Récit de la course : 8 jours No Finish Line Monaco 2014, par Stéphanos

L'auteur : Stéphanos

La course : 8 jours No Finish Line Monaco

Date : 15/11/2014

Lieu : Monaco (Principauté de Monaco)

Affichage : 1800 vues

Distance : 1001km

Matos : 2 PAIRES DE NEW BALANCE
2 PAIRES DE ADDIDAS

Objectif : Objectif majeur

14 commentaires

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1001 KM

  • En 2012, suite à de grands bouleversements professionnels et familiaux impliquant un départ du sud de la France vers le grand ouest provoquent un grand désordre dans ma pratique sportive! Elle devient très irrégulière, les résultats sont médiocres. A la fin de l'année 2013, déçu de ne plus performer, je suis à 2 doigts de "raccrocher" les basquets!

  •  arrive le 1er janvier de cette année 2014 et ses traditionnelles plus ou moins bonnes résolutions...je me fixe de m'imposer un entrainement quotidien assez conséquent : 90 min minimum! 500km mensuel pour dépasser les 6000 annuel, qu'en course à pied évidemment! Je m'y tiens, la forme revient vite! Au fil du temps je trouve dommage de ne pas en profiter en ne prenant pas part à une ou deux compétitions qui me ferait envie...

    Au printemps je décide donc de refaire le grand raid du Morbihan (178km) que j'avais fait l'an passé en un peu plus de 24 h..Rien d'exceptionnel à mon niveau, mais j'avais bien apprécié ce tour du golfe du Morbihan. Fin juin je le bouclerais à 14e place en 20h20min! verry happy

    une stabilité dans ma nouvelle vie professionnelle, les soucis s'amenuisent au fil du temps. L'envie de retourner à Monaco faire l'hamster durant 8 jours se comfirme! En 2011 pour une première, je fis 863 km avec une grosse blessure au releveur m'empêchant de m'exprimer lors du dernier 24h! L' objectif des 1000 km était déja secrètement dans le creux de ma tête!

    juillet aout les footing s'accélèrent tout en s'allongeant... plusieurs marathons d'entrainement de 3h30' à 4h00 et même de trés grosses sorties de plus de 50 km! Fin aout je ferais mon 1er 100km plat en sologne: 9h00 et 15s avec un passage au marathon en 3h15mn !!! sourire...

    Début octobre, après avoir fait le marathon de Tours avec mon épouse Séverine, des soucis dentaires perturberont sérieusement mon dynamisme : un mois quasiment vide et un retour poussif au mois de novembre font que j’arrive  beaucoup moins confiant.

    J-1 : Départ 6H de St Nazaire pour rejoindre en train Aix en Provence où mon ami Jean-Louis (Crocs man) me prête son camping-car, qu’il a utilisé pour la Trans-Gaulle et les 6 jours de Privas. En soirée, je récupère un jeune homme de Reims, Tristan qui est descendu en co-voiturage. Tristan , je ne le connais pas, il a répondu à mon appel sur Facebook, pour venir m’assister durant la course.

    Plus tard, je suis mal, la tête qui tourne, limite malaise. Tristan me donne une gélule de Paracétamol que j’essaye d’avaler, le résultat est immédiat. Juste le temps d’ouvrir la porte du camping-car, que je vomis à trois reprises. Bon, ça s’est fait et du coup, cela va aller mieux.

    Nous ferons un bout de route, jusqu’à l’aire d’autoroute de Vidauban, à une centaine de kilomètres de Monaco. Grignotage et dodo…

    3 bonnes heures de sommeil, bercées par de fortes pluies. Ensuite, ce sera plus du repos que du sommeil.

    L’arrivée à Monaco sera très stressante, un premier contrôle des douanes, sans encombres à a sortie de l’autoroute. Par contre un autre de la police Monégasque est plus inquiétant. En effet, il me manque la carte verte, un oubli de ma part en partance d’Aix. Pff, le policier est plutôt cool, mais m’interdit d’entrer en principauté sans la certitude que le véhicule soit assuré. Ca finira par se régler au bout d’une bonne heure, après avoir réussi à joindre difficilement Jean-Louis qui était en Italie pour courir son énième marathon.  Gros coup de stress, cela aurait pu très mal tourner.

    H-1 : Briefing. Des trombes d’eaux inondent le circuit, jusqu’à 20 cm d’eau par endroits. Aïe Aïe aïe ça promet !!

    Finalement, la grosse pluie cessera et l’organisation parviendra a enlever l’eau à l’aide de 2 pompes in extrémis !...chapeau

    C’est parti, cela se déroule bien. 165 km dans ce premier 24H. Un peu moins facile dimanche où j’alternerais repos et course sans trouver de véritable sommeil.

    Durant les 5 jours suivants, je me retrouverais à la lutte au combat avec mon adversaire et ami Didier Sessegolo, recordman de l’épreuve en 2012 avec 1041 km. Je me souviens de 2 faits majeurs :

  • Le lundi après-midi, un journaliste de FR3 essaye de m’interviewer, je suis incapable de sortir une phrase compréhensible, je ne trouve plus mes mots ! il en est de même lorsque j’ai Séverine au téléphone. Psychologiquement, je suis très fatiguée et très faible. Cette situation est assez nouvelle pour moi et je ne la vis pas très bien. Cela ira mieux après avoir trouvé » la première heure de sommeil mardi matin.

  • 2ème fait : le mardi midi, après 430 km environ, malgré des étirements réguliers, des douleurs se baladent dans les pieds, chevilles et genoux. Je retire mes chaussettes et j’ai un début d’œdème à une cheville, je suis très inquiet et décide de ne pas retourner sur le circuit dans l’immédiat. J’applique du Voltarène en gel et me repose. L’œdème s’est résorbé, je retourne prudemment sur le circuit en fin d’après-midi après plus de trois heures de repos. J’ai dû psychoter, revivant ma très mauvaise expérience d’il y a trois ans . Je n’explique pas trop ce souci, peut-être dû à une paire de chaussettes trop petite.

    Une lutte acharnée avec Didier portera ma marque à 700 km jeudi dans la soirée. Depuis mardi soir, je suis sur l’offensive, souvent dans les cordes, je n’ai d’autre choix que d’attaquer. Je mène de longs runs auxquels Didier s’accroche, mais je sens qu’il puise et qu’il faiblit dans la journée de jeudi. Je reconnais ne pas l’avoir ménagé et avoir pris des risques. Très joueurs, les spectateurs et participants apprécient cet haletant suspens. Vendredi matin, Didier jetera l’éponge, épuisé physiquement et moralement, probablement en anémie, il ne trouve plus les ressources pour continuer. Cet abandon est loin de me réjouir, j’ai perdu mon lièvre qui me faisait avancer et me laissait espérer atteindre mon objectif des 1000.

    Je ne tergiverse pas trop et continue mon chemin de croix et comprend assez vite qu’une autre bataille va commencer avec mon poursuivant qui n’a pas fait que de nous regarder. Tout ce vendredi sera une course poursuite permanente. Mon poursuivant est un Ukrainien, solide gaillard qui a fini au mois d’aoùt une course de 5000 km ou 3100 milles sur un parcours de 900 m à New York en 45 jours . Il l’a gagné pour le 2ème fois.

    Même si j’ai encore une bonne vingtaine de tours d’avance, soit une trentaine de km, il s’est rudement rapproché hier. D’ailleurs, je l’imaginais batailler avec Didier pour un final d’enfer plutôt qu’avec moi.

    Tout ce vendredi, je m’accrocherais et maintiendrais l’écart. J’atteindrais 750 km pour 6 jours.

    6H30 samedi matin, je viens de remettre en route après une bonne heure de sommeil.  Il porte une violente attaque, j’emboite le pas et lui colle au train durant trois tours en résistance dure limite VMA. Impressionnant ! je me fais un peu sermonner par d’autres coureurs qui pensent que je vais me griller. C’est vrai que je ne devrais pas rentrer dans son jeu mais pour moi, il fallait que je montre que je n’avais pas peur et que j’avais du répondant. Je calmerais le jeu ensuite et arriverais à stabiliser l’écart.

    7 jours de course, 875 km. Dernier 24H la journée de tous les dangers. En début d’après -midi, je tergiverse un peu et décide avec Séverine de ne pas trop calculer et de retourner au charbon pour aller chercher les 1000. Il reste tout de même trois marathons, c’est loin d’être gagné, tout comme la victoire d’ailleurs. Je fis un nouveau bloc entrecoupé d’une pause à 16H pour approcher les 900 à 18H. Je m’octroie un temps de pause chez le kiné, massage et soin des pieds, des ampoules me font souffrir depuis quelques jours mais sans trop m’handicaper. Je tarde un peu au repas, oubliant un peu mon adversaire. 19H30 passé, il faut y retourner car je m’attends à une fin de course difficile. A ma grande surprise, je ne parviens pas à remettre la machine en route. Deux, puis trois tours à la marche, et je ne parviens toujours pas à courir en continue ! pffff merde, je sens que si  je m’allonge, je vais arriver à dormir un peu malgré le bruit. Ni une, ni deux 20H30 nouvel arrêt ! étirements, voltarène et je ferme les yeux, Tristan a pour consigne de me réveiller à 21H30. J’ai du m’endormir une petite demi-heure, car à 21H20 je me suis réveillé tout seul. Un petit tour sous le panneau d’affichage : stupeur, mon  « ami » ukrainien est revenu à 11km de moi ! Ou la la, je suis mal, très mal !

    Pendant tout mon temps de pause, il a tourné comme un avion, discrètement, noyé dans la foule. Ce manque de vigilance de ma part va peut-être me coûter très cher. Je m’en veux une nouvelle fois et regrette encore mon psychotage de mardi.

    La nuit va être terrible, véritable course poursuite à allures très variées. Parfois même à la marche, parfois même l’un derrière l’autre…

    Les seuls  avantages que j’ai : une phase de repos d’avance et les 8 tours d’avance.

    Ce n’est pas à moi de donner le rythme, ni d’attaquer, juste à contrer et à me tenir prêt à rester plus de 16H sur le circuit, sans dormir, si il le faut.

    Il me maintiendra sous pression jusqu’à 4H du matin, me reprenant 2 tours et revenant à 8 km. Ensuite dû à ses efforts, il fatigua et reperdit un peu de terrain. Il finit par disparaître un peu après 4h30, me semble-t-il. Durant son absence, j’ai pu maintenir une bonne allure, même trop vite lorsque Philippe Verdier, l’organisateur, fit quelques tours avec moi, m’explosant les cuisses. A 5H, mon avance grimpe à 17 km avec 958 km.  A 6H30, ma marque est de 972 km…le trou est fait lorsque mon adversaire réapparut, soit 30 km de différence. La course est quasiment gagnée et il n’essayera même pas, certainement un peu abattu d’un tel écart ! Il me restera  à atteindre  tranquillement mon objectif des  1000 durant la matinée… Je finis heureux, mais vide ! Sans trop réaliser de ce que je venais d'accomplir: UN VERITABLE EXPLOIT !

    Après quelques jours de repos, il est temps d’analyser ma course. Elle est loin d’être parfaite.

    Le gros point positif : c’est l’alimentation. Principalement liquide : boisson énergétique et Rozana, pas mal de bananes, un peu de grignotage le midi, chips, pain... mais très léger. La soupe et le plat chaud du soir, fournis par l’organisateur et un peu de soupe la nuit. Pas de surcharge de l’estomac et économie d’énergie en limitant la digestion.

    Le gros point négatif : gestion du sommeil, comme en 2011, je me retrouve avec un très gros déficit les trois premiers jours, entraînant une très grosse fatigue mentale. Heureusement que je ne suis pas un gros dormeur, mais j’ai certainement un travail à faire là-dessus…

    Ensuite la gestion de l’effort n’a pas été parfaite. Dans l’euphorie, je suis allé par moment beaucoup trop vite écourtant par la suite mes temps de course qui auraient dû durer plus longtemps. Notamment le dernier run du dimanche matin…

    On me posa sur facebook une question : de la victoire et des 1000 km atteints, quelle est la cerise du gâteau ? Incontestablement, même si la victoire est très belle, elle n’est que la cerise !

    Un dernier mot, ces huit jours furent un peu ma route du Rhum à moi. Une extraordinaire aventure où l’on se surprend soi-même !

     

    Je tiens à remercier sincèrement mon épouse Séverine qui m’a encouragé dans mon projet et soutenu pendant la course. Je n’oublie pas mon boss qui m’a accordé des congés «  hors période. » Je remercie bien évidemment Tristan, qui a fait le job tout en découvrant ce genre d’épreuve et qui a tout de même parcouru plus de 400 km. Je ne remercierais jamais assez mon ami Jean-Louis de m’avoir filé un gros coup de main logistique. Et un énorme merci à vous tous famille, amis, copains qui m’avez soutenu  durant ces huit jours.  C'est une grande joie de partager avec vous tous, cette victoire. Encore merci !

14 commentaires

Commentaire de Krapo07 posté le 30-11-2014 à 22:08:12

Bravo à toi! 1001km , ça me laisse sans voix !

Commentaire de philkikou posté le 30-11-2014 à 23:27:16

Respect... un sacré défi difficile à imaginer pour ceux (comme moi) qui n'ont pas gouté à ces 24h. et autres courses sur des circuits d'1 à 2kms.. Et là sur 8 jours et 1001 bornes !!! Bonne récup.

Commentaire de Jean-Phi posté le 01-12-2014 à 09:10:35

Enorme perf que j'ai eu plaisir à suivre via FB. On pouvait y deviner la souffrance, l'abnégation, l'énergie que tu mettais pour cette victoire ô combien méritée ! Enorme dis-je et je ne savais pas à quel point la stratégie est de mise sur de si longues courses ! respect total ! Bravo Stéphane, je suis scotché !!

Commentaire de Goldenick posté le 01-12-2014 à 10:08:22

MITICOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO!
Bravo Steph', mon idole!

Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 01-12-2014 à 10:28:50

Faut-il réellement y ajouter une stratégie de course ou tout autre chose alors que le résultat final est celui que chacun aimerait avoir un jour même en rêve ?
Il est sur que le sommeil est primordial sur une course en 8 jours, l'alimentation aussi mais le reste est à la sensation et c'est ce que tu as fait.
GRAND BRAVO Stéphane, bon repos et reviens-nous avec une autre grosse épreuve en 2015.

Commentaire de rodo26 posté le 01-12-2014 à 17:25:45

Un GRAND BRAVO Stéphane, j'ai suivi ta course sur internet toute la semaine. Quel performance.. Récupére bien. Au plaisir de se revoir. A bientôt.

Commentaire de Tonton Traileur posté le 01-12-2014 à 20:13:59

pfffff, que dire ? Tous les superlatifs n'y suffiraient pas ! c'est ENORMISSIME ! immense BRAVO et respect !
Bonne récup ;-)

Commentaire de Rolexo posté le 02-12-2014 à 00:08:24

Heu amazing ! Bravo .....

Commentaire de tristounet posté le 02-12-2014 à 10:43:56

Cher Stéphanne,que dire,juste Bravo
j'ai été vraiment content de t'accompagné durant ces 8 jours
cette victoire tu l'a mérité,tu es allé la cherhcher et elle te revient de droit
a pluche Tristan.

Commentaire de anyah posté le 04-12-2014 à 20:31:06

Stéphane, je viens de lire ton récit sans respirer. Je connais ce circuit, en te lisant, j'ai vu et imaginé la lutte que tu as menée d'abord avec Didier puis avec ce coureur ukrainien... ton récit est très bien écrit, vivant, nerveux, on ressent l'intensité de ces 8 jours et en t'écrivant ce commentaire, je ressens un tout petit peu de ce que tu dois éprouver. Bravo pour ce record. Tu dois être très fier. Merci de nous avoir transmis ta joie.

Commentaire de CROCS-MAN posté le 04-12-2014 à 21:07:05

BRAVO Steph, content d'avoir pu un peu contribué à te réussite, tu es un champion.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 06-12-2014 à 20:52:32

1000 bornes, c'est énorme ! Bravo Steph.

Commentaire de gdraid posté le 16-01-2015 à 13:38:34

Bravo mon ami Stéphane, je t'admire en connaissance de cause, comme j'admire mes amis le niçois Didier Sésségolo et l'irlandais William Sichell.

Vous êtes les 3 seuls Ultra marathoniens au Monde depuis 15 ans, à avoir accompli plus de 1000 km sur les redoutables quais du circuit des 8 jours de la No Finish Line à Monaco !

Nos adorables amies féminines, la française Christine DAVID, et l'australienne Sarah Barneth ne sont pas loin du compte, avec leurs plus de 900 km.
Il ne m'étonnerait pas de les voir venir l'une ou l'autre à Monaco dès novembre 2015, tenter elles aussi une si incroyable performance humaine.

Commentaire de Stéphanos posté le 18-01-2015 à 11:01:45

bonjour
je vous remercie de toute l'attention que vous avez porté à mon récit, et profite également de vous souhaiter une excellente année sportive, pleine d'émotion avec de beaux défis!
Je prend toujours un peu de plaisir à revenir me lire de temps à autre...
à bientot

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