cloclo a écrit:Ton deuxième lien ne marche pas (au moins pour ceux qui ne sont pas amis avec lui peut-être), mais le retour de F. Juignet ne fait que corroborer tout ce que j'en ai entendu des éditions précédentes. D'ailleurs, il s'était fait virer de son poste de speaker à l'arrivée des 100km de Millau, si je ne me trompe.
Elle...
Mardi matin au départ de l'integrale de Riquet, en guise de briefing de sécurité, Christian Reina nous a engueulés car quelqu'un avait osé lui dire que son organisation était bordélique, ce qu'il n'acceptait pas. Ce n'était pas moi mais je n'en pensais pas moins, de même que plusieurs de mes voisins. Il conclut en disant qu'on n'avait qu'à lui écrire une lettre et après on en discute. Alors Christian, après quelques jours pour digérer, voici ma lettre.
Il y a quelques mois, après les 24h de Portet, tu as (beaucoup) insisté pour que je m'inscrive à l'intégrale de riquet. Je me suis laissée convaincre, bien que la distance me semble bien trop longue et mon calendrier bien assez chargé, ce qui ne semblait pas te déranger. Tu n'as pas hésité à me promettre tout ce qui pouvait me rassurer pour t'assurer mon inscription: mais non pas besoin de suiveur à vélo, il y aura des ravitos tous les 10km, des signaleurs partout qui auront tous de l'eau, les péniches et les autres accompagnants et même toi-même vous alliez tous me ravitailler ; je pourrai bien sûr laisser mes affaires où je voulais pour les prendre en cours de route, en particulier ma frontale, donc pas besoin de porter un sac.
Sauf qu'une fois arrivée sur place, ce n'était plus la même chanson: les ravitos plutôt tous les 20km que tous les 10, les bénévoles, une dizaine en tout, feraient ce qu'ils pourraient, les sacs, c'était seulement à Trêbes et Castelnaudary, et la frontale il fallait que je la porte moi même parce que vous risquiez de la perdre. Du coup changement de plan le matin même du départ, pas du tout sereine. Surtout qu'un départ à 11h au plus chaud d'un jour de canicule, c'était déjà pas très malin.
Et puis une fois en course, en fait, il faut demander pour avoir à manger au ravito, les habitants ou les secouristes doivent aller eux même nous acheter à boire ou à manger, d'autres suiveurs doivent me donner de l'eau quand je tombe en panne, plusieurs coureurs pètent les plombs, s'énervent. Et moi je ne suis vraiment pas dans les conditions pour envisager de courir 241km. Sans Pierre et ses ravitos improvisés notamment au tunnel de Malpas, 48*C et plusieurs malaises, nul doute que j'aurais craqué encore plus tôt.
La goutte d'eau ? Quand je t'appelle au sortir du ravito du 54e km à Capestang et que tu me promets, en regardant la position de ma balise sur ton ordi, un ravito dans 10km à Paraza. 10km plus tard évidemment pas trace de ravito alors que je comptais dessus. (ça t'est venu à l'esprit que ça pouvait être dangereux?) Un suiveur à vélo me montre alors son roadbook et je découvre horrifiée que Paraza c'est le ravito du 85e km, il m'en reste donc encore 20 à couvrir. Je te rappelle énervée pour que tu me répondes "mais je sais pas où c'est moi Paraza!" Ah bon? tu es directeur de course et tu ne connais pas la position de tes ravitos? Résultat, j'ai poussé encore quelques kilomètres, l'occasion de discuter un peu avec William et Mimi qui me rattrapent puis me sèment, mais j'avais le mental plus cassé que les jambes, et même la perspective de retrouver Jean-Marc à Castelnaudary le lendemain n'a pu me remotiver, désolée... J'ai donc fini par renoncer, après des heures passées à ruminer, et en arrivant sur le parking du Somail à 77km, j'ai profité du camping-car d'une suiveuse qui ramenait un autre abandon à Trebes pour abandonner moi aussi.
Alors pour conclure, Christian, je t'en veux. De m'avoir menti, de m'avoir (moi et les autres) mise en danger en me lançant sur une épreuve pareille avec un soutien ridicule et des promesses farfelues. Je félicite chaleureusement tous ceux qui en sont venus à bout malgré tout, notamment Christian Dal Corso qui a assuré, Nadine et Severine, Mimi, et les 20 autres des 24 seuls survivants (mais je serais curieuse de savoir si un seul finisher n'avait pas de suiveur). Et je m'en veux aussi à moi de ne pas avoir eu la force de les suivre, ou de n'avoir pas eu l'intelligence de m'écouter et de refuser de m'inscrire malgré ton insistance, l'intelligence de me méfier de tes promesses. Et par dessus tout je t'en veux de me laisser maintenant gérer un échec et la frustration, la déception, la baisse de confiance qui vont avec.
Voilà, je crois que j'ai tout dit. Si je reviens au bord du canal du midi, ça sera en off. Et si tu veux en discuter, tu connais mon numéro.