L'auteur : Olivier91
La course : Le Tour des Glaciers de la Vanoise
Date : 1/7/2007
Lieu : Pralognan La Vanoise (Savoie)
Affichage : 2835 vues
Distance : 72km
Objectif : Pas d'objectif
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Que de beaux trails cette année !
Après avoir traîné mes guêtres à la Sainte Victoire, puis en Vallée de Chevreuse, dans les Bauges et le Verdon, et avant de finir en beauté 2 fois près du Mont-Blanc puis à la Réunion, je me retrouve au départ de ce qui est sans doute le plus beau trail de France, en tout cas sur le podium.
Avec quel objectif ? Et bien je ne sais pas vraiment, car j’enchaîne une semaine après le Verdon et ses 100 km réduits à 85 suite à mon abandon, vaincu par la chaleur et la technicité de ce trail hors normes.
Donc on verra si je me donne à fond ou si je me ballade avec telle ou telle connaissance, nombreuses sur cette course. Elles sont nombreuses, car le TGV c’est une fête que beaucoup ne veulent pas manquer et entre les UFOs et les Kikoureurs, çà en fait du monde que je connais !
D’ailleurs, la course commence par un repas pris en commun à 44 kikoureurs et mebres du Zoo ! ! Bien sympathiques rencontres ou retrouvailles après un après-midi passé à croiser les amis et les stars du trail (première prise de contact avec Dawa, rencontre avec Benoît Laval et Alexandra Rousset dont Alice, ma femme, doit garder la petite fille pendant la course, j’aperçois Michel Cercueil … et bien évidemment Philippe Delachenal l’organisateur passionné du TGV).
Je suis venu passer le WE avec Alice et 2 de mes enfants Maëlle et Fabien dans ce petit coin de paradis qu’est Pralognan. Le village est sympathique et la vue circulaire est splendide. Guillaume nous accompagne aussi pour ce qui devrait être sa plus longue course (finisher des Templiers, abandon sur entorse au GR73). On sent une légère tension chez lui, mais il s’agit d’avoir confiance.
Après un Ultrail du Verdon confidentiel (mais ça a son charme), le TGV apparaît beaucoup plus comme une fête de l’ultratrail, constituant une animation remarquée de Pralognan. La course fait maintenant partie du paysage pour le village qui se donne des airs de Chamonix fin août.
Nous voici dimanche matin, le village de Pralognan est envahi par une colonie de cafards qui sortent d’un peu partout dans la nuit pour se regrouper devant la patinoire. Alice m’accompagne jusqu'au départ avant d’aller se recoucher. Cela m’est cher quand elle près de moi ainsi. Je retrouve toute la troupe, Guillaume, Cédric « Castor Junior », Didier « L’dingo », Robert « Castor Senior », Agnès, Say « Colimaçon », …. Le départ est donné, nous sommes restés en arrière du peloton qui s’élance dans les rues endormies de Pralognan.jusqu‘à la première montée qui se présente devant nous au bout de 500 m. Nous voilà partis pour 1000m de dénivelé. Les premiers instants sont caractérisés par un gros bouchon qui heureusement ne gêne que sur un km. Personne n’a de frontale, l’obscurité est relative et la lumière croît de minute en minute.
Le sentier est bien sympa, et monte régulirement. Les sommets environnants se détachent peu peu : le Grand Marchet, l’Arcellin (dont j’ai gravi l’arête Ouest il y a maintenant bien longtemps), l’aiguille de la Vanoise, la Grande Casse, … Je croise l’Electron qui se teste pour l’UTMB. Je remonte peu à peu le peloton, cherchant le bon équilibre entre vitesse et économie. J’arrive tout à coup face au chemin empierré qui traverse le lac des vaches. L’endroit est splendide, nombreux sont les coureurs qui s’arrêtent pour prendre des photos. Je fais de même. Nous sommes proche du sommet de cette première montée. Nous débouchons au col de la Vanoise très large et ponctué de petits lacs. L’endroit est grandiose et paisible à la fois. Peu avant le premier ravitaillement, je vois Alexandra qui redescend. Son programme trop chargé lui a rendu les jambes lourdes. Elle préfère troquer la course contre une sortie d’entraînement plus réduite pour ne pas nuire à sa récupération : moins de 2 mois avant l’UTMB, les erreurs de préparation risquent de se payer cash , elle ne souhaite pas en prendre le risque.
Après cette première longue et franche montée, toute la course jusqu’au-delà du 50ème km se déroule dans une succession rapide de sentiers en balcon, de montées et descentes relativement courtes et parfois techniques. Je déroule en doublant les concurrents petit à petit. Sauf L’Dingo qui me rattrape, plein d’énergie et me demande où est Castor Junior à l’assaut duquel il compte se lancer. En fait, Cédric n’est pas bien loin, je le double peu après, alors qu’il observe dubitatif le grand chaos de rochers dans lequel il se perd. La montagne n’est pas encore un milieu naturel pour lui, l’expérience lui manque encore … Je le laisse à ses doutes et remonte encore la longue suite de concurrents jusqu’à Didier « Chien fou » qui a un peu présumé de ses forces et qui ne peut me suivre quelques hectomètre plus haut. Les glaciers encapuchonnent les sommets alentours. La vue est dégagée, les couleurs sont éclatantes, réhaussées par les langues blanches des névés encore nombreux en ce début d’été. Quelques échanges avec les coureurs alentours viennent ponctuer la longue marche.
Celle-ci débouche soudain sur une descente très technique et amusante, car il est possible aux plus aguerris d’y courir, pour peu qu’ils aient l ‘habitude de franchir les obstacles, de sauter de pierre en pierre, de dérouler sur quelues dizaines de mètres de terre avant de freiner brusquement dans un virage ou dans une rupture de pente acrobatique. Habitué à ce milieu montagnard, je fais partie de ces joyeux lutins des montagnes et double de nombreux concurrents plus prudents. Je débouche sur le deuxième ravitaillement qui prend place sur l’esplande fleurie d’un de ces merveilleux refuges en pierre de la Vanoise. Je ne connais pas plus beau refuges que ces batisses en pierre et lauzes, lumineuses dans leur tenue d’apparat (fleurs et gazon), hâvre de paix plus serein que les refuges de haute alititude perchés au milieu des roches et des glaces. Mon premier réflexe sur le moment est de me dire qu’il faut y revenir en famille avec du temps devant soi.
Le ravitaillement est parfait et on y trouve peut-être la seule soupe marocaine de Savoie. Bien rassasié, je repars rapidement pour une nouvelle succession de montées et de descentes. Les détails m’échappent, j’entre dans ma bulle. Je me sens de plus en plus intégré à cette montagne que j’aime tant. Plus la peine de regarder pour me sentir envahi par elle. Un mot me vient : osmose.
La vue débouche de temps en temps sur la Maurienne en contrebas : Termignon puis Aussois. Un long faux plat montant commence par une piste engazonnée bien agréable à nos foulées. Une descente un peu sèche mais roulante nous conduit en haut de quelques remontées mécaniques. On entre dans un bois. A la sortie un petit groupe de maisons en pierre, encore plus splendides que les autres semble être le refuge confortable d’une famille qui se tient au bord du sentier et propose de l’eau aux concurrents. Encore 2 km et nous arrivons au troisième ravitaillement environ à mi-course. Les bénévoles sont aux petits soins. Ils sont nobreux, organisés et très serviables . Je ne quitte pas un ravito sans les saluer et les remercier tellement ils font partie de la course, la rendent non seulement possible, mais agréable.
A compter de ce moment, nous croisons très régulièrement des randonneurs qui nous encouragent. C’est bien sympa et à certains moments un peu plus durs, c’est même utile. Le parcours contourne les 2 lacs de barrage d’Aussois. Ces tâches d’un bleu éclatant sont comme des parties du ciel tombées au creux des montagnes.
Je commence à sentir la fatigue montert. J’espère que je ne vais pas mle prendre le retour de bâton du Verdon de la semaine dernière ! Alors je gère. Ce qui me permet de compenser les quelques dépassements que je subis en en réalisant quelques autres. Dans une monotrace courante à flanc de montagne je m’aperçois que je commence à avoir de la peine à enchaîner de longues séquences de course. J’alterne donc au jugé avec de la marche.
Deux coureurs me dépassent avec une foulée impressionnante. On les croirait partis pour leur petit footing du diamnche matin. Je me dis que soit ils sont forts, soit je les retrouverai scotchés à la pente tout à l’heure. J’arrive rapidement Au refuge du plat d’Orgères où les premiers dégâts sont visibles. Juste avant l’arrivée qu refuge, je laisse sur le côté deux coureurs mal en point. Quelques autres semblent résignés et attendent sans doute un rapatriement devant le refuge. Fort de mon expérience du Verdon de la semaine précédente, je ne m’attarde pas sur ces abandons, je les ignore presque. Je me délecte de coca frais (la fontaine voisine fait un réfrigérateur tout à fait convenable !) et repars très vite. Il me semble, à ma surprise, que je navigue aux environs de la 130ème place alors que je m’imaginais plutôt entre 200 et 250. Cela me réjouit et me permet d’attaquer confiant la dernière longue montée, le Col de Chavière, 900 bon mètres plus haut. La première partie assez abrupte m’est favorable mais débouche sur un long faux plat montant qui me laisse quelques traces. Cependant j’avais décidé de ne pas m’arrêter dans cette montée, ce que je fais à force d’autopersuasion. Enfin, nous voyons le col se détacher à l’horizon. Qu’il semble loin ce col, loin et enneigé. Mais je ne me laisse pas abuser par les distances souvent trompeuses en montagne et j’estime à trois quart d’heure le temps éncessaire pour y arriver. Ce sera chose faite, non sans avoir repris comme prévu les 2 coureurs de tout à l’heure. Ils on bien perdu de leur superbe, peinant dans la pente. La montée finit les pieds dans la neige, je me sens un peu en sortie alpinisme et les souvenirs agréables remontent en bouffées réconfortantes.
Au sommet, les bénévoles en plein vent passent toute leur énergie à encourager les coureurs qui bientôt s’élancent dans une descente longue et dans un premier temps technique avec de longues et sympathiques traversées de névés (la glissade est de rigueur, ça va vite et en plus c’est rigolo et ça ne fatigue pas. Bon, les fesses sont trempées et frigorifiées, mais avec les tissus modernes, le tout est sec quelques minutes après). Au sortir de cette succession de névés, nous arrivons au dernier ravitaillement, le refuge de Péclet-Polset où je suis surpris d’entendre mon prénom. C’est Virginie, la Souris, qui faute de pouvoir courir suite je crois à un bête accident de trottoir, a décidé de prêter main-forte à l’équipe de bénévoles. Son sourire et sa voix dynamique sont d’un réel réconfort. Tout va bien, il fait encore beau et il ne reste « que » 12 km d’une descente roulante.
Ces 12 km ne sont pas les plus intéressants de la journée, mais sont parcourus par de nombreux touristes qui applaudissent les coureurs au passage. Après un premier tiers que je cours intégralement, ce qui me permet de doubler les derniers concurrents de la journée, le second tiers est plus difficile et j’alterne course et marche … avec une nette préférence pour la marche ! Je perds ainsi 5 places, mais à ce niveau-là, cela m’est égal. Maintenant j’ai hâte d’en avoir terminé, et la lenteur de ma progression m’agace. Heureusement, à 3 km de l’arrivée, j’ai la bonne surprise de voir Alice montée à ma rencontre qui m’annonce que je suis 127ème et emboîte mon pas. Je suis motivé par sa présence et reprends la course pour ne pratiquement plus la quitter jusqu’à l’arrivée, même si cela n’empêche pas une paire de coureurs de me doubler dans ce final. Courir en discutant avec Alice me permet même de retrouver une certaine aisance dans la foulée, les douleurs musculaires étant une peu mises de côté. J’en arrive même à sprinter sur les 500 derniers mètres, poursuivi par deux coureurs qui s emblent en vouloir à la place qui m’était promise. Je ne cède pas, et malgré un ralentissement nécessaire pour attraper mon petit Fabien au vol, je préserve ma place et franchis la ligne d’arrivée main dans la main avec le petit dernier de la famille en environ 12h25 de course.
Je suis heureux d’être arrivé, je suis heureux d’avoir fait cette course et je suis heureux de ne pas avoir subi de gros coup de calcaire suite à mon enchaînement GR73, Verdon, TGV, soit 3 gros ultras en 6 semaines.
La pluie tombe juste quand je franchis la ligne. L’orage grondait dans les minutes précédentes. Une pluie battante arrose les arrivées suivantes qui se succèdent sans que je vois arriver Guillaume qui pourtant repart avec nous par le train de nuit. Après de longue minutes d’inquiétude, il finit par arriver au bout de 16h de course. Je le presse un peu : une douche, les bagaes et hop dans la voiture de location … que nous garons sur le parking de la gare au moment de l’arrivée du train à quai. Nous l’attrapons au vol ! Ouf, tout est bien qui finit bien. Il n’y aura même pas de train loupé pour ternir un WE magnifique.
16 commentaires
Commentaire de L'Castor Junior posté le 04-07-2007 à 06:57:00
Merci Olivier pour ce chouette CR, et félicitations pour ta perf', surtout après ton bel enchaînement. Ca promet pour fin août !
L'Castor Junior_ki_ne_peut_même_pas_te_suivre_dans_les_montées...
Commentaire de agnès78 posté le 04-07-2007 à 07:30:00
Merci oliv pour ce très très très joli CR.
Quelle belle course tu as faite!
Et voir ton beau sourire frais et reposé lors de mon arrivée sur la ligne m'a fait chaud au coeur.
Un énorme BRAVO à toi et à très bientôt
Gros poutoux à toi et grosses bises à Alice
agnès
Commentaire de Jerome_I posté le 04-07-2007 à 08:14:00
Bravo Olivier,
toujours un plaisir de lire ces CR. Je n'ai pas fait cette course mais en lisant les CR et posts sur le forum, quelques jours après la course j'ai envie de m'y inscire... Ca sera peu etre l'année prochaine. En tous les cas bravo d'avoir enchainé 2 belles et longues courses en une semaine... Je me sens encore fatigué du Verdon mème 10 jours après la course...
Maintenant bon repos mérité, ca sera tout bénéf pour le tour de la grande montagne....
Sportivement
Jérome
Commentaire de rapace74 posté le 04-07-2007 à 09:56:00
bravo olivier pour ta course et ton enchainement d'ultras
moi qui voulait battre ton reccord de montée du col du tricot je crois bien que c'est mal barré... a dans 15jours pour ton off
manu
Commentaire de gdraid posté le 04-07-2007 à 10:12:00
Merci pour ton CR, Olivier91, plein de poësie, et de beaux décors de ta course, et pour tant de qualités réunis en quelques lignes.
Bravo pour ta performance, dans une série de courses impressionnantes.
Bravo pour la tendresse que tu montres, à l'intention de tes proches,
et bravo à l'attention que tu portes à tes amis.
JC
Commentaire de jongieulan posté le 04-07-2007 à 10:42:00
bravo Oliv'!!
Quel mental!!...Chapeau pour ses enchainements de FOndU!!!...je regrette d'être parti sans ta compagnie, ca m'aurait éviter de gros soucis!!...
a bientot
Fabrice
Commentaire de JLW posté le 04-07-2007 à 10:47:00
Un ultra tres bien géré apparemment. Bravo pour ta belle place et ton récit qui nous fait bien revivre ton bonheur d'être là dans cette montagne mais aussi les difficultés inévitables dans ce genre d'épreuves. Un course qui me fait bien envie. Va falloir que je m'entraine sérieux.
Commentaire de eric41 posté le 04-07-2007 à 12:05:00
Bravo olivier.
Tu as réussi à enchaîner deux très belles et dures courses,c'est très fort.
Merci pour le CR qui m'a rappelé quelques souvenirs de randonnées en Vanoise.
Eric
Commentaire de nicnic38 posté le 04-07-2007 à 12:55:00
Sacré chauve, va!
On sent bien ton état d'esprit au cours de la course... des hauts et des bas... mais jamais très bas...
La gestion tu sais ce que c'est!
Bravo pour ton joli temps apres le GR73 et le verdon
Commentaire de vboys74 posté le 04-07-2007 à 20:15:00
Super Olivier!
Un CR en effet comme dit Grdraid, plein de passages poétiques rimants tres bien avec la montagne.
Félicitations pour ton enchainement!
seb
Commentaire de Khanardô posté le 04-07-2007 à 20:31:00
Merci Olivier pour ce récit très bien écrit et très vivant !
A défaut de pouvoir te suivre sur un trail, mon allure n'est manifestement pas la tienne !, peut-être aurons nous l'occasion de faire un truc en montagne un jour (je fais un bien meilleur vieil alpiniste que coureur vieillissant !)
Alors, à bientôt peut-être, tout simplement autour d'une grolle en parlant de sciences physiques ?
Amitiés
Commentaire de goonif37 posté le 05-07-2007 à 12:56:00
Excellent récit, très belle prose... c'est un grand plaisir de te lire. Bravo pour ta course, j'aurai aimé taper la causette avec vous au départ mais le temps manquait, une prochaine fois sans doute.
@+
Commentaire de LtBlueb posté le 05-07-2007 à 22:38:00
bravo olivier et content d'avoir fait ta connaissance . A bientot sur les chemins
Commentaire de Say posté le 05-07-2007 à 23:15:00
Salut Oliv'
Et ben, quel programme! Je suis vraiment très content que le TGV se soit bien déroulé pour toi après ce Verdon difficile.
A bientôt dans un resto plus ou moins chic :-)
Coli
Commentaire de lolo' posté le 11-07-2007 à 12:19:00
Tres beau CR Olivier et belle performance
Nous aurons certainement plus de temps pour discuter tous ensemble à Cham' fin aout
a+
lolo
Commentaire de lechamois posté le 11-07-2007 à 22:49:00
Salut Olivier,
Bravo pour ton TGV car quand je vois ce que tu as fait comme course depuis le début de l'année je me demande comment tu arrives encore à courir :-)))
Ravi d'avoir fait ta connaissance et au plaisir de te recroiser.
Le_chamois_ex_essonnien
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