Tor Des géants 2010
Wahou !
Quelle semaine !
Pourtant cela ne se présentait pas très bien, j’étais fatigué, je n’avais pas pu assez dormir avant de partir et de plus, pas eu le temps de préparer correctement mes affaires.
Le site internet du tor des géants n’ayant pas évolué depuis des mois, je partais vers l’inconnu, me demandant même si la course allait avoir lieu, bref rien d’engageant.
20 heures, j’arrive à courmayeur , je retrouve jacky mon oncle, et marc mon cousin, ils me présentent leur « magnifique » camping car (qui doit servir à jacky pour nous assister pendant la course), et sans perdre de temps nous nous rendons à la pasta-partie.
De suite le ton change, je perçois un joli sac de sport jaune qui me permettra d’y loger mes affaires, et qui me suivra de base de vie en base de vie (il y en a six). L’ambiance est conviviale, et de suite l’organisation semble être à la hauteur. Nous nous installons à table, nathalie et richard s’installent à notre gauche. Nous ne nous connaissons pas réellement mais avons communiqué via internet, maintenant les présentations sont faites. A ma droite un groupe de canadiens fait beaucoup de bruit, il se compose en majorité de filles et notamment de Nicky et de Beat.
Après le breifing nous voilà rassurés, au dodo.
Jour j :
9 h 45, j’en profite pour faire une photo panoramique, puis je retrouve mamour du cg06 (je ne savais pas qu’il était là, avec richard nous serons donc 3 des alpes maritimes, je serai le seul à finir)
Les enfants en tenues folkloriques agitent leurs grelots au rythme d’une course incessante. C’est top !
9 h 55, je retrouve guillaume, il est en compagnie de Corinne Favre ! " ça fait trois plombes que je te cherche » me dit-il." C’était moins une.
9h58, je n’ai pas d’eau dans mes gourdes ! finalement, cela devient une habitude !
9h59, je trouve une bouteille d’eau minérale au sol.
10h00, je suis prêt.
GO !
Un moment historique dans les anales des courses de trail, jamais une épreuve d’une telle difficulté n’avait vue le jour, l’instant est solennelle, en grands privilégiés nous y participons.
Après 1 km de route nous (Marc et moi) attaquons le premier col (il y en aura 22 ou 25, je ne sais plus), chouette plus que 335 km !
Deux japonaises attirent notre attention, elles semblent faciles, je me dit que leur préparation doit être au top, on ne fait pas le déplacement depuis le pays du soleil levant si l’on a pas bien préparer son affaire. Gardons un œil sur elles, nous avons distancé les canadiennes, de façon à les placer à plusieurs longueurs de nos oreilles, elles font vraiment trop de bruit.
Nous passons le premier col, dans la descente beat leur ami en a également eu plein les esgourdes, il nous double, nous laissant penser qu’il a le feu aux fesses.
A la thuile nous retrouvons jacky, il a eu un mal fou de se hisser au village avec le camping car, presque grillé l’embrayage, dorénavant il prendra mon vito. A ses côtés se trouve le père de Guillaume, je ne le reconnaît pas. 25 ans que je ne l’ai pas vu ! c’est un choc. Puis nous faisons la connaissance de Gilbert, un ami de guillaume.
Gilbert a 60ans, un bouc blanc et un sourire omniprésent qui lui a valut le surnom de « père noêl », mais attention, Gilbert est un fou, il a tout fait, la vasa, la trans, la marcialonga, les 6 jours d’Antibes et est capable de courir 1000 km sur route ! ! ! Nous nous reverrons…
Encore deux cols avant la première base de vie, nous les passons avant la nuit. Arrivée a Valgrisenche, une jeune fille nous place une médaille autour du coup, puis un bénévole nous porte nos sacs jaunes, tous sont aux petits oignons, nous sommes 356, il y a 1200 bénévoles ! ! ! !
Nous choisissons de repartir vite et de ne pas dormir cette nuit, la météo annonce de l’orage, beaucoup resterons à Valgrisenche : nous gagnons 60 places. Nous sommes alors 71 et 72eme. Nous les reperdrons quand nous nous arrêterons à notre tour.
Au refuge de l’épée nous parlons ski de fond avec les italiens, il pleut, mais l’orage n’éclatera pas. Je ne me souviens plus des deux cols que nous passerons cette nuit.
Au petit matin nous arrivons à eaux rousses. Surprise ! Nous retrouvons Corinne favre (Corinne est capable de gagner des trails en battant tous les mecs, elle l’a déjà fait notamment sur la CCC), elle était 9eme, et ne se sentant pas bien elle s’est arrêtée dormir. Nous repartons à l’assaut du col de loson (3300m) Corinne nous dépassera dans le début de la montée. Le col de Loson est interminable, nous le terminerons dans la douleur avant de plonger sur Cogne.
Cogne, nous arrivons à la deuxième base de vie, je suis mort de sommeil. Je me couche 10 minutes : Impossible de dormir, trop de bruit. Douche, repas et deuxième tentative de dodo. Je tourne et retourne dans mon lit, au bout de plus d’une heure j’abandonne, je me lève. La situation est la même pour Marc, mais il n’a pas mangé. Je remange avec lui. Jacky nous annonce l’abandon des japonaises au bout de 15km, trop fatiguées ! Nous repartons un peu avant la nuit. Il reste 230 km, mieux vaut ne pas y penser.
Si nous ne voulons pas passer deux nuits sans dormir il faudra vite trouver une solution, nous espérons dormir au refuge avant le prochain col. Le col est facile mais long, très long, de plus il fait froid. Nous apercevons le refuge, il doit être minuit. Mais c’est quoi ces refuges italiens qui reculent lorsqu’on avance vers eux, nous l’atteignons enfin : interminable, arrivons à 0h30.
Nous sommes très très bien accueilli : « Pouvons nous dormir ? », oui, nous répond la gardienne, elle nous emmène dans une chambre confortable, mais glaciale : Génial !
2h30 : COUCOU ! la gardienne vient nous réveiller, cela fait deux heures que nous dormons comme des masses. Deux heures, c’est le temps de repos maximum accordé en dehors des bases de vie. Le réveil est très difficile, nous repartons dans la nuit et le froid glacial grimper le reste du col. Un franc-comtois nous rattrape, après un départ difficile il finira 19eme.
Le col est maintenant derrière nous, la descente que nous entamons nous emmènera à donnas, à plus de 30 km. Nous passons un premier refuge, je fais causette avec un telemarkeur, un adepte également du derby de la meige, ses skis sont accrochés au mur. Nous nous serons la main en position de génuflexion, en conformité au code du gentil telemarkeur. Puis un autre refuge, depuis le début ces italiens sont vraiment extraordinaires, comment font-ils pour nous accueillir aussi bien ! Nous nous installons, saisissons un couteau, coupons un bout de saucisson, un bout de fromage, un peu de chianti en passant. L’ambiance y est conviviale, décontracté et sympathique. Que du bonheur ! ! ! !
La descente est vraiment interminable, les ravitos se succèdent (j’ai encore du mal suite au réveil musclé du refuge précédant), au petit jour je me couche dans l’herbe, marc me rejoins et fait de même ! 15 minutes plus tard nous sommes plus que jamais d’attaque.
Arrivée a donnas : rebelote nous essayons de dormir, sans succès. Ma décision est prise, je ne dormirai plus de jour, et j’éviterai de le faire dans les bases de vie. Nous avons encore perdu 2 heures… Pas grave nous avons appris pour la suite.
Nous partons la fleur au fusil pour le 4eme tronçon : Grosse erreur, il fera d’énorme dégâts. Le premier petit col se passe sans trop de soucis, pendant la montée du deuxième (un très gros morceaux), Marc me fait part de sa décision de dormir au prochain refuge, nous l’atteindrons à 19 heures. Je me sens en pleine forme, je lui dis que je préfère continuer et que je n’ai pas sommeil : Nous nous séparons.
Le couché de Soleil est somptueux, à gauche, le mont rose est à portée de main, a droite nous surplombons la plaine du Pô, j’aperçois au loin le Gélas ! J’ai une grosse patate, au refuge suivant je rattrape Gilbert et René, Il fait nuit, je vais essayer de dormir. Il y a bien des lits dans ce refuge rustique, mais pas de couvertures, je me caille et ne parvient pas a trouver le sommeil, je repars avec René laissant avec regret une délicieuse pierrade se faire dévorer par mes poursuivants.
Il faut toutefois réagir, c’est la troisième nuit de course et je n’ai dormi que 2 heures. Il est 3 heures du matin quand j’atteins le bivouac mobile. Il est tenu par deux skieurs de fond (reconnaissables à leurs bonnets), ils ont fait un feu, je m’allonge dans un lit de camp à la belle étoile, ç'est super sympa, mais la encore impossible de dormir, il fait trop froid.
Je passe le col suivant : Super, j’aperçois le village de Niel juste en bas ! "Dans une heure j’y suis". Ce sera la pire descente de ma vie ! ! ! ! technique, longue, pénible, interminable ! il me faudra 3 heures (rapide je pense) mais j’y laisserai des plumes…
A Neil, je dors sur le transat (enfin j’essaie de dormir, car encore une fois rien à faire), jacky m’apprends que Marc va arrêter, il est actuellement dans la descente.
Le col suivant passe tout seul. Arrivée à Gressoney : 200 km, trois jours de course, 2 heures de sommeil. Je fais un arrêt express et je repars. Jacky m’accompagne pour la traversée de greysonney. C’est plat, Il fait chaud, c’est très dur.
Je commence à monter, isabelle, la petite belge me rattrape, je suis impressionné ! Comment fait-elle ? du coup je me couche dans l’herbe 10 minutes, je n’arrive toujours pas à dormir. Je choisi donc de passer le col. Paysage de carte postale !
J’arrive à Crest, je dois faire quelque chose, 3 jours ½ de course et 2 heures de sommeil ça va pas le faire. Enfin je dors 2 heures, le refuge est extraordinairement chaleureux, on se sent chez soi, de plus je suis seul dans ma chambre. ça va mieux, je rattrape nicki, elle est australo-canadienne et spécialiste de triathlon (7eme au cpt du monde), nous faisons un bout de chemin ensemble, mais une fois de plus je n’arrive pas à suivre, je dormirai encore 2 heures au prochain refuge, ou je retrouve gilbert et rené, puis 2 heures à la base de vie de valtournenche (j’ai encore trouvé la descente interminable).
Six heures de sommeil cette nuit ! ce matin je suis remonté comme un coucou, j’ai de très bonnes sensations. J’avale les kilomètres, je partage une tourte aux blettes avec les gardiens du refuge de la barmasse, tout va bien. Dans trois heures ce col est torché ! trois heures plus tard on m’annonce que le véritable col est encore à trois heures. La journée aura été rythmée par une succession de cols, chaqun d’eux cachant le suivant, j’ai l’impression d’être Sisyphe, et qu’indéfiniment j'errerai dans ces montagnes, passant cols après cols indéfiniment, indéfiniment, indéfiniment.
Je me suis fait doubler toute la journée, j’ai 2 heures de retard sur mon plan de course (pour arriver vendredi soir, et ne pas resigner pour un nuit supplémentaire) et le moral dans les chaussettes, de plus on annonce trois voir quatre heures pour la prochaine descente. Mon projet d’arriver vendredi soir commence à s’envoler, je dois me résigner, il me faudra encore passer deux nuits dehors. Dommage une m’aurait suffi. J’atteins péniblement le dernier col. Je sais pourtant que je suis capable de descendre très vite, mais cela demande beaucoup d’énergie, et quelques risques.
Finalement je choisi de le faire, je ne peux pas rester aussi déprimé : Résultat 55 minutes pour une descente sur les chapeaux de roues, la descente la plus rapide de ma vie, ou je prends un plaisir immense, ou presque tous mes appuis sont propulsifs, j’ai finalement rattrapé tout mon retard, et récupéré toutes mes places perdues ! Le moral remonte en flèche. Jacky et marc m’attendent, je fais tout de même un pose longue car je me suis un peu cramé les pattes. Montée très sympa avec Romain, la descente suivante est nulle, je la passe comme je peux.
A Ollomont je retrouve gilbert, isabelle et romain, je choisi de ne pas dormir, il est 2 heures du mat, je suis a fond et j’ai vraiment envie de finir avant la prochaine nuit. Il reste 2 cols et 50 km avant la ligne d’arrivée. Je repars à 3h00 après une douche et un repas. Jusqu’à 5 heures tout va bien, je monte à un bon rythme, puis je m’endors en marchant, je refais surface de temps en temps afin de ne pas quitter le chemin. Je marche et je dors en même temps, il faut absolument que j’atteigne le refuge. C’est chose faite à 6h00, je vais directement au lit.
Je repars à 8h15, j’aurai dormi 10 heures en tout. ça va mieux, je passe le col, la descente et j’amorce le morceaux de plat, c’est super je dois être à 14km/h sur cette portion de 8 km. A l’attaque du malatra, dernier gros col culminant à près de 3000m, guillaume me rend visite, je le félicite pour sa troisième place. Il est avec Alex encore 6eme à cet endroit, il perdra 3 places, faisant les 25 km restants en dormant (il est même aller chercher des champignons et à visité les villages traversés).
Les 200 derniers mètres du Malatra sont un calvaire, je me fais doubler, j’ai l’impression de vouloir atteindre le sommet de l’Everest, chaque pas est un combat.
Je réalise cependant une belle descente jusqu'à Bonnati et récupère pas mal de places. Nicki est là, des sacs de glace sur les genous, nous repartons ensemble. La fin est un pur bonheur, je suis sur un nuage, j’attends nicki, nous ne serons plus rattrapés et je réponds à 20 coups de fils (le suivi Internet à l’air de fonctionner) .
19h45 nous entrons dans courmayeur ! Il est important, comme me le dira Nicki de finir la course avec une personne qui comprend ce que l'on vient de vivre, c'est également mon avis.
C’est fait ! Je fini 86 eme, Nicki 85eme.
Semaine magique !!! Course absolument formidable !!! Mon plus grand souvenir sportif !!! Merci à toute l'organisation pour ce véritable joyau, et à tous ceux qui m'ont soutenu pendant cette aventure !
http://www.realite-virtuelle.net/divers ... /index.phpPS : Au retour, sur l'autoroute je m'arrête faire le plein de carburant. Au moment de régler je sort ma CB : Zut j'ai oublié le code. Pas grave j'en sort une deuxième : pareil. Comme j'en ai trois je ne m'inquiète pas trop, mais impossible de me souvenir du 3eme code. Je resterai assis 20 minutes, sous le regard suspicieux du pompiste, et puis miracle, je me souviendrai d'un code.