Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2007, par daloan

L'auteur : daloan

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 24/8/2007

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 2035 vues

Distance : 86km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

Partager :

Le récit

Après l'Aubrac, on monte en altitude et en puissance avec le CCC.

Pour le commun des mortels, c'est en gros pareil que l'UTMB vu que ça représente un kilométrage important, un dénivelé assez abstrait et qu'on va passer la nuit dehors.

Arrivée à Chamonix, tout change. Z'êtes pas là pour la course des grands, vous ne faites que la petite. D'ailleurs il y a un passage par le purgatoire puisque vous avez droit à un aller-retour ubuesque jusqu'à Courmayeur pour récupérer le dossard. Vous comprenez très vite que le lendemain matin ce sera à nouveau la galère pour aller prendre le départ.

Petite innovation que je suggère pour 2008 et permettre d'éviter le gros bouchon de la montée sur Bertone : on allonge la course de 12km en positionnant le départ directement à l'entrée française du tunnel du Mont Blanc. C'est couillon, mais ça peut plaire.

Donc première leçon d'humilité au retour sur Chamonix puisqu'au milieu des fiers à bras arborant bien haut leur brassard orange fluo de la course des grands, nous avons droit à un terne brassard vert bouteille.

Deuxième acte le lendemain, 12h30 : vu l'encombrement à Chamonix le matin même, un grand coup de chapeau aux organisateurs pour avoir réussi à ne décaler le départ que d'1/2 heure. Nous avions parié sur au moins 1h30 et avons flâné dans Courmayeur. Bien fait, nous nous retrouvons finalement en queue de peloton quand ils lachent les fauves. Là c'est le rush entre ceux qui sont devant, savent pourquoi et veulent y rester, et les retardés voulant jouer placé avant d'aborder la montée. Pour les non intiés, il faut savoir qu'au bout d'un km, dès que cela va monter vraiment et pendant une heure on ne doublera plus. Quelques cas isolés tentent bien de grapiller 2 à 3 minutes en escaladant le muret délimitant le début du chemin, ou imaginent un raccourci sauvage au milieu des lacets, mais au final le trailer moyen est assez discipliné et patient.

Passage à Bertone en 886ème position, pile poil dans les abaques fournies sous Excel par le sieur Poilvert que je remercie car pour moi la progression annoncée par son simulateur est restée très cohérente avec le rythme que j'ai adopté.

Ensuite, le peloton s'étire par paquets de 30 coureurs. Je prends une photo (elle est assez moche en plus) et éprouve toutes les peines du monde à me refaire une place sur le chemin. Du coup, c'est la fin des photos, il va falloir que je surfe un peu pour en récupérer. Jusqu'à Bonatti c'est assez roulant, mais il faut se bagarer pour dépasser et ne pas se faire éborgner par les batons. On voit déjà à ce moment là la stratégie de course : marche pour passer sous la barrière horaire, ou course pour ceux visant un classement ou s'accrochant comme moi à un fichier Excel. Arrivée à Bonatti en position 779, c'est encore assez dense et les merveilleux bénévoles éprouvent toutes les peines du monde à contenter des coureurs encore vindicatifs. Un conseil pour ceux que cela effraie : prenez un stand plus près de l'arrivée, c'est plus calme quoiqu'assez pathétique parfois.

On bricole ensuite avec des tronçons rapides et assez faciles jusqu'à Arnuva, plein soleil, plein les yeux avec des massifs enneigés partout (désolé, je ne connais pas les noms mais venez en Heute Corse et je serai incollable) et une Organisation qui fait du zèle puisque nous assistons en direct à un joli départ d'avalanche. C'est quand même un peu vicieux de voir au loin, assez inaccessible le Grand Col Ferret tout en sachant qu'avant de l'affronter il va encore falloir descendre pas mal...

Arnuva, c'est un peu compliqué pour la ravito puisque les stands sont répartis en "U" avec la boisson au début et la nourriture après. Un peu de chahut pour se tenir chaud et tout s'arrange. Apparemment les temps de pause s'allongent puisque ne trainant pas trop, je pointe en 719ème position. J'ai mis 10 minutes au tableau Excel, bien fait pour lui...

LA montée du Grand Col Ferret.Là, je me dis que finalement le brassard vert me va assez bien, que le Orange fluo aurait dépareillé avec ma tenue et qu'il faut quand même être gonflé pour l'affronter en partant de Chamonix. La montée est très régulière et si on ne se plante pas de rythme elle passe bien. Une pensée émue à 2 VTTistes qui avaient décidé de faire ce jour là la descente et qui voient débouler 1600 coureurs dans l'autre sens ! J'ai eu l'impression de doubler pas mal de monde, ce que confirmera le lendemain le tableau de passage : 563ème en haut. C'est vraiment super leur système de suivi quasiment temps réel, je m'étais pris au jeu l'an dernier à suivre la progression de coureurs et avec pas mal d'émotion j'apprendrai le lendemain que famille et amis étaient plus au courant de ma course que moi. Un nouveau bravo aux organisateurs. Et merci.

Bon, il y a un peu de vent et rien à manger alors on fonce vers la Fouly. Ca court encore pas mal sur cette partie là, le paysage est toujours aussi magique et l'arrivée dans les villages Suisses nous montre un autre monde, des jardinets taillés au cordeau, des piles de bois alignées au millimètre. 1/2 seconde de réflexion de trop et vous auriez mille raison de vous arrêter et d'épouser la première Suisse qui passe (ou le premier Suisse, je ne suis ni sexiste ni homophobe). Le manque de discernement chronique du coureur moyen que je suis m'a empêché de consacrer cette 1/2 seconde si bien que je fais ce petit compte rendu de la région parisienne. Ne trainons pas, le soleil commence à décliner faut se dépêcher d'arriver à Champex pour manger et se changer. En plus le tableau Excel ne marchande pas ni ne fait de concession, alors je lui fait le coup du mépris et lui met 30 minutes dans les dents. Non mais.

Champex, ils appellent cela un point de vie. Dehors il y a bien les bénévoles qui s'agitent, mais à l'intérieur, on a l'impression d'être au beau milieu d'une secte en plein recueillement. Faudra que je revienne faire l'UTMB pour les Grands, il doit y avoir une ambiance mortuaire que je vous décrirai volontiers. Fait chaud, il y a tout ce qu'il faut et on a vite d'oublier le chronomètre.

Bon, Excel ou pas la voiture étant garée à l'arrivée, on repart. Bien joué : pointé en 385ème position je me requinque en profitant des dernières lueurs du jour en passant aux abords du Lac de Champex. Si vous avez des photos, ne faites pas les timides envoyez les fichiers...

Pour la montée à Bovine, peu de souvenirs. On se met dans un Grupetto et on suit. Le grupetto explose alors on avance plus ou moins vite pour en faire un autre. Pas futés les coureurs, et tellement prévisibles... Un petit coup de gueule à Queschua et Lekki : mettez des modes d'emplois avec vos batons, la moitié des coureurs se prennent pour des toréros. Non le baton n'est pas une arme pour empêcher de doubler ou s'empaler dessus, si vous l'avez acheté pour cela vous auriez dû essayer la hache, plus maniable. Râler fait passer le temps et oublier ses malheurs. Les pieds commencent à fumer, les nouvelles Eider sont super pour aller au bal, mais manifestement après 50km d'affilée on sent vraiment le sol. Pas de temps perdu puisque je grapille encore un peu de places. C'est chouette et comme c'est la première course où cela m'arrive excusez-moi si je frime un peu : en principe je pars doucement en me disant que je vais ramasser les morts, mais probablement par compassion j'en fais assez vite partie. En 2 mots, la montée et la descente de Bovine étaient annoncées glissantes et mouillées mais décidemment l'Organisation a bien fait les choses car cela passait vraiment bien.

La montée la plus fastidieuse est comme souvent la dernière : les Tseppes. En plus même quand on l'a finie, rien ne l'indique, si ce n'est qu'on se remet à ... descendre. M'étant pris au jeu du chronomètre, je commençais à m'inquiéter puisque le temps défilait sans voir de refuge ou de guitoune. Si j'ai bien compris, ce fameux refuge est en contrebas. Pas sur qu'en faisant le grand UTMB je passe devant en plein jour, va falloir calculer.

Arrivée à Vallorcines, mais à 1h30 du matin on ne s'attend pas à trouver une grande foule. Merci à tous les veilles tards et bénévoles qui se sont décarcassés cette nuit pour nous, je ne le dirai jamais assez. Nous pourrions lancer une souscription de tee-shirts Kikourou avec imprimé en énorme "Merci aux bénévoles" pour l'an prochain...

La fin de course est un peu longuette, il fait frisquet, on se tire la bourre à plusieurs pour passer sous les 16h et pour ma part  faire définitivement la nique au tableau Excel en lui mettant une heure dans la vue. Du coup il m'a fallu cravacher ferme sur toute la fin de parcours et ce Lundi soir j'ai encore mal partout. ça valait le coup et je suis hyper fier de mes 15h55, c'est mon record du monde. Dans le même secteur Argentière-Chamonix, Le Grandissimo Marco Olmo en roue libre me mettra encore plus de 20 minutes dans les dents, mais  j'ai le temps : il est bientôt vétéran 3 !

 

Au fait, en plus des bénévoles, un grand coup de chapeau à tous les UTMBiens ayant été au bout de leur rêve. Si quelqu'un vous demande votre temps, une seule réponse ; cassez lui la G..... 

 

9 commentaires

Commentaire de JLW posté le 27-08-2007 à 23:14:00

Très original et bien sympa ton cr daloan. En plus t'es le prem's sur Kikourou ... Bravo.

Commentaire de blancblancblanc posté le 28-08-2007 à 08:41:00

Dommage pour les photos que tu n'as pas réussi à prendre mais tu as sans doute plein d'images dans la tête après cette journée de course.

Bravo à toi pour ta course et promis, je ne te demande pas ton temps ... :))

JC

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 28-08-2007 à 08:56:00

J'avais déjà suivi la course depuis mon PC en veillant tard.
Et ça m'avait bien plu. Là, ton CR vient apporter la 2° couche,
et ça me plait encore plus ! Merci d'avoir si bien raconté
ta (petite) course ! J'ai eu souvent le sourire en te lisant.
Et félicitations pour ton record du monde à toi !!!

L'escargote_admirative

Commentaire de Startijenn posté le 28-08-2007 à 09:42:00

Joli commentaire et belle prouesse !
Le maniement de la hache en lieu et place des bâtons ... c'est un coup à finir en Suisse, à aligner ces petits tas de bois que tu décris !
Bonne récup (ne pas lésiner sur la récup..)

Commentaire de Jerome_I posté le 28-08-2007 à 10:18:00

Salut,

bravo a toi, belle course et récit... Tous au bout... et tu l'as fait...

Pour ma part j'évite d'embrocher ceux qui me doublent. Je m'écarte tout simplement, surtout que la nuit c'est facile pour voir ceux qui reviennent sur nous.

Jérome

Commentaire de taz28 posté le 28-08-2007 à 11:51:00

Super récit plein d'humour Daloan !! Tout comme j'aime ...!!

Bravo à toi pour ta course (oui oui tu es champion du monde, je te le confirme ;-) tu as bien fait de ne pas t'éterniser en suisse !!

Bonne récup'

Taz


Commentaire de riri51 posté le 28-08-2007 à 13:09:00

merci pour ce CR bien sympa et félicitations pour ta performance

Commentaire de L'Castor Junior posté le 28-08-2007 à 18:10:00

Merci Fred pour ce CR aux petits oignons, comme toujours.
Tiens, ça me donnerait presque envie de faire le mien de l'an dernier ;-))
Tu as vraiment été au top : chapeau pour la perf.
En plus, tu as eu la décence de ne pas exploser mon record du monde de ma rue à moi que j'ai, ce qui est déjà un net progrès par rapport à une certaine Voie Romaine dans ton île à toi que tu as... :p
Remets-toi vite et bien.

L'Castor Junior_simplement_déçu_que_Dominique_n'ait_pu_aller_au_bout...

Commentaire de jpoggio posté le 30-08-2007 à 11:23:00

Bravo, belle réussite.
J'ai aussi regretté ce qualificatif de "petite" pour CCC : certains concurrents auraient presque honte d'y être ! Et le bracelet vert bouteille : ils auraient pu prendre un vert plus pétant !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version grand écran - 0.03 sec