Tout a commencé en 2005 quand, lors d'une rando familiale à Aussois, au dessus du barrage, j'ai croisé quelques coureurs en train de dévaler un sentier sur ma droite pour aussitôt réattaquer la montée de l'autre côté sur la gauche. Je suis resté quelques minutes pour les encourager mais il fallait que je sache.

 Tour des Glaciers de la Vanoise. Je venais de voir des trailers qui allaient progresser sur 73 km avec 3800 m de dénivelé. Je suis resté admiratif et envieux.

 Trail, course nature, espace, je devais essayer, moi l'éternel bitumeux pour qui une côte n'était qu'une composante de l'entrainement route.

 2 ans après, j'aggrafe mon premier dossard au trail de Faverges (40 km et 2600 m de D+). Finisher, sur la dernière page du classement, ayant réuni sur une course toutes les erreurs du néophite, je peux continuer dans la voie de la course nature avec toujours en tête le TGV qui à l'époque me parait inaccessible.

 En 2011, je m'inscris au Grand raid 73 : meme kilométrage que le TGV mais 5200 m de D+ (depuis ils ont réduit). Après 15 h45 de course (dont 45' dans la cabane du télésiège des aillons à attendre la fin de l'orage à côté de Jean Michel Touron) j'ai mon Opinel finisher mais surtout je m'autorise à tenter le TGV. C'est aussi la première fois que j'aperçois Arthur Baldur.

 2012,2013 pour diverses raisons, impossible de participer. 2012,2013 conditions qui obligent à utiliser un parcours de repli, ce n'était pas la bonne année.....

 Mais en 2014 : c'est mon année

 Entre temps je suis retourné fleurter avec la route en participant à 3 marathons mais je pense et espère que le travail de VMA indispensable pour cette discipline sera bénéfique sur un trail.

3h15 à Annecy ça c'est fait, place au TGV. La durée de course ne me fait pas peur (merci la 180), ce qui m'inquiète ce sont les premières barrières horaires. J'enchaine les escaliers et divers parcours type LUT plus 2 sorties longues type Rando trail.

 Pour la logistique, j'ai réservé un hotel demi pension pour toute la famille.

 L'avant veille de la course, la bonne nouvelle arrive : on fera le parcours complet mais avec un départ avancé à 4 heures.

 

18h30 le briefing : pourquoi m'avoir mis l'angoisse. A entendre l'organisateur, c'est de la haute montagne, il n'y a pas de balisage dans le parc, attention bien prendre à droite des cairns; seul l'hélico peut nous sauver, n'oubliez pas la bande de contention, attention bien prendre direction du col sur la gauche, tout droit vous êtes perdu….m.....qu'est ce que je fous là.

 Après le repas à l'hotel (merci au cuisinier qui a remplacé les légumes prévus du menu par des pâtes) direction le lit pour une courte nuit. En fait, il n'y a pas eu de nuit du tout. J'ai rejoué le briefing dans tous les sens.

 3 heures : debout . Je me force à avaler 2-3 bouchées de mon gateau « plein d'énergie » mais le repas du soir est trop récent. Je sors de l'hotel et me dirige vers le départ, je prends un café en discutant avec Bruno.

 4 heures : départ

 Cela bouchonne un peu à la sortie de Pralo, tout le monde connait la première barrière horaire et personne ne traine en route

 La montée vers le refuge de la Vanoise se fait de nuit à la frontale, le jour se lève au moment où l'on traverse le lac des vaches ( lac que l'on traverse sur des dalles) Magique...

 Pas de problème pour les horaires, au moins 20 minutes d'avance. On attaque la partie la plus belle et la plus sauvage du parcours, direction plein sud le refuge de l'Arpont en empruntant un sentier balcon... Magnifique

 Refuge de l'Arpont remplissage de la poche à eau et repos de quelques minutes

 Au refuge de Plan sec (BH à 12 heures je repars à 11 h30 quelques minutes après l'arrivée de Bruno ) j'ai décidé de m'arrêter au moins 5 à 10 minutes à chaque ravito pour bien récupérer.

 Je repars direction le refuge de l'Orgère, je commence à sérieusement fatiguer quand Bruno me rattrape comme une fusée dans la descente vers le point le plus bas du parcours. En descente je n'avance pas mais en montée ….la remontée vers le refuge dur dur, je fais la connaissance d'un camarade de galère qui connait les crewstach (j'ai le fameux décapsuleur Crewstach accroché à mon sac), l'UBS, la 180 et qui fait parti du SMON, il est le seul représentant du club au TGV et se sent bien seul. Salut Laurent

 

J'arrive à me trainer jusqu'au dernier point avec BH (dernier départ 15h) il est 14 heures 05. Je décide de repartir à 14 h15. Je sors du ravito avec Bruno, j'essaie de le suivre ; impossible. Je passe alors du mode course en montagne au mode marche d'approche : pas après pas je progresse, doucement mais surement je monte. Je vais meme plus vite que mon nouvel ami Laurent qui lui est vraiment HS. Pendant toute la montée, on voit le col enneigé et les petits points dessus qui bougent...ce ne sont pas des pucerons...il faut arriver là....J' arrive à monter mais vers 2500 M d'altitude je suis obligé de faire des pauses tous les 100 m, je suis trop essoufflé, j'attends et je repars. Les 600 derniers mêtres se font dans la neige, je passe enfin le col (2782 m) et je m'arrête 5 minutes pour tenir compagnie (me reposer) aux deux courageux membres des secours en montagne qui tiennent le poste.

 

Il y a 3 km de descente du col pour arriver au dernier refuge du parcours, Peclet Polset , dont 2 km dans la neige. J'applique la méthode luge quand la pente est trop forte. Cela mouille un peu mais c'est efficace et rapide.

 C'est fini, j'ai passé le col, je serai finisher, ma descente n'est pas des plus rapide mais la pente est dans le bon sens

J'arrive même à doubler …

 

Je garde mes dernières forces pour faire une vraie descente à partir des Prioux et passer la ligne en courant. Je connais la piste de ski de fond, je revis.

 L'entrée dans Pralo, on passe dans la rue au milieu des terrasses de café et on m'applaudit ….super ambiance. Je passe devant Sylvie, Cléa et Marion qui doivent me voir pour la première fois franchir une ligne d'arrivée.

 Je ne peux que vous conseiller un WE de trail en famille à Pralo. Mes filles sont allées à la patinoire le samedi, sont montées elles aussi au refuge de la vanoise dimanche matin pour pique niquer. Toute la famille a son coup de soleil, a vu des marmottes et a des courbatures.

 Concernant la course, j'ai largement sous estimé mon temps final espéré en me basant sur mon temps du GR73. Le TGV n'est pas si roulant que le profil le laisse penser.

 

Cette année, je suis finisher de la course qui m'a donné l'étincelle, que j'ai vu passer un matin de 2005 au dessus d'Aussois en rêvant moi aussi de débouler devant ces randonneurs un peu incrédules.

 

Enfin.

PS : pour les photos voir le CR 2011 de Tidgi mais avec beaucoup plus de neige au col (merci Thierry)