Bon je sais , vous allez me dire q'est ce que ça vient faire là !!!!
Mais , à bien y réfléchir , le but est de vous donner un moral d'acier pour cette balade de 69Km !
Bonne lecture , et doucement les réactions ! merci
5-4-3-2-1-0, et c’est parti ! 1ère erreur stratégique, nous partons dans les 300 derniers : résultat, nous sommes coincés, et ce sera pire dans le sentier du volcan. Comme prévu, je pars en trottinant jusqu’au chemin des cannes. Il ya beaucoup de monde pour nous encourager, l’ambiance est magique, je suis heureux ! A partir des cannes, je marche vite, je ne veux surtout pas me griller, le chemin est long. 1er ravitaillement, je peste, il n’y a plus rien, je ne m’arrête pas. J’arrive au kiosque qui marque le début du
sentier du volcan en 2h30, un peu en avance sur le temps de ma dernière reco, je suis content. En revanche, je le suis moins quand je vois l’état du
ravitaillement : je fais juste le plein d’eau, souffle 5 minutes et repars.
Le sentier n’est pas trop boueux et je me sens bien. En revanche, nous sommes dans le ventre mou de la course et je m’attends à de sérieux bouchons. Et effectivement, dès le premier « mur », il faut patienter un bon quart d’heure. Hormis cela, la montée se déroule bien, et je finis par sortir de la forêt au lever du jour. Je suis depuis un bon moment avec un groupe de coureurs canadiens qui s’émerveille des paysages. Je me retourne un instant et profite de la vue : je suis heureux. Je poursuis mon ascension vers Foc-Foc, il fait maintenant jour, il ne fait pas trop froid, mais surtout il ne pleut pas.
Avant d’arrivée à Foc-Foc, j’assiste en direct à l’évacuation d’un concurrent par l’hélicoptère de la Gendarmerie : impressionnant. Foc-foc est passé, le volcan est toujours aussi majestueux, et je poursuis vers le ravito. Je fais un break de 10 minutes, car je sais que j’ai perdu du temps dans les bouchons de la montée. J’arrive à la route du volcan à 8h42. J’ai au moins une demi-heure de retard sur mon planning, mais je me sens très bien. Je repars vers la Plaine des Sables, content d’arriver sur mes terres, mon terrain de jeu favori, et surtout de traverser cette région que j’aime tant. J’arrive à Mare à Boue à 12h46. La grosse demi-heure de retard n’est pas rattrapée. Tant pis, je m’accorde une bonne pause après ces cinquante premiers kilomètres, d’autant que Magali et mon fils aîné Gabriel sont là. Magali me fait un massage, je change de chaussettes et de T-shirt, mais oublie de remettre de la vaseline, je le paierai plus tard ! Je m’accorde une cigarette : je ne sais pas si elle fait du bien à mon corps, mais elle fait du bien à mon moral ! Je laisse quand même le paquet à Magali, pour ne pas être tenté.
En route vers Cilaos : je connais bien ce tronçon que j’ai reconnu plusieurs fois et que j’aime bien,enfin que j’aimais bien ! Car en effet, les conditions météo sont mauvaises, et la pluie a transformé le sentier en marécage, ce qui rend la progression difficile. Je dépasse les canadiens, qui ont du mal. Pour moi, tout va bien, pas de douleurs, ni d’ampoules, ni de maux de ventre, pourvu que ça dure ! Le chemin me semble beaucoup plus long que pendant mes entraînements, mais je finis par arriver au refuge de Kerveguen à 17h11. Je me réchauffe avec 2 bols de soupe et fais une pause de 5 minutes. Beaucoup ont le visage déconfit, d’autres dorment sur des lits picots : l’ascension du coteau kerveguen aura laissé des traces pour beaucoup.
Je continue vers le gîte de la caverne Dufour, partie reconnue deux fois, dont une fois avec l’un de mes meilleurs amis lorsqu’il était en vacances à la
Réunion. Nous avions parlé philosophie sur ce tronçon. Là, je ne philosophe plus beaucoup ! Je sais aussi qu’il y a des petits mouvements de terrain successifs derrière lesquels on espère voir le gîte à chaque fois. Je ne me fais pas avoir, c’est mauvais pour le moral, et j’avance sans regarder au loin. J’y arrive à la tombée de la nuit.
Maintenant, la descente du Bloc. La progression sur ce sentier est périlleuse de nuit : se blesser est synonyme d’abandon à Cilaos, je descends prudemment. En revanche, beaucoup chutent et certains se blessent, je croise au moins 3 raiders enveloppés dans des couvertures de survie et qui attendent les secours : entorses pour la plupart, j’ai mal pour eux. Nous sommes une quinzaine à marcher ensemble : une chenille humaine illuminée qui descend laborieusement vers la capitale des lentilles. Arrivée à 1km avant le Bloc, nous croisons un groupe de pompiers qui partent récupérer les blessés. Je leur souhaite bon courage : il leur en faudra pour tout remonter et descendre avec un brancard.
Arrivée au ravitaillement et fin de l’interminable descente. Je rejoins Cilaos où nous avons loué un gîte. Magali et Inès (notre petite dernière qui a 14 jours !) m’y attendent.
J’arrive au stade à 21h42. Dans la foulée, super massage d’une demi-heure qui me fait retrouver des jambes plus légères. Ensuite direction le gîte où m’attendent un carry et une douche chaude. Les pieds sont indemnes, en revanche les échauffements commencent, et ce n’est que le début ! Je n’ai pas le temps de dormir, je préfère me laisser une heure de battement avec l’horaire limite. Je sais aussi que la gestion du manque de sommeil va être problématique.