Récit de la course : Marathon de la Liberté 2009, par hellaumax

L'auteur : hellaumax

La course : Marathon de la Liberté

Date : 14/6/2009

Lieu : Courseulles Sur Mer (Calvados)

Affichage : 2405 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

11 commentaires

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Hellaumax au Mémorial

Il y a parfois loin de la coupe aux lèvres, et notre vaillant compagnon Hellaumax l'a amèrement constaté à ses dépens sur les routes tortueuses de sa Normandie natale.

Nous avions laissé notre ami baignant dans la douce euphorie de son arrivée au semi-marathon de Paris, où sa performance, quoiqu'intrinsèquement modeste, lui permettait néanmoins d'éprouver une fierté légitime (Voir « Hellaumax chez les Parigots », même édition)

Aussi, en préparant, avec la minutie qui le caractérise ce nouveau marathon (voir, à titre d'exemple « Hellaumax dans la Ville Rose », édition Kikourou Jeunesse), il s'était vu, cheveux aux vents et sourire aux lèvres, franchir la ligne de ce marathon de la Liberté en moins de 3h25, espérant même accrocher 3h20.

Après tout, il suffisait pour cela de tenir un rythme de 4'45 à 4'50 au km, mais notre héros espérait secrètement être en mesure d'accélerer à partir du 25ème kilomètre, et réussir pour la première fois ce que les spécialistes du marathon ont baptisé d'un nom barbare emprunté au vocabulaire de la perfide Albion: un negative split.

Pas à un seul instant, l'idée que le dénivellé de la seconde partie du parcours puisse anhiler toute possibilité d'atteindre cet objectif n'effleura l'esprit de notre valeureux camarade. « Après tout, se disait-il, n'ai-je pas déjà achevé ce marathon, mon premier, et sous une chaleur accablante, en moins de 4h? Et puis, ne suis-je pas revenu l'an dernier, sur ce dernier semi, justement, qui ne m'avait, alors, pas paru si terrible que ça?  (Voir « Hellaumax à Pegasus Bridge ») Et depuis, n'ai-je pas déjà couru en moins de 3h30? »

Tout ceci était vrai et l'espoir parassait donc légitime. D'autant que la préparation s'était passé sans le moindre accroc, si ce n'est une petite douleur abdominale dans les derniers 15 jours, qui eut le bon goût de s'estomper une semaine avant la course afin que notre courageux compagnon puisse se présenter sur la ligne de départ à Courseulles l'esprit totalement libre et le coeur gonflé d'ambition.

Même le fait de s'être méchamment cogné le tibia gauche sur une petite table basse mal positionnée, dès le réveil, puis celui d'avoir été éjecté de sa place dans la navette au gré d'un virage un peu serré dans l'un des nombreux ronds-points qui ornent les routes de notre beau pays (et qui ont fait la légende des services des Directions Départementales de l'Equipement), suscitant au passage dans la dite navette , un petit moment d'hilarité générale particulièrement salvateur, n'avaient altéré le moral au beau fixe de notre coureur bien-aimé.

D'autant que sur place, il fit la rencontre de deux salariés du groupe Carrefour, prénommés Sylvain et Philippe, avec qui il sympathisa très rapidement. Ils échangèrent de nombreuses annecdotes, rigolèrent à leurs déboires passés, devisèrent sur la météo quelque peu surprenante de ce dimanche matin du mois de juin: le ciel était couvert et la température plutôt fraîche (au point que notre ami dut prêter à Sylvain un T Shirt, car le malheureux, trop confiant, s'était présenté au départ en simple débardeur). Le soleil allait-il se lever vers 10h30, comme le prédisait Sylvain, au moments où ils affronteraient la longue ligne droite du canal?

Le sympathique Pedromiguel, que les fidèles lecteurs de Kikourou connaissent bien, se joigna rapidement à la joyeuse troupe, et tout ce petit monde se dirigea tranquillement vers la ligne de départ, les 9h00 tant attendues étant sur le point de sonner.

Le départ fut tranquille avec une petite boucle autour du port de Courseulles avant de quitter la ville. Une parfaite petite mise en jambes qui permit à notre ami de se porter tranquillement à hauteur des meneurs d'allure 3h45, puis 3h30 qu'il dépassa vers le Km2.

Grâce à un ingénieux dispositif dissimulé dans sa montre, et fonctionnant grâce à la technologie du Global Positionning System, plus connu sous le nom de GPS, et qu'il serait somme toute fastidieux de décrire ici – nos lecteurs les plus férus de technologie pouvant utilement se reporter aux remarquables ouvrages de LoicM sur le forerunner305, puisqu'il s'agit de ce petit bijou – grâce à ce dispositif donc, Hellaumax pouvait à tout instant contrôler sa vitesse, et c'est avec satisfaction qu'il constata qu'il passait au 5ème kilomètre en 23'40 puis au 10ème en 47'30, soit pile poil les 4'45 de moyenne, pour reprendre cette expression familière qu'il affectionne tant.

Le parcours particulièrement plat était un vrai régal, et après avoir laissé filer Sylvain, parti pour courir en moins de 3h15, c'est avec plaisir que notre courageux compagnon retrouva un autre coureur rencontré la veille au retrait des dossards et avec qui il partagea quelques difficultés pour rejoindre le centre-ville en transports en commun.

Un petit salut à sa famille venue l'encourager à Ouistreham, vers le km15, et c'est plein d'allant et d'entrain qu'il s'élança à l'assaut du canal, vers Pegasus Bridge puis vers Blainville sur Orne.

Contrairement aux prédictions de Sylvain, le soleil ne se leva pas, mais la chaleur était néanmoins importante, voire un peu étouffante, mais rien qui ne fasse baisser le rythme à notre obstiné coureur.

La mi-course fut atteinte en 1h41, et c'est le moral au beau fixe qu'il quitta la canal à Blainville, prêt à affronter les pentes qui devaient le mener jusqu'au Mémorial où se jugeait l'arrivée.

L'espoir d'un negative split disparut avec la quinzaine de secondes perdues par kilomètre dès les premiers hectomètres plus valonnées du pacours. Mais un passage en 2h24'45'' au km 30 laissait encore augurer un beau temps à l'arrivée.

Hélas!Mille fois Hélas! Aujourd'hui encore, notre malheureux ami ne comprend pas bien ce qui le poussa à cesser soudain de courir au km33. Quand il regarde (grâce à l'ingénieux système décrit plus haut, qui comporte une fonction de mémorisation des plus utiles), les temps de passage qui précédèrent ce renoncement, il constate certes que les deux derniers kilomètres n'avaient été parcourus qu'en 5'30. Mais rien n'était catastrophique au regard du relief. A t-il éprouvé une forme de ras-le-bol, n'a t-il pas su, ou pas pu, se motiver pour tenir quelques centaines de mètres supplémentaires et attendre un regain de forme salvateur? Son manque de lucidité sur le moment ne lui permet pas aujourd'hui de pouvoir trancher cette épineuse question qui est, nous pouvons le supposer, l'un des intérêts à s'aligner sur ce genre d'épreuves.

Toujours est-il que notre infortuné compagnon se mit à marcher et à envisager l'abandon.

Mais une idée saugrenue lui frappa l'esprit: la médaille n'est délivrée qu'aux coureurs qui passent la ligne et notre ami ne voulu pas déroger à la petite tradition familiale qui le pousse à confier les différentes breloques gagnées de ci de là à la garde exclusive de son fils aîné. Alors, il irait jusqu'au bout, dût-il pour cela terminer en marchant.

Et ce n'est pas une idée saugrenue, mais bien une réflexion rationnelle qui lui fit rapidement calculer qu'il serait plus vite rentré s'il se remettait à courir plutôt qu'en continuant de marcher. Alors notre valeureux camarade repartit, ô bien sûr, beaucoup plus lentement, que sur le début du parcours. Et il rattrapa Sylvain, victime lui aussi d'une très grosse défaillance. Ils firent tous les deux quelques dizaines de mètres en marchant, puis repartirent en trottinant, mais Sylvain flancha et Hellaumax repartit seul.

Un nouveau petit coup de mou et un petit peu de marche, jusqu'à ce que Sylvain relance notre ami.

Le ravitaillement du km35 arriva alors à point nommé.

Même s'il n'y avait plus d'enjeu, notre héros fatigué décida de terminer les derniers kilomètres afin de terminer en moins de 3h45, n'ayant pu accrocher le wagon des meneurs d'allure 3h30. Il courut ainsi sur un rythme de 5' au km à partir du km36, s'arrêtant néanmoins au dernier ravitaillement, et se permit même de terminer les deux derniers kilomètres sur une base de 4'40, les applaudissements des spectateurs le long de l'avenue menant à l'arrivée étant particulièrement galvanisants.

Au final, c'est en 3h36 que notre pauvre ami termina son quatrième marathon, surpris et presque incrédule de ne pas avoir perdu plus de temps. Sylvain arriva quelques minutes plus tard, Hellaumax lui ayant promis de l'attendre sur la ligne. C'est ensemble qu'ils partagèrent le ravitaillement à l'arrivée, surpris des liens qui peuvent se tisser entre compagnons d'infortune qui ne se connaissaient pas le matin même.

Puis notre ami s'en alla faire masser ses jambes douloureuses et retrouva, à la table de massage, le coureur perdu dans l'imbroglio des transports publics caennais de la veille au soir. Ni l'un ni l'autre ne savaient à ce moment là qu'ils se retrouveraient quelques heures plus tard à la terrasse du même café.

Enfin, il retourna dans sa famille, avec un vrai sentiment de bonheur et cette curieuse envie de vouloir remettre cela bientôt, histoire de se prouver que l'objectif 3h20/3h25 n'est pas si farfelu que ça.

 

 

Note aux lecteurs : le prochain tome des aventures de Hellaumax (dont le titre n'est pas à ce jour totalement défini entre 'Hellaumax retourne au Capitole » ou « Hellaumax au pays des huitres ») est à paraître courant novembre dans la collection Kikourou Aventures.

 

11 commentaires

Commentaire de CROCS-MAN posté le 22-06-2009 à 22:38:00

Bravo Laurent, je ne m'attendais pas à ce chrono final vu comme ça partait.
Et un marat au pays de Brice de Nice ça te branche pas? Merci pour ton récit.

Commentaire de laurent05 posté le 23-06-2009 à 14:01:00

merci laurent pour ton récit
finalement ton chrono n'est pas si mauvais que ça
après un passage à vide
à bientôt pour d'autres aventures

laurent

Commentaire de Astro(phytum) posté le 23-06-2009 à 21:51:00

Dis Laurent je crois que tu t'es pris le mur en pleine face .

Bah! Quand même ton chrono est plus q'honorable ,il y en a beaucoup qui s'en contenterai ,moi le premier.
J'espérais te voir aux laveuses dommage,ça sera pour une autre fois.

Commentaire de Nono_d posté le 23-06-2009 à 22:09:00

Dis Laurent, quand tu croiseras Hellaumax, tu lui diras qu'il peut aussi venir buller au mois d'octobre à Reims...!

Commentaire de wendy78 posté le 23-06-2009 à 23:12:00

Salut Laurent,
Excellent ton recit, un plaisir de te lire, felicitations!
...la prochaine marathon est laquelle?

Commentaire de Yannael posté le 24-06-2009 à 08:27:00

Excellent ce récit. Très sympa à lire. Et j'aime bcp les photos, avec ce rendu.
Quant aux 3h20, tu y arriveras certainement bientôt. En novembre ?

Commentaire de wil14 posté le 24-06-2009 à 22:14:00

mci pour le récit. C ainsi, il doit être écrit quelquepart que le marathon de la liberté n'est pas propice aux records... Mais bon 3h36 ce n'est pas si mal compte tenu de la difficulté. Je te souhaite plus de réussite pour ton prochain marathon.

wil14

Commentaire de _azerty posté le 25-06-2009 à 19:06:00

j'aimerai m'abonner à la collection Hellaumax,

et comme je suis dans les souhaits, je préférai Hellaumax retourne au Capitole, que chez les huitres ...

Allez savoir pourquoi ? La raison la plus basique serait que je ne digère pas les huitres


Bravo Laurent pour ce chrono, et ce récit

(j'aime beaucoup les photos)

Commentaire de FrancisCaMousse posté le 26-06-2009 à 06:52:00

Ah oui, tu as sérieusement abaissé ton temps sur ce marathon de la liberté en 2 ans !
J'avoue que j'aimerais bien en faire autant... même si malgré tout tu seras sûrement encore bien devant ;-)
@ bientôt ! [peut-être sur le marathon de la liberté 2010 =)]

Commentaire de taz28 posté le 27-07-2009 à 22:41:00

J'adore toujours les aventures de Hellaumax, ou de Laurent, je ne sais plus !!

En tous cas, ton chrono me laisse rêveuse...Alors en sachant que tu n'étais pas au mieux de ta forme, c'est encore plus terribe :-))

Merci pour ce récit, et ces photos dignes d'une super BD...

Pour la peine et pour mon retard inacceptable, plein de bisousssssssssss

Taz

Commentaire de le Styx posté le 21-02-2010 à 15:44:00

Super récit que je lis un peu tard (ou tôt !) car je m'aligne à Caen cette année et je tâte l'ambiance... 3h36 = défaillance !!!! Ah ouais, ben j'ose même pas dire le chrono que je compte faire le 13 juin ! Pas beaucoup de Kikous dans le kivaou pour l'instant ! A+

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