L'auteur : DJ Gombert
La course : Cross Ecole de la Batarelle
Date : 15/3/2008
Lieu : Marseille 13 (Bouches-du-Rhône)
Affichage : 3950 vues
Distance : 1km
Matos : Du noir,
Encore du noir, ...
Et ma casquette blanche kikourou
Objectif : Objectif majeur
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Normalement je n’aurais jamais écris un récit pour cette course… jamais ...
.... mais samedi 15 mars, c’est le moment où tu nous a définitivement quitté Laurence, et j’avais envie de te rendre ce dernier hommage, d’écrire à nous tous que la Vie continue …
... et quoi de plus joli pour illustrer cela, que de raconter le Cross de l’Ecole primaire de la Batarelle, de penser que peut-être parmi ces élèves, un ou une d’entre-eux, un jour couriront Marseille-Cassis (certainement) et peut-être la SainteLyon … comme toi Laurence...
Mais revenons au commencement.
5H30, je suis réveillé, je pense à Laurence, mais aussi à ma fille Florine, qui va fêter ses 9 ans cette après-midi. Je me suis mis un peu dedans, sur la chasse au trésor, que je devais préparer en début de semaine, à moi de rattraper le coup. Allez au travail !
Le soleil se lève, mais je ne vois pas le Garlaban, il fait gris et Marseille est sous les nuages, ... comme lundi ...
Ça y est les filles, se lèvent nous prenons le petit déjeuner ensemble et nous nous préparons pour aller courir le Cross : Lison en CP et Florine en CE2.
Une fois habillé, je me recueille 1 mn à la mémoire de Laurence, la casquette kikourou sur le cœur.
Que la Sainte Vierge t'accueille auprès elle, et veille sur toi.
Allez en voiture ! direction l’Ecole, brief du directeur et remise des chasubles pour les accompagnateurs.
En premier, course des CP, c’est un peu la cohue, je suis au fond un peu loin de Lison. Je la vois toute en volonté, une grande détermination se lit sur son visage, on dirait presque titifb .
Nous démarrons tranquille, puis la corde est lâchée, et je vois Lison qui pousse sur ses jambes, déjà parmi les premières. Je pousse aussi pour me mettre à sa hauteur, en disant bien haut et fort à tous les enfants de bien respirer.
Lison est 2ième féminine, une plus grande est devant elle.
Ne pas s’emballer, respirer, nous avons tout le temps, descente en virage, ligne droite, nous doublons la grande, respire, relache toi.
Lison court si bien, sa foulée est aérienne comme celle de sa sœur, un grand moment de bonheur à courir à coté d’elle (Il n'y a qu'à voir la photo : je plane !!!)
Dernière ligne droite, nous avons distancé la plus grande.
Lison est très déterminée, concentrée sur sa foulée, et nous arrivons, du moins elle arrive première !
Une fois l’arrivée franchi, je repère 2 ou 3 enfants à l’agonie, avec des points de coté, je les fait marcher et surtout j'essaie de leur apprendre à respirer … "fais comme si tu allais souffler les bougies de ton gâteau d’anniversaire : inspiration,expiration pfffff."
Même topo pour à la fin de la course des CE1 : cours de respiration.
Voilà la course des CE2, Florine se met en fond de peloton avec sa copine Lucie.
Nous partons au train, tranquille, jusqu’à ce que la corde soit lâchée, et là VaVaVouummm !!!
Je crie : respirez à tous les enfants qui m’entourent, et de ne pas courir sur les trottoirs pour les chevilles.
Je rattrape Florine, et lui dit de bien respirer : Respire ! Respire ! Elle est 3ième Lucie la deuxième viens de s’arrêter. Elle est écarlate. Surtout respirez ! Ca y est Lucie repart, Florine est presque à sa hauteur, mais souffre presque autant, cela va très très vite. La dernière ligne droite est là, nous nous rapprochons de Lucie, mais Florine est aussi exténuée qu’elle, et finie 3ieme.
Retopo sur cours de respiration, après course.
Puis là, mon grand plaisir la course des CM2 avec Emeline.
Emeline déteste la course à pied, l’an dernier, je l’avais accompagné et nous nous étions arrêtés plusieures fois pour des points de coté, sans compter les pieds qui tapent lourdement sur le bitume : paf ! paf !
Cette année, nous partons ensemble, et on va respirer, essayer que ce moment soit du plaisir.
Départ tranquille et rapidement nous sommes … derniers. La moto balai derrière nous, 15 mm à parler à Emeline, à la faire respirer, rester légère sur ses appuis, et puis notre arrivée triomphale bon dernier, acclamé par la foule en délire.
Comme me le dira sa mère plus tard, Emeline est arrivée en forme, pour la première fois !
L’essentiel n’est-il pas, avant tout, de prendre du plaisir ?
En parlant de plaisir, celui de voir Lison brandir sa coupe.
Cette victoire que je dédis à Laurence.
Le soir à la maison j’en parle à Lison :
« Tu voudrais dédier ta victoire, à une amie de papa ?
Bof ! qui c’est ?
C’est Laurence, je montre la photo de Laurence, elle est .. morte lundi.
Lison un peu angoissé : elle avait quel âge ?
Elle était un peu plus âgée que papa.
Tu veux alors ?
Bon d’accord.
Papa ?
Oui ?
Je peux jouer aux Lapins crétins.
Sourire, bien sûr ma chérie."
Et continuons dans le plaisir : Florine 3ième qui reçoit sa médaille.
Je croise la maîtresse de Lison, « alors c’est carton plein , (2 filles, 2 podiums).
Heu ! ... oui !,
Devant ma mine, vous n’êtes pas content ?
Heu ! si ! mais l’essentiel c’est de participer "…. Et je pense au fond de moi "de savourer combien la Vie est Belle" ...
L’anniversaire c’est super bien passé. (J'ai réussi à finir les énigmes de la chasse au trèsor au finish).
Le temps est toujours gris, et nuagueux. Je pense à Laurence et je prends la Bonne Mère en photo : qu'elle veille, à jamais et pour toujours, sur toi, Laurence.
Je ne sais pas si tu aimais leur parfum, leur couleur, mais j'ai pris ces fleurs de romarin pour toi aussi ...
Adieu Laurence.
PS : En provençal, adieu s’emploie pour dire bonjour ou au revoir. C’est une forme affectueuse que j’affectionnais particulièrement avec ma grand-mère, la mère de ma mère.
"J'aime bien venir ici parce que seul l'essentiel y a encore une quelconque importance,
une quelconque valeur, je suis venu pour me souvenir avec toi et aussi t'apporter des fleurs
quelqu'un a dit quand tu es né, tu pleurais et tout le monde souriait autour de toi,
tache quand tu vas mourir de sourir et que tout le monde pleure.
Alors qu'approche l'heure du dernier soupir,
certaines vies à leur aurore se révèlent avoir été aussi discrètes et simple que remplie,
la tienne était de celles-ci, et en ce jour de malheur, c'était les tiens,
ainsi que tout ton entourage qui versaient des larmes d'émotions,
de tristesse mais aussi de détresse alors que tu t'en allais avec courage.
Au moment ultime où toute pudeur s'efface où les sanglots étouffent le moindre mot
où le fond remplace la forme où les forces du corps s'enfuient
pour laisser place à des ressources insoupçonnées de dignité et de foi,
tu as fait face et sans bruit tu es partie, tu es partie et le temps c'est figé pour les tiens,
je me rappelle comment leur monde s'est effondré,
tout ce qu'ils auraient donné pour que la Terre s'arrête de tourner pour te rendre hommage. C'était la 1ere fois pour moi et aujourd'hui encore c'est comme si c'était hier,
l'oeil rouge sur le seuil de ta chambre, un regard posé sur ce corps autrefois si vivant
mais là tellement froid, et puis cette boîte en bois, ton cercueil,
je m'en rappelle pour toujours je pense, cette boule coincée dans la gorge, qui rend fou,
que rien ne semblait pouvoir m'ôter parce qu'il existe certains maux,
qu'aucun mot, qu'aucune pensée ne peut faire passer ,
reste le temps qui ne cicatrise pas les plaies, mais peut finir pourtant par les apaiser.
Quelques jours après ils t'ont mis là, ils appellent ça la dernière demeure,
il faisait beau ce jour là, beaucoup ne le voyait même pas.
Quelque chose flottait dans l'air étrange peut-être
mais par moment je m'en rappelle, j'aurais juré que tu étais quelque part
parce qu'au-delà des larmes et des condoléances je sentais une force transparaître,
une force comme une sensation intense dans les moments de silence,
impossible de savoir s’il s’agissait d'une présence ou d'une absence.
En tout cas ce jour là tout a chaviré à jamais
c'était presque une seconde naissance
la fin de l'illusion de ma toute puissance une porte qui c'est pour toujours ouverte,
tu es partie et aussitôt c'est rendu le dernier carré de résistance de mon innocence enfantine.
Et maintenant elle est là tout près cette idée auparavant si lointaine,
cette compréhension si intime de la signification du mot ultime.
Et puis le temps a passé et je me suis aperçu que la terre avait continué de tourner
comme si de rien était et quelle tournait encore
mais moi j'étais sur mon banc, le coeur ivre du poids des souvenirs,
de regrets, de remords et je la regardais bouger,
j'étais au bord, plus rien ne comptait
alors je voyais les autres s’agiter, rire se soucier, vivre ,
et la tristesse a changé pour les tiens, elle s'est faite plus perverse plus intérieure,
alors que ton nom s'effaçait peu à peu des lèvres.
Pour eux il y avait partout ton nom et ça personne d'autre pouvait le comprendre,
cette colère, ces rancoeurs au fond du coeur
comme si pour les autres tu n'avais même jamais était sur terre,
ici bas c'est la peur qui domine, c'est dans le tableau de silence que l'on se tait
c'est comme ça que l'on s'en va, c 'est seul, et sans rien apporter avec soi,
le temps passa petit à petit, il ne reste plus personne pour se souvenir.
Combien par peur ou dans la douleur n'ose plus prononcer le nom de celui qui part.
C'était un fait inacceptable insupportable mais inévitable,
Tu n'étais plus là mais rien ni personne ne pouvait rien y faire,
Alors il eût fallu accepter pour continuer,
Continuer puisque rien d’autre n'était possible,
Continuer alors que tout partout nous rappelait ton image.
Il a fallu pour finir admettre de n'être qu'un orphelin de plus
Et comprendre qu'il existait des peines encore pire que la mienne.
Et puis encore du temps a passé
Et j'ai fini par comprendre que c'est du pire que le meilleur peut parfois jaillir
Comme une prise de conscience que
C'est par l'existence de la nuit que celle du jour prend du sens
Et puis une envie celle de vivre chaque jour comme s’il devait être le dernier,
Intensément, essayer de saisir la quintessence de la vie,
Etre auprès de ce qu'on aime et accorder au reste un peu moins d'importance
Parce qu'une vision nouvelle du superflu et de l'essentiel m'apparu alors comme une évidence
C'est lorsqu'on se retrouve au pied du mur qu'un tas de petites choses
Qu'on a toujours eu sous les yeux peuvent devenir belles,
Et maintenant c'est en confiance que j'avance habité par ton souvenir
Et peut-être ta présence.
Je suis venu pour te voir, te remercier du fond du coeur pour
Le plus beau cadeau que tu ne m'a jamais fait : la Vie.
Et je suis venue ici pour te le dire, ici ou le cours de celle ci un instant s'arrête
Dans ce lieu où je serais à nouveau à côté de toi peut-être ,
Je ne sais pas si tu peux entendre mes confidences ou si je suis juste là seul,
dans le vide, sur un caillou, si elle est une fin ou bien un début,
cet inconnu qui tient notre vie par les deux bouts.
Je sais juste que tu as toujours aimé leur parfum, leur couleur
Alors je reviendrais te voir et t'apporter des fleurs."
20 commentaires
Commentaire de agnès78 posté le 18-03-2008 à 07:46:00
merci...
bises
agnès
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 18-03-2008 à 07:55:00
Bravo les filles. Merci pour cet hommage.
Commentaire de laurent05 posté le 18-03-2008 à 08:49:00
merci pour ce bel hommage
bravo à tes filles
a+
laurent
Commentaire de sarajevo posté le 18-03-2008 à 08:52:00
bel hommage Dj a bientot sur une course et ensuite autour d'une bière ...
Bravo a tes deux princesses....
a+
pierre
Commentaire de taz28 posté le 18-03-2008 à 08:58:00
Quelles belles championnes avec un papa heureux !!!
Merci pour ce récit tout en hommage pour Laurence...
Taz
Commentaire de Khanardô posté le 18-03-2008 à 12:54:00
Ca c'est un p... de récit.
Merci à toi pour le texte, les photos, les mots entre les lignes, tout quoi.
Je n'ai pas compté le nombre de fois où le mot respirer apparait, et je rigole en constatant que tous les loupiots sont bien les mêmes sur ce point (2 et 5 ans pour les miens) !
Merci aussi pour ton aide pour tu sais quoi.
J'espère bien te rencontrer un beau jour.
Alain
Commentaire de Françoise 84 posté le 18-03-2008 à 17:51:00
Comme quoi, le récit d'une course si courte peut être bien plus émouvant que celui d'un marathon!! Merci à toi ... et bravo à tes 2 puces!!
Commentaire de l'ourson posté le 19-03-2008 à 00:28:00
Merci DJ pour ce récit en forme d'hommage :-) et surtout fais plus que jamais toujours attention à ta personne car tes petites puces ont encore bien besoin de toi..
L'Ourson_attaqué_par_des_moucherons..._Adieu_Laurence !!
Commentaire de titifb posté le 19-03-2008 à 05:50:00
Merci pour ce superbe CR !!! Tes fills, c'est de la graine de championne. Elles ne lâchent rien ! BRAVO à elle et merci à toi pour ce vibrant hommage. Chacun a eu à coeur ce we de faire quelque chose...même tes filles. SUPER.
Lison-déterminée-comme-Titifb !
Commentaire de Lolarun posté le 21-03-2008 à 01:01:00
tout simplement superbe... j'en perds mes mots! merci à toi, merci aux filles pour ce formidable moment de lecture et de partage. Ce samedi restera dans nos coeurs comme une journée vraiment à part. à la mémoire de lolo.. merci encore
Commentaire de millénium posté le 21-03-2008 à 05:18:00
superbe récit !
Vraiment un bel avenir ces deux pitchounettes !
Un papa super heureux.
Merci pour l'émotion aussi.
Bon ben maintenant , un récit pour chaque course hein ?!
ps : très heureux de t'avoir rencontré
Commentaire de fanfan59 posté le 21-03-2008 à 06:34:00
Superbe hommage ! Bravo les filles ! N'oubliez pas de bien respirer comme vous le dit papa, cela vous fera progresser, encore et encore et vous permettra d'être un jour à la hauteur de son amie Lolo. Prenez du plaisir en courant, c'est là la clef du succès. Je vous embrasse.
Françoise
Commentaire de Mamanpat posté le 21-03-2008 à 08:18:00
Maman également (ils ont 8 et 4 ans), je suis terriblement émue à la lecture de ton récit.
(Vaudrait mieux pas qu'un collègue vienne me voir à l'instant !!!)
Merci beaucoup pour ce récit empli d'émotions, d'humilité et de satisfactions !
Et bravo à tes puces, adorables qui plus est !
Pat
Commentaire de Jerome_I posté le 21-03-2008 à 11:25:00
Bravo pour ce CR et cet hommage à Lolo,
Bravo à tes filles, tes championnes...
Jérome
Commentaire de mickou posté le 21-03-2008 à 12:30:00
Superbe...
Commentaire de Estive 73 posté le 22-03-2008 à 07:04:00
Merci pour ce récit.
Gardons l'envie ! La jeunesse nous ouvre la route !!
Commentaire de BOB MORANE posté le 22-03-2008 à 23:44:00
Quel bel hommage !
Commentaire de vial posté le 25-03-2008 à 22:07:00
un hommage inter génération
l'inter génération c'est notre carburant
après Lolo il y a toujours quelqu'un pour reprendre le flambeau
et ranimer la flamme qui brillait dans son sourire
Commentaire de Delphine posté le 01-04-2008 à 16:47:00
Très bel hommage!!!
Bravo à tes filles (une sacrée volonté dans les yeux et les guiboles!!!)....
Moi aussi j'ai des énigmes à faire pour l'anniv de ma grande...arf! :o))
Delphine
Commentaire de langevine posté le 20-08-2008 à 20:15:00
je suis tombée par hasard sur ce CR... c'est tout simplement magnifique.. Un récit rempli d'émotions et d'humilité. Très beau, simplement..
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