L'auteur : vial
La course : Saintélyon
Date : 6/12/2009
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4223 vues
Distance : 69km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
Amis coureurs la stélyon comme vous ne la voyez pas…
Pas de préparation suffisante, la décision de ne pas participer est prise depuis plus d’un mois. Enfin en tant que coureur, car en voisin je décide de vivre la stélyon d’une autre façon, en spectateur-logistique. Donc une météo clémente me rassure sur le bon choix : celui d’aller voir le départ après un repas kikouresque grâce à MAMANPAT et au BLOB qu’on ne remerciera jamais assez pour leur excellente initiative, tout en prenant le départ SVP.
L’occasion aussi de faire découvrir à un collègue récemment arrivé de la Réunion, plongé sans délai dans le froid et l’échelle de la stélyon. Point de vrai froid, mais une vraie folie avec 10 000 coureurs attendus dont près de 7000 en solo. L’organisation a raclé large, au risque de perdre le côté confidentiel de la rencontre.. Thomas me parle du grand raid en Réunion avec des coureurs s’isolant dans leur guitoune avant de joindre le départ à peine une heure avant.
Saint Etienne nous accueille à 20h30, avec un peu de tâtonnement afin de trouver le parc expo sans ce foutu GPS qui me fait encore des siennes… un grand merci au kéké qui m’offre sa place au repas, suite à une renonciation pour douleur au genou. Tu reviendras plus fort sur les skis de fond le kéké !!
Beaucoup de kikous vont se préparer, je ne peux faire le tour de tous, afin de ne pas laisser mon copain un peu perdu dans cet univers méconnu. Tout comme la course qu’il va vivre, une grande première pour lui.
J’échappe aux affres du départ, contrairement à Mathias inquiet sur une (vieille) douleur de retour, ou Golum indécis sur le choix des ballerines pour mieux affronter les chemins de la saintélyon. Les reconnaissances récentes font craindre une première partie assez boueuse, une deuxième partie moins périlleuse. Reste qu’Arfeuilles, douloureux souvenir de 2008, sera pas aussi sec qu’on ne le pense.
Après beaucoup de rencontres dans le grand hall, je me dirige une demi-heure avant, vers la ligne de départ. Plus exactement dans le premier virage après la ligne, où j’ai repéré un plot béton sur lequel je me hisserais (zut j’ai donné le meilleur point de vue de la course !!). Le karrimor sous les fesses, je patiente alors que chacun se positionne. Petit coucou à Cathy DUBOIS qui s’échauffe avec d’autres costauds, les chanceux du sas élite. Derrière plus de 6000, c’est la 6000 D D comme débrouille pour bien se placer. Mais le mieux placé c’est moi, trônant sur mon piédestal ! Musique, décompte et départ : un défilé inouï se déroule sous mes yeux. J’ai déclenché le chrono et ce que vous ne savez pas, amis coureurs, c’est que tu sois le premier ou le dernier, 7 minutes te sépareront : une marée humaine, plus de 1000 coureurs à la minute. Voilà ce que vous ne voyez pas, malgré toutes vos lampes allumées. Les derniers marcheurs s’éloignent pour une très longue fin de nuit…..
Retour à la voiture, j’espères filer vers Soucieu, afin de dormir un peu à l’arrière de l’Espace, et profiter de la tête de course pour sortir de ma nuit, et commencer une nouvelle nuit avec vous tous. Changement de programme, une accompagnatrice est un peu perdue pour rejoindre Sorbiers. Mon GPS , (par galanterie ?) fonctionne de nouveau. Sur les conseils avisés d’un local, on file à l’opposé du grand bouchon de sortie du parking. Un grand tour de quartier (zut j’ai encore donné un de mes tuyaux) et nous voilà filant vers Sorbiers. St Christo sur la gauche et puis je m’aperçois de l’absence de ma suivante qui a du choisir de rejoindre St Christo en direct. Premier barrage de gendarmerie : je suis en règle et on me laisse passer. Enfin je laisse passer d’abord la fin de la course, marcheurs et coureurs munis de bâtons de marche. Une boucle dans Sorbiers et me voilà côtoyant l’arrière-garde sur la traversée du village endormi. Les coureurs bifurquent à droite sur leur première montée hors bitume selon mes souvenirs. Je file sur les routes endormies pour rejoindre St Christo, compte tenu de mon repositionnement.
Féérie dans la nuit. Non ce n’est pas le
à Lyon, qui se déroule à l’heure ou j’écris ces quelques lignes. Mais c’est une répétition grandeur nature, à la grandeur de la Nature qui vous ouvre les portes de la nuit. Ce fameux serpent lumineux de frontales que vous découvrez en vous retournant durant la course, et qui m’engage à quelques prudents et discrets coups de klaxon (par respect pour la population locale), klaxon pour vous remercier du formidable spectacle que vous m’offrez ! Vous disparaissez dans la nuit pour mieux vous offrir plus tard. A moins de 100 mètres je vous tutoie de nouveau. Mais cette fois-ci vous devenez un immense serpent lumineux et coloré. Dans cet axe parallèle vos lampes disparaissent pour laisser place aux couleurs de celui qui vous précède. Le serpent se déplace lentement mais sûrement en ondulant. Mais la tête de ce dragon chinois est déjà loin. Et lorsque j’attends son flanc haletant, vous me barrez la route : pied à terre…
Une demi-heure de course, vous voici juste sur la ligne de partage des eaux entre LOIRE et RHONE , hésitant à basculer sur l’océan ou la mer. Vous choisissez de prendre la mer, quittant un chemin boueux pour filer sur une petite route, sur laquelle votre tolérance me permettra de faire encore un petit bout de chemin ensemble, en arborant fièrement le maillot kikourou en étendard sur les flancs de mon véhicule. Nous nous perdons de nouveau pour mieux nous retrouver, pour vous secourir aussi. Nouvelle rencontre : tapis dans la nuit, vous surgissez de la gauche pour, en une grande courbe lumineuse, pour mieux plonger dans les ténèbres. Un signe de la main, deux coureurs sur le côté : ça sent les feux de détresse : un coureur jette l’éponge sur tendinite à un genou. Il m’indique appartenir à l’équipe d’AREVA sponsor de la course, avoir mal au genou, mais aussi dans le cœur de ne pouvoir poursuivre son aventure de relayeur patiemment préparée dans ses montagnes savoyardes. Après discussion je lui propose de rejoindre Soucieu pour le PC médical, tout en passant vers St Christo.
St Christo, deux immenses serpents lumineux descendent vers le village, l’un pataud, lourdaud, englué dans son habit métallique, les yeux exorbités de son immobilisme : tous les véhicules sont bloqués. L’autre, agile, souple et régulier, un unique œil trouant les ténèbres : c’est vous ……
Une chance d’être sur le versant opposé, de découvrir les lumières se reflétant dans l’eau, ou lumière rasante, étrange illuminant les prairies alentour. Nous vous abandonnons encore, pour un peu de repos , de répit, le temps d’un ravitaillement. Puis de nouveau vous surgissez de la nuit, et nous jouerons encore à cet étrange jeu de cache-cache. Ensuite nous filons sur Larajasse, St Martin en haut, reine aussi de la course à pied, avec
Thurins pour amorcer la longue descente sur Soucieu. Descente que vous vivrez aussi, mais bien moins confortable. Ayant déjà avalé la Bullière, le bois d’Arfeuilles, le pic de St Genoux, parfois déjà sur les genoux, vous amorcez l’usante descente sur Soucieu en Jarrest, dernière étape de votre périple.
Soucieu : finie la nuit et son univers feutrée. Barrières , rubalises et bénévoles attendent fébrilement la tête de la course. A l’instant de m’engager sur le giratoire, je stoppe tout. Un groupe de cyclistes dévalent les rues et me coupent la route. Le tête du dragon est proche, soufflante haletante, bicéphale. Les deux premiers semblent s’être payé le luxe de dépasser les ouvreurs dans les parties techniques , et ces derniers ont bien du mal à arriver à temps pour annoncer l’arrivée du dragon !!
Il est 3 heures du matin, de petits paquets de coureurs apparaissent. Plus tard la première féminine se présente : une sacré pointure : non pas Berthe, mais Maud, et le palmarès ne ment pas. 20 minutes plus tard Cathy se présente et doit déjà reconnaitre la classe de sa rivale, qui lui ajoutera encore un écart d’environ 10 mn jusqu’à Lyon. Les visages sont marqués, certains accusent déjà les signes irréfutables d’un abandon à Soucieu. Nous encourageons, « ravito de suite, se refaire la santé…. » Et les mains brulantes à force d’applaudir. 3 heures et demi à encourager, applaudir, aider. Les yeux écarquillés à tenter de reconnaitre les copains. Appel de Golum, qui a échappé à ma vigilance : il décide de continuer sans changer de chaussures, je loupe le Blob, je cavale à la voiture pour le ravito (gels, eau) et chaussures pour mon collègue réunionnais. Des buffs kikourous, qui, à mon appel répondent d’un signe de la main, ou ne répondent plus : « il n’y a plus d’abonné au numéro de dossard que vous avez demandé bip bip bip ». C’est la partie la plus dure de la course : celui qui repart de Soucieu finira, celui qui craque mentalement s’arrêtera ici même. Un copain m’annonce son abandon car complètement cassé : Gilbert V2 est pourtant un costaud ayant terminé 3ième en relais à 2 il y a pas si longtemps. Badgone apparait, avec toute sa souffrance, se méprenant sur mon message : « Si tu quittes Soucieu, tu finis ». Christian croit comprendre qu’à Soucieu c’est pratiquement fini…. Martine est là pour le booster et il finira car il repart de Soucieu : j’avais donc raison même si la route jusqu’à Lyon est usante, avec encore de gros morceaux à avaler.
6h30 je quitte Soucieu, fatigué, avec de gros coups de fatigues au volant : prudence. Et déception en arrivant à Gerland : tout est verrouillé, nous sommes contenus dans le haut des gradins : ah les gredins ! Trop de coureurs : alors il a fallu sacrifier la convivialité sur l’autel de la célébrité… Souci car j’ai le sac de rechange de mon collègue : un simple sac qui ne ferme pas, et qui n’aurait pas résisté à l’amoncellement des sacs dans les bus de transfert : vidé comme tous les coureurs qui arrivent au fur et à mesure que la nuit les abandonne. Le gros de la troupe arrive entre 8 et 9 heures : presque bloqué à moins d’un mètre de la ligne d’arrivée, perdant encore quelques précieuses secondes…Des moments forts avec l’arrivée d’un copain, cumulant deux épreuves marquantes : la naissance de son fils Jules à minuit la veille, et le lendemain à minuit au départ de la stélyon …. Mathias le boss qui bouclera malgré la douleur du départ. Et puis Badgone qui ira jusqu’au bout, faisant vivre une superbe maxime lors de la remise : « la souffrance est passagère, l’abandon irrémédiable »
La remise consacrera de sacrés chronos, moins de 6 heures pour Maud, très complice avec Martinev, moins de 5 heures pour le premier, avec un gain de plusieurs minutes, super rapide le gars, car déjà dans le train du retour lors de la remise des prix………
C’était votre saintélyon et un peu la mienne….
18 commentaires
Commentaire de Mustang posté le 08-12-2009 à 23:38:00
merci pour cette très sympathique vision de la sainté 2009
Commentaire de Astro(phytum) posté le 08-12-2009 à 23:44:00
Merci pour ton ALLEZ KIKOUS à Soucieu!! et te voir encore présent à l'arrivée .
Commentaire de Belet posté le 09-12-2009 à 00:48:00
Bravo vial pour ce récit d'accompagnateur.
Ce fut un plaisir de te revoir à l'AAB, et ton encouragement super sympa à Soucieu, pas le temps de m'arrêter :).
A bientôt j'espère.
Arnaud.
Commentaire de millénium posté le 09-12-2009 à 07:42:00
merci michel pour ce CR , original mais soulignant l'importance des "supporters"...
T'inquiète , j'avais bien compris ton message , mais que ce fût dur !!!
Commentaire de Mamanpat posté le 09-12-2009 à 08:39:00
Du bord de la route le plaisir est partagé mais il semble que tu éponge aussi une partie des souffrances...
Merci Michel !
Commentaire de mysterjoe posté le 09-12-2009 à 09:06:00
merci michel pour ton récit de cette nuit, oui un peu dommage ce "verrouillage" à l'arrivée, passes mes félicitations à ton collégue réunionais, au plaisir de se recroiser
Commentaire de blob posté le 09-12-2009 à 09:07:00
sympa ton récit, ça donnerait presque envie de la faire en voiture la prochaine fois, ce fichu trajet ;-)
merci pour ta présence, et à bientôt
Commentaire de Fimbur posté le 09-12-2009 à 13:28:00
Chouette récit Michel,
toujours un plaisir de se croiser,
A bientôt
Fimbur
Commentaire de YannC posté le 09-12-2009 à 14:17:00
Superbe récit Michel. Comme d'habitude plein de nuances verbales. Je suis fan ;-)
Sympa de t'avoir croisé à St Etienne avant le départ.
J'ai fait le relais à 2 (avec un super chrono et une 3ème place en prime => je suis ravi). J'ai donc pu vivre la course à la fois de l'intérieur et de l'extréieur. Encore une belle édition cette année. Seul bémol : le nombre de partants. Cela commence à nuire un peu à la course. La limite était certainement atteinte voire dépassée cette année.
Commentaire de Françoise 84 posté le 09-12-2009 à 16:10:00
Merci pour ce récit un peu différent et surtout pour ta présence qui en a certainement boosté plus d'un!! Bisous, à bientôt!
Commentaire de yves_cool_runner posté le 09-12-2009 à 21:53:00
Salut Michel,
Sympa de s'être croisés à l'AAB et à l'arrivée. Merci encore pour la proposition d'assurer de la logistique, même si les conditions météo ont fait que l'on en a pas eu besoin. Je ne t'ai pas vu à Soucieu, mais avec les intestins retournés, j'ai foncé sur l'escale technique !... Récit à venir !
Commentaire de tophenbave posté le 09-12-2009 à 22:43:00
non seulement tu cours vite mais tu ecris tres bien.bravo et merci
Commentaire de knix05 posté le 10-12-2009 à 12:35:00
Voilà un compte-rendu original, la nuit a du être certainement aussi fatigante !
Commentaire de didstzach83 posté le 10-12-2009 à 21:28:00
Merci de ta présence, pour ton récit vivement 2010 Santé
Commentaire de golum posté le 10-12-2009 à 23:18:00
Merci Michel pour "l'assistance" et le petit coup de pompoculthérapie au tel. ;o) A bientot de te revoir.
Commentaire de sarajevo posté le 11-12-2009 à 18:34:00
"la douleur est passagère, l'abondon estirrémédiable" .... belle phrase ...
Bravo à toi pour la course de l'extérieur. C'est poarfois + crevant ...
a+
pierre
Commentaire de langevine posté le 13-12-2009 à 22:00:00
c'est beau, c'est simple, c'est vrai..
merci michel!
Commentaire de Matov posté le 14-12-2009 à 21:54:00
ayant moi aussi des problèmes de tendinite, j'ai failli ne pas y participer, mais j'étais prêt à faire comme toi et à me rendre sur la course même en tant que spéctateur pour encourager tous ces fous furieux qui bravent la nuit et les embuches des monts. Merci pour ton soutien aux participants
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.