Montée de la Bastille – 7 octobre 2006
Je me suis décidée un peu tardivement à participer à cette course parce que j’en avais une autre en tête avec ma copine du Jura. Et puis finalement j’ai opté pour la Bastille. C’est une course au profit des bidonvilles d’une ville du Pérou.
Je connaissais le parcours de la montée pour l’avoir déjà faite en entraînement, mais je ne savais pas du tout ce que je valais sur ce type de course. C’était donc l’occasion de voir si j’arrive à mieux me connaître. En consultant les résultats des années précédentes, et en ayant lu quelques récits, je me doutais bien que ça partirai vite. Je m’étais donc fixé comme vague objectif autour de l’heure.
Mon entraînement de la semaine a été basé surtout sur une allure soutenue sur du plat, le parcours commençant par 7 km de plat, et terminant par 3 km de montée.
Mon autre objectif, et pas des moindre, était de rencontrer en vrai Pinston et Tendon Agile. Donc après le retrait des dossards je commence à scruter les regards, et bien que je commence à croiser quelques têtes connues, pas de kikoureur à l’horizon… Tant pis, on s’était dit qu’on s’attendrait à l’arrivée…
Un peu d’échauffement à l’île d’amour, une petite photo avec les copines et Patrick qui nous a rejoint, et c’est parti.
Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde, en fait j’ai même l’impression qu’il y a moins de concurrents que ce qui a été annoncé… à la première boucle je comprends pourquoi. C’est parce que je suis dans la queue du peloton, et que les bons ils sont tous devant, loin devant. Quel silence religieux dans le peloton. On entend que les expirations et inspirations. Quelle concentration ! Je me tais pour respecter cette ambiance, pas facile…(de se taire…)
Heureusement ma copine Denise reste avec moi sur toute la partie plate. On tourne en 5.12-5.17 au kilo jusqu’au 5ème kilomètre. Il fait assez chaud, et je ne regrette pas d’avoir pris mon bidon. La traversée jusqu’au départ de la montée se fait par les digues de l’Isère en empruntant une partie du parcours du Cross des enfants malades de l’hôpital. Ca roule pas trop mal je trouve, et j’arrive à garder le rythme. Un gars me double, et je crois que c’est Pinston… j’essaye de ne pas le perdre de vue, mais il y a trop de monde, tant pis… De toute façon j’ai su ensuite que ce n’était pas lui…
On arrive au premier ravito où je prends 2 gorgées d’eau seulement, mon bidon étant rempli de ma potion maison : miel avec jus de citron et eau. Je prends presque toujours ça parce que c’est bon d’abord et ça me désaltère bien ensuite, et puis ça fait toujours un peu de sucre.
Puis on traverse les quais, on passe sous un porche quartier St Laurent, et on attaque la montée tout doux. Coup d’œil au chrono, 35’, je me dis que le premier est presque arrivé. J’attaque tranquillement les virages et j’essaye d’appliquer les conseils de Lolo : « à chaque virage, tu prends la corde, tu pousses bien sur les jambes et tu relances », et là t’en grilles toujours un ! Ok. Premier virage, je prends bien la corde, je pousse sur les jambes, et je relance. Ouf !! Pas facile ton truc, mais ça va…Denise est toujours devant moi, ça me rassure. Deuxième virage, re-corde, re-poussée de jambes, re-relance… ouf ! Je sais pas si c’est un truc qui me convient ça … troisième virage, allez j’applique, la corde, les jambes, pfffff…. Je suis cuite… Déjà !!!!!!
Bon visiblement c’est pas une technique pour moi, j’essaye autre chose : petite foulée, les bras un peu bas, rythme tranquille…. Mais qu’est-ce que c’est dur !! Heureusement on est un peu à l’ombre avec les arbres qui bordent le chemin. Les quelques touristes sur le parcours nous encouragent gentiment. Vers le 8ème km je voudrai ne pas m’arrêter au ravito, mais ça me fait une bonne excuse pour marcher. Toujours pareil, quelques gorgées d’eau et ça repart. Mince, Denise est partie devant et je ne la reverrai plus…
J’essaye encore une autre technique : j’alterne marche et course. Et quand je marche, je prends un point de repère, un arbuste par exemple, et je me dis « à l’arbuste, je recours »… l’arbuste est déjà là !!! Bon alors au prochain arbre, je repars. Et finalement j’ai un mal fou à me motiver pour repartir. J’aperçois un concurrent devant moi, et je me motive pour essayer de le rattraper, je dis bien essayer, parce qu’on va jouer à je te double tu me doubles sur quelques mètres.
Et puis arrive les escaliers. Là pas d’hésitation, je marche. Et je pense à Nono qui se tirait avec les bras pour monter. Je fais pareil… et puis petit à petit j’arrive à récupérer pas trop mal. Tant mieux parce qu’en haut des escaliers c’est plat jusqu’à l’arrivée des bulles. Alors là ça repart, ça sent la fin. Sous les bulles Lolo et Patrick sont là qui m’attendent pour m’aider à terminer. Elle est sympa cette Lolo ! Elle me parle « allez Béné, c’est la fin, plus que 100 mètres », mais je sais bien que ça remonte. Tu crois que c’est fini et puis ce n’est pas fini du tout ! Non non non ! En fait ça descend même un peu sur une dizaine de mètres, et hop, ça remonte jusqu’au parking du haut où se trouve l’arrivée. Je double le concurrent qui était avec moi, et lui aussi il a un copain qui l’attend. Et l’autre lui souffle « tiens, elle devant on va la doubler ». Comment ? Quoi ?? Je me retourne et lui lance « alors ça pas question, fallait pas le dire si fort ! », et je ne sais pas comment je pique un sprint sur quelques mètres, il sprint aussi et me double, ah non, je vais pas me laisser faire, je trouve encore quelques forces pour le redoubler et finalement c’est lui qui craque. J’arrive complètement explosée sur la ligne d’arrivée et je l’attends, et j’en oublie d’arrêter mon chrono !! On se félicite, ça va il l’a bien pris, il en rigole même. C’est un truc que j’aime dans la course à pied, cette bonne humeur même quand t’es cuit !
Les copines viennent me voir. Lolo et Denise ont terminé 3ème de leur catégorie. Et moi dernière de la mienne. Une petite photo, juste pour comparer avec avant le départ.
Il fait un peu froid car le vent souffle bien au sommet, et la remise des prix est extrêmement longue, c’est dommage. En fait ne sont restés presque que ceux qui ont fait quelque chose et leurs copains. Même Pinston il est parti. Même Tendon Agile ! Ils en avaient marre d’attendre sans doute…c’est qu’ils sont arrivés bien avant moi alors je comprends bien.
Ma petite analyse : c’est parti vite certes, mais j’ai terminé en 1h04, ce qui me semble correct vu mon manque d’expérience en plat bitumé et rapide. Et surtout je me suis faite bien plaisir. A aucun moment, je ne me suis dit « vivement la fin » ou « qu’est-ce que je fais là ». Je suis toujours restée dans la zone plaisir, suis un peu passée dans la zone « souffrance » mais pas longtemps...
Conclusion : course à refaire l’année prochaine, en plus c’est pour une bonne cause !
Et puis c’est rigolo de voir dans les bulles qui nous redescendent, et le tram qui nous ramène au campus, les coureurs qui ont leur bandeau péruvien sur la tête…
Merci d'avoir lu jusque là.
Béné38
9 commentaires
Commentaire de taz28 posté le 09-10-2006 à 16:48:00
Super récit Béné, une course pour une bonne cause, c'est toujours géant !!!
Ton chrono est méritant...
Bisous
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 09-10-2006 à 17:11:00
Ah ! ben je vois que y'a pas que moi qui en bave en 1h sur les 10 !
Bravo Béné pour ta course et surtout pour ta motivation des derniers 100 m.
T'es une vraie battante !
NoNo-qui-se-rappelle-bien-des-80-marches !!!
Commentaire de samontetro posté le 09-10-2006 à 18:31:00
Ce que j'adore dans tes récits, c'est qu'ils nous permettent de faire la course sans avoir mal aux jambes! Pendant quelques dizaines de lignes on est plongé au coeur de l'action!
Chapeau pour le sprint final: ça montre que tu as géré royalement ta course pour un finish haut en couleur!
A +
Commentaire de Coach Cyril posté le 09-10-2006 à 20:11:00
félicitation pour la course et le récit.J'avais l'impression en le lisant de revivre le parcours dans ma tête de l'année dernière car je n'ai pu y participer cette année.....
Cyril'orientation
Commentaire de le_kéké posté le 09-10-2006 à 20:16:00
Bravo pour cette première montée. C'est une course que je trouve assez dur.
La technique de prendre les virages à la corde c'est une bonne idée mais il faut avoir le coeur qui suit pour encaisser la pente plus raide. Je pense que quand on commence à avoir le souffle court mieux vaut élargir un peu le virage pour assurer le coup.
Dommage que l'on se soit raté j'ai peut être pas assez attendu à l'arrivée mais le vent glacé à aussi gelé la patience de mes 2 collègues.
L'année prochaine objectif passer sous l'heure ??
A+ Philippe
Commentaire de raideur69 posté le 09-10-2006 à 23:51:00
Bravo!!!!!Béné38 pour ton temps et ton CR,c'est vrai que vous êtes bien appliqué,vous Mesdames.
Au plaisir de se rencontrer sur une course.
Commentaire de Kiki14 posté le 10-10-2006 à 12:03:00
merci pour tes admirables photos très sympathiques et un grand bravo pour ta course et oui tu l'as bien prise ta bastille ...félicitations
Commentaire de l'ourson posté le 10-10-2006 à 23:22:00
Bravo Béné ! Belle course et final en beauté !! T'allais quand même pas te faire pourrir par un individu peu galant ki t'a cru sourde avant l'heure ;-)) Il aurait mérité un coup de gourde dans les mollets pour t'avoir autant sous-estimée ;-))
L'Ourson_non_mais!!..
Commentaire de titifb posté le 20-10-2006 à 19:35:00
salut Béné38 !
c'est pas évident de donner des conseils.Ce qui marche pour soi ne marche pas forcément pour les autres ! certains diront : tire sur tes bras, d'autres mets tes mains sur tes cuisses lorsque la pente est raide et fais "piston" en poussant fort. Parfois, il est moins coûteux sur le plan énergétique de marcher (pas de 60 cm à 80 cm) que de s'obliger à courir (foulée de 40 à 60 cm). Le problème est d'arriver à repartir en courant après avoir marché. Travaille l'alternance de montée/descente et en pente raide, le marcher/courir. En fait nous ne sommes pas tous égaux face à la pente, sois à ton écoute !
A bientôt sur une course en Rhône/Alpes, Titifb
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