L'auteur : Arclusaz
La course : Trail des Ruffes
Date : 4/5/2014
Lieu : St Felix De Lodez (Hérault)
Affichage : 2401 vues
Distance : 28km
Objectif : Pas d'objectif
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J’ai couru sur Mars……
Nous étions en famille pour le WE dans la région de Montpellier. Je me réjouissais, certes, de passer une journée en compagnie de Belle-Maman mais au cas où, j'ai jeté un petit coup d’œil il y a quelques semaines sur le calendrier des courses Kikourou. Et je découvre qu’à une soixantaine de km se court le dimanche le Trail des Ruffes (et pas le Rail des Truffes) à Saint Felix de Lodez (30 km, 1200 m de D+).
J’adore ces courses imprévues dans des coins qu’on ne connaît pas, où le hasard vous conduit.
La préparation de cette course sera originale puisque je suis en vacances toute la semaine précédente dans l’Aveyron. Et en vacances, ma religion m’oblige à aller courir tous les matins à 6h30. C’est donc ce que j’ai fait surtout que le coin où nous échouâmes s’y prêtait bien : j’ai sillonné de long en large le Rougier de Camarès, curiosité géographique près de St Affrique. Des paysages rouges somptueux, tiens, tiens, on y reviendra un peu plus bas……
Heureusement, la consommation d’aligot et de croustade m’aura permis de me requinquer et je ne me sens pas fatigué sur la ligne de départ. Je décide d’essayer une technique inhabituelle pour moi, partir tout doucement. Ce que j’arrive à faire.
J’aimerais voir ce que cela fait de doubler sur la fin et de ne pas finir un trail à l’agonie !
Je me choisis deux victimes expiatoires que nous appellerons le militaire (un je ne sais quoi dans la démarche !) et l’écossais (une ressemblance improbable avec un ami d’enfance surnommé ainsi). Ils vont plus vite que moi en montée (normal, je me freine !) et je leur prends du temps sur le plat : je veux finir avant eux pour voir si ma tactique du jour est profitable.
Très vite, je chemine jamais très loin de deux vauclusiens qui me semblent expérimentés et faciles (on voit bien qu’ils gèrent !).
Après une section en montée où je reste à ma place, arrive une descente un peu scabreuse. Et là, surprise, je vole et j’aime ça (pas le scabreux, la descente !). Je double beaucoup et distance tous mes compagnons.
Et, ça y est nous y sommes !!!!!!!!
Je n’ai pas encore évoqué la particularité de ce trail : nous faisons deux longues incursions sur Mars !!! Nous traversons en effet les Ruffes (définition wikipédia : la ruffe est le nom local dans l'Hérault pour désigner les terres rouges formées de pélites). Les paysages sont saisissants, c’est magnifique.
Cher lecteur, tu noteras la précision de ma préparation : j’ai couru pendant une semaine tous les jours dans un Rougier pour m’adapter à la couleur (moins rouge ici qu’en Aveyron mais bien beau quand même !).
Comme je musarde, vide ma vessie, m’économise dans les montées, l’écossais et le militaire m’ont rattrapé. Tant mieux : à vaincre sans péril on triomphe sans gloire…
Avec mon arrêt un peu trop long au ravito (on ne se refait pas !) ils me passent même nettement devant.
Après une grosse montée que je neutralise toujours (mais personne ne me double) nous rejoignons une piste forestière genre DFCI. Je trottine toujours avec le frein à main. Et là, la révélation ! je suis barbu (la barbe des vacances), j’ai un buff kikourou, je fais des petites foulées « économiques » : bon sang, mais c’est bien sur, je suis en train de m’Ogo-néïser (désolé pour les non-lyonnais qui ne comprendront peut être pas cette référence à notre ami Ogo). Du coup, je pousse le concept jusqu’à serrer mes petits poings et franchement je crois que l’imitation est assez réussie. Comme ça a l’air de bien fonctionner, je vais courir ainsi un bon moment et rattraper mes deux vauclusiens, mon militaire et mon écossais. Aucune fatigue et j’avance bien, vraiment content ! Je rattrape même une féminine et je vois immédiatement que c’est une bonne coureuse. Elle a une capacité de relance assez impressionnante mais curieusement s’acccroche à moi (est-ce un autre effet Ogo ?). Je crois qu’elle vient de subir une grosse défaillance (il commence à faire chaud) et a jugé que prendre ma roue était une bonne solution. Elle restera ainsi environ 30 minutes dans mon dos : je fais attention d’être bien régulier, de ne jamais trop la distancer. Et puis tout d’un coup, au milieu de la plus sévère côte, elle me dit d’une petite voix « je peux passer ? » et là, la fusée décolle, stupéfiante. Une vraie chèvre qui saute de rocher en rocher, je ne la reverrai plus. Quand je lui dis « il fallait le dire avant que tu voulais passer », elle me dit : "non, non, ton rythme était parfait mais quand c’est raide, je suis dans mon élément ». Elle s’est donc bien refait la cerise sous mon aile protectrice et maintenant elle vole vers une probable victoire dans sa catégorie (bon, Ejouvin, t’as compris, c’est pas une jeunette ! ).
Nous arrivons au point culminant du parcours le Roc des deux Vierges où nous sommes accueillis non par deux mais par trois….. jeunes filles (de nos jours, on n’est plus sur de rien, mon pauvre monsieur !). D’ailleurs, jamais vu un trail avec autant de présence féminine peu avare d’encouragement : bien sympa (Etienne, c’est là qu’il faut venir courir !).
Jolie chapelle au sommet mais pas le temps de visiter !
Dans la descente, je redistance tout le monde sauf un des deux vauclusiens. Nous redescendons dans les Ruffes grâce à une corde car effectivement c’est raide. Comme j’ai plaisanté avec un des bénévoles au sujet de son chien (un Saint Bernard que j’ai enjambé), il m’accorde comme récompense de mon courage un deuxième verre de vin à l'arrivée et une bise de Marion. Mais qui est Marion ? Marion nous attend au bas de la corde. On plaisante un peu mais je ne lui fait pas la bise car je ne m’estime pas en état (même si elle me dit qu’elle en a vu d’autres !). Bien m’en a pris, à la fin du trail, je vais découvrir que j’ai le visage entièrement blanc de sel : curieux, pour moi qui ne transpire pratiquement pas…..
Deuxième passage dans les Ruffes donc et là le traceur a rentabilisé l’installation. On fait des tours et des contours, on monte et on descend. Mais, on ne lui en veut pas c’est tellement superbe !!!!!!
Grosse grosse côte pour en ressortir, le vauclusien s’envole, je continue à gérer : peu être un peu trop car au sommet je constate que l’écossais s’est beaucoup rapproché. Sur le plat qui suit, j’arrive à bien trottiner, je suis content, ce n’est pas toujours que j’y arrive au bout de 25 kms de course.
Petite descente un peu technique et je tombe sur le vauclusien arrêté pour porter secours à un jeune perclus de crampes. Bien sur, je m’arrête et comme d’habitude je dégaine ma « Sp……. ne ». Le jeune me remercie, je lui donne RDV à l’arrivée mais malheureusement je ne le reverrais pas (vous allez bientôt savoir pourquoi, suspens !!!).
Avec cet arrêt de 2 ou 3 minutes, l’écossais nous a rejoint nous repartons à 3. Je discute avec le vauclusien, il est très sympa et effectivement très expérimenté ( il doit être V2 ou V3 et à fait de nombreux grands trails). Nous passons au dernier ravito situé 3 km avant l’arrivée (quel luxe !) et continuons tranquillement en discutant.
Arrive alors la "tragédie"...
Nous rejoignons la route et pour la première fois, le balisage n’est pas clair. Il est indiqué dans les deux sens. En fait, c’est une portion que nous avons déjà empruntée le matin. Nous choisissons une option et nous entendons qu’il y a du monde devant. Du coup, nous ne réfléchissons pas trop et continuons notre route. Le chemin remonte ce qui me semble très étrange et mes deux compagnons de route me lâchent : je leur crie qu’on n’est pas bons, qu’il faut redescendre mais ils me disent que devant il y a un gars qui connaît et qu’on peut couper. Ils partent, je n’arrive pas à suivre et ils disparaissent très vite. Nous persistons donc dans notre erreur (car vous l’avez compris, c’en est une et une grosse !). Nous aurions fait demi-tour nous aurions perdu 10 minutes …. Nous suivons une DFCI qui, bien sur, ne va pas tourner du bon côté de la colline ! je suis maintenant seul, je ne sais pas où les autres sont passés. Je rejoins une route nationale, bon, y a plus qu’à rentrer, environ 4 km de goudron, génial. ! Un gars me rejoint et me dépasse, il m’a suivi à distance, il ressemble étrangement au militaire mais on va dire que ce n’est pas lui, hein, ça m’arrange !
Là, j’en ai un peu marre et je ferais ces 4 derniers km en alternant marche (beaucoup) et footing (un tout petit peu). Je passe la ligne en 4h37 : le matin j’avais estimé mon temps à 4h30 mais avant l’erreur nous étions sur une base de 4h10 environ. 30 minutes de débours, ça commence à faire ! J’explique le problème au chronométrage, leur dit d’envoyer quelqu’un à cet endroit et de déception leur demande de ne pas me classer (réaction idiote de ma part, d’autant plus que j’apprendrai que beaucoup de coureurs se sont trompés aussi !). L’organisateur, très élégant, présentera ses excuses au micro en assumant l'erreur, je ne lui en veux pas du tout et suis allé le remercier et le féliciter pour l’excellence de l’organisation et la gentillesse des bénévoles.
La matinée était géniale, je crois avoir bien couru (certainement ma course la mieux gérée). Banquet sous le soleil à la fin (un peu frugal mais je suis un ogre !), discussion avec des locaux tous plus sympa les uns que les autres, poignée de main à Antoine Guillon parrain de la course (qu’est-ce qu’il est maigre, presque autant que moi !) et retour pour gouter avec Belle-Maman et toute la famille.
Si vous passez dans le coin, allez découvrir les Ruffes de Saint Félix de Lodez.... et faites la bise à Marion !
épilogue : quelques semaines après cette course, je mets ici le lien vers les superbes photos prises par Yvan11. Merci et Bravo à lui pour avoir si bien su magnifier ce décor incroyable. Quel talent !
20 commentaires
Commentaire de Yvan11 posté le 05-05-2014 à 16:48:39
Je t'ai vu arriver ( j'étais derrière la table de chronométrage ). J'avais déja signalé le probleme du double fléchage à l'orga. C'est un oubli d'un bénévole qui devait barrer une des deux fleches après votre premier passage. Ensuite, il aurait fallu que l'orga envoit quequ'un sur place dès que les premiers "perdus" sont arrivés mais disons qu'ils ont à ce moment là manqué de réactivité et fait preuve d'un exces d'optimisme en pensant que l'erreur ne se reproduirait pas.
Pour le reste, j'avais les boules de n'être là bas qu'en mode "photos" et non coureur pour cause de bronchite mais si je peux je prendrais un dossard l'an prochain !
Commentaire de totoro posté le 05-05-2014 à 16:48:46
Tu tiens une belle forme là ! bravo Laurent car en mode balade, tu as bien avancé ! L'Ogo-énisation te réussit ;-) Keep running man !
Commentaire de TomTrailRunner posté le 05-05-2014 à 17:58:01
Les photos sont belles, le propos tout autant : désolant qu'il faille aller te cacher loin de la place Bellecour et des GHT pour te voir enfin mettre un pied devant l'autre et non plus "à coté" de l'autre ; félicitations pour cette judicieuse gestion et @ très vite dans des coins perdus comme on les aime ;)
Commentaire de tidgi posté le 05-05-2014 à 18:04:49
Très joli le coin du lac du Salagou, très belles photos.
Le coin serait même parfois... lunaire en fonction de la météo.
Tu as bien joué l'extra-terrestre. Bravo !
Commentaire de ejouvin posté le 05-05-2014 à 18:21:29
Si tu crois que je n'ai pas lu tes basses attaques ?
Très jolies photos en tout cas, cela devait être splendide. Dommage pour la fin du parcours, mais bon l'essentiel est de se faire plaisir sur le parcours. Ce ne sontpas 4kms qui ont te gacher cette belle matinée.
Mais dis moi, tu ne nous as pas parlé de saucissons ??? Il n'y en avait pas ou quoi ?
Au plaisir de descendre te voir.
Commentaire de Albacor38 posté le 05-05-2014 à 20:06:59
Magnifique photos et récit très plaisant Arcluz' Bravo. Ca donne envie.
Je sais pas pour toi mais alors de mon côté me perdre c'est à chaque fois un traumatisme (ça m'est arrivé que 2 fois dont une fois ou je n'ai guère perdu plus de 2mn). On se donne tellement sur une course que perdre bêtement des poignées de minutes ça gâche le plaisir (sur le coup en tout cas après on oublie).
Sauf a être vicieux les traceurs et les bénévoles doivent toujours garder en tête que la capacité d'analyse du coureur est souvent altérée avec l'effort (sans compter son côté moutonnier voire lemmings).
Les bénévoles doivent parfois nous prendre pour des demeurés ;)
Commentaire de philkikou posté le 06-05-2014 à 06:50:28
Merci pour cette découverte.. et dommage pour ce balisage qui t'as fait faire du hors-piste, ou plutot du hors-trail
Quand Arclu voit rouge (ruffe et kikou), ca donne une belle course et un beau récit
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 06-05-2014 à 08:18:30
il manque quand même une photo barrée de rouge : celle de l'arclusaz ogo-énïsé pac-man-ïsé.
Encore un beau récit qui montre tous tes progrès. Belle gestion en plus. bravo !
Commentaire de Arcelle posté le 06-05-2014 à 08:40:20
Étonnants ces paysages, je ne connaissais pas, je note.
Belle gestion de course malgré le hors circuit final.
Commentaire de Trixou posté le 06-05-2014 à 10:49:15
Bravo, belle course et beau récit (comme d'hab en fait).
Déjà que tu arrives à te perdre dans la Feyssine, si à l'autre bout de la France on te met des flèches dans tous les sens c'est clair que tu n'as aucune chance !
Ogo petite foulée ? Mouais...
Commentaire de Pirelli posté le 06-05-2014 à 11:19:16
Beau récit. C'était un beau parcours et l'organisation était presque irréprochable. Par endroit il y avait abondance de bénévoles et parfois, comme au niveau du double fléchage, il en manquait un. Moi aussi j'ai tiré tout droit, mais quelques minutes. Heureusement pour moi, un coureur est revenu sur ses pas. j'ai clairement compris que je m'étais planté. 2/ coureurs en ont profité, mais pas bien grave, je visais pas un podium. Les zig zag dans les ruffes juste avant le dernier raidillon auraient pu être plus ludiques si j'en avais eu plus dans les jambes. C'est là que le calvaire à commencé. Je termine en 3h45,33s avec un beau Tshirt technique et une bouteille de rouge :)
Commentaire de tortue01 posté le 06-05-2014 à 15:12:09
Encore un CR digne de toi et de ta legendaire façon de nous narrer les trails ....que c'est beau ces paysages....!!!etre en vacances et courir: le top!!! rdv sur l'UBS (pour les bises..sans sel sur le visage!!lol)
Commentaire de polosh posté le 07-05-2014 à 17:17:39
Comme toujours, CR haletant!
Très belles photos, même si on aurait sans doute préféré te voir le visage repeint avec du rouge, genre peinture de guerre ;-))
Bravo!
Commentaire de Japhy posté le 09-05-2014 à 09:36:22
Hooooooo mais il faut que tu viennes faire le trail de Valberg un jour, on a les mêmes magnifiques pélites! Et je réalise qu'il y pousse les mêmes plantes aussi, ces grandes herbes sèches là. C'est diiiiiiiingue! :D
Tiens, quelques photos là: http://www.kikourou.net/recits/recit-13379-trail_de_valberg_-_48_km-2012-par-japhy.html
Commentaire de Kirikou69 posté le 11-05-2014 à 12:30:24
Quel récit, il manque juste une photo de Marion.
Et bonjour à belle-maman qui te donne de beaux prétextes pour courir !!
Commentaire de Mamanpat posté le 11-05-2014 à 21:29:16
Trop rouge !
Mais belle coruse, c'est l'effet Bugey !
Commentaire de marKeau posté le 28-05-2014 à 15:32:28
Super, je l'avais loupé ce CR. L'histoire est vraiment prenante, mais la chute malheureusement décevante. Attention au balisage à Lans !
Commentaire de caro.s91 posté le 03-07-2014 à 18:39:46
Superbe CR que j'avais zappé, avec de magnifiques photos du côté du Salagou. :)
Commentaire de Jean-Phi posté le 16-01-2015 à 16:15:08
Tiens ! Va savoir pourquoi j'ai loupé ce CR ? En tout cas ça avait l'air chouette et les paysages sont tout simplement superbes ! A aller voir moi je dis !
Commentaire de Arclusaz posté le 16-01-2015 à 19:07:37
oui, c'était vraiment joli.
Et je ne sais pas si tu as regardé les photos d'Yvan (j'ai mis le lien à la fin de mon CR) : elles sont très spectaculaires. Et j'ai réussi l'exploit de n'être sur aucune des 444 photos qu'il a prises....
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