Inscrit sur un coup de tête au marathon de Lyon, j’ai du mal à revenir au niveau que je souhaite. Trop tôt, trop tard, pas prêt, trop cramé… Bref...
Comme bien trop souvent ces derniers temps, l'envie de courir pour courir, du chrono pour le chrono me gonfle particulièrement. C'est donc sans regrets que j'abandonne mes prétentions sur le Run in Lyon (3h15 initialement), pour accompagner Mamanpat avec qui j’ai plus l’habitude de partager les sentiers ou les papotages délires.
Il faut dire qu’elle va tenter de boucler le marathon pour la 1° fois et sous les 4h00 si possible ! Joli défi donc même si la miss est une habituée des épreuves longues.
Il faut bien dire aussi que le marathon est une course de patience, ou tout est minuterie, horlogerie et fait payer cash tous les débordements !
Et puis elle m’a donné carte blanche pour l’emmener, elle n’a pas pris son cardio. Bref, elle a confiance et moi j’ai la pression…

Nous y retrouvons Papakipik qui filera de suite la ligne de départ franchie et que nous ne reverrons pas. Pont kitchener et direction le vieux Lyon par les quais pour 10 kms de ligne droite jusque chez Bocuse. Les  2 1ers kils sont avalés à presque 12 km/h et pourtant ça double de partout ! Mamanpat en est toute décontenancée ! Je temporise pourtant encore afin de me caler sur le rythme prévu : 5’30 par kilomètre les ravitos compris. Objectif : 3h52’30’’ !

C’est précis mais il faut l’être pour ce genre d’épreuve.  Cela signifie aussi qu’il faudra courir sur un rythme légèrement supérieur de l’ordre de 2s au km pour gérer les ravitos.
Puisque l’on en parle… On zappe le 1^er ravito mais j’instaure d’ores et déjà ce que j’ai toujours préconisé et pratiqué en marathon y compris lors de mes tentatives de record : On ralentit à l’approche du ravito, on prend ce dont on a besoin (sucre + eau ça suffit), on mange et boit en marchant et on reprend l’allure à la sortie du ravito. « Perte de temps », 10s mais surtout un cardio redescendu plus bas et une faculté à repartir plus facile.
Pour le moment le rythme est bon,nous avons une petite marge de manœuvre mais pas trop importante non plus. Nous oscillons entre 5’20 et 5’25. C’est un peu rapide à mon goût mais ça déboule encore de toute part ! La faute à un départ très rapide pour certains mais aussi au rythme plus soutenu des semi marathoniens présents.
Je me laisse décrocher pour revenir au niveau de Patricia et lui confie : « Tu vois tous ceux qui nous ont dépassé, après le semi, on va tous les ramasser, mieux on ne devrait que très peu se faire doubler. Le marathon, c’est 32 bornes d’échauffement et une course de 10 kms pour finir (et 195m de fractionné pur !). ».
Mouais… pas convaincue Miss Mamanpat !

On papote (enfin surtout moi), on fait les fous (enfin toujours moi) mais on a passé le pont Paul Bocuse, autrefois Pont de Collonges et c’est retour par les mêmes quais de Saône mais sur l’autre rive, direction Vaise ! C’est long mais ça a le mérite d’étirer complètement le peloton et permet également de bien prendre son rythme de croisière. Qui plus est, il y a du monde tout le long pour encourager. Et je ne manque pas de les chambrer quand je les trouve trop calmes ! Bref, du tout bon pour ce nouveau parcours bien plaisant.

Tunnel de la Cx Rousse, 15° km, Patricia n’en revient pas. Je lui intime l’ordre de rester derrière moi et de ne surtout pas se laisser pousser des ailes. Patricia de me répondre :
« C’est nouveau,  d’habitude tu me dis que je ne vais jamais assez vite ! 
- Oui mais on n’a pas de marathon d’habitude ! »
En fait, je trouve que l’on se rapproche un peu trop du meneur d’allure 3h45 et ce n’est pas du tout l’objectif. Donc prudence et pondération. De fait, personne ne nous double y compris les ½ marathoniens qui pourtant en terminent dans quelques kilomètres ! Les places commencent à se figer un peu, le pac man va bientôt pouvoir commencer, mais c’est encore trop tôt.
Sortie de tunnel, nous prenons tout droit sur le pont de Lattre de Tassigny pour aller vers le traditionnel tour du parc de la tête d’or. Cette partie est un peu plus longuette mais nous avançons toujours bon rythme. Patricia tient le choc, pour ma part, je fais quelques pas chassés pour soulager mes adducteurs, tout va bien. En direction du parc, nous croisons Ejouvin qui vient d’en terminer avec le parc et s’en va chercher sa belle performance du jour en direction de Gerland. C’est sympa de se croiser comme ça !

L’entrée dans le parc marque aussi le début d’une autre course. Plus dure, plus tendue aussi. D’abord dans les jambes des uns et des autres, les 1ers coureurs commencent à marcher, les explosions ont commencé. Le mur est arrivé beaucoup trop tôt pour ceux-là, ils vont malheureusement payer le prix fort et la fin de course sera longue, très longue. Le semi est passé en 1h55’ et 30s.
Malgré le léger ralentissement, nous avançons toujours aussi bien. Nous sommes désormais sur un rythme très calibré autour de 5’28 au km, les ravitos se font toujours de la même manière et les kms sont à 5’38 dans ces moments-là. C’est parfait. Parfait ? Ah non ! Patricia souffle un peu plus et je la sens dans le dur. Nous ne sommes qu’au 23° km, ça m’inquiète. Je sais que nous sommes partis sur un rythme qui ne laissait pas de marge mais je trouve que c’est un peu tôt.
Je décide de non seulement lui rappeler de boire comme nous le faisons depuis le début mais en plus je lui dis quoi prendre aux ravitos. Péremptoire peut être mais surtout soucieux de l’emmener au bout histoire de ne pas vivre un échec.
Malgré tout, « la bougresse » a du ressort. Pas compliqué, elle relance la machine et d’une position stabilisée, nous recommençons à doubler des coureurs. J’essaie d’en emmener quelques-uns dans notre sillage mais ça ne suit pas.
La sortie du Parc n’est pas top du tout. Nous nous retrouvons sur le Bvd Stalingrad avec toutes les voitures et les pots d’échappement qui vont avec. Même si ça ne dure pas longtemps, cen’est franchement pas top ; j’aurais préféré sortir à la Feyssine. Point de progrès pour la prochaine édition.
Tiens, en parlant de point d’amélioration : Au secours !! Mettez des conteneurs à déchets de partout ! C’est l’horreur tous ces coureurs qui jettent leurs déchets n’importe où ! Quand je pense que l’on se pose la question de notre empreinte écologique à l’échelon mondial, je me dis que l’on pourrait commencer aussi un peu à se raisonner individuellement. A titre personnel, je n’ai jamais jeté mes déchets autrement que dans ma poubelle chez moi. Alors pourquoi ferais-je autrement quand je n’y suis pas ?
Incroyable….

Les berges du Rhône sont vraiment longues. Heureusement, vers le pont Raymond Barre, nous avons la belle surprise de retrouver lalan !
Ca fait plaisir et rompt un peu la monotonie des quais. Ce n’est pas que je fatigue même si j’ai les jambes qui tirent (ben oui !) mais je sens Patricia de plus en plus dans le dur même si elle n’est pas dans le mur. C’est la preuve d’une bonne gestion.
J’ai commencé à faire des projections sur un rythme à 6’ au km depuis quelques temps et je suis optimiste. Au début des berges du Rhône, nous étions sur une estimation pessimiste de 3h56’. Nous sommes désormais sur une estimation plus proche des 3h54’. Pas loin du tout de l’objectif (très) ambitieux que j’ai annoncé.
Lalan a la gentillesse de nous accompagner 5 ou 6 kms avant d’aller retrouver une tartiflette et un Saint Chignan. Pour le coup, j’échangerais bien ma place !!
En attendant, il fait le lièvre pour aller chercher de l’eau et autres amuse bouches pour nous.
Depuis quelques kms, j’ai dit à Patricia qu’elle devait boire sa boisson énergétique toutes les 7 à 8mn. Je lui donne les tops systématiquement.
La raison est simple. Je sais qu’à ces moments de course, le solide ne passe plus. Il faut aussi lutter contre la déshydratation pour ne pas cramper. La seule possibilité passe par la solution hydrique.
Lalan nous a « abandonné » au km 36, non sans plein de recommandations sur le parcours restant (merci au passage !)
C’est de plus en plus dur pour tout le monde. Les coureurs marchent beaucoup. Quant à nous, nous courons et, depuis le parc de Gerland, j’ai trouvé un nouveau jeu : Je compte les féminines dépassées depuis que l’on nous a annoncé que Patricia était 55° ! Pas à tortiller, on va s’arracher pour aller chercher le top 50 (et Patricia de fredonner sur le pont le générique : tatataaaa, tatatataaaaa).
Ah vous chantez !!! Et bien courez maintenant !!!!
Je relance la machine (je parle de moi !) et invite Patricia, sans la nommer, à revenir à mon niveau. Mort de rire, c’est un petit jeune qui écoute mes conseils depuis un petit moment et qui prend cela pour lui.
Je suis un peu surpris mais je recommence. « Euh… Patricia ! Viens jusqu’à moi ! » Et au petit jeune : « Mon gars, tu as encore des jambes. Il te reste une séance de 2*2000 à faire au seuil et tu auras fini !!! Allez !!! Go go go !!! »

Je ne donne plus de conseils, je harcèle Mamanpat. « Allez, on va le faire ! Allez on s’accroche !! »
Je sais que c’est mort pour les 3h52 mais les 3h54 sont touchables. C’est pourtant dur d’accélérer dans ces derniers moments mais nous arrivons à le faire. La dernière ligne droite est là, virage à droite et au bout de la place Bellecour, la délivrance ! l’arche d’arrivée avec le public qui encourage (et quel public !!) et cette ligne qui n’en finit pas de s’éloigner alors que l’on croit s’en rapprocher !
Dans un ultime effort et de courage, Mamanpat s’arrache pour couper la ligne. Nous tombons dans les bras l’un de l’autre, elle l’a fait. Nous l’avons fait !! Et c’est une belle victoire !

3h54’03’’ !!

Bravo Patricia !!!

Merci de m’avoir fait confiance.

On l’a bien mérité notre bière de récup non ? Surtout avec les amis présents qui ont eux aussi assuré grave  ;-)