L'auteur : bubulle
La course : Sur les Traces des Ducs de Savoie
Date : 27/8/2014
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 2501 vues
Distance : 119km
Objectif : Pas d'objectif
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Cette TDS commence....le 30 août 2013.
Ce week-end là, une nuée de kikous divers courait les 3 courses de l'UTMB et moi, qui étais encore un vermisseau du trail de montagne, je faisais un live un peu mémorable.
Ce live culminait avec le suivi de Sabine sur la CCC, après nos débuts ensemble à Chamonix deux mois plus tôt et un moment mémorable à Planpraz à l'arrivée du marathon. Une journée, une nuit et une matinée de folie à vivre la CCC par procuration, à téléphoner à 4h du matin à la Tête aux Vents pour remonter le moral. Le tout en parallèle avec le suivi de Bert dans un UTMB de folie où je crois avoir battu le nombre de SMS qu'il a reçus.
Cela avait créé des trucs, des liens, des allez savoir quoi qui, au fil des mois et à l'occasion d'une tentative avortée de participer au Raid 28 nous a amenés tous trois...sur la TDS. Je laisse Sabine raconter ce mémorable matin de janvier où tout a basculé, c'est là...:-)
Depuis janvier, nous sommes aux taquets, Bert, Sabine et moi. Certes, à l'origine envisagée en mode "team", cette course va probablement se transformer en course solo, au vu de nos courses respectives de cette année. Je pense que j'en suis inconsciemment désormais convaincu, même si j'ai un peu de mal à me l'avouer car ce duo Sabubulle....il a fait tellement de belles choses. Il a fait une dernière apparition au Trail des Cerfs, qui est un de mes très beaux souvenirs de cette année, soit dit en passant.
Nous ferons tout de même 20 kilomètres en duo : le trajet en navette de Chamonix à Courmayeur. On ne voit pas le temps passer, on déconne, on se rappelle les bons moments passés, on envisage les bons et les mauvais à venir et, hop, on est à Courmayeur. Et qu'est-ce que j'aperçois en tout tout tout tout premier ? La constellation d'Orion au dessus de la Tête de la Tronche. Il fait *grand beau*. La veille, il tombait des cordes, nous avons passé toute la semaine à scruter la météo et à passer par tous les états d'espoir et de désespoir.
Mais là, c'est juste par-fait.
La navette nous dépose à la patinoire et nous trouvons à nous poser pour la séance "nokage". Il faut au moins avoir vu une fois Sabine noker ses pieds pour comprendre pourquoi elle commande les tubes par cartons entiers.
Cela dit, je fais le malin, mais le stress monte violemment pendant que j'attends Sab qui profite d'un moment exceptionnel : y'a pas la queue aux toilettes des filles (c'était mon instant de poésie du moment). C'est quand même rare que j'aie les mains qui tremblent comme ça et, malgré mon état de V2-itude avancée, c'est inhabituel.
C'est que, bon....ma plus longue distance parcourue jusqu'ici, ce sont les 80 kilomètres de l'Ecotrail (les xxxxx74, arrêtez de rigoler), ma plus longue course jusqu'ici c'est la Montagnhard 60 il y a deux mois en 12h18 et que là, je me lance comme un bleu dans plus du double. Y'a de quoi avoir une petite appréhension, tout de même ? Bin, je l'ai et pas qu'un peu.
J'arrive juste à m'arrêter pendant que Sab revient : c'est pas le moment de lui montrer que je ne suis pas sûr de moi, elle qui semble un poil regretter d'"avoir cliqué". On reprend le dessus, on fait le kakou et je nous occupe la petite marche jusqu'à la ligne de départ en nommant tous les sommets alentours à Sab, qui s'empresse de tout oublier.
La ligne : géant bazar. Comment retrouver les autres kikous ? Et surtout Bert, ce grand fou de Bert qui ne devrait plus courir un seul ultra, qui est venu à la Montagn'hard quasiment les mains dans les poches, mais qui, avec un optimisme inébranlable s'est préparé à fond pour cette deuxième TDS pour lui. Et puis, ces courses, c'est beaucoup de marche et Bert, c'est un cador de la marche (il nous a même tous deux convertis à l'usage des bâtons).
Un peu in extremis, j'arrive à entendre mon téléphone, je parle à Bert sans rien entendre de ce qu'il nous dit.....et j'arrive à lui donner l'endroit où nous sommes. Super mal placés, il faut dire, à peu près aux 2/3 du peloton. J'aurais bien insisté pour nous mettre bien plus avant, mais je n'ai pas osé. Sab et Bert se projettent en "finishers ça nous suffit". Moi non, il est bien temps de l'avouer. J'ai fait un roadbook en 28 heures, et je compte bien le respecter. Je pense que Sab en est parfaitement capable, mais je sais que je ne la convaincrai jamais. Et je sais aussi que Bert ne l'est pas....et que Sab ne voudra jamais le laisser.
Bon, désolé, je sais que je suis hyper long sur ces états d'âme, mais c'est important pour nous trois même si c'est peu compréhensible pour le lecteur ordinaire? Vous avez l'habitude des descriptions millimétriques bubulliennes, et là je vous fait de la psychanalyse à deux balles, j'vous jure.
Allez, revenons sur les rails.
Totalement par miracle, Mazbert nous rejoint. Nous nous étions rencontrés à la remise des dossards et le courant était bien passé. Bon, ça me fait encore un enseignant dans mes relations de courses, ça commence à bien faire. On n'a pas fini de se voir, va falloir que je m'habitue à l'Education nationale....
(photo Mazbert)
On n'entend rien des machins supposément mythiques, de la musique supposée nous mettre les frissons et tout et tout. En plus, Bert et Sab passent évidemment leur temps à discuter, j'vous jure, tu parles de coéquipiers....je ne peux pas en placer une, moi d'habitude si expansif (Elisabeth, peux-tu arrêter de rigoler, s'te plaît ?). Et, paf, compte à rebours épizou nous voilà partis (au bout de 100 lignes de compte-rendu, il serait temps).
On étire tout ce peloton dans les rues de Courmayeur, plutôt en descente, pendant que le soleil de lève et que.....je me dis que je suis totalement idiot d'avoir gardé la deuxième couche par dessus t-shirt et manchettes. Moi qui déteste avoir trop chaud. Du coup, je retarde tout le monde en enlevant le bazar et en le rangeant. Nous repartons loiiiiiiiiin, vraiment pas loin de la queue de peloton.
Et c'est parti pour l'ascension vers le Col Chécrouit (marrant, ce nom est gravé dans ma tête depuis les années 70 quand, déjà accro des cartes et surtout des plans de stations de ski, j'épluchais, allez savoir pourquoi, celui de Courmayeur). C'est une piste de 4x4 tout le long, ce qui est plutôt pas mal car ça évite tout bouchon.
Enfin, tout bouchon....oui, mais une vitesse que je trouve d'escargot, non. Ça me prend la tête, on avance comme des loques, moi qui ai travaillé tout l'été la marche nordique rapide en côte, ce qui a été une géniale réussite à la MH. Je me lance donc dans un beau slalom en accélération progressive, en pensant que Sab et Bert me suivront, ne voulant pas me voir partir tout de suite.
Raté. On est séparés. On a mentalement préparé ce truc pendant 8 mois et on est séparés au bout de 30 minutes. Quel nul (oui, vous allez tous les deux me dire le contraire, je sais).
Quand je m'en rends compte, je n'ai plus qu'à continuer, que voulez-vous ? Et puis je me dis que tant qu'à faire, pour l'instant je peux dépasser et que ça m'évitera d'être bloqué plus tard (je sais qu'au dessus de Col Chécrouit, on passe en mode single). Résultat : ascension à 700m/h, ma "bonne" vitesse de croisière.
Col Chécrouit (pointage à l'entrée du ravito, je mets ça pour les lecteurs qui se serviraient de ceci pour préparer minitieusement un roadbook), 7km, 1954m, 985e, 5 minutes d'arrêt, 1h17 pour 1h16 prévus au roadbook......que j'ai perdu au bout de 1 kilomètre ! Pas trop grave pour connaître les difficultés, je connais le parcours par coeur, mais dommage pour les estimations dont je ne me rappelle pas totalement. Tant pis, c'est parti, c'est parti.
On enchaîne sur la montée en balcon en direction de l'Arête du Mont-Favre. En permanence avec le Mont-Blanc très vertigineux côté italien, avec l'arête rocheuse de Peuterey...ce n'est pas la "montagne à vaches" (je blague) qu'on voit côté Chamonix. Mazbert me retrouve et va faire plein de photos super sympa avec sa GoPro.
(photo Mazbert)
Je passe aussi le temps en engueulant copieusement les crétins qui dépassent n'importe comment sur ce single étroit (cela n'a aucun intérêt sur une course aussi dense...faut savoir accepter de s'être mal placé).
Arête du Mont-Favre (pointage volant) : 11,8km, 2420m, 903e, 2h18 pour 2h17 prévues. Vitesse ascentionnelle : 470m/h (la pente est moindre).
Première descente, en direction du Lac Combal. Descente pas excessivement difficile mais pas totalement roulante. Comme prévu, je ne suis pas une flèche, je ne veux pas prendre de risques. Mazbert part un peu devant, en bon chamois savoyard. Dommage, quand même de ne pouvoir lever les yeux pour admirer la vue magnifique (regardez le CR de Bert pour ça). 420m de D- en 20 minutes, 1260m/h, une bonne vitesse.
Un bon gros replat nous attend avant le ravito du Lac Combal et surtout....un vent violent (nous étions prévenus). Je passe en mode marche pour ne pas m'épuiser à courir face au vent et le ravito est atteint au bout du lac.
Lac Combal (pointage entrée ravito) : 15km, 1980m, 881e, 5 minutes d'arrêt, 2h50 pour 2h54 prévues. Je fais un arrêt rapide pour profiter des toilettes sans attente....et, vidange effectuée, re-remplir les bidons. Amis poètes...
La vue sur le glacier de la Lex Blanche, l'Aiguille des Glaciers et l'Aiguille de Tré-la-Tête est géniale. On pourrait remonter le glacier, passer un col à 3500m d'altitude et redescendre aux Contamines après avoir mangé une tarte aux myrtilles au refuge de Tré-la-Tête. Ça serait quand même plus simple. Mais, j'ai oublié les crampons et le piolet, donc il va falloir faire le tour.
Et c'est parti pour ze seconde ascension of ze day : Col Chavanne. ah, ah, ah la queue leu-leu..... Eh oui, j'arrive certes à mettre une très belle mine au départ, sur la pente qui mène au Refuge Elisabeta (comment ne pas me motiver à foncer vers Elisabeta ?). Mais un peu plus loin, après avoir laissé le sentier qui monte au Col de la Seigne (un col de feignasses qu'emprunte l'UTMB, une vraie montagne à vache)...nous voilà partis dans du rude, du sévère.....et du single.
On monte bien mais alors, franchement, je ne me mets pas dans le rouge, la file est constante et j'envie un peu Yves_94 qui s'est bien mieux placé et qui doit mieux monter. Cela étant, bon, je me console en me disant que c'est autant d'économisé pour la suite.
Col Chavanne (pointage volant) : 20,4km, 2581m, 804e (places sûrement plus gagnées au ravito qu'à la montée), 4h02 pour 4h05 prévues. Quel métronome..:-). Je suis super content car je me rappelais d'une prévision d'environ 4 heures à cet endroit. Vitesse ascentionnelle sur la partie raide du col (depuis la séparation avec le chemin du Col de la Seigne) : 600m/h.
C'est souvent bien décrit sur les CR, la descente du Col Chavanne vers le lieu "Alpetta" et loooooooongue. Très roulante car c'est un chemin de 4x4 à pente faible (dans les 10% : on perd 770m en 8km, sur le chemin). J'adopte la "foulée de Beaux" nommée ainsi d'après la descente qui suit Beaux sur Le Puy-Firminy (5km de descente à 7% sur du bitume, qui est excellente pour détruire les jambes) : foulée rasante, petits pas rapides. Ce n'est pas très rapide (9,5km/h de moyenne sur cette descente) et, en gros, je dépasse autant que je suis dépassé. L'objectif est l'économie absolue. Penser aussi à s'alimenter, à boire, bref à faire tout ce qu'un terrain "facile" permet. Il fait toujours grand beau, mais pas trop chaud car on est entre 1800m et 2600m.
La toute fin est plus acrobatique, on finit par quitter cette route pour passer dans un terrain très marécageux où le risque de laisser les chaussures au fond d'un trou n'est pas nul. Je prête un bâton à une coureuse devant moi et on termine ce morceau tranquillement jusqu'au pont qui marque la remontée, d'abord vers la route du Col du Petit Saint-Bernard, puis vers le col lui-même. Je me pose quelques minutes pour envoyer un SMS collectif "Alpetta", ayant retrouvé du réseau. En même temps, je reçois une avalanche de SMS d'encouragements. Je repars.....100 mètres pour m'apercevoir que je ne sens plus mon téléphone ! En fait, je l'ai mal rangé dans les diverses poches du sac Salomon et.....j'étais en train de le perdre, mais croyant l'avoir laissé là où je m'étais assis, je redescends 50 mètres avant de le sentir....d'être rassuré et repartir.
Dans l'affaire, Mazbert qui m'avait rattrapé dans la descente, m'a dépassé, mais je suis en rogne, je mets le turbo en côte et, en plus, Elisabeth est en haut sur la route (je l'espérais un peu par là sans trop y croire car ça peut être difficile de se garer à cet endroit).
Elle l'indique que je fais le pacman, que Bert et Sab sont ensemble et 25 minutes derrière moi environ, ce qui franchement me conforte un peu dans le fait que, si je voulais suivre mon roadbook, fallait que j'avance à mon rythme.
Alpetta (ce n'est pas un pointage officiel), 29,7km, 1783m, 5h02 pour 5h12 prévues. Bien descendu..:-)
La remontée vers le col du Petit Saint-Bernard est assez tranquille, tantôt en chemin large, tantôt en courts singles. La chaleur monte, certains sont un peu à court d'eau (j'en passe à un coureur, j'ai une flasque de réserve). Le rythme général ralentit et nous (Mazbert et moi sommes à peu près ensemble à ce moment) remontons pas mal de monde. Je finis aussi par rejoindre Ilgigrad qui me dit se sentir plutôt bien. Petit passage le long du lac Verney et arrive la mini Alpe d'Huez de la TDS : une remontée par un chemin improbable dans les bruyères, en file indienne (totalement impossible de doubler), où les bâtons sont de peu d'aide avec un chemin très creux et des marches énormes. En plus, évidemment, c'est glissant vu la météo de la veille. 9 minutes pour 100D+ en 300 mètres. Tout est dit..:-). Mais c'est vraiment l'Alpe d'Huez car il y a un nombre important de spectateurs, vu la proximité du col et ça hurle, ça sonne des cloches, bref on est boostés à mort.
Col du Petit Saint-Bernard et......mon Saint-Bernard à moi est là. Elisabeth, montée de l'Alpetta, me confirme y avoir vu Sab et Bert, toujours à peu près 25 minutes derrière moi, qui sont bien. Du coup, j'aborde le ravito confiant, je refais les pleins assez vite, avale quelque nourriture et repars un peu avant Ilgigrad et Mazbert.
PSB (pointage entrée ravito) : 36,7km, 2195m, 674e (là j'ai du pacmaniser dans la montée), 15 minutes d'arrêt (pas si rapide, finalement), 6h21 pour 6h30 prévues.
Le temps de revoir Elisabeth à la sortie, qu'elle me fasse une photo qu'il y a de quoi en faire un poster.
...et c'est parti pour un des juges de paix de cette TDS, l'immense descente sur Bourg Saint-Maurice. Elle commence par un long chemin 4x4 à peine descendant où j'innove en utilisant ponctuellement une nouvelle technique : la course avec bâtons en pas alternatif (façon ski de fond en style classique). C'est très marrant et ça m'a l'air plutôt efficace dans une approche "Cyrano" alternant marche et course.
Je fais du Cyrano car je veux vraiment m'économiser au maximum. Donc, là aussi comme dans Chavanne, je me fais dépasser autant que je dépasse. Cependant, petit à petit, je me fais dépasser PLUS que je ne dépasse car la descente devient plus technique et certains chamois y vont franchement. Je ne suis pas convaincu que ce soit une bonne idée et, en plus, une bizarre douleur au genou de la jambe droite va me gêner pendant quelques kilomètres, ce qui m'inquiète (en fait, elle disparaîtra aussi vite qu'elle est venue).
Plus on descend, plus il fait chaud, c'est connu sur cette descente et il est bienvenu d'arriver à Séez où on croise la route du Col. Je guette si par hasard Elisabeth n'est pas là mais, en fait, elle s'est faite surprendre par la longueur de la route de descente et arrivera 10 minutes après moi.
La chaleur est maintenant très lourde et de la fatigue générale se fait sentir. Je sais qu'il y a deux kilomètres vraiment pas drôles au fond de la vallée (et ils sont vraiment nuls, effectivement), docn j'économise à mort. Coup de chance, je vois quelqu'un qui fait des photos et il se trouve....que c'est Arcelle, qui sera une de nos bouées de sauvetage, à plusieurs d'entre nous, à cet endroit. Elle m'accompagne sur un bon kilomètre jusqu'au ravito, on discute, ça fait passer le temps, elle me donne des nouvelles des autres kikous (notamment Yves_94 qui est en train de faire un gros truc). Et on arrive sans soucis au ravito, en plein centre ville.
AU final, je gère ce ravito plutôt mal. J'avais prévu d'y passer 15 minutes, j'en passe 32. Pas vraiment parce que je suis trop fatigué, je en sais pas bien. Je n'ai pas pensé à organiser à l'avance ce que j'allais y faire, en fait, je pense. Donc, je prends une soupe, je me pose pour la boire, je me relève pour prendre les bidons, je me re-pose, je vais voir Ilgigrad qui a fait sa "pierrade" (allongé sur le sol chaud), je me rends compte qu'il faut faire un passage aux toilettes (qui sont dans un bâtiment à l'extérieur du ravito et où la lumière marche mal....et où je perds par inadvertence un de mes gants mal rangé). Je ne me rendrai compte de la perte du gant (que j'utilise en permanence pour éviter les ampoules à cause des bâtons) qu'au moment de les remettre après être reparti....:-(
En plus, j'ai un SMS d'Elisabeth qui m'indique qu'elle m'a raté à Séez, ce qui incidemment m'explique pourquoi je ne la vois pas. Petite contrariété (et grosse contrariété pour elle, c'était la dernière occasion de se voir car aller à Roselend en voiture et, surtout, en revenir de nuit, ne serait guère raisonnable).
Il faut aussi passer un mini-contrôle de sacs où je tombe par hasard sur Marc, mon co-débaliseur du Raid 28, coïncidence improbable.
Bref, sans m'en rendre compte, je suis peu efficace. Mais à part cela, je suis très bien.
Bourg Saint-Maurice (pointage en sortie), 51km, 823m, 639e, 8h52 pour 8h39 prévues. Je serais dans les temps si je n'avais pas trainé.
C'est parti pour le gros morceau : le montée au Fort de la Platte, puis col de la Forclaz, puis Passeur de Pralognan : 1825m de D+ avec seulement 100m de descente après la Forclaz.
Première étape : BSM-Fort du Truc. Il fait très très chaud, c'est un peu ombragé, mais la pente est très raide : 625m en 2,75km (23%). Je pars fort, étant très en jambes, et c'est un grand numéro de pacman comme j'adore. Le chemin le permet assez facilement, on peut doubler sans soucis et mon seul regret....et de ne pas compter les personnes dépassées pour m'occuper. En tout cas, c'est avalé en 55 minutes, donc à près de 700m/h.
Deuxième étape : Fort du Truc-Fort de la Platte. Là, je diminue le rythme de pacman et je sens une petite baisse d'énergie. D'ailleurs, tout en continuant à dépasser, je me fais aussi dépasser par quelques coureurs (qui marchent, je vous rassure). C'est que j'ai beau boire, je ne mange probablement pas assez. Résultat : 500m en 2km (25%) et 46 minutes, soit 650m/h. Bon, ça reste décent...:-)
Fort de la Platte : 56,6km, 2000m, 606e, 10h47 pour 11h08 prévues. Bien avoiné, quand même...:-)
Par contre, à La Platte, il est indispensable que je m'arrête et que je refasse le plein et, surtout que je mange quelque chose. Cela me coûte un arrêt de 7 minutes.
Troisème étape : Platte-Forclaz. Là, le chemin est nettement moins violent et plus roulant : 332m en 3,25km (10% environ) et 50 minutes. J'y rencontre Rayarun (je ne serai pas le seul) et quelques vaches. Yann me tient compagnie quelque temps (remember la Montagn'hard) et me donne des nouvelles des uns et des autres.
(photo RayaRun)
En plus, je m'annonce à moi-même que je viens de dépasser ma plus longue distance de trail de montagne (les 60km de la MH). Youpi. Pour un peu, j'ouvrirai le champ' pour fêter ça.
La petite descente sur les lacs se passe sans problèmes et on attaque la fin de cette interminable montée : le Passeur de Pralognan. 300D+ en 1,5km (20%). Là, j'en bave bien, quand même. Le souffle se fait court et je trouve le temps long. L'énergie me manque car je n'ai pas assez mangé et j'ai de micro-vertiges qui ne me plaisent pas. En plus, je me suis mis à regarder l'altimètre en mode "vivement la fin". Sauf que, moi le grand cador des cartes et du millimètre, j'ai placé le Passeur à 2700 et quelques. Du coup, c'est désespérant de se voir à 2450m ! Quelle n'est pas ma surprise quand je vois la tente des bénévoles à un peu plus de 2500m.....
Je me fais pointer.....puis je m'arrête pour manger car il n'est pas question d'être limite hypoglycémie pour la descente. Cette dernière partie aura été faite à seulement 400m/h.
Passeur : 62,8km, 2547m, 573e, 12h30 pour 12h55 prévues. J'ai non seulement réabsorbé le petit retard mais pris une bonne avance. 3h38 pour la montée complète, je pense que c'est une performance honnête.
Deuxième étape passée : j'ai dépassé ma plus longue durée de course (12h18 à la Montagn'hard). En fait, j'ai été aussi vite que sur toute la Montagn'hard !
Surtout, on est largement loin de la nuit, il est 19h30, donc j'aurai le temps sans problèmes d'atteindre Roselend sans avoir besoin de la frontale. C'est bien ce que je visais.
Bon, la descente, c'est quand même du sérieux. Les cordes, Yves, désolé, mais MOI je m'en suis servi et pas qu'un peu...:-). Effectivement, ce n'est pas trop long, mais quand même c'est péchu et faire ça de nuit, arg! En passant, je confie la tâche au bénévole qui est posté dans la descente de faire la bise à Sabine de ma part en lui disant que j'ai pensé à elle. Je n'omets pas de lui préciser que c'est une blonde en jupe rose qui est entre 30 minutes et une heure derrière moi afin qu'il soit motivé.
Mais, et je suis désolé de l'écrire, Arclu, le savoyard n'est pas fiable et Sab n'aura pas sa bise. Je suis a posteriori fort déçu. En fait, ça devait être un Haut-Savoyard.
Au final, 505m de D- jusqu'au chemin de 4x4, en 29 minutes, plongeon avant sur le ventre compris (qui a bien fait rigoler mon suivant), c'est quand même respectable, moi je dis, pour un pauvre parigot qui est une bonne quiche dans les descentes.
Je pète le feu à ce moment. Du coup, je "joue" sur la route. Alternance course avec ma nouvelle technique de la course/ski de fond, et marche nordique à toute berzingue.. C'est quand même un peu grisant de dépasser en MN quelqu'un qui trottine....:-). Là, chers Sabert qui vous payez ma fiole, désolé, mais j'ai vraiment dépassé les 8km/h et devait même y avoir pas loin de 9 par moments. Encore insuffisant pour poutrer Bert à l'Ecotrail MN, mais j'ai encore 6 mois pour travailler.
Faut dire qu'en prime, la grosse surprise est de croiser notre Super-Ponpon avec sa grosse cloche (il a laissé la grande échelle au garage, par contre).
Hop, Roselend, pit-stop, mi-course.
La bise à Tonton, fidèle à ce qu'il avait annoncé et que j'imagine revoir un peu dans le ravito (pas de chance, ce sera raté....). C'est quand même bien d'avoir les amis tout au long de la course. Jusqu'ici, je n'ai pas fait 10 bornes sans voir une tête connue.
Ça va changer.
Bon, je passe sur les changements de tenue assis par terre : le ravito est un peu petit et je me demande franchement comment font les filles. Je sais bien qu'on est tous frères, les trailers, mais tout le monde n'est pas hyper confortable à tout ça. En pratique, je lirai dans le CR de Sab qu'elles sont leur coin à elles. En plus je suis sûr que c'est propre et mieux que ce hall de gare qui sent le bouc...:-)
Je suis un peu mieux organisé, là, et le changement complet, plus mise en place frontale, plus choix final de mettre une deuxième couche fine sans coupe-vent par dessus t-shirt+manchettes, ne me prendra que les 45 minutes que j'avais prévues. En plus, je peux récupérer les gants de rechange et vais donc pouvoir faire la nuit avec deux gants fins (je commençais à avoir froid à la main qui n'en n'avait plus).
Roselend (pointage entrée) : 67,3km, 1971m, 570e (bin oui, quiche en descente), 13h30 pour 13h55 prévues. Toujours dans le rythme.
Ambiance totalement changée à la sortie. Il fait tout noir et des nuages montent de la vallée, donc brouillard. J'entre donc dans ce qui sera l'ambiance de toute cette nuit : guetter la lueur faible des balises (il y en a juste le nombre nécessaire), ou le halo de la frontale de devant, bien éclairer les pied et y déceler les pièges.
Et c'est parti pour le col de la Sauce. Un début facile sur chemin de 4x4, avec une petite alerte où le gars devant moi loupe une balise qui coupait un virage, où je le suis sans réfléchir, pour m'apercevoir plus tard (lui ne l'a jamais vu) qu'on avait failli sortir du parcours. Il va falloir être plus attentif. D'ailleurs 500m plus loin, je le rappelle car il continuait sur la route alors qu'on l'abandonne pour prendre un single.
Cette montée de la Sauce est bien progressive, de plus en plus pentue, mais sans excès. AU final, elle s'avale relativement bien : 334D+ en 50', soit un 400m/h général qui s'explique par la faible pente au début.
La descente, par contre.....ouille. De mémoire, c'est soit assez "technique" (en langage de montagnard, "technique" veut dire "on met des cailloux partout n'importe comment, parfois de vagues bouts de terre entre les cailloux, et on appelle ça un sentier") soit assez glissant de boue, soit les deux. Parfois, c'est juste un cloaque : la descente de la Sauce mérite son nom : elle s'est faite saucer.
310m D- en 24 minutes, 775m/h *à la descente*, ça va pas bien vite, ça mon bon Monsieur....
Et que dire du Passage du Curé ? On devine bien le passage taillé dans la roche. D'ailleurs, par terre, c'est la roche nue....mais mouillée, donc hyper-glissante. Et à droite, c'est le ravin et le torrent qui gronde au fond. Moyen rassurant le bazar, surtout avec de petits bancs de brouillard. Et, ensuite, il faut encore descendre, descendre, descendre sous le hameau de la Gittaz alors qu'on voit en face les petites lucioles qui, elles, remontent, remontent, remontent le col de la Gitte....
Ça tape, cette descente et, d'ailleurs, c'est là que je sens apparaître une douleur que je ne reconnais que trop bien. Une douleur nette et localisée à l'avant du tibia droit, au tiers bas. Même chose qu'à la Saintélyon, sur les 20 derniers kilomètres de bitume. Cela avait à l'époque été diagnostiqué en fracture de fatigue. Bref, au bas de la descente de la Sauce, je me dis soudain "mon Christian, te voilà sur un trail de montagne difficile, à 50km de l'arrivée, avec encore 10-12h de course et une blessure qui va progressivement te handicaper et peut mal dégénérer".
Que faites-vous dans ce cas ?
Bin moi, en tout cas...je continue..:-)
Et c'est parti pour l'ascension du col de la Gitte (col Est, en fait).
Un passage rapide au pointage, sans ravitaillement. La Gittaz : 75,1km, 1655m, 524e (eh, j'ai gagné pas mal de places au ravito car j'ai peu dépassé ensuite...probablement à cause des abandons nombreux à Roselend), 16h02 pour 16h37 prévues. Je constate cela car j'ai à nouveau mon roadbook. Donc, ça me remonte un peu le moral.
L'ascension du col de la Gitte, on en parle rarement dans les compte-rendus, focalisant souvent sur le Tricot ou sur le Passeur. C'est une erreur. C'est un GROS MORCEAU. Car non seulement c'est raide, mais à peu près tout le monde le fait de nuit.
J'en bave sévèrement, je me sens fatigué, je n'ai pas l'impression d'avancer. Heureusement que je continue à plus dépasser qu'être dépassé, ce qui me fait garder un certain optimisme. Mais c'est long, très long. Au dessus du hameau, c'est un single très raide jusqu'à rejoindre un hameau (Les Cotêtes) et un chemin de 4x4. 300 mètres de 3+ sur 1,5km (20%). Je monte cela à 500m/h. Ah, on fait moins le kéké qu'au fort du Truc, m'sieu bubulle, hein? La suite n'est pas bien plus reluisante : le chemin de 4x4 et des singles de pente pas trop prononcés, mais interminables, nous font encore gagner 300 D+ en 2,5km (12%) et atteindre un col de la Gitte Est...pas très bien marqué, en fait. C'est plutôt une espèce de replat très long et je ne décèle même pas exactement bien où il est.
Col Est de la Gitte : 79km, 2308m, 17h25 pour 18h11 prévues. J'ai ramé, mais j'ai encore gagné du temps sur mes prévisions. Donc ceux que j'avais pris pour référence avaient ramé aussi..:-)
La suite jusqu'au col du Joly est compliquée à décrire. J'avais bien vu sur la carte que la topographie des lieux est un peu cahotique. Ce n'est pas peu dire. Le chemin aussi, d'ailleurs. Je commence à souffrir et les parties descendantes accentuent la douleur au tibia droit. Par contre, les cuisses et tout le reste vont parfaitement bien. Mais, évidemment, cette douleur croissante me focalise un peu. Je ne vais donc pas très vite dans cette partie où on entend de la musique au loin. Certains croient que c'est une boîte de nuit, ou un mariage quelque part. Ils n'ont vraiment pas idée que nous sommes perdus en plein pampa beaufortine, loin de tout et qu'à part les vaches, il n'y a pas grand monde à faire danser ici.
"Mais non, c'est le ravito du col du Joly", précise Bubulle IGN. Et, pour couper court à tout faux espoir, j'ajoute "et surtout ne va pas croire qu'il est à côté". Parce que ça, je m'en rappelle. Je ne me rappelais juste pas qu'il faut d'abord descendre au Bolchu (enfin, presque au Bolchu, seul les intoxiqués de la carte auront vu la différence), pour remonter *au-dessus* de l'altitude du Col du Joly pour retrouver le sentier qui descend du Col de la Fenêtre.
En fait, ce morceau là se fait à l'envers sur la Montagn'hard 105, il me semble.
Bref, on descend quand même bien, et c'est assez cahotique....et la remontée est pire encore. C'est là qu'on a traversé un troupeau de vaches, chose que je n'avais encore jamais pratiquée et qui fait un peu drôle. Mais je n'y fais guère attention car j'avance quand même assez lentement et je sens une grosse fatigue, qui s'accentue dans le dernier coup de rein qui nous amène sur le GR. Je me pose sur un rocher pour reprendre mon souffle 5 minutes et, mais oui, manger quelque chose. Encore une fois, je ne me suis pas assez alimenté (en fait, je n'ai rien mangé depuis Roselend, soit depuis presque 4 heures, idiot que je suis.
En passant, croisant un trailer assis sur un rocher avec la frontale éteinte, je lui demande bien sûr si ça va et si je peux l'aider. "groumph, groumph, me répond-il". Faut dire qu'il est un peu gros, ce trailer, assez allongé sur son rocher. Je viens.....de parler à une vache.
Je me marre, cela fait du bien et je repars un peu requinqué vers ce ravito qu'on aperçoit désormais.....mais qui s'éloigne en permanence un peu plus à mesure qu'on descend la crète de l'aiguille de Roselette. Cela d'autant plus que j'ai désormais franchement mal à la descente et que mon allure générale s'en ressent nettement. Je ne double plus personne et suis ponctuellement dépassé (cela dit, vu le peu de monde qu'il y a à cet endroit, ça reste raisonnable).
Cependant, cahin-caha, je finis par arriver au ravito du Col du Joly (j'ai du louper la pancarte d'entrée dans le village des Contamines, en fait, Sab, je pense) . La musique hurle à fond vers l'extérieur (mais heureusement moins à l'intérieur). J'avais prévu d'y passer 10 minutes....j'y reste 32 minutes!
En fait, là aussi je suis peu efficace. Le dessous de mes pieds me brûlait un peu, donc j'ai voulu vérifier les ampoules et placer un ou deux Compeed sur l'espèce de truc mou qui me tient lieu de peau. Autant dire que c'est peine perdue. Puis je m'alimente, je traîne. Je traîne même tellement que Mazbert me rejoint et est très surpris de me voir alors qu'il pensait que j'étais loin devant. En fait, inconsciemment, je pense que j'ai peur de repartir dans la descente des Contamines, a posteriori, à cause de cette douleur qui est très nette à présent.
Col du Joly (pointage entrée) : 86,1km, 1964m, 507e (là, encore plus étonnant de voir que j'ai gagné des places), 19h07 pour 19h42 prévues à l'entrée, mais 19h35 pour 19h52 prévues à la sortie.
Une nouvelle étape de passée : j'ai dépassé ma plus longue distance jamais effectuée en cours : les 80km de l'Ecotrail. Juste que l'Ecotrail, j'ai mis 10 heures de moins, quoi.
Descente vers les Contamines. C'est simple et c'est en trois parties. Une descente sur piste et sentier à pente moyenne et moyennement technique jusqu'au Pont Romain. Puis un chemin caillouteux descendant jusqu'à ND de la Gorge. Puis un quasi plat de 4km jusqu'aux Contamines.
Sur la descente, j'alterne marche et course pour préserver le tibia qui commence à râler fort. En fait, cela avance plutôt pas mal et j'arrive à dépasser du monde (mais me fais aussi dépasser). Je me prends quelques gamelles sur les fesses dans la forêt (racines), sans bobos. Mais je commence à avoir peur de ce qui pourrait faire dégénérer ma "fracture de fatigue" en fracture tout court.
Le chemin caillouteux est du terrain connu. En fait, on arrive sur le parcours de la Montagn'hard et ça aide de savoir ce qui nous attend. Donc, je suis patient sur ce chemin un peu cassant et j'explique aux quelques coureurs rencontrés de bien se préparer aux 4 bornes de plat qui peuvent être désespérantes quand on n'est pas prévenu.
Ces 4 bornes de plat se passeront bien. J'ai décidé dès le départ de tout faire à la marche, là aussi pour préserver la jambe (je pense que je pourrais courir). 38 minutes pour les faire, plus de 6km/h, un rythme honnête à ce stade de la course.
Le ravito des Contamines est d'un calme étonnant. Il n'y a presque personne et plus de bénévoles que de coureurs. Je dois quand même être bien placé, après tout..:-). Il faut dire, aussi, qu'il est dimensionné pour le début de l'UTMB où il est le premier gros ravito. Je vais y passer 22 minutes. Je ne fais plus guère attention au temps car, la douleur est bien persistante désormais et même la marche sur le plat était douloureuse. Je sais qu'il me reste environ 5 heures et que cela ne va pas être les plus faciles. Donc, autant bien s'y préparer, physiquement et moralement.
Je discute avec les coureurs autour, je leur décris minutieusement ce qui nous attend : cette montée en deux temps du col de Tricot, la descente à la passerelle de Bionnassay, la remontée qui suit, le replat jusqu'à Bellevue (après, je ne connais pas).
Contamines : 96,2km, 1157m, 487e, 21h23 pour 21h54 prévues à l'entrée, 21h45 pour 22h14 prévues à la sortie.
Et on part aussi sec pour "Tricot phase 1" : la montée aux Chalets du Truc. On l'a descendue sur la MH60 et, franchement, je ne me rappelais pas que c'était aussi raide. Je voyais essentiellement du chemin 4x4 et "un peu" de forêt avec chemin à racines, en fait c'est moitié-moitié et de toute façon l'un est aussi raide que l'autre !
Je me retrouve en fait à mener un petit groupe qui semble trouver mon rythme très bien et je vais ainsi emmener tout le monde sur une assez bonne allure sur cette première partie. 530D+ en 1h05, soit un honnête 500 m/h à ce stade de la course.
La petite descente qui suit fait un peu exploser le groupe. Certains, plus rapides et agiles partent devant, d'autres rament fort et moi...je suis un peu au milieu. Les pas vers le bas me coûtent cher et font mal, je pressens de plus en plus une bonne galère à venir. Mais l'ambiance est extraordinaire autour : on voit en face de nous les lumières qui montent le col Tricot, le jour commence à poindre, ça commence vraiment à sentir l'écurie. Tout cela me permet, en serrant les dents, d'encaisser la douleur qui augmente progressivement dans la guibolle.
Et nous voilà face au dernier (crois-je alors) juge de paix : le Tricot, le vrai. Quand même une belle muraille, surtout à ce point de la course. 425D+ en 1,6km (26% avec des pointes à 30-35). Les frontales s'éteignent peu à peu, tout le monde est dans le rouge et il faut monter, monter, monter. Globalement, j'y arrive bien et je continue régulièrement à un peu dépasser. Parfois, certains très frais nous passent assez vite : j'admire cela et je suis un peu envieux. Je retrouve mentalement les petites pensées que je m'étais "laissées" début juillet en descendant cela à toute berzingue.
Au final, je mettrai 58 minutes, depuis le point du ravito de la MH, au dessus des chalets de Miage. 450m/h, ce n'est pas la gloire totale. Mais on est au bout de 100km, tout de même.
Eh oui, nouvelle étape : me voilà "cent bornard". J'ai fait ma première course de plus de 100km (bon, j'aurais peut-être pu commencer par une plus facile...:-)).
Col de Tricot : 103,5km, 2109m, 466e, 24h17 pour 24h55 prévues. Je le vois et je me dis que je suis sur des bases de 27h30, voire moins.
Mais je sais en fait que je ne les tiendrai pas, de même que je ne finirai pas dans les 500premiers (les bénévoles annoncent les places en haut et parlent du 400e). Après m'être arrêté 5 minutes en haut pour manger, la douleur est insupportable à la descente et sur le plat désormais. Le bas de la jambe droite me brûle horriblement et je ne peux que marcher sur ces sentiers descendants pourtant assez faciles.
Je ne m'étendrai pas sur le calvaire de cette descente, c'est infernal. Pire encore, la partie technique avant la passerelle de Bionnassay. Sur certains passages, je ne sais même plus comment me placer pour ne pas avoir mal. J'ai l'impression de voir défiler les coureurs (pourtant pas tant que ça). La remontée n'est même pas mieux : désormais les grands pas vers le haut sont aussi difficiles alors que sur le Tricot, cela allait encore.
La traversée vers Bellevue poursuit le calvaire, je ne profite plus de rien. Pis, je peste contre les passages techniques qu'il y a au milieu. Je mettrai trois minutes à passer celui où Sabine passe un peu bancale, mais en 30 secondes, sur la vidéo d'Arnaud.
Evidemment, je sais très bien que le pire est encore à venir. Il va bien falloir descendre sur les Houches et je connais les chiffres : Bellevue est à 1800m, Les Houches sont à 950m. Comment vais-je faire pour descendre près de 1000m ? Plus question de temps, de classement, là, je veux terminer.
Bellevue est finalement atteint : 107,5km, 1792m, 475e (ah, on commence à perdre des places), 25h27 pour 25h57 prévues (mais je n'y prête même pas attention).
Un seul mot sur la descente : si je retrouve l'âne qui annonçait en haut "c'est un chemin de 4x4", je lui refais le portrait. C'est un chemin de 4x4.....sur 500m ! Pour le reste, c'est un chemin habituel de descente en bas de vallée : dans la forêt, avec des cailloux, des racines, tout pour détruire totalement ce qui me reste de jambes. Et une route pour finir. Bref, ils ont de drôles de chemins de 4x4, ces rudes montagnards....
Juste une autre anecdote :vous n'imaginez pas combien il est démoralisant, quand on se dit qu'on a quand même avancé, de voir qu'on passe sous le téléphérique et de voir....les deux cabines se croiser. Tout esprit logique tirera alors la conclusion évidente : "bordel, je n'en suis qu'à la moitié".
À ma ènième gamelle, j'entends une voix derrière moi "alors, Christian, on ne pose plus bien ses pieds ?". C'est Marc, mon codébaliseur du Raid 28 qui a fini par me rattraper. Je lui explique l'état de ma jambe et je vois qu'il hésite à m'attendre. Mais je sais ce qui m'attend encore et je l'incite à continuer sans m'attendre. Il hésitera quelques fois, m'attendra encore un peu sur la partie goudronnée (non, excuse-moi, Sabine, sur la crisse d'hostie de partie goudronnée), mais finira par être obligé d'avance.
Moi, je marche, marche, marche. Ou je sautille (trottiner, c'est quand on avance). Je ne compte plus les coureurs qui passent.
Le cadavre finit par arriver aux Houches : 112km, 1014m, 482e (comment ai-je fait pour ne perdre que 8 PLACES ?), 26h31 pour 26h52 prévues. Eh oui, je découvre cela en l'écrivant, mais aux Houches, j'étais toujours EN AVANCE sur mon roadbook.
Mais cela va vraiment mal. J'appelle Elisabeth et je lui annonce que je vais mettre TRES longtemps pour arriver, qu'il est 9h36 (je me rappelle bizarrement de l'heure avec une grande précision) mais que je vais mettre deux heures au moins pour finir. La voix est très très lasse. Je ne lui parle pas de la fracture de fatigue (qui fait tellement mal maintenant que je crains la fracture tout court). Elle m'encourage à l'autre bout du fil de façon hyper passionnée, il paraît que ce que je fais c'est génial, que des dizaines me suivent, que sur Kikourou ils ont parlé du pacman mais qu'ils voient qu'il va désormais moins bien, mais que tout le monde encourage).
Bref, ça me regonfle un poil et, après un dernier regard désespéré à la bénévole qui me regardait téléphoner sur mon banc...je repars. Je n'ai pas de photo à cet instant, mais si vous prenez les photos de Sabert, ça doit être pareil.
Bon, deuxième partie de compte-rendu, plus difficile à écrire. PLus possible de faire le bubulle factuel que vous connaissez, faut que je sorte le bubulle-émotion, ça vous connaissez moins.
Me voilà reparti des Houches, donc. Je sais que j'entame un long chemin de croix. Je connais la distance (8 kilomètres), et j'estime ma vitesse actuelle de déplacement à 3 km/h. Donc, vaut mieux débrancher les calculs, sortir les tripes, oublier le hurlement de la jambe droite, empoigner les bâtons et avancer, avancer, avancer.
En descente pour commencer, en plus : mais pourquoi fichtre est-ce qu'ils mettent les torrents en fond de vallée et qu'il faut descendre pour passer les ponts qui les franchissent ? Et d'abord, pourquoi on irait le franchir, ce putain de torrent ? On était bien "en haut" dans le village. Mais bon, escargot74 (mon nouveau pseudo) franchit enfin l'Arve et s'engage dans une marche nordique olympique à 4 à l'heure sur le sentier.
Quand ça monte, ça tire et ça brûle. Quand c'est plat ça tire horriblement et ça brûle. Quand ça descend, c'est un genre de lance-flamme. Allez, Christian, avance. Surtout ne regarde pas tous ces "coureurs" (qui marchent tous) qui te dépassent et te déposent comme une vieille chaussette. L'arrivée, elle est là-bas, "un peu" après le virage devant et la petite côte (chic, une côte, ça va faire moins mal) et la mini-descente (nooooooon, pas une descente ! Ça sert à rien, les descentes : Chamonix est PLUS HAUT que Les Houches, il NE FAUT PAS descendre).
C'est long, horriblement long. Je vois dans le regard des gens qui me croisent un mélange de compassion, de pitié et d'incompréhension dans le style "mais pourquoi se faire si mal". Tiens, Mazbert me dépasse une fois de plus : eh bien, Bertrand, là c'est clair que tu vas faire mieux que moi. Allez, vas-y, avance, profite...ne reste pas avec le petit vieux qui avance à 2 à l'heure.
Tiens, un couple qui court. Dingue le nombre de gens qui courent à l'envers de la course, ils sont sadiques ou quoi ? Et eux deux, en plus, ils s'arrêtent, mais qu'est-ce qu'ils me veulent ? Mais le gars en bleu, il m'appelle par mon prénom (oui, bon, c'est écrit sur le dossard), mais il m'appelle "bubulle" aussi. Kissélui ?
"Salut, Christian, c'est Franck. "franck de brignais" ". Ah bin crotte de mammouth, alors. En gros, Franck me dit qu'il est venu à ma rencontre, qu'il a suivi le live et tout, avec patrovite69 (dont je ne perçois pas le prénom dans le brouillard qui entoure ce qu'il me dit, je vais avoir l'air fin, moi) et qu'ils ont décidé de venir à ma rencontre.
J'explique mes "légères" difficultés et le fait que je pense à une fracture de fatigue qui a peut-être dégénéré en fracture tout court. Bon, si j'avais su que je causais à une kiné, j'aurais évité de risquer l'auto-diagnostic, gros malin. Mais ce que je sais bien décrire, c'est le mal horrible que ça fait. De toute façon, le teint cadavérique que j'ai ne doit laisser guère de doute là-dessus.
Et ils m'emboîtent le pas...de sénateur (voire d'attaché parlementaire, eût dit le Jacques). À un moment, Franck dans un grand élan de sollicitude, me dit qu'il reste 4,3km. QUOI ? Je n'en n'ai fait que la moitié ? Mais j'ai l'impression qu'il y a déjà 1h30 que je suis sur cet horrible chemin. Mon pauvre Franck qui croyait me remettre du beaume au coeur. Il n'y est pour rien, c'est un trailer, il sait qu'il faut toujours donner la distance exacte. Allez, on serre un peu plus tout ce qu'il reste à serrer et, pic, pic, pic, pic, on avance.
Franck me dit que je marche à 4 km/h. J'ai un mal fou à le croire, ayant une telle impression de me traîner. Mais bon, j'avance.
Soudain, là, au détour du chemin, miracle absolu. C'est mon unique à moi, Elisabeth. Elle avait senti dans ma voix d'outre-tombe que ça n'allait vraiment pas fort alors, elle n'a vraiment pas hésité, elle a pris ses affaires, ses jolies Salomon toutes belles qu'on a acheté pour marcher ensemble et elle va chercher son Kiki (vous moquez pas, c'est comme ça qu'on m'appelle dans ma famille, mais, euh, c'est réservé à la famille, hein? :-)).
Au fait, en passant, j'ai écrit plus haut qu'elle m'avait remonté le moral pendant le coup de fil des Houches. Alors en fait non : je n'avais fait que lui laisser un message sur le boîte vocale. C'est vous dire l'état de confusion mentale qui me fait croire me rappeler lui avoir parlé.
Les trucs super, c'est en me retrouvant qu'elle les dit....et pendant l'heure qui suit. Ils ne vont pas arrêter de me dire des trucs super, mes "pacers" (vous êtes gentils, vous ne me dénoncez pas, hein ?).
Bref, j'ai ma chérie à moi avec moi. Je lui ai expliqué le coup de la fracture de fatigue de comment j'ai super mal et je ne vois même pas qu'elle s'inquiète. Elle me dit que je vais y arriver, elle me redit combien les gens m'ont suivi, jusqu'aux cousins de Kansas City, que c'est mon objectif, et qu'il me suffit d'avancer tranquillement et que j'y arriverai. A 4 km/h. Parce que je sais pas pouquoi, mais je ne les crois pas, Franck, Elisabeth et "Mme Franck" quand ils me jurent que j'avance à 4. J'en fais une obsession, s'pa possible. Ma tête fait des calculs débiles et irrationnels. Mais ma tête me dit d'avancer et que ce ne sont pas ces ridicules jambes qui m'en empêcheront. On dirait presque que j'ai vu la video que j'ai vue bien plus tard sur la page Facebook de MamanPat et où quelqu'un suggère que, quand on aura mal aux jambes, on se rappelle que, nous, on a la chance d'avoir mal aux jambes.....et qu'on peut se motiver en ayant une pensée pour ceux qui n'ont plus mal aux jambes. ALors, même si je ne l'ai pas eue à ce moment là, maintenant j'ai une pensée pour mimisoso.
Et j'avance. Car je peux. Franck m'a dit au moins trois fois "allez c'est la dernière descente, là". Elisabeth, qui cache son inquiétude bien réelle, me fait le décompte des mètres jusqu'au petit rond-point qui marque l'entrée de la rue piétonne. On passe le mur d'escalade, 2 kilomètres ("donc une heure" que je leur dis, dans une ultime vanne), la rue pas piétonne nulle sans trottoir où on se fait frôler par les 4x4.....d'où tout le monde encourage le Grand-Père qui arrive. Allez, pour une fois, je vais aimer les 4x4, tiens.
Le rond-point.....et la bénévole qui arrête la circulation quand je suis encore à 30 mètres. Mais on va faire un bouchon le temps que j'arrive ! Et toujours, les Francks et mon infatigable chérie (heureusement que je ne vois pas sa tête car elle, elle voit la mienne) qui me parlent. Faut dire qu'on en est maintenant au stade de la tête qui tourne un peu. Mince, je n'ai jamais tourné de l'oeil, je me demande comment ça fait. Je vous jure que j'ai pensé ça : totalement frappé.
Un peu surréaliste, l'arrivée au milieu des touristes, ça a un côté "Où est Charlie ?" :
(photo will36)
La rue piétonne et.....j'accélère. J'entends Elisabeth qui en fait la remarque à Franck. J'y ai trop pensé à cette arrivée, à m'imaginer faire le kakou en allant vite, en courant, en sprintant. Là, bon, je sprint à 4,5km/h, c'est horrible ce que ça tire. La place du triangle de l'Amitié, les terrasses de café. Nooooooooon, pas par là. Ah zut, je me rappelais de l'arrivée du 80km où les coureurs passaient au milieu des terrasses, mais là c'est barrière et compagnie.
Franck me lance "allez vas-y profite" et s'éclipse. J'entends Elisabeth crier derrière moi (je le garde pour moi ce qu'elle crie).
Et, bon sang de bonsoir, je ne vais pas arriver en MARCHANT ? Alors, dans un effort, je démarre en courant, ça fait un mal de malade. Je ne sais même pas si j'en profite de cette ligne droite dont j'ai rêvé, ça fait du bruit autour, mais je n'entends que les cris d'Elisabeth qui m'a poussé ces tout derniers kilomètres. Elle m'a lancé pour que je me l'offre cette ligne droite et elle la partage virtuellement avec moi.
(photo will36)
Je n'entends plus rien. C'est passé, j'y suis arrivé. Elle est là, sur le côté, je m'écroule sur la barrière, j'entends les trucs incroyables qu'elle me dit. C'est fini.
Quelqu'un a mis un jour dans un compte-rendu :
Je ne me souviens que d'un mur immense
Mais nous étions ensemble
Ensemble, nous l'avons franchi.
C'était *ma* TDS jusqu'à samedi dernier. Cette semaine, c'était *notre* TDS.
Ensemble.
PS pour revenir au bubulle que vous connaissez : Chamonix, 120,1km, 1045m, 536e, 28h24 pour 27h58 prévues. Fallait bien une guibolle en compote pour qu'une fois, enfin, je respecte à peu près un roadbook.
37 commentaires
Commentaire de Bérénice posté le 01-09-2014 à 22:58:25
Quel parcours ! Du courage et une volonté de fer ! On a quand même mal pour toi en lisant ton CR....
Je retiens un bel hommage à Elisabeth, la femme de l'ombre ! Bravo à vous 2 !
Commentaire de Arclusaz posté le 01-09-2014 à 23:04:52
J'avais prévu d'écrire une connerie.
Et puis quand j'ai vu l'antépénultième photo.....
elle est magnifique, incroyable : on voit l'amour derrière toi.
Pour ça, ça valait le coup de faire cette "promenade"
Commentaire de caro.s91 posté le 01-09-2014 à 23:06:38
Quel récit !!! C'est de l'ultra. J'ai mal au fur et à mesure que je lis et que tu avances.
Des émotions, c'est clair, c'est grand. Bravo Christian. Bravo Elisabeth.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 01-09-2014 à 23:07:01
Que dire si ce n'est que c'est long, beau et fort à lire.
Il y a tant de murs à franchir.....
Commentaire de RayaRun posté le 01-09-2014 à 23:35:01
P ...., tu n as pas le droit !!!!
Merci pour ce CR
Remets toi vite
Commentaire de Bacchus posté le 01-09-2014 à 23:38:47
Magnifique !!
Quelle course ! j'espère que ta douleur à ta jambe se règlera très vite.
En tout cas bravo pour ta gestion de la course, dommage que cet incident "mécanique" t'ai empêché de faire un temps explosif, car je suis sûr que sans ça tu aurais explosé tes prévisions. Maintenant le temps que tu as fait, je n'oserais même pas en rêver.
Encore bravo, et merci pour le suivit live de ce week-end.
Commentaire de Bert' posté le 01-09-2014 à 23:49:56
C'est fort dans tous les sens du terme !
Assurément une nouvelle dimension et une sacrée expérience pour un premier gros Ultra.
La fin est douloureuse et pourtant si belle. Les photos parlent d'elle-même.
Avec des vécus, des envies et des capacités proches mais différents, nous avons tous les 3 fini par réaliser quelque chose de marquant...
Qui en appelle d'autres !
Commentaire de Spir posté le 02-09-2014 à 00:02:43
Quelle épopée, et quelle volonté ! J'avais lu dans le bouquin d'Emmanuel Cauchy que les personnes qui se savent attendues et soutenues résistent mieux que les autres. Tu nous montres toute l'importance de ce soutien. Belle victoire d'équipe !
Commentaire de arnauddetroyes posté le 02-09-2014 à 00:15:02
l effect de groupe pour l´ inscription pour commencer... ensuite le cérébral pour surmonter les douleurs et pour terminer,une femme aimante présente à l arrivée !
Surement une course inoubliable déja pour tout ca!
Bravo
Commentaire de Greg136 posté le 02-09-2014 à 00:26:49
Merci Bubulle.... Fichue poussière!
J'ai suivi ton aventure, en comparant chaque session avec ce que j'avais vécu. J'ai vu lorsque tu étais bien et j'ai compati lorsque ça allait moins bien. Jamais je n'aurais imaginé une telle douleur néanmoins. Ça rend ton exploit encore plus grand!
A bientôt j'espère.
Commentaire de Japhy posté le 02-09-2014 à 08:25:17
Bubulle prêt à tout pour emmener sa belle crapahuter sur les chemins, le coup des bâtons d'anniversaire, le coup du moins bien, et ça marche! Quelles magnifiques photos que ces deux avec Elisabeth, vous êtes chiants, moi aussi j'ai envie de pleurer.
Sportivement, c'est énorme ce que tu as fait, et pour le reste, c'est sûr que cela restera un grand moment de ta vie.
Je te souhaite une prompte guérison, mais pour ça, essaie de te reposer un peu, ou alors juste rando avec Elisabeth.
Commentaire de Guénaël posté le 02-09-2014 à 09:15:56
Sublimissime récit !
Tu as fait un truc énorme ... (mais c'est pas sympa de nous jeter à tous des poussières dans l'oeil).
Remets toi bien
Commentaire de Mathias posté le 02-09-2014 à 09:24:23
Clap clap clap !
Quel joli CR, merci pour le bon moment de lecture !
Et la fin c'est tromignon, effectivement je ne connaissais pas le bubulle-kawai ;-)
ça fait plaisir en tout cas de lire des CRs comme ça, c'est top le trail, hein ? !
Bon et espérons que tu te remette vite d'aplomb !
Commentaire de Philippe8474 posté le 02-09-2014 à 09:34:58
Magnifique récit.
Merci!
Et chapeau pour l'avoir bien bouclé!
Elle est dingue cette dernière ligne droite, hein? Et serrer celle qui nous aime au bout est un sacré moment de la vie à 2...
Commentaire de Tamiou posté le 02-09-2014 à 10:18:43
Bravo et merci Bubulle, merci de nous faire partager ces moments intenses et inoubliables qui ne seront en ce qui me concerne, plus que des souvenirs.
Commentaire de freddo90 posté le 02-09-2014 à 10:27:34
Bravo Bubulle, pour la préparation, le road book sur le bout des doigts, la course, et le courage pour tenir jusqu'à la fin !
Commentaire de yves_94 posté le 02-09-2014 à 12:05:11
Bravo Bubulle ! Quel courrage pour finir sur une jambe !
En tous cas à partir de maitenant, une MH60, une Ecotrail80 nous parraitront vraiment (presque trop) facile !
Commentaire de Lanternerouge posté le 02-09-2014 à 12:50:22
Bravo Bubulle pour ta super course et ton compte rendu, j'y penserai quand je serai en difficulté dans mes prochains trail
Commentaire de Lanternerouge posté le 02-09-2014 à 13:13:33
Bravo Bubulle pour ta super course et ton compte rendu, j'y penserai quand je serai en difficulté dans mes prochains trail
Commentaire de franck de Brignais posté le 02-09-2014 à 13:48:58
Ton récit m'a ramené à l'année dernière... point par point, je me revoyais franchir les cols avec plus ou moins de difficultés. J'ai eu la chance de mieux finir. Bravo pour cette belle balade, clôturée par un sacré bon temps. Tu n'étais déjà pas beaucoup parisien, te voilà un vrai montagnard ! Récupère bien, prend le temps de te soigner et au plaisir de te croiser prochainement !
Commentaire de Jean-Phi posté le 02-09-2014 à 15:05:01
Je retiens l'avant avant dernière photo (pour ne pas dire comme Arclusaz) et la dernière. Il y a effectivement l'Amour qui te pousse et qui t'accueille. Tout est là.
Alors bravo pour ce pari à 3, cette prépa si minutieuse, cette course en solo tout en pensant au trio "SaBerBulle" et merci pou rce CR qui donne furieusement envie de retrouver les sentiers de ce beau massif.
PS : En + le chrono est loin d'être dégueu !
Commentaire de sabzaina posté le 02-09-2014 à 19:53:28
Enfin le temps de tout lire !
Bon, moi qui croyais avoir souffert, c'est vraiment rien comparé à ce que tu as enduré.
Je me demande sincèrement: aurais-tu eu autant mal si tu étais allé moins vite? Rien n'est moins sûr.
Tu as fait TA course et tu as eu raison.
Bises !
Commentaire de Arcelle posté le 02-09-2014 à 20:39:37
Les états d’âme et la psychologie à deux balles, c’est ce qu’on préfère dans les récits. Et les dialogues avec les vaches aussi :-)
Parce que le « ça monte, puis ça descend … », c’est un peu toujours la même histoire !
Quel courage quand-même pour faire autant de km avec une blessure (enfin ne faudrait-il pas remplacer courage par inconscience des coureurs d’ultra ?).
Et enfin, quelle magnifique fin de CR ; mais pourquoi y a-t-il toujours autant de poussière dans ces cas là ?
Commentaire de bledrunner posté le 02-09-2014 à 22:21:40
Merci pour ton CR vraiment captivant et touchant. Récupère bien !
Commentaire de stphane posté le 03-09-2014 à 12:28:44
Ou l'on voit que c'est un TOUT qui fait avancer... C'est une chance d'être si bien accompagné.
Félicitation.
...et puis j'ai forcément aimé la tarte au myrtilles à Très la Tête
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 03-09-2014 à 19:35:51
Après un récit pareil, on a du mal à trouver une bêtise à raconter. Bravo à toi pour cette course et ce magnifique récit.
Commentaire de Benman posté le 03-09-2014 à 22:28:34
waouuh... difficile de faire un commentaire intéressant quand on vient de lire ça. Un immense bravo pour être allé au bout de la souffrance, et ensuite pour nous avoir fait partager cela dans ce sublime récit. Merci Bubulle.
Commentaire de patfinisher posté le 04-09-2014 à 16:15:43
J ai pris le temps aussi de tout lire... Que du bonheur..c est un recit plein de photos virtuelles, et réelles, d émotions, de détails qui travaillent pour la mémoire d une course hors norme et vécue physiquement et moralement.... un récit Bubullesque dont tu as le secret. MERci pour ce moment ;-)
Commentaire de patrovite69 posté le 04-09-2014 à 22:50:14
J'ai été contente de t'accompagner sur ces qq km vers la fin. Si j'avais pu te prêter mes jambes je l'aurai fait....finir dans de telles conditions il faut une volonté d'enfer.
Bravo à toi et bonne récup. Ne force pas trop vite sur ta jambe, conseil de kiné.
Commentaire de john_help posté le 06-09-2014 à 00:15:25
M-A-G-I-Q-U-E ! <3 Chapeau super tonton et méga grosse pensée pour ma super top-marraine !
Commentaire de Mams posté le 06-09-2014 à 11:40:06
Aventure impressionnante: quelle ténacité, quelle volonté! Chapeau bas!
Faire 20 km avec une blessure, je connais, mais sur du "plat" (Saintélyon), là, c'est dans les Alpes, sur la TDS!!
En plus, avec un super temps, tu nous bluffes complet, et sur une première!
Qu'est-ce que tu vas nous faire sur l'UTMB???
Bonne récup'
Commentaire de pichoeur posté le 06-09-2014 à 16:50:20
il est trop fort mon kiki (et oui moi j ai le droit je suis la pichoeur !) et elle est trop top ma belle soeur !. Il est quand meme un peu félé mon frérot et pas que de la guibole ! y a eu de la bidouille dans les gênes pas possible autrement !bravo mon kiki,DD
Commentaire de pichoeur posté le 06-09-2014 à 17:01:26
il est trop fort mon kiki (et oui moi j ai le droit je suis la pichoeur !) et elle est trop top ma belle soeur !. Il est quand meme un peu félé mon frérot et pas que de la guibole ! y a eu de la bidouille dans les gênes pas possible autrement !bravo mon kiki,DD
Commentaire de pichoeur posté le 06-09-2014 à 22:00:43
kiki,j'ai pris le temps de lire ton exploit que tu avais du préparer,analyser,scruter,planifier depuis un temps certain.Cette blessure est venue gâcher tes prévisions et ton classement mais je pense que tu as du trouver après ton arrivée d'autres satisfactions et d'autres liens forts qui ont pu se tisser et se renforcer .grosses bises à tous les deux . Pat
Commentaire de Mamanpat posté le 07-09-2014 à 13:45:29
Que dire ?
Bravo Kiki et merci...
Commentaire de Bikoon posté le 12-09-2014 à 17:48:34
B.R.A.V.O.
Christian c'est tout simplement superbe ce que tu as réalisé là [et un peu dingue aussi, car continuer avec autant de douleurs faut être un peu siphoné] (hum dit-il...) ;o)
Et puis ces poussières, même au bureau, c'est fou ça...
Magnifique CR qui plus est, avec toujours autant de précision et d'auto-dérision !
Excuse-moi de te dire que tu as intérêt à être nettement plus agressif sur ton prochain road-book (une fois rétabli bien sûr, ce que je te souhaite promptement) car sans cette foutue blessure tu aurais tout fait péter !
Commentaire de gayil posté le 22-09-2014 à 23:27:55
"Tu sais que tu fais de l'ultra trail"... quand tu pleures devant ton écran en lisant un CR.
Bravo !
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