Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail 2009, par Francis31

L'auteur : Francis31

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail

Date : 28/8/2009

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 4553 vues

Distance : 75km

Objectif : Pas d'objectif

12 commentaires

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Une grande aventure humaine

Récit et photos également sur mon blog : audeladudela.blog4ever.com

 

Grand Raid des Pyrénées 2009

Me voici rendu vendredi à Veille Aure pour ce 2ème GRP; tout en roulant je me remémore mon GRP 2008 et visualise ce qui m'attend...Et le doute s'installe : ne ferais-je pas mieux de faire demi-tour et passer le week-end à me prélasser au soleil ?

Ce serait dommage après les efforts consentis à s'entraîner pour cet objectif!

Flo et mes enfants sont à fond derrière moi (les petits coups de téléphone pendant la course me redonneront à chaque fois du "boost") et je sais que je suis attendu sur place par la "team" de partenaires de courses, sorties longues et de recos : Michel (Mic31), Yvan (Yvan11), Thomas (Toom) et Romain (Grumlie).

Arrivé sur place, c'est en compagnie de la "team" que je vais retirer mon dossard, faire contrôler mon sac et faire la connaissance de Gjoss.

Dotation : tee-shirt coton sympa, saucisson, pâté, confiture.

Les moyens d'accueil sont décuplés par rapport à l'édition 2008 et l'ambiance est nettement plus festive.

 

En nous baladant dans le village, nous rencontrons d'autres adeptes de kikourou : Bagdone qui assure le coaching de Martinev, Bernard ( Caroux434) avec la banane....

Tout le monde y va de ses plans de bataille : 12h, 14h, juste terminer.

Yvan en a prévu plusieurs : 15, 18, 21 et 24h.

Pour moi : 17h sans trop y croire ( 17h29 en 2008 ) .

 

Après une pasta party en solitaire , retour sous le chapiteau pour l'habituel briefing d'avant-course puis retour vers ma voiture transformée en camping car de fortune pour une nuit sans sommeil comme souvent.

 

Donc pas besoin de réveil pour me sortir du duvet à 4h00. Petit déj composé de muesli + café, "crémage" des pieds, habillage et ultime contrôle du sac.

Malgré la bruine qui tombe, il fait relativement doux, donc je pars en short, tee-shirt+manchettes.

Direction la ligne de départ pour retrouver la "team" et pleins d'autres kikous :

 

 

Il y a une super ambiance et beaucoup de monde : le jour et la nuit par rapport à l'édition 2008.

Il y a aussi beaucoup de tension à libérer :

 

 

5h00 : le départ est donné de Veille-Aure (791m km0).


Photo Bagdone

 

La troupe s'élance pour la grande aventure : 75 kms et 4500 m D+

 

Ultrapassion création

 

Nous trottinons tranquillement sur la route avant de nous engager sur le chemin qui nous mènera vers les Granges de Lias. A partir de là, ce sera marche rapide ormi une section plane avant Espiaube.

Il pleuvine toujours mais cela n'est pas gênant sauf pour prendre des photos.

Je retrouve Yvan qui monte sur un bon tempo

 

 

Je reste dans son sillage même si le rythme me semble un peu rapide : malgré l'effort nous nous parlons régulièrement de choses et d'autres.

Nous n'évoquons pas la possibilité de faire course commune : je sais que le plan optimiste de 15h n'est pas pour moi...Je profite donc du moment, pensant que dès la descente (je connais les qualités de descendeur d'Yvan), je continuerai seul l'aventure. Et pourtant...

Nous passons Espiaube, le jour commence à se lever et la troupe commence à s'étirer dans le brouillard :

 

 

Nous atteignons le Col de Portet (2219m-12km) en 2h23. En avance sur le plan 15h !

Rapide ravitaillement avant de repartir sur un beau chemin sur lequel nous pouvons courir régulièrement avant de remonter vers le Lac de Bastan.

Nous passons au dessus des nuages et la luminosité nous permet d'éteindre nos frontales. Les sommets sont dégagés : la journée va être belle :

 

 

Nous passons le premier des lacs :

 

 

 

Nous continuons notre progression vers le lac supérieur, le col de Bastanet en point de mire :

 

 

Nous sommes rejoints par Chabidou :

 

 

Yvan est toujours à mes côtés :

 

 

Dans cette montée, nous sommes déposés par Bernard (Caroux434) qui nous annonce en se fendant la poire avoir pris le départ avec 35 min de retard suite à une panne de réveil. Quelle niaque, il s'envole vers le haut comme un avion.

A l'approche du col, nous apercevons Michel plus bas :


 

Michel qui ne tarde pas à nous rejoindre :

 

 

Petite photo souvenir du col de Bastanet (2507m-19km) :

 

Photo Michel

 

Pour l'instant, tout va bien, tout le monde souris!! Pourvu "qu'ça" dure !

Michel est en super forme et confiant pour tenir son plan : 14h.

Il terminera bien avant nous en 13h59 : c'est de la  gestion de course tip-top.

Il s'élance donc dans la descente comme un cabri.

Nous entamons la descente à notre tour et je m'attends ici à ce qu'Yvan passe à la vitesse supérieure.

 

Je lui propose de partir devant, il me répond que le rythme lui convient...

 

 

Nous continuons  donc notre bonhomme de chemin en duo en longeant des laquets :

 

 

avant d'atteindre le lac de Campana :

 

 

et son refuge :

 

 

Nous continuons notre descente :

 

 

Une fois passé le lac des Gréziolles, nous repassons sous les nuages et le terrain redevient humide.

 

 

Nous atteignons le ravitaillement d'Artigues (1190m-29,6km) en 5h43 avec 20 min d'avance sur le plan 15h.

Remplissage en eau, dégustation de soupe, saucisson, jambon, fromage et oh surprise, c'est Thomas qui nous rejoint. Il est apparemment en grande forme : il nous suivra de près jusqu'au col de Sencours.

 

Je repart un peu avant Yvan en marchant tranquillement et en profite pour téléphoner à Flo qui me prodigue des encouragements nourris : c'est beaucoup mieux que l'EPO.

Yvan me rejoint et nous reprenons notre allure de montée.

 

Photo Yvan

 

Une vilaine douleur talon-tendon d'achille gauche se réveille : elle reviendra par la suite dans chaque montée. J'essaye d'en faire abstraction pour me concentrer sur le chemin et ses embûches.

Nous passons à nouveau au-dessus de la mer de nuage et le pic du Midi se découvre :

 

 

Et ça monte :

 

 

Yvan est toujours à mes côtés :

 

 

Le col se rapproche, nous sommes à mi parcours et quelques concurrents tentent de surmonter leur coup de mou.

 

 

Yvan me prend aussi en photo :

 

 

Le col de Sencours (2378m-37,3kms) est enfin atteint en 8h02 avec 30 min de retard sur le plan 15h ! Pourtant je n'ai pas  l'impression d'avoir chômé dans cette section !!

C'est pas grave, l'essentiel c'est de continuer à avancer.

Yvan profite de cette pause pour passer à table, comme au resto !!

 

 

Je m'assois également, même si je n'ai toujours pas eu de coup de mou comme l'an passé.

Thomas nous rejoint peu après et repart assez rapidement ( il doit penser que nous le rattraperons dans la descente !!!)

Après m'être restauré je repart en indiquant à Yvan que je descend en marchant tranquillement pour l'attendre.

 

 

J'entame donc tranquillement la descente vers Tournaboup, pensant qu'Yvan allait me rejoindre rapidement mais commence à m'inquiéter au bout d'une demi-heure.

J'hésite sur la conduite à tenir : m'arrêter pour l'attendre (même si on ne s'est encore rien dit, il est clair que nous sommes partis pour aller au bout ensemble, sauf blessure de l'un de nous deux) ou continuer seul jusqu'à Tournaboup et aviser à ce moment.

Sur ce, je vois sa silhouette apparaître plus haut et lui fait de grands gestes...

En me rejoignant, il m'explique qu'une douleur à la cheville l'empêche de dérouler...

 

 

Nous atteignons le ravito de Tournaboup (1464m-44,5kms) à 14h38...Nous sommes maintenant sur la base d'un finish en 17h . Je signe tout de suite.

Nous retrouvons Thomas qui se fait strapper la cheville.

Nouveau rituel : remplissage en eau, goinfrerie de quartier d'orange et nous repartons. Nous ne voyons pas Thomas (il nous dira plus tard être parti en nous pensant devant, et du coup, à vouloir nous rattraper à tout prix terminera en moins de 16 h, explosant sa perf de l'an passé : chapeau bas) et nous ne savons pas que nous sommes en fait derrière lui.

 

Nous attaquons donc la longue montée vers la cabane d'Aygues Cluses en doublant les valeureux coureurs de l'ultra qui ont 120 kms dans les pattes avec à chaque fois un petit mot d'encouragement.

 

 

Certains sont encore relativement en forme, d'autres sont plutôt à la dérive...

 

Pour ma part, un petit souci apparu dans la descente du col de Sencours devient franchement pénible : je pense avoir contracté une conjonctivite (sensation de grain de sable dans l'oeil + larmoiement quasi continuel).

 

Photo Yvan

 

A cela se rajoute un "peu" de fatigue, et notre rythme baisse sensiblement.

Passé la cabane d'Aygues Cluses, Yvan ressent un besoin impérieux de manger et nous nous arrêtons 5 min avant d'attaquer les 300 m de dénivelé qui nous attendent pour rejoindre le col de Barrège.

 

Photo Yvan

 

300 m de dénivelé qui s'avéreront interminables : gros gros coup de mou, arrêt tout les 5 pas, envie de vomir....Et cette montée qui n'en fini pas.

 

 

Seules satisfactions : nous ne sommes pas les seuls à être à la ramasse et les paysages sont magnifiques.

 

 

Nous atteignons enfin ce satané col (2469m-52,6kms)

Je demande aux secouristes s'ils ont quelque chose pour mon oeil : rien, il faudra que je fasse avec jusqu'au col de Portet.

Nous engageons tranquillement la descente vers les laquets Coste Queilliere :

 

 

Yvan a toujours sa douleur au releveur qui l'empêche de trottiner.

Nous continuons à croiser régulièrement des gars de l'ultra, impressionnants dans l'effort.

 

 

Dans la descente vers le lac de l'Oule, je prends un peu d'avance sur Yvan pour m'arrêter , besoin naturel oblige.

Nous atteignons le contrôle du lac de l'Oule(1818m-58kms) à 19h04.

Je passe un coup de téléphone à Flo qui m'apprend que Michel vient d'en terminer..J'en informe son frère et nous conversons tranquillement en longeant le lac de l'Oule..

le soleil se couche et le vent devient glacial : nous enfilons nos coupes vent...

Au bout du lac, nous attendent les derniers 364 m de dénivelé à remonter.

Après le gros coup de mou du col de Barège, je suis inquiet sur ce qui nous attend!!

Et, étonnement, ça passera plutôt bien. Le soleil réapparait, les coupes vent tombent et nous progressons à un rythme de randonneurs, pas super rapide certes, mais on avance et c'est là l'essentiel.

 

 

Nous arrivons au col de Portet (2215m-62,6kms) à la tombée de la nuit (20h17). Il y fait un froid glacial.

Je passe sous la tente des pompiers : un pompier me prend en charge, il ne pense pas à une conjonctivite mais à un corps étranger. Il me rince abondemment l'oeil avec un sérum et effectivement, ça va beaucoup mieux.

 

Photo Yvan

 

Ouf, je suis rassuré, je n'aurai pas à descendre avec un oeil larmoyant en permanence. Merci monsieur le pompier.

Nous repartons pour les 1400 m D- de descente sur les 12 derniers kms .

Yvan s'arrête pour enfiler un caleçon. Je continue un moment seul, allume la frontale pour être surpris de voir Yvan débouler, tout sourire. Ca sent la fin, le finish et les jambes retrouvent de l'entrain sur la crête du cap de Pède. il fait maintenant nuit noire et nous apercevons les lumière de St-Lary.

 

Photo Yvan

 

Un raidillon nous brulera bien les quadriceps avant d'atteindre Soulan.

Plus bas un petit problème de balisage, ou plutôt de non débalisage nous fera perdre une dizaine de minutes.

Nous atteignons le Vignec, et commençons à trottiner puis à courir comme si nous étions tout neufs (c'est juste une impression) pour finir main dans la main au "sprint".

 

Photo Michel

 

ON L'A FAIT. ON A TERMINE.

Au diable les plans avec temps de passage, l'essentiel est là : terminer.

 

Malgré nos têtes de zombies, c'est avec fierté que nous exhibons le tee-shirt finsher tant convoité pendant 17h55..

 

Photo Michel

Un grand merci à toi Yvan d'avoir partagé cette aventure à la fois sportive et surtout humaine.

 

Merci à Flo, Jolan et Camille pour leur messages d'encouragements tout au long de cette longue journée.

 

Un grand coup de chapeau à Michel, Romain , Thomas pour avoir atteint ou dépassé leurs objectifs.

 

Un clin d'oeil à tous les kikoureurs rencontrés (qu'ils m'excusent s'ils ne sont pas tous cités : c'est que vous étiez certainement loin devant).

 

Et un grand bravo à tous les participants des 2 épreuves de s'être engagé dans cette rude, très rude épreuve.

 

Mention à l'attention des organisateurs : c'est du très haut niveau, bravo.


 

 

12 commentaires

Commentaire de millénium posté le 31-08-2009 à 17:55:00

merci pour ce récit , fort bien illustré en plus !
Très belle perf. Ta joie fait plaisir à voir. Elle est légitime.
En espérant te revoir , mais cette fois pour courir à tes côtés (du moins essayer).

Commentaire de BENIBENI posté le 31-08-2009 à 22:31:00

MA-GNI-FIQUE ! Bravo Francis et à toute la bande !

Commentaire de Berty09 posté le 31-08-2009 à 22:33:00

Bravo Francis
Quelle aventure quand même! Quand je pense que j'ai trouvé dure ma dernière course en montagne de 15 km...
Bonne continuation

Commentaire de Ben64 posté le 31-08-2009 à 23:05:00

Récit génial, merci beaucoup!
Avec en prime de splendides photos!
Quelle magnifique de courage et d'abnégation dans l'effort sans oublier une solidarité à toute épreuve qui vous a fait arriver au bout.

Félicitations

Commentaire de CROCS-MAN posté le 01-09-2009 à 07:58:00

BRAVO Francis,un super récit pour cette belle aventure. Les photos sont superbes.
Bonne récup.

Commentaire de frankek posté le 01-09-2009 à 13:51:00

on n'arrete plus Francis ! bravo et que de chemin parcouru depuis les templiers...bravo et récupère bien.

Commentaire de Lucien posté le 01-09-2009 à 21:13:00

Super ton récit, belles photos et belle course. Bravo pour ta perf et à tous ceux qui t'ont accompagné pendant ces moments magiques. Salut.

Commentaire de laulau posté le 04-09-2009 à 18:03:00

Merci Francis pour ce récit...Je ne peux qu'être à Vielle-Aure fin août 2010 !
Laurent

Commentaire de Oliv'BCA posté le 05-09-2009 à 21:55:00

Super course, super CR et super photos... que demander de plus!

Commentaire de martinev posté le 06-09-2009 à 19:07:00

Super ton compte rendu, et bravo pour toutes ces belles photos.
Comme tu le dis, l'essentiel c'est d'être allé au bout, félicitations

Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 09-09-2009 à 08:52:00

Bravo Francis! L'an prochain, tu nous prépares la grande boucle du même massif? Ne dis pas que tu n'y penses pas ... tu es déjà prêt! Le principe est le même, juste vouloir terminer!
Encore bravo.

Eric

Commentaire de Yvan11 posté le 31-01-2019 à 09:01:59

Toujours un plaisir de relire ce récit ! ;-)

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