L'auteur : TomTrailRunner
La course : Les Aventuriers du Bout de Drôme - 100 km
Date : 8/5/2010
Lieu : Crest (Drôme)
Affichage : 5750 vues
Distance : 108km
Matos : Chaussures : Mizuno Kabrakan
Sac : Salomon 5l : 1,5l de poche à eau + 2 bidons de 500ml
Batons : Leki Traveller à partir de Saillans
Objectif : Terminer
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Samedi 8 mai : Les Aventuriers du bout de la Drôme
Vendredi midi
Une semaine courte et intense au boulot et ce sont des heures de sommeil évaporées. Direction la gare avec un gros sac à dos mêlant ordinateur de boulot et bâtons de course comme le symbole de plusieurs vies emmêlées… Plongée dans la TGV vers ce qui devrait être la plus grosse course de mon expérience de coureur. Totalement novice sur la distance, le cumul de dénivelé et la durée de course ; l’objectif est juste de finir et je me projette sur une durée de 20h. Arrivée en gare de valence où je retrouve les 2 finishers du challenge en 2009 (bottle & ultrasteph) ; Roger est fidèle au poste avec sa navette comme premier signe d’une organisation efficace.
Arrivée à Crest, retrait du dossard, revisualisation du parcours, retrouvailles avec Astro et sa dame qui m’ont descendu mes affaires de camping en voiture et même dégotté un mobil home qui sera bien apprécié. Dernières fournitures, remplissage du sac et préparation finale du matos ; pasta party avec des kikous de partout puis coucher.
Samedi 2h15
Après une courte nuit pas trop bonne (sans doute le stress :-) ), lever et équipement puis direction l’espace Soubeyran (cœur névralgique de la course), dernière réglage de matos (prendre ou ne pas prendre les bâtons pour les 65 premiers Km), contrôle des sacs, briefing et départ groupé à travers les rues de Crest endormie.
Samedi 3h50
Le départ est lancé à la sortie de Crest directement en montée : je fais les premiers Km avec ampoule31 (retrouvailles après l’origole) dans la nuit à la lueur des frontales. La lune forme un lumineux petit croissant orangée dans l’est et annonce déjà le spectacle de la nature pour la journée. Un peu de single track bien glissant puis une piste nous permet d’avancer aisément ; je prends d’ores et déjà garde à ne pas trop aller vite car « la course démarre à Saillans »
Nous voilà au premier point d’eau à La Beaume Cornillane accueillis par le toujours présent badgone où je retrouve bottle et duquel vient de partir Martine : arrêt express pour moi (il me reste assez d’eau pour aller au suivant) pour me permettre de repartir en petit groupe. C’est le lever du jour et nous en profitons pour faire quelques photos (ce seront mes dernières de la journée) : c’est un dégradé de rose et d’orange sur fond de rochers aux milieux desquels passent le chemin. On avance tranquille en prenant garde au balisage (Jack a averti au briefing que le coin était fourni en acharné du débalisage).
On entend le coucou : c’est la première fois de l’année et heureusement j’ai toujours un billet avec moi en course pour m’aider dans l’adage qui veut que celui qui entend le coucou pour la première fois de l’année n’aura pas de soucis financiers de l’année s’il dispose de monnaie sur lui. On arrive ensuite en vue de Barcelone dans les senteurs du matin.
Samedi env 7h00
A Barcelone, le 1er ravito est situé à côté d’une tour tout en haut d’une première bosse. C’est supersteph et sa maisonnée qui tient le ravito avec efficacité (on le reverra :-) ). Fais pas chaud, je range frontale et buff mais ne traine pas dans la fraicheur et m’aperçois un peu plus loin que bottle et Gorki ne sont plus avec moi. Pas grave, j’entame la très longue et très progressive montée vers le pylône en douceur tout en tentant d’en garder sous le pied en prévision de la suite. Je récupère en sortie de jardinage Sanggi qui à l’air en forme. La montée est longue mais belle, la vue sur la vallée est superbe (faut prendre garde où on met les pieds sur l’arrête car le vide n’est pas loin tout de même). La nature parsemée de quelques fleurs et des senteurs du matin. On traverse un espace pastorale privé (merci les proprios de nous laisser passer). Je tente d’y allé à l’économie tout en avançant (pas aisé au premier abord pour un ultra-néophyte comme moi).
Voilà le pylône : c’est juste un pylône électrique-radio donc pas énormément d’intérêt si ce n’est qu’il marque la fin de la montée. Dans le très (trop si on y pense ?) loin, j’aperçois les 3 becs qui seront au programme. S’en suit une très longue et très roulante descente où j’avance bien et double quelques petits groupes.
Samedi entre 9h00 & 10h00 (je n’ai pas pris de chrono ni de GPS, juste une montre)
Ravito de Cobonne : surpris de voir Martine : ce n’est pas normal que je sois en même temps qu’elle à ce stade de la course car intrinsèquement je suis bien moins bon même si elle partante pour le challenge hero (enchaînement du 100Km avec le maratrail du lendemain matin). J’ai dû aller trop vite et je vais me forcer à m’économiser. Je prends un peu de temps à ce ravito ou il fait bon (pas de vent, des sourires, températures douces, filets garnis…), sors la casquette et repart en marchand tranquillou. En bas du village, petit échange avec un bénévole-pointeur très sympa à qui je donne un morceau de viande séchée et qui m’annonce une 45ème place (peu importe mais cela confirme que je suis trop « vite » à ce stade de la course).
Je me force à aller beaucoup plus doucement pour m’éviter un éventuel « boum en plein vol » bien plus tard. Le parcours est très agréable, quelques cigales chantent, je vois des premiers brins de lavandes en fleur comme une annonce de l’été. Il fait bien chaud et je manque un peu de flotte en ayant consommé un peu trop vite avant d’arriver au ravito de Mirabel. Supersteph est encore aux manettes, l’ambiance est bonne, Sanggi est juste derrière moi (je me demande où j’ai bien pu le redoubler) et prend une bière au moment où je repars en direction de Saillans et avec la perspective de 2 bosses un peu sévères.
Je suis un peu fatigué dans la montée de la colline où Sanggi me double à toute vitesse (ca doit plutôt être moi qui n’avance pas) et suis sur un faux rythme consécutif à un petit coup de chaud avant Mirabel. J’avance à l’économie pour redescendre et attaquer la dernière bosse de cette première partie de course annoncée comme sèche mais pas trop longue (confirmé par ma feuille de route embarquée). On attaque la montée mais celle-ci s’éternise pour ensuite continuer en azimuth sanglier tout droit entre les arbres sur du 25%. C’est bcp plus long qu’annoncé et surtout avec bien plus de D+ : je regrette de ne pas avoir les bâtons mais c’est la seul fois de cette première partie de course. Alors que je ne pense pas avancer, je rattrape Sanggi qui en a marre de parcours « débile, qui sert à rien sauf à casser ; il va m’entendre Jack ». Je lui dis que l’on est presque en haut (ca à l’air tout du moins) et on achève ce off road pour replonger tout de suite sur Saillans : la descente est belle et on envoie un peu en ayant hâte d’être au Break du parcours.
Samedi 13h15 env
Saillans, c’est le break : 65 Km/2200 D+ de bouclé et 35 Km/2000 D+ à faire avec toutes les grosses difficultés du parcours. Ca c’est la théorie car en fait, bon nombre ont déjà 69Km et 3700 D+ en moyenne au GPS : en un mot ca gueule dans les rues et en plus on se prend une bonne averse qui met un peu la panique chez les très gentilles bénévoles. Martine est passé 30mns avant moi selon Sophie donc j’ai bien ralenti (en supposant qu’elle soit toujours aussi régulière qu’à l’habitude :-) ). On a décidé de faire une vraie pause : approvisionnement du sac à dos, récupération des bâtons, contrôle médical, plein de bisous à sa douce pour Sanggi avec laquelle on repart en quittant au bout de 11h de course avec le coupe-vent sur le dos et le syndrome de raynaud qui me joue encore des tours.
Je monte seul sur un bon rythme ce rajout au programme (montée des rochers de Cresta) totalement en sous-bois et très agréable même si un peu humide. Les doigts se réchauffent enfin et on arrive sur une très jolie vue par-dessous des 3 becs. La descente est assez raide mais pas trop délicate bien que glissante. Arrivé en bas, je m’offre un casse dalle, range le coupe-vent et attaque sur un bon rythme la route puis la piste forestière puis le chemin qui montent de plus en plus fortement. Je me sens en pleine forme et avance bien ; un gel toute les 30mns, des grands bras et les bâtons, je double une dizaine de concurrents pour déboucher au pas de la Motte où nous attend/pointe Mathieu emmitouflé dans un sac de couchage et sous un abri de fortune.
Samedi 17h30 env
Pluie, froid, vent, l’arrête sommitale qui s’en suis en montagnes russes est hard à faire : par beau temps, ca doit être magnifique mais je ne profite pas trop du paysage et des structures de rochers au bord du vide. Ce n’est pas extrêmement dur mais j’ai vraiment froid et les gants de soie trempés ne me sont d’aucun secours. Enfin, ca redescend et le vent ne prend plus en sous bois. Un passage en piste forestière où j’ai du mal à courir comme un signe avant coureur d’un coup de moins bien.
Enfin, un bénévole au chaud dans son 4x4 m’indique la descente vers le ravito de Saou au bas de 5 Kms dans un canyon : ca glisse entre cailloux mouillés et feuilles trempées, il fait sombre, c’est encaissé et ca n’en finis pas. Parti en mode économique, je me refais doublé en me disant qu’il faut que je me réveille et fais l’erreur de courir alors même que je suis très mauvais descendeur dans ce type de trace. Le genou de droite me tire comme un vieux souvenir de TFL jamais totalement effacé depuis 10 ans : ca m’inquiète et le coup de moins bien moral est violent.
Samedi 19h50
Comme une envie d’arrêter : je tente d’appeler Hélène mais pas de réseau. Arrivé au ravito des 85 (on doit déjà être au moins à 90 en fait) en 16h tout rond : je vois badgone et lui annonce sur la colère que je pense arrêter, que j’ai mal au genou, que ca sert à rien, etc…..Petite engueulade, 3 soupes chaudes, plein de saucissons et de chips, pommade anti inflammatoire et super bandage (merci au service médical si souriante :-) ), Sanggi qui passe par là avec Francis (un V3 rencontré plus haut) et m’incite à partir avec eux. Je rechigne un peu, je grelotte de froid, mais tente de repartir en me disant qu’il faut bien rentrer de toute façon.
On va faire la route à 4 avec Pascal venu d’Alençon s’initié au 100Kms à 28 ans (chapeau). On marche, on discute, on avance, on profite de la sagesse de Francis à l’expérience qui semble sans fin, je me réchauffe et puis on allume les frontales pour replonger dans le noir. On passe une bosse pas trop longue (300 D+ tout de même) mais très violente dont la descente est très délicate dans le noir : les douleurs au quadriceps arrivent. S’en suis une longue portion avec plein de jolie boue pour décorer les chaussures et jouer aux patinettes (pratique les bâtons pour tenir debout parfois).
Nous voilà au dernier point d’eau à Aouste où supersteph & co officient pour la 3ème fois (et jusqu’à 3h du mat ensuite). Quelques SMS, des appels, passage sur Facebook : un peu de techno pour donner signe puis on repart pour la dernière bosse qui se monte assez facile alors qu’une petite pluie fine nous rafraichit. Je commence à moins participer aux discussions et m’endors presque en marchant. Mais la tour de Crest est visible et on arrive sur le bitume où nous continuons en marchant pendant que quelques uns ont choisi de finir en courant.
Samedi 23h50
Arrivée, une photo pas bonne mais pleine de sens et on rentre dans le gymnase pour finir en 20h03 en 39ème position ex-æquo sur 70 finishers et 137 partants. Suis vraiment épuisé mais content d’avoir fini pas cassé.
Dimanche
Réveil, massage, suivi sur Kikous du maratrail (avec Mathias arrivé à l’improviste), remise des prix, rencontres & bières, photos, applaudissement sans fin des Dunes (avec le fidèle bagnard, taz28 et domi), remise de la Clairette à Stéphanos pour le challenge hero, accueil finale sous les acclamations de martine et de son groupe de finisher du challenge, voyage en TGV pour la sieste remplacée par une saisie de ce compte-rendu du fait de parents ne sachant pas tenir leurs enfants ……..
Mini-bilan :
Et un grand merci à tous les bénévoles et à l’organisation malgré les quelques imperfections de ravitos et les surprises du parcours
19 commentaires
Commentaire de Jay posté le 10-05-2010 à 16:26:00
bravo à toi pour ce bel exploit.. 3 records battus de belle façon.
Un récit bien détaillé qui m'invite à venir faire pareil l'année prochaine étant un futur régionnal de l'étape .
Très bonne récupération et à la prochaine,
Jay
Commentaire de caro.s91 posté le 10-05-2010 à 17:06:00
Tom,
J'ai vécu grace à rodio et tous ceux qui ont relayé l'info la course de l'extérieur en presque "live". Là je la vis de l'intérieur, et cela me semble assez prodigieux d'arriver à finir une telle distance dans ces conditions là. Bravo à toi, Tom, bravo à tous les finishers!
A bientôt,
Caro admirative !
Commentaire de racapuche posté le 10-05-2010 à 17:40:00
Félicitations pour cette magnifique première !
La dernière bosse avant Saillans a eut raison d'un de mes genoux, et cette même bosse ne donne que plus de valeur a ta performance .. chapeau !!! :-)
Commentaire de martinev posté le 10-05-2010 à 17:46:00
bien joué Tom , vraiment bien joué.
Je suis fort satisfait de "t'avoir hurlé dessus" au 85è !
Tu es entré dans le monde de l'ultra par une sacrée balade !
Chapeau
Commentaire de millénium posté le 10-05-2010 à 19:13:00
Chris s'étant trompé de pseudo. A mon tour de te féliciter sous le sien.
Ce n'est pas moi qui t'ai crié dessus, rassure toi. Je suis super contente que tu sois finisher, tu as réalisé une sacré performance.
A bientôt et bonne récup
Martine
Commentaire de CROCS-MAN posté le 10-05-2010 à 19:26:00
BRAVO pour ton courage, tu t'es accrochéet ça a payé. Comme tu as dit, de toutes façons il faut rentrer.Et puis à l'arrivée le Bagnard, TAZ, Domi et Stéphanos + les Dunes, ça valait l'effort.
Merci pour ton récit et pour la saharienne reçu ce jour. Au plaisir.
Commentaire de cigale26 posté le 10-05-2010 à 20:33:00
Bravo pour ta grosse perf, (et le compte rendu qui va avec) moi qui fais le Semi chaque année je vais peu être réviser ma copie...
merci
Commentaire de Françoise 84 posté le 10-05-2010 à 21:40:00
Bravo à toi, Finisher!!! Quelle rapidité... même dans le CR!!! Bisous!
Commentaire de Cap'tain posté le 10-05-2010 à 23:00:00
Chapeau; pour une première expérience sur cette distance, il y avait plus facile !
Merci pour ce CR nous rappelant de super souvenirs.
Commentaire de Astro(phytum) posté le 10-05-2010 à 23:09:00
Ultra content de t'avoir vu arriver ;-))
Commentaire de poucet posté le 11-05-2010 à 00:42:00
Bravo Tom ... Super course, super récit. Bonne récupération à toi.
Poucet
Commentaire de Bleau78 posté le 11-05-2010 à 09:06:00
Super Tom , la route est grande ouverte pour le GRP.
Bonne récup.
Marco
Commentaire de Land Kikour posté le 11-05-2010 à 09:15:00
un grand bravo pour ce bel exploit, 3 records en une course, tu peux être fier de toi !!!
Impatient d'en faire autant.
Respect Tom, bonne récup. et à bientôt.
Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 11-05-2010 à 09:41:00
Félicittions Tom
Belle perf pour une première sur ultra, ta rencontre avec Francis t'as aidé ( c'est un baroudeur !! )
Commentaire de VB posté le 11-05-2010 à 13:10:00
félicitation, un beau CR et une belle leçon de volonté. bravo pour cet exploit et bonne récup !!
Commentaire de MiniFranck posté le 11-05-2010 à 15:21:00
Merci pour ce joli CR. Félicitations et bienvenue dans le monde de l'Ultra.
Commentaire de Le Bagnard posté le 11-05-2010 à 20:53:00
Bravo FINISHER !!!!! c"est en lisant des CR comme celui là qu'on devient nous aussi Finisher ;-))
Encore Bravo et merci à bientôt
laurent
Commentaire de marioune posté le 12-05-2010 à 10:43:00
Génial tom, ça avait l'air d'un drôle de parcours, avec plus de trois becs. Un genre de road movie ton récit, enfin sauf que t'avais pas de roues..mais un sacré bon diesel, un mental et des compagnons de route. bravo finisher. Bises à +++
Commentaire de chris78 posté le 31-05-2010 à 22:33:00
Je lis ce recit seulement maintenant... Bravo Tom !!!
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