L'auteur : thunder
La course : Ultra Trail 100 Drômois
Date : 12/5/2007
Lieu : Crest (Drôme)
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Distance : 100km
Matos : Un sac runner Rlight avec deux pochettes endurance (veste top 340) et nourriture (1 bon kilo de bricoles diverses). 1 PB camp 0,5 l, un camel lafu entre 2l et 2,5 l, une polaire, deux frontales, une casquette brooks, débardeur puma, short long nike, manchette kalenji et manchon BV sport, chaussettes ascics d'entrainement, trabuc bien usées et 625X, gant lafu en néoprène.
Objectif : Se dépenser
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Que dire ... c'était beau, c'était long ,c'était chaud, c'est humainement faisable. J'ai eu des moments heureux, des moments pas faciles... Voilà fin de mon CR pour plus d'info il y aura une deuxième édition pour ceux qui veulent en savoir plus.
J'avais prévu de faire un CR plus introspectif mais finalement ça sera pour plus tard alors place au CR version soft.
Le choix
Octobre 2006, je rencontre Serge C qui deviendra mon entraîneur. L'objectif de cette fin d'année c'est la Saintélyon mais c'est aussi le début d'une coopération que j'espère encore longue.
Deux ultra courus en cette fin d'année 2006 avec du très bon et du moins bon.
Le très bon : le clair de lune qui me permet de passer ADDM sans difficulté.
Le moins bon : la saintélyon qui me fait découvrir le douloureux mur et ses tonnes d'acide lactique.
Avec Serge nous commençons à planifier la saison 2007. A la base je veux retourner sur marathon mais un drame se produit. Le 15/11/06 un certain Samontetro poste un CR http://www.kikourou.net/recits/recit-2157-ultra_trail_100_dromois-2006-par-samontetro.html
Mon dieu que c'est beau. Et voilà des semaines de réflexions qui foutent le camps. Que faire? Lara une amie, trouve les mots qui me permettent d'oublier le marathon de Lyon. Oui je serai dans la première édition de ce trail et oui je vais pouvoir m'en mettre plein les yeux. Merci Lara d'avoir fait basculer mon coeur vers ce pays magique.
Je me fais un peu chambrer par Raideur pour mes hésitations puis finalement ça sera ce trail dont on ne sait rien.
L'entraînement
Oui il faut aussi s'entraîner mais d'abord j'ai une saintélyon à boucler.
3 décembre au matin j'ai eu mal comme jamais, mais j'ai fini. J'ai tapé ce qu'on appelle un mur. Pendant quelques heures, j'ai réalisé que je n'avais pas de plaisir à courir. Ce fut très dur. Mais des objectifs extérieurs à la course à pied me rappelle que si je cours ce n'est plus que du plaisir mais aussi du travail.
Je rencontre aussi Fab, un ufo formidable, j'avais déjà vu sa tête dans Running attitude mais je ne le reconnais pas. Il est en face de moi, avec une grande gentillesse il m'écoute, et me réconforte après cette course mal gérée. Son sourire et ses mots, son timbre de voix, reste. Là au milieu du brouhaha de l'arrivée c'est le calme. C'est peut être un grand champion mais c'est aussi un homme d'une gentillesse rare. D'ailleurs malgré sa blessure il gardera le sourire aux 6 h de la Marmotte et aura quelques mots gentils pour moi.
01 janvier2007 je reprends à peu prêt remis de la saintlyon.
70 kilo sur la balance, je suis un beau bébé mais pour courir c'est pas ça.
La reprise se fait en douceur avec de mauvaises sensations
Le 28 janvier mon premier trail à 71 kilo , 5h30 de sensations diverses et un sac super lourd.
L'objectif c'est pour l'instant de devenir un traileur et un coureur d'ultra.
Donc jusqu'au 12 mai je vais bouffer des kilomètres par n'importe quel temps, n'importe où.
« Article 5 - L'UFO court partout, tout le temps, vêtu comme il peut. Il est tridimensionnel. ».
Serge gère ma montée en charge et mon régime. Je fonds et je m'affute.
Certains font un semi en prépa marathon moi ça sera le trail du Vulcain. J'ai une vague idée de ce que sera ce gros truc du 12 mai.
Après le Vulcain, car je suis aussi un coureur, je bouffe un petit bloc VMA, yes j'arrive même à courir sur du plat.
Maintenant j'ai 10 semaines pour être un traileur. Serge prépare un plan sur 12 semaines. Premier couac mais bon on réadapte le plan chaque jour ou presque pendant toute le prépa.
Je retrouve un matin Eugène, comme d'hab grosse leçon de course à pied et d'éthique. Etre et durer, ne pas s'attacher et être un félin, bref ma vie commence à changer. Serge me travaille encore le mental. J'accepte l'idée qu'à un moment ou un autre, la douleur voir la blessure sont possibles.
« Article 3 - La blessure est la pire hantise de l'UFO, car elle l'oblige à s'arrêter. »
On va donc éviter la blessure. Les douleurs, signes avant coureurs des blessures viennent me rendre visite, la fatigue aussi mais c'est recherché. Je récupère et assimile. Parfois j'en chie, je me souviens d'une sortie mémorable, le matin où je dors à moitié, le cardio est fou et moi je suis crevé, je rentre chez moi au radar en marchant et m'effondre sur le lit. Le soir sortie vélo.
Puisqu'on parle de vélo, j'ai bouffé des kils aussi comme ça dont une sortie mémorable de 135 kils qui me laissera un gros mal de fesses et un aperçu de la distance. 100 km c'est possible, je l'ai vu de mes yeux mais les fesses sur une selle.
Puis qu'on parle de sortie mémorables il y aussi le 29 avril le matin marathon de Lyon sur un vélo. Gros doutes, sont en forme les gars qui font entre 3h et 3h30 je dois pas être à leur niveau. Le soir, gros orage et pourtant je sors avec supersteph. Sortie magique de nuit, décalé mais c'est tellement bon.
Autre journée pas mal, le 1er mai la matin petite course et le soir séance de fractionnés en cote.
Après la course, je rencontre une grande traileuse et notre conversation éveille en moi quelques doutes. Suis je trop jeune? Vais je me casser? J'ai l'impression de partir la fleur au fusil, d'être un peu naïf.
Il y aussi des vacances en famille dans le Lubéron et des grosses rando trail en plein cagna. C'est magique je me gave de soleil, de sentier.
Pendant cette prépa il y a des choses qui bougent dans ma vie. La personne avec qui je passe un peu de temps devient un poids mort. La femme que j'ai aimé n'est plus sur la même planète. Après 5ans et demi d'amour, je réalise que nos chemins se sont séparés depuis longtemps. Surtout une rencontre va finalement m'aider à trouver le calme.
Sur un plan moins sentimental mais tout aussi personnel, cette année 2006/2007 est assez dur. Depuis septembre, le nombre de fois où j'ai vu mes parents se compte sur le doigts d'une main. Mon entraîneur en sait plus sur moi que ma mère qui était ma plus grande confidente. Le matin où on réalise qu'on s'est éloigné de sa famille pour la fac et la course à pied ça vous fout un coup au moral.
Toujours est-il que jeudi 10 après une brève nuit pour préparer en dernière minute un exposé, à 16h22 je suis dans le train pour Valence.
Les derniers préparatifs
Mercredi 9 je suis dans ma bulle prêt pour le grand voyage. Après une période de doute, depuis quelques jours je suis calme. J'ai fait le vide. Je sais que j'irais au bout. Pendant le marathon de Lyon je croise un traileur, coureur d'ultra contraint à l'abandon pour claquage. Il me dit des mots simples mais qui me porteront :
« je cours pour moi, j'ai rien à prouver et il y aura d'autres marathons ».
Oui je cours pour moi (pas forcément pour mon plaisir mais pour moi). Je n'ai rien à prouver à personne si je prend le départ c'est pour faire une belle balade. En même temps si j'arrive au bout ça montrera que Serge qui n'a pas les qualif FFA est un coach génial. Alors j'ai rien à prouver et tout à prouver. D'ailleurs Serge voudrait que je calcule mes temps de passage, j'ai bien essayé mais je n'y arrive pas, à quoi bon, j'aime courir alors plus c'est long plus c'est bon. Sans compter que ce trail va me permettre de m'habituer à l'effort long (non pas d'inspiration de la méthode Fab ) alors je suis prêt à découvrir.
Jeudi 10 après une courte nuit et un exposé avancé d'une semaine j'arrive à la gare chargé comme un baudet.
16h22 le train démarre, des dizaines de souvenirs reviennent (ça sera l'objet d'un autre CR)
17h30 plus ou moins, je suis en gare de Valence Ville, message de celui qui pour l'instant est encore Khanardô, il est en retard, pas grave je vais à la recherche d'un JI à la gare. Je croise un traileur, moment d'anthologie.
Il me parle de course dans la Drome ce WE et un truc de fou qui fait 100km.
- Heu non enfin heu oui je sais c'est pour ça que je suis ici
- ...
- Monsieur ça va?
- T'as quel age? Tu t'entraines comme un fou ?
- 21 ans
- ...
- Parce qu'en plus il faut s'entrainer??? oui enfin un peu quand même mais je viens surtout voir une bande de cyber potes. »
Voilà Khanardô, j'ai pas trouvé mon magazine.
Il charge mon bordel dans une kikouroumobil (autocollant certifié conforme )
Direction Beauchastel, wow encore des souvenirs (encore un CR)
Nous arrivons chez lui. Enfin le calme après cette dernière journée de folie, je me pose enfin. Les études sont loin, par contre les 3 becs se sont rapprochés.
On passe à table extinction rapide des feux.
Vendredi
6 h non là je vais quand même essayer de dormir un peu
9h30 bon on va faire semblant de se lever.
Salut Alain, planning de la journée petit déj, course, manger, dossard récupérer la tribu manger dormir. Un truc préoccupe gravement Alain, sa pelouse. Alors pendant que je me prépare
Pour penser à autre chose il a rangé trois fois le garage
Il a tondu le jardin... et celui du voisin. 1
Nous partons faire nos course à la Voulte. Passage à la maison de la presse, toujours pas ce foutu JI puis direction la pharmacie. Alain arrive avec une liste à faire pâlir un soigneur du tour de France. Pendant qu'on discute j'aperçois une pommade refroidissante pour les pieds. Bon on va tester ce soir et peut être que pour Saillans... La pharmacienne, quand Alain lui explique le projet que nous à concocté un certain Jack, file dans l'arrière boutique et revient les mains chargées de compeed. Cadeau de la maison.
Direction l'inter (encore des souvenirs pour l'autre CR). On fait nos course pour le samedi et surtout pour le dimanche. On croise la pharmacienne qui commence à se demander si on c'est pas un peu moqué d'elle.
Retour chez Alain, on avale une bonne grosse portion de pâtes avec du poulet à la vapeur.
Puis direction Crest pour récupérer nos dossards. Les 3 becs j'arrive.
On trouve assez facilement la salle. Bon les dossards ne sont pas prêts. Alors on attend, Tonio débarque avec un sac énorme (me sens moins seul), un gars de Roman débarque, il nous connaît de par nos écrits sur kikourou (wow c'est donc ça la célébrité). Puis avec Alain il échangent sur la combe après les 3 becs, ça va les gars arrêtez de me faire peur, mais c'est qu'ils balisent. Nan il déconne pour me faire peur pas sur j'ai comme un doute
Petit message à Castor, aujourd'hui c'est un vieux.
Les orgas débarquent, ils descendent de gros 4X4, gilet de reporter, lunettes de soleil, le visage tanné par le soleil, le gps à la ceinture, woooow ça en jette un max, kekejefoulà???
De suite il se dirige vers nous « salut les gars tient y a même des UFOS » (oui j'ai le fanion accroché sur le sac) « c'est qui le porteur ? » « c'est moi » regard un peu surpris, quoi j'ai 21 ans je suis quand même majeur? , « bon tu feras un beau CR à phil » « C'est qui Phil? un CR kesako? pas mon genre d'écrire des CR et je sais pas faire »
On récupère nos dossards. Entre temps, on rencontre Lolo, wow cette pression encore un tout bon. Par contre les bénévoles ignorent le déroulement des opérations pour le lendemain. Pas grave on va gérer.
Retour à la casa, préparations des sacs. Puis on va chercher les petits, dans le lointain le pylone nous observe, j'ai peur en même temps ce village ne m'est pas inconnu (encore des souvenirs).
On dîne correctement.
Je me prépare une omelette avec 6 oeufs et du jambon (coupé en deux elle fera aussi l'affaire pour le petit déj). Ce soir c'est patate pour moi et riz pour le reste de la famille. Pascale sort de la tome, ça va finir par ressembler à une raclette cette affaire.
21h la maison est calme, seul un jeune con dans la chambre jaune est au tel avec sa mère. Puis Castor m'appelle.
22h j'ai fini de me limer les ongles, j'ai les pieds enduit de nok et je ne trouve pas le sommeil. Je vide les messages du téléphones et j'en envoie un à Marie.
00h18 j'ouvre les yeux dans 12 min le réveil sonne.
Je me lève et je tatone vers la cuisine. Au menu ce matin une omelette, du riz, du gateau sport et du thé. Dernier repas du condamné, bizarrement j'ai un petit creux mais je n'ai pas vraiment faim. Alors je mâche et j'avale.
Je me couche sur le canapé en attendant le réveil d'Alain à 2h /2h30. Je ne dors pas mais je fais quand même le vide.
2h30 Alain est là. Je finis de me préparer, j'essaye d'aller au toilettes mais j'évacue peu. Une petite douche expresse, je veux être propre avant le grand rendez vous.
3h10 on part, « la route est longue mais l'aventure est au bout. ».
ça roule bien ce matin pour aller à Crest. On se fait dépasser par un 92. il doit aussi aller sur le 100km.
4h samedi matin, pfffff c'est pas une heure pour les honnêtes gens. A cet heure là c'est l'heure où on rentre de bringue pas où la bringue commence. En plus ça caille. J'apprécie mes manchettes sur le débardeur.
On retourne dans la salle avec nos sacs. A Saillans, j'aurais de quoi me faire une beauté et refaire le plein de bouffe si j'ai avalé tout ce qu'il y a dans mon sac. Il y a aussi des habits de rechange au cas où je me chie dessus (dsl mais soyons franc, le trail c'est pas le raffinement, l'homme se trouve face à lui même).
Contrôle des sacs, je m'arrange pour me faire contrôler par le grand Jack himself. Pas de cyalume, hop je fonce pour en acheter, ne serais ce pas nono la robote? Avant 10h je ne reconnais personne de façon formelle alors je prends mon cyalume et je retourne au contrôle. Jack se marre devant ma réserve de dragibus.
Petit briefing, si on écoute bien on a déjà tout le parcours de fait. Mais je préfère m'enduire de Nok, un photographe me prend dans cette posture qui fait penser à un chat qui se lèche les couilles. (pas cool pour mon image de marque)
Je vais voir hémé qui a l'air détendu dans les bras de nono la robote (donc c'était bien elle ). Il me chambre sur mon jeune age. Pas de ma faute j'étais pas encore né tu courais déjà
Le brief tire à sa fin donc si j'ai bien compris faudra faire gaffe car on risque de se perdre.
Petit footing pour aller au départ Jack nous montre le chemin. Avec Alain nous choisissons de tenir compagnie au serre file.
Le pont de Crest. Début plus ou moins officiel de la course.
La course
Donc le pont de Crest selon Alain c'est le départ mais nous n'en sommes pas sur alors on continue à marcher.
Sur le pont on aperçoit Pascal qui range son gros engin, dit tout de suite que tu veux pas nous photographier ça ira plus vite.
Petite balade dans Crest, le samedi matin avec le petit peloton de grands malades. Déjà devant ça envoie du gros mais il est hors de question d'avancer trop vite. Alors on marche. C'est magique la nuit nous appartient. On bouffe des escaliers, on papote. Oublier le temps et avancer, juste avancer. On monte toujours, nous quittons le village et on aperçoit nono. Toujours en queue de peloton on discute avec le serre file. Quoi la course a déjà commencé. On se regarde avec Alain et on lance les chronos.
Partir doucement très doucement. Je zieutte le cardio. Ma stratégie de course est simple pour le début de la course. Ne pas dépasser les 150 bpm (75% de ma Fcmax) sur le début du parcours, néanmoins vu qu'on est sur un trail je m'autorise des pics jusqu'à 169 bpm (niveau cardiaque ou après des heures d'efforts le coeur se cale).
Jack nous serre la main est nous encourage, moment d'émotion, à moi l'aventure rendez vous dans quelques heures à Crest. Si tout va bien
Nous voilà sur les hauteurs, bâtons interdits. Je joue dans les buis, le chemin n'est pas vraiment roulant, mais depuis que je suis gosse, je joue sur ce genre de chemins.
En direct de la fin de peloton, il y 3 kikoureurs (khanardô, Tonio, Thunder), 3 Ufos ( Tonio, Thunder, Georgio), 2 ADDM ( Tonio, Thunder). Pardon mais nous ne sommes pas rapide.
Nous voilà sur une piste bien roulante, mais on ne va pas trop donner alors au moindre faux plats nous marchons. On avance piano avec Alain.
Vaunaveys
Nous voilà à Vaunaveys, Pascal remballe encore son matos et fonce vers sa voiture; Ben non de non on est vraiment pas les stars du jour.
Premier pointage avec le directeur adjoint de course. (ça fait vraiment familial comme sortie).
Nous quittons le village, le jour n'est pas encore levé. Il ne fait pas chaud.
La balade avec Alain continue.
Nous quittons l'autoroute pour entrer dans un vallon.
Khanardô m'explique que le chemin que nous suivons est typique de ses parcours d'entraînement à cet instant, bifurcation, ça monte, c'est étroit et moins roulant. Je me cale dans la roue de l'ancien. C'est parti pour attaquer la bosse même pas peur; même pas raide, en haut on nous invite à monter, on dirait que c'est Jack qui nous appelle. On fait la bascule ça descend, il y a des rubalises JI, je pense à une amie particulièrement attachée à ce magazine.
Avec Alain nous contrôlons la descente, le cardio et les jambes ne s'emballent pas. D'ailleurs on fait une pause à mi descente pour gagner un peu de poids. Le chemin emprunte une crête, ça à l'air magnifique. Le traceur décide pourtant de nous faire basculer , pff c'est de suite un peu moins roulant.
Puis nous voilà dans les champs, il y des coquelicots. Je me gave on rattrape un coureur et on se fait déposer par une flèche.
Nous passons à coté de deux mini chiens de garde, on est partagé entre le rire et la prudence devant ces deux petits bouts de viande (même petite patate en impose plus).
On monte dans un village. Contrôle des dossards, je refait mes lacets, les bénévoles me chambre sur mon accéleromètre. .Je perds encore une fois mes lunettes. Petite accélération pour recoler Alain, passage dans l'herbe, pas sur d'où on met les pieds. Petite rivière, même pas peur, grâce aux bâtons je passe tranquille sans me mouiller les pieds. Devant nous un vieux habillé d'un simple t-shirt coton, d'une paire de chaussure de randonnée à tige basse et d'un sac type eastpack. On se regarde avec Alain, interrogations, il fait la course, oui il a un dossard. Wow rustique le vieux, il nous parle de 6000D et d'autre gros truc de malade. Avec Alain, on comprend c'est un montagnard, un Ardèchois, dur à la douleur mais têtu comme une mule.
Les Ourches
Nous voilà au premier ravito en liquide, la fontaine est juste à coté, je ne refais pas le plein des niveaux mais je me vire les manchettes, le soleil ne va pas tarder à dégager le ciel. Pour l'instant le temps est encore couvert alors on savoure.
Lolo a sorti le couteau, il bricole. Je finis de ravitailler. Alain est parti mais je vais recoler au prix de quelques efforts. (j'aime pas trop mais je ne suis pas encore prêt à faire course seul alors je prend le risque de griller quelques cartouches).
En recolant Alain j'ai une pensée pour Tonio et Lolo qui sont derrière, je sais que Tonio n'est pas rapide, je croise les doigts pour qu'il passe les barrières. Lolo m'inquiète perdre déjà du temps au premier ravito, pas bon.
Nous voilà sur une ligne de crête, dans le lointain la vallée du Rhône et la maison d'Alain. Un coureur lit les panneaux touristiques, me sachant un peu juste dans les délais j'évite.
Une bifurcation, nous hésitons puis nous restons sur le grand chemin. Descendre toujours, ne pas se hâter, économiser les jambes, mais depuis le départ il y a cette douleur sous la voûte plantaire droite. Oui mes appuis ne sont qu'éphémères alors la douleur laisse moi. Tient un pont, le traceur ne nous épargne rien, nous descendons encore dans le bas pour remonter, c'était pas plus simple de nous faire passer par le pont quand même.
Nous voilà sur une piste roulante, je reçois un coup fil :
« - allo sale gosse !
ho patate
alors sale gamin ça va comment?
Un peu mal mais les douleurs habituelles »
On parle encore un peu puis il retourne à son poulain qui lui fait de la vraie course à pied pendant 48h.
Nous sommes sur une pistes superbe qui nous conduit dans un parc à chevaux. Je me gave mais derrière nous le pylône nous observe, petite séance photo et pause vidange, urine toujours claires donc tout va bien.
Ça monte encore, une éponge au sol?
Maintenant selon le profil on attaque la descente vers Barcelone. Alain me fait comprendre qu'il ne se donne pas sur la descente et moi je trouve que je donne bien assez. Cette colline et ce vallon sont bizarre, en face de nous il y a une coupe de bois et au dessus un chemin dans quelques heures on sera là, mais on ne voit personne en face. On descend encore, voilà un hameau. Le balisage au sol nous guide.
Une chapelle en ruine, et des rubalises, je suisY4 mais j'ai encore un peu l'oeil.
Nous sommes sur le bitume, on marche, mais face à ce faux plats descendant, on se met d'accord pour courir. En levant la tête et en tordant le cou, on voit un château, nan pas ça, pas monter, et si, il y a des coureurs là haut. Passé le pont qui marque l'entrée dans Barcelone, remontée alors on y va cool.
Barcelone
Voilà le ravito, May est sur le point de repartir. Elle nous met l'eau à la bouche avec la rencontre qu'elle a fait hier soir mais ne veut pas nous en dire plus. Elle me rappelle que j'ai le fanion sur le dos. Bon c'est pas tout ça mais faut recharger ma machine pour avancer.
Un peu (beaucoup) de chocolat, de l'eau, mais pas de poudre, du pain d'épices, puis on va remplir les gourdes à la fontaine. Une locale nous demande ce qu'on fait. La caméra filme Alain avec des cachets , il affirme devant la caméra que c'est pas les siens bientôt il va nous dire qu'il peut aussi courir 100km.
Pendant ce temps je galère comme un porc pour remettre la poche à eau, finalement un bénévole me file un coup de main. Merci. Même si je dois être autonome, ça fait du bien d'être aidé.
Alain est déjà parti. Je relance doucement la machine, petit coup de fil à Serge pour lui annoncer que je suis en pleine forme et que j'ai 30 min d'avance sur la barrière horaire, je tombe sur sa messagerie. L'enfoiré , lui qui me disait qu'il était là sur toute la course, pas grave je suis grand, j'ai obéi à ses instructions. Petit coup de fil à Marie pour lui annoncer que tout va bien, messagerie aussi.
Putain mais le samedi à 8h tout le monde dort dans ce pays?
Je recolle Alain qui balance une taupe morte sur la route. On s'amuse comme on peut.
Ça monte, tient la voiture de Pascal. On va peut être avoir le droit à une photo en haut. Gagné, passé la tour, photo. On discute un peu puis on repart en douceur. Nos ventres commencent à vouloir du solide. On sort alternativement les sandwichs et on mâche. Puis on se recolle. La balade continue, on remonte sur une fille de courir en Layon, on parle trail, balisage, on passe au dessus d'une coupe de bois et en face le vallon qu'on a pris pour descendre sur Barcelone.
J'attaque quelques dragibus, une pensée pour Agnès qui m'avait conseillé d'utiliser des sachets congélations plus efficaces que le sachet d'origine. Notre petit peloton monte en douceur. On sort du bois toujours direction le pylône. Une hésitation sur le chemin. Une croix au sol, on dépasse un coureur, il semble un poil fatigué, démotivé. Nous continuons notre ascension. Le chemin a du voir passer des pieds. Nous basculons d'un coté de la crête, on alterne marche et course selon l'inclinaison du sol. En tournant la tête à gauche, je m'en prend plein les yeux. Cette vallée qui s'offre à nous, cette reculée. C'est trop beau. J'aime mes jambes qui me portent dans des coins aussi beau. Je pense aux gens que j'aime avec qui j'aimerais partager ce genre d'instant magique. (à l'écriture de ces lignes mon coeur s'emballe encore) merci Jack.
Bon c'est pas tout ça mais ça monte encore. Pensée pour rapace qui aime ça quand ça monte. Petite séance photo avec Agnès de courir en Layon. On continue notre balade. Sur la crête il y a d'autres coureurs. Mais pour l'instant on apprécie le 360° visuel qui s'offre à nous. Un gars de l'orga vient à notre rencontre, il paraît que sur le bas c'est débalisé. Sans dec...
Nous avançons sur les crêtes, c'est magique. Un peu de buis et de la pierre, Jura, montagnes de mon enfance vous êtes avec moi. Voilà le pylône, les portables ne passent pas sous l'antenne, Alain se prépare à engueuler lolo.
Ravito improvisé dans le coffre d'une voiture, je n'ai besoin de rien. Alain boit un peu on fait la jonction avec May qui va nous accompagner sur un bout de chemin. Selon le ravitailleur, fils du traceur croisé avant et dont la mère nous attend au ravito suivant (si cette course c'est pas familiale, je sais pas ce que c'est) dans 45 min on doit être à Cobonne. Il a mis une heure et demi à monter. Bon il ne faut pas trainer non plus car il y a une barrière horaire en bas. Alors on donne un peu car on a juste 10 min de marge sur les 45 min annoncées. En plus on arrive à se perdre . Grrrr la balisage devient minimaliste (juste un noeud de rubalise dans les arbres) Si je tiens l'écolo de choc qui trouve qu'il y a trop de plastique dans les arbres je lui fais avaler un des six kilomètres de rubalise du parcours.
On descend encore, je papote des potins de kikourou avec May (oui mon coté féminin qui ressort ). En même temps y a du gaz dans l'air. Désolé May la gaz team c'est aussi ça. Alain nous déclame un poème qui parle de douleur.
Vu qu'on parle de gaz et d'Alain, petite confidence entre nous. A un moment du parcours, je suis derrière Alain (comme sur les 55 premiers kilomètres) il me lâche un pets dans les dents, c'est super gras au son, je commence à me faire du soucis pour son short, mais selon lui c'est la Nok qui mouille le gaz. Mais pourquoi a t il changé de short à Saillans???
Reprenons nous descendions sur Cobonne, May se tord la cheville mais ça à l'air d'aller. On continue, petite porte, rue en sable voilà Cobonne
Cobonne
Petit village de caractère, son four à pain, (mangerais bien une pizza ), sa fontaine où les traileurs se mouillent pour arriver humide au ravito, son ravito. Avec eau fraîche, du pain, du pain d'épice, du chocolat et ses traditionnels pruneaux d'agen (bordel jack tu veux vraiment nous faire changer de short?). Derrière nous un coureur annonce son abandon. Ça me fout un peu les boules, abandonner au 40 eme kilomètre juste parce qu'on a pas envie et marre de se perdre, ça me fout un peu hors de moi. Il semble avoir fait son choix. J'ai une pensée pour Eugène, tu peux avoir mal, être découragé mais n'abandonne jamais sauf si tu es blessé.
On papote, on fait quelques photos, on traîne un peu trop, je recharge la poche à eau, le bidon.
ET on redémarre. Ouille, wow j'ai des genoux et des jambes. La descente a été violente. Je fais comprendre à Alain qu'après 7 h de course pour moi l'effort commence enfin.
Petit coup de fil à Serge pour lui annoncer mon état, puis à Marie. Je suis heureux d'entendre leur voix. On quitte la barrière avec 15 min d'avance. J'avale quelques haribos, Alain manque de continuer tout droit. La bonne nouvelle c'est qu'une fois cette barrière passée on peut prendre notre temps pendant que je suis au téléphone. Donc je vais récupérer en douceur jusqu'à Saillans qui doit être au 62eme kilomètre. Maintenant j'ai plus qu'à gérer, je suis dans l'effort, je branche la baladeur d'une oreille, et en avant guingamp.
On discute un peu avec May qui nous parle de sa pasta, on parle de nos champions et ufo préférés. Comme vous l'aurez sans doute compris, fan de Fab et elle fan de coureur solitaire. On disserte sur la gentillesse et la disponibilité de ces UFO. On parle de nos projets de courses. Je manque de me foutre dans un trou, c'est pas que j'ai mal aux cuisses mais c'est tout comme. Encore une descente le balisage est super. Sur notre droite Crest mais avant il faut s'enfoncer dans la vallée de la Drome pour aller à Saillans puis attaquer les 3 becs. Une descente dans le pins, on dirait le mont Baillard de Saint Claude quand je finissais pendu dans les arbres emporté par ma descente. Mais là j'ai mal aux jambes alors piano. Quelques branches dans la gueule plus tard, nous rejoignons le bitume.
Alain joue le guide touristique « alors comme vous pouvez le constater vous êtes face aux deux spécialités locales, les noix et le dindonneaux de la drome » en tout cas ça sent pas bon la volaille.
Une ferme avec un point d'eau, c'est l'occasion de refroidir la machine. On se mouille. Et on repart.
Pffffff après 500 mètres je suis sec, Alain a encore le mot « nous voilà dans le sèche cheveux » Plus de 25°c et un vent de sud effectivement on a pas froid.
On marche parfois on cours et surtout on boit. Les jambes ça va. Comme quoi on s'habitue à tout ou le lactique a été recyclé.
Accessoirement à ce moment on doit passer les 8h15 de course puis 8h23, je n'ai jamais couru plus longtemps, maintenant la découverte commence.
Nous voilà dans les vignes, on s'approche de Mirabel. Je chante ce qui passe dans mon baladeur. J'ai comme l'impression que c'est une chance qu'Alain n'ait pas de bâtons. Nous attaquons la monté sur Mirabel, je pense à un ravito minimaliste.
Mirabel
Je compte ne pas perdre trop de temps sur celui là. Mon sac est encore lourd, j'ai de l'eau dans la poche, j'avale mon bidon. Nous voilà au ravito. Rechargement du bidon, je suis prêt à repartir, mais là c'est le drame, un peu de chocolat. Miam slurp, oups je perds du temps mais j'apprends des nouvelles de la fraîcheur des gars de devant, c'est pas glop tout ça.
Bon je repars sachant qu'Alain me rejoindra, il est plus rapide que moi. Je gagne deux places. Yes c'est bon ça. (tient on dirait que je commence à me croire sur une course).
Alain me rejoins dans la descente. Au moment d'entrer sur le chemin, une remonté acide (9h15 de course), beurk, sale goût en bouche. Je fais la réflexions à Alain, il me demande si j'ai froid, à cet instant nous passons sous un arbre, ben oui j'ai froid pardi. Tu pisses? Ho oui! Ouf j'ai cru que t'étais bon pour un coup de chaleur. Je me mouille la tête par précaution et Alain fait de même.
Maintenant il faut rallier Saillans qui doit arriver au 62eme kilomètres. Selon mon accéléro ça doit pas être trop loin. On papote toujours et Saillans n'arrive pas mais les 3 becs se rapprochent.
On entre dans un village Alain connaît le signaleur.
Un jeune nous double à vélo, il fait le con. Et ton casque gamin!
Il fait toujours chaud, en contre bas un arrosage automatique pulvérise de l'eau, si c'est pas du foutage de gueule.
Nous entrons dans un sol qui me fait penser au colorado provençal, je repense à ces sorties dans la chaleur, aujourd'hui même pas peur. On relance dès que le terrain, le permet. Alain appelle Pascale, elle est surprise que je sois encore avec lui. On se marre bien, il joue le vieux guide mais n'empêche il a un peu de mal avec les balises.
On rentre dans le bois, nous longeons la vallée.
C'est long comment 100km? On est bientôt arrivé? C'est où Saillans?
Comme vous vous en doutez le voyage commence à être longuet. Pourtant physiquement je suis bien. J'avale un jambon beurre, quelques haribos, nous remontons un coureur qui a l'air d'avoir de la bouteille pourtant il semble fatigué. Je lui demande comment il se sent mais on dirait qu'il fait la sieste sur ses bâtons. On continue, je passe devant mais Alain ne suit pas, alors j'attends en mangeant des dragibus. Je sais que je dois m'économiser, nous sommes à mi course, je dois faire gaffe. Alors je laisse passer Alain en tête quitte à le pousser un peu . Je me sens bien dans mes habits, je vais peut être raccourcir la pause à Saillans pour gagner du temps sur la nuit.
62 km au compteur et Saillans on y est pas encore. Devant nous on dirait le soeur d'Alain et son beauf. Je vais aller recoler. Doucement je me rapproche. J'échange quelques plaisanteries sur Alain. Puis je continue, les graviers tapent le squat dans ma chaussure gauche , pas grave à Saillans je vide les chaussures.
C'est encore loin Saillans? nous rentrons dans le village, mon Camel est vide, le bidon est au plus bats, il me reste un demi litre de St Yor dans le sac. Bon c'est quand qu'on arrive commence à faire sec, j'aime pas ça.
Je rattrape un ufo que je surnomme Jesus, avec sa barbe et sa tignasse. On marche ensemble, on re-trottine. Voilà bientôt le ravito selon les spectateurs. Petite cotes et ravito..
Saillans (69 km à l'accéléro)
J'ai couru plus d'une saintélyon. J'ai jamais fait plus de kilomètres de ma vie de jeune coureur .
C'est le gros ravito de la course. Pour moi c'est aussi une source d'agacements et d'une possible perte de temps.
Je rentre dans la salle, la podo est en action, je souffle, je croise le gars de Romans.
Jesus montre son dos à vif. Je sais qu'ici je peux gratter des places.
Dans les chaises de récup deux gars sont allongés. Le premier a les pieds explosé, le second se fait chouchouter il est tour sourire. En même temps il râle pour avoir son sac.
En parlant de sac, je dois avoir un sac par là. Je vide les chaussures, descend les manchons, vire les chaussettes, les pieds sont en état, un peu beaucoup de nok, et des chaussettes propres, sur les mollet la crème apaisante akiléine. Hop je suis presque prêt à repartir. J'avale un peu de saucisson au ravito. C'est maigre comme ravito, mais rien à battre je dois être autonome. Une demi bouteille donnée par une bénévole me permet de préparer ma protéine à la vanille, glou glou hop c'est dans le ventre, je sais pas si ça apporte quelque chose mais c'est au moins bon au goût.
Alain arrive, il semble un peu découragé, il commence à parler abandon. J'aime pas ça.
Je recharge mon camel. Pendant ce temps un coureur pète une durite parce qu'il a pas son sac. Oui dedans il y a mes bâtons et des chaussettes. Les coureurs proposent leurs affaires. « Vous comprenez pas il y a des choses dont je rêve depuis le départ. Il y a un mois j'étais sur un 24h, alors si vous aviez fait ce que j'ai fait il y a un mois... »
Ça m'énerve, il y a un mois il était sur 24h et aujourd'hui il est sur un trail. Alors il se prend en charge et il emmerde pas le monde son 24h c'était il y a un mois.
Au fond de moi, j'ai l'impression qu'il a pas vraiment envie de continuer et la moindre contrariété est une excuse pour abandonner sans froisser son égo. A un moment le bénévole lui demande si officiellement il abandonne. Sa réponse m'énerve encore « Je n'ai jamais abandonner mais là vous m'obligez à m'arrêter sans ce sac je ne peux pas continuer et si vous aviez fait ce que j'ai fait il y a un mois vous... ».
Matthieu ne réagit surtout pas... Au fond de moi les seuls mots sont GROS CON. Mais je suis un jeune con alors je ferme ma gueule, boucle mes sacs, je vire la polaire,encourage Alain qui psychote sur la descente après les 3 becs et l'idée de finir dans la nuit. Je repars en douceur, mon gateau sport à la main.
Après 28 min de pause je sors de la salle.
Je croise le coureur avec les pieds explosés, il me fait un sourire, ce sourire est un des plus triste que j'ai put voir.
Je suis dans ma course maintenant, je redécouvre la solitude du coureur. Dans un marathon je suis à la maison.
Je passe mes coups de fils raideur, puis Marie. Les deux me font du bien. Raideur me rassure et me fait relativiser l'état d'Alain. Marie par sa force de caractère m'aide à trouver la force.
Je mange en marchant. Je repense à la vidéo de l'UTMB que j'ai encore regardé avec Marie. Un coureur explique qu'il faut redémarrer en douceur. C'est ce que je fais.
En contre bas un couple de coureur est là, je leur fais signe et je mange.
Je pense à l'electron qui me disait qu'en marchant on se rapproche de la ligne. J'applique maître, j'applique.
Ayant fini de manger j'appelle mes parents. Je suis cool, je rassure mes parents. Mais oui papa maman juste un marathon c'est rien. On parle et je monte. Je croise les panneaux. Je sourie intérieurement. En face de moi, les 3 becs.
Dernier coup de fil pour Alain histoire de le booster un peu. (oui je sais c'était méchant mais ça me faisait chier qu'il abandonne juste par manque de goût )
Je raccroche le tel, j'enfile les gants, branche le baladeur et zou c'est parti. Ça monte, c'est beau.
Coup de fil d'Alain qui est reparti, yes victoire.
On croise des gens qui sont assis dans l'herbe, ils me demandent mon secret, il faut juste mettre un pied devant l'autre.
Bon ça monte encore, Nous voilà dans les champs juste sous les 3 becs. J'ai la tête en l'air mais j'essaye d'éviter les bouses. Wow que c'est beau. Merci Lara de m'avoir encouragé à sauter le pas. Merci Jack pour ce parcours. Je pense au CR de samontetro. Je suis à l'endroit ou presque où les photos ont été prises. J'en ai une chance d'être en vie et ici. Je suis vivant j'avance, une pensée pour osthéo le mouvement c'est la vie.
Bon pour l'instant il faut grimper mais ça je sais faire presque aussi bien que rapace. Alors on met un pied devant l'autre et c'est parti. Je surveille le cardio et je grimpe. Facile, on dirait pas que j'ai 70 km dans les jambes.
Je remonte sur Jesus, il me dit un truc très con qui me fait rire. « ho je sais que je vais aller en haut je le fais avec ma gamine de 8 ans, alors si une gosse de 8 ans peut le faire... » Ouais tu l'as dit bouffi. Même pas mal.
On croise des foyers de charbonniers. Je repense à un camps scouts puis aux scouts, à mes scouts. Un jour les gars vous ferez peut être ça avec un sac sur le dos, on appelle ça un RED ou une explo. Oui j'ai fait du trail sans le savoir. En pensant à mes scouts je repense à scouts toujours « la route est longue mais l'aventure est au bout » Les aventuriers du bout de la drôme, ho que oui que la route est longue mais l'aventure est bien présente merci Jack.
Bon on monte encore je croise des promeneurs. Pour déconner, je demande si c'est encore haut, devant leurs mines déconfites, je lance finalement un : « je veux peut être pas le savoir ».
Ça monte encore et je vide un peu de liquide, je m'en fout plein le short en plus. Pas grave ça sèche vite, c'est du propre le trail.
Bientôt le sommet encore des promeneurs, même pas mal, je suis pas fatigué. Un orga me pointe on discute. Il me présente rapidement le prochain kilomètre et m'annonce un groupe devant. Les bons sentiments s'effacent je suis dans une course et en plus je suis parti le dernier ou presque. Devant ils sont partis trop vite, ils se sont tapé 1h30 de pause à Saillans, alors je vais pas les trainer parce qu'ils ont mal géré leur course. Maintenant c'est chacun sa merde ou presque (un début de colère m'habite)
Je recours sur plat et dépasse dans la montée. Bye les gars. Maintenant on joue sur les crêtes, je me coince les pieds dans une pierre, merdum manquerait plus que je bascule le pied accroché. Bizarre c'est pas la première fois que je me retrouve dans cette posture. Serais-je déjà un traileur?
Bon il faut continuer, derrière ils feront pas de cadeaux. Alors avance et fait pas trop de tourisme face de crabe. Coup de fil de patate, message de raideur tout va bien enfin comme après 75 kilomètres de balade.
Dans le lointain, une crête, un chemin et une putain de montée. A cet instant je maudis ouvertement cet enfoiré de Jack qui va rien nous épargner . Un gars sur la crête me rassure, ça monte encore un peu et après ça descend.
Ok ça descend mais pas moyen de courir c'est trop casant et j'ai comme qui dirait deux poteaux téléphoniques qui se greffent à la place de mes quadri.
Bon on attaque la descente, un 4X4 du parc monte. J'ai mal aux quadri, j'essaye l'étirement et je sens une grosse contraction des ischio, pas bon tout ça.
Bon on va descendre tout doux.
Coup de fil de serge, « serge j'ai des début de crampes » « marche, boit et au ravito verse toi de l'eau froide ça va fluidifier le sang après tu pourras allonger.» « te fout pas de ma gueule coach j'arrive pas à lever les cuisses » « je t'appelle dans une heure,bois, fais moi confiance, Sahèle t'appelleras aussi. » « merci serge merci ».
Bon j'avance on marchant, merci les bâtons, tient un 4X4 de l'orga,
Bonsoir bonsoir, pointage, on m'indique qu'Aude est au prochain ravito que c'est une infirmière elle aura ce qui faut par contre je dois pas draguer Aude. M'en fout Marie m'attend à l'arrivée. Et Marie c'est la meilleure
Le ravito.
Je me pose à terre. Aude voudrait que j'aille au soleil pour pas me refroidir. Je déconne sur une donnée de la course à pied il paraît que passé 25 km jours la course à pied à un effet anaphrodisiaque alors pas de soucis pour la fidélité de son couple, j'ai ma dose de kilomètres pour la semaine (80 km selon mon accéléro et 75 selon Aude).
Du chocolat merci Aude , de l'eau froide sur mes cuisses, wa ça fait un bien, merde crampe sous les côtes, c'est quoi ce bordel, j'ai envie de rire mais j'ai mal.
Bon je m'occupe de mon ampoule qui n'en est pas une.
Un jambon beurre et une barre de prot au chocolat (Aude se marre devant ma gourmandise de chocolat) .
Je lui dit qu'un pote doit m'attendre à l'arrivée, il a du passer il y a un certain temps. Elle m'apprends que Bertrand à abandonner à Saillans.
Merde c'est pas normal c'est un bon lui . J'entre dans le vallon je pense à Bertrand, je suis un peu sous le choc.
Depuis des jours, on me parle de ce truc de fou, un piège à cheville. L'avantage d'être jeune, c'est que là où les vieux ont peur, je m'amuse . Je saute de caillou en caillou. Même pas peur par contre les pieds sont chauds.
Je me gave de paysage mais je peux pas lever la tête sans me mettre en danger au niveau des chevilles. Le temps passe, je cogite. Je pense à Marie, à Fab quand je me crispe, je me souviens du sourire de Fab, la vie c'est tellement précieux, on va pas se crisper pour un mal de pied. Impossible is nothing. Pendant toute cette descente fab est avec moi. Sa voix me porte. Je pense aussi au calme que j'ai trouvé auprès de Marie. Alors je descend, l'esprit libre et ça passe.
Par contre le portable ne passe pas. Si je me fous en l'air je ne peux compter que sur moi et les gars derrières qui sont je l'espère assez loin et Serge ne vas pas pouvoir me joindre... Voilà qu'on sort du vallon, c'est roulant, et j'allonge sans difficulté, Serge tu avais raison. J'arrive à l'auberge des Dauphins, étrange fond de vallée, c'est magique. On se croirait dans les Alpes
Le ravito
Je vais refaire le plein, un coureur vient d'arriver, on pointe ensemble. Je commence à me préparer pour faire les niveaux quand les deux gars que j'avais dépassé dans le montée arrivent.
Ho pétard, mon sang ne fait qu'un tour. Je referme mon bidon sans le remplir, je chope un sandwich et je repars. Dans les bois, j'avale un morceau, j'enfile les gants, réajuste les bâtons et maintenant j'avance. Je suis entre 10 et 13 km/h mon coeur ne monte pas et je cours, je cours.
Je pense à Alain qui disait l'homme n'est pas fait pour courir longtemps, juste 500 mètres pour attraper sa proie. Et moi je cours, je fuis, je cours à en perdre haleine, mettre le plus de distance entre eux et moi. Je cours rien que ça. J'appelle Marie au vol, elle ne comprend rien « 'suis à une dizaine de kil de l'arrivée, 15 max, j'arrive je suis à 12 km/h dsl chérie je suis dans la course fin de com à toute ».
Passage devant les secouriste je gueule mon dossard, je fais un petit signe et je fonce. J'ai le feu au cul. Le chemin roule encore alors je roule.
Me voilà dans les bois ça remonte un peu, j'avale des haribo pour me retaper de ce sprint. Un motard arrive, je lui fais signe je veux savoir s'il a vu mes poursuivant, il ralentit à peine, 'spèce de connard va!
Maintenant ça monte je sors le profil oups il y a encore deux bosses avant Crest. ( j'ai un peu merdé sur ce coup ) La nuit tombe. Je monte.
Marie m'appelle, fait chier bordel s'ils sont juste derrière il vont calculer où je suis. Je fais au plus bref.
Je monte encore, le soleil décline toujours. Je sais qu'à un moment je vais devoir m'arrêter ouvrir le sac prendre au moins une frontale. Mais si j'allume les gars derrière vont voir où je suis.
Je monte voilà la bascule, pause j'ouvre le sac je vire la pochette sur le devant, je choppe ma meilleure frontale, je dégage la casquette, réajustement du sac et daille dré dans le pentu.
Putaing ça descend, c'est du buis. Matthieu tu l'as tellement dit que tu aimes courir dans la nuit il va falloir le prouver.
Alors maintenant je me lâche, je sens bien les crampes prêtes à me tétaniser, les ronces prêtes à m'accrocher pour tomber, les cailloux qui attendent de me casser les chevilles. Mais je suis un gars de la montagne, la montagne est mon élément, alors je glisse sur les pierres, je saute sur les ronces et les crampes même pas mal.
Je descends je pense à Jack,saleté de parcours, t'es un grand malade Jack.
Pas grave je suis en vie alors je cours. Je remonte sur mon ardéchois du départ.
Ho le con mais il cours encore le vieux. Il a peur de la nuit, de la chute. Je lui propose une frontale et je lui fait comprendre que je suis pressé. Il refuse la lampe, il a tout ce qu'il faut mais il aimerait bien arriver.
Il m'apprend que nous sommes dans les 30 premiers. Grosse surprise je pensais être parti avec le centième, ça veut dire que j'ai remonté 70 places??? wow je serais presque bon.
Mais pour l'instant y a des gros derrière qui vont pas me faire de cadeau. Alors j'allonge, merci serge d'avoir insisté pour que je garde cette capacité, j'allonge encore et encore.
Il fait nuit, j'aime. Dans le champs de la frontale je vois où je vais mettre les pieds. Coup de fil de Sahèle, je suis pressé, j'allonge, je m'attarde pas.
Coup de fil de serge dans ma tête dans 10 km je suis à Crest, il m'encourage à foncer mais me recommande de boire encore et encore pour éviter les crampes. J'allonge, j'allonge je suis dans la nuit, une ferme, un chien, j'espère qu'il est attaché.
Bon ça descend mais je suis seul, je doute, pfffff c'est long 10 km, petite pause pipi. Je relance, mais je cogite. Je cours mais je sais que derrière ils sont loin. Alors pourquoi courir? Parce que je suis en vie alors je cours.
Le découragement et là au bout de la route une tenue qui brille, une secouriste m'attend.
Le ravito
On discute, elle m'accompagne à la table de ravito. Merci pour cette présence, merci du fond du coeur . La chaleur humaine dans le froid de la nuit c'est magique.
Ravito devant le centre équestre, selon les gars de la table il reste encore 9 km,. Pardon? J'ai déjà 97 km au compteur. Je me souviens du tableau de Jack il doit rester 4 km. Bon pas grave je suis pas à 10 km prêt, je cours avec le temps et plus c'est long plus c'est bon.
Mais ça m'ennuie un peu quand même, je suis attendu à l'arrivée. Une verre de coca, je recharge le bidon. Un peu de choc. Je repars, le gars dont les parents sont sur la table m'indique le chemin. Je l'aime bien ce gars il est gentil, il donne des infos assez vraies.
Petite traversé de ruisseau, je suis dans le centre équestre. Je rejoins un coureur qui ne sais pas où est le chemin. On décide de faire la route ensemble, il profite de ma frontale puissante et moi de sa forme. On taille la route ensemble. J'ai du mal à rester à son niveau mais je m'accroche et lui ne file pas trop car il a peur de se perdre pour la 4eme fois. On parle encore et encore, d'ultra, d'ufo, de montagne, d'utmb, de vélo, d'effort. Je parle pour ne pas penser j'ai mal aux jambes comme tout le monde mais en parlant je n'y pense pas.
Je reçoit encore des appels sûrement Patate et raideur.
Puis un coup de fil inquiet, Marie a appris que le balisage pose problème ,elle a cru comprendre que j'étais avec un gars pendant un temps, elle a entendu parler d'un gars qui dit au spectateur qu'il suffit de mettre un pied devant l'autre , je suis fatigué, j'en ai plein les bottes mais j'essaye de la rassurer, oui je suis accompagné, tout va bien (enfin si on peut dire), je renonce à faire des pronostics sur mon horaire d'arrivée, je mets juste un pied devant l'autre. On continue avec ce V2. La route est moins longue mais elle toujours dure. Il parle UTMB balisage, j'avance.
Pendant ce tronçons il y a quelques images marquante, passage dans un champs avec de l'herbe jusqu'au cou, des milliers d'yeux de moutons, une rivière encore. Et puis nous montons vers Crest bientôt la ville s'offre à nous.
Dans ma tête, nous devons encore traverser. Crest.
J'en ai marre serge m'appelle, « ras le bol serge j'ai l'impression que je vais jamais arriver » « c'est dans ta tête c'est parce que tu veux faire 100 km mais tu vas arriver au bout, oublie la distance et avance » « ouais merci du conseil, le prochaine fois c'est toi qui t'y colle » « bonne soirée je t'appelle quand tu seras arrivé »
Je suis dans un état d'esprit, la lassitude pas la fatigue mais la lassitude. Mon camarade me parle physiologie. Ça me cause, je vais devenir une machine à courir. Selon lui le cerveau met le corps en économie. C'est donc juste mental. Il me lance tu as mal en marchant? Oui. Alors pour tant qu'à avoir mal autant le faire en courant... rah le con bien sur et puis quoi d'autre encore.
Finalement je relance AÏE tout mes muscles s'y opposent et pourtant j'avance j'ai finalement pas si mal que ça. Alors avançons. Maintenant je vais rentrer plus vite que prévu à la maison. On remonte deux coureurs qui marchent. Ils ne nous recolleront pas. La voix de Dominique (il ne m'a même pas dit son nom, je le sais aujourd'hui en lisant le classement) me dit tu vois il suffit d'avoir le mental. J'ajoute de mettre un pied devant l'autre.
Je ne sais plus quel coureur avait écrit le mental est le leitmotiv de l'effort. Ho que oui.
On avance l'allure n'est pas rapide mais on cours.
Voilà des feux, un gars nous demande si on remonte pas sur Die, désolé mais pas maintenant.
Passage sous la route puis remonté, merci Jack espèce de sale pervers.
Maintenant, je reconnais vaguement la route mais j'y crois pas. Pourtant le passage à niveau me confirme que nous sommes sur le chemin. A cet instant j'imagine le passage se fermer et les deux gars revenir.
Nous voilà vers la salle, nous nous dirigeons vers la parking, dans la nuit une voix nous appelle, c'est par là.
Alors on se dirige vers les barrières et on rentre dans la lumière mains dans la mains. Les puces bippent. Mon premier trail ultra s'achève.
On monte sur l'estrade et là dans la salle, tu es là , ce regard me transperce et me rends plus fort. Ce sourire me fait abandonner les soucis. Marie tu es là, tu es venue merci. A cet instant je ne savais pas ce que je ressens pour toi. Trop de sensations arrivent. Je suis vraiment excité et Nicnic arrive, la joie de retrouver des têtes connues après la solitude. Tout bouillonne de vie ici. J'ai des dizaines de choses à faire. Je ne sais plus où donner de la tête, il y a Marie, il y a Jack, il y a les questions des gens. Il y a ma machine qui voudrait que je me calme.
D'ailleurs je suis ailleurs, mon corps est là mais mon esprit est encore sur la course avec Alain, May et tous les autres coureurs nocturnes.
L'après course
Samedi tard dans la nuit ou dimanche tôt dans le matin :
On me sollicite pour manger et boire, je suis vraiment chouchouté
Je voudrais juste retrouver Marie.
Je voudrais me refaire une santé.
Finalement je me couche à terre histoire de relâcher puis je vais à la recherche d'une douche.
Selon Serge une douche froide pour récupérer il y a rien de mieux. Je suis dans la salle des douches, j'ai récupéré mes affaires accompagné par Marie. J'ai viré mes habits sauf mon short et mon cardio. Je me glisse sous l'eau froide. Pas assez froide pour me choquer. Mais suffisamment froide pour que vider du reste d'énergie que j'avais. Je suis recroquevillé sous l'eau. J'arrive plus à bouger. Je ne peux pas enlever mon short. J'ai plus de force pour faire autre chose que mettre un pied devant l'autre. Alors je sors de la douche, je me sèche et je m'habille comme je peux. Je me sens juste minable et impuissant
Retour vers la salle, manger un morceau, écouter Jack, se présenter. Il me dit que lorsqu'il m'a vu au départ il pensait pas que j'irais au bout. Pourtant je savais que j'irais au bout sauf soucis mécanique.
Je mange, Marie n'a pas faim.
Visite chez la podo, maintenant je peux me faire soigner. J'ai juste super chaud au pied, une bosse à l'endroit de la puce, et un troisième mollet qui est brûlant. On s'occupe de mes pieds, pour la première fois après un ultra je n'ai pas les pieds enflés grâces aux soins. Un osthéo vient me voir car j'ai du mal à bouger les orteils. Tout va bien.
Je retourne dans la salle, on discute encore avec Jack. Non j'allais pas m'isoler avec Marie, qu'est ce que tu crois Jack, j'ai un sac à récupérer.
D'autres coureurs arrivent. Je reçois un appel d'Alain qui jardine, je l'oriente. Tout va bien, maintenant, il n'y a plus qu'à attendre avec Marie (et ça je suis volontaire ). Jack me demande d'être présent pour la cérémonie protocolaire du lendemain. Je préférais filer un coup de main à Alain, on verra.
Alain arrive, quelle joie, il sera allé au bout. Je lui file sa casquette de kikoureur. Je suis heureux.
On mange encore avec Jack qui nous tient compagnie.
Il nous invite à la cérémonie du lendemain.
Il m'informe que je suis le premier espoir, sans dec pour une surprise c'est une surprise. Mais aussi que je suis deuxième senior, alors là c'est une surprise , c'est même une blague y a des seniors plus doués que moi. J'ai du mal à y croire.
On rentre chez Alain, on roule au pas.
On se couche et je m'endors, il paraît qu'il y a une fille super qui m'accompagne mais là faut pas me casser les pieds ça fait trois nuits que je dors peu alors là je vais ronfler comme un porc.
7h j'ouvre les yeux tient la fille super est toujours là
7h30 bon je vais essayer de me lever.
Une bonne douche, un petit déj léger et nous partons avec la soeur et le beauf d'Alain pour Crest.
Ho la vache que c'est haut un espace. J'ai mal aux jambes mais je suis heureux avec la petite brune qui m'accompagne, la vie est belle. Contre moi j'ai le t-shirt du trail. Je suis raisonnablement cassé mais heureux.
On se promène sur le village de la course, on papote, on croise d'autres personnes à l'allure cassée, on grignote, on retrouve May. Photo du vainqueur du marathon c'est un ufo, il s'appelle benoit. Je crois bien qu'il organise un super trail dans le pilat.
Je croise bisounours avec qui j'avais échangé après la sathoverte, elle m'avoue avoir suivi ma course. Elle avoue aussi que lorsqu'elle m'a vu à Sathonay, elle croyait pas que j'irais au bout.
Pourtant j'ai fait que mettre un pied devant l'autre pendant 18h45 pas de quoi casser trois pattes à un canard et je suis arrivé au bout.
Il paraît qu'il y a des chaises magiques alors je vais faire un tour. Pas totalement convaincu mais ça fait quand même du bien.
J'ai l'impression que Marie s'ennuie pendant que je me fais chouchouter alors dès que je peux quitter ce fauteuil je la rejoins. On se retrouve entre finisher. Que d'émotions partagées pendant une centaine de kilomètres. On assiste au spectacle, j'ai du mal à descendre mais le gars à coté de moi en bave autant, on attend pour le protocole.
L'ambiance est folle. Je suis euphorique. Techno à fond, applaudissements et jack qui anime le show. Les différents podiums sont fait, c'est à mon tour de monter, je suis pas très à l'aise. J'aimerais que Marie soit là car même si je cours pour moi j'aimerais partager ces instants avec elle.
Puis podium avec tous les finishers présent, j'adore. Un coureur me demande mon age, oui je suis jeune mais promis l'année prochaine je fais de la piste et je vous laisse les podium.
Photo de groupe nous y étions, la première de Jack, ce fabuleux cadeaux nous sommes une poignée à avoir pris le départ et encore une plus petite poignée à avoir fini. J'étais dans ces deux poignées. Pourtant avant la course je savais que j'allais aller au bout mais je ne savais pas que nous serions si peu une centaine de kilomètres plus loin.
Fin du protocole, retour chez Alain.
Le barbec vaut tous les protocoles du monde. Nous sommes une poignée. Rodo nous rejoins pour le café. Que de kilomètres partagés autour de cette table, de projet de grande balade. Que d'amitiés et de complicité autour de cette fabuleuse ratatouille, de cette délicieuse brioche aux pralines, de cette table. Merci les copains d'avoir fait de ce WE un moment exceptionnel.
Fin du CR
La vie après
Putaing ça fait mal aux jambe un trail.
Dans le train je suis assis par terre sur les sacs. Une panne un gars genre pousseur de fonte nous enjambe, je le prie de bien vouloir m'excuser car j'ai un peu de mal à déplier les jambes. Sa réponse : « faut faire du sport les jeunes, ça maintient en condition » On se regarde avec Marie, éclats de rire. Avec mon t-shirt de la course je lui lance un promis pas plus de 100 km d'une traite mais il est déjà loin.
Mardi soir, réunion du club, je suis accueilli presque comme un héros. Pourtant j'ai pas vraiment l'impression d'avoir réalisé un exploit. J'ai juste mis un pied devant l'autre pendant 18h45 ce qui veut dire que j'ai pas mal marché. Il paraîtrait que j'ai parcouru 100 km pourtant j'ai surtout passé une dizaine d'heures avec un homme exceptionnel par sa gentillesse. J'ai eu parfois mal mais en même temps je le savais qu'à un moment ou un autre j'aurais mal aux cuisses. Je n'ai fait qu'avancer et c'est tout, bref pendant 18h45 j'ai été juste vivant.
Merci aussi à :
Serge pour le travail accompli à deux
Patate pour ses gentillesse
Lara pour avoir trouvé les mots pour céder à cette invitation de Jack
Fab pour sa gentillesse
Marie pour sa force
Jack pour sa perversité
Aux bénévoles et orgas pour nous avoir permis de faire cette jolie balade
et tous ceux que j'oublie de citer ...
Bonne continuations à vous tous...
1Bénabar, L'adolescente
20 commentaires
Commentaire de Baobab posté le 18-05-2007 à 18:29:00
Yes man, prem'ssss
Bravo à toi matthieu. "Comme dit" au téléphone, ça me scie en douze ce que tu as fait. IN-CRE-DIB-LE !!!
Merci pour ce CR. Je m'en vais le lire, et passer un excellent moment.
bonne continuation (courage pour les partiels)
Vincent
Commentaire de may posté le 18-05-2007 à 19:10:00
t'es vraiment un sale gooooooosse!!!! y a pas à dire, je suis pliée de rires!!!!! alors l'UTMB (oui oui, je sais, encore un gros mot!!!) t'attend en 2008, moi, j'espère qu'à ce moment là je serai déjà en Grèce!!!! vivons nos rêves!!!! à bientôt, sale môme!
biz
May
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 18-05-2007 à 19:38:00
Bravo pour ce récit habité de l'intérieur et surtout bravo pour la perf ! En plus, tu as pensé aux vieux presbytes comme moi en choisissant une grosse police de texte. Sympa.
J'espère revoir tes cornes une autre fois (la dernière fois c'était au RTT, j'étais avec Mustang et Sylvain 61).
A propos des cornes et de ces petits diables émaillant ton récit, je m'inquiète : est-ce que Satan t'habite ?
Commentaire de Marie69 posté le 18-05-2007 à 20:17:00
"J'attendais mon mari à Saillant et j'ai demandé à un jeune si ça allait, il m'a répondu : il suffit de mettre un pied devant l'autre ! "
Qui aurait cru, qu'un jour, cette phrase me fasse autant sourire ?!?!
Très fière de toi Matthieu, et vraiment heureuse d'avoir pu partager quelques moments de cette formidable aventure avec TOI !
Merci d'être TOI...
Commentaire de le_kéké posté le 18-05-2007 à 20:29:00
Merci thunder,
décidement on est gaté, avec le récit khanardo et maintenant le tien, c'est parmi les 2 meilleurs CR que j'ai lu sur kikourou ...
J'ai été très touché par tes mots et par ta vision de la course c'etait très beau.
En tout cas cela me donne vraiment envie de tenter l'aventure l'année prochaine !!!
RDV pour mettre un pied devant l'autre un peu plus vite du coté de chez Béné dans plus très longtemps maintenant.
A+ Philippe
Commentaire de Olycos posté le 18-05-2007 à 21:50:00
Merci thunder pour ce superbe récit...
Cette force et ce mental que tu as...
Félicitation !!!
J'ai vraiment pris plaisir à lire ce CR plein d'emotions.
Encore bravo.
Commentaire de agnès78 posté le 18-05-2007 à 22:53:00
Mattt tu es vraimenggggggg un sale gaminnnggggg
Mais surtout, ne change rienggggg!
MA-GNI-FI-QUE!!!
Et un énooooooorrrrrrrmmmmmmmmmmmmeeeeeeeeeee BRAVO pour ta course!
Et un grrrrrannnnnnnnddddddd MERCI pour ce FA-BU-LEUX récit!
Surtout ne change riengggggggg!
Tu es tip top!
bises Matt et j'espère à très bientôt!
agnès
Commentaire de Say posté le 18-05-2007 à 23:45:00
Salut Matt'
Ce CR là, on l'attendait de pied ferme! Incroyable ce que tu peux être mature en fait malgré ton jeune âge. Avec toi, on pourrait croire que les montagnes finissent par se rencontrer.
Récupères bien et bon courage pour ta fin d'année scolaire (il fallait bien que je venge l'honneur des vieux que tu as laissés derrière toi, non???)
A peluche et encore bravo
Coli
Commentaire de L'Castor Junior posté le 19-05-2007 à 01:43:00
Matthieu, ne change rien : tu es vraiment un sacré bonhomme !
Quelle progression en quelques mois !
Et, franchement, faire son premier 100 bornes sur cette course, c'est vraiment un véritable exploit.
Le physique était au rendez-vous (c'est indispensable), mais, surtout, tu as eu le mental nécessaire à la mise en musique de cette aventure.
Vraiment, gamin, tu es un grand !
Au plaisir de te retrouver bientôt,
L'Castor Junior_ki_fait_ses_24_heures_APRES_les_trails_pour_ne_pas_emme..er_les_bénévoles...;-))
Commentaire de titifb posté le 19-05-2007 à 07:22:00
La meilleur façon d'courir, c'est encore la tienne, on met un pied devant l'autre et faut r'commencer ! Dans la troupe y pas d'jambes de bois y a Thunder, et ça se voit !
Original : Comptine pour marcher:
Dans la troupe
Dans la troupe y a pas d'jambes de bois
Y a des nouilles mais ca n'se voit pas
La meilleure façon d'marcher
C'est encore la notre,
C'est ce mettre un pied d'vant l'autre
Et d'recommencer.
Pas en avant (un pas en avant)
Pas en arrière (un pas en arrière)
Sur le côté (On écarte les jambes)
Collé (On joint les pieds en faisant un saut)
Que d'émotions dans ton CR !BRAVO THUNDER
Commentaire de jack26 posté le 19-05-2007 à 14:17:00
Bravo !!!
Rien a redire ton cr est à la hauteur de l'aventure que tu a fait !!
Grandiose !!
Bienvenue au club des 100 !!
Jack
Commentaire de eric41 posté le 19-05-2007 à 21:28:00
Bravo Matthieu pour cette course et ce merveilleux CR.
Si jeune et si mature.Tu vas pouvoir gravir l'Everest avec cette pêche.
Eric
Commentaire de patate posté le 20-05-2007 à 09:50:00
Matthieu
Je te l'ai déjà dit, je te le dis quand même bravo sale gosse, et ça m'a fait plaisir de te passer ces coups de tél, je voulais savoir ou tu en étais, mais j'étais sur que tu allais le manger, ce 100 kms.
Bravo aussi à Serge qui a fait du super travail mais avec toi, ça a l'air simple.
Ton CR très riche d'enseignement m'ai fait rire, m'a ému aussi et est encore un monument.
Alors bravo encore thunder et à très bientôt
Patate_fan_du_thunder et tite patate aussi
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 20-05-2007 à 11:32:00
Mathieu... Tu esvraiment un sale gosse, ça c'est sur.
Mais tu es surtout un gars plein d'humour et sacrément
doué pour les récits. (je passe sur tes talents de coureur...)
Je suis heureuse de te connaître (tiens tu es un des premiers
Kikoureurs à qui j'ai donné RV sur une course...)
Merci pour ce récit, trop long, comme d'hab, mais si bon !
RV le 2 juin pour le départ au Pic, je te chargerai avec
plaisir dans le coffre de mon Nissan toi ton enorme sac à dos !!!
NoNo_l'escargot_ta_voisine_de_l'Ain
Commentaire de golum posté le 20-05-2007 à 22:05:00
Bravo Thunder, superbe CR et course pas trop mauvaise ;o)... Comme d'hab.
A bientot sur une autre petite coursette.
Amicalement...
Commentaire de Tortue géniale posté le 21-05-2007 à 09:43:00
J'aurais bien aimé partager tous ces moments avec toi, ton récit m'a pris au tripes.
La route est encore longue avant mon premier 100 km, elle est longue certes, mais je compte bien me lancer dessus ! j'ai trop de choses à ressentir.
Tu peux être fier de toi.
Biru.
Commentaire de Khanardô posté le 21-05-2007 à 11:44:00
Yooooo...
Ça valait la peine de l’attendre ce récit !
Merci Matthieu pour ce long récit qui a ensoleillé mon lundi matin, heureusement que j’étais seul le plus souvent dans le bureau, parce que les éclats de rire…
Bon, ben je sais pas quoi dire, moi...
Je pense à une chanson de Lalanne, un vieux truc d’il y a au-moins 22 ans ( !), qui disait «La plus belle fois qu’on m’a dit «je t’aime», c’est un mec qui me l’a dit.»…
A peluche mon poto.
Commentaire de taz28 posté le 22-05-2007 à 12:02:00
Matthieu,
Je viens enfin de prendre du temps pour lire ton récit !!
Magnifique !!
Tu es entré dans la cour des grands...Pour un gamin c'est pas si mal ;-)))
On sent que l'amour te va bien et te donne des ailes, alors je te souhaite tout le bonheur du monde !!
Encore bravo pour ta superbe course et ce podium mérité.
Bisous
Taz
Commentaire de nicnic38 posté le 22-05-2007 à 13:30:00
c'est long mais c'est trop bon!
vivement ton prochain CR...
Sinon RV au Pic!
Nicnic
Commentaire de chtigrincheux posté le 15-09-2007 à 11:14:00
Après relecture je reste sans voix une seconde fois
Des rires aux larmes ,des doutes aux déterminations
Du » j’men fiche de moi » à « je l’aime »
Je ne te sort pas la brosse à reluire (tu serai peu être trop content)
Si avec cela tu a encore des doutes qu’en à tes capacités ……
A quand le livre ! ! ! !
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