivière. Je suis un instant les deux coureurs qui ont pris à gauche, sans doute induits en erreur par les panneaux du Ski Club Valdigne, avant de rebrousser chemin et de retrouver le balisage sur le circuit du bas. Les deux compères sont déjà trop loin pour que je les alerte, mais je réaliserai un peu plus loin que les chemins communiquent, et que celui qu'ils ont pris leur a certainement permis de gagner quelques dizaines de secondes.


La montée, légère, sur Pré Saint Didier s'effectue sans crier gare, et je me retrouve bientôt à une intersection étrange, avec un fléchage qui part dans la côte sur la gauche, tandis que des coureurs remontent de la droite semblant suivre ce fléchage, et que des jeunes massés ici, sous la pluie, m'incitent à descendre à l'encontre du flot des coureurs. J'hésite d'abord, manifestant mon agacement devant cette situation ridicule, avant de comprendre que le contrôle de Pré Saint Didier est installé au coeur de la ville, et nécessite donc que nous fassions une petite boucle a priori sans grand intérêt.


Pré Saint Didier – Arpy : 6 km (55 km cumulés) – 631 m de D+ (3131 m cumulés) – 0 m de D- (2674 m cumulés) - 1h28'17'' (9h52'20'' cumulés) – 126ème – 120ème au scratch


Il me faudra quelques instants avant de avaler mon agacement, d'autant que le temps se gâte sérieusement dans l'intervalle, me contraignant, notamment par crainte d'un refroidissement dangereux, à mettre la Gore-Tex alors que l'orage gronde. Je pense d'ailleurs à cet instant que les organisateurs ne doivent pas être très rassurés d'avoir des centaines de coureurs en différents points du parcours.


J'hésite à cet instant à sortir également la frontale, mais je me dis qu'à 18h30, cela friserait le ridicule. Je regretterai presque ce choix un peu plus tard, en raison de ma grande maladresse.


La montée sur Arpy est rendue réellement pénible par le temps qui s'est fortement dégradé, semblant déchaîner les éléments contre nous. J'avance cependant d'un rythme que je veux le plus régulier possible, et parviens ainsi à ne pas me faire dépasser avant l'arrivée eu point de contrôle situé dans un bâtiment public du village, que nous traversons avant de poursuivre la montée vers le Col Croce.


Arpy – La Thuile : 12 km (67 km cumulés) – 711 m de D+ (3842 m cumulés) – 940 m de D- (3614 m cumulés) - 2h21'13'' (12h13'33'' cumulés) – 97ème – 110ème au scratch


La suite de la montée vers le Col Croce s'effectue sur une route forestière qui longe un camp de scouts de La Clusaz, particulièrement animé sous ce temps adverse. Je pense à Manu et Céline, qui vont s'engager le lendemain sur le Trail des Frahans, qui fut le premier trail pour Manu et qui sera le plus long pour Céline. Je regrette simplement que la pluie ait empêché les jeunes louves et louveteaux de venir admirer ma casquette L'Castor Junior et le petit castor, accroché à mon sac, que m'avait offert Céline.


Les écarts entre coureurs sont désormais assez importants, d'autant que, comme à chaque fois depuis le début de la course, j'ai visé à réduire au maximum le temps passé dans les lieux de ravitaillement. Je trouve seulement un coureur pour poser sur la photo que je prends du Lac d'Arpy sous la pluie. Quelques hectomètres de montée avant le col.

 

Arrivé au sommet, les bénévoles nous mettent en garde contre un début de descente un peu délicat, mais, conformément à ma nouvelle résolution de ne pas prendre peur dans les descentes, je m'élance, trottinant tranquillement jusqu'à l'entrée dans la forêt, où la nuit semble décidée à nous rattraper pour de bon.


En effet, au fur et à mesure que l'on descend sur La Thuile, je sens la luminosité baisser aussi sûrement que nous approchons de l'heure critique, 22h00. S'il aurait été stupide, finalement, de mettre la frontale dès Pré Saint Didier, il aurait été sage au moins de le faire dès le début de cette descente. Las, voulant, je crois, me prouver que je pouvais évoluer correctement même lorsque la lumière venait à manquer, je décidai d'attendre La Thuile et sa salle chauffée pour installer mon phare sur le chef.


Je doublai d'abord quelques coureurs, dont certains affairés à mettre en route leur éclairage, puis mes pas devinrent bien moins surs au fur et à mesure que la nuit prenait possession de cette forêt humide.


Ce n'est qu'après une jolie chute sur des racines recouvertes de boue que j'avais été totalement incapable de discerner que je me décidai à allumer mes lumières. Je n'en suis tout de même vraiment pas une moi-même, car je n'étais plus qu'à deux cents mètres, à peine, des premières lueurs de la ville. De plus, alors même que je m'étais dit, en le rangeant dans mon sac à Morgex, que je risquais de perdre mon Forerunner 205 au moment où je sortirais ma frontale et son bloc d'alimentation déporté, je ne pris pas la peine de vérifier que ce dernier n'était pas tombé du sac lorsque je mis ma frontale. Ce n'est que le lendemain matin que je réaliserai les conséquences de ma bêtise, en ne retrouvant pas, dans mon sac, le précieux GPS...


Néanmoins, en arrivant à La Thuile, mon principal souci était de me rendre un minimum présentable, ma chute m'ayant littéralement recouvert de boue, sans toutefois abîmer le moins du monde ma veste Gore-Tex (ah, j'aurai au moins pu tester sa solidité et sa résistance aux déchirures).


Je profitai néanmoins d'un bon potage de vermicelles, toujours al dente (quel plaisir que ces courses transalpines !). avant de reprendre ma route sans m'attarder une fois de plus, laissant dans la salle chauffée une flopée de coureurs pour qui cette ville porterait ce soir tristement bien son nom...


La Thuile – Dolonne : 20 km (87 km cumulés) – 1130 m de D+ (4972 m cumulés) – 1347 m de D- (4961 m cumulés) - 4h09'52'' (16h23'25'' cumulés) – 78ème – 91ème au scratch


Sitôt sorti de la Thuile, je profite de la lueur des candélabres pour lire mes SMS. Et celui de Khanardô me fait extrêmement plaisir : il m'annonce qu'à 21h38, Jérôme n'était plus qu'à une demi-heure de l'arrivée. Un rapide calcul me fait tenter le coup, et j'appelle Jérôme qui décroche rapidement, me confirmant son arrivée récente et m'informant de sa superbe performance, avec une onzième place au scratch à la clé. Le p'tit gars a pris une magnifique double revanche sur le Gran Trail Valdigne et sur le CCC 2007, de la plus belle des manières.


Même si nous ne jouons pas dans la même cour, ce beau succès m'encourage à aller moi aussi au bout de l'aventure, et dans le meilleur temps possible. J'annonce donc à Jérôme que je pense arriver vers 2h30 à Dolonne, objectif que je tiendrai à ma plus grande joie.


Las, les vingt kilomètres qui me séparent encore de l'arrivée ne sont pas pour autant de tout repos. En particulier, la montée vers le Col de l'Arp est encore très longue, et, contrairement au passage de La Salle à Morgex où le bitume m'avait plutôt déplu, je ne suis pas mécontent, ici, que les premiers lacets de la montée s'effectuent sur une route bien bitumée.


Je ne me fais d'ailleurs reprendre par personne dans cette montée, doublant au contraire plusieurs concurrents. Le mental chancelle pourtant parfois, en raison probablement à la fois de la fatigue du jour, de celle amoncelée pendant le Raid du Golfe du Morbihan, de quelques frottements que je sens naître dans le bas du dos et à l'entre-jambes, et certainement d'une lassitude générale : ces enchaînements de courses longues, si rapprochées, finissent par attaquer le moral.


Une de mes résolutions d'après course sera d'ailleurs de couper pour de bon après la Petite Trotte à Léon en Off de fin juillet et le Off organisé par Jérôme à Bardonecchia début août. Soit trois semaines complètes de repos avant l'UTMB, afin d'arriver frais et avec une certaine envie de courir et de grimper au départ de la Place de l'Amitié à Chamonix.


En attendant, je me retrouve à chanter, dans ma tête, du Diam's, en particulier Confessions nocturnes et son pendant parodique Mauvaise foi nocturne par Fatal Bazooka et Vitoo. Ah, ça ne vaut certes pas d'autres chanteurs à textes ni le moindre des grands penseurs, mais, à cette heure avancée de la nuit, perdu dans cette montée qui semble ne jamais vouloir finir, ce sont les seuls airs qui me viennent à l'esprit. Peut-être aussi parce que la Vitaa e bella...


Revenons à nos moutons, et à cette montée interminable. D'ailleurs, en parlant de moutons, je ne résiste pas à l'envie de raconter ce dialogue surréaliste avec un coureur italien qui, à mon approche et à la vue du phare qui ornait mon chef, avait décidé de couper sa frontale bien légère pour profiter de mes lumières artificielles :


  • Moi : Tutto va bene ?

  • Lui : …

  • Moi : Va bene ?

  • Lui : … Belle luce !


Comment vous dire ? J'avais le sentiment étrange, en effet, que ma lumière, en plus d'être belle, l'attirait comme un papillon de nuit. Lui qui semblait avancer à pas lents comme un fantôme se mettait soudain à trottiner derrière moi sans plus vouloir me lâcher. J'avais le sentiment étrange qu'il voulait profiter pleinement de ma lumière de manière un peu sournoise, en me laissant bien entendu supporter seul le poids bien plus élevé de ma lampe et de ses fort lourds accumulateurs.


Je repense alors aux propos échangés avec Manu et Jérôme sur ces coureurs qui se chargeraient volontairement peu en eau ou autres ravitaillements, afin de tirer partie du gain de poids réalisé, et qui demanderaient en revanche aux autres coureurs de suppléer leurs lacunes.


Je décidai donc, parce que j'avais le sentiment d'être le dindon de la farce, d'accélérer le pas pour me débarrasser de l'opportuniste. Comportement fort peu charitable, mais qui me semblait sur le coup parfaitement justifié. J'espère ne pas avoir mal interprété la situation sur le moment, car je n'étais certainement pas des plus lucide.


Arrivé au sommet après de multiples détours qui nous éloignaient bien plus souvent qu'ils ne semblaient nous en rapprocher des phares orange disposés autour du point de contrôle, j'entame la descente la plus technique de tout le parcours, écoutant bien les conseils des bénévoles postés au sommet qui insistent sur le caractère périlleux des premiers hectomètres rendus particulièrement glissants par la pluie tombée presque sans interruption depuis plusieurs heures.


C'est là que, pour la première fois depuis le début de la course, d'autres concurrents me dépassent dans une descente. A ma grande satisfaction, toutefois, ile ne seront que trois dans ce cas, que je reprendrai finalement dès que la pente se fera plus douce.


Le tracé rejoint un peu plus bas une route forestière, et je profite de ces nombreux lacets pour creuser un peu l'écart avec des poursuivants que je distingue seulement par l'éclat de leur frontale. Néanmoins, la lassitude finit par me gagner totalement, et même ces portions roulantes deviennent indigestes, et je suis presque heureux de croiser les pompiers au dernier point de contrôle avant l'arrivée à Dolonne.


Je le suis d'autant plus qu'ils m'annoncent une vingtaine de minutes seulement pour rallier l'arrivée. Malgré leurs avertissements quant au caractère extrêmement glissant de la descente dans la forêt, je fais un magnifique vol plané dès les premiers mètres, et décida ensuite de m'accrocher à la corde qu'ils ont disposée entre quelques arbres afin d'éviter une chute aux conséquences plus graves.


Sitôt relevé, j'appelle Jérôme pour l'avertir de mon arrivée imminente. Je l'interromps apparemment en pleine danse endiablée avec de belles Italiennes, mais il me confirme qu'il viendra assister à mon arrivée. Ce n'est pas tous les jours qu'on est accueilli par un champion à l'arrivée d'une course ;-))


Et, après ce qui m'apparaît comme une courte éternité, je parviens enfin sur les quelques dizaines de mètres de bitume qui séparent la sortie de la forêt de l'arche d'arrivée., sous les vivats de la foule en délire, ou du moins sous les bravi de Jérôme et des quelques bénévoles présents.


Enrico, qu'il me semblait bien avoir reconnu parmi les deux personnes qui m'avaient doublé dans la forêt, en avait terminé quelques minutes plus tôt.


Une fois la puce rendue, je me précipite, guidé par Jérôme, au stand de ravitaillement, pour profiter d'un nouveau demi et de quelques parts d'un délicieux gâteau au chocolat. Si les parts de gâteau sont faciles à obtenir, le demi est plus compliqué, le « barman » craignant que, comme d'autres coureurs avant moi, je ne finisse pas mon verre. Ah, c'est bien mal me connaître. Heureusement, le fait d'annoncer ma future participation à l'Arrancabirra agit comme un sésame, et je peux me désaltérer avec bonheur.

  

L'après-course

 

Jérôme me guide ensuite jusqu'à l'hôtel, me racontant ses exploits du jour, ou plutôt de la veille, et me complimentant pour ma gestion de la course après le Morbihan, alors qu'il pensait sincèrement que j'aurais opté pour le retour direct vers Courmayeur depuis Morgex.


Arrivé à l'hôtel, le seul calvaire après la mise à l'ombre des affaires de course nauséabondes sera, comme au Morbihan, la douche et la découverte de tous les frottements insidieux qui me feront pousser des cris de castrat. Mais, est-ce l'habitude, je serai bien plus discret qu'à Port Crouesty...


Après une courte mais bonne nuit, nous prenons notre petit déjeuner à l'hôtel, en compagnie des parents de Jérôme, charmants. Dans la salle, un concurrent reconnaît Jérôme, LE Jérôme de Kikouroù, avec ses nombreux et riches CRs. Quelle star ce Jérôme !


A la remise des prix, assurée par les édiles locaux et animée par un speaker typiquement italien devant un groupe de jeunes filles en habit traditionnel, nous retrouvons Goldenick, Marco et les deux Enrico.

 

Un coup d'oeil rapide aux résultats affichés me permet de constater que nono5g a terminé finalement en boulet de canon, une vingtaine de minutes après moi, dans le même temps que David Poletti, tandis que piloumontagne a mis deux petites heures de plus. Je me doute qu'il a repris la route, longue, pour Angers, alors qu'il doit se reposer pour arriver frais au départ du Pyrénées Extrem Trail.


J'indique à Jérôme que, selon toute vraisemblance, et notamment si les prix scratch et par catégories ne se cumulent pas, il peut prétendre à un podium Senior. Il semble en douter, mais, après avoir vu défiler tout un tas de valeureux champions, dont de très charmantes traileuses, Jérôme est bel et bien appelé sur le podium, non pas pour une troisième place obtenue grâce au non-cumul des prix, mais bien plutôt pour la véritable deuxième place du classement Senior.

 

Je me précipite vers l'allée centrale pour immortaliser ce moment, mais mon appareil photo décide de faire des siennes, et je n'arracherai une photo de Jérôme et de sa grolle amplement méritée qu'après la cérémonie, en compagnie d'Enrico.

 

Ce dernier nous invite, avec des amis Italiens, à boire un verre là-même où Jérôme et moi avions dégusté de succulentes glaces avant la remise des prix. Merci l'ami : j'ai vraiment été ravi de te rencontrer. Jérôme profitera du passage d'Alberto Motta, le Président des Courmayeur Trailers, pour lui demander d'accepter mon bulletin d'inscription pour l'Arrancabirra : je serai donc le troisième Français inscrit à cette course de la bière, après Manu et Céline (eh oui, Jérôme est inscrit comme Italien...).


Après un dernier repas ensemble à Courmayeur, avec polenta champignons pour moi et polenta saucisses pour Jérôme, nous reprenons la Kangoo de Jérôme pour rallier l'aéroport de Turin, en faisant une halte, sur sa proposition, à La Thuile, afin de vérifier l'endroit où j'ai le plus probablement laissé tomber mon Forerunner l'avant-veille.

 

Etonnamment, je suis, pour une fois, plus rapide que Jérôme pour remonter cette descente qui n'était pas si raide dans mon souvenir. A croire que lui a fait une course à bloc... ;-)) En tout cas, après une journée entière de passage, et alors que nous croisons un coureur (sans dossard heureusement) qui descend en empruntant le parcours de la course, il faut se rendre à l'évidence : j'ai certainement fait un heureux avec ma bourde semi-consciente lorsque j'ai mis ma frontale. Charge à moi d'être plus attentif à l'avenir...

 

Nous nous remettons donc en route, et gagnons Turin Caselle où je salue Jérôme et le remercie une fois de plus pour l'accueil et la prise en charge complète pendant ce weekend de deux jours qui m'est apparu comme un dépaysement bien plus long et bien plus profond qu'un weekend classique.


De retour à la maison, je suis félicité par des amis venus dîner à la maison et, à ma grande surprise, je passe la soirée sans le moindre coup de barre, avec un sentiment un peu confus de simple plénitude. Je suis bien loin de mon temps de 2006 sur le CCC, mais ce parcours était bien plus technique, avec plus de dénivelé, et j'avais encore dans les pattes la fatigue du Morbihan.


Maintenant, cap sur la Petite Trotte à Léon sur quatre jours avec une autre bande de sacrés loustics. Et rendez-vous fin août à Chamonix pour boucler le Tour du Mont Blanc et saluer les prochains exploits des copains.

 

 

20 commentaires

Commentaire de Jerome_I posté le 21-07-2008 à 08:45:00

Bravo Cedric pour ton récit (et oui encore un récit du Castor...)

Et surtout bravo pour ta course seulement deux semaines après le Morbillant. Beaucoup seraient heureux de boucler seulement une de ces deux courses! Bonne récup, et heureux d'avoir partagé ce superbe weekend d'Ultra.

Jérome

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 21-07-2008 à 08:45:00

Tu écris peu mais là, on en a pour son argent ! Splendides photos et CR plus que complet. Faire ça après l'exploit du Morbihan, tu m'impressionnes ! Tu n'as pas pensé à changer de pseudo : Super Castor ? Ta participation à l'Arancabirra me fait rêver mais c'est vraiment trop loin, tu penseras à moi en buvant les bières sur le parcours ? C'est excellent, je l'ai éprouvé lors du off de Belle-Ile.

Commentaire de frankek posté le 21-07-2008 à 11:16:00

magnifique réçit et tes photos sont top !!! bravo pour ta course et surtout bravo ton enchâinement :
2 ultras en si peu de temps !!! waouh !!! récupère bien pour être bien frais sur le TMB

Commentaire de eric74 posté le 21-07-2008 à 11:56:00

super récit et les photos sont tip top ,juste de quoi rêver !!!

merci cédric

Commentaire de Bleau78 posté le 21-07-2008 à 13:42:00

Merci pour ce super recit, j'espère que l'on pourra refaire une partie de course ensemble, ça ne sera que du plaisir.

A bientot,
Marco

Commentaire de robin posté le 21-07-2008 à 14:10:00

Comme d'hab !

superbes photos !

Superbe course !

Encore plus superbe 15 jours après l'ultra-marin

Décidément Le Castor est un animal fantastique !

j'allais dire bonne récup, je crois que je vais dire bonne continuation !

Commentaire de JLW posté le 21-07-2008 à 16:43:00

Mazette, quelle course, quel récit, quels enchainements. Impressionnant le Castor et voilà qu'il parle de la Petite Trotte à Léon ... avant le grand tour fin Aout.
Bravo Cédric et j'espère que celui qui a retrouvé ton gps lise ce récit ...

Commentaire de Fimbur posté le 21-07-2008 à 19:21:00

Bravo Cédric, belle course, belle gestion.
Super récit, on vit la course avec toi, en + les photos.

Top,
Bonne récup
Fimbur

Commentaire de Céd C' Bien posté le 21-07-2008 à 19:53:00

A en lire ton récit, je m'aperçois que tes entraînements au Morbihan ainsi que celui ci se sont bien passé.

Bravo Cédric pour ce récit, sans oublier tes photos magnifique.

Bravo Champion

Céd


Commentaire de LtBlueb posté le 21-07-2008 à 22:33:00

Ahhhhh les résumés du Castor, ca n'est pas une légende :))) J'ai mis un certain temps à te lire, mais j'y suis arrivé . Chapeau pour ta stratégie de course , tout en sagesse 2 semaines après le morbihan ! Et surtout j'applaudis des 2 mains ta décision de couper 3 semaines avant notre RV chamoniard ! Merci pour ce récit et les photos magnifiques comme d'habitude, Cédric !

Commentaire de Stéphanos posté le 21-07-2008 à 23:11:00

IMPRESSIONNANT! trés beau récit, avec de magnifiques photos, qui donne vraimment envie de faire cette course, je pense que tu as du croiser un jeune ardechois qui est juste un peu devant toi(Benjamin) Encore bravo
à trés bientot

Commentaire de serge posté le 22-07-2008 à 01:51:00

C'est au Trail des Aiguilles Rouges qu'ils donnaient un gobelet au départ et non à Sommand.

Plus de douleurs depuis la course ?

Commentaire de le_kéké posté le 22-07-2008 à 20:23:00

Oufff j'ai eu le temps de finir le résumé du Castor.
J'ai bien fait d'aller jusqu'au bout, ça aurait été dommage de rater la photo du podium féminin, c'est de loin la plus belle photo, des montagnes on en voit toute l'année ...
Sinon dommage qu'il y ait si peu de récit du Castor car c'est du très bon.
On apprend quand même que les ritals c'est des mauvais en foot (ça on le savait déjà) mais aussi en descente, car attendre aussi longtemps pour doubler le Castor c'est vraiment du grand n'importe quoi.
Il me fait vraiment envie ce trail pour quand je serais bon, je le note dans un coin de ma tête, j'irais bien montrer aux italiens comment on descend du coté de l'isère !!!!

Commentaire de _azerty posté le 23-07-2008 à 06:46:00

Cedric, Il écrit bien ton négre . Tu le félicitera.


hé les z'autres, vous faîtes pas berner, on sait très bien que le Castor n'écrit jamais. :-)))
Il est bien trop occupé à courir.

A+
Domi

Commentaire de millénium posté le 23-07-2008 à 07:50:00

Un grand merci à toi cédric : passionnant , presque "fatigant" tellement on vit tes péripéties !!!
Tu es vraiment impressionnant malgré un "détachement" apparent , un calme que j'envie...
Que dire des photos et de l'humour...
Bref , la totale , respect

Commentaire de hérisson posté le 23-07-2008 à 23:23:00

IMPRESSIONNANT ce Castor à enchaîner des km et des km baskets aux pieds et à nous faire partager ses exploits dans un CR fleuve mais ô combien passionnant !
Cédric, y'a pas un zoom sur ton appareil, pour le podium féminin ?

Commentaire de Piloumontagne posté le 01-08-2008 à 19:51:00

Quel plaisir de parcourir ces sentiers italiens à tes côtés. A la lecture de ton compte rendu, 15 jours après cette aventure alpine, je me délecte de tes mots et de tes photos. Je me souviens de ces bons moments avec toi, avec Arnaud. Nous l'avons tous terminé ce GTV... et tu ne fut pas le boulet de l'équipe !
Entre le Raid du Golf du Morbihan et la Petite Trotte à Léon, tu es vraiment un baroudeur des grands chemins !
Encore merci pour ta compagnie si agréable.
Marie (Sergé) qui était également au Pyrénées Expé Trail te remet son amical bonjour... l'Annapurna, ça créé des liens.
à bientôt, Pilou

Commentaire de rapace74 posté le 04-08-2008 à 14:40:00

et dire que j'ais faillit louper le recit de mon p'tit frere!!!!
un grand bravo cedric pour ta gestion de course
j'espere que tu en fera de meme dans 3 semaines!!!!
manu

Commentaire de eric41 posté le 05-08-2008 à 13:00:00

Bravo Cédric pour cette très belle course.
Tu enchaînes à merveille les ultras mais coupes vraiment avant l'UTMB.Tu dois la finir celle là.
Eric

Commentaire de Mustang posté le 09-08-2008 à 11:29:00

bravo pour ta course, superbe récit et belles photos
tu as la caisse après le Morbihan et avant l'UTMB!!

quant à l'Arancabirra!sans commentaire!!!
phil

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