L'auteur : philtraverses
La course : Trail du Caroux
Date : 1/6/2008
Lieu : Mons la trivalle (Hérault)
Affichage : 3138 vues
Distance : 30km
Objectif : Pas d'objectif
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Eh oui. Je me suis décidé à poster ce CR car cinq jours après la course je suis revenu sur les lieux et ai pu prendre les photos que je n'avais pas pu alors prendre. (pas alors pu prendre, pas plus prendre alors.. etc)Et la, le caroux m'a offert ses plus beaux atours et n'a pas, cette fois ci, usurpé son titre de montagne de lumière.
Remarquez je connaissais les lieux pour y avoir randonné il y a de cela trente ans. J'avais également fait un stage d'escalade avec Georges FRAISSINET.
Je ne voulais pas rester sur ma méforme de la compet. J'ai donc refait intégralement le parcours, le tout en moins de 6 h30, avec de nombreux arrêts et pauses photos.
Ca m'a donc fait deux séances longues de 30kms en moins d'une semaine, de bon augure dans la perspective du grand raid des Pyrénées qui approche à grand pas. (il faut toujours positiver..) De plus les photos ont l'avantage de donner un peu de couleur à mon récit ( qui après relecture sent l'amertume égocentrique).
Je pensais être assez en forme pour la course car les semaine précedentes j'avais fait pas mal de dénivelé. C'est le contraire qui s'est produit. : Pas de jambes. Je ne peux expliquer ce relatif échec que par une forme de surentrainement. (toujours se justifier..)
Départ de Mons la Trivalle 9 heures. ça part vite. Il y a du beau monde, Christophe BASSONS le Mr Propre du Trail, qui gagnera d'ailleurs, David LAGET, moins de 2 h30 au Marathon, Damien VIERDET. Deux kilomètres de route plus loin on atteint le départ du sentier des gardes. Il faut franchir une passerelle, la passerelle des soupirs. Le chemin monte en lacets raides et offre des vues splendides sur les gorges d'heric
J'ai les jambes molles, je suis sans forces et ne trouve pas mes marques ni mon rythme. Deux lacets plus bas j'entends deux filles discuter, parfaitement à l'aise, nullement essouflées. Ce seront les deux premières féminines. (jaloux n'est ce pas..)
Je sens que la journée va être longue et je décide de gérer pour au moins terminer. (toujours des excuses..)
Après le col de bertouyre, vers 700m d'altitude, le sentier se repose un peu puis monte à nouveau raide. On arrive en bas du plateau du caroux . (en bas du haut en somme, quel style)
Je profite de quelques moments de répit pour essayer d'admirer le paysage, à travers le rideau des nuages. Après tout je sais déjà que je finirai au mieux vers le milieu du classement. Il n'y a plus d'enjeu et autant essayer d'en profiter. (menteur!!en réalité tu prends un air détaché pour masquer ton dépit)
On finit par atteindre le plateau du caroux et la table d'orientation au bout d'une heure 5. A ce moment la je suis encore dans le coup puisque les deux premières filles qui finiront dans le premier tiers se trouvent avec moi. (il est certain en tout cas que tu n'existais pas pour elles, ni n'existera jamais)
on aperçoit colombieres sur orb ou il faudra descendre .
A un embranchement le chemin descend franchement entre les falaises, peu marqué. C'est ici la partie la plus dure sur le plan technique. Avec la pluie la roche est glissante. Je m'étale et tombe sur les fesses. (ce qui arrive quand on a pas de jambes)
Mais je ne suis pas le seul . Voici par ou nous sommes passés. Refroidi par ma chute je ralentis considérablement et descend tranquillement, en rythme rando. (en réalité même le rythme rando c'était trop rapide pour toi ) C'est la que je perdrai beaucoup de temps. Pendant ce temps les filles prennent le large. (il est certain qu'elles n'allaient pas t'attendre, insignifiant bipede)
Ce passage a un petit coté cirque de la solitude. (ah oui encore un échec rappelle toi l'insolation mémorable) Une fois passée la partie la plus difficile le sentier se calme un peu, mais il ne faut pas relacher l'attention.
L'itinéraire traverse une cascade ou il est interdit de tomber, équipée avec une main courante. (tu aurais mieux fait de glisser)
Enfin nous arrivons à Colombieres. Il m'a fallu pas loin d'une heure pour descendre à mon rythme doublé de toutes parts. ( quel jaloux) Environ 2 heures de course. Je ne sais à ce moment la si je vais continuer, complètement vidé. A l'entrée du village l'itinéraire emprunte une piste qui monte un moment puis rejoint un sentier plus étroit.
Enfin la partie la plus agréable du circuit s'amorce: la remontée des gorges de colombieres. Je reprends un peu de motivation et suit un groupe qui avance bien, dans lequel se trouve la troisième féminine. ( tu as joué ton va tout pour ne pas te faire battre par elle) Voila ce qu'on aurait pu voir s'il avait fait beau. Le premier du groupe alterne course sur le faux plat et marche rapide dans les cotes. (te rappelles tu comme tu l'as maudit, te demandant si c'est lui qui allait vite ou si c'est toi qui rampais)
Au début le chemin monte doucement puis plus rudement en se rapprochant du hameau de la Fage. On peut observer que le sentier est dallé, signe de la présence humaine importante au 19 ème, début 20 ème siecle. A cette époque berges et paysans arpentaient les sentiers et vivaient dans la montagne qu'ils ont façonné à leur image, rude et durs au mal. En arivant en haut des gorges on rencontre des vasques d'eau qui doivent être bien tentantes l'été.
A partir du hameau de la fage le chemin amorce un virage vers la gauche et remonte durement vers le plateau du caroux, royaume du vent et de la solitude. Mieux vaut ne pas s'y égarer. (pauvre brebis égarée )
La vivent des mouflons qui ont été introduit il y a quelques temps et qui s'y sont parfaitement acclimatés. (eux au moins sont introduit quelque part)
D'ailleurs lors de ma balade cinq jours après j'ai surpris un troupeau avec de nombreux jeunes. ( En montant je vole une vue sur le hameau de la fage dans son écrin de verdure).
La montée vers le plateau me parait interminable. Les chemins sont des ruisseaux.On patauge. (mon pauvre c'est ton récit qui patauge. Ca doit bailler ferme devant les écrans d'ordinateur, quel manque d'humour et de tact, pour infliger ce récit )
Une fois sur le plateau rien n'arrête le regard, aucun point de repère.Ce pourrait être n'importe ou en écosse, en irlande sur de hautes terres ou vivent les trolls. (tiens en passant excusez le troll qui fait les commentaires du récit)
On passe ensuite sur des planches biscornues dans des tourbieres. Je n'ai guere le temps de lire les panneaux d'information. (malgré la fatigue tu savais encore lire)
A ce moment de l'aventure nous sommes dans le brouillard total. Cette partie va être la plus dure pour moi. Je grelotte et j'ai les muscles tétanisés. Je suis alors pris de crampes, ce qui ne m'était pas arrivé même au trail des citadelles. (c'est ton esprit embrumé qui a du mal à accoucher d'un récit)
Des étirements des pastilles de sel et ca passe. Pendant ce moment difficile je marche. J'ai bien perdu encore 15 mn dans l'affaire. ( une de perdue 10 de retrouvées)
On passe devant le refuge de font salesse sans y prendre garde. Le cadre est serein et en d'autres circonstance aurait incité au farniente et à la méditation. (ou encore à d'autres activités moins avouables)
C'est un peu avant que des bénévoles me demanderont si j'arrête. L'un deux qui a senti ma fatigue et mon désarroi me proposera même un sandwich et du vin.
Ragaillardi par le sandwich je repars un peu plus motivé. Sans doute ai je connu un épisode d'hypoglicémie.
Après une partie encore montante sur le plateau qui semble ne jamais vouloir finir,on descend enfin vers le hameau de DOUCH .
La suite va être plus facile: C'est de la descente jusqu'au hameau d'Heric. Je descends assez vite sur les dalles glissantes en compagnie d'un autre coureur assez bon descendeur. La je vais rattraper un peu de temps. (trop tard le temps perdu ne se rattape pas)
Une fois dépassé Héric le chemin remonte vers le col du bardou. C'est la dernière montée 300D+ encore . Avant de remonter on longe encore un beau torrent. (et je meuble et je meuble..)
Après le col de bardou le sentier reste à flanc un long moment, ménageant des vues , puis, enfin se décide à descendre franchement. Partout, comme tout au long de l'itinéraire, on apercoit des vestiges d'une florissante activité humaine des temps jadis. On se prend à imaginer ce que la vie fut ici autrefois. (je n'imaginais rien si ce n'est m'assoir quelque part et manger)
Enfin on arrive à Mons. Je dévale les rues pentues du village soulagé d'en finir.
Au final un bilan mitigé
Le négatif :
forme absente, contre performance. L'entrainement est à revoir . Peut être ai je finalement besoin de repos
et puis tout le reste qui se trouve entre les lignes ( rajout : l'essentiel étant invisible pour les yeux)
Le positif:
J'ai découvert ou redécouvert une belle région et je reviendrai au moins pour y randonner, seul ou à plusieurs. Les possibilités de rando sont infinies. J'ai d'ailleurs découvert à ce sujet un guide qui est édité par le CAF de BEZIERS.
Je pense revenir l'année prochaine
7 commentaires
Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 08-06-2008 à 12:45:00
Salut l'Arbalète,
Joli récit de ta course: j'ai souffert pour toi!
J'y étais, mais en plus serein .... je connais les lieux pour y faire une sortie par semaine. Malgré tout, j'ai réussi à perdre 10 minutes avant la dernière descente en me perdant! Au visu du parcours j'étais en effet persuadé de devoir descendre par l'autre flanc de la montagne (celui qui est dans les gorges) et je m'y suis engagé jusqu'à soudain réaliser qu'il n'y avait plus de balisage de la course: demi-tour pour ne pas perdre trop de temps, car ce côté est bien plus long et technique....
Malgré tout, quel régal et le climat importait peu parce que j'y ai déjà vécu bien d'autres intempéries.
Le Caroux ne se laisse pas "emprunter" facilement.
A l'année prochaine, donc!
Encore bravo et bon courage pour les Pyrénées.
Eric
Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 08-06-2008 à 12:56:00
J'oubliais:
Le guide du CAF est très complet, mais fais attention: certaines voies peuvent être dangereuses, car elles demandent parfois un morceau d'escalade ou offrent des passages aériens, en balcons étroits, ou les dalles sont glissantes (Hi Hi) ou le vent est déstabilisant, ....Bref, selon le chemin que tu choisis, ne t'y aventures pas seul (ex la Vire Guy Pistre -itinéraire 19).
Sinon, ce guide est ma référence du Caroux car il permet d'imaginer des tas de sorties plus ou moins longues et variées.
Les mouflons quant à eux ne sont pas visibles uniquement sur le plateau; tu peux les apercevoir un peu partout à n'importe quelle heure à condition qu'ils n'aient pas été dérangés avant toi! Ils ont tendance également à descendre près du torrent d'Héric à la tombée de la nuit en été.
Je pourrais encore te parler de ces lieux longtemps ....
Eric
Commentaire de akunamatata posté le 08-06-2008 à 13:03:00
merci pour les photos et le récit
Commentaire de Francis31 posté le 09-06-2008 à 15:30:00
Bravo à toi d'avoir surmonté ton coup de mou..Tu as su trouver dans la volonté l'energie qui t'a permis de rallier Mons et ce dans des conditions dantesques..A très bientôt dans les pyrenéees.
Commentaire de la panthère posté le 11-06-2008 à 12:54:00
super idée de retourner sur les lieux pour nous offrir ces belles photos....
si les jambes n'y étaient pas, le mental était bien là, c'est de bon augure pour la suite!
sagesse d'avoir refusé le vin....
Commentaire de co14 posté le 11-06-2008 à 21:22:00
un récit et des photos comme je les aime...MERCI...
Commentaire de caroux posté le 22-06-2008 à 09:25:00
Bravo et merci pour le récit et les photos.
Le Caroux c'est un peu "mon jardin" si tu comptes y revenir, fait moi signe si tu veux des tuyaux (itinéraires, hébergement, restauration....).
Bon courage pour le raid des Pyrénées...
à bientôt
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