Vik a écrit:ça devait quand même être vachement impressionant de faire de l'helico sous la pluie, le vent, et en pleine nuit !
C'était même génial, j'ai adoré. C'est honteux de dire ça, mais j'ai trouvé le trajet trop court
Pour connaitre un chouïa en tant que pilote les sensations que procure un aéronef aux prises avec une aérologie turbulente, oui, ça bougeait là haut , et ressentir dans ses tripes : 1)la rafale 2)la correction quasi instantanée de l'appareil par le pilote , c'est énorme. Ces types sont des dieux.
OK, c'est unanimement reconnu et limite poncif, mais je peux vous assurer que ça prend une toute autre dimension quand on vit la chose en direct .
Comme dirait Thomas Pesquet dans sa BD, "brûle un cierge"
Je ne peux que louer comme Bubulle (Hein???? Mais tu fais quoi là??! ) le grand professionnalisme des personnes là haut , et j'étais clairement mieux à ma place qu'à la leur ... L'un d'entre eux nous a confié que quand la cadence des arrivées préoccupantes s'est accélérée , c'était plutôt tendu du slip avec la crainte de rentrer dans une situation devenue incontrôlable.
A un moment, je serrais dans mes bras, mes jambes,( enfin tout ce que je pouvais lol) la jeune H. arrivée après (trouvée par un des secouristes limite inconsciente) .J'avais l'impression d'essayer de réchauffer ma fille... Ca fait bizarre ...
Cet instant là va me rester en tête un bout de temps...
Je trouve que ce qui a été dit par plusieurs kikoureurs précédemment devrait être relayé d'une manière ou d'une autre ne serait-ce que sous forme d'avertissement, à savoir que "continuer à cramer de la calorie" est très certainement préférable, c'est même évident. D'ailleurs, même avec une paire de gants et une seconde cape de pluie format film étirable bas de gamme dans le sac, je ne me suis pas arrêtée. Ma seule préoccupation c'était de ne pas m'arrêter, "sous-aucun-prétexte".
Par contre, j'ai dejà constaté plus d'une fois qu'il est très très très difficile de concevoir qu'une "simple" averse au départ d'un ravito à 500m peut devenir dramatique à 2500m avec un zéro pas loin... J'enfonce une porte ouverte en affirmant que dans des fringues trempées voire humides à des températures même pas forcément négatives, mais on les sent ces "pour 10km de vent, c'est moins un degré ressenti" ... Par moments , les rafales ont très certainement pointé à 80km/h . Allez, même si ce n'était qu'à 60 , moins 6 degrés , ça commence à causer, non? Et quand on a déjà plusieurs dizaines de km dans les pattes, la fatigue peut vraiment compliquer la situation.
Et bien tout ça , ça peut être vraiment difficile à anticiper (quand on ne l'oublie pas totalement) suivant la météo quand on part du ravito ou même quand on fait son sac et qu'il fait 25 dans l'appart par caricaturer . Même moi j'arrive à me faire avoir régulièrement en sachant le truc (OK, mon second prénom, c'est Avouvouzette Unefemme Barbara Gourde, mais quand même) alors un citadin dont c'est le premier ultra et qui n'en finit plus de remplir ce con de sac de 10l déja plein à craquer, imaginons un peu.
Tout ça je pense devrait être un peu plus considéré par les orgas . Je ne critique sur ce point aucune d'entre elles ,la plupart sont sérieuses, mais bon, nous vivons dans un monde où la tendance à la déresponsabilisation devient un fait avéré.
Reste à savoir comment enfoncer quel modèle de clou avec quel type de marteau , mais c'est pas évident pour un traileur lambda de réaliser les risques pris par les secouristes, pilotes etc... , le coût que ça engendre et le reste. Je me suis demandé dans l'hélico "mais combien ça coûte tout ça?.." Un peu merdeuse sur les bords malgré le moment inoubliable que j'étais en train de vivre.
Si notre expérience pouvait servir d'une manière ou d'une autre , ce serait bien. Je pense en parler à l'orga car bien sûr je vais leur envoyer un petit mot de remerciements.
Et me renseigner sur des ponchos légers...
Ah , un truc a savoir aussi: quand on a subi une hypothermie, la probabilité d'en subir une seconde augmente.
Pour le reste , faut aller dans le Queyras, c'est vraiment beau .