L'auteur : La Tortue
La course : Ultra Trail 6000 D
Date : 25/7/2009
Lieu : La Plagne (Savoie)
Affichage : 6395 vues
Distance : 112km
Objectif : Pas d'objectif
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CR ultra 6000 D 2009
Quand mon vieux copain Claude, créateur de la 6000D, m’a parlé l’été dernier d’un projet de version longue pour fêter les 20 ans de la course, j’ai surveillé le site de la course et dès l’ouverture je me suis inscrit. En effet, la Plagne, je connais très bien, pour y avoir travaillé l'été quand j’étais étudiant, en tant qu’animateur, mais le parcours proposé sur la version longue, appelée « ultra 6000D », passe dans des coins que je ne connais pas du tout. Seul ombre au tableau, la date qui intervient seulement 8 jours après l’Altriman (triathlon de montagne au format iron man auquel j’ai aussi prévu de participer).
Après avoir été accueilli, nourri et logé royalement par mes amis Michèle et Claude à La Plagne, et véhiculé par Fabien depuis la Plagne jusqu’à Aime, je me retrouve dans le sas de départ à 5h du matin. Le contrôle des sacs est assez sérieux, on voit que les drames du Mercantour ont rendu les organisateurs très prudents. Je retrouve Isa et Polo, c’est 2 là, ils sont toujours partant dès que c’est long et difficile ! Je fais la connaissance rapide de quelques kikoureurs dont Paspeur et Jean-Michel. Je n’ai pas encore rangé dans mon sac le matériel obligatoire qu’il m’a fallu présenter pour accéder au sas de départ que le top départ est donné. Aussi le temps de ranger tout mon petit fourbi, je quitte, bon dernier, les rues d’Aime endormie ! Aucune importance, je suis venu là sans aucun objectif de temps ou de place, mais juste pour la beauté de la ballade et pour faire un bon entrainement de D+/D- en prévision de l’UTMB fin aout. En effet, avec une grosse préparation triathlon cette année pour faire l'Altriman le we dernier, je n’ai pas pu me préparer spécifiquement pour les trails de montagne. Mais avec 7000 km de vélo au compteur, une bonne endurance et l’expérience que je commence à avoir de ce genre d’épreuve, je ne suis pas spécialement inquiet. J’ai cependant prévu de garder un œil vigilant sur les barrières horaires. La seule qui me parait éventuellement délicate à passer est celle de Peisey Nancroix, fixée à 20h30. D’ici là, sauf énorme coup de barre, ça devrait passer sans problème.
3 km de plat nous amène au pied de la première grosse difficulté du jour, la grimpette jusqu’au Roc du Bécoin, près de 1800 m de D+ à s’avaler comme petit déjeuner. On monte d’abord dans la forêt, via Longefoy et Montalbert, pour déboucher aux pieds des premières pistes de skis. Au télésiège des Coqs, où je passe dans les derniers, c’est la séparation avec la 6000D classique qui partira derrière nous à 8h. Alors que la « classique » monte droit sur la station d’Aime 2000, nous empruntons une route à 4X4 qui nous amène au « pas des brebis » qui me rappelle quelques bons souvenirs de jeunesse, puis aux « Frasses » où nous sommes accueillis par un concert de tarines (son de cloches et meuglements assourdissants). Dans la montée, je fais quelques photos et je loupe une rubalise qui faisait monter droit dans la pente, alors que j’ai fait tout le tour par un très long lacet. A l’avenir, il me faudra être un peu plus vigilant.
Il va falloir monter tout là bas sur les crêtes !
Nous sommes maintenant juste en dessous du Bécoin et alors que je pensais que nous allions monter droit dessus, le traceur nous envoie à l’opposé, pour monter « dré dans le pentu » jusqu’au "chalet des étroits" et jusqu’à une magnifique crête.
"Dré dans l'pentu jusqu'au chalet des Etroits!"
Le détour vaut vraiment le coup d’œil. Voici le tableau : au nord, le massif du Mont Blanc qui brille déjà sous le soleil ; à l’est les sommets de la Plagne (Roche de Mio, Grande Rochette, sommet de Bellecote) ; à l’ouest la cote d’Aime et le Beaufortain, et au sud les vallées de Bozel, Pralognan et Champagny et la station de Courchevel. Je vais passer plusieurs minutes à contempler cette féérie et prendre plusieurs photos. C’est en repartant que je me rends compte qu’il faut quand même faire attention où on met les pieds car la crête présente, surtout côté nord, des abrupts vertigineux.
Sur la crête, le panorama est étourdissant, il ne faut pas avoir le vertige !
Au sud , la vallée de Bozel et la station de Courchevel
Au sud-est, les glaciers de la Vanoise
Au nord, le Beaufortain et le massif du mont blanc
A l'est, désolé pour le contre-jour, mais je n'allais pas attendre que le soleil soit plus haut ;-) : la station et les sommets de la Plagne (sommet de Bellecôte et son glacier, grande rochette, roche de Mio)
Ca vaut bien un p'tit autoportrait devant le Beaufortain !
Fin de la crête : le pied du Bécoin et le mont blanc au fond
Après la crête, on passe au pied du Bécoin et on attaque la courte descente sur Plagne centre. Dès les premiers virages, je rattrape Polo et Isa. Autant, j’ai fait la montée tout tranquillement car mes sensations n’étaient pas extra, autant je descends assez rapidement car j’aimerais bien voir passer les premiers de la « classique » et vus mes calculs je devrais arriver pilepoil. Cependant, dans cette première descente, je trouve que mes cuisses ne sont pas très réactives !
Il m’aura fallu 4h30 pour atteindre le premier ravito de Plagne Centre. Michèle est là qui m’accueille et m’aide à me ravitailler. Grosse déception : sur les tables, il n’y a que des gâteaux, des bananes et des fruits secs !? Rien de bien consistant en somme ! Mais, on m’assure que le prochain ravitaillement sera mieux garni.
A peine ai-je fait le plein d’eau que les 2 premiers, dont Dawa, arrive. Impressionnant ! Ils donnent leur sac Camel back à un « complice » qui leur en donne un plein en échange. L’arrêt n’a pas duré plus d’1 mn !!! Ensuite, je prends congé de Michèle et je commence la monté vers Plagne Village. Après le « chemin des moniteurs », on monte droit dans la pente par une petite sente herbeuse, et je surveille bien mes arrières car tous les premiers de la « classique » déboulent et je ne veux surtout pas les gêner. Je suis vraiment impressionner de voir ces gars courir dans des pentes que j’ai du mal à monter en marchant avec des bâtons ! Hémérodrome qui finira 8éme de la classique me doublera dans cette partie, sans que nous nous en apercevions, ni l’un, ni l’autre. Corine Favre qui gagnera la classique me passe aussi, tout en m’encourageant, sympa !
Au lac des Blanchets, les deux parcours se séparent à nouveau. Tandis que les « petits coureurs » montent vers le pied de « roche fendue » puis jusqu’à « roche de Mio », nous descendons sous le col de Forcle puis remontons jusqu’à la chapelle du Bozelet avant de commencer véritablement la descente vers Champagny. Le début se fait tout droit dans la pente, où mes sensations du matin se confirment : mes cuisses ne sont pas prêtes et pas assez reposées depuis 8 jours pour affronter correctement la descente. Ensuite nous rentrons dans une magnifique forêt pour terminer par un tout petit chemin très sinueux où l’on prend du D- très rapidement.
Le lac des Blanchets
Le col de Forcle vu depuis la chapelle du Bozelet.
En descendant vers Champagny : la vallée de Pralognan et les glaciers de la Vanoise
Un pierrier vertigineux vu dans la descente vers Champagny
Arrivés à Champagny en Vanoise, il faut maintenant remonter à Champagny le haut où nous attend le deuxième ravito (km 47). 8h15 de course, et même si je continue à remonter du monde, je sens bien que je ne suis pas dans un jour exceptionnel ! Un petit coup de fil d’Ouster qui s’inquiétait de ne pas me voir arriver me fait du bien au moral. Hélas, quelques secondes plus tard, je déchante. Alors que j’ai une bonne faim, et que je m’attends à trouver des pates, du saucisson ou du fromage, je retrouve le même ravitaillement qu’à Plagne centre : des gâteaux, type 4 quarts, des fruits secs, des bananes ! J’avoue que sur le coup, je ne comprends pas bien, comment on peut envoyer des traileurs sur 15 heures d’effort ou plus sans leur remplir correctement le ventre ! Ce sera la seule vraie critique que je ferais à l’épreuve, au demeurant parfaitement organisée. Les bénévoles, charmantes et désolées pour nous, car tout le monde fait la même remarque, nous promettent qu’au prochain ravito, ce sera mieux ! Inch Allah !!!
Après avoir avalé ma énième banane de la journée et manqué de m’étouffer avec les gâteaux, je repars pour l’ascension du col du Palet, le gros morceau du jour. 1200 m de D+ et passage à 2600 m d’altitude. Avant d’arriver réellement au pied du col, il faut longer pendant de longs km de plat, le Doron pour arriver au Laisonnay, où commence véritablement l’ascension.
La vallée du laisonnay
C’est dur, c’est long, le soleil tape et les points d’eau pour tremper la casquette sont rares. Heureusement, la beauté du site fait oublier la difficulté du parcours. On est au pied du « Grand bec », de la « grande Casse », et des glaciers de la Vanoise, avec de magnifiques cascades qui s’en échappent. On voit aussi la « Grande Motte » avec son glacier, le sommet de Tignes, se rapprocher doucement. Mais que ce col est long, pourtant je sens que j’ai haussé un peu le rythme et je remonte encore plein de monde.
La grande casse
Des cascades alimentées par les glaciers de la Vanoise
La grande Motte
Le col du Palet
Au col du Palet, nous sommes à la jonction entre le domaine de la Grande Plagne et le domaine de Tignes. C’est encore magnifique; mais je ne traine pas, car il y a un fort vent qui rafraichit un tantinet l’atmosphère !
Le domaine de Tignes vu depuis le col du Palet
Le sommet de Bellecote et ses glaciers vu depuis le col du Palet (face est)
Dans de début de la descente vers le refuge où nous attend le contrôle, je contemple le versant est du « sommet de Bellecôte » avec son Glacier du « cul du nant». Je n’avais jamais vu ce sommet de ce côté et il est encore plus majestueux, austère et impressionnant que sur le versant « skiable ». Au contrôle, je me fais appliquer du spray de froid sur mes tendons rotuliens qui sifflent un peu, mais moins que je ne le craignais. On m’annonce 12 km de descente, pour 1000m de D-. Je me dis, qu’en 1h45, je serais en bas, d’autant qu’à ce moment là je me sens pas mal. C’était sans compter sans le profil du parcours et il me faudra 2h15 pour arriver au prochain ravitaillement. En effet, après être assez rapidement descendu à 2000 m, on va rester sur de longs plats, certes magnifiques avec le passage au lac de la plagne et de très jolis ruisseaux, mais les minutes passent et l’altimètre ne descend pas !
Le lac de la Plagne
Une des nombreuses zones de plat dans la descente du col du Palet
Je rattrape puis me refait passer par « le décapsuleur » ; kikoureur dont l’allure me parait bien efficace. Quand commence la véritable descente, il faut emprunter des passages très techniques, raides avec de gros bloc rocheux, qui rendent la progression lente et très casse-pattes ! Heureusement, là encore, la beauté du paysage fait oublier la difficulté du parcours, avec le « Mont Pourri » et « l’Aiguille Rouge » (sommet des Arcs) qui nous contemplent du haut de leur plus de 3000 m. Les marmottes, même pas effarouchées, sont visibles sur le chemin et se laissent prendre en photo. Nous sommes dans le parc de la Vanoise et elles sont en toute confiance apparemment. En bas de la redoutable descente, alors que je pensais trouver le ravitaillement de Peisey Nancroix, il faut encore faire quelques km de plat pour enfin y arriver.
Le Mont Pourri
Vers Peysei Nancroix
Marmotte à 11h !
Vallée de Rosuel
J’ai finalement 1h45 d’avance sur la barrière que je pensais un peu juste, mais j’ai les cuisses défoncées et j’ai une faim de loup ! Il FAUT qu’il y ait à manger, sinon, j’en suis à me demander si je vais repartir. Dès l’arrivée au PC, il y a un nouveau contrôle des sacs ! Très bien, les petits malins qui avaient tout laissé à leur copine dès la vérification du matin effectuée vont se faire repasser ! La nuit va tomber d’ici le prochain PC et l’organisation a bien raison d’être prudente sur ce point, même si la météo est clémente et que le risque est infime. Après le contrôle, je me jette avec inquiétude sur la table de ravito. Il y a un léger mieux, mais ce n’est pas encore ça. Des chips ont été achetées à la hâte apparemment. Il y a aussi de la soupe avec des vermicelles et du pain. Je m’enfile une bonne demi-baguette trempée dans ma soupe et enfin, j’arrive à remplir mon estomac ! J’aurais préféré une bonne assiette de pâtes ou de polenta, mais c’est mieux que rien.
C’est maintenant la troisième et dernière ascension : le col de l’Arpette. Assez gentille au début, pendant laquelle je fais la connaissance d’un autre kikoureur, un dénommé « cannes de buis » qui ne porte pas bien son pseudo à ce moment là, car je trouve qu’il avance pas mal du tout. En revanche, je commence à être un peu fatigué et j'ai sommeil, et seule la perspective de cette dernière ascension me fait monter joyeusement mais prudemment jusqu’au Sauget. C’est là que commence la véritable grimpette. Après « plan bois », c’est le type même de montée sèche que j’aime bien, avec des lacets courts, réguliers et de bons appuis au sol. Je m’arrête plusieurs fois pour reprendre mon souffle car la pente est assez raide par moment et j’en profite pour faire mes dernières photos sur le mont blanc qui est en train de se préparer lui aussi pour la nuit. C’est magnifique ! C’est le seul sommet encore éclairé par le soleil, comme par un improbable spot au milieu des sommets plus bas déjà dans la pénombre.
En montant sur le Sauget, vue sur la station de Peisey Vallandry et le domaine des Arcs
Dernier coup de projecteur sur le Mont Blanc
Le D+ avance vite dans cette pente et je débouche des pierriers, au pied du col au crépuscule. Je préfère m’arrêter pour m’équiper avant qu’il ne fasse nuit noire car même si je n’en suis pas loin, je sens bien que je n’arriverais pas au col avant la nuit. Je sors ma frontale, passe une veste de vélo, mets mon buff kikourou et je repars. Comme il fait encore un peu jour, je n’allume pas ma frontale tout de suite. Au bout de 300m, je ne vois plus très bien le balisage (parfait tout au long de la journée d’ailleurs) donc je me décide à allumer, mais je me rends compte que je n’ai pas la lampe sur la tête !!! Je l’ai laissé plus bas sur le bord de la piste après l’avoir sorti du sac!!! Gros coup de stress, je redescends en courant là où d’autres gars continuent à s’équiper. Il fait nuit maintenant, et ils m’aident à chercher. Ce ne sont que des pierres par ici, rien de bien distinctifs qui puissent m’aider à me repérer pour me rappeler où je m’étais arrêté, sauf un canon à neige qu’il me semble avoir vu tout à l’heure. Les frontales des autres traileurs ratissent la zone et après quelques émotions, je peux enfin mettre le précieux luminaire sur mon crane de merle écervelé! Ouf, je reprends l’ascension après avoir fait retomber les pulsations cardiaques qui ne seront jamais montées aussi haut de la journée ;-) Au col de l’Arpette, je connais le coin comme ma poche pour y avoir souvent emmené des clients en ballade quand j’étais animateur à Belle-Plagne et Bellecote dans ma jeunesse ! Je plonge sur Belle Plagne via les alpages puis sur Bellecôte par le chemin et on atteint le ravito où l’accueil comme toujours est très chaleureux. La touche salée du ravito est constituée de soupe à l’oignon, de fromage et de chips. L’avantage de la soupe à l’oignon, c’est qu’on met 2’ à l’avaler et 2 heures à la digérer donc ça occupe bien l’estomac. En plus, gros gourmant comme je suis, j’en ai pris deux grands verres ! J’aurais bien trempé un peu de pain dedans comme tout à l’heure, mais point de pain ici ! Tant pis ! Je traverse le front de neige de Bellecote avec une petite pointe d’émotion car j’ai énormément de souvenirs ici. Notamment celui de ma rencontre avec ma femme, il y a plus de 20 ans maintenant, et qui me soutient dans tous mes projets sportifs.
Plagne Bellecote : comme j'y suis passé de nuit, je vous mets une photo du début des années 80. Admirez la technique parfaite de manchette et la ligne svelte de la Tortue à 18 ans ! Au dessus du ballon, les grues de belle plagne qui était en construction à l'époque !
Avec ma p'tite femme à Bellecôte en 1986 !
Allez, je referme l’armoire aux souvenirs et je me lance dans ce que je crois être la dernière descente : 1200m de D-, je regarde ma montre, et je me dis que j’arriverais peut être avant 1h du matin à Aime. Mais là encore, la descente est très lente, sur « les frasses » d’abord, puis sur « les tuiles », l’altimètre descend doucement pour arriver aux Coches puis à Montchavin au bout de 10 km très sympa, dans la forêt. Hormis des motards de la sécurité qui me croisent ou me doublent de temps en temps et qui s’assurent régulièrement que tout le monde va bien, je suis seul, plus de traileur devant ou derrière. Seul dans la nuit, « j’écoute » la forêt » et malgré mes cuisses qui me brulent, je prends vraiment du bon temps.
Je n’ai pas besoin de refaire le plein d’eau au dernier ravito de Montchavin donc je fais un stop assez rapide. L’accueil, malgré l’heure tardive, est toujours aussi chaleureux par les bénévoles et enthousiaste par le maigre public encore dehors à cette heure tardive. Public qui doit quand même se demander qu’est-ce qui pousse à courir des fous furieux comme nous depuis 5 heures du mat dans la montagne ! Bonne question ! Il faudra peut être que je me la pose un jour, mais j’ai peur de ne pas y trouver de réponse satisfaisante ;-)
On m’annonce 10 petits km de descente ! Montchavin est à 1200 m d’altitude, Aime à 700 m, pas besoin d’être un grand mathématicien pour se rendre ne compte qu’il y ait un blème ! 500m de D- en 10 km, ça cache quelque chose ! En réalité, en moins de 2 km, on se retrouve à 800 m d’altitude, au dessus de l’Isère que l’on entend rugir dans la nuit étoilée ; mais ensuite, ça va être un interminable sentier forestier étroit et poussiéreux, fait de petites remontées et de petites descentes. Bref, c’est interminable ! Les minutes passent, l’objectif d’arrivée à1h du matin est oublié depuis belle lurette, je lorgne plus vers les 2h maintenant (finalement, il me faudra 3h30 pour faire les 20 km de Bellecote à Aime) !
1h45 du matin, et je suis toujours dans cette fichue forêt. A chaque petite remontée, je peste contre le traceur qui n’y est pour rien le pauvre. En fait, ce chemin, de jour, en famille, par une belle après-midi doit être bien agréable, mais là de nuit et après plus de 100 bornes, ça tourne au cauchemar ! Enfin, on sort de la forêt, et alors que je pense que l’on arrive au village de Macôt, on est en fait qu’à Sangot (le village précédent). Je connais le coin et j’estime à 3 ou 4 km la distance qui me sépare encore de l’arrivée ! Même pour 2h du matin, c’est râpé ! Bon, ce n’est pas dramatique pour l’heure, mais j’aimerais sincèrement en finir vite. Sur la piste cyclable, au bord de l’Isère, je relance aussi souvent que je peux, et j’arrive même à dépasser encore deux traileurs épuisés. 1h50 pour faire ces 10 derniers km, j’ai cru que ça ne finirait jamais !
Enfin, le passage sous le « périf », la petite montée au village et l’arrivée ou malgré l’heure tardive, Claude est toujours là, fidèle à son micro. Au son de sa voix éraillée, il est facile de comprendre qu’il n’a pas ménagé sa peine à l’animation. Il est plus de 2h du matin et même Michèle est là pour m’accueillir, sympa, vraiment sympa !
Au final, 119ème sur 232 inscrits et 168 finisher, 21h05 de course pour 112 km et 4750 D+ à mon alti. A peine refroidies, les cuisses ne répondent plus ! Il faut aller à la douche située à l’entrée du village et revenir péniblement à la salle d’arrivée. Un bon massage me fait du bien, mais j’ai aussi une douleur violente sur le devant de la cheville : diagnostic du kiné, inflammation du réticulum des releveurs !? Si elle le dit, je veux bien, mais ça fait mal et je ne peux plus plier la cheville. Après un premier dodo d’1h, je me réveille vasouillard pour assister à l’arrivée des derniers, dont Polo et Isa qui ont fini, comme toujours ! Bravo à eux ! Deuxième dodo qui me fait du bien, puis petite ballade sous le soleil dans le village, petit dej, et rencontre avec Hémé (bravo pour sa belle huitième place au scratch de la « classique), Paspeur (finisher de l’ultra) et leurs épouses. Pendant la remise des prix, rencontre de Romook qui a brillamment terminé son premier ultra de montagne avec une 6000D classique en moins de 11H. Bravo, et bienvenu dans le monde des fous de la montagne ! Tu vas voir, on peut difficilement s’en passer ! Je gagne un superbe GPS Garmin 310XT au tirage au sort puis je fais mes adieux à Michèle et Claude que je remercie à nouveau pour leur accueil et leur extrême gentillesse. Vous n’avez pas changé depuis 20 ans les amis, continuez comme ça !
Et c’est dans le TGV qui me ramène vers mon plat pays pourri que je vous tape ces quelques lignes. Je sens que les prochains jours vont être douloureux physiquement car il va falloir que je me rachète une paire de quadriceps et « chimiquement » car il va falloir redescendre des montagnes, et ça, je sais que ça prend du temps ! Mais comme j’y retourne dans 5 semaines pour l’UTMB, le temps va passer vite !
Maintenant, après un Iron Man de montagne et une petite ballade en Haute-Tarentaise, je pense que je vais m’accorder un peu de repos, d’autant que les vacances vont vite arriver. Je ne sais pas si cette ultra 6000D sera rééditée, mais si c’est le cas, surtout ne loupez pas ça, c’est vraiment magnifique, surtout avec la météo idéale que l’on a eu : beau et pas trop chaud. Côté organisation, on voit bien que tout est huilé depuis 20 ans maintenant. Hormis les ravitos, tout est parfait, merci à toute l’équipe d’organisation de la Plagne et merci à Claude et Michèle Schneider d’avoir créé, avec Roger Langrone, cette superbe épreuve.
Rendez-vous dans 20 ans, les amis….
Claude et Michèle SCHNEIDER : créateurs de la 6000 D
Bien Amicalement,
17 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 27-07-2009 à 14:09:00
Vraiment impressionnant et magnifique. BRAVO pour ta course et merci pour ton super récit.
Bonne récup.
Commentaire de hérisson posté le 27-07-2009 à 14:36:00
Superbe et merci !! Quel mois de juillet de fou...
Commentaire de hemerodrome posté le 27-07-2009 à 15:07:00
Bravo à toi,
les photos donnent vraiment envie (vraiment différent de la 6000D).
A bientôt pour une CO ou une sortie en Ardèche...
Bertrand
Commentaire de VB posté le 27-07-2009 à 15:17:00
Et bein çà c'est du récit, bravo pour ta course "la tortue" !!!et bonne récup
Commentaire de serge posté le 27-07-2009 à 18:12:00
"Avec ma p'tite femme à Bellecôte en 1886 !"
et ben, tu mérites bien ton pseudo de tortue pour vivre si longtemps.
sur la carte, j'ai vu plein de portions presque plates sur piste carrossable, c'est pas trop long ces passages sur le terrain ?
Commentaire de Rascasse posté le 27-07-2009 à 19:12:00
Mieux qu'un guide touristique, ton récit avec photos est impressionnant de précision.
J'aurais bien aimé être avec toi, en profiter en direct doit être un régal.
J'espère que le jour où je me lancerais sur un ultra tu seras là !
Commentaire de Olycos posté le 27-07-2009 à 20:21:00
Et dire que je devais y aller.........
Bravo à toi... Merci pour ce CR et toutes ses superbes photos
A très bientot...
N'hesites pas a passer par chez nous
Oly
Commentaire de gmtrail49 posté le 27-07-2009 à 22:41:00
Quel superbe récit, bien écrit et magnifiquement illustré!
Si tu voulais faire de la pub sur cette course, c'est réussi !
Chapeau également pour l'enchainement de ces deux énormes compétitions en une semaine.
JP
Commentaire de gmtrail49 posté le 27-07-2009 à 22:41:00
Quel superbe récit, bien écrit et magnifiquement illustré!
Si tu voulais faire de la pub sur cette course, c'est réussi !
Chapeau également pour l'enchainement de ces deux énormes compétitions en une semaine.
JP
Commentaire de @lex_38 posté le 27-07-2009 à 22:51:00
Merci pour ce CR tout en photo!
Et surtout bravo pour ta course. Connaissant la région, je sais à quel point il y a de joli coin, mais la difficulté devait être bien présente! Chapeau!
Commentaire de Papillon posté le 28-07-2009 à 09:02:00
Que c'est beau, ton récit est une oeuvre d'art! Dire que j'ai dit à Paspeur qu'il faudrait me payer cher pour faire l'ultra, mais là... je reste sans voix. Je vais en parler à ayrton, tu m'as donné terriblement envie de me lancer dans ce projet un peu fou étant donné la date.
Tes paysages m'ont rappelé des souvenirs de gamine quand mon père, fou de marche en montagne nous avait embarqué pour une grande virée de deux jours dans la réserve du Grand Paradis. Nous n'avions aucun entraînement, nous habitions déjà la région parisienne, dans un HLM d'Orly... je n'ai jamais oublié... j'avais tout fait en baskets cuir 3 bandes, j'avais 8 ans, les neiges éternelles, les marmottes, les bouquetins se battant à 3m, les tapis de fleurs... j'étais rentrée avec des ampoules monstrueuse, en sang, mais pleine de magnifiques souvenirs!
Tes photos m'ont tout remis dans la tête, comme quand j'avais fait la CCC... Que c'est beau!
Commentaire de décapsuleur posté le 29-07-2009 à 01:06:00
Salut la tortue,
Très beau récit de course.
Je me suis arrété à Bellecote un peu hativement à 23h00 donc au 18h00 de course, je pense par manque d'expérience dans l'ultra (c'était mon premier).
Enfin je prends le RDV pour l'ultra de la 6000D en 2011 car d'ici la je serais pendant une année chez les manchots du coté du pole sud.
A plus.
Commentaire de Pegase posté le 29-07-2009 à 15:33:00
Superbe tes lunettes blanches de annés 80 ;-))
Nantes, c'est un plat pays mais pas pourri. Déconne pas, j'espère débarquer à l'automne
Bravo pour cette belle perf.
A tout bientôt
Commentaire de popov posté le 29-07-2009 à 17:06:00
bravo la tortue
Commentaire de l'ourson posté le 01-08-2009 à 15:07:00
Encore du bien joli CR :-) Encore un exploit de plus :-)) Mais comment fais-tu ??!!.. Bon repos avant l'UTMB :-))
L'Ourson_d'ici-là_je_crois_qu'il_reste_des_dossards_pour_Embrun_2009_si_tu_veux..;-)))
Commentaire de Souris posté le 16-08-2009 à 20:01:00
Je lis ce CR seulement maintenant!! BRAVO et Merci à toi de nous donner tous ces détails et ces photos, qu'est-ce que c'est beau... Ca donne vraiment envie d'aller se faire des randos de le coin.
Quel enchainement de fou, l'altiman et l'Ultra 6000D, tu m'épateras toujours... Chapeau bas Chère Tortue
Un peu de repos maintenant et on se voit à Chamonix fin aout!
Commentaire de Souris posté le 16-08-2009 à 20:04:00
Au fait, excellent ces photos des années 80 ;-))
On dirait ton grand garçon et plutôt difficile de reconnaitre Claire avec ses lunettes blanches ;-))
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