L'auteur : yayoun
La course : Aravistrail - Etape 2 - 17 km
Date : 20/6/2009
Lieu : Thones (Haute-Savoie)
Affichage : 3124 vues
Distance : 17km
Objectif : Pas d'objectif
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Hier au soir, il s'agissait de me confronter à ma plus grande peur lors de la CCC : courir de nuit dans la montagne. Peur ridicule, je n'en doute pas, mais peur quand même...Faut-il blâmer ce cher petit chaperon rouge artisan de la crainte de se retrouver face au loup, je ne sais...Mais le fait est que je n'aime pas courir la nuit : je n'y vois pas grand-chose, ma myopie n'arrange rien, j'entends des bruits étranges, j'ai l'impression d'être oppressé et de vouloir souffler sur l'obscurité pour qu'enfin, la lumière soit...
Bref, deux solutions s'offrent à moi : soit courir la CCC en 12h, soit m'entraîner à courir la nuit...Pour des raisons plus physiques que métaphysiques, vous imaginez déjà que je n'ai d'autre choix que d'opter pour la seconde solution.
Je m'inscris donc à une nouvelle épreuve : l'aravis trail composé de trois étapes : 36kms et 3600+ le samedi matin, 14 kms et 1000+ le samedi soir, 53 kms et 3300+ le dimanche matin. Le choix étant à la carte, je décide de ne faire que l'épreuve de nuit.
Je choisis de tester la Myo XP de Petzel, convaincue par son éclairage. Le voyant des piles est vert, c'est tout bon. Je décide quand même de prendre ma mini Petzl de secours et une lampe torche pour les descentes. En effet, les pluies diluviennes des jours précédents ont rendu le terrain plus propice à des combats de catch dans la boue qu'à de la course à pied.
20H30 : c'est le départ. Une fois n'est pas coutume, je pars vite dans l'idée que tout ce que j'aurai fait de jour ne sera plus à faire de nuit. On commence par remonter tranquillement le Fier sur un sentier assez agréable puis on attaque une montée tranquille en bitume. La pluie s'est arrêtée, je monte tranquillement, dépassée depuis longtemps par le Rapace, Stéphanos et Fastoch partis devant. Cela dit, ce soir, c'est ma chance...une partie des participants a le 36 kms du matin dans les jambes et la fatigue se fait sentir. C'est bon, j'aurai des gens derrière moi et je ne me perdrais pas toute seule dans les bois.
On enchaîne quelques bosses dans les sous-bois et la vision devient beaucoup plus difficile. En plus, qu'est-ce que ça glisse...C'est la patinoire, notamment sur les petites passerelles à traverser. Mais pleine d'optimisme et confiante dans le fait que l'organisateur n'est pas pas un sadique, je me dis que les parties les plus accidentées ont été prévues pour être passées de jour...je découvrirai plus tard combien je me suis fourvoyée...Je monte en petites foulées les différents S en bitume et double quelques personnes. Je trouve mon rythme. On attaque alors la première descente en sous-bois. Déjà que je suis capable de voir le terrain d'un peu trop près de jour, je ne vous raconte pas de nuit. C'est le moment d'allumer la lampe et là, surprise...je n'y vois rien mais alors rien du tout. Naïve - c'est la première fois que j'utilise ce modèle - je me dis que peut-être elle éclaire davantage quand il fait vraiment nuit. Je ne m'inquiète pas trop encore et effectue ma descente avec concentration et prudence. Je me fais redoubler mais dès qu'on est sur du bitume éclairé par de bons lampadaires, je relance et dépasse. On termine alors la première boucle de 7 kms et on revient dans Thônes.
Là, l'ambiance est formidable. C'est la fête de la musique. J'ai l'impression d'être la première à arriver. Les gens nous encouragent, nous applaudissent. Les enfants nous tendent les mains ...Bref, j'ai l'impression d'être une vraie championne...Du coup, je fais gaffe à la foulée et traverse la ville à 12 km/h (si, si, pour moi, c'est rapide) et j'ai l'impression de courir à 20 km/h. C'est fou l'effet que peuvent produire des encouragements. Je vois Maï 74 venue depuis Villaz nous encourager avec ses enfants...Ca fait du bien.
Et c'est reparti pour une deuxième boucle après un petit passage dans un souterrain. On traverse quelques hameaux puis on attaque direct dans une montée et alors là, c'est l'horreur...Déjà, je monte à quatre pattes tellement c'est boueux. Je pose un pied qui redescend immédiatement. Je m'accroche aux arbres pour monter. On est entre chien et loup et le terrain devient de plus en plus technique. On court un moment sur du plat mais avec des passages à la main courante en glissant sévèrement sur des rochers. S'ensuit alors une descente plus technique en direction d'un hameau et là c'est la cata...Je dois faire face à cette terrible vérité : je n'ai plus de pile dans ma lampe. Je sors donc la micro lampe de secours et la torche qui me sauvera. Du coup, je n'y vois pas grand-chose, je descends avec prudence en éclairant les 50 cms devant mes pieds, je peste comme pas deux et évidemment, il se met à pleuvoir...Grrr...Remarquez, ça fait un bon test. Je suis ravie à chaque fois que je vois des lampadaires ou la frontale d'un bénévole au loin. Je profite des éclairages municipaux pour ménager ma lampe torche car si elle lâche, il ne me restera plus qu'à m'éclairer avec mon portable. Le terrain devient moins technique, on fait une longue traversée à travers champ et là je peux à peu près courir quand j'entends : splash...Et oui, je l'avais pas vu, en plein dans la flaque de boue...C'est bon, j'ai les pieds trempés, j'adore...L'avantage de ne pas voir les alentours, c'est que j'ai aperçu le panneau disant "attention aux loups". Et oui, le plateau abrite effectivement une meute de six à sept loups. De temps en temps, j'ai un peu peur, je ne vois rien. Le pire en fait, c'est de ne pas voir ce qu'il y a à plus de deux mètres de moi quand soudain, dans la descente qui nous ramène sur Thônes, le jour se lève derrière moi. Un participant éclaire comme le soleil et me sert de guide dans la descente...Je le remercie car il m'a permis de pouvoir courir dans cette partie légèrement casse-gueule. Enfin, on entend la musique à Thônes, à mon grand étonnement d'ailleurs car l'obscurité m'a complètement désorientée et je ne m'attendais pas à voir surgir la ville de ce côté.
Re-applaudissements dignes d'une championne, re-ailes dans le dos, re-accélération dans la ville...Un gentil spectateur me propose de me prêter les piles de son appareil photo mais je refuse. Je sais qu'il ne me reste qu'une boucle d'1,5 kms et naïvement, je pense qu'on va la faire dans la ville. Mais ingénue que j'étais, l'organisateur est un sadique et nous propose pour finir la montée des calvaires. Je déteste les calvaires, ça me met mal à l'aise alors les passer de nuit ...Je suis prudemment les rubalises et là, c'est peut-être le seul truc que je reprocherai à l'organisation, les rubalises sont noires et blanches. Et noir sur fond noir, ben, ça se voit pas.
Du coup, je commence l'ascension d'un chemin qui s'apparente plus à une escalade de bloc qu'à une montée de trail et je crois m'être trompée. Mais non, j'aperçois une frontale de bénévole en haut. Ô combien j'ai apprécié ces bénévoles lucioles tout au long de mon parcours...J'atteins enfin le dernier sommet et j'entame la dernière descente sur la ville. Et là, c'est vraiment tendu au point de vue de vision. Du coup, je la fais en grand pas car elle est en S et ma torche n'éclaire pas suffisamment pour voir les virages que je découvre à chaque fois au dernier moment tout comme les arbres, les racines perverses,etc...Quand soudain, je vois une frontale se rapprocher. Ah non, je ne vais pas me faire doubler maintenant. Je sais que mon rythme vient d'un défaut de lampe et non d'un défaut de jambes. Du coup, dès que j'aperçois le bitume, je relance, repasse pour la 3e fois le souterrain au bout duquel j'aperçois des super supporters : Fastoch, Stephanos, Rapace et Rapacette avec sa mère m'attendent et m'applaudissent...ça y est, c'est la fin de l'obscurité : je vois la lumière et je franchis la ligne d\'arrivée en 2h36 pour une course qui fera en réalité 16 kms et 800+
Juste le temps de se changer car je suis un peu argileuse dirons-nous et on file au repas avec les Rapace, Stephanos et Badgone et Martinev...Retour à la maison à minuit et demie. Aujourd'hui, Stephanos, Martinev et Fastoch sont repartis pour le 55 kms après 4 à 5h de sommeil : franchement, chapeau, je ne sais pas comment ils font...
Bilan : Une très bonne course finalement. Je retrouve de bonnes sensations, je m'en suis sortie avec un éclairage minimal : c'est bon je suis parée pour l'obscurité.En plus, tant pis pour les amateurs de cascade, je ne suis pas tombée une seule fois... Passé le moment d'énervement, c'est devenu un jeu, une sorte de chasse au trésor de chercher mon chemin et les rubalises. Surtout une superbe ambiance dans la ville. C'était formidable d'entendre les groupes depuis la montagne. Des bénévoles très nombreux et aux petits soins placés à tous les points stratégiques comme autant d'étoiles du berger pour nous guider...Bref, merci à l'organisation pour cette course : bon les organisateurs sont des sadiques mais en même temps, c'est ce que l'on est venu chercher et on n'a pas été déçu...
12 commentaires
Commentaire de laurent05 posté le 21-06-2009 à 14:00:00
bravo sarah tu as raison de tout prevoir pour la CCC, même de courir dans la nuit noire mais avec un peu de chance au mois d\'août tu auras une belle nuit étoilée
bises
laurent
Commentaire de L'Castor Junior posté le 21-06-2009 à 16:32:00
Excellent test pour le CCC, dans une ambiance digne des grands rendez-vous et avec des supporters de choc ;-))
Une chose est sûre : tu auras des piles neuves fin août ;-))
Commentaire de Théophile posté le 21-06-2009 à 18:06:00
Bravo à toi.
Moi aussi je ne prenais le départ que de la nocturne.
J\'ai trouvais ça vraiment énorme.
Bon Entrainement pour la CCC
Commentaire de eric74 posté le 21-06-2009 à 18:45:00
c\'est tout bon pour la CCC
Pour ma part , y a eu deux moments magiques sur la CCC , après le grand col ferret ... et la nuit surtout du coté de Bovines ....
tu m\'en diras des nouvelles fin aout
Commentaire de Jerome_I posté le 21-06-2009 à 20:09:00
Voila on apprend plus de ses conneries, donc maintenant tu vas acheter un contrôleur de charge de piles, c\'est très utile, mais surtout avant chaque course, on met des piles neuves dans sa frontale ;-)
Bonne Récup
Jérôme
Commentaire de Mamanpat posté le 21-06-2009 à 21:53:00
Bravo ma Yayoun !
Conditions extrêmes à l\'entrapienemtn et aux courses de prépa et tu seras au top quoiqu\'il arrive à la CCC !
J\'ai testé ma MYO XP vendredi soir aussi, trop bien comme j\'ai pu envoyer dans les descentes ! Enfon, à nos vitesses supersoniques de blablateuses !!!!
Vivement jeudi midi pour les détails boueux !
Commentaire de DJ Gombert posté le 21-06-2009 à 23:09:00
Entrainement pour la CCC, ... parce que tu crois que tu vas finir la Merell Sky Race avant la nuit ???
Et compte pas sur moi pour te servir de lumière, ... suis pas bénévole ;-)
Commentaire de rapace74 posté le 22-06-2009 à 06:58:00
bravo sarah pour ta course , mais bon j\'avais quand meme la dalle a t\'attendre ;-))))
bises
manu
Commentaire de VB posté le 22-06-2009 à 16:17:00
Bravo yayoun !!!
Un beua CR qui nous fait revivre cette jolie course.
Heureusement que tu avais une petite lampe de secours !!!
Bonne chance pour la suite !!!
Commentaire de coco38 posté le 22-06-2009 à 20:26:00
Bravo, quel soucis du détail. Tester le cas de la panne de pile !
Tu aurais aussi pu en profiter pour tester le changement de pile dans l'obscurité !!!
Commentaire de Belet posté le 23-06-2009 à 12:58:00
Bravo d'avoir vaincu l'obscurité, surtout que pour une tentative tu t'es un peu compliqué la tache.
Avec une MyoXP chargée, ca ne va être que du bonheur sur la CCC. (perso j'utilise en plus une "belt" que je place autour de la ceinture et qui m'éclaire juste devant les pieds).
A+
Arnaud.
Commentaire de maï74 posté le 23-06-2009 à 19:46:00
Bravo voisine !!! C'était un plaisir de venir suivre cette étape, désolée j'ai pas pu rester jusqu'au bout, mais je vois que tu as assuré un max... et sauvé ton corsaire !!! Bonne récup et à très vite j'espère, biz de Villaz.
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