L'auteur : La Tortue
La course : Norseman
Date : 4/8/2012
Lieu : Eidfjord (Norvège)
Affichage : 6904 vues
Distance : 226km
Objectif : Objectif majeur
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Ayant eu du mal à compiler des informations sur le parcours et l’organisation à mettre en place pour ce Norseman 2012, je vous propose un compte-rendu en 2 parties. Une première partie sera consacrée à la course à proprement parler. Ceux qui projettent cette course y trouveront, je le souhaite, une description la plus complète possible de ce qui les attend. J’y ajouterais de-ci de-là quelques conseils personnels rapides, mais ma vision personnelle de la course et le ressenti que j’en ai eu seront essentiellement abordés dans une seconde partie. Les deux parties peuvent être lues indépendamment. Mais pour mieux comprendre la deuxième partie, il vaut mieux avoir lu la première. En revanche, ceux qui ne recherchent que des informations sur la course et se moquent complètement de mes états d’âme peuvent se contenter de la première partie. J’espère qu’ils y trouveront de nombreux conseils pour préparer au mieux leur prochain « Norseman ».
Et pour ceux qui ne veulent pas lire, il y a le reportage de canal+
http://www.canalplus.fr/c-sport/pid2708-c-interieur-sport.html?vid=719793
ou le film officiel de l'édition 2012
PREMIERE PARTIE : DESCRIPTION DU NORSEMAN ET PETITS CONSEILS
Le Norseman Xtrem Triathlon, plus communément appelé « the Norseman », est vraiment une course particulière, tant par son format que par sa logistique à mettre en œuvre.
1/ Le format tout d’abord.
Pour la distance, il s’agit d’un classique format IronMan : 3,8 km de natation, 180 km de vélo, 42 km de CAP. Mais, contrairement à la plupart des triathlons, où il y a un parc à vélo par lequel les concurrents repassent à chaque transition, au Norseman, la course ne revient jamais en arrière. Elle part d’Eidfjord, au sud-ouest de la Norvège, dans la province du Hordaland pour arriver au sommet du Gaustatoppen, à 1883 m d’altitude, dans la région du Telemark. Il s’agit donc d’une course en ligne droite qui part d’un point pour arriver à un autre 222 km plus loin. Et à l’arrivée, tout au sommet de la montagne, il faut encore prévoir le rapatriement dans la vallée ! Un véhicule accompagnant est donc nécessaire et même obligatoire, d’autant qu’aucun ravitaillement n’est prévu par l’organisation avant le km 25 du marathon !
Localisation générale
D’Eidfjord au sommet du Gaustatoppen, une jolie ballade de 226 km dans la montagne norvégienne.
Pour en savoir plus :
Un clip de l’édition 2012
http://www.youtube.com/watch?v=CJXH2x1Ik5o
Un joli diaporama de l’édition 2012
http://www.youtube.com/watch?v=eK-JWCJYoc0
L’édition 2011, la vidéo qui m’a définitivement décidé à signer mon bulletin d’engagement !
http://www.youtube.com/watch?v=f3D51tmXfIk&feature=youtube_gdata_player
2/ La logistique ensuite.
Comme la course est en ligne droite, il faut que le coureur soit accompagné pour être ravitaillé pendant les trajets vélo et marathon, et aussi pour ramasser ses affaires à la fin de chaque transition.
L’organisation conseille 2 adultes et une voiture. Dans ce cas, il faut 1 chauffeur qui conduit la voiture, et avec le trafic des autres véhicules et des vélos qui est parfois assez dense, cela nécessite de l’attention et il faut 1 « ravitailleur » qui prépare les bidons et l’alimentation et qui les passent au coureur. Point de règlement important (disqualification en cas de non respect), le ravitaillement du coureur, aussi bien en vélo qu’à pied ne peut pas s’effectuer à travers la fenêtre de la voiture. Le ravitailleur doit donc être au bord de la route pour présenter le ravito au coureur qui n’est toutefois pas obligé de mettre pied à terre et peut attraper son ravitaillement « au vol ». Bien sûr, avec de l’organisation, une seule et même personne peut tenir les deux rôles.
Mon conseil serait de tester le mode de fonctionnement à l’entrainement, car si cela peut paraitre évident au prime abord, il s’avère qu’en course, avec les aléas qui arrivent toujours, cela peut s’avérer plus délicat que prévu.
Petite précision, le support doit maitriser l’anglais (ou le norvégien) pour pouvoir communiquer avec l’organisation à tout moment.
L’équipe qui supporte n’est pas limitée en nombre, mais un seul « support » officiel, muni du t-shirt et du bracelet réglementaires fournis à la remise des dossards, a le droit de pénétrer dans les zones de transitions pour préparer les affaires du concurrent avant qu’il n’arrive puis l’aider à s’habiller. Enfin, le support officiel doit également obligatoirement accompagner le concurrent dans les 5 derniers km du marathon, qui constituent la partie finale de la montée vers le sommet du Gaustatoppen. En effet, seul, fatigué, et avec des conditions météos difficiles, cette partie finale peut s’avérer assez dangereuse. Pour limiter l’accès à la montagne et toujours pour des raisons de sécurité, l’organisation limite l’accès au sommet aux 160 premiers concurrents arrivés au km 32 du marathon (ceux-ci auront un t-shirt noir de finisher, le fameux « black t-shirt »). Les suivants devront terminer leur Norseman au niveau de la station de ski du Gaustablikk, située en contrebas du sommet (ils auront un t-shirt blanc de finisher). Ça reste un Norseman, mais c’est quand même moins fun que de finir tout en haut !
L’arrivée (le sommet) se voit dès le semi-marathon.
Toujours coté logistique, il faut aussi organiser le déplacement depuis la France : 2500 km depuis Nantes ! Différentes options sont possibles : avion + location de voiture, voiture perso via la Suède (long !), voiture + bateau via le Danemark ou l’Allemagne ? A chacun ses gouts, son budget et le temps dont il dispose. Mais, cela nécessite là aussi une organisation non négligeable en amont de la course. Plusieurs points de chute en Norvège, par air ou par mer : Bergen, Kristiansand ou Oslo. Bergen et Kristiansand sont plus près en km d’Eidfjord mais pas forcément plus pratiques.
Nous avions choisi une arrivée en bateau à Oslo car cela nous a permis de remonter les parcours marathon et vélo en allant à Eidfjord, et de reconnaitre la zone de T2 et la montée finale vers le Gaustatoppen. J’ai ainsi pu prendre plein de notes d’avant course et prévoir les zones de ravitaillement avec mon équipe accompagnante (mon épouse et mon fils). Avec le recul, je pense que c’est la meilleure solution si l’on n’est pas pressé, d’autant que nous avions le camping-car comme véhicule de transport et d’hébergement, énorme avantage sur cette course où le véhicule doit être le plus polyvalent possible. En revanche le camping-car présente l’inconvénient de ne pas être très maniable sur les routes de montagnes qui sont cependant larges, à part 1 ou 2 passages un peu plus délicat. Si vous envisagez de louer un véhicule en Norvège, je vous conseillerais un fourgon du type « California » ou encore un grand break qui puisse accueillir le matos et éventuellement le coureur et le support pour dormir avant ou après la course.
Encore une particularité : l’inscription (2500 couronnes norvégiennes, soit 340 euros environ, à faire par virement car pas d’inscription en ligne) se fait au tirage au sort car il n’y a que 250 places disponibles pour limiter le nombre de voitures suiveuses et en raison des conditions de sécurité difficiles à mettre en place sur ce type de format et aussi à cause de la fin du parcours, montagneux, qui peut être dangereux en cas de mauvais temps. Cette année 2012, pour les 10 ans du Norseman, 2 courses ont été organisées, l’une le samedi, l’autre le dimanche, ce qui a doublé les chances d’avoir un dossard. Il faut se pré-inscrire début octobre, puis attendre le tirage au sort fin octobre. Si le premier tirage n’est pas favorable, il faut attendre le « repêchage » de fin novembre car certains tirés au sort du premier tirage ne valident pas définitivement leur inscription, ce qui remet des places en jeu. Une fois le précieux sésame en poche, il reste 6 mois pour préparer l’expédition !!!
EIDFJORD
L’avant course : rien de particulier.
Récupération de la puce et du dossard la veille de la course à l’hôtel au bord du Fjord à Eidfjord. Signature de la décharge de responsabilité par le concurrent ET le support. Le village expo est réduit à son strict minimum (2 sponsors). A l’intérieur de l’hôtel, la boutique officielle aux souvenirs (assez chère) propose du matos de bonne qualité estampillé du mythique logo « Norseman », difficile de ne pas craquer et de ramener un petit souvenir.
Le village expo, 2 exposants : ce n’est pas Nice et encore moins Roth ;-)
Briefing en anglais la veille de la course avec interprètes dans la plupart des langues européennes pour poser des questions perso à la fin. Cependant, ce briefing bien que très pro (ça m’a rappelé un peu Roth), n’apprend rien de particulier si l’on a bien lu le « race manual » très détaillé envoyé à chaque concurrent de longs mois avant la course et qu’il faut d’ailleurs renvoyer signé avec l’inscription.
En dehors de toutes ces particularités « matérielles », la grosse spécificité du Norseman se situe au niveau de son parcours lui-même.
La position géographique (même latitude qu’Anchorage en Alaska comme se plaît à le stipuler le « race manual ») et les différences d’altitude sur les 226 km font qu’il faut s’attendre à tout coté météo. Du froid, de la flotte, du brouillard, de la neige parfois, mais aussi du chaud, voir du très chaud sur le début du marathon. Et tout cela dans la même journée, ce qui rend d’autant plus important le rôle de l’équipe suiveuse pour permettre d’adapter la tenue du concurrent à l’évolution de la météo.
Programme du « tuff day », la rude journée :
3h du matin : ouverture du parc à vélo à T1. On y dépose juste son vélo qui est rapidement vérifié par un bénévole débonnaire. La seule chose vraiment inspectée est l’éclairage qui est obligatoire cette année pour passer dans un tunnel routier emprunté exceptionnellement à cause d’un éboulement qui interdit pendant quelques kilomètres le passage sur la piste habituelle. Il est possible de préparer la première transition comme pour un triathlon classique. Personnellement, comme la pluie menaçait, j’avais choisi de laisser mes affaires emballées dans un sac afin que mon support (mon fils Pierre-Louis, dit Pilou) ne me les sorte qu’au dernier moment.
3h45, dans une ambiance très soft, presque feutrée, les 250 concurrents embarquent dans le calme sur un ferry de la compagnie « Fjord 1 » qui les remonte 4km plus haut dans le fjord. Il est obligatoire de monter à bord avec la combinaison et le bonnet officiel. Il est aussi possible d’amener des affaires personnelles à bord qui seront ramenées ensuite à terre à T1. La cagoule et les chaussons sont autorisés, mais pas les gants.
4h du matin, le ferry appareille. Pendant les 45’ que dure le « voyage », il existe une « tension » très spéciale sur le bateau. Certains vont aux toilettes, d’autres s’échauffent, d’autres palabres, d’autres se concentrent. Les visages sont tendus et fermés. Je n’ai que très rarement ressenti une telle ambiance avant une course. Les minutes paraissent bien longues, et il faut bien les occuper.
4h50, l’étrave du ferry s’ouvre lentement, découvrant les eaux noires et profondes (400m de fond !) du fjord, et les concurrents sautent les uns après les autres dans l’eau froide. 2 tactiques : soit sauter dans les premiers pour avoir le temps de s’échauffer, soit sauter au dernier moment pour éviter de geler sur place en attendant le départ. En 2012, l’eau était à 13,5°C, ce qui est très peu, surtout quand il faut attendre les quelques longues mais interminables minutes qui précèdent le départ.
C’est beau, non ?!
La natation.
5h, les 250 concurrents qui attendaient sagement derrière une ligne de quelques kayaks sont libérés par un coup de corne de brume du ferry. Pas de bouée à virer, il suffit de longer la paroi abrupte de la montagne qui tombe dans le fjord. L’eau est très peu salée, et il peut y avoir du courant favorable ou pas selon les marées, mais le marnage est très faible au fond de ces fjords. Après plus de 3 km de ligne droite, il y a une bouée parfaitement éclairée par un gyrophare à virer par la droite pour rentrer le long du port jusqu’à T1.
La sortie de l’eau. C’est pas la plage de Copacabana !
T1 : elle s’effectue à l’embarcadère du ferry.
C’est la seule fois de la course où les concurrents reviennent à leur point de départ. La sortie de l’eau s’effectue dans une zone assez pentue et caillouteuse, mais les pieds complètement anesthésiés par le froid ne sentent pas les cailloux. Des bénévoles (dont le grand chef lui-même, sympa !) aident les plus fatigués à sortir de l’eau. Le vélo se situe à moins de 50m de là. Le support aide le triathlète à se déshabiller puis à s’habiller. Cette aide est bien précieuse car le froid de l’eau engourdie tous les muscles et il est bien difficile de s’habiller seul.
Le parc à vélo de T1
LE VELO
Profil du vélo : 180 km, 3360m D+
180 km dans des paysages fantastiques avec 3400m de D+ (en comparaison, c’est un peu moins de D+ qu’à Embrun, et il n’y a pas d’aussi forts pourcentages qu’à Brunissard, dans le Palon ou au Chalvet, par exemple). En ce qui concerne le choix du vélo, il y a à peu près la moitié des concurrents en vélo de chrono, l’autre en vélo classique. A chacun son style, mais je pense que pour emmener un vélo de chrono sur ce type de parcours montagneux, il faut être sacrément costaud, et je ne suis pas certain que le gain apporter par le vélo de chrono dans les parties roulantes soit intéressant par rapport à la difficulté à monter ce genre d’engin dans la montagne. Certes, les pourcentages du Norseman ne sont jamais très méchants, mais quand même, il faut de sacrées cannes pour partir en aéro là-dessus.
Ça commence par une petite dizaine de kilomètres de plat jusqu’à Öve-Eidjord, pour rejoindre le pied du premier col à grimper. Ensuite, il faut compter 25 bons km de montée. Au début, le circuit passe par l’ancienne route qui est désormais une piste cyclable. Ce sont des parties très étroites avec parfois des bons pourcentages. Ces rampes croisent à maintes reprises la route principale qui passe dans des tunnels plus ou moins parallèlement à la piste cyclable.
Les premiers kilomètres : plats mais attention aux trous sur l’ancienne route
Au début du premier col, la route principale passe par les tunnels et la piste cyclable serpente à flan de montagne.
Une fois les rampes de piste cyclable terminées, le circuit rejoint la route principale avec des pourcentages variés, de faibles à modérés (un bon Lautaret, pour ceux qui connaissent, sans plus). Le sommet se situe à Dyranut, où se trouve un petit bistrot. Il y a affluence à ce point de passage, je recommanderais plutôt un arrêt 1 km plus loin où il y a un grand parking facile d’accès. Dyranut, km 30, se situe à 1300m d’altitude, ce qui fait donc déjà 1300 m de dénivelé, sur les 3000 au total, d’avalés rien que sur cette première ascension.
Les premières rampes sur l’ancienne route.
Dyranut, la veille de la course. Le jour de la course, il y a des bagnoles partout.
Après ce premier col atteint en 1h45 en moyenne, le parcours change alors complètement de décor jusqu’au km 90, vous roulerez sur le très sauvage plateau du Hardanger avec une vue magnifique sur le glacier du même nom au nord. Il s’agit d’un grand plateau désertique avec de longs faux-plats montants ou descendants, très roulant, d’autant que la plupart du temps, le vent est favorable. C’est le moment d’améliorer la moyenne tout en admirant le paysage fait de lacs, de steppes et de quelques rares habitations multicolores ! Vous êtes alors dans la province du Buskerud, paradis des skieurs de fond.
Le plateau du Haranger
Km 90 : la station de ski de Geilo marque la moitié du parcours ; rond-point, virage à droite et le parcours change complètement de décor.
Km 90 à Km 140, 4 « petits » cols qui se succèdent les uns aux autres sans passage de plat. Les trois premiers cols font 3 à 5 km de long avec des pourcentages de 6 à 7% grand maximum, rien de très méchant, mais il faut maitriser l’enchainement des bosses. Les descentes sont très rapides. Attention à la descente sur Dagali, surtout la fin qui est très bosselée. Le paysage est complètement différents, plus boisé, et plus proche de ce que l’on peut voir dans nos montagnes françaises.
La fin de la descente sur Dagali. Attention les trous !
Troisème bosse.
Km 140 : dernière ascension : 7 km avec des pourcentages un peu plus forts pour monter à Imingfjell où le parcours débouche sur un nouveau plateau désertique extraordinaire de beauté et d’isolement. 10 km de faux-plats, où il faut avoir gardé des jambes pour emmener le vélo. Vous entrez dans la région du télémark. Surtout pensez à ouvrir grand vos yeux.
Imingfjell
Km150 : il reste 30 km de descente jusqu’à T2. Au début, très rapide et très technique, la descente est ensuite très roulante, avec des pourcentages beaucoup plus faibles, où il faut pédaler sans arrêt, d’autant qu’en 2012 il y avait un petit vent de face.
Pendant tout le parcours vélo, la voiture suiveuse assure le ravitaillement. Soit par des arrêts fréquents comme j’en ai vu certaines, soit comme nous l’avions organisé avec ma femme et mon fils à des points « stratégiques » plus espacés et prévus à l’avance. Attention, au sommet de la dernière bosse, la voiture doit partir devant rapidement car dans la descente, elle n’ira pas beaucoup plus vite que le vélo et il faut qu’elle arrive à T2 bien avant le vélo pour préparer la transition.
T2 à AUSBYGDE.
Sur une plage naturelle en herbe au bord d’un lac magnifique. Transition classique mais qui a été préparé à l’avance par le support qui est arrivé un peu avant en voiture.
Le support récupère le vélo et l’habillement de cycliste, aide le coureur à s’habiller pour le marathon puis rejoint la voiture pour suivre le coureur.
T2 sur la plage herbeuse d’Ausbygde
LE MARATHON
Profil du marathon, 42 km (bien sûr) avec 1400 m D+ (sur les 17 dernier km !)
3 parties bien distinctes pour ce marathon :
1/ 25 km de « plat ». En fait, il y a de légers faux plats qui se «montent » sans problème en courant. Les 17 premiers km sont superbes, au bord du lac. Les 8 km suivants sont un peu moins fun. Ce sont de longues lignes droites exposées au vent de face en 2012. Mais, ils permettent déjà d’apercevoir l’arrivée, le graal : le Gaustatoppen se profile au loin. Au km 25, se trouve le premier ravito, sommaire, proposé par l’organisation : quelques tranches de saucisson, des bonbons, de l’eau et de la boisson du sponsor.
Le Raspa au début du marathon, dans la partie au bord du lac
2/ 12 km de montée sur la route. Il s’agit d’une route de montage classique, avec des lacets en épingle à cheveux. Pourcentage 8 à 10% environ, régulier. Il faut être très costaud pour courir. Un bon rythme de marche ou une alternance marche/course semble plus adaptée. Au km 32, se situe un deuxième ravitaillement, identique à celui du km 25, et c’est à ce niveau que se situe le cut-off des 160 premiers concurrents. Encore 5 km de route, avec 1 dernier km de replat plat pour atteindre le PC du km 37 qui constitue le dernier PC avant le sommet. La voiture suiveuse, qui a ravitaillé le concurrent pendant tout le marathon, ne peut pas aller plus loin que ce PC. Il est parfois difficile de la garer à proximité du PC, il faut donc prévoir un peu de marge avec le concurrent pour que le support ait le temps de préparer la montée finale avant l’arrivée du concurrent.
Les premiers lacets du col par la route goudronnée.
3/ 5 km de trail pur et dur, dans les cailloux, et dans une pente parfois bien raide.
Le dernier PC du km 37 et le début du trail et tout là-haut l’antenne au sommet.
Et voilà le dessert, pour ceux qui ont encore faim !
Ces 5 derniers km doivent obligatoirement s’effectuer avec son support, avec chacun un sac à dos contenant, vivre, boisson, vêtements chauds, GSM.
En 2012, les conditions météo étaient excellentes pour la montée finale et elle pouvait se faire sans toutes ces précautions, mais le temps pouvant changer très vite en montagne, les organisateurs, très portés sur la sécurité, ont bien vérifié le contenu des sacs pour s’assurer que tous les concurrents avaient bien le matériel obligatoire. Le sommet se rapproche très lentement et enfin, après de nombreuses heures d’effort, vous pourrez dire que vous être « black finisher » du Norseman.
L’arrivée est très simple, pas de sono, pas de chichi, juste un tapis de chrono et 3 ou 4 bénévoles pour enregistrer les temps, donner une couverture bien chaude et un bol de délicieuse soupe à la tomate. A part la soupe (1 seul bol par personne), il n’y a pas de ravitaillement de prévu à l’arrivée, il faut amener un peu d’argent car il y a une petite cafétéria qui fait d’excellentes gaufres à la confiture !
Les derniers mètres ! on apperçoit sur la photo, à droite du refuge, le tableau de chronométrage qui marque la ligne d'arriée.
Attention, même si la ligne est franchie, l’épreuve n’est pas terminée pour autant. Le concurrent peut redescendre à travers la montagne via un antique funiculaire. Mais le support doit redescendre à pied, ou éventuellement dans le funiculaire s’il y a de la place (ne pas trop y compter quand même). Une fois de retour sur la route, il faut encore rejoindre sa base arrière pour la nuit. Si la voiture a été garée à proximité, cela est relativement simple. Pour le coucher du soir après la course, concurrent et support étant bien fatigués, il ne faut pas prévoir d’avoir trop à rouler. Il y a des hôtels à la station de ski du Gaustablikk, à 5 km du pied du funiculaire ou alors il faut redescendre dans la vallée, à Rujkan, au niveau du km 25 (camping et hôtel), mais sans trop s’éloigner de la station de ski. En effet, la remise du t-shirt tant convoité a lieu le lendemain de la course dans la salle polyvalente de la station Gaustablikk.
Si vous avez tout compris jusque-là, c’est déjà pas mal, et vous devez déjà être un peu fatigués rien que de lire tout ça, alors imaginez la fatigue du coureur et du support après tant d’heure sur la brèche ! Mais au final, quelle belle récompense. La vue à 360° sur toute la partie sud de la Norvège est magnifique et le plus génial est le partage d’émotion que vous pouvez avoir avec votre support. En effet, personne d’autre de connue ne vous attend au sommet et c’est avec lui que vous partagerez toutes vos émotions. D’ailleurs, hormis le t-shirt, il n’y a absolument rien à gagner sur cette course, juste le plaisir de vivre ces moments si rares et si intenses.
Ça vaut vraiment le coup de monter, non ?
Conclusion de cette première partie descriptive : si certains en lisant ces quelques lignes se décident à participer au Norseman, et qu’ils ont la chance d’être tirées au sort pour l’inscription, qu’ils n’hésitent pas à me contacter directement via ma messagerie perso sur Kikourou. C’est avec grand plaisir que je répondrais à leurs questions.
DEUXIEME PARTIE : UNE TORTUE CHEZ LES VICKINGS.
2012, année olympique, comme 2008, année de mes débuts en triathlon qui m’avait permis de boucler tranquillement l’EmbrunMan après 8 mois de triathlon seulement, grâce à une bonne expérience de l’ultra-trail et de la gestion des longs efforts. Un peu émoussé par une année 2011 chargée (double IM de Tyrell, IM Altriman, Paris-Brest-Paris), je voulais faire de 2012 une année de transition, sans me lancer dans des trucs de oufs, car je compte bien me réserver pour 2013, année de mon cinquantenaire, pour faire « un truc » ! Au programme initial, je pensais mettre Lanzarotte en mai (qui était l’objectif club mais auquel seulement 3 gars du club iront finallement) et le Norseman en aout. Malheureusement, le premier tirage au sort pour le Norseman ne m’était pas favorable et comme l’organisation avec triathlon performance, avec Ronan Pensec organisation, était déplorable, j’annulais Lanzarotte et je me rabattais sur l’IM de Nice où de nombreux potes du Triathlon Club Nantais étaient inscrits. Je n’ai pas l’habitude de dire du mal, maios franchement, pour que j’annule mon inscription à Lanza, c’est que vraiment, l’organisation n’était vraiment pas à la hauteur !
Entre temps, me voilà « repêché » au deuxième tirage au sort du Norseman, et comme mon ami le lapin se casse la jambe à 1 mois du départ de l’Altriman, je lui propose d’amener son dossard à l’arrivée. Du coup, me voilà avec un programme pour 2012 bien plus chargé que prévu :
- Triathlon LD de la tranche sur mer en mai (en préparation)
- IM de Nice fin juin
- Altriman mi-juillet
- Norseman début Aout ;
Pour l’année cool, c’est râpé, car cela me fait 3 ironman en 6 semaines, dont 2 mouse costauds (Altriman et Norseman). C’est l’inconvénient du triathlon, les épreuves sont concentrées sur quelques mois de l’année. Certains diront que ça fait beaucoup, je leur répondrais que c’est moins que ce que j’avais fait en 2011, donc pas de problème a priori. Et de 2011, j’ai retenu qu’avec un rythme de compétition rapprochée, il faut se ménager des temps de récupérations importants entre chaque compétition où l’entrainement doit se limiter à un simple entretien : de la technique en natation, du foncier avec du bi-quotidien et des petites distances non traumatisantes en CAP et du qualitatif en vélo, en privilégiant les séances de 2 à 3 h maximum mais en travaillant beaucoup le rythme. Et dans les 3 disciplines, pour garder de la fraicheur mentale pour les épreuves, il faut se contenter d’un entrainement plaisir et ne pas se forcer, au risque de griller toutes ses cartouches nerveuses avant l’épreuve. Je ne suis pas entraineur de triathlon, et personne ne me conseille (ce qui est peut être une erreur), mais ce rythme me convient bien, me permet d’arriver en forme et surtout frais aux compétitions et sans être blessé, ce qui avec l’âge qui avance est le plus important.
D’ailleurs, les premiers résultats de 2012 sont très encourageants : très bonnes sensations à La Tranche avec une super CAP, 10h58 à Nice en arrivant assez frais malgré des crampes aux ischios sur les 10 derniers km (il a fait très chaud), 14h50 et une troisième place vétéran à l’Altriman sans forcer plus que ça. Tout cela me laissait à penser que j’étais en bonne forme et que ce Norseman allait être une « formalité ». Pas vraiment, car le plus difficile au Norseman, ce n’est pas tant la course que sa préparation et sa logistique à mettre en place.
Les courses préparatoires pour ceux que ça intéressent, la Tranche, Nice, Altriman :
http://www.kikourou.net/recits/recit-13122-triathlon_de_la_tranche_sur_mer-2012-par-la_tortue.html
http://www.kikourou.net/recits/recit-13346-ironman_france_nice-2012-par-la_tortue.html
http://www.kikourou.net/recits/recit-13449-altriman_format_ironman-2012-par-la_tortue.html
Le Norseman s’intègre dans notre programme de vacances familiales estivales. Départ de Nantes en camping-car, visite au passage de quelques très belles villes européennes : Bruges, Amsterdam, Copenhague, Oslo. Croisière sur le ferry entre Copenhague et Oslo. Nous avons donc pris notre temps, et il nous aura fallu 6 jours pour rejoindre Eidfjord, point de départ de la course. Après, 48h sur zone pour bien recharger les batteries et retrouver mon ami le Raspoutine qui vient aussi avec la Gazelle faire le Norseman, je compte bien être à 100% de mes moyens.
Ariane, Victor, Claire et Pierre-Louis : ma « support team » de choc ! La veille de la course au « check-in »
Mais petit (gros même !) problème, à 48h du départ, ma chère et tendre m’annonce qu’elle craint la conduite du camping-car sur les routes de montagnes du Norseman. J’ai beau essayé de la rassurer, rien n’y fait, elle me fait un très gros coup de calgon ! Heureusement, la Gazelle va me sauver la mise au dernier moment en acceptant un échange des véhicules sur le parcours vélo. Elle et le Raspa avec le camping-car, Claire et moi avec la raspamobile, beaucoup plus maniable et qui rassure ma chérie. Ouf, j’avoue que j’y ai laissé pas mal de jus dans ces tracasseries. J’ai même imaginé plusieurs scénarii, y compris celui de faire la parcours vélo en autonomie si Claire ne voulait vraiment pas me suivre (ce qui aurait été un pari insensé, voir même peut être impossible !). Je n’aurais donc pas de mots assez forts pour remercier le Raspa et surtout la Gazelle de nous avoir retirer cette écharde du pied ! MERCI les Amis !
Notre camp de base au camping d’Ove-Eidjord. Le repos des guerriers avant la bataille !
La veille de la course, petite reco avec le Raspa et la Gazelle. On est prêt ! « Let’s go » ou « Heïa » comme disent les norvégiens (à prononcer A-Ya !)
Reco la veille avec la gazelle et le raspa
Cliquez pour plus de photos sur Eidfjord et les jours précédents la course
4h du matin, en ce 4 aout 2012, après avoir déposé mes affaires à T1, je monte dans le ferry avec mon Raspa. Sa présence me réconforte, car je sais que l’eau est froide et j’appréhende un peu car je suis un piètre nageur. Si d’ordinaire, je fais souvent le guignol avant les courses et que je suis toujours assez cool car je prends la natation d’un IM avec philosophie et patience en me disant que ça ne dure qu’1h20 environ et que c’est un détail de la course ; ce matin-là, je sens une petite boulette qui me monte doucement à l’estomac. J’avais prévu de faire quelques essais dans le fjord avant la course, mais la météo et surtout une certaine forme d’appréhension m’ont toujours fourni une bonne excuse pour ne pas y aller. Ce sera donc un plongeon dans l’inconnu !
A l’entrée du parc à vélo avec le Raspa.
Autoportrait devant le ferry qui va nous emmener au large
Appareillage du ferry
Je suis donc comme un petit débutant sur ce ferry qui nous amène au large. En clair, il faut l’avouer, j’ai un peu le trac. Ca faisait très longtemps que ça ne m’était pas arrivé avant une course, mais l’appréhension des conditions de la natation et les nombreux paramètres que je ne maitrise pas dans les heures futures ne me mettent pas à l’aise. Comment va se passer la nage dans de l’eau si froide ? Est-ce que mon équipe de support va assurer (ma femme Claire qui n’aime pas conduire en montagne et mon fils Pilou qui n’a jamais fait ça) ? Est-ce que la Gazelle va s’en sortir seule avec le Raspa et le camping-car à manager ? Va-t-on bien se retrouver aux endroits convenus ? Comment vont se passer les ravitos perso ? Comment vais-je me comporter dans la partie trail finale, moi qui n’ai plus fait de tout terrain depuis l’UTMB avorté de 2010 ? En plus, l’ambiance sur ce bateau est très pesante, chacun ressentant la « pression » à sa façon.
Bref, c’est la grosse gamberge dans la carafe de la tortue et je sens une patatoïde (prise de tête non justifiée) qui monte doucement mais surement. Moi qui aime bien tout gérer, tout contrôler avant une course, je sais que je suis dépendant de paramètres extérieurs sur cette course et au lieu de me rassurer, cela m’inquiète un peu. Je commence à tourner en rond sur le ferry, à ajuster ma combinaison maintes fois, bref, je ne le sens pas. Cependant, je sais qu’il faut que l’attente cesse et qu’il faut y aller. Mon agitation intérieure contraste sérieusement avec la zénitude apparente du Raspa qui est un compagnon bien précieux dans ces longues minutes d’attente.
Sur le ferry : Je fais le malin devant l’objectif du Raspa ! Merci à George et à Charles du TCN pour le prêt de la cagoule.
Une petite vidéo faite par le Raspa juste avant le départ qui retrace assez bien l’ambiance à bord.
https://picasaweb.google.com/108952384279737201118/NorseMan#5774646020897999202
Quand l’étrave du ferry s’ouvre lentement sur les eaux sombres du fjord, je ne suis plus si pressé d’y aller. Avec le Raspa nous décidons de sauter dans les derniers pour éviter de se geler en attendant le départ. A 5 minutes du départ, nous sautons main dans la main, comme nous nous l’étions promis. Lorsque mes pieds touchent l’eau, 5 mètres plus bas, j’ai l’impression que des centaines de piranhas mes dévorent la plante des pieds. Instantanément, j’ai froid, très froid même. Je me positionne derrière la ligne des concurrents, j’agite les pieds, les bras pour essayer de me réchauffer sans grand succès. Mais ce contact avec l’eau froide a au moins le mérite de m’avoir enlevé ma boule au ventre. Je suis prêt à en découdre…
Plouf !!!
A chacun sa technique, nous avons choisi le saut simple, main dans la main avec le Raspa.
Poueeeeeet ! c’est la corne de brume du ferry qui libère les 250 malades de nombreuses nationalités différentes alignés derrière une ligne de kayaks.
Je vais faire au moins 300 m en crawl polo, incapable de garder le visage dans l’eau plus d’une seconde à cause du froid. Puis, petit à petit, j’arrive à passer en respiration 2 temps, puis 2/3 temps, puis 3 temps et au bout de longues minutes, mon visage s’étant habitué au froid, j’arrive à poser ma respiration 3 temps / 4 temps et à placer très « correctement » ma nage. Les récents et excellents exercices techniques fait à la piscine avec Bubu, notre entraineur de l’été, m’ont fait beaucoup de bien. Je sens que je « glisse » bien, sans effort particulier, et je vois bien par rapport aux autres et par rapport au défilement de la paroi de la montagne toute proche que je suis dans un excellent tempo. Je pense aussi qu’à ce moment-là, on a un léger courant favorable qui nous aide. Le froid ne me gêne plus, je vais me sentir super bien pendant…30’.
En effet, au bout d’une demi-heure environ, je sens mes membres et mon corps s’engourdir progressivement. Une barre me prend en plein milieu du front, les crampes me prennent aux jambes, et je commence à piocher dur avec les bras. On me double de partout, je commence à perdre de la lucidité. Je vais même me retrouver « échoué » sur un petit éperon rocheux qui émerge de la paroi abrupte et que je n’avais pas vu. Lorsque je commence à apercevoir Eidfjord tout là-bas au loin, je ne comprends pas car je vois tous les nageurs obliquer vers la droite, au fond du fjord, alors que l’embarcadère par lequel nous devons sortir est droit devant nous. Comme je fois des flashs qui crépitent au loin, je me dis que la bonne direction est bien la trajectoire suivi par les autres. Les flashs ne se rapprochent pas vite, et en fait, ce ne sont pas des flashs, mais un gyrophare installé sur une bouée et qui explique ma méprise. Je n’avais pas compris au briefing qu’il y avait une bouée à virer tout au fond de l’anse et maintenant, il faut remonter à gauche jusqu’à la sortie repérée la veille. Il doit rester moins de 500m, mais ça va me paraitre une éternité. J’ai des crampes partout, je suis gelé, je n’ai absolument aucune perception de mes mouvements. J’ai l’impression de lutter contre un terrible contre-courant qui est pourtant assez faible. Enfin, je vois l’arche de sortie. Sans l’aide des bénévoles (le race director met lui-même la main à la pâte avec de l’eau jusqu’aux cuisses pour nous aider à sortir), je n’aurais pas réussi à me relever ni à sortir de l’eau car il y a un peu de pente et des cailloux glissants. Quand je suis enfin debout et sur la terre ferme, les crampes qui s’étaient à peu près calmées me reprennent très violement. J’ai les mollets, les ischios et les adducteurs tétanisés. J’essaie de courir jusqu’à mon vélo pour les chasser tant bien que mal. Je suis persuadé d’avoir fait une natation calamiteuse, mais je suis un peu rassuré en voyant qu’il reste pas mal de vélo dans le parc car je pensais être sorti dans les derniers de l’eau. 1h24, c’est de loin mon plus mauvais temps sur IM (1h15 à 1h20 d’habitude), mais au vu des sensations, je pensais avoir fait encore pire.
Je dois être dans ce paquet là, mais où ?
Le grand chef lui-même (t-shirt blanc à droite) m’a aidé à sortir de l’eau
No comment ! Je suis naze !
Une tortue réduite à l’état de glaçon retrouve la terre ferme et reprend un peu à sourire en apercevant Pilou
Pilou est là qui m’accueille avec un café bien chaud que je n’aurais même pas la lucidité de boire. Mon seul objectif est de me changer, de me couvrir et de partir le plus vite possible en espérant me réchauffer en roulant. Cette transition s’éternise. Nous sommes mal coordonnés avec Pilou, il veut m’aider, mais on se gêne. Je ne suis pas assez bien essuyé, et j’ai du mal à enfiler mes vêtements. J’enfile péniblement des couches, et au final, après 10 minutes, et après avoir fait la bise à Claire, Ariane et Victor (mes autres enfants présents ce matin-là), je file, sur mon fidèle destrier à roulette, mon bon vieux Tarmac pro que j’ai préféré à mon vélo de chrono vu le profil très montagneux. Je l’ai juste chaussé de roues aéro pour profiter au maximum de leur effet dans les parties roulantes du parcours (il faut compter environ 50% de roulant et 50% de montagne).
Le Raspa et la Gazelle à T1
Cliquez pour plus de photos sur la natation
J’attaque le vélo en 134ème position, soit juste au milieu du peloton. Finalement, mieux placé que d’habitude où je pars plutôt vers le dernier tiers. Sur les premiers km que j’ai faits la veille avec Raspa et sa Gazelle, j’envoie fort en moulinant beaucoup, malgré la route en mauvais état. Le but est de me réchauffer au moins les pieds car je ne sens même pas les pédales. Comme il fait relativement bon malgré le ciel bas, je me réchauffe assez vite et je double plein de concurrents dont je vois bien que le coup de pédale a aussi beaucoup souffert du froid. Après quelques km, la route s’élève gentiment à partir d’Ove-Eidfjord, où était situé notre camping. Un dernier regard sur le magnifique lac et j’attaque le col grand plateau pour mettre les cuisses en pression comme me l’a appris le lapin. Je passe les premières rampes de piste cyclable plutôt pas mal. Il y a beaucoup de suiveur d’arrêter qui encouragent. C’est sympa et je double, je double. Mais, beaucoup trop couvert finalement, je me prends une suée terrible dans cette ascension.
Premier col, dans le brouillard !
A la fin du col, le fond de l’air est beaucoup plus frais, et ma sueur qui me colle à la peau me reglace le sang. J’ai prévu de retrouver Claire et Pilou 2 km après le sommet sur un grand parking. Quand j’y arrive, après plus de 20 km d’ascension à un bon rythme, je suis transi de sueur froide. J’hésite à tout enlever pour au moins mettre un t-shirt sec que j’avais prévu pour le marathon, mais comme ce n’est pas préparé, que les habits sont au fond du sac pour le marathon, j’estime la perte de temps trop importante et je repars après avoir fait la bise à mes fidèles supports tout en claquant des dents.
Sur le magnifique plateau du Haranger, le vent est faible mais favorable. Je trouve péniblement mon coup de pédale, et quelques avions en vélo aéro me repassent. A ce moment-là du vélo, je ne suis pas au mieux. Alors que les sensations dans le premier col étaient excellentes, je ne sens pas mes jambes tourner comme d’habitude quand il faut emmener du braquet. Pilou m’annonce le Raspa 45’ devant ?? Cela me parait énorme ou alors c’est qu’il fait un vélo de feu et que je suis encore plus à la rue que je le ressens. En fait, Pilou s’est un peu trompé, je pense que mon écart avec le Raspa n’a jamais été supérieur à la demi-heure.
Traversée du plateau du Haranger
Au fil des km sur ce plateau magnifique, je me réchauffe le corps et les jambes. Le brouillard se lève et un timide soleil commence à percer. Un peu avant Geilo, la mi-parcours, je ne refais pas la même erreur que dans la première montée. Dès les premières sensations de sueurs, j’enlève des couches que je loge sous le maillot dans le dos. Ça me fait vraiment ressembler à une grosse tortue, mais tant pis, au moins je ne me reprends pas une suée.
A Geilo, après 60 km de plateau où je me suis senti de mieux en mieux, je me débarrasse de toutes mes couches superflues et je me ravitaille sans m’arrêter. Après 2 premiers arrêts ravito laborieux, nous avons élaboré une tactique efficace avec mes supports. Quand ils me doublent, la voiture roule quelques instants à mon niveau. Je leur crie par la fenêtre ce dont j’ai besoin et ils me le préparent au bord de la route pour le prochain arrêt. Pilou me tend ce dont j’ai besoin et je ne m’arrête plus.
Premier col après Geilo, 5km, le soleil est de plus en plus généreux. Je monte maillot ouvert, la pente est régulière mais pas trop sévère (6/7 %), c’est mon terrain préféré. Je monte fort, en tournant très vite les jambes, assis sur le 36/15 (non, non pas code Ula !) et je relance régulièrement en danseuse sur des plus gros développements. Je suis parti avec 50/36 devant (12/23 derrière) ce qui m’oblige à de nombreux changement de plateaux. L’idéal aurait été un 38 ou 39 en petit plateau, mais comme je n’ai qu’un 42, je n’ai pas osé le mettre et j’ai bien fait car en 42/23, j’aurais coincé dans les pourcentages les plus forts au début et à la fin de la course.
Ca y est, mon bon vieux diesel est chaud. Il aura mis le temps à chauffer aujourd’hui !!! Je reprends ainsi un à un tous les aéro qui m’ont passé sur le plateau. Le premier sommet est très rapidement atteint. Je ne m’arrête même pas à l’arrêt prévu avec Claire et Pilou. J’enchaine directement sur le deuxième col. Même tactique, même efficacité, et je fonce sur Dagali. Vite, très vite, trop vite dans cette descente très rapide car la route est très bosselé et j’évite de peu une méga gamelle à 70 km/H.
Troisième bosse, le diesel est chaud ! Le sourire est là !
A Dagali, je me fais un gros arrêt technique. Je suis en pleine bourre. Je le vois sur le visage de Claire que j’avais bien vu très inquiète lors de mes premiers arrêts car je devais vraiment avoir une sale tête. Mais là, je suis tout sourire, en pleine forme. Pilou m’annonce dans les 70/80 premiers. Ça me donne une patate d’enfer, car je n’avais aucune idée de mon niveau par rapport aux autres au départ et la barrière des 160 premiers concurrents à avoir le droit à monter au Gausta m’inquiétait. Maintenant, mes jambes avec les jambes que j’ai et avec ce qui reste du vélo et le début du marathon, je sais que je vais encore reprendre des gars, et je suis sûr de passer largement cette fameuse barrière.
La troisième bosse est avalée sans coup férir. Il fait maintenant grand soleil. Maillot grand ouvert, je monte les bosses et je referme pour les descentes rapides et roulantes où il faut emmener du braquet. Mon 50/12 est un peu juste et je mouline dur. Hormis les intestins qui n’ont visiblement pas apprécié tous ces changements de températures, tous les voyants sont au vert !
En plein effort ! « je vais tous les bouffer !! »
Lorsque j’arrive au pied de la dernière bosse, je vois le camping-car qui repart du parking. C’est donc que le Raspa n’est plus très loin. A un moment, j’ai cru que je n’allais pas le rattraper avant T2. Dans mes prévisions, je pensais le rattraper entre le deuxième et le troisième des 4 derniers cols. Il m’aura finalement « résisté » jusqu’aux premiers lacets du dernier col. Chapeau Raspa ! Je n’ai peut être pas fait un début de vélo formidable, mais toi en revanche, tu as été très très fort !
Raspa, très fort en vélo !
Dernier col de la journée, le plus long et le plus raide des 4 derniers « petits » cols. J’ai maintenant les jambes qui tournent toutes seules. Je rattrape le Raspa, et j’essaie de faire un bout de route ensemble, mais comme on n’est pas sur le même rythme du tout, je préfère le laisser après quelques hectomètres car je ne voudrais pas que mon moulin bien chaud ne se dérègle.
Dans les derniers lacets pour monter à Ilfighein, je me lâche complètement sans non plus me mettre dans le rouge car la route est encore très longue jusqu’à l’arrivée. Je déboule sur un magnifique plateau, désertique, austère, toujours avec ces lacs superbes. Encore 10 km de faux-plats, avec un léger vent défavorable cette fois. Et c’est la dernière et longue descente jusqu’à T2.
Au début, ça descend très vite, très fort, avec des lacets comme en haute montagne. Et puis, les 20 derniers km sont de longs faux plats descendants, où je résiste à la tentation de mettre tout à droite et d’envoyer du gros pour me préserver un peu les cuisses pour le marathon. Dans ces longs passages, je ne vois personne devant, personne derrière. Parfois, je me demande si je ne suis pas perdu car je suis surpris de ne plus voir de concurrent, ni de voiture suiveuse. Mais comme il n’y a qu’une seule route pour rejoindre T2, je me dis que je n’ai pas pu me tromper.
En effet, après avoir longé une superbe rivière pendant de nombreux km, j’arrive à Ausbygde. Pilou m’attend au bord du lac (encore un ; il faut dire qu’en Norvège, j’ai l’impression qu’il y a plus de lac que de terre !). Cette fois la transition est expresse. Il faut dire que la météo y est pour beaucoup. Il fait un superbe soleil. Nous sommes redescendu à 200m d’altitude, il faut donc bien chaud : ce sera tri-fonction, casquette fétiche Kikourou et running. 3’ plus tard, j’attaque le marathon en 67ème position d’après le panneau que me présente une charmante bénévole (la première que je vois depuis le départ !).
Cliquez pour plus de photos du vélo
Ma tactique est simple pour le marathon : allumer le plus possible sur les 25 premiers km de « plat » et finir les 17 km d’ascension en marchant et en dégustant car je serais certain de faire partie des 160 premiers qui auront le droit d’atteindre le sommet.
Comme j’en ai pris la bonne habitude depuis plusieurs triathlons, mes jambes sont en pleine bourre dès les premiers hectomètres. J’enchaine les km en 4’30/4 ’45 selon le profil du parcours qui présente parfois des petits faux-plats. Je ne cesse de rattraper du monde, tout va bien, à part mes intestins qui font de drôles de nœuds.
Après une pause technique qui me libère les boyaux, je repars de plus belle. Il faut chaud, Claire qui a récupéré le camping-car a bien du mal à se garer et Pilou ne peut pas me ravitailler aussi souvent que je le souhaiterais. En effet, j’aimerais pouvoir m’asperger la tête et la casquette plus souvent. Comme toujours, j’ai bien mangé sur la fin du vélo, donc je ne mange pas en courant mais je bois à chaque fois que je retrouve Pilou. Ma stratégie alimentaire sur le marathon se déroule donc comme d’habitude.
Sun and fun !
Les 17 premiers km de ce marathon se font au bord du lac, c’est superbe. Le seul bémol est que nous courrons sur une route ouverte à la circulation, et entre les voitures suiveuses qui nous doublent et les voitures qui arrivent en sens inverse, je trouve que cela fait beaucoup de gaz d’échappement à inhaler. Dommage dans cette nature superbe de devoir courir entre les bagnoles. C’est le seul reproche que je ferais à cette course, mais pour en avoir discuté avec un organisateur à l’arrivée de la course, il n’existe apparemment aucun autre moyen de rallier Ausbygde à Rujkan, le pied du Gaustatoppen.
Un petit coucou au camping-car quand il me double
Du 17 au 25 ème km, le parcours est un peu moins fun. Ce sont de longues lignes droites au milieu des champs et avec un vent de face de plus en plus gênant. Mais, ce qui motive, c’est que l’on voit désormais le sommet du Gaustatoppen loin là-bas au fond de la vallée. J’ai un petit coup de mou vers le km 20, je court quelques km au-dessus de 5’15 au km. Mais en arrivant dans la vallée du Rujkan, les longues lignes droites exposées font place à des faux-plats montant abrités qui malgré la légère pente vont me permettre de retrouver un rythme plus rapide.
Une petite tortue à l’assaut du gros Gaustatoppen. Qui va manger l’autre ?? Réponse dans quelques lignes…
Km 25, c’est la fin de la partie plate. Je retrouve une dernière fois Claire, le camping-car et tous les enfants. On m’annonce en 33ème position (34 gus de rattraper sur les premiers 25 km de marathon, j’ai vraiment bien cavalé !). A partir de maintenant, il reste 17 km de montée à gérer. Lors de la reco du parcours quelques jours plus tôt, j’avais monté le camping-car jusqu’au km 37, mais vu les difficultés qu’il avait eu à redescendre (les freins avaient chauffés durs !), j’ai décidé de le laisser en bas. C’est Pilou qui va m’accompagner en vélo sur les 12 km de routes de montagne (style montée de l’alpe d’Huez), puis il laissera le vélo au bord de la route pour finir le trail de 5 km avec moi à pied.
Début du col, moi à pied, Pilou sur le vélo en sherpa avec tout le matos pour le Gausta sur le dos !
Je prends un rythme de marche rapide, et je m’aperçois que je suis dans le tempo de la moyenne des autres concurrents. A part 1 ou 2 extra-terrestres qui me doublent en courant dans ces pourcentages à 8/10% et une ou deux épaves arrêter au bord de la route, je maintiens globalement mon rang.
En revanche, Pilou m’inquiète un peu. Il est chargé comme un mulet avec les deux sacs pour la montée au Gausta contenant le matériel obligatoire + de l’eau + de la nourriture. Il fait chaud, et je vois qu’il a du mal à monter dans des pourcentages qui sont assez forts. Je crains qu’il ne se crame sur le vélo et qu’il ne lui reste pas assez de jus pour terminer le trail avec moi, ce qui est, je le rappelle, obligatoire. Ayant sympathisé avec JB qui est le support de son frère Pierre-Julien, un autre concurrent français, je lui demande s’il veut bien prendre Pilou avec lui dans sa voiture. Très sympa JB accepte, mais problème, il avance au rythme et à la hauteur de son concurrent qui n’est pas tout à fait le même que le mien. Je vais donc me retrouver sans Pilou, et surtout sans eau pour boire et pour m’asperger pendant près d’1 heure et sans m’en rendre compte je vais me déshydrater ! Quand j’arrive au ravito du 32ème km, je plonge la tête dans la bassine d’eau, je bois abondamment, mais je sais que le mal est fait. Le moteur a chauffé, et je me connais bien, il ne faut pas que je chauffe sur la CAP. A Nice, malgré la chaleur, j’avais fait un super marathon, car il y avait des points d’eau tous les 1,7 km auxquels je m’hydratais abondamment. Bon, il reste « plus » que 10 bornes, ça va passer, à l’arrache, mais ça va passer.
Km 33, J‘ai retrouvé de l’eau ! il était temps, je commençais à chauffer sérieusement !
Une petite relance sur la partie moins raide juste avant le trail
Sur les 10 derniers km, je vais encore à peu près assurer sur les 5 km de route, mais dès le début du trail, je sens bien que les jambes sont lourdes. Tant pis pour la place, je décide de ne pas me tuer, et de laisser revenir de l’arrière pour mieux déguster ce moment, tout simplement d’être là, avec mon fils et de profiter de cette dernière heure d’ascension sur ce gros tas de cailloux qu’est le Gaustatoppen. Mais que ces derniers km furent difficiles. Le terrain irrégulier ne me convient pas du tout, ce sont des blocs rocheux qui ne permettent pas la prise d’un rythme de croisière comme je l’aime.
Si proche et si loin, le sommet ne s’atteint que mètre après mètre en enjambant des blocs rocheux irréguliers !
Ca commence à être dur !
Le sommet est là, visible, à portée de fusil, mais il semble de jamais se rapprocher. Quand on croit qu’il se rapproche, le chemin s’en éloigne. J’ai regardé mon GPS au début du trail, donc je sais combien de km il me reste à parcourir. Le souffle est impeccable mais je gère mes jambes qui commencent à en avoir un peu marre ! Je suis à 15’ au kilo à peu près. Ce n’est pas la cata, mais ça ne va pas bien vite. Plusieurs concurrents me passent, je n’y prête même pas attention. Je suis concentré sur mon effort et je surveille Pilou du coin de l’œil, mais je n’ai vraiment pas à m’inquiéter, il grimpe comme un cabri, prenant un peu d’avance ou de retard de temps en temps pour faire des photos, me sortir un peu de nourriture ou ma veste car il commence à faire frisquet, à l’ombre de la montagne avec l’altitude et le vent.
Nous parcourons main dans la main les derniers hectomètres. Je lui serre tellement fort la main qu’il ne risque pas de m’échapper ;-). Allez encore quelques blocs rocheux à enjamber et nous passons la ligne après 13h48 d’effort ! Ouf ! Et comme dit l’autre : « ça, c’est fait ! ». Et après, les minutes qui suivent l’arrivée ne seront que du Bonheur !!!
Il y a des moments dans la vie que l’on n’est pas prêt d’oublier !
Au sommet, l’ambiance est très soft. 3 ou 4 bénévoles, pas plus pour enregistrer le temps, remettre une bonne couverture et un bol de soupe. Délicieuse ! Ni fanfare, no trompette, juste le plaisir d’être là !
Quelques photos souvenirs et nous nous refugions dans le petit chalet surchauffé du sommet qui fait office de cafétéria. 1 grosse gaufre à la confiture et 1 coca chacun et il faut déjà redescendre. En effet, il commence à faire froid et Pilou doit redescendre à pied. Il se couvre des vêtements chauds que nous avions montés et nous nous donnons rendez-vous au camping dans la vallée où nous attend le reste de la famille tortue. En tant que coureur, j’ai le droit de descendre par le funiculaire qui chemine à travers les entrailles de la montagne. Il ne faut pas avoir peur pour monter dans cet antique engin. Initialement, j’avais prévu de redescendre avec lui, mais j’ai les cuisses trop fatiguées et j’ai peur qu’elles me lâchent sur un appui en descente. Et comme il est en pleine forme, je le laisse repartir seul sans crainte, d’autant que le chemin est facile à suivre et qu’il y a encore pas mal de concurrents à monter. D’ailleurs, j’apprendrais plus tard qu’il croisera le Raspa qui arrivera lui aussi au sommet dans le quota des 160. Bravo l’Ami, lui aussi avec sa gazelle a du vivre des moments d’une très intense émotion.
Pilou, prêt à redescendre.
Gazelle et Raspa, eux aussi au sommet !
Le funiculaire pour redescendre à travers les entrailles de la montagne. Coupe de bol, cette année, il fonctionnait, ce qui n’est pas toujours le cas !
Cliquez pour plus de photo de la CAP
Bilan : Carton plein du zoo ! 2 zanimos au départ, 2 zanimos au sommet ! On a vaincu les vikings, il ne reste plus qu’à boire de l’eau de vie dans leurs cranes ;-)))
Bon, pour les festivités, ce sera pour demain. Une fois de retour sur la route du col, je rejoins mon camp de base en stop. Pilou retrouve le vélo laissé dans la deuxième épingle à la montée et nous arrivons presque en même temps au camping, tous les deux, bien fourbus, après une bonne journée ; pour moi bien sûr, mais aussi pour lui, car croyez-moi, support sur le Norseman, c’est du boulot !!! Merci mon Fils (et ma femme qui lui a servi de chauffeur sur le parcours vélo et les 25 premiers km du marathon).
La remise des prix, le lendemain matin à la station de ski, est très simple. Après que chacun ait récupéré son t-shirt de finisher ont lieu les podiums féminins et masculins. Là encore rien à gagner, juste le plaisir de l’avoir fait. Un petit speech du grand chef, et la traditionnelle photo de groupe sur la terrasse. Décidément, cette course a le caractère de ses organisateurs norvégiens, tout en simplicité et en humilité.
Les zanimos, Raspa et Tortue avec leur support Gazelle et Pilou !
Photo souvenir avec the « race director »
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Donc ce Norseman, quelle sacrée course ! Compliqué à logistiquer, mais quel plaisir malgré la difficulté à chaque kilomètre. C’est vraiment une course unique en son genre, je n’ai pas d’équivalent à vous décrire. En termes de difficulté, il est difficile de l’étalonner par rapport aux deux triathlons de montagne en France que je connais bien : EmbrunMan et Altriman. C’est nettement plus dur qu’Embrun, mais si la natation et la fin du marathon sont terribles au Norserman, cela reste globalement moins difficile que l’Altriman. Pour info, j’ai mis 1h de plus à l’Altriman, 15 jours plus tôt, en étant en pleine bourre et en faisant l’une de mes meilleures perf depuis que je fais du triathlon. Difficile cependant de comparer les courses. Un bon nageur trouvera peut-être le Norseman moins difficile que moi. Un bon grimpeur préfèrera peut être l’Altriman qui n’est fait que de cols successifs. Un bon coureur sera peut-être plus à l’aise à Embrun où le marathon est beaucoup plus facile. Vous savez, le mieux est de faire les 3 courses vous-même et de vous faire votre propre opinion ;-))
Quelques chiffres, même si ceux-ci sont très relatifs et futiles sur ce type de course :
Natation : 1H24 (107ème temps)
T1 : 8’
Vélo : 6h40 (45ème temps)
T2 : 3’
Marathon : 5h32 dont 2h05 pour les 25 premiers km et 3H27 pour les 17 km d’ascension (42 ème temps).
Et une 43ème place en 13h48 au final !
Je pense que j’ai laissé beaucoup plus de jus que d’habitude dans le stress d’avant-course et surtout dans l’eau froide du fjord le matin. Tout ça, conjugué à la déshydratation survenue du 27ème au 32ème km du marathon, m’a couté quelques places dans le final. Mais qu’importe, je pense avoir fait mon maximum compte-tenu des conditions et de ma forme du jour. Encore de grands et beaux souvenirs pour mes vieux jours (qui se rapprochent…).
Bon, avec l’annulation de la traversée de Paris à la nage à laquelle je m’étais inscrite, la saison est terminée. Le Raspa était aujourd’hui à Embrun, j’attends avec impatience son résultat (finisher en 17h, respect, l’ami !). Personnellement, ce Norseman m’a vidé physiquement, mais surtout mentalement, et j’aurais été bien incapable d’enchaîner sur Embrun. Depuis 15 jours que l’aventure est terminée, je me suis contenté de petites sorties, l’envie n’est plus vraiment là, mais je me connais, ça me fait ça après chaque grosse échéance. L’an dernier après Paris-Brest-Paris, je n’ai même pas touché à mon vélo pendant 1 mois ; mais quelques semaines de sevrage, l’appétit va revenir plus fort encore qu’avant.
Alors, 2013, année de mon demi-siècle, l’année où je ferais bien un « truc » original ? J’ai quelques petites idées en tête dont une qui semble se dessiner de plus en plus. Allez, je laisse un indice, ça pourrait bien se passer dans le nord de l’Allemagne et quitte à faire 3 Ironman dans la saison, pourquoi ne pas les faire sur une même épreuve ??? Vous avez trouvé ??
Une fois de plus, ma conclusion sera faite de remerciements :
- A toute ma grande famille d’abord, mes trois enfants et mon épouse présents en Norvègé, sans oublier mes deux grands, retenus en France et aux USA pour leurs jobs d'été. Ce périple norvégien n’a pas été de tout repos pour eux non plus. La météo déplorable qui nous a accompagnés pendant tout le séjour a rendu les choses encore plus difficiles. Mille mercis donc à eux d’avoir supporté tout cela et de m’avoir supporté par-dessus le marché.
Victor, Pierre-Louis, Ariane et Claire, ma support team devant le palais de la Reine à Oslo.
- A Pilou, plus particulièrement, pour avoir rempli son rôle de support du mieux possible. Après une période de réglage sur T1 et sur les premiers ravitos vélos, nous avons été en phase. Et cette montée finale avec son arrivée au sommet restera l’un des grands moments de ma vie.
Au sommet, avec le fiston
- A Claire, ma moitié, je devrais même dire mes 2/3 voire mes 3/4 tant sa présence au quotidien est importante. Elle m’a fait une grosse frayeur sur cette course, prise par une peur panique de la conduite en montagne. Finalement, grâce à la Raspamobile, elle s’en est très bien tirée, même si elle a gardé pendant plusieurs jours les fatigues de la course
Merci Claire, fidèle au poste, comme toujours !
- A Raspoutine, bien sûr. Pour son aide dans la préparation de la course, pendant les longs mois qui ont précédé, mais aussi pour sa présence pendant tout ce long et beau week-end. Merci Thierry.
Tortue et Raspa à la remise des prix
- A tout le zoo qui nous a encouragés par mail ou SMS interposés. Un coup de mou dans un col ? Alors, une petite pensée au Chacal, et hop, ça repart car on n’a pas le droit de lâcher pour quelques douleurs aux jambes quand on connait le combat qu’il mène de son côté contre la maladie.
- Et enfin, last but not least, un ENORME merci à la Gazelle. Sans elle, pas d’échange possible des véhicules, et je me retrouvais peut être scotché à Eidfjord. Je ne connaissais pas l’animal, mais sa gentillesse et sa disponibilité sont telles que je me dis que le Raspa a bien de la chance de lui passer la bague au doigt le 18 aout prochain. Tous mes vœux de bonheur les Amis !!!
Le sourire de la Gazelle, on ne s'en lasse pas !
Bien amicalement, La Tortue
Et, à l’année prochaine pour fêter mes 50 balais !!!
18 commentaires
Commentaire de Mustang posté le 21-08-2012 à 10:56:44
alors là, bravo pour cette extraordinaire aventure humaine!! Enorme! Quelle belle équipée avec famille et amis, merci de nous l'avoir fait partagé!
Commentaire de Jean-Phi posté le 21-08-2012 à 11:14:07
Chapeau, bravo ! J'en suis tout ému d'arriver au bout de ton récit. C'est superbe, quelles photos !
Quelle belle aventure en famille et entouré d'amis et surtout quelle abnégation dans ce sport excessivement dur qu'est le tri. Ca donnerait presque envie mais je me préfère spectateur sur ce sujet que contributeur... Le talent ne se commande pas. Mais toi, tu en as, assurément. Cahapeau !
Commentaire de Tonton Traileur posté le 21-08-2012 à 11:19:45
ENORMISSIME aventure !!!... quel régal à lire. Merci de nous faire partager de tels moments (que pour ma part, je ne pense pas pouvoir connaître un jour ?! )
Chapeau bas !
Commentaire de freddo90 posté le 21-08-2012 à 11:25:54
Bravo pour cette superbe performance et merci pour ce beau récit !
Commentaire de Sprolls posté le 21-08-2012 à 20:54:11
J'avais été interloqué quand j'avais découvert à la télé norvégienne des gars qui se jetaient à la mer depuis un ferry il y a quelques années... C'est vraiment une sacrée course que tu as fait avec la manière ! Et une belle aventure en famille en plus de ça. Bravo !!
Commentaire de raspoutine 05 posté le 21-08-2012 à 21:37:49
Un plaisir rare que d'avoir pu partager cette belle aventure avec toi et toute ta petite famille que j'ai eu la joie de connaître, tu peux être une Tortue-black-finisher vraiment fière de ta Tortue-family !
j'arrête là les compliments car les copains kikous ne sauront plus quoi mettre après mon passage dans les com'.
Ajoutons donc une touche plus personnelle. Ça fait près de 3 ans que tes cr sont pour moi une source de renseignements in-con-tour-na-ble. A leur manière, ils m'ont permis de franchir des caps sportifs que je n'aurais jamais envisagés. Ils sont également une source d'inspiration extraordinairement positive qui vient se mêler à ma propre "rêverie sportive". alors, tu peux bien te douter du moment fort, très fort, exponentiellement fort que j'ai pu vivre durant ce "voyage Norvégien", que j'ai pu vivre déjà auprès de ma Gazelle, mais aussi avec mon carapacidé favori.
Un dernier mot de conclusion venant d'outre-Atlantique et à attraper au vol pour tous ceux qui vivent leurs rêves : "YES WE CAN !!!"
Commentaire de La_Gazelle posté le 21-08-2012 à 23:19:06
Bravo pour ce superbe récit qui m'a permis de revivre cette aventure hors du commun, c'était effectivement très intense, à la fois pour le concurrents et la Support Team, un grand merci à Ariane et Victor pour m'avoir servi de co-pilotes sur le parcours vélo, nous nous en sommes très bien sortis !
Ravie d'avoir fait ta connaissance et celle de la Tortue Family ... et nous espérons avec le Raspa, avoir l'occasion de vous retrouver un jour sur une autre course ...
Commentaire de akunamatata posté le 22-08-2012 à 23:23:16
tres beau recit la tortue, de mieux en mieux en plus. comme le bon vin tu te bonifies. jette un oei a l'inferno triathlon en suisse pour 2013 ;-)
Commentaire de Francois dArras posté le 23-08-2012 à 11:52:53
Quel plaisir encore à lire l'un de tes CR toujours aussi riches et passionnant.
Celui-là laisse encore plus rêveur. La difficulté, la performance et la simplicité avec laquelle tu les aborde me laissent aussi sans voix.
Commentaire de robin posté le 23-08-2012 à 16:22:15
Wahou , sacrée aventure ! Bravo. Comme François d'Arras je reste sans voix.
Commentaire de philkikou posté le 24-08-2012 à 21:25:38
survolé ce récit, mais SUPERBE RECIT , PHOTOS , GESTION DE COURSE , TEMPS , AVENTURE HUMAINE, ... TORTUE "GEANT", quel enchainement cette année !!! bravo
je reviendrai sur le récit pour prendre le temps de "déguster" et "savourer" sans modération ;-)
Commentaire de redpanda posté le 01-09-2012 à 10:34:26
clap clap clap super!!!
Commentaire de Woualy posté le 07-09-2012 à 15:55:24
Je ne peut que m'incliner devant cette performance !! ENORME Félicitations à vous 2 pour cette course !!!
Commentaire de Olycos posté le 15-03-2013 à 11:43:47
Un gros gros merci,...
Félicitations,...
A peine finit, on a envié de le relire ;)
Biz'...
Commentaire de XDams posté le 15-03-2013 à 11:45:16
Après le CR de Raspa ... Pfffff tout aussi captivant ! Merci ;)
Je serais au départ 2013 ... J'ai partagé ton CR sur ma page FB consacrée a ma prepa,
Bon courage pour 2013 : triple IM je crois ?
Biz
Dams
Commentaire de augustin posté le 20-11-2013 à 11:22:40
Bravo pour votre récit plein d'humilité et pour cette performance réelle. J'ai découvert la vidéo de Canal+ hier et cela me trotte dans la tête....c'est grâce à des récits comme les vôtres que l'on peut se projeter, c'est dense mais il n'y en a pas trop, c'est parfait! Chapeau champion!
Commentaire de Edo posté le 15-04-2016 à 22:06:50
Bonsoir,
Bravo pour votre aventure, le récit m a emporté ( avec le froid en moins),et toutes ces informations seront précieuses pour ceux et celles qui tenteront la formule .
Commentaire de Triskell29 posté le 16-11-2016 à 11:20:21
Bonjour
Merci pour ces superbes récits. Je viens d'avoir mon slot pour le norseman 2017 et je souhaitais connaitre votre itinéraire de Nantes à Oslo et le temps de route effectué.
Je vais sans doute faire la même chose avec mon fourgon aménagé. Merci
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