Récit de la course : Paris-Brest-Paris 2011, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Paris-Brest-Paris

Date : 21/8/2011

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

Affichage : 5114 vues

Distance : 1260km

Objectif : Pas d'objectif

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Le Lapin et la Tortue

Paris-Brest-Paris (ou plus facilement écrit PBP), pour un cycliste, c’est une épreuve « mythique ». Elle a lieu tous les 4 ans depuis 1891. A l’époque, la devise de la course était : « ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » ! Avec l’évolution des machines et l’amélioration des routes, cela est devenu tout à fait faisable pour tout cyclo bien entrainé, mais ça fait toujours 1235 km pour 10400m de dénivelé positif avec 8 villes étapes. Une fichue ballade quand même ! Et, même si ce n’est pas une compétition, ça reste quand même une course, surtout pour les premiers à partir avec lesquels nous comptons nous mêler !

Voici un extrait tiré du site internet de la course qui résume bien l’esprit de l’épreuve.

« Les organisateurs de PBP acceptent l'esprit de compétition, mais ils ne voient pas PBP comme course. La différence est subtile et elle se trouve dans la convivialité. Tandis que la course est plus une bataille avec un seul vainqueur, la randonnée doit être un instant de convivialité et de plaisir. Ou comme un ami non-randonneur me l’a dit un jour: « C'est la recherche d’un cyclisme parfait, sur n'importe quelle distance, par n’importe quel temps, en autonomie ». 

4998 cyclos au départ (3980 à l’arrivée) soit 20% d’abandon pour 2011; 40% de cyclos français maximum, le reste venant des 4 coins du monde

http://www.revolvermaps.com/?target=enlarge&i=4744w77wno8&color=ff0000&m=0

 

Le règlement est simple : il faut respecter le code de la route. A peu prêt tout ce qui roule et qui est propulsé par la seule énergie musculaire est autorisé. Si les vélos classiques sont les plus nombreux, on voit aussi de drôles de machine. Dans le matériel obligatoire figurent : un éclairage performant et un gilet réfléchissant. C’est tout !!! On est loin des « obligations » de plus en plus draconiennes imposées par certains organisateurs frileux de raid qui sortent le parapluie du « principe de précaution » en encourageant l’assistanat permanent (mal franco-français qui ne concerne hélas pas que les épreuves sportives). Ici, c’est à chacun d’être responsable et autonome ! Ne faut-il pas l’être en toute circonstance dans la vie ?!

      

On voit de toutes sortes de machines roulantes sur PBP, même si je pense que 90% sont des vélos "normaux" 

 

 

 J’ai fais cette présentation de la course pour expliquer que la « philosophie » des organisateurs (autonomie, liberté, responsabilité, convivialité, etc…) me convient tout à fait et que depuis 2007, après que  le Lapin nous ait fait le récit de sa première aventure, c’est une épreuve que je souhaite boucler. Dans les premiers temps, il a été question que nous la faisions à 3 avec le Papy, le Lapin et moi-même. Finalement, le Papy a préféré se consacrer d’avantage au triathlon. Et c’est donc avec le Lapin (Eric, deuxième PBP) et 2 de ses camarades du club de Clapiers (Hérault), Gérald (cinquième PBP) et Patrick (deuxième PBP), que nous débuterons l’épreuve. Je connais déjà mes compagnons de route, car ils m’avaient très gentiment accueilli lors d’un stage montage en 2008 au Grand Bornand que j’avais fait pour préparer mon premier Embrunman. Ce sont de sacrés gaillards, très expérimentés, qui ont l’habitude de rouler ensemble depuis de nombreuses années. Contrairement à moi, ce sont tous de vrais cyclistes. En 2008, lors du stage, ils m’avaient fait forte impression, mais mes progrès en vélo depuis 2008 me laissent espérer pouvoir suivre leur rythme. Cependant,  je ne me considère pas comme un vrai cycliste, mais comme un sportif d’endurance polyvalent : (ulta)trail, raid de CO, (ultra)triathlon, vélo, marathon,  tout me plait pourvu que ce soit long et régulier. Cela fait depuis 2003 que j’ai incorporé un peu de vélo dans mon entrainement pour soulager mes articulations, mais je ne fais « sérieusement du vélo » que depuis 2008, c'est-à-dire depuis mes débuts en triathlon.

7100 km en 2008 ; 7900 km en 2009 ; 8500 km en 2010 et pour ce PBP,  j’ai fait une préparation vélo plus importante, qui me permet d’être à 11960 km au compteur au départ de ce PBP c'est-à-dire après seulement 7,5 mois sur l’année 2011, ce qui d’après Eric qui me coache à distance devrait être largement suffisant.

Nous partons en autonomie, mais comme Gérald a un véhicule d’assistance, nous espérons pouvoir en bénéficier au moins sur les 400 premiers km. La météo s’annonce très capricieuse, mais pas froide et comme je ne suis pas spécialement frileux, je pars assez léger (je n’écris pas « light » car si mon papa lit ce récit, il va me gronder pour l’anglicisme !). Ma tenue de vélo est la suivante : cuissard court Assos FI13, maillot de corps à maille, maillot cycliste manches courtes de « l’Ardéchoise » très pratique avec ses grandes poches, casque Ekoi, mitaine décathlon. Dans ma sacoche arrière,  j’ai mis : gants de soie, jambières, manchettes, cuissard de rechange, buff, casquette, couverture de survie, petite frontale de secours, quelques barres et pate d’amande en secours, 3 recharges de poudre énergétique. Et j’ai mon coupe vent sans manche qui fait gilet réfléchissante et une veste chaude dans un zip-lock coincés dans le filet de la sacoche

Et pour le matériel : mon vélo Specialized Tarmac Pro customisé pour la longue randonnée avec sacoche arrière Chapak et lumières (mais sans les prolongateurs de triathlon qui sont interdits sur PBP), roues R-SYS, chaussures Specialized S-Works, développement : 50/42 devant, 12/25 derrière.

Il n’y a plus qu’à pédaler !!!

 

  

Devant chez moi, à Nantes, l'avant veille du départ pour les derniers réglages

 

 

  

La tortue, Patrick, Gérald, Le Lapin, les 4 mousquetaires ! 

 

 

C'est parti !!! Je me fais griller sur la ligne de départ par un basque espagnol et par un italien ! 

 

 

Etape 1 : GUYANCOURT / MORTAGNE     140 km                       970m D+

 

Dimanche 21/08/2011, 16h25, nous nous élançons en première ligne de la deuxième vague de 400 cyclos (les premiers sont partis 15’ avant). Les 15 premiers km se font derrière des motos ouvreuses, sur route fermée à la circulation, à allure imposée et limitée (30km/h). C’est très bien, ça permet un échauffement en douceur. Mais, à peine les motos écartées, voilà que Gérald « attaque », relayé par le Lapin. Fichtre, on est quand même à plus de 1200 km de l’arrivée et on est déjà à plus de 40km/h ! Bon, je prends mes relais, histoire de ne pas laisser les copains tout seul, mais je sens que je n’ai pas de super jambes, donc je fais des relais courts. Gérald et le Lapin en remette des couches, bientôt relayé par d’autres cylos revenus de l’arrière. La tactique de mes amis de Clapiers est simple, en roulant fort, cela oblige les bons rouleurs à remonter devant sinon ils risqueraient de se faire lâcher et cela décourage les moins bons. Je comprends la tactique, mais franchement sur une course de 1200 km, est ce bien nécessaire ? N’ayant pas le recul et les compétences pour juger, je me contente de suivre le rythme en faisant confiance à mes amis montpelliérains.

Au bout d’1 heure environ, le groupe de tête est constitué, mais 2 compagnons de route peu recommandables font leur apparition : le vent défavorable et un soleil de plomb ! Les deux cumulés font que l’on se dessèche à vitesse grand V sur nos vélos ! Je suis pourtant parti avec 1.5l de boisson, mais déjà au bout de 50 km, je dois commencer à me limiter dans mon hydratation et le prochain ravitaillement est au km140 !!! De temps en temps, j’essaie d’attraper une bouteille au vol tendue par des habitants, mais à 40 km/h, ce n’est pas évident, voir même dangereux.

En plus, je me rends compte combien mon manque d’expérience pour rouler en peloton m’handicape. Comme il y a beaucoup de vent de ¾ défavorable, il se forme des éventails, et je ne sais pas comment je me débrouille, mais à chaque fois, j’ai le nez dans le vent, incapable de bien me placer. Ensuite, comme on rattrape des groupes partis dans la vague précédente qui forment aussi des éventails sur une bonne partie de la largeur de la route, il faut doubler sur la voie de gauche sur une largeur très réduite. Tout ça à 35 km/h minimum. Je ne suis pas à l’aise et je suis crispé sur mon vélo, et à la fin de chaque dépassement, je me rends compte que j’ai perdu beaucoup de terrain sur les copains. Je fais donc un effort supplémentaire pour remonter dans les premières places du peloton. Bref, je sens bien que je suis en train de me cramer doucement mais surement, mais comme je ne veux pas retarder le Lapin et ses copain ni perturber leur organisation, je le fais quand même ! Je sais, après analyse à froid, c’est complètement idiot, mais sur le coup je n’ai même pas envisagé de faire autrement, confiant, peut être trop, en mes possibilités ! Péché d’orgueil !

 

Mortagne au Perche, km 140, premier arrêt, mais pas de pointage, à peine le temps de changer les bidons et de remplir les poches avec la musette que j’avais laissée dans la voiture de Gérald (merci à Frédéric et Matis, nos 2 assistants suiveurs pour leur implication discrète et précieuse), et zou, nous voilà repartis. 2’ d’arrêt maxi ! Complètement idiot vue la déshydratation dont nous souffrons tous !

 

 Etape 2 : MORTAGNE / VILAINE    80 km              607m D+

 

 

J’ai bien bu à l’arrêt de Mortagne et tout de suite, je sens beaucoup mieux tourner mes jambes, mais après quelques kilomètres, je sens que je ne me suis pas encore assez hydraté : j’ai avec moi 1.5l d’eau + 0.25l de coca + 0.5l de riz au lait à boire, mais malgré tout ça, le déficit hydrique est tellement important depuis les 2 heures que l’on a poireauté en plein cagnard avant le départ que je suis obligé de me limiter dans ma prise de boisson si je veux atteindre le prochain ravitaillement. Heureusement, la nuit tombe, et la fraicheur arrive, en même temps que le vent faiblit ; mais le rythme devant ne ralentit pas, toujours plus de 30 km/h de moyenne ! Je sens bien que je n’ai pas mes jambes des mois de juin/juillet, mais j’arrive encore à suivre sans trop de problème, me gardant bien cependant d’aller mettre trop le nez devant.

 

 Etape 3 : VILLAINE / FOUGERE    90 km              612m D+

 

 

 

C'est sur cette étape, pourtant pas très difficile que je vais connaitre mes premières vraies difficultés. Sur la fin de l’étape, c’est une succession de longues montées pas très pentues et de descentes rapides. Mes jambes ne répondent plus correctement dans les montées, je suis obligé de mouliner malgré des pourcentages faibles et je rétrograde dans le peloton. Dès que la montée est finie, je fais un effort pour me replacer dans les premières places. Et à chaque côte, le même processus se reproduit, je rétrograde jusqu’en fin de peloton et je remonte devant dans la descente. Ceci jusqu’à un hameau qui s’appelle « mont Romain » où je vais me faire carrément décrocher du groupe pour la première fois de la course. Je sais qu’on est plus très loin de Fougères, donc pour ne pas retarder le Lapin et ses copains, je fais un très gros effort solitaire pour rentrer et je réintègre le peloton en arrivant dans les faubourgs de Fougères. Il est 2h30 du matin, 10h15 de course, 310km (le ¼, seulement !) de fait, et déjà, je suis bien entamé !

 

 Etape 4 : FOUGERE / TINTENIAC  54 km              283m D+

 

 

 Une étape courte et facile a priori, le Lapin est devant et même un bon train, régulier et moins fort que sur le début de la course. Son coup de pédale est d’une régularité hallucinante et rien ne semble difficile pour lui, j’admire de l’arrière, c’est superbe ! Je suis à peu prêt correctement le rythme en début d’étape, mais je sens bien que mes jambes n’ont décidément pas leur efficacité habituelle dans les côtes. Comme nous estimons l’étape trop facile, nous allons louper involontairement une flèche directionnelle et quitter le parcours. Je vais enfin pouvoir servir à quelque chose grâce à mon GPS, qui va me permettre de ramener le petit groupe que nous formons sur le bon chemin avec une rallonge de 6 km environ. Ca sera à peu prêt le seul moment de la course où j’aurais eu un intérêt pour mes compagnons de route ! Le reste du temps, je serais le boulet à trainer. Le Lapin et Patrick devant pour mener l’allure, moi sur leur porte-bagage et Gérald derrière moi qui me met une petite poussette aux fesses de temps en temps quand la pente est trop dure pour moi (et pourtant, il n’y a rien de bien méchant !). C’est quand même très curieux ce manque de force dans les montées ! Certes cela fait déjà quelques semaines que je n’ai pas de bonnes sensations à l’entrainement (depuis l’Altriman mi-juillet), mais après 10 jours de repos complet pendant mes vacances familiales, je pensais que j’aurais retrouvé la pleine possession de mes moyens, mais visiblement il n’en est rien car au bout de 400 km, il faut bien le reconnaitre, je suis pas loin d’être déjà un peu cuit ! 

 

 

Etape 5 : TINTENIAC / LOUDEAC  85 km              648m  D+

 

 

Je n’ai pas de souvenir très précis de cette étape. Sauf le début avec la longue montée vers l’antenne de Bécherel que je connais car mon brevet de 400 passait par là. Je me souviens très bien avoir monté cette bosse en mai, grand plateau, et menant le groupe ; alors que là, je suis scotché au bitume, « tout à gauche ».  Ensuite, il me semble avoir eu un regain de forme, peut être avec l’arrivée du petit jour, malheureusement accompagné par un crachin breton bien pénétrant ! Comme nous sommes toujours avec Gérald, nous décidons de continuer à bénéficier de sa voiture suiveuse, et comme nos musettes sont vides, Frédéric va aller très gentiment nous faire quelques courses pour que nous puissions continuer à nous restaurer.

 

 

Etape 6 :  LOUDEAC / CARHAIX 76 km                 613m  D+ 

 

Je n’ai pas de souvenir très précis de cette étape non plus. Cette une étape accidentée où j’ai du encore m’accrocher et retarder mes camarades dans la moindre bosse. En revanche, sur le plat, les jambes ne tournent pas trop mal. Je suis rentré dans l’inconnu car jusqu’alors je n’avais jamais roulé plus de 400km de suite. En effet, j’avais fait, sous les conseils d’Eric, mon brevet de 600 km avec une étape de quelques heures où je m’étais arrêté chez mes parents au bout de 350 km pour repartir frais comme un gardon le lendemain matin et finir les 250 derniers km tout seul, sans problème, malgré un fort vent de face ! Mais, à cette époque (fin juin), j’avais des jambes de feu que je n’ai pas sur ce PBP ! A Carhaix, je me souviens avoir mangé un casse croute préparé par Frédéric sous un timide rayon de soleil pendant que le Lapin continuait à entretenir son blog en direct avec quelques vidéos.

http://pbplive.blogspot.com/2011/08/cofrole-carhaix.html 

 

Etape 7 :  CARHAIX / BREST 92 km                       738m  D+

 

 

Cette étape là, en revanche, je m’en souviens très bien ! A cause de la difficulté que je vais avoir à la boucler car nous allons traverser les monts d’Arrée. Certes, ce n’est pas l’Alpe d’Huez, mais il faut dire que ça monte et ça descend tout le temps, avec l’ascension du Roc Trivezel, point culminant de la Bretagne. Le parcours est magnifique, notamment dans la montée vers le Huelgoat, dans une forêt dense et mystérieuse, où on peut s’attendre à voir surgir à tout moment un korrigan ou autre farfadet qui viendrait se moquer de moi ou me mordiller les mollets pour me punir de ma piètre vitesse ! Je connais un peu le coin, j’y suis venu taquiner la truite dans ma jeunesse, mais les élevages sur lisier ont de plus en plus raison des salmonidés bretons ! Nous passons le roc Trivezel qui domine au dessus de Sizun, sur le parcours du triathlon que j’avais fait il y a 2 ans. Passage magnifique dans une zone désertique et aride.Encore quelques grimpettes et Brest est enfin en vue. Nous traversons l’embouchure de l’Elorn et pouvons admirer la vue sur le fond de la rade de Brest bien grise par ce temps couvert. Il reste encore quelques kilomètres interminables dans les rues et sur le port de Brest pour arriver au ravitaillement de Brest. Il est 15h05, nous avons mis 22h30 pour arriver là. Le Lapin, même dans ses prévisions les plus optimistes pensaient qu’il nous faudrait 23h. Cela fait plus de 30 km/h de moyenne roulante. Il s’agit d’une allure totalement suicidaire pour moi, j’en suis bien conscient. En plus, cette vitesse folle sur la première moitié de la course est totalement contraire à ma tactique habituelle en trail ou en tri, où je pars en général doucement et du fond du paquet pour finir fort. Mais là, néophyte sur ce genre d’épreuve et encadré par des routiers expérimentés, je me dis que ce qui est pris n’est plus à prendre.De plus, je compte beaucoup sur cette halte pour me refaire la cerise. Nous avons prévu de faire un vrai repas à la cafétéria où nous allons nous sustenter copieusement. Mais, je n’ai pas l’estomac très en forme et mon repas a du mal à passer. Je me force malgré tout à tout à manger car je sais qu’il faut mettre de l’essence dans la machine !

http://pbplive.blogspot.com/2011/08/controle-brest.html 

 

Je fais une petite parenthèse dans le récit pour expliquer comment se passe le passage aux villes étapes. En général, le contrôle est situé dans un grand complexe sportif municipal. Il faut d’abord aller pointer son carnet et passer sur le tapis de chronométrage. A part l’aspect historique du carnet de pointage, maintenant qu’il y a des puces électroniques, je ne vois pas trop l’intérêt de ce pointage manuel, mais cela fait partie du folklore de PBP.

Après le pointage, vous avez à votre disposition :

-          1 buvette de restauration rapide avec sandwich, boissons, café, croissant, etc…

-          1 self où vous pouvez faire un vrai repas chaud équilibré et calorique

-          1 stand de vélociste pour pouvoir réparer ou acheter du matériel ou des produits énergétiques

-          Parfois, il y a un bar extérieur qui fait des grillades

-          1 salle de repos avec des lits (je n’y suis jamais allé). Ainsi, sur chaque ville étape, il y a vraiment tout ce qu’il faut, 24h/24.

Donc si un jour vous faites PBP, même sans assistance, il est inutile de trop se charger. Attention, pour ceux qui seraient habitués aux trails ou aux triathlons, tous les ravitaillements sont payants (pas chers) ! Prévoyez 60 à 100 euros de monnaies pour vos dépenses selon votre appétit et vos gouts et aussi pour pallier aux imprévus éventuels.Tout est parfaitement organisé et huilé ! Vraiment rien à dire sauf une seule amélioration qui serait intéressante à apporter selon moi : mettre un autre tapis de chronométrage à la sortie du ravitaillement. En effet, cela permettrait à ceux qui suivent l’avancée des coureurs via le site web de la course de connaitre la durée de l’arrêt du coureur et de savoir s’il roule ou s’il est arrêté et ainsi de mieux estimer l’heure d’arrivée au prochain contrôle. Fin de la parenthèse. Reprenons notre aventure… 

 

Etape 8 :  BREST /  CARHAIX / 84 km                    875m  D+

 

Allez, on rentre à la maison !!!Comme se plait à le dire le Lapin, maintenant tous les kilomètres sont faits dans le bon sens ! Certes oui, mais il en reste….620 ! C’est pas une petite ballade du dimanche, et je commence à avoir mal partout et surtout, le redémarrage après 1h30 de pause est extrêmement difficile, d’autant que nous faisons des tours et détours dans la ville de Brest qui est construite sur une petit colline qui domine la rade et que mes jambes ne me portent plus du tout dans les côtes.Globalement, le parcours retour se fait en sens inverse du parcours aller, sauf pendant ces premiers km après Brest, où il faut monter une interminable côte jusqu’à Landernau avant de redescendre sur Sizun. J’étais déjà venu à Landerneau il y a de nombreuses années pour jouer au volley, mais je ne me souvenais pas que le coin fût aussi accidenté ! Sizun annonce la montée dans l'autre sens du roc Trivezel que j’appréhende depuis un bon moment car j’ai les jambes qui ne répondent plus du tout. Mais le Lapin et Patrick vont être parfaits. Ils vont imprimer le tempo idéal pour moi en tête de notre petit groupe et je vais le monter finalement plus facilement que je le craignais. On ne repasse pas par le Huelgoat mais on prend une dangereuse nationale faite de longs faux plats descendants et de petites remontées bien raides, pour rejoindre Carhaix que nous atteignons un peu avant 20h ce lundi soir. Nous retrouvons Frédéric et Matis que nous n’avions pas pu voir à Brest. Je mange du salé (cacahuètes, sandwichs,..) car j’ai une saturation du sucré. Mes 3 camarades s’équipent chaudement pour la nuit ; pas moi, je trouve qu’il fait encore bon, même si quelques gouttes recommencent à tomber. 

 

Etape 9 :   CARHAIX  / LOUDEAC 80 km               643m  D+  

 

C’est pratiquement la même étape qu’à l’aller mais en sens inverse. Au bout de quelques km, mes amis ont trop chaud et s’arrêtent pour enlever leurs tenues de pluie. J’en profite pour prendre un peu d’avance. Quand ils reviennent sur moi, ils sont sur un rythme de folie. Cette étape n’est pas très difficile, sans grosse côte, et après l’aller/retour Carhaix/Brest/Carhaix qui est le passage le plus difficile, je m’attendais à une étape de récupération. Pas du tout, ils me semblent déchainés et moi je suis de plus en plus entamé. Dans chaque bosse, je saute, et je reviens en faisant un gros effort dans la descente. J’ai déjà fait ça pendant plusieurs heures la nuit dernière et je ne me vois pas faire encore ça pendant 500 km ! Je fais pars au Lapin et à Gérald que je ne peux et ne veux plus me faire mal comme ça et qu’il faut qu’ils continuent sans moi ! Mais ça continue à rouler trop fort pour moi. Alors en haut d’une énième bosse où j’ai encore sauté, je décide de ne pas faire l’effort pour rentrer, pensant que mes petits camarades allaient m’attendre un peu plus loin et bien décidé cette fois à leur dire de ne plus m’attendre. Je n’aurais pas cette peine à me donner, puisque je les vois s’éloigner de plus en plus et à ma grande surprise, ne pas m’attendre. Si c’est pourtant bien ce que je souhaitais, j’éprouve cependant une grande frustration et une grande tristesse de ne pouvoir les accompagner et surtout je suis surpris que les choses n’aient pas été décrétées « officiellement » et que cette éloignement se fasse « à la pédale » sans que je puisse faire quoi que ce soit ! Je pensais que ça se ferait lors d’un arrêt ou en s’étant au moins dit « au revoir et bonne chance » ! Mais, bon, c’est la rude loi du vélo, malheur aux faibles !!!

Maintenant, une nouvelle course commence. Sur les kilomètres suivants, je lève le pied, et j’essaie de rester lucide malgré la fatigue et de bien analyser la situation. Il me reste 500 km à faire, a priori seul car je suis à ce moment là relativement devant le gros de la troupe. Je suis cuit, donc je ne rattraperais personne pour rouler à ma vitesse et a priori ceux qui me rattraperont iront plus vite que moi et essayer de les suivre m’obligerait à me cramer encore. La nuit arrive et le sommeil aussi. Je me dis que je vais faire une pause à Loudéac, dormir, faire le point et aviser. Mais des idées malsaines d’abandon commencent à germer, ce qui n’est pas fréquent du tout chez moi…Peu après, les premiers éclairs apparaissent au loin lorsque  je traverse St Nicolas du Pelem qui n’est pas un contrôle mais qui propose un ravitaillement et des couchages. Je suis tenté de m’arrêter là, mais je me dis que l’orage est loin et que j’ai le temps de rejoindre Loudéac comme prévu. Mauvais calcul, à peine quelques km plus loin, l’orage est sur moi. Ca cogne de droite et de gauche sous une pluie battante. Hors de question de m’arrêter sous un arbre ou au bord de la route, trop dangereux avec ces éclairs ; je pédale donc le plus vite possible jusqu’au prochain village qui n’est pas très loin sur une route où il y a une très épaisse couche d’eau. C’est un peu dangereux, mais je fonce quand même dans la nuit noire car je crains encore plus l’orage.

J’arrive à Corlay où je me réfugie sous une porte cochère que les habitants ont très gentiment laissée ouverte pour nous abriter. Je trouve là 4 cyclistes japonais qui dorment à même les pavés du porche ! C’est un peu surréaliste comme vision !J’attends un bon ¼ d’heure que l’orage passe. La pluie continue à tomber mais elle se calme et je décide donc de repartir. Mais, en voulant rallumer mon phare avant, celui-ci noyé par l’orage ne se rallume plus ! Catastrophe ! Je demande aux habitants qui m’hébergent de me prêter un sèche-cheveux en espérant qu’après avoir fait sécher les contacts, il va refonctionner, mais rien !!! J’ai dans ma sacoche une petite frontale de secours pour palier à ce genre de mésaventure et pour réparer en cas de crevaison en pleine nuit. Je ne peux pas rester là de toutes façons, et je décide de repartir, très faiblement éclairé par le halot de ma tikka, dont les piles doivent être un peu fatiguées car je n’éclaire pas plus loin que ma roue avant ! Il me faudra 2 heures pour faire les 35 km qui me séparent de Loudéac, seulement éclairé (ou plutôt ébloui) par les phares des cyclos qui arrivent en face et qui me donnent une idée de la trajectoire à suivre. Je ne peux malheureusement pas suivre les groupes qui me rattrapent car dans les descentes, je ne veux prendre aucun risque car je ne vois pas où je mets les roues et ils vont beaucoup plus vite que moi !

La perte de mes co-équipiers, puis l’orage, puis la pluie diluvienne, puis la panne électrique, autant vous dire que j’arrive un peu démoralisé à Loudéac. Il est 0h45 et dans un premier temps, mon idée est de me coucher, d’attendre le jour pour réparer et de repartir si le moral est revenu après quelques heures de sommeil. Mais, en arrivant sur la zone du contrôle, je tombe sur un sympathique petit vélociste qui me dit vendre des phares et qu’il peut m’en installer un le temps que j’aille pointer et me restaurer. La nouvelle me met du baume au cœur. Je vérifie que j’ai assez d’argent pour le payer (d’où l’intérêt d’emmener un peu plus que prévu pour pallier aux imprévus !) et je pars me restaurer.Il y a de magnifiques saucisses en train de griller. Je m’enfile 2 galettes/saucisses succulentes, brulantes et croustillantes, accompagnées d’un coca et d’un pot de chambre de café. Le moral et mes forces reviennent avec ces mets délicieux. La pluie se calme et je décide de repartir car je n’ai pas sommeil et je me dis que je dormirais quand le sommeil viendra ! 

 

Etape 10 :    LOUDEAC / TINTENIAC 85 km                     556m  D+

 

Etape pas très difficile, mais toujours sous la pluie et en plein milieu de la deuxième nuit. Après une vingtaine de km où je retrouve des forces, je sens les premiers signes de sommeil me gagner. J’arrive cependant à avancer et maintenant, c’est le brouillard qui fait son apparition ! Bon, tant bien que mal, je rejoins Tinténiac où je rattrape un cyclo dans les rues du village qui semble chercher son chemin. Je connais bien ce village pour y être passé lors de mon BRM 400 et je luis dis de me suivre, et c’est à ce moment là que je reconnais…Gérald ! Complètement à la dérive ! Mais que fait-il là ? Il me dit avoir très sommeil, mais heureusement le contrôle est à quelques hectomètres. Au contrôle, je retrouve le Lapin et Patrick qui semblent transis de froid et qui ont la tête des mauvais jours. Dans mon esprit, ma décision est prise, je vais dormir pour la première fois ici, et à aucun moment il ne me vient l’idée de reprendre la route avec eux. Il est 5 h du mat, je leur dit que je vais me reposer. En effet, j’ai décidé de dormir jusqu’à l’aube avant de repartir.Je mange un délicieux bouillon de bœuf aux vermicelles et je m’allonge à plat dos sur la moquette de la cafétéria qui vient d’ouvrir. Il n’y a personne, tout est calme. J’espère dans cette position soulager mes douleurs lombaires de plus en plus violentes que les AINS que j’ingurgite n’arrivent plus à soulager. Et je m’endors…instantanément ! J’ai du dormir 15 à 20’ pas plus et comme l’aube n’est plus très loin, je décide de repartir.

 J’enfourche mon destrier roulant, mais pas bien réveillé et un peu empoté, j’accroche une cocotte de frein dans une barrière métallique et je m’étale de tout mon long devant les bénévoles qui courent à mon secours. Plus vexé que blessé physiquement, je me relève et constate qu’il n’y a rien de grave ni sur le bonhomme,  ni sur la machine, à part mon phare quasiment neuf dont la fixation est cassée. Je vais voir le vélociste local et j’arrive à réparer à grands tours de chatterton. Cette chute idiote n’a cependant pas entamé mon moral tout neuf ; le jour se lève, j’ai dormi, je me sens mieux, et j’ai décidé d’appliquer désormais la tactique que je connais bien sur les courses d’ultra et qui me convient très bien : gérer étape après étape (quitte à faire des ½ étapes), sans jamais me projeter trop loin mentalement vers l’arrivée, et toujours penser à ce qui a déjà été fait plutôt qu’à ce qu’il reste à accomplir ! 

 

Etape 11 :     TINTENIAC / FOUGERE 53 km                    322 m  D+ 

 

Etape courte et relativement plate. La pluie a cessé, un léger vent 3/4 favorable me pousse dans le dos. Je trouve enfin mon rythme et je sens que je commence à aller mieux. J’arrive à rattraper un groupe de 4 cyclos dont l’allure me convient. J’ai mal partout, certes, mais la vie est belle, une belle journée s’annonce. Quand tout à coup : « pchhhhhhhtttttt ! » creuvaison ! Pour une fois que je trouve quelques cyclos pour rouler avec moi, je suis obligé de les laisser partir ! Bon, il faut bien reconnaitre que ce n’est pas mon jour de chance, mais je positive en me disant que j’aurais pu crever…de nuit ! Il faut bien se remonter le moral comme on peut ! Je répare sereinement en 10’, en restant cool et en me disant que cet arrêt forcé me fera toujours un peu de repos supplémentaire ! Je repars et curieusement, alors que j’accumule la scoumoune depuis plusieurs heures, mes jambes vont un peu mieux.Fougères, 9h30 le mardi, je décide de soulager à nouveau mon dos en m’allongeant quelques instants. Je trouve dans un renfoncement des gros tapis de gym, très confortables… trop confortables même et les quelques minutes d’étirements vont se transformer en 15’ de dodo où je rêve que je pédale ! Sans commentaire ! 

 

 

 

 

Etape 12 :     FOUGERE / VILLAINES        88 km              700  m  D+

 

 

C’est l’étape où j’avais commencé à avoir des difficultés à l’aller. Je reconnais les longues montées, peu pentues, et j’avance toujours à mon rythme.La lassitude fait que j’ai décidé de couper cette étape en plusieurs tronçons. A Ambrières les vallées, je me fais un premier stop boulangerie (bonbons haribo + pain aux raisins) puis à Charchigné,  je repère une terrasse de café alors qu’un timide rayon de soleil tente une percée. Je m’assois, enlève mon casque, m’adosse en arrière sur la chaise pour soulager mon dos et…. je m’endors instantanément sans que je me rende compte du temps que j’ai passé à dormir. Le patron revient me voir 30’ après en me disant qu’il est venu une première fois prendre ma commande mais que je dormais si bien qu’il n’a pas osé me réveiller ! Je lui en suis très reconnaissant. Je bois mon double expresso et je repars.Entre temps, je suis passé à Lassay les chateaux où j’ai reconnu le cabinet dentaire dans lequel j’avais fait mon premier remplacement en rentrant de l’armée et qui sonnait le début de ma carrière professionnelle ! 20 ans déjà ! Souvenirs ! Souvenirs !

 

Villaines la Juhel. L’accueil est un des plus chaleureux que l’on ait reçu. A l’aller, nous avions juste pointé et étions repartis très vite. Cette fois, je vais prendre tout mon temps, manger une énorme part de flan et une énorme part de tarte aux pommes, les deux sont délicieuses et comme à chaque arrêt j’allume mon téléphone pour lire vos précieux et chaleureux SMS d’encouragement. Comme je n’ai plus beaucoup de batterie,  je ne l’allume que lors des pauses. C’est à ce moment là qu’appelle le Blueb dont les paroles me réconfortent un peu plus. Je commence à envisager l’arrivée, et je ne pense plus à l’abandon. Désormais, je DOIS finir ne serait-ce que pour concrétiser toutes les heures d’entrainement que ce PBP m’a demandé au détriment de ma vie familiale et même professionnelle. Ne pas terminer serait un aveu d’échec énorme que j’aurais trop de mal à digérer. 

 

Etape 13 :      VILLAINES / MORTAGNE    81  km             665  m  D+

 

Etape casse pate avec pas mal de petites bosses. Mon objectif est d’arriver avant la nuit à Mortagne. Je roule toujours seul, depuis des heures maintenant. A Mamers, au ravito improvisé par le club de cyclo local, je bois un bon bol de bouillon et je discute avec les habitants (qui ne doivent pas boire que du bouillon vu leur état de forme !). Je suis regardé comme une bête curieuse car je dois avoir une drôle de tête ! Bon, ils sont bien sympathiques, mais si je reste trop, je ne vais pas repartir. Mortagne n’est plus très loin. Le village est construit sur une petite colline que je trouve bien haute aujourd’hui. En plus, mauvaise surprise, pour accéder au contrôle il y a un petit mur terrible de quelques mètres à grimper où j’ai bien failli mettre pied à terre.A Mortagne, le local du contrôle est très bien équipé. J’ai décidé un long arrêt pour prendre un repas chaud, bien étirer l’ensemble de mon corps qui est engourdi de partout et m’habiller avant d’attaquer ma…troisième nuit ! Je vais rester 1h15 à Mortagne et je repars, bien décidé à ne plus m’arrêter jusqu’à Paris, sauf à Dreux le temps du pointage. 

 

Etape 14 :       MORTAGNE / DREUX                      75  km             428  m  D+

 

 

Passé les très difficiles 30 premiers km pour sortir du Perche, je me trouve sur une longue partie globalement en faux plat descendant, toujours avec un léger vent favorable et sous un ciel désormais superbement étoilé. Je file bon train et sans ces douleurs musculaires multiples, le moment serait féérique. J’adore rouler à mon rythme sur des routes plates, la nuit, seul ; j’ai l’impression que la route et peut être même le « monde » m’appartiennent. Certes l’étape est facile, mais je pense que ce sera le meilleur moment de la course que j’ai vécu.A Dreux (minuit), je pointe, bois un café, mange un petit morceau et je décide de mettre un deuxième cuissard car la douleur aux fesses est devenue insupportable. En enlevant le premier cuissard, je me rends compte qu’il est taché de sang (j’ai les fesses en lambeaux) ! J’enfile donc le cuissard propre sur mes plaies, et le sale par-dessus le propre. Cette double épaisseur et la présence du cuissard propre et le prise de 2 Nurofen vont me permettre de supporter les douleurs jusqu’à l’arrivée. 

 

Etape 15 :        DREUX / GUYANCOURT                65  km             415  m  D+

 

 

Une étape pas trop difficile a priori et pourtant je vais y connaitre mes heures les plus sombres !Au début, c'est facile, Dreux, Nogent le roi, forêt de Rambouillet, je suis sur les terres du raid28. Certains noms de villages me disent quelques choses. Le début de l’étape est assez facile, sur les grandes plaines de l’ouest parisien, mais en se rapprochant de la forêt de Rambouillet vont surgir les dernières difficultés que je vais passer très difficilement. Dans un mur, je vais même poser pied à terre et finir la cote en poussant le vélo tellement mes cuisses sont au maximum. En plus, j’ai de plus en plus de mal à tenir mon guidon à cause de violentes douleurs dans les poignets, les épaules et les bras ! Les bosses succèdent aux bosses, on ne voit toujours pas les lueurs de la ville. Un passage pavé manque de me faire lâcher mon guidon. C’est interminable, je suis à bout physiquement et mentalement, je n’ai plus de gaz !

Et enfin, on arrive dans St Quentin en Yvelines. Je sais que dans la ville nouvelle, ce ne sont plus que de longues artères toutes plates : Elancourt, Trappes, Montigny, ça sent la fin ! Le panneau des 15 puis des 10 puis des 5 km. J’ai l’impression de faire du surplace, mais comme je ne me fais doubler par personne, je me dis que je ne suis pas pire que les autres ! Et enfin, Guyancourt, mais plus de flèche directionnelle que certains petits malins ont du arracher en souvenir. J’ai du me paumer, mais je reconnais le coin, et enfin, je débouche sur le rond point des droits de l’homme, épuisé. Il y a quelques spectateurs présents en cette heure très matinale pour accueillir leurs coureurs. Je n’ai qu’une envie, passer le dernier tapis de chronométrage et m’écrouler dans un coin quand j’entends « allez Damien » ! Sur le coup, je me dis que quelqu’un d’autre doit s’appeler Damien parmi les cyclos qui arrivent avec moi. Puis à nouveau « allez Damien », et je reconnais cette voix dans le noir ! Je demande confirmation et c’est bien celle de la Libellule qui est venue à 3h du matin accueillir son vieux copain.

Sur mon vélo, je m’étais dit que j’allais arriver tout seul et que j’aurais bien aimé avoir quelqu’un de connu à l’arrivée à serrer dans mes bras.  Pensant arriver plus tôt, j’avais envisagé que Yohan (la Libellule) qui n’habite pas très loin viendrait peut être ; mais de le voir là à 3h du mat fait que je craque complètement, plus nerveusement que physiquement d’ailleurs. Il m’aide à descendre péniblement de vélo et nous allons pointer ensemble pour la dernière fois le carnet de pointage ! Ouf ! C’est fait ! 58h57 temps officiel, c’est bien plus que les 55h prévues, mais qu’importe, à partir du moment où je n’avais plus pu suivre le lapin, je savais que finir, quelque soit le temps serait le seul objectif à tenir ! Quelques minutes plus tard arrivent Ufoot et Manu Conreaux, tous deux champions du monde de DécaIronman, et je me dis que je suis en bonne compagnie, même s’ils paraissent frais comme des gardons ! On boit un coup tous les 4, et je vais prendre une douche.

La libellule est aux petits soins avec moi. Le dévouement de ce garçon est extraordinaire. Quand il a vu que j’étais en difficulté sur le retour, il était prêt à prendre le train avec son vélo pour me rejoindre à Mortagne et faire les 150 derniers km avec moi ! Je ne sais comment le remercier ! Je suis vraiment crevé et je commence à m’endormir à peine la douche prise. Je prends donc congé de Yohan, je retourne difficilement à ma voiture garée à 2 km de là et je m’endors instantanément sur le matelas gonflable que j’avais préparé dans mon coffre avant la course car, prévoyant,  je me doutais qu’en arrivant je n’aurais pas la force d’installer tout ça. Je dors mal quelques heures car fréquemment réveillé par des douleurs et il fait une chaleur étouffante dans ce parking sous-terrain.

A 8h, je quitte Guyancourt, mais déjà à Rambouillet le sommeil me rattrape ! Comme mon téléphone est déchargé, je sais que mes proches s’inquiètent et je souhaiterais rentrer au plus vite, mais c’est impossible et  je ne veux pas lutter contre la somnolence au volant donc je m’arrête très fréquemment. Il me faudra…14h pour rejoindre Nantes (en vélo, je serais allé plus vite !), à raison de tronçons de 20 à 40 km d’autoroute, entrecoupés de pauses dodo plus ou moins longues !

22h, enfin, je suis chez moi et retrouve Claire, ma chère femme qui m’a suivit pendant ces 3 jours sur internet, comme beaucoup de copains que je ne remercierais jamais assez pour leurs SMS de soutien qui me faisaient un bien fou lorsque je les lisais à chaque étape. Je passe un coup de fil à mes parents car je sais qu’ils doivent aussi se faire un sang d’encre et je n’ai plus qu’à aller me coucher. Mais la nuit sera très mauvaise, toujours à cause des douleurs généralisées.

 

Débriefing :

 

Pourquoi je suis content d’avoir fait cette course ? :

-          PBP, c’est un mythe dont tout cyclo rêve et qu’il se doit de faire et je peux me dire : « je l’ai fait » !

-          L’organisation est parfaite

-          Le parcours est très vallonné donc pas monotone du tout

-          La préparation menée à distance avec le Lapin était très intéressante à suivre

-          Les 700 km faits avec le Lapin et ses amis ont été très riches d’enseignements

-          Les 500 km suivants, faits seuls, ont aussi apportés leur lot d’informations très intéressantes

-          Cela me fait une expérience supplémentaire dans mon modeste palmarès de sportif d’endurance polyvalent

 

Pourquoi je ne referais JAMAIS cette course ? :

-          J’en ai fait des courses longues et difficiles, où j’ai souffert, mais à chaque fois je savais en passant la ligne que j’y reviendrais peut être un jour ; là je sais que non

-          D’abord, je l’ai promis à ma femme, et c’est en soi une raison déjà suffisante et je lui ai demandé de me le rappeler si jamais je m’avisais de changer d’avis un jour !

-          Ensuite, il y a plein d’autres raison, la principale est que je ne me suis pas « amusé » sur cette course. Pour moi, sportif amateur depuis mon enfance (tennis de table, puis volley, puis rugby, puis course à pied, puis trail, puis course d’orientation, puis triathlon et vélo), je n’ai jamais conçu le sport autrement qu’avec une relation de plaisir et de bien être, même lorsque je jouais à haut niveau en volley. Me faire mal à l’entrainement et en course ne me pose pas de problème à condition que j’y trouve du plaisir et un épanouissement au final. Sur ce PBP, la seule satisfaction a été de franchir la ligne (dans l’anonymat général du reste !).

-          J’ai toujours été sur le qui-vive et sur la défensive pendant les premières heures dans les gros pelotons où je ne suis pas à l’aise car je ne sais pas rouler dans les gros tas

-          Rouler en gros peloton n’est pas fait pour moi, je suis toujours en train de prendre du vent et je vois bien que mon manque d’expérience en vélo se fait sentir

-          Après quand on s’est retrouvé seul avec le Lapin et ses amis ou avec des petits groupes, j’étais incapable de prendre des relais, j’étais sans arrêt callé dans la roue du Lapin et à la longue c’est très frustrant ; surtout pour quelqu’un comme moi qui aime bien être devant et amener le paquet

-          Quand je me suis retrouvé tout seul, j’étais plus à mon aise, mais les douleurs étaient de plus en plus insupportables et me gâchaient tout plaisir. Aujourd’hui, 4 jours après l’arrivée, j’ai encore des douleurs dans les épaules et les cuisses. J’ai encore des engourdissements dans les mains ; et la peau de mes fesses, après avoir desquamée et saignée pendant trois jours, présente un joli rose bébé qui va mettre plusieurs semaines à revenir à la normale.

-          Le parcours n’est pas fait pour moi. C’est de la bosse pas méchante, mais presque tout le temps. Moi, je suis un rouleur de plat qui passe pas mal la haute montagne grâce à avec une cassette 13/29 car je sais bien mouliner. Sur PBP, il faut emmener du braquet dans des pourcentages réguliers où la fluidité du Lapin ou la puissance de Patrick font merveilles.

-          Je n’aime pas le principe de l’aller et retour par la même route. D’accord, croiser des cyclos en sens inverse sur le retour pendant des heures est motivant, mais revoir les mêmes paysages est lassant

-          J’ai été déçu par le peu d’ambiance qui entoure la course. Certes, nous sommes très bien accueillis dans les villes étapes. Mais je m’attendais, un peu comme à l’Ardéchoise, à voir des villages entiers mobilisés et décorés, mais rien ! Le départ se fait presque en catimini. Il y a du monde bien sur, mais petit détail d’importance, il manque une musique qui prend bien aux tripes. Quant à l’arrivée, c’est carrément tristounet. Bon d’accord en arrivant à 3h du mat, il ne fallait pas que je m’attende à une haie d’honneur, mais s’il n’y avait pas eu la Libellule, je me serais retrouvé tout seul !

-          Comme je n’ai pas l’habitude de faire les choses à moitié, quand j’ai décidé de faire ce PBP, j’ai mis en place un plan d’entrainement optimal pour arriver avec 12000 km de vélo au départ. Mais avec les entrainements natation et un peu de CAP pour continuer à préparer en parallèle les triathlons, cela m’a fait un emploi du temps sportif qui m’a bouffé tout mon temps libre pendant plusieurs mois. C’est un sacrifice que m’a famille a accepté pour ce PBP mais que je ne leur ré-imposerais plus.

-          Ma semaine type depuis février, 20 à 25h d’entrainement, c’est un peu copieux pour un père de famille de 5 enfants qui a une famille et un cabinet dentaire à faire tourner :

o    mardi, jeudi, vendredi midi, à la place de la pause déjeuner =  piscine,

o   Mardi et mercredi soir = HTV devant la champion's league en général !

o   Mercredi midi et jeudi soir =  footing (durée et intensité selon l’envie)

o   vendredi, samedi, dimanche, lundi matin : vélo à raison de 400 km sur les 4 sorties

 

 

Pourquoi ai-je du laisser partir le Lapin et renoncer à mon objectif de 55h ? :

-          Je suis persuadé que sur mon niveau du printemps/début d'été, je suivais facile le groupe de Clapiers. Mais, dès les premières heures, j’ai bien senti que je n’avais pas de bonnes jambes. Je me suis malgré tout accroché au groupe le plus longtemps possible pour le retarder le moins possible et ça n’a fait qu’aggraver la situation, surtout que l’on est parti déshydratés après avoir attendu en plein soleil pendant 2 heures le départ.

-          En mai, juin, juillet, pendant les BRM qualificatifs, je me baladais en tête du groupe des meilleurs. Certes, ça roulait peut être un peu moins fort, mais j’avais une facilité qui me surprenait moi-même

-          Depuis fin juillet, je n’ai plus de bonnes sensations à l’entrainement. Pédaler était devenu une contrainte et quand j’avais fait 100 km à 27 de My, j’étais déjà content !

-          En ai-je trop fait ? Peut être, et j’ai surement payé, à contre coup, mes efforts du double IM de juin et de l’Altriman de juillet où j’avais été en super forme. J’étais un peu entamé nerveusement et physiquement au départ.

-          Je pensais que les 10 jours de repos complet et en vacances précédents PBP suffiraient à me remettre sur pied complètement, apparemment non, d’autant que je dors très mal depuis plusieurs mois !

-          Après le double IM et l’altriman où j’étais bien affuté, j’ai fait quelques écarts alimentaires qui ont fait que j’avais 2 ou 3 kg superflus au départ, mais cela ne m’inquiétait pas car je pensais qu’il fallait mieux avoir quelques réserves avant de prendre le départ d’une telle course. Nouvelle erreur !

-          Avec le recul, je me dis que j’aurais du faire mon BRM 600 en une seule étape. Certes le faire en 2 étapes comme me l’avait conseillé le lapin est beaucoup moins fatigant. Mais si cela est parfait pour lui et ses camarades qui ont l’habitude de ce genre d’épreuve, pour moi, néophyte cela m’aurait peut être permis de mieux appréhender la difficulté par rapport à la gestion de la durée.

 

 

Pour conclure, je ne suis pas du tout déçu de la tournure des évènements, juste un peu frustré de ne pas avoir rempli l’objectif initial qui me paraissait largement à ma portée avant la course. Mais, même avec une gestion différente de course, en partant moins vite, je n’aurais pas pu faire beaucoup mieux au final avec les jambes que j’avais. Donc, je ne regrette pas du tout le scénario de la course. Au contraire, je suis très content de rajouter cette ligne à mon « palmarès » et l’arrivée dans les bras de la Lib a compensé ma frustration de ne pas pouvoir finir avec le Lapin.

A nouveau merci à tous ceux qui m’ont soutenu par mail, tel ou sms ! Raspoutine peut d’ors et déjà s’inscrire pour le PBP 2015, il a déjà une qualité nécessaire : il ne dort… jamais ! Quant au Toutou, au Blueb, à la Lib, notamment, vous avez toujours le mot juste qui arrive au bon moment ! Merci à tous : Olivier, Ourson, Ouster, Nico, Papy, l’traileur, souris, castor, électron, claude, torro, anthony, canari, et pardon à ceux que j’oublie.

Merci à mes enfants qui m’ont soutenu et qui ont pâtis de mes absences lors de la préparation.

Et enfin, merci (mais le mot est faible), à Claire, mon épouse qui supporte les imbécilités de son mari depuis tant d’année, et qui en plus me soutient de plus en plus et qui m’est d’un grand réconfort au quotidien !

Je laisserais le mot de la fin à mon vieux papa, qui ne s’y connait pas du tout en sport (ou plutôt si, il en  maitrise un très bien : la sieste, et il pourrait y être champion du monde s’il y avait une compétition). En revanche, il a une capacité d’analyse sur tout ce qui se passe autour de lui que j’admire et voici le mail qu’il m’a envoyé après la course :

Ouvrez les guillemets :

« j'ai reconnu ta tactique : une symphonie.
Au départ, temps correct -tu ne crains pas la chaleur- tu as fait une belle perf
Le mauvais temps de la nuit avec bourrasques à l'appui t'a amené à
ralentir ; et, tu as même pris quelque repos....quitte à laisser
partir Lapin- et d'autres-
Puis tu es remonté en cadence .....et au dernier contrôle tu as l'un
des meilleurs temps (d'après ta mère, qui a été encore plus accrochée
que moi au blog - si possible- )
Cela reproduit ta tactique du triathlon des Sables de l'année
dernière: la partition est bien jouée - standing ovation pour le
maestro ! »

Fermez les guillemets !

 Tout est dit en quelques lignes. Merci papa et maman qui grâce à cette course et au blog du lapin semblent commencer à comprendre pourquoi je fais tout ça ...

 

Le blog du Lapin pour revivre la course, c’est là

http://pbplive.blogspot.com/ 

 

Maintenant, après une saison 2011 bien remplie, j’arrête les frais (fin aout, c’est un peu tôt, mais tant pis). Fin du chapitre 2011 : raid 28, raid normand, tri CD Rennes, tri enduroman format double IronMan, Altriman et PBP ! 14220 km parcourus, 675 h de sport, soit 21h en moyenne par semaine, soit 3h par jour en moyenne ! STOP !!! J’ai une tonne de bricolage et de jardinage négligées depuis plusieurs mois qui m’attendent sans compter la rentrée des classes dans 8 jours avec des moments importants dans l’avancée de ma progéniture qui nécessiteront une vigilance accrue de ma part dans les prochains mois afin de prendre le bon départ. 

Je vais donc me reposer très sérieusement pendant 2 mois, et refaire un peu de gras car je me suis beaucoup privé ces derniers temps (moi l’épicurien incurable), puis reprendre doucement la préparation foncière cet hiver, pour ensuite me projeter sur mon prochain objectif : LANZAROTTE 2012. Après 9 mois de sevrage, je devrais être suffisamment affamé pour tout casser !!!Merci à ceux qui ont lu ce récit jusqu’au bout et Kenavo comme on dit sur le PBP !

Un peu de repos me parait nécessaire, non ? !!!

 

Bien amicalement

La tortue
  

18 commentaires

Commentaire de LTDB posté le 29-08-2011 à 05:59:08

Salut Damien,

J'essaie de lire tout ça dans la journée... si mon chef ne vient pas trop me solliciter bÎssÜr. Arf!

Amicalement.

LTDB_kaime_bien_ton_faciès_à_la_fin

Commentaire de raspoutine 05 posté le 29-08-2011 à 08:16:06

Heureux d'avoir l'autre version de la course !
Si le blog nous a permis de vous suivre sur des plans avant tout géographiques, horaires et nous offrait quelques messages collectifs de la progression des quat' zamis (un outil précieux, donc), en revanche, le vécu des 57 heures de la course ne pouvait apparaître.
Et que dire ?? Difficile de trouver les mots pour caractériser une telle prouesse sportive ! Des moments délicats à négocier, il allait forcément y en avoir sur plus de deux jours non stop. Mais cependant rien d'insurmontable pour une Tortue plus que jamais en grande, grande forme. (voir la palmarès de l'année...)
Et puis, toi qui revendiques toujours ta démarche d'amateurisme, tu t'es très certainement rapproché des démarches des plus grands professionnels dans ta gestion de la course.
Tout simplement, c'était beau à voir ! (comme la Libellule a eu du nez !) un côté esthétique de ta performance sans pareil.
Traditionnels merci pour ton cr, of course, et plus encore, MERCI pour avoir pu te suivre pendant le PBP !
T'es un foutu champion !
Raspa
(qui n'ira pas sur la PBP...)

Commentaire de Goldenick posté le 29-08-2011 à 09:48:57

Bravo pour ta course. Et merci pour ce merveilleux CR, très détaillé!
T'es un champion!

Commentaire de LTDB posté le 29-08-2011 à 10:13:34

Ayé, tout lu avec délectation !

Bon pour les coquilles il faudrait vraiment relire en étant concentré car j'avoue que pris par le récit je n'y ai pas (trop) fait attention.

Amicalement.

LTDB_ki_pense_qu'il_ne_fera_pas_non_plus_le_PBP

Commentaire de Mustang posté le 29-08-2011 à 11:59:44

merci pour ce passionnant récit!! Bravo pour ta perf!
-attention à ce que tu dis cependant sur les habitants de Mamers!!! :))

Commentaire de Eponyme posté le 29-08-2011 à 15:09:14

Quel super récit ! Bravo pour cette superbe aventure, et bon repos ! ;)

Commentaire de Eric Kb posté le 29-08-2011 à 22:28:45

Je ne sais pas pourquoi, je l'attendais ce CR .... bin maintenant je sais pourquoi !!!
Merci et féloches !

Commentaire de lecoureurdesbois posté le 30-08-2011 à 13:50:01

Bravo pour ton courage mais quelle idée de partir la poignée dans le coin, tout le contraire de ce qu'il faut faire, en plus tu le savais, et pourquoi ne pas avoir attendu un paquet revenir de l'arrière. Cela me rappel quelques souvenirs de vélo mais je n'ai jamais fais d'aussi longue distance. Tu as fais preuve d'un énorme engagement dans ta préparation et dans ton PBP, c'est impressionnant et peut-être un peu trop pour la préparation. Bon repos, bonne récupération et j'aimerai savoir comment tu auras récupéré physiquement et mentalement dans 1 mois puis dans 2 mois, pourras-tu nous tenir informé. Ce qui ma le plus surpris dans ton récit c'est le fait que tu sois reparti chez toi, peu de temps après ton arrivée, ce n'était pas un peu fou ?
Bravo, il fallait le faire et aller au bout, chapeau !

Commentaire de Lapin posté le 31-08-2011 à 10:26:33

Si, partir la poignée dans le coin était bien ce qu'il fallait faire. Le vélo, ça ne marche pas du tout comme la CAP. Les groupes qu'on laisse partir, c'est perdu pour toujours, jamais tu ne les reverras, même si tu arrives à sauter dans d'hypothétiques groupes qui te rattraperaient. On aurait pu décider de faire la route seul dès le départ, mais ce n'est pas le choix qu'on avait fait.

Pour donner une autre vue de que PBP peut être, mon CR est là: http://www.acclapiers.com/index.php?option=com_idoblog&task=viewpost&id=132&Itemid=3

Commentaire de lecoureurdesbois posté le 31-08-2011 à 15:26:27

Bonjour Lapin,
à la lecture de ton récit, cela me paraît plus raisonnable pour toi. Visiblement tu n'as pas eu l'air de souffrir des conséquences des 140 ers km réalisés à bonne allure. Ton tableau à la fin de ton récit apporte beaucoup de renseignement. Mais pour La Tortue compte tenu de sa forme, cela n'aurait pas été un peu rapide ? Il a multiplié les décrochages et les efforts pour recoller, cela implique de se mettre dans le rouge fréquement...
Je dis cela, parce que ça m'intéresse, je ne dis pas qu'un jour je le ferai, mais il y a quelques épreuves comme le PBP qui trotte dans un coin de ma tête, peut-être qu'un jour je trouverai le courage de tenter cette expérience. En tout cas vos récits sont riches d'enseignement et de renseignement. Bravo pour la performance.

Commentaire de Lapin posté le 31-08-2011 à 18:35:23

Ça a manifestement été trop rapide, mais on n'a pu s'en apercevoir qu'après coup. Ce n'est pas un problème de se mettre dans le rouge en vélo, c'est même souvent un bon calcul pour rester au contact, afin justement de pouvoir récupérer dans les roues ensuite. Non, la vraie erreur, c'est moi qui l'ai faite d'estimer que la tortue pourrait suivre sans problème, uniquement basé sur ses dernières performances qui étaient des performances en solo. L'animal m'a quand même mis 45' sur le vélo de l'Altriman...C'est là que je me suis dit qu'il était devenu vachement bon en vélo.

Commentaire de La Tortue posté le 31-08-2011 à 22:28:08

je l'écris plusieurs fois dans mon cr, mais je reviens sur ce point, car apparement cela n'a pas été compris : je suis persuadé que j'étais pas dans un bon jour (ce qui m'arrive rarement). ce n'est pas tellement un problème de départ trop rapide ou pas. déjà au bout de 200 km, je sentais bien que j'étais pas au top, alors que c'est juste l'échauffement normalement. sur les brevets 200/300/400/600 je m'étais franchement balladé ! que j'ai eu des difficultés au bout de 500 km, je veux bien l'expliquer par le fait que je n'avais jamais fait une telle distance, mais être en difficulté très tôt dans la course est d'après moi du à un problème autre. quelques pistes auxquelles j'ai réfléchi :
1/ j'ai fait un urticaire généralisé (allergie alimentaire ?) 10jours avant le départ et il me restait encore pas mal de plaques au départ. je ne sais pas si cela peut avoir un lien direct avec ma forme, mais cet urticaire m'a empêché de dormir pendant les 10j précédents
2/ depuis mon hépatite l'an dernier, il m'arrive d'avoir des "trous" de quelques heures où je me sens complètement vané (mon taux de testostérone est celui d'un nouveau-né depuis cette hapétite , sans qu'on en comprenne vraiment l'explication). et en dehors ce ces trous, je pète la forme
3/ malgré 15j de vacances avant la course, je ne me sentais pas "reposé" au départ.

attention, je ne cherche absolument pas "d'excuses", mais j'émets des hypothèses pour expliquer ce manque de jambe quasiment dès le début .

en tout cas, je sur certain que le Lapin avait choisit la bonne stratégie. aux vues de mes dernières sorties, il ne pouvait absolument pas prévoir cette contre-perf de ma part, et je suis persuadé qu'avec ma forme de l'Altriman (que je n'avais pourtant pas spécialement préparé), je serais arrivé à Brest dans un fauteuil ! après, oui, avoir des difficultés sur le retour ne m'aurait pas surpris car j'étais vraiment dans l'inconu en matière de durée de selle, mais me connaissant et étant plutôt un "finisseur", franchement je n'étais pas inquiet et j'étais très confiant au départ (peut être trop ?) !

Commentaire de philkikou posté le 31-08-2011 à 07:07:29

un bien beau récit captivant... comme un roman de science-fiction !!! pour moi des extra-terrestres ces Toturd, Lapin !!!

Belle analyse lucide avec quelques jours de recul sur les raisons qui font que tu n'aies pas pris du plaisir comme sur d'autres épreuves de "ouf" que t'as pu faire. Surement difficile de trouver le bon dosage entre suffisammant d'entrainement et ne pas arrivé cramé

Chapeau bas et respect en tout cas, bonne récup. physique et mental.. avec une vie épicurienne ces prochaines semaines.

Commentaire de LtBlueb posté le 31-08-2011 à 23:48:33

Deuxième lecture , et comme je suis un fainéant, je te ressert certains des commentaires laissés sur la ML :
- c'est bien dommage que le seul plaisir ait été celui de passer la ligne, parce que l'exploit est gigantesque !!
- ce qui m'a fait "sourire" dans ton CR , c'est quand tu dis que la stratégie de départ n'est pas ta stratégie habituelle ; je m'étais fait la même reflexion...
- à la réflexion justement (bon ca ne va pas te redonner le plaisir à coté duquel tu es passé mais bon...) , je t'aurais bien vu dans les roues du duo ufoot/conraux , qui m'ont semblé avoir une progression...tortuesque :)) en plus ca t'aurait permis de causer un peu de ton prochain triple IM :)))
- je m'étais fait la reflexion en voyant la vidéo de Brest que tu avais une petite mine ; je crois que j'étain loin d'avoir deviné que tu avais du t'employer à ce point pour suivre l'allure des "lapin and Co" :)
- cr très instructif quant à l'importance des compagnons d'aventure avec lesquels on se lance (je n'ose meme pas imaginer partir en solo) et de l'expérience collective
- je suis persuadé que la séparation d'avec le groupe du Lapin, même si au final c'est toi qui prend la (bonne) décision, est un sacré coup au moral à ce moment du périple : j'ai cherché dans mon "dico des superlatifs" un truc pour résumer ton exploit et je n'ai pas trouvé...
- j'avais échangé un peu avec la lib (en pv) lorsque ca allait mal pour toi , et je le remercie chaleureusement d'etre allé t'accueillir et de reserver l'accueil que tu méritais ! Merci la Lib !
- PBP ? j'y songerai quand j'aurai 10 ans de vélo , pas avant je pense...

J'ajouterai que je ne comprends toujours pas pkoi ne te sentant pas dans ton assiette dès le km200, tu n'as pas laissé filer en essayant ensuite de rouler/prendre des roues moins rapides

En tout cas, bravissimo ! Repose toi bien !

Commentaire de poucet posté le 01-09-2011 à 21:30:05

Tout lu aussi .... Bravo La Tortue !!!
Bon moi c'est sûr aussi, j'y retournerai sur le PBP ...
Marrant de constater qu'on a pas ressenti du tout les même choses au niveau de l'ambiance; Mis à part l'attente interminable au départ, moi j'ai trouvé ça GEANT !!!
Bonne recup champion.
Poucet

Commentaire de Land Kikour posté le 07-09-2011 à 13:33:57

Un cr qui en dit long sur une épreuve hors du commun et je peux comprendre ton manque de plaisir compte tenu de ton état physique.... le vélo est une épreuve a part entière surtout sur cet ultra de Ouf !!!
Encore bravo et quelle saison, respect.
Bonne récup' tu le mérites.

Commentaire de Papy posté le 21-02-2012 à 18:55:07

Je l'avais survolé, mais je préférais me le garder pour un jour, un soir, un moment tranquille...
J'ai lu, ou plutôt, j'ai bu ces écrits et cela m'a permis de le faire par procuration.

Etant convalescent à l'instant, j'ai une partie des douleurs que tu as eu qui me remonte ! ;-)))

Je crois que j'ai bien fait d'avoir la modestie de décliner le défi. Je ne crois pas avoir la carapace d'une Tortue. J'ai mon pote Koé qui veut m'entrainer sur le triple de Lensham en 2013, j'en ai la peau des fesses qui crie au secours...

Tu semblait avoir correctement récupéré physiquement au raid28, tu verras au printemps si cela va mentalement. Mais si tu te réserves aux tritahlons, la fraicheur devrait revenir vite.

Bravo encore à toi, mais il est vrai que là, les mots sont faibles par rapport à la forcede ce que nous pensons de toi.

Hardi mon Zami, à bientôt !

L'Papy_bluffé_par_cette_lecture_et_qui_en_pédale_d'excitation_devant_son_écran...

Commentaire de Rag' posté le 14-05-2012 à 20:48:41

Récit passionnant, la preuve: je ne l'ai pas lu "en diagonale" comme beaucoup de CRs. Très bien écrit, jamais rébarbatif, ça me donnerait presque envie de me mettre sérieusement au vélo... Le vélo est, à mon avis, un sport d'endurance beaucoup plus ingrat que la course à pied.
Ceci dit, belle aventure! Bravo.

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