Après 10 semaines d’entraînement, il est temps à présent de partir en direction de Barcelone.
Direction Leucate où une vingtaine de coureurs et accompagnateurs de l’association dont je fais partie sont présents. Petit briefing et on décolle pour Barcelone.
Arrivés à bon port et après avoir trouvé l’hôtel non sans quelques péripéties, on part retirer les dossards.
L’hôtel est super bien situé à même pas 10 minutes de marche du lieu de départ.
Le dossard en poche, on retourne à l’hôtel histoire de se reposer un peu et on se donne rendez-vous à 19h30 à la « cerveceria » en bas de l’hôtel.
C’est là que j’aurai dû sentir venir le piège car quand j’arrive au bar mes potes sont déjà attablés et les pintes de bières sont prêtes à être consommées.
Moi qui voulais être sérieux c’est raté. Et c’est parti pour une tournée de bière puis 2, puis 3 après tout on aussi là pour faire la fête.
Vers 21h on se décide à chercher un coin pour manger mais rien ne nous emballe et on finira par aller manger au resto de l’hôtel. Oui mais 20 personnes qui débarquent à 21h30, il faut les caser. Du coup il faut attendre et comme par hasard juste avant la salle de repas il y a le bar !!!
Du coup pour faire passer le temps, on se refait une petite tournée puis 2.
Vers 22h15 on arrive enfin à table mais les serveurs ont la bonne idée de mettre 4 bouteilles de rouge…décidément pour une veille de marathon c’est loin d’être idéal.
23h30 le repas terminé, je remonte à ma chambre mes certains de mes potes retournent à la cerveceria.
Personnellement j’aurais été assez sérieux en ne buvant qu’une pinte et 2 demis.
Certains ont poussé un peu plus la fête, faut dire qu’ils faisaient que le 10 km pour s’amuser sauf René qui fait le marathon et vise d’approcher les 3h.
Le matin du départ, je tombe sur René dans la salle du petit déjeuner et j’en profite pour le chambrer car il a la mine fatiguée avec les petits yeux. Le petit déjeuner est dur à passer et je dois me forcer pour avaler quelque chose.
A 8h on part tous pour rejoindre le départ qui est donné à 8h30.
Petit échauffement rapide et on se place dans les différents sas.
A souligner que le lieu du départ est vraiment magnifique, plus joli qu’a Paris d’après moi.
Il est 8h15 et il fait déjà chaud ce qui m’inquiète un peu. En plus je n’ai que 5 gels et pas de coup de fouet. Il m’en aurait fallut 2 de plus mais je n’en ai pas trouvé au village marathon la veille. Tant pis on verra bien. Mon mollet ne me fait pas souffrir, espérons qu’il tienne le choc. Je décide de partir avec mon pote René qui veut suivre le ballon des 3h00. Si je sens que je force trop je lèverai le pied. Mon pote Nicolas qui ne fait que le 10 décide de les faire avec nous histoire de nous motiver.
Le départ est donné et il nous faut 1’ pour passer la ligne de départ.
Les ballons sont devant nous. C’est d’ailleurs le seul reproche que je ferai à l’organisation, ils sont tous blancs et regroupés devant.
Bref, on remonte le 3h30 puis le 3h15 mais le 3h00 est 200m devant nous et on ne veut pas se cramer en accélérant trop violement pour le rattraper. On décide donc de le garder en ligne de mire. Oui mais au bout de 500 m on voit le ballon s’envoler, tant pis pour le ballon on va se fier à notre chono et surtout nos sensations.
Passage au km 5 en 21’35, René bien décidé à faire 3h accélère un peu et je décide de le suivre. Le parcours comprend des faux plats jusqu’au 10ème mais pour le moment tout va bien.
Au km 10 Nicolas nous laisse et on continue notre «galère» à 2. On passe le 10 en 42’25" soit 15' d’avance sur le temps prévu. On est bien et avons trouvé notre rythme que nous décidons de garder. A ce moment là ce que je redoutais le plus arrive, mon mollet commence à me rappeler rien n’est gagné. En plus jusqu’au 17ème km le parcours est plus difficile et l’on doit se taper des côtes assez longues qui m’obligent à solliciter mon mollet.
On passe le km 14 en 1h00’00 tout rond, on a reperdu du temps mais je calme René en lui disant que les côtes nous ont ralenti et que le 2ème semi est plus roulant.
On si dit en plaisantant qu’au 28ème il faudra être en 2h00’00.
On arrive au semi en 1h32’12 et j’ai de + en + de mal à courir à cause de mon mollet.
A ce moment là, je comprends que les 3h00 sont loin et qu’il faudra viser moins. René lui y croit toujours et je décide de ne pas le démoraliser en lui disant que c’est impossible. Je lui dit que je suis en train de craquer mais il me dit de me taire et de regarder la route. Je sers les dents et m’execute.
Passage au km 25 en 1h48’, c’est bon on arrive à ne plus perdre de temps c’est déjà ça.
De mon côté depuis le semi, je suis obligé de changer ma foulée pour éviter d’avoir mal au mollet. Heureusement, le public est omniprésent tout au long du parcours et nous encourage sous les « Venga, venga ». Dans les moments difficiles on a beau dire ça fait vraiment du bien.
Au km 29 René accélère ou je ralentis ? Je ne peux plus accélérer, j’ai un gros coup de fringale et des débuts de crampes aux mollets et aux cuisses dès que je veux accélérer malgré le demi litre d’eau englouti entre chaque ravito. Je me résigne à le laisser s’échapper et prend un gros coup au moral surtout que je passe le km 30 en 2h13’23 soit + de 5' de retard. A présent je vais devoir finir seul.
Je crois que pour la 1ère fois je découvre ce qu’est le mur en plus il ne me reste plus que 2 gels.
A ce moment là, je n’entends plus rien et je cours en fixant le sol et en essayant de ne pas penser à la douleur. Je cherche un moyen de penser à autre chose pour me déconnecter de la course et sentir un peu moins la douleur seulement en faisant ça, je m’aperçois que je ralentis dangereusement.
La pause pipi se fait sentir mais je sais que si je m’arrête je ne pourrais pas repartir donc je continue.
Je lève la tête pour apercevoir René mais je ne le vois plus, le bougre il a la pêche !!!
Quand j’arrive au 35ème, je n’ose même pas regarder ma montre et à mon grand étonnement, je tombe sur mon pote Eric qui visait moins de 3h00 et qui a explosé. Nicolas a prit le métro pour lui faire le lièvre mais là il lui sert juste pour le moral. Il me dit qu’il est mort et qu’il a une énorme ampoule sous le pied. Ils m’encouragent et me disent de les suivre, je les tiens sur 500m mais n’arrive pas à suivre leur rythme, ceci dit de voir des têtes familières m’a fait un bien fou
et je continue en courant comme je peux : presque en boitant.
J’ai l’impression de me traîner ceci dit j’arrive encore à doubler pas mal de coureurs alors que très peu me doublent.
Arrive enfin le km 40 (mais qu’ils sont longs ces km catalans) et je ne vois pas de ravito…p..ain c’est quoi ce bordel, j’ai les crampes qui arrivent et je suis assoiffé.
Je pense que ma foulée doit être à la limite du comique mais à ce moment là je ne m’en soucie guère. Finalement le ravito se situe 100m plus loin mais à ce moment de la course même 100m c’est long.
Je passe le km 40 en 3h02’05 et vais tout faire pour passer sous les 3h15 ce qui me semble tout à fait raisonnable.
Le dernier km est une longue côte en ligne droite qui casse le moral car on aperçoit les 2 tours de l’arrivée qui paraissent si loin.
Devant moi un gars s’arrête prit de crampes, ça me fait mal au cœur car je suis à peu près dans la même situation. Je trouve la force de l’encourager par son prénom agrafé dans son dos. Il me regarde désespéré et je comprends qu'il ne va pas repartir de suite.
De mon côté, c’est pas brillant, la tête me tourne, j’ai des crampes et je dois courir les jambes presque raides et j’ai mal aux pieds. J’ai les larmes aux yeux mais je ne m’arrêterai pas, pas maintenant à 500m de l’arrivée.
A 300m de la délivrance, tous mes potes sont là pour m’encourager (sauf ceux qui courent encore évidement) et à 200m de la ligne je décide de pratiquer ma tactique favorite…à savoir le sprint final.
Mon sprint est vraiment fulgurant et doit me permettre d’augmenter ma vitesse de 0,1 km/h
ceci dit je double quand même 5-6 coureurs avant d’en finir avec ce marathon de la souffrance en 3h12’25.
J’ai les jambes tétanisées et ne peux m’arrêter de marcher, comme si mon cerveau ne commandait plus mon corps, ça fait une drôle de sensation quand même.
Un gars de la croix rouge s’approche de moi car je dois vraiment faire peur à voir mais je le remercie et me précipite recevoir ma médaille et surtout aux ravitaillements que je vais squatter pendant un bon quart d’heure. J’ai une fringale à faire fuir un ogre, j’engloutis au moins 5 bananes, 5 oranges, 3 pommes sans compter les poignées entières de noix et amandes séchées. Je bois et m’arrose à tout va.
Je suis crevé mais ravi d’avoir fini qui plus est dans le temps que je m’étais fixé car je savais pertinemment que je ne ferais pas 3h00, d’ailleurs mon objectif annoncé était de faire moins de 3h15. De plus, pour mon 2ème marathon j’améliore mon temps de Paris de 16 minutes.
Mon pote René viens me retrouver, il a mit 3h10’51, il est vraiment monstrueux d’avoir réalisé un tel temps en se couchant à 1h30 du matin et en ayant bu 6 litres de bières et je ne sais combien de verres de rouge la veille. Lui en revanche est déçu, pourtant on a le même niveau et je pense qu’il avait été trop optimiste mais ça je lui avais répété de nombreuses fois à l’entraînement quand il m’annonçait son objectif.
Environ 1h après la course, j'ai ressenti une grosse douleur au pied droit qui m'empêche de marcher comme il faut et m'évoque une fracture de fatigue.
Bon ceci dit, ça ne nous a pas empêché de fêter l’évènement comme il se doit autour de quelques pintes de cerveza.
Le lundi sera consacré à la visite de Barcelone avec ses ramblas, ses halles et ses petites places sympas. Repas du midi à base de tapas …et de bières bien entendu !!!
Mais avec mon pied en vrac, difficile de faire de trop grandes excursions, tant pis on se rattrapera la prochaine fois…
En fin d’après-midi, c’est déjà le retour qui s’annonce et qui clôt ce superbe WE catalan.
Vraiment un marathon que je conseille mais pas pour y faire un temps juste pour l’ambiance et la beauté du parcours.
Le bémol du WE car il en faut bien un, c’est que je me suis blessé et qu’apparemment je vais être obligé d’arrêter le sport pendant environ 6 semaines. Verdict lundi 12/03 après le résultat de l’IRM. Du coup, les 10km de la Corrège à Leucate qui me tenaient tant à cœur tombent à l’eau en même temps que mon désir de tomber sous les 39’.
Allez, un peu de repos forcé et je repartirai de plus belle…enfin j’espère.
11 commentaires
Commentaire de chtigrincheux posté le 12-03-2007 à 17:17:00
Alors les résultats de l'IRM?
Punaise c'est le marathon de la teuf que vous nous avez tous fait la .Franchement de gros délire que je n'oserai pas faire avant .Tu la payé quand même mais le mental ta fais terminé Ouffffff!!!!
Fait gaffe quand même les prochaines fois ca devais être la fête dans l'estomac
Commentaire de Baobab posté le 12-03-2007 à 17:21:00
Waouuuu !!! je ne pensais pas qu'en aussi peu de temps on pouvait courir un marathon en 3h'12 ET boire autant de binouze !!!! Bluffant !!!!! Félicitations pour le chrono ; )
Commentaire de Baobab posté le 12-03-2007 à 17:21:00
Waouuuu !!! je ne pensais pas qu'en aussi peu de temps on pouvait courir un marathon en 3h'12 ET boire autant de binouze !!!! Bluffant !!!!! Félicitations pour le chrono ; )
Commentaire de calimero posté le 12-03-2007 à 19:18:00
Magnifique CR, çà valait vraiment le coup d'attendre un peu!!!
Ton temps est loin d'être ridicule en temps normal, si en plus tu as souffert comme tu le décrit, c'est vraiment que tu as des forces morales au dessus du lot. Celà doit te donner confiance en l'avenir.
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 12-03-2007 à 20:44:00
Un très beau récit teinté de souffrance et de courage.
Avec de magnifiques photos, ça fait vraiment envie...
Bravo de nous avoir fait partager ce beau moment,
et bravo surtout pour ton chrono surréaliste dans ton état !
NoNo_l'escargot_du_Revermont
Commentaire de zakkarri posté le 12-03-2007 à 21:07:00
Je comprend pourquoi tu mettais temps de temps à faire ton cr !
Je me suis régaler, un plaisir de lire le récit de ta course, et avec plein de photos qui plus est !
Mais vous êtes un peu barjot, de vous envoyez autant de bières la veille d'un marathon!
Vous avez l'air un peu défoncer sur les photos, non?
Mais à part ça, au niveau de ta course, chapeau, tu as un sacré moral, souffrir pendant autant de bornes sans lacher c'est costaud de ta part. Je penserai à ça sur une course si j'ai un coup de moins bien, ça me fera relativiser la douleur...
Encore bravo, et je suis sûr que tu vas vite passer sous les 3h, au fait ça va mieux ta blessure ?
a+
zak.
Commentaire de espace_marathon88 posté le 13-03-2007 à 07:22:00
Felicitation pour ce joli marathon de barcelone couru en moins de 3h15.Une belle progression sur la distance. Et bravo pour le recit avec les photos qui l'accompagne. bonne recuperation et a bientot.
Commentaire de nicou2000 posté le 15-03-2007 à 07:55:00
bravo pour n'avoir rien lâché jusqu'au bout! et merci pour ce très beau récit!!
Bonne convalescence et bonne chance pour ton prochain objectif sur 10km..
Commentaire de Kozo posté le 19-03-2007 à 20:42:00
Quel régal de lire ton récit, superbes photos, on a l'impression d'y être, on a envie d'y être! Belle fiesta aussi!!! Je suis heureux et fier de te compter parmi mes rares connaissances "Kikourouïennes", tu as démontré un grand courage et une super détermination!!!
Bon, j'arrête les fleurs sinon tu vas gonfler des chevilles (préjudiciable pour la CAP, HiHi...), je te souhaite un bon rétablissement et espère te voir dimanche prochain à Leucat. Amicalement.
Commentaire de Kiki14 posté le 05-12-2007 à 16:02:00
salut bigout66
super ton récit et très jolies les photos..
tu m'as donné envie de le faire aussi à ma vitesse bien sûr....
mais quelle souffrance quand même...quel courage...et quelle descente..lol...
a + et merci
Commentaire de Kiki14 posté le 05-12-2007 à 16:05:00
oups ..j'ai oublié..." venga... venga"
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.