L'auteur : La Tortue
La course : Triple IronMan de Lensahn
Date : 26/7/2013
Lieu : Lensahn (Allemagne)
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Distance : 678km
Objectif : Objectif majeur
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Un triple IronMan, quelle drôle d'idée !!!
1/ le Pourquoi ? Warum ?
Dans ma mémoire, j’avais mis de côté depuis plusieurs années une réflexion de mon ami José qui avait dit : «pour mes 50 ans, je marquerais le coup ! ». Cela m’a donné des idées, et voilà déjà un bon moment que je m’étais promis de faire un « truc » pour fêter dignement mon demi-siècle. Le choix était vaste mais la décision difficile :
- Un marathon célèbre : New-York, Pékin, Londres, Chicago… ? Non ! trop « banal » et aller aussi loin pour faire un « petit » marathon, bof !
- Un gros trail : PTL, Thor des géants, Badwatter, et même soyons fou, Barkley ? Non plus ! En effet, je ne fais plus de trail depuis quelques années et mes genoux risquent de ne plus encaisser les cavalcades dans les cailloux et je n’ai plus la caisse ni l’entrainement pour ce genre d’épreuves non seulement très physiques mais aussi très cassantes.
- Marathon des sables ? Non ! Les courses à étape avec bivouac, ce n’est pas mon truc, je suis plus un « solitaire ».
- Un treck ou un trail népalais ? Pas plus ! Trop grosse logistique à mettre en place et en plus un test hypoxie réalisé au centre médico-sportif de Nantes il y a quelques années avait révélé mes biens piètres capacités à supporter l’altitude et ce n’est pas en Loire Atlantique avec son point culminant à 116m au-dessus du niveau de la mer que je risquais de progresser.
- L’ascension du Mont Blanc ? ça, c’est sûr que ça aurait eu de la gueule ! Mais, non ! Père de famille nombreuse avec 5 enfants encore à charge, je ne me voyais pas courir de risques, même calculés, dans une course en haute montagne qui est un milieu que l’on ne maitrise pas à 100%.
- Un « off » qui m’aurait bien tenté aurait été de faire la route de St jacques de Compostelle en autonomie et en trottant, mais cela m’aurait pris beaucoup trop de temps. Cependant, c’est surement quelque chose que je ferais (à la retraite si mes jambes le peuvent ?), tant pour le côté sportif que spirituel
- Un autre « off » que je ferais un jour, mais là aussi quand j’aurais plus de temps devant moi, ce sera de faire le parcours du Tour de France de mon année de naissance : 1963 !
Au final, pratiquant le triathlon depuis maintenant 6 ans, et ayant eu des résultats honnêtes sur distance IronMan (2 Embrunman, 4 Altriman, 1 Roth Challenge, 1 Norseman, 1 IM Nice) et même un double IronMan (Avon Tyrell en Angleterre), mon choix s’est finalement arrêté sur le Triple IronMan de Lensahn, à 100 km au nord d’Hambourg en Allemagne. Au programme : 11.4 km de natation, 540 km de vélo et 126 km de CAP. Une course « référence » dans le monde de l’Ultra triathlon d’après ce que j’en avais entendu dire, tant par sa difficulté sportive que par son organisation et l’ambiance qui l’entoure.
http://www.triathlonlensahn.de/
le Cr d’Ufoot de 2009 qui m’avait alléché : http://ultra.ufoot.org/2009/crlensahn
le site de Ghislain maréchal, champion d'ultra IM : http://ultraman.creaset.com/index.php
Un coup de fil à mon ami « Polo » Mauduit (une pointure en matière d’ultra toutes disciplines confondues) et la lecture des comptes rendus de son fils Ufoot me confortent dans mon choix et dès novembre 2012, j’envoie mon bulletin d’inscription… Mais 15 jours plus tard, une phlébite compliquée d’une embolie pulmonaire me met complètement sur le carreau. Adieu veaux, vaches, cochons ?? Non ! Ce n’est pas mon premier coup du sort, ni mon premier pépin de santé, et mon intention première est de le surmonter dès que le diagnostic m’est confirmé. Un long chemin truffé de doutes commence, mais qui m’amènera finalement à vivre, 6 mois plus tard, l’un des plus beaux moments de ma vie de sportif amateur.
2/ La grosse merdouille ! Die Große merdouille !
Fin novembre 2012, une très violente douleur, en coup de poignard, me prend dans le mollet à la fin d’un entrainement piscine. J’ai même du mal à sortir de l’eau et à rentrer chez moi à cause de la douleur. C’est une grosse déchirure qui vient de se produire sur un muscle déjà touché par une élongation quelques jours plus tôt. D’après le toubib, l’enchainement aurait été le suivant : déchirure, hémorragie interne, compression par l’hématome, stase veineuse, phlébite, essaimage du caillot (car je ne me suis pas mis au repos comme il est de bon ton en pareil cas, car la fin d’année dans mon job, c’est la folie !), puis fixation du caillot au niveau du poumon = embolie pulmonaire. L’écho-doppler confirme la déchirure et la phlébite et le scanner confirme l’embolie…merdum de merdum !!! Nous sommes le 18 décembre 2012 !
La salle bestiole !
Je continue à bosser jusqu’au 23 et enfin, les vacances arrivent et me permettent de souffler. Je suis bien crevé, et je respecte les 6… jours de repos que le médecin m’avait recommandé. Bon, en fait, il m’avait initialement prescrit 6 mois de repos, mais après négociation, j’ai transformé les 6 mois en 6 jours ! Après 10 jours d’arrêt complet de sport (pour moi, c’est un exploit !), je reprends les marches doucement. Claire qui pratique assiduement la marche nordique depuis quelques temps est obligé de m’attendre et promener mon chien me prend deux fois plus de temps qu’avant. En janvier, ce sera à peu près ma seule activité avec le débalisage du raid28 que j’ai fait tout doucement à mon faible rythme et avec les moyens du bord.
Ce que je n’ai pas pu négocier en revanche avec le corps médical, ce sont les 6 mois de traitement anticoagulant obligatoire dans pareil cas, avec tous les effets secondaires que cela comporte : nausées, saignements quasi-spontanés, fatigue, anémie, irritabilité (je n’étais pas à prendre avec des pincettes cet hiver !), insomnie, etc…Et, RdV dans 6 mois pour voir comment ont évolué les choses !
3/ La préparation : Die Vorbereitung
En ce début d’année 2013, les premiers bilans médicaux et mon état déplorable, font que j’en suis à demander à « Inke », ma charmante interlocutrice teutonne, qu’elles sont les conditions d’annulation… En clair, je suis une épave, et je me « console » en allant visiter mon pote l’ourson à l’hosto. Il a embolisé lui aussi, mais au niveau du cerveau et il est bien plus mal en point que moi ! Ce sera une source de motivation supplémentaire.
Mon pote le nounours à l’hosto !
Fin janvier, un beau soleil d’hiver me tente bien pour ressortir mon vélo. Je me fais une sortie « de facteur », mais je me prends un Renault Espace de ¾ face et je fini dans le champ de vaches, 10 mètres plus loin, (heureusement la terre était bien détrempée par les pluies des mois précédents) ; bilan : vélo et casque cassés (ça sert le casque, ne jamais sortir sans !) et une tortue bien cabossée (épaule, avant-bras, cuisse), mais au final rien de bien grave, à part le vélo qui est cuit. Plus de peur que de mal, mais à 10 cm près au lieu de me faire percuter par le rétro de la bagnole, je me prenais l’aile de face, et là…bye bye la tortue !!! Après m’être remis, je reprends doucement, mais les petits bobos s’accumulent (tendinite rotulienne, petite élongation cuisse,…) bref, tous ces petits signes que je n’aime pas et qui me disent qu’il ne faut surtout pas forcer. Depuis le temps que je fais du long, je commence à bien me connaitre.
Bon, jusque-là, « j’ai pas l’bol » comme disais l’autre !
Rétro Espace : 1 - Tarmac tortue : 0 !
Et Lensahn dans tout ça ? J’y pense de moins en moins. Cela me parait très difficile de revenir et je suis mentalement prêt à laisser tomber. Mais les copains du zoo m’envoient des messages me préconisant la patience et le repos et ensuite adviendra, ce que pourra. Au club du TCN aussi, certains sont au courant de mes petites misères et les messages de soutien et de sympathie ne manquent pas ; merci Stef, Jef, Serge, David, et les autres. Comme je suis d’un naturel optimiste, je me dis qu’ils ont raison car juillet est encore loin. Cependant, les jours de blues, je doute pas mal car ce n’est en fait que dans quelques mois et il n’y a rien de trop pour préparer une telle épreuve.
En mars, malgré une météo pourrie, j’essaie de remettre en route la machine. Pas terrible ! Les semaines passent, la forme ne revient pas vraiment, mais j’essaie quand même d’accumuler des bornes, surtout en vélo car avec l’embolie, j’ai gardé une insuffisance respiratoire qui m’empêche tout effort intense. C’est comme si je pédalais ou je courrais toujours en côte. Je peux tourner longtemps, mais toujours à bas régime. Inconsciemment, je ne le sais pas encore, mais c’est peut être ça qui va forger une partie de mon succès quelques mois plus tard. Cette diésélisation complète de mon entrainement va en fait beaucoup me servir à Lensahn.
J’essaie donc de préparer tant bien que mal l’objectif en suivant les conseils que m’a donnés Ghislain Maréchal, grand spécialiste de l’ultra-triathlon et Président de la Fédération international. D’après lui, il faut faire du long, rien que du long et toujours à faible intensité. Ça tombe bien car je ne peux tenir qu’un petit rythme, tout en volume, jamais en intensité, en faisant surtout du vélo car c’est ce qui m’essouffle le moins. Mais au fil des semaines qui passent sans amélioration notoire, je commence aussi à être mentalement près à devoir déclarer forfait si le corps n’est pas prêt.
3 Juin, date que j’attends depuis 6 mois, puisque c’est l’heure des bilans. Je vais savoir si médicalement, j’ai le feu vert ou pas. L’analyse de sang est à peu près correcte (à part l’anémie, mais qui est légère et surtout due au traitement anticoagulant) mais le test spirométrique révèle une perte de 20% de mes capacités respiratoires ! Pas étonnant que je sois essoufflé quand je monte 2 étages un peu vite ! Mais, pas de contre-indication à participer au triple IM (j’ai pas trop expliqué au toubib ce que c’était non plus !) et je peux enfin arrêter ces fichus anticoagulants qui sont, je pense, responsables d’une bonne partie de mes difficultés. En plus, un half IM à Deauville sans forcer et une cyclo « Ardéchoise » à ma façon (500 km non-stop dans la montagne ardéchoise en 30h), m’ont confirmé qu’en y allant doucement, j’avais des chances de finir.
A Deauville, début juin avec les copains du TCN
L’Ardéchoise : grâce en partie à l’assurance touchée après l’accident de mon Tarmac Pro de 2008, j’ai pu m’acheter un tout nouveau Tarmac SWorks SL4, ici à Chassiers parmi les flamants roses (très kitch !) !
Certes, lorsque je m’étais inscrit à Lensahn et après ma deuxième place sur le double IM de l’Enduroman de Tyrell en 2011, au risque de paraitre prétentieux, je visais secrètement un top 10 sur Lensahn. Mais après toutes mes petites misères, et vu mon état de forme très moyen 2 mois avant la course, je décide d’y aller quand même puisque j’ai le feu vert médical et que je sens que mes jambes tournent un peu mieux, mais ce sera uniquement pour terminer, peu importe le temps et la place.
Pour terminer ma préparation, je me fais l’Altriman le 13 juillet. Je suis dans mon jardin car je connais la course par cœur pour la faire tous les ans, mais les sensations sont très moyennes. Toutefois, je me rassure en me disant que le terrain de jeu et la gestion de l’effort seront complètement différents à Lensahn.
Week end aux Angles pour l’Altriman avec les zanimos
Après 10 jours de repos complet, j’arrive à Lensahn avec un bon entrainement vélo (8500 km depuis le premier janvier), un entrainement piscine « normal » par rapport aux autres années (j’avais prévu des sorties longues de 2 ou 3 heures en milieu naturel mais la météo pourrie du printemps m’en a dissuadé à chaque occasion) et un entrainement CAP des plus léger puisque je n’ai quasiment pas couru de l’année, d’abord parce que j’avais mal aux genoux, mais surtout parce que…j’en avais pas envie. En effet, l’entrainement pour moi, ça doit rester un plaisir ; quand ça me gonfle, j’y vais pas, car j’ai remarqué que quand on se forçait, c’était là qu’on se blessait. Je me suis quand même aligné sur les 24h de rennes en avril (165 km parcourus), pour m’habituer à courir doucement et régulièrement et aussi pour me préparer psychologiquement à tourner en rond pendant des heures sur un petit circuit. C’est peut-être ce 24h qui sera le moment le plus important de ma préparation, avec mon « Ardéchoise » en solo. Ces deux entrainements, ont été les plus proches de ce que j’ai fait ensuite à Lensahn, tant sur le plan mental que sur le plan physique.
24h de Rennes avec le Shaddock qui m’a donné plein de bons conseils et que j’ai vu à l’œuvre au niveau de son assistance avec l’Herminette. Qui a dit qu'il pleut tout le temps en Bretagne ? :-)
3/ l’avant-course/la logistique : Die Logistik
Rappelons à ce stade du récit que sur les courses d’ultra en circuit fermé, chaque concurrent doit assurer son propre ravitaillement et sa propre assistance technique. Or, depuis mon double IM de 2011, mon Norseman de 21012 et mes 24h de Rennes du printemps, je commence à avoir un peu d’expérience sur ces courses. Je connais notamment l’importance de l’assistance qui doit être efficace mais aussi discrète. Trop assisté, on a tendance à se faire cajoler et à trainer en route ; pas assez assisté, on perd du temps et de l’énergie en détails. Mon équipe d’assistance de choc est la suivante : ma fille ainée, Marine ; son petit ami, Iskan, tout fraichement débarqué de New York et que je connais depuis quelques jours seulement (il va être vite dans l’ambiance familiale « tortue » !), et ma fille cadette Ariane. Aucun des 3 bien sûr n’a jamais mis les pieds sur un ultra-triathlon et ils vont découvrir et être emballés ce « monde parallèle ».
La tortue’s team : Ariane, Marine et Iskan
Nous montons à Lensahn depuis Nantes en 2 jours avec le camping-car; en s’arrêtant souvent et en faisant de longues pauses pour diminuer au maximum la fatigue du voyage, et en plus Marine me relaie souvent et je peux roupiller à l’arrière, les jambes bien surélevées car depuis plusieurs mois, et même avant ma phlébite déjà, j’ai tendance à faire pas mal de rétention d’eau avec des jambes qui gonflent comme celles d’une grand-mère !
On arrive sur zone le mercredi après-midi. On est dans les premiers arrivés, cela nous permet de choisir un emplacement idéal pour le camping-car, sur une zone engazonnée avec le circuit CAP qui passe juste devant ! On se pose à côté de Roli (sympathique concurrent suisse) et Martin (non moins sympathique concurrent danois). Et nous profitons de la fin d’après-midi pour reconnaitre les lieux et faire la connaissance de nos très sympathiques hôtes organisateurs.
Le camp de base : Roli, Tortue, Martin.
Suisse, français et Danois se cottoient. Au premier plan, la route du parcours CAP, on est idéalement placé !
On s’est installé bien confortablement !
Ballade dans la ville : tel père telle fille ! même démarche cool !
Tout s’organise autour d’une grande place où se trouve le PC course et le tapis de chronométrage sur lequel on passera en vélo et en CAP. Le vélo consiste en un aller/retour sur 4 km (soit 8km) à faire….67 fois et le tour de CAP fait 1.3 km à faire…96 fois ! Bon, je vous rassure, on a une puce et le tapis est très précis, on n’a pas besoin de compter les tours soit même. Et à la demande, le PC course transmet les résultats en temps réel aux assistants. Je ne reconnais ni l’A/R vélo, ni le tour de CAP, on verra ça le jour de la course, j’ai tout le temps de les apprendre par cœur ;-))
Le plan général du site : en jaune, le parcours CAP. Le camp de base au camping-car sur la partie haute du circuit CAP et le barnum proche du demi-tour vélo et la situation de la piscine.
Le soir au diner, on élabore les stratégies des ravitaillements. Comme le parcours vélo passe à 400 m environ du camping-car, on installe un barnum qui nous servira de base avancée pour la partie vélo. La plupart des concurrents font de même car en fait, le parcours vélo et le parcours CAP sont très proches l’un de l’autre mais ne sont vraiment communs que sur une centaine de mètres, où il difficile d’établir sa base car c’est aussi le PC de la course et il y a beaucoup de monde à passer.
Les tentes installées dès la veille pour le parcours vélo
Le demi-tour pour le vélo et ses petits pavés qui feront mal aux bras après 500 km ! (la photo en plongée est de l'an dernier mais c'est exactement pareil cette année)
Jeudi matin, un beau soleil nous permet d’aller reconnaitre la piscine. Ariane s’essaie au plongeoir des 3 mètres puis s’enhardit et saute du 5 m ! La piscine, c’est la piscine municipale, un bassin découvert de 50 m à 6 couloirs. J’ai du mal à m’imaginer pendant 4h30 là-dedans !! Je n’ai jamais nagé plus de 7600 m (à mon double IM en 2011). C’était dans un petit étang avec des tours de 300 m, et ça m’avait paru bien long. Là, il va falloir faire…228 longueurs, et je dois bien avouer que le chiffre me parait assez surréaliste. Le délai pour sortir de l’eau est de 6h ; cela me semble tout à fait jouable en théorie, mais ne sachant pas comment je vais me comporter après 2 ou 3h de natation, cela constitue un paramètre que je ne maitrise pas, et je n’aime pas ça. Ce que je crains le plus ce sont les crampes dont je suis déjà systématiquement victime sur un simple IM et la fatigue musculaire au niveau des bras et des épaules. Pour limiter cela, j’ai choisi l’option combinaison sans manche. Merci à Rodolphe, mon entraineur au TCN qui m’en a donné l’idée et à Evrard du TCN également pour le prêt de la combinaison qui s’avèrera parfaitement adaptée à la situation. Bon, ne pensons pas trop à ces heures à passer dans l’eau à regarder les carreaux du fond !
La piscine, la veille de la course, encore ouverte au public
La même piscine, le matin de la course à 6h30, en configuration de course avec les lignes d’eau et les tentes des juges.
A 11h, prise de sang obligatoire pour le contrôle anti-dopage ; la fédération internationale ne rigole pas avec ça. Le toubib qui nous fait la prise de sang devrait aussi en faire une, car je le soupçonne d’avoir un taux d’alcool un poil supérieur à la limite permise ! Il ne s’agit qu’une prise au bout du doigt, et même s’il doit s’y reprendre à 2 fois avec moi (un peu dure la carapace de la tortue !), il finit par me ponctionner quelques gouttes de sang. On enchaine sur le briefing, rien de particulier, tout était parfaitement expliqué dans le guide du coureur. Guislain Maréchal, le Président de l’IUTA (international ultra-triathlon association) précise juste quelques nouvelles règles que les organisateurs ne connaissaient pas.
Le toubib au controle anti-dopage
Aie ! çà pique, et puis il pourrait se brosser les ongles de temps en temps le toubib !
Cool le briefing, mais efficace. De gauche à droite quelques organisateurs : Wolfgang le directeur de course, Henning, Inke (assise), Elke, Mathias, l'arbitre (assis casquette) et le roi du micro : Bernhard
On écoute bien sagement le briefing dit alternativement en allemand et en anglais
Remise des documents de course
Après le déjeuner, je termine de préparer tout mon petit bardas : alimentation, boisson, habillement pour les 3 disciplines et j’explique à mes supports comment gérer tout ça. La météo s’annonce assez clémente, mais surtout pour rouler la nuit, je préfère prévoir des vêtements toutes saisons. Déjà pour un IM comme l’Altriman avec sacs ravitos perso, il faut un minimum d’organisation, alors imaginez pour 2 jours de courses, tout ce qu’il faut prévoir. Pour essayer de ne rien oublier, depuis plusieurs mois, à chaque fois que je pensais à quelque chose ou qu’il me venait une idée pour améliorer mes conditions de courses, je la notais sur mon PC et j’ai fait une compile de toutes ces notes qui va me servir de check-list au moment de faire mon paquetage !
La sieste de l’après-midi est fortement perturbée par le jardinier du stade de foot juste à côté où nous sommes installés qui a choisi ce jour et cette heure-là pour tondre tout le terrain de foot et même avec une grosse tondeuse/tracteur, c’est long !
18h, briefing officiel et présentation de chaque concurrent individuellement. C’est très pro, mais l’ambiance reste bon enfant.
Présentation individuelle
Avec manu conraux et ghislain maréchal sur le podium de présentation (dossards 1.2 et 3). Je suis un peu intimidé quand même !
Photo de classe officielle avec tous les concurrents
le team de 3 allemands dont le futur vainqueur (accroupi deuxième à partir de la gauche)
le team de Ghislain Maréchal, très pro
le team tortue
Comme toujours, je préfère ne pas participer à la pasta party de la veille. Les pates sont souvent mal cuites, il y a souvent de l’attente et j’ai besoin d’être au calme, loin de l’agitation que tous les coureurs mettent. Inutile de perdre déjà de l’énergie en bavardages futiles. On passe donc la dernière soirée tranquillement tous les 4. Une dernière révision avec mes assistants et au dodo. Je m’endors assez rapidement, sans stress particulier, et je dors relativement bien. Comme je dis toujours, ça ne sert à rien de se prendre la tête à ce moment-là. Tout ce qui pouvait être fait a été fait et il est trop tard pour changer quoi que ce soit !
4/ Schwimmen/nager : 228x50m = 11400 m : 4h14
5h, réveil, énorme petit déjeuner et à 6h, on s’installe tranquillement à la piscine. Il règne une ambiance géniale et très contrastée. D’un côté, la plupart des concurrents sont dans leurs petits souliers, et de l’autre les très nombreux supporters et accompagnateurs sont là pour veiller à tous les détails et mettre déjà de l’ambiance avant même l’arrivée du chauffeur de salle. Chacun se pose où il veut sur les pelouses qui entourent le bassin. De mon côté, je me trouve un petit coin assez loin du tumulte et mes assistants eux, me laissent m’organiser à ma façon, et en profitent pour faire des photos et se mettre dans l’ambiance. Je suis assez zen finalement, je suis sûr de mon matériel et de mon organisation et relativement confiant dans mes possibilités. J’ai bien dormi les 3 ou 4 jours précédents et je sais que mon organisme est bien reposé. En plus, je n’ai absolument aucune pression puisque je suis là que pour finir et prendre mon pied !
Ma T1 : je me suis mis un peu à l’écart de la cohue
Mon SL4 prêt pour tout à l’heure
Ravito piscine
La piscine a bien changé depuis hier où tout le village barbotait en raison du beau soleil qui règne sur l’Allemagne et sur toute l’Europe en ce bel été 2013. Les lignes d’eau ont été installées, il y a des banderoles publicitaires partout et des tentes ont été installées à un bout de la piscine pour les officiels qui vont compter les tours. De l’autre côté de la piscine, chaque concurrent aménage sa petite zone avec son propre ravitaillement. Il y a un petit rebord contre le mur de la piscine qui permet de se tenir debout pour s’alimenter sans sortir de l’eau.
Nous sommes 42 au départ, soit 7 par ligne d’eau. A l’inscription, il nous a été demandé notre temps natation sur IM pour répartir les concurrents par niveau dans les lignes d’eau. Dans ma ligne d’eau : 3 allemands, une autrichienne, 1 suédois, 1 espagnol et…1 tortue française. Je salue amicalement mes futurs compagnons d’infortune et zou à l’eau. 50 m d’échauffement pour rejoindre l’autre bout de la piscine d’où sera donné le départ.
Salut mutuel et respectueux de mes collègue de ligne d’eau : ici Many, l’un des plus anciens, un danois hyper sympa.
Alexandra et son mari qui garderont le sourire pendant plus de 54 h !
Petit moment de concentration avant le départ
Good luck !
Avec joachim et son team
Bon, faut y aller maintenant !
7h, pan, le maire libère les 42 mabouls ! C’est parti pour…228 longueurs !
Rassurez-vous, il n’y a pas à compter les longueurs. Pour chaque ligne d’eau il y a 3 ou 4 juges qui sont préposés au comptage, et comme dans chaque ligne d’eau nous avons tous des bonnets de couleur différente, c’est facile de nous repérer. On peut s’arrêter à tout moment pour demander le nombre de longueurs faites ou à faire, et on nous répond toujours très gentiment.
Tout le monde est prêt !
C’est parti !
Je pars prudemment mais sans m’économiser non plus car j’ai pris l’option de partir à vitesse simple IM (3km/h), de m’arrêter le moins souvent possible et de tenir le plus longtemps possible comme ça et ensuite de gérer en alternant brasse/dos et crawl si la fatigue musculaire m’empêche de tourner correctement les bras. Très rapidement une hiérarchie s’établit dans la ligne d’eau. Alexandra, la concurrente autrichienne est un peu au-dessus du lot. Ensuite, je suis le deuxième plus rapide (ou plutôt moins lent) de la ligne et surtout le plus régulier car je ne m’arrête pratiquement jamais. 2 allemands et le suédois sont un poil plus lents, mais surtout moins réguliers que moi, mais je ne cherche pas à forcer pour les doubler quand je les rattrape. Je préfère rester dans les pieds et attendre qu’ils me laissent passer au virage ou qu’ils s’arrêtent pour se ravitailler. L’espagnol nage pas trop mal mais s’arrête tout le temps. Quant au troisième Allemand, c’est une enclume et je ne vois vraiment pas comment il va venir à bout des 11.4 km tant il nage mal techniquement, qu’il est lent et qu’en plus il s’arrête souvent. Il finira finalement juste avant le délai d’élimination des 6 heures.
Les longueurs succèdent aux longueurs. Je fais un peu le clown devant le photographe sous-marin. Le soleil est magnifique, l’eau très bonne et je n’ai absolument pas froid avec ma combi sans manche. Nous ne sommes que 2 en combi sans manche et je trouve le choix des autres assez surprenant tant le fait d’avoir les épaules dégagées facilite le mouvement. Je glisse autant que je peux, cherchant un maximum d’efficacité pour un minimum d’effort. Quand Alexandra me double, je mets un peu plus de puissance dans les bras pour rester dans ses pieds pendant quelques longueurs et bénéficier de son aspiration. Cette fille est d’une gentillesse extraordinaire. Elle terminera très loin le dimanche, mais je vais la voir toujours avec le sourire ! Quel plaisir de côtoyer des gens pareils !!!
J’allonge au maximum !
Un petit coucou au photographe sous-marin
La première heure se passe pas mal, sauf que comme toujours, j’ai des crampes dans le mollets qui m’enquiquinent régulièrement. Je les fais passer en pliant la cheville, ce qui ne favorise pas la glisse mais qui permet de limiter la douleur. Au bout d’1h20 environ (la durée d’un IM en général pour moi), j’ai un petit coup de pompe. Je m’arrête quelques minutes pour bien boire et manger. J’en profite pour parler un peu avec Iskan qui m’encourage et qui me confirme que de tous les concurrents, je suis celui qui s’arrête le moins. Marine continue sa séance de photo et Ariane vient de terminer son petit dej et vient aux nouvelles !
Boire un petit coup c'est agréable !
Marine et les enfants me soutiennent et m’encouragent
La plupart des équipes fait un double comptage et surveille attentivement leur concurrent. Nous on a rien prévu de tout ça et je fais une totale confiance aux bénévoles qui comptent les longueurs.
Ca barbotte dans toutes les lignes : la tortue, bonnet blanc, deuxième ligne en bas. Remarquez tous les défauts : coude pas assez haut, attaque de la main trop prêt de la tête, etc…
Pour la première fois, je m’arrête à la tente de comptage qui m’annonce 4600 m de fait. Je pensais en avoir fait moins. La nouvelle me donne du baume au cœur et je repars dans les pieds d’Alexandra pendant un bon km. Les crampes ont quasiment disparu, je nage presque « sans effort » tant la glisse est facile en piscine et en combi. J’essaie de faire vagabonder mon esprit, mais c’est impossible pour moi. Quand je nage, je n’arrive pas à penser à autre chose ! Toutes les 45’ environ, je m’arrête, je mange, je bois. Je me suis préparé des petites douceurs que j’aime bien pour m’aider à passer le temps : oursons en guimauve (mon péché mignon), Prince choco/vanille, crème de marron et aussi du salé : gruyère, TUC, et je tourne au coca et à la st Yorre. Je ne fais pas plus de 1 ou 2’ d’arrêt à chaque fois et je repars, bien remonté par les encouragements de mes assistants et par toutes ces petites douceurs ingurgitées que je me suis refuse depuis quelques temps pour essayer de « m’affuter » un peu.
Pause casse croute avec Joachim
Au fil des heures, les lignes d’eau des torpilles commencent à se vider (je suis dans la ligne 5, celle des fers à repasser, il n’y a que la 6 qui est plus lente avec les enclumes). Le premier sort en moins de 3 heures ! Hallucinant de facilité d’après ma fille !
Les premières lignes d’eau à gauche se sont vidées progressivement. Les enclumes continuent de nager….
Et maintenant, à chaque gars qui termine, cela met de l’ambiance autour du bassin. Ambiance que j’arrive à percevoir malgré ma semi-surdité et ma seule oreille valide qui est pleine d’eau. De temps en temps, je me fais une ligne droite en dos à 2 bras, pour m’arrondir un peu le dos car la position en crawl me « creuse les reins » et finie par être un peu douloureuse. Cependant, je suis surpris de voir les heures passer sans que la fatigue n’arrive ni que l’ennui s’installe. Je serais presque « bien » dans l’eau !
On m’annonce 10.000 m de fait ! Allez zou, plus qu’un petit CD à faire ! Je continue à crawler ! Je n’en reviens pas. Moi qui pensais finir complètement à la ramasse en alternant dos et brasse, pas du tout ! Ce qui me gêne le plus est une douleur à l’épaule qui au fil des km est de plus en plus importante et m’empêche de bien lever le bras. Mais la fin qui approche me requinque et me fait oublier la douleur.
Un peu de dos à 2 bras pour délasser et détendre le dos.
Pour les bénévoles qui comptent les tours, ça commence aussi à faire long !
Alexandra en termine toute souriante, je m’arrête quelques instants pour la féliciter et la remercier de son aide précieuse et je lui avoue que j’ai pris son sillage aussi souvent que possible. A vue de nez, je pense être 4 ou 500 m derrière elle, mais je ne m’arrête pas pour demander combien de tour il me reste. Je continue à mon rythme et à mon avant-dernier passage devant la tente de comptage on me passe un panneau sous l’eau « 100m » ! Allez plus qu’un seul A/R. J’essaie de réaliser que je viens de passer…4h14 dans l’eau, quand même ! Et le pire, je ne me sens pas spécialement fatigué, je suis exactement dans le même état que lorsque je sors de l’eau après un simple IM. Bien sûr, il faut tenir mentalement pendant des heures à compter les carreaux au fond de la piscine, mais physiquement, rien d’aussi terrible que je le pensais. La grosse différence par rapport à un simple IM, c’est que c’est en bassin, dans une eau calme et à 20°, sans stress due à l’orientation ou aux coups donnés par les autres concurrents. Si je déduis les 10 à 15’ d’arrêt que j’ai dû faire, j’ai en fait nagé peu ou prou à la même vitesse que sur un simple IM ! Wunderbar !
C'est fini ! ouf ! Un petit coucou et un grand merci aux bénévoles qui ont compté les tours.
Et oui, il n’y a plus grand monde dans l’eau !
Allez, encore l'échelle à monter !
Aie l’épaule qui couine me fait bien mal en enlevant la combi !
Bien content d’en avoir fini avec la flotte !
Cette partie natation que j’appréhendais est terminée ; je vais pouvoir commencer ma course !!!
Je me fais une transition peinarde ! Grosse pause technique aux toilettes et je prends même le temps de prendre une bonne douche en me savonnant bien (42 gugusses pendant 3 à 5 heures dans l’eau sans sortir, je vous raconte pas la pissotière à la fin !!!). Je m’habille tranquillement pour le vélo. Il fait un beau soleil, je pars en tenue d’été, tout en blanc et maillot sans manche. Après un petit ¼ d’heure de transition, j’enfourche mon beau Tarmac SL4 équipé de ses belles roues Zipp 303. A ce moment-là, on m’annonce en 29ème position ! Cela ne me fait absolument aucun effet, en revanche, c’est le coup d’œil à ma montre qui me met en joie. Il n’est pas encore 11h30 quand je monte sur mon vélo alors que même dans mes prévisions les plus optimistes je pensais y être au mieux un peu après midi !
« On the road again, now !!! »
La technique du double cuissard pour limiter le mal aux fesses !
En route pour le vélo !!!
5/ Fahrrad/rouler : 67x8km = 540 km
Le premier A/R vélo me permet de découvrir le circuit :
D’abord un petit km de plat complet pour sortir du village, puis un rond-point avec 2 plaques d’égout en plein sur la trajectoire idéale, puis un petit raidillon qui peut se monter assis mais que je monterais en souplesse en danseuse pour soulager les fesses, puis un long faux-plat descendant pour arriver au petit hameau de Nienrade, puis un faux-plat montant pour passer le pont au-dessus de la voix de chemin de fer, puis un nouveau faux-plat descendant et enfin un petit coup de cul (encore un petit coup de danseuse) pour basculer sur une petite descente sur le village de Beschendorf où s’effectue le demi-tour en passant par un petit lotissement un peu casse gueule. Il faut crier son numéro aux bénévoles chargés du pointage, surtout la nuit. Ensuite le retour se fait par la même route mais les descentes deviennent des côtes et vice-versa. Le rond-point en arrivant à l’entrée de Lensahn se prend cette fois-ci après une descente. On y arrive à plus de 40 km/h et c’est un peu délicat. Au bout de 10 passages, je connais la trajectoire par cœur et je le passe à bloc. Dans Lensahn, le demi-tour se fait sur la place centrale du PC course autour d’un rond point. Il y a des pavés rainurés qui secouent un peu en plus des deux grosses protections en plastic dur qui protègent les câbles électriques qui alimentent les tapis de chronométrage et les écrans de contrôle. Hormis ce passage « pavé », le revêtement est d’excellente qualité et très roulant. Il y a 2 trous à éviter et une cassure dans la route de qq centimètres au niveau du pont en travaux. Ce parcours n’est pas monotone car il n’est pratiquement jamais plat et il n’y a pas de longue ligne droite, ce sont plutôt de grandes courbes qui se passent sans problème les mains sur les prolongateurs. La route est fermée à la circulation, sauf aux riverains. Et sur 4 km, il y en a pas mal de riverains ! Mais, ils sont habitués, tous les ans, depuis 22 ans à avoir des gugusses qui pédalent pendant des heures devant chez eux. Aucune voiture ne me gênera (à part celle de l’arbitre qui fait des aller/retour aussi et qui a tendance à parfois gêner les concurrents !). Sinon, tout le monde fait bien attention aux concurrents. C’est de l’organisation et de la discipline, « à l’allemande ».
Il n’y a que les 2 demi-tours où il faut être vigilant pour ne pas avoir de mauvaise surprise. Il faut aussi faire très attention au niveau des tentes de ravitaillement. Certaines sont à droite de la route, d’autres à gauche et parfois des assistants traversent la route pour ravitailler leur coureur. En début de course, ça ne pose pas de problème car coureurs et assistants sont frais et vigilants, mais après plusieurs heures et surtout dans la nuit, il faudra redoubler de prudence.
Le parcours vélo : une « ligne droite » de 4 km à faire en aller et retour avec un rond-point à chaque bout
Petite relance après le demi tour de Beschendorf
Demi tour au PC course à Lensahn
J’ai positionné ma tente de ravito environ 150 m avant le demi-tour. En arrivant, je crie aux enfants mes consignes et pendant que je fais le demi-tour ils ont tout le temps de préparer ce dont j’ai besoin et je le prends côté droit de la route, sans qu’ils aient besoin de traverser. L’endroit est idéalement placé. Plus près du demi-tour, cela n’aurait pas laissé assez de temps à mes assistants pour s’organiser car ils me voient arriver au dernier moment (surtout la nuit où toutes les frontales se ressemblent de loin) et plus loin, cela m’aurait obligé à réduire l’allure que je venais de relancer après le demi-tour.
Le barnum vélo et mes assistants de choc
Roule ma poule !!!
Ma stratégie ravito est très simple. J’ai des besaces contenant toujours la même base : 2 sandwiches poulet/st morret, 1 morceau de gatosport que j’ai fait cuire dans des petits moules individuels à financiers ce qui me permet d’avoir des parts très faciles à manger sur le vélo, 1 paquet de mélange salé (cacahuète, noix de cajou, amandes, etc..), 1 pâte d’amande Gerblé, quelques bananes séchées et des fraises tagada, 1 bouteille de coca de 25cl revissable. J’attrape la besace au vol, je mets le paquet de cacahuètes dans une petite pochette sur le cadre et je mets tout le reste dans mes poches. Au tour suivant, je jette la besace vide à Marine avec les déchets de la besace précédente. Et elle peut m’en préparer une autre identique tranquillement en laissant les ingrédients au frais le plus longtemps possible. Avec une telle besace, je tiens 3 à 4 h sans m’arrêter. Et pour la boisson, j’ai 2 grands bidons de 800 ml: 1 pour l’eau, 1 pour un mélange 40% malto/40%hydrixir/20% wey protéine + 1 grosse pincée de sel. Et je renouvèle mes bidons à la demande en passant devant mon stand. Pour la boisson, il me suffit de crier ce dont j’ai besoin en passant devant mon stand et après mon demi-tour, je jette le bidon vide et je récupère le bidon plein. Simple mais bigrement efficace. Résultat, aucune perte de temps inutile et je vais, comme en natation, être l’un des concurrents qui s’arrêtera le moins. En effet, je sais que les pertes de temps peuvent être très importantes si l’on s’arrête trop souvent, surtout en vélo où il y a non seulement le temps d’arrêt complet à prendre en compte mais aussi le temps de décélération puis de redémarrage pour atteindre la vitesse de croisière. Cela fait perdre au moins 1’ à chaque fois, et sur 67 tours cela fait plus d’une heure de perdue inutilement.
Ravitaillement liquide
Ravitaillement solide
Bon, revenons à nos moutons. Je viens d’effectuer le premier tour, les jambes tournent pas mal, mais elles ne seront bien huilées qu’après au moins 30 km. Je roule très régulièrement, sans jamais m’arrêter tout l’après-midi. Il faut bon, mais pas trop chaud. Il y a un très léger voile nuageux qui nous protège des rayons ardents du soleil. Je ne cherche surtout pas à forcer, et malgré mon allure de sénateur (je dois être à 100 pulses minutes maxi), je constate que je suis parmi les plus rapides du circuit. Seuls 2 ou 3 gars me doublent de temps en temps et ceux qui roulent un peu plus vite que moi, s’arrêtent aussi plus souvent, ce qui fait que je ne me fais quasiment jamais doubler en roulant. En revanche, je double, et je double. D’après Iskan qui est allé au PC course régulièrement, je reprenais 1 à 2 places par heure. Mais pendant la course, je ne voulais pas savoir comment je me situais par rapport aux autres. Je ne voulais rouler qu’en fonction de mes sensations sans me préoccuper des autres.
Fastoche pour l’instant !
Pour les enfants, les heures passent en guettant mes passages mais aussi en s’amusant
Elles sont pas belles mes filles ?!
Après 200 km, je ressens un petit coup de pompe. Comme en natation, après la distance du premier IM, j’éprouve le besoin de souffler, un peu comme si le corps devait réaliser que ce n’était pas fini avant de se remettre en route ! Je lève un peu le pied, je bois, je mange presque en continu mais sans m’arrêter. En fin d’après-midi, le soleil perce le voile nuageux et il se met à faire très chaud. Je m’accorde ma première pause aux toilettes pour me soulager les intestins et m’asperger abondamment au robinet. J’en profite d’être descendu de vélo pour m’arrêter pour la première fois au stand pour manger un peu de consistant (une grosse salade quinoa/noix/gruyère/surimi). Je refais le plein d’eau et de nourriture et le repars : 10‘ d’arrêt maxi avec la pause au wc.
Une petite pause et ça repart !
Chacun son style !
En début de soirée, je dis aux enfants que je suis autonome pour plusieurs heures et qu’ils peuvent aller diner tranquillement au camping-car. Je reprends mon rythme, le coup de barre est passé, le soleil est allé se coucher, le vent qui a pas mal soufflé l’après-midi s’est calmé, je sens que dans quelques heures la nuit va être magique et étoilée et que je vais y prendre beaucoup de plaisir (j’adore rouler la nuit !). Et tout d’un coup, un peu après la mi-course vélo, je vois débouler un gonze en VTC, avec une perche micro qui supporte une caméra et qui commence à m’interviewer pour un passage en direct live sur le net. Je passe le coucou aux copains, et dans la descente suivante, je le largue. Mais au faux-plat suivant, je le revois qui me rattrape ?! M’enfin, je suis quand même à plus de 30 km/h sur les prolongateurs et lui, une main sur le guidon, l’autre tenant sa perche caméra, il me double en fumant la pipe et en rigolant ! Au bout de quelques secondes, je pige enfin !... Il a un vélo électrique, le bougre ! Je vais plus vite que lui dans les descentes, mais il me rattrape en côte ! Bon, je reprends mon interview plus longuement en racontant quelques âneries tortuesques !
C’est là après 1’35’’ environ :
http://www.youtube.com/watch?v=a_Xd2UgmesA&list=UUeQNEf_sBek1IlRtqWg3XvA
Les enfants étant revenu de diner, je me suis équipé pour la nuit : lumières, maillot vélo manche courte + manchettes (cela suffira toute la nuit qui sera assez douce). Quand la nuit noire est là, je dis aux enfants d’aller se coucher, il est 22h30 environ. Ils voudraient bien rester mais je leur fait comprendre qu’il faut aussi qu’ils aillent se reposer car je vais encore avoir besoin d’eux demain, et puis, je me connais, j’ai besoin maintenant de rentrer dans ma bulle, de ne plus voir personne, de ne plus parler à personne. Je charge mes poches, Marine me prépare 2 besaces d’avance et des bidons qui vont rester frais puisqu’il fait nuit maintenant. Je peux tourner toute la nuit sans eux, en autonomie. Je les embrasse, leur souhaite une bonne nuit et ma petite Ariane me promet d’être là dès 5 h du matin !
Une longue nuit commence, calme, sereine. Dans les tentes des assistants, la fatigue et le sommeil font leurs effets. C’est tout un petit monde qui somnole et qui guette le passage de son coureur. Il faut à peu près 20’ pour faire l’A/R et on ne passe que quelques secondes, cela ne doit pas être facile pour les assistants pour être prêt juste au bon moment ! Les assistants dorment comme ils peuvent emmitouflés dans des sacs de couchage. En effet, à rouler, il ne fait absolument pas froid, mais à attendre sans bouger, on voit qu’ils n’ont pas très chaud et je me dis que j’ai bien fait d’envoyer les enfants se coucher au camping-car. Certains concurrents s’arrêtent, épuisés et dorment sur des pliants. Avec la nuit, mon rythme a baissé, mais je suis toujours régulier, sans m’arrêter, sauf pour prendre un bidon de temps en temps. Contrairement à la natation, j’arrive à faire totalement le vide dans ma tête, et à dissocier les jambes de la tête. Plein de pensées traversent mon esprit, c’est le moment que je préfère sur ces courses longues distances. Sur Paris Brest Paris, j’avais connu ces moments-là lorsque je m’étais retrouvé seul la deuxième nuit, mais il fallait rester vigilant à cause de la circulation, mais là avec un circuit quasiment fermé et que je connais par coeur, je peux rouler sans me préoccuper de la conduite du vélo et laisser libre court à mes pensées. Les endorphines jouent à plein, je suis bien (un peu mal aux fesses quand même !) et les heures et les kilomètres passent tranquillement. Arrivent le moment que je crains un peu vers 3 ou 4 h du matin car c’est en général là que j’ai mon coup de fatigue. Et ça ne loupe pas, d’un seul coup, j’ai sommeil, très sommeil. Je suis obligé de me mettre des grandes claques sur les cuisses pour ne pas m’endormir sur le vélo. La tentation est forte de m’arrêter dormir un peu, mais pour l’avoir fait lors de mon raid ardéchois en juin, je sais que je vais me refroidir et avoir encore plus de mal à repartir. Je me prends donc 2 vitamines C, je me trempe la tête dans un baquet d’eau froide et je repars en attendant que ça revienne avec les premières lueurs du jour.
Pas beaucoup de photos de la nuit en vélo car les photographes font dodo !
Après 1 ou 2 heures difficiles, l’aube arrive enfin. Le ciel est parfaitement dégagé, une grande et belle journée ensoleillée s’annonce. Il me reste environ 70 km à faire, une paille ! A peine une petite sortie du matin avant d’aller bosser ! Et à 6h, Ariane arrive la première, les yeux encore gonflés de sommeil. Je suis content de la voir. Le jour qui se lève plus le sourire de ma petite vont définitivement me remettre en selle et je vois le compteur qui repasse les 35 km/h pour les dernières heures. Marine et Iskan arrivent ensuite. Je leur demande de se renseigner sur comment de fait la transition.
Juste avant 7h du matin, presque 24h après le top départ, et après 19h30 de selle, je descends de vélo, j’ai mal aux fesses, mais surtout aux « reins ». Une chaise et mes affaires de CAP m’ont été préparées dans la zone de transition sur la place centrale. Il fait déjà chaud, je pars en trifonction du TCN, casquette, chaussette de compression et mes vieilles Mizzuno qui ont des centaines de km au compteur.
J’ai attaqué le vélo en 29ème position hier midi, et en ce dimanche matin, j’apprends que je suis remonté à la 9ème place. Je suis un habitué de ces remontées importantes en vélo puisque c’est mon point fort et que la natation est mon point faible, mais là, je trouve ça quand même assez inouï ! Je me garde bien cependant de m’enflammer, il reste quand même…126 km à se taper en courant !
6/ Laufen/courir : 96x1,32 km = 126,6 km
Lorsque je commence à courir, je suis plié en 2 sur les premières foulées et j’ai l’impression d’avoir un sac à dos rempli de cailloux à porter, et puis, oh magie, au bout de quelques centaines de mètres, je me redresse tout doucement et j’arrive à trouver une foulée à peu près correcte, passant progressivement de la position « cycliste » à la position « coureur ». La foulée est assez rasante certes, mais elle me semble suffisamment efficace et je l’estime à vue de nez à 10.5 km/h.
Je découvre ainsi le circuit CAP, qui se présente comme un grand carré autour du complexe sportif. En bas du circuit, se situe la place centrale, de laquelle part une première ligne droite, pas fun, sans public, sur le trottoir le long d’un boulevard, avec des petits trottoirs à traverser et des arbres au milieu du trottoir, puis virage à 90° et on passe dans une rue bordée de pavillons cossus avec des jardinets très sympas. Le début de la rue est en cote sur 100m environ. Je remarque que tout le monde marche sur ces quelques mètres même les meilleurs qui sont sur le circuit depuis plus longtemps que moi. Même s’il est tout à fait possible de courir car la pente n’est pas énorme, je vais faire pareil dès le quatrième tour car le gain de temps marche/course n’est pas intéressant par rapport à la fatigue supplémentaire engendrée. Encore un virage à 90° pour attaquer la ligne droite qui traverse le complexe sportif en laissant les vestiaires du stade à droite et toutes les tentes des assistants à gauche et l’école dans laquelle sont hébergés pas mal de concurrents avec leur staff. Le camping-car est situé au bout de cette ligne droite qui est elle aussi en léger faux plat montant. Le virage à 90° suivant permet d’attaquer la dernière ligne droite du carré qui ramène à la place centrale et cette partie est en descente assez marquée au début puis un peu plus douce. Il y a un peu de pelouse sur laquelle j’essaie de courir pour limiter les impacts au sol moins traumatisant que sur le bitume. Comme pour le parcours vélo, on se dit que ça va être pénible de tourner sur un si petit circuit, mais en fait comme c’est varié et qu’il y a du monde à peu près partout je ne vais jamais éprouver de lassitude par rapport au parcours. Ce serait même presque plus facile à gérer de savoir que toutes les 10’ environ on repasse au stand.
Le circuit CAP
Les premiers km se passent donc plutôt pas mal, je suis à peu près à 9’ au tour et les sensations sont bonnes. La seule chose qui m’inquiète pour l’instant c’est que nous sommes très tôt dans la matinée et le ciel est bleu azur et il commence déjà à faire chaud. Vers 10/11h du matin, la chaleur commence déjà à faire des dégâts, sur moi un peu, mais sur certains encore plus. C’est ainsi que Ghislain, pourtant un sacré costaud, va connaître un passage à vide terrible qui va lui faire perdre sa première place. Martin, mon voisin Danois qui est dans les 4 ou 5 premiers, va aussi s’arrêter. Il n’y a que Manu Conraux sur lequel le soleil ne semble pas avoir d’emprise. Il a mis un flottant, un petit maillot débardeur et une casquette saharienne façon vintage. Avec un peu d’imagination, on pourrait presque voir Mimoun courir ! Et quelle foulée ! Je suis sidéré à chaque fois qu’il me double. J’ai posé le vélo 1h avant lui, mais à cette vitesse-là, il aura vite fait de me rattraper.
Ca commence à chauffer sous la casquette
A midi, je n’en peux plus. J’étouffe, je ne trouve plus ma respiration tellement l’air me brule les poumons ! Il fait chaud, c’est vrai, mais j’ai déjà couru par des chaleurs bien plus importantes sans ressentir cela. En plus, il y a très peu d’ombre sur le parcours, il n’y a pas non plus le moindre souffle de vent et la fatigue accumulée depuis près de 30h doit accentuer la sensation d’étouffement. Et maintenant, une colique terrible m’oblige à m’arrêter plusieurs : soleil + diarrhée, je risque la déshydratation majeure. Heureusement, les organisateurs vont vites réagir devant les conditions climatiques. Ils mettent en place des bassines d’eau fraiche tous les 200 m environ et certains riverains en rajoutent encore, ce qui fait que j’ai toujours la casquette dégoulinante. Un sympathique riverain de la rue en côte met même à disposition un tuyau d’arrosage. En plus, dans chaque ligne droite, les organisateurs mettent des grandes poubelles pleines de glaçons. A chaque passage j’en mettrais une poignée sous ma trifonction au niveau des quadriceps et je me frotterais le visage et la nuque avec une poignée de glaçons dans la petite cote où je marchais. Et en plus de ça, à chaque tour, quand je m’arrête à mon stand pour boire 2 grands verres d’eau et de St Yorre, Iskan me met des éponges d’eau fraiches au niveau des épaules et dans le dos. Cela me permet d’éviter la surchauffe, mais en revanche, je cours toujours mouillé et bien sur les pieds trempés, ce qui aura pour conséquences des dégâts considérables sur mes petits orteils (tous mes ongles sauf 1 vont tomber dans les 15 jours suivant la course !).
Ca chauffe de plus en plus
Chacun lutte à sa façon contre le soleil
Aux alentours du 35ème km, je n’en peux plus, je suis à bout physiologiquement et je commence sérieusement à me demander si je vais réussir à finir, et mentalement, je ne suis pas très loin de mes limites non plus. En effet, je continue à courir, mais je ne ressens absolument plus mon corps. Il avance « tout seul » comme un zombie ! Marine est très inquiète, je le vois et mes paroles pour la rassurer ne sont pas très efficaces. Ma petite femme qui se tient au courant par Marine me demande aussi d’arrêter, mais je refuse pour l’instant. Je veux absolument boucler le premier marathon avant de faire un arrêt, je sais que psychologiquement, m’arrêter avant le premier marathon serait très difficile à surmonter. Je suis plus sur les bases de 12’ au tour, mais j’avance ! j’avance ! au courage, avec l’énergie du désespoir comme si la course devait s’arrêter après ce fichu premier marathon !
A la limite de l’abandon
Enfin, je boucle le 32ème tour (le marathon !) et je m’arrête à mon stand. J’enlève chaussure et chaussette de contention et déjà je me sens mieux. Ces chaussettes de contentions très serrées et noires en plus m’ont complètement « étouffé » les mollets. Sur les conseils de Bernard, un autre français super sympa, je trempe mes pieds dans une bassine d’eau remplie de glaçons. Le choc thermique est si fort que j’ai un pincement au cœur, à la limite du malaise, mais là aussi, ça me fait un bien fou ! Je mange comme un ogre : salade quinoa, purée, jambon, tagada, ourson guimauve et après moins de 10’ de pause, je repars avec des chaussettes basses et une autre paire de chaussure, une pointure plus grande tellement mes pieds ont gonflé.
Premier arrêt véritable de la CAP : Marine me dorlote les mollets pendant que j’ai les pieds qui trempouillent dans la glace
Le coup de barre est passé, ça repart !
J’appréhende le redémarrage, mais dans la descente qui est juste après le camping-car, je cours sans problème et je sens tout mon corps renaitre ! Des hauts et des bas sur des ultra trails, j’en ai connu, mais une telle différence en seulement quelques minutes, je n’en reviens pas. La question que je me pose est comment gérer ce temps forts ? Dois-je m’économiser ? Dois-je profiter de l’embellie ? Je me dis que ce qui est pris n’est plus à prendre et pendant 1 semi-marathon environ, je vais reprendre mon rythme de 9’ au tour environ. On est pourtant aux heures les plus chaudes de la journée. Je vois beaucoup de concurrents souffrir de plus en plus de la chaleur (sauf ceux qui commencent seulement à courir maintenant. et oui, les écarts sont déjà énorme après 30h de course !).
photos des marcheurs cramés
En ce bel après-midi, Ariane est allée acheter des glaces et me donne un énorme Magnum que je vais savourer et qui va me faire un bien fou ! En plus de l’eau et des glaçons, l’organisation à rajouter une petite table de ravitaillement avec de la pastèque et du raisin, bien frais ! A chaque tour, j’en prends un peu et je me délecte du jus frais des fruits que je laisse « fondre » dans ma bouche. Je vais ainsi connaitre quelques kilomètres de purs plaisir. Je plaisante à chaque tour avec Bernhard, le sympathique speaker qui va animer pendant toute la course : « allez encore un tour !», « one more lap ! » « Noch einmal ! » des brides d’allemand du lycée me reviennent. On rigole bien !
Mais au 52ème tour, alors que les jambes tournent plutôt pas mal, j’ai un coup de barre terrible. En moins de 100m, je sens le sommeil me gagner. Impossible de garder les yeux ouverts sans faire un gros effort. Le camping-car est à 400m, je l’atteins en me mettant des grandes claques sur les cuisses pour ne pas m’endormir debout. En arrivant au camping-car, en titubant, je m’écroule sur une chaise et je demande à marine de me réveiller dans 10’ pas une de plus. Je vais sentir ma tête « tomber » sur le côté, avant même de m’endormir, mais 5 secondes plus tard, je dors à poings fermés.
Dans les bras de Morphée, à des années lumières de lensahn
Iskan veille sur mon sommeil. Il m’avouera après la course se demander qu’elles peuvent bien être les motivations de tous ces gus qui tournent pendant des heures…
Quand Marine me réveille au bout de 10’, je ne sais plus sur quelle planète j’habite. Complètement hébété, je lui demande qu’elle me laisse encore 5’, ce qu’elle fait, et lorsque qu’elle me réveille après ces 15’ de sommeil d’une profondeur que je crois n’avoir jamais connue, je me lève presque d’un bond, avale quelques bricoles, me balance de l’eau sur le visage, et je mets une poignée de glaçons sous ma casquette. Et là encore, miracle, dans la descente qui est juste après le camping-car, je vais me remettre à courir comme si je partais pour mon footing du dimanche matin, reposé comme si je venais de dormir une nuit entière.
Je me dis que le corps humain est décidément une bien curieuse machine et je profite de ce nouveau temps fort pour relancer sur les bases de 10’ au tour en moyenne. Au passage sur la ligne suivant, je constate que je suis « tombé » à la douzième place. En d’autres temps, cela m’aurait agacé de perdre des places en CAP. Mais là, après avoir tant souffert et être passé tellement près de l’abandon vers midi, je me dis que c’est déjà vachement bien d’être toujours en course et au contraire cela me remonte le moral. D’autant que je sens un bon temps fort arriver.
Et c’est reparti à nouveau, avec l’ œil plus vif que tout à l’heure
L’après-midi est bien avancé maintenant, je souffre beaucoup moins de la chaleur, surtout depuis que j’ai enlevé ces maudites chaussettes de contention. Mes problèmes intestinaux de la matinée sont complètement oubliés. Je peux boire et manger en abondance. Quelques gros nuages blancs cachent le soleil et l’air devient plus frais. La vie est belle et tranquillement, je passe le deuxième marathon ! Je peux m’accorder 5’ de pause où je me fais un gloubiboulga spécial : purée/cacahuètes/dés de jambons le tout bien mélangé, et comme il me reste un petit creux, je me fais un bon bol de coquillettes au fromage ! miam !!!
Pendant que j’engloutis, Iskan et Ariane bichonnent leur poulain avec des petits massages bien réconfortants physiquement mais surtout moralement !
Je repars bien requinqué (un peu lourd du bide quand même !) et je constate que les nuages blancs commencent à faire place à des nuages de plus en plus foncés et j’espère même un peu de pluie pour rafraichir l’atmosphère. La troisième paire de chaussures toutes sèches que je viens de mettre ne va pas le rester très longtemps. En effet, de la pluie, on va en avoir car c’est un orage terrible qui éclate. Les abris des assistants s’écroulent les uns après les autres, soit sous l’effet du vent, soit sous l’effet des trombes d’eau qui s’accumulent sur les bâches. C’est la panique générale. Au PC course, tout le monde essaie de tenir les tentes et les barnums et de préserver le matos. Les tableaux de contrôle n’affichent plus rien. En moins de 10’ les rues commencent à se remplir d’eau. On ne voit plus les trottoirs et en haut du circuit, il y a une « flaque » d’une centaine de mètres de long dans laquelle j’ai de l’eau jusqu’aux genoux ! Les pompiers arrivent et tentent de canaliser l’inondation ! C’est peine perdue, il y a beaucoup trop d’eau d’un coup ! Tout le monde s’abrite comme il peut, spectateurs, organisateurs et coureurs.
Il pleut, il pleut bergère
Marine et Iskan gardent le sourire malgré la pluie et la fatigue
Et moi dans tout ça ? Cette pluie me fait un bien fou. Après m’être assuré que malgré la disparition des écrans de contrôle, les tours étaient toujours bien comptabilisés, je continue à tourner, à tourner, tout seul sur le circuit, tout le monde étant aux abris. Mais à un moment, la grêle se met à tomber avec une violence et avec le vent de face, elle me cingle tellement le visage que je m’abrite quelques minutes sous une porte cochère car je suis toujours en trifonction et que ça fait mal aux épaules tous ces petits grêlons quand même !!!
Au tour suivant, je constate que notre campement a plutôt bien résisté par rapport à d’autres qui sont totalement détruits, je vide l’énorme poche d’eau qui s’est formée sur la toile du barnum, et je fais coucou à mes assistants de choc qui se sont réfugiés trempés et transis dans le camping-car. Marine me demande de m’abriter un peu. Surtout pas, « tout le monde est arrêté, je vais gagner plein de place », lui dis-je en rigolant !!! Elle me savait un peu fêlé, mais là, elle n’ose même pas me contredire ! Je récupère quand même un kway pour me protéger la peau, et je repars sous le regard un peu incrédule des autres concurrents et du public qui était nombreux en ce début de soirée sur la place centrale car il y avait de nombreuses animations prévues en marge de la course. L’animation principale étant la dégustation de saucisses et de grandes chopes de bière !
Chez les voisins d'en face, l’orage a été assez dévastateur. De la camelote leur barnum !
Je vais faire ainsi plusieurs tours tout seul sur le circuit. Tout seul ? Non, car je vois aussi Ghislain, très à l’aise aussi qui semble avoir très bien surmonté son coup de mou de la canicule et qui court comme un gamin dans les flaques, il est même impressionnant de vitesse !
Seul en piste sous le déluge rafraichissant !
Ghislain aussi aime bien barboter !
Et puis, après l’orage, le calme revient doucement. La pluie cesse complètement, le vent tombe aussi, l’air est beaucoup plus respirable, les flaques s’évacuent progressivement, les assistants épongent les campements, et les tableaux de chronométrage se rallument. Et là, surprise, de la 10ème place avant l’orage, je me retrouve 8ème avec 2 gars devant à moins d’1 heure ! Banzaï !
Au centième km, je m’accorde une petite pause à la maison où se déroule un pique-nique géant avec les riverains et certains organisateurs qui nous ont encouragé et abreuvé toute la journée. Je leur offre une bonne bouteille de Bordeaux que j’avais dans le coffre du camping-car. Le geste est apprécié et on me propose une bonne chope de bière et une saucisse. Merci, sans façon, la bière, ce n’est pas mon truc et puis comme je ne me sens plutôt pas trop mal pour un gus qui est en piste depuis un peu plus de 38h, j’ai pas envie de trop m’attarder. De plus, je sais maintenant que je vais finir et je peux me « lâcher ». Je prends donc pour la première fois mon MP3. Je me mets ma sélection de musique "speed" bien fort dans l'oreille (Abba, ACDC, une sélection rock’n roll,etc…) ; et c’est parti, je décide d’accélérer et de mettre tout ce qui me reste ! Je me dis que plus vite j’irais, plus vite j’aurais fini et même si devant, les gars sont loin, si ils faiblissent, je peux encore peut être en reprendre. Mais à ce moment-là, ma priorité est de finir car il me reste un gros semi-marathon à faire et j’ai envie que ça se termine.
Remonté comme une pendule
MP3 pour le sprint final !
Je demande donc à Marine de ne plus s'occuper de moi pendant les 2 prochaines heures. J’ai bien assez mangé jusque-là et je peux finir avec ce que j’ai dans le ventre. De toute façon, ma table de ravito a été dévastée par l’orage et à part quelques chips qui flottent dans un bol, il n’y a plus grand-chose à manger. Je vais juste demander à ce qu’il y ait toujours un verre de St Yorre de rempli, ce qu’Ariane fera très consciencieusement.
Ariane qui veille son papounet dans la nuit noire !
Je me mets dans ma bulle, le cerveau en veille, la musique à fond dans l’oreille, j’allonge la foulée et incroyable, les jambes répondent et je repasse largement sous les 10’ au tour. Je suis, et de loin, le plus rapide du circuit et je reprends même des tours à Manu Conreau. Je vois les gens m’encourager, surtout les assistants des autres français, et notamment le team de Ghislain qui se demande bien ce qui m’arrive, mais je ne les entends pas. Je suis dans un état « second », le regard droit devant et lâchant toute l’énergie qu’il me reste. Je n’ai plus mal nulle part. Dans les faux-plats montants, je tire sur les bras pour ne pas perdre de temps et dans la descente, je « fonce » ! Je ne plaisante plus à chaque passage sur le tapis de chronométrage. De toute façon, la nuit est tombée et l’orage a bien plombé l’atmosphère. Seule l’arrivée des premiers concurrents met de l’ambiance, sinon, le calme est en train de s’installer pour la longue nuit qui s’annonce pour la plupart des concurrents.
A fond dans la nuit !
L’arrivée du vainqueur, c’était juste avant l’orage
L’arrivée de Martin, troisième ! Chapeau, pour un gars qui avait un lumbago le vendredi matin !
En regardant les temps détaillés après la course, je me rends compte en tapant ce compte-rendu que je tourne certain tour en 8’30, c’est-à-dire à la même vitesse que les 10 premiers km. Ce n’est pas la vitesse supersonique, certes, mais cela me parait tellement rapide, surtout quand je compare à mon allure d’il y a quelques heures et à celle des autres qui marchent beaucoup ou qui ont une foulée très raccourcie et rasante ! A ce rythme là ; les tours défilent vite, et je commence le compte à rebours dans ma tête ! Et à 10 tours de l’arrivée, le panneau d’affichage me donne…6ème ! J’ai rattrapé 2 concurrents en 1h30 environ ! Non seulement je vais plus vite, mais eux coincent et s’arrêtent souvent. Or sur c’est course d’ultra, je suis persuadé que la gestion des arrêts est au moins aussi importantes que la vitesse de course elle-même.
Je pense que quand on arrive proche du but, il y a deux réactions possibles : Il y a ceux qui savent que c’est gagné, qui ont mal partout et qui se contentent de finir en roue libre et puis il y a ceux qui sont attirés par la dernière ligne droite et qui veulent en finir le plus vite possible, en oubliant les douleurs car bourrés d’endomorphines. Pour avoir connu la première réaction lors du Paris-Brest-Paris et pour avoir connu la deuxième réaction lors de la plupart de mes ultras, je préfère largement la deuxième, bien sur !!!
Le dernier tour s’effectue en sens inverse du circuit, cela permet de croiser tous les autres concurrents encore en ligne qui vous félicitent tous chaleureusement. Sur ces dernières heures, j’ai donc croisé et félicité les 5 qui ont fini avant moi : Mark (Allemagne) qui a été en tête dès la douzième heure et qui n’a jamais faibli ensuite, Casper (Danois) que j’ai cru complètement au bout du rouleau en fin d’après-midi et qui est reparti après une longue pause, Martin (mon voisin Danois) qui accroche un superbe podium alors qu’il avait un lumbago la veille que j’avais traité avec des médoc que j’avais amenés pour moi, Marc-Andre qui fera une superbe remontée en CAP de la 10ème à la 4ème place. Quand je croise Manu, j’enlève le MP3, je redescends sur terre et je m’arrête pour le féliciter (c’est le plus rapide en CAP, il remonte de la 15ème à la 5ème place !) et on se donne une accolade très « forte ». Toute la course, avec Ghislain et les autres français, il a eu un petit mot gentil pour moi à chaque fois que l’on se côtoyait. J’ai même couru quelques tours avec lui. Je ne le connaissais que très peu et c’est quelqu’un d’extrêmement simple et sympathique que j’ai beaucoup apprécié. C’était son 11ème triple IM et on ne compte plus ses résultats et ses exploits en ultra, toutes disciplines confondues (PBP, UTMB, 24h, sparthatlon, etc…). Comme je l’ai déjà dit, finir si proche d’un champion de son envergure est ma plus grande satisfaction sportive sur cette course.
7/ Le Bonheur : Glück
Il ne me reste que 3 tours à boucler. On commence à s’organiser avec Marine, Iskan et Ariane pour savoir comment nous allons faire le tour d’honneur. Je m’assure auprès du PC que l’écart avec le suivant est fait et que je peux finir le dernier tour tranquillement. Pas de problème, le suivant est presque 45’ derrière ! J’ai vraiment fait un bel écart sur les dernières heures et mon troisième marathon aura été le plus rapide (je crois que je suis le seul concurrent à avoir fait ça).
Et c’est enfin à moi de faire le dernier tour en sens inverse ! L’organisation a prévu un drapeau pour chaque nation présente. Je récupère le drapeau et même si je ne suis pas spécialement chauvin, mais je dois avouer que je suis assez fier de le mettre sur mes épaules. On va faire le dernier tour en marchant avec mes 3 perles d’assistants. Chaque concurrent que l’on va croiser va s’arrêter et nous féliciter chaleureusement. Même ceux avec qui je n’ai pas beaucoup communiqué de toute la course ont un mot gentil. Je ne manque pas de leur souhaiter « good luck » ! Pour certains, il reste encore…50 ou 60 kms à faire ! On passe tout doucement dans la ligne droite des stands et là encore nous sommes félicités. Arrive la maison des joyeux pique-niqueurs où l’on me propose de déboucher ma bouteille de St Estèphe pour fêter ça, mais je leur conseille plutôt de la déguster tranquillement dans quelques jours quand elle aura reposé un peu et surtout après l’avoir bien laissé s’oxygéner.
Dernier tour en sens inverse : salut et encouragement pour ceux qui continuent
Près de 20’ pour faire le dernier tour et le déguster doucement, tous les 4, comme une mission accomplie avec un beau travail d’équipe.
Et voilà la place centrale, il est plus de minuit, il n’y a plus grand monde. Bernhard, le sympathique speaker est parti se reposer un peu car pour lui aussi, ça dure 48h, mais l’organisation quand même a tout prévu. D’autres bénévoles nous accueillent, et après 41h33, je passe sous l’arche « ZIEHL » ! Yes ! Cette arche, je suis passé devant 67 fois en vélo et 96 fois en CAP depuis hier matin. Je la lorgnais de temps en temps en me disant, comme le client de l’hôtel de la MAAF : « je l’aurais !» Et cette fois, je passe enfin dessous, c’est un soulagement et surtout un sentiment de travail bien fait que je ressens à ce moment-là (good job, comme ils disent !) !
Embrassades avec Marine, Iskan et Ariane, photos sur la chaise des finisher, signatures de l’arche d’arrivée et après avoir laissé retomber la pression, je vais voir le kiné pour un bon massage.
Good jod, the turtle team !
Ziehllllllllll !
Pas de larmes de joie, mais un grand, très grand moment d’émotion familiale.
Bon, ben, ça c’est fait
Il vaut cher ce t-shirt de finisher
Tous heureux, mais quand même les regards sont bien fatigués
Signature du t-shirt collector
Signature de l’arche d’arrivée !
Sous la tente du kiné, Manu dort comme un bébé et ronfle comme un sapeur. Après 30’ de délicieux massage, je ressors de la tente médicale et je retrouve ma petite famille, et là, très gros coup de mou. La tête qui tourne, les jambes qui lâchent, et des nausées très importantes. Le camping-car se trouve à moins de 300m, mais cela me parait très très loin. Une fois arrivé « là-haut », je me sens un peu mieux. Je vais prendre une bonne douche, répondre à quelques sms, car les copains du zoo et d’ailleurs ont fait exploser ma BAL (merci les copains, Marine me lisait régulièrement les sms, et je vous savais tous derrière moi. Vous ne pouvez pas savoir combien ça fait du bien de savoir que dans la solitude de l’effort, il y a des amis qui pensent à vous !). Et je m’endors, enfin !!!
Après quelques heures d’un sommeil agité, je suis réveillé par des douleurs dans les jambes et les pieds. Je sors du camping-car, il fait encore un peu nuit, et la vision est surréaliste : je vois les autres concurrents qui continuent à tourner. En ce petit matin, il n’y a presque que des zombies. Certains courrottent, d’autres marchent, et même titubent, mais ça avance ! Roli, mon voisin suisse est allongé devant sa caravane, les yeux ouverts et il semble pourtant dormir. Alexandra a gardé son beau sourire ! Quand je vois la plupart marcher péniblement et qui vont se trainer encore pendant des heures, j’admire leur courage, et je suis bien content d’en avoir fini sans avoir à marcher comme ça. Toujours j’ai couru, pas vite certes, mais je ne voulais pas que ce triple IM se termine en lente agonie pédestre.
photos des concurrents en détresse
Il est encore très tôt, et comme tout le monde dort dans le camping-car, je décide de descendre au village me prendre un café au bistro du coin. Je prends le vélo de Victor, et j’ai l’impression que mes cuisses vont éclater. Je mets grand pignon, petit plateau et même comme ça, je trouve ça dur. Je vais passer une bonne partie de la matinée, au soleil, en terrasse, à lire tranquillement tous les sms et tous les mails de la nuit ! C’est sympa, cela me fait revivre ma course. Encore merci à tous ceux qui ont eu une pensée, un message, un petit mot de soutien. Cela fait vraiment très chaud au cœur de ne pas se sentir seul, même si la présence est à distance et par la pensée !
Vers 10h, je ramène les croissants tout chaud à mon équipe ! C’est à mon tour de les ravitailler et Ariane doit prendre le départ du triathlon enfants à midi. L’orage d’hier n’a laissé aucune trace, et il fait un soleil magnifique. L’ambiance est excellente autour de la piscine où toute la ville semble s’être réunie ! Avec mon t-shirt de finisher, je suis « la vedette ! ». Certains enfants me demandent de leur signer un autographe sur des programmes ou sur leur t-shirt ! Eh bien, je ne m’attendais pas à ça !
48 h après moi, c’est Ariane qui va se mettre à l’eau
Les enfants du village se font signer leur t-shirt par les « finisher »
Ariane sort la première de l’eau, faiblie un peu en vélo, mais se reprend bien en CAP pour finir troisième et première fille. Elle passe sous la même arche que la mienne et reçoit un beau diplôme.
Loin devant tout le monde en natation
Tranquille en vélo
La même arche que celle des « grands ». Première fille ! Pas peu fier le papa !
Diplôme et médaille comme papa !
Je suis content d’être là et de partager ces bons moments avec tout le monde, mais je commence à avoir un nouveau coup de barre ! J’ai surtout les orteils explosés par tant d’heures à courir les pieds trempés et j’ai des hématomes sous tous les ongles des orteils ou presque (15j après, il ne me restera plus qu’un seul ongle, tous les autres vont sauter les uns après les autres !).
Un bain de pied dans de l'eau glacée pour diminuer les oedèmes et les douleurs
Pendant le déjeuner, on continue à encourager les concurrents qui continuent de tourner et qui passent devant le camping-car. Ensuite, je vais me faire une bonne sieste où je vais mieux dormir que la nuit précédente et à 18h, on se rend à la remise des prix. Pere, le vétéran espagnol et dernier concurrent n’est arrivé que quelques minutes plus tôt !!!
Roli qui en termine aussi avec sa felle et sa fille (grande copine d'Arine désormais) !
Alexandra est fraiche comme une rose. Elle est la première à monter sur le podium. Il y avait 3 filles au départ, elles seront 3 à l’arrivée. Manuela Conrec (allemagne) gagne en 51h20, devant Sarka Kolbova (rep Tchèque) qui était la grande favorite mais qui a explosé sous la chaleur du samedi après-midi pour se reprendre magistralement dans la nuit et ne finir seulement que 20’ derrière Manuela. Sur le podium la fatigue et les visages creusés des deux premières contrastent avec le sourire lumineux d’Alexandra qui semble rentrer de son footing ! Premier hymne allemand.
Podium féminin
Sur le podium garçons : 1 allemand (38h !), et 2 danois (38h25 et 39h20), et deuxième hymne allemand.
Podium masculin
Ensuite, chaque concurrent est appelé individuellement et félicité par les bénévoles. Manu Conraux, le représentant des athlètes à la fédération internationale remet les médailles à chacun ; le dernier étant autant félicité que le premier ! Et à la fin, tous les athlètes montent sur le podium pour une grande photo de famille ! Rideau, fin de la course, un grand bravo aux organisateurs car tout est parfait ! Inke, Wolfgang, Bernd, Henning et tous les autres : danke schön !!!
L’accolade de manu !
Diplôme, médaille, coupe, à mettre dans l’armoire des beaux souvenirs
La dernière photo de la troupe. Même les 4 abandons sont sur la photo pour partager ce moment fort.
Nouvelles séances photos, avec les nouveaux amis faits, avec les autres français rencontrés : Manu, Ghislain, Patrick, Nicolas, Joachim et tous les compagnons de routes ! Roli est ressuscité, Ghislain semble lui aussi frais comme un gardon. C’est incroyable de voir comment ces gars ont récupéré ! Quant à moi, après avoir eu l’estomac à l’envers toute la journée…J’AI FAIM !!!! Direction la pizzéria du coin pour une énooooorme pizza et une grande assiette de salade car j’ai une envie folle de verdure !
Avec Roli
Bernhard
Ghislain et Manu : vraiment fier d'avoir cotoyer ces 2 grands champions !
Entre supporters des liens aussi se sont créés au fil des heures
Une dernière photo d’équipe après avoir dévalisé la boutique aux souvenirs !
Enfin, un vrai repas chaud, assis et confortable (à l’arrière-plan la place centrale qui a retrouvé son calme)
L’assistance aussi, ça creuse !
THE BIG PIZZA !!!
Par sécurité, on décide de faire une dernière nuit sur place avant de reprendre la route de bonne heure pour Nantes. Sur le chemin du retour, je vais récupérer un peu mais les douleurs surtout dans les pieds m’empêchent de bien dormir.
Voilà, une belle aventure sportive et familiale se termine. La fatigue et les douleurs oubliées, il ne restera que des bons souvenirs et les moments de complicités vécus avec mes filles et Iskan. Je suis décidément un grand fan de cette façon de faire du sport, et surtout de partager les émotions avec la famille ou les amis. C’est ce qui me reste le plus.
Pour mon premier UTMB ou mon premier EmbrunMan, je me souviens parfaitement des arrivées avec tous les enfants, en 2011 sur le double IM j’avais vécu un moment très fort avec ma chère épouse, l’an dernier c’est mon fils Pilou qui m’avait accompagné au sommet du Gaustatoppen sur le Norseman. J’ai aussi des souvenirs de tant de finish lines passées avec beaucoup d’émotion avec mes amis zanimos. Pour moi, il n’y a rien de plus triste que de finir une course seul et sans partage ! Sur ce triple, mes filles m’ont avoué avoir vécu un grand moment aussi, avec une autre façon de voir la course mais aussi avec le sentiment d’y participer pleinement !
Quelques chiffres, assez dérisoires, car ce qu’il restera ce seront surtout les souvenirs et les émotions vécues :
Natation : 4h14, 29ème temps
T1 : 12’
Vélo : 19h37, 7ème temps, 27.7 km/h de moyenne
T2 : 6’
CAP : 17h40, 6ème temps,(marathon 1=5h45, marathon 2 = 6h19, marathon 3 = 5h36)
Total : 41h33, 6ème place, premier vétéran. Quand je me rappelle mes petites misères de l’hiver, je me dis que c’est assez inespéré quand même !!!
Vive le sport, vive les amis, vive la famille, vive la Vie !!!
et....Vive l’Amour !!!
les résultats complets
http://triathlon.lensahnerkurier.de/index.php?option=com_wrapper&view=wrapper&Itemid=87
encore plus de photos
https://plus.google.com/u/0/photos/108128433562629596357/albums/5929116373369963297
vidéos ; le parcours CAP (tortue et Ariane en vélo à la 10ème) minute
https://www.youtube.com/watch?v=iy01jfz7UrU
un long résumé de la course avec l'orage à la fin
https://www.youtube.com/watch?v=DCznAlCEnmw
l'orage
http://www.youtube.com/watch?v=X9R7unbvaWA
le vélo
https://www.youtube.com/watch?v=SJoG4OOlSv8
Bien amicalement,
La Tortue
13 commentaires
Commentaire de Badajoz posté le 28-09-2013 à 23:39:49
tout simplement bluffant
Immense respect
Commentaire de jpoggio posté le 29-09-2013 à 09:23:01
Super, quelle aventure !
Le récit épique est à la hauteur de l'exploit, un Multi IM a lui tout seul !
Merci d'avoir partagé cette aventure.
Commentaire de L_Olive posté le 29-09-2013 à 10:39:52
Impressionnant !! bravo
Commentaire de largo winch posté le 29-09-2013 à 11:21:13
je crois avoir lu tout tes comptes rendus. A chaque fois un vrai plaisir. Magnifique conclusion dont je partage la philosophie à 100%. Merci beaucoup pour ces émotions partagées...
Commentaire de philkikou posté le 29-09-2013 à 11:29:22
Je vais arrêter avec les superlatifs.. car je n'en trouve plus :-)) .. Ah si j'essaierai peut-être celui ci : TORTUESQUE !!
Avec tous les pépins accumulé fin 2012 / début 2013 arrivé à se préparer et réussir une telle épreuve est hors-norme et énorme ...
Merci de nous avoir fait partager ce fabuleux défi .. et bravo aussi à la "Team Tortue"
Commentaire de Eric Kb posté le 29-09-2013 à 12:08:59
Bravo Damien , un récit qui m'a mis en retard pour le reste de ma journée mais auquel je suis resté scotché ;-) !!!
Y'a pas, t'es vraiment le plus borné :-)
Commentaire de Arclusaz posté le 29-09-2013 à 14:36:51
J'ai lu cette épopée en plusieurs fois comme un feuilleton à épisodes ; c'est vraiment magnifique.
Bravo et merci.
Commentaire de dajosport posté le 29-09-2013 à 19:29:44
Long à lire (j'suis à la bourre now...) mais quel plaisir !
Merci pour ce CR et triple chapeau bas !!!
Commentaire de raspoutine 05 posté le 30-09-2013 à 01:40:55
Fichtre ! Fichtre et RE-FICHTRE !!!
Que dire de tout ça !!!
On commence par la support team, du tonnerre et jusqu'au bout elle t'aura tant porté et tant apporté !
Et bien d'accord avec toi, mon Cararapacidé, partager une telle aventure en famille ou avec des proches l'emporte sur tout le reste !
On continue : Bravo Ariane !!! Après toutes ces folies furieuses en tant que support team, tu as trouvé encore l'énergie pour aller te chercher ta propre victoire !
Trop, trop forte, Ariane !
Bon, mon Carapacidé favori ! Mais quel chemin parcouru depuis un an ! Je ne vais pas m'éterniser en prose dithyrambique, je le fais à chaque fois tellement tu repousses loin les limites de la combativité.
Ton message, une leçon de la vie, en quelques sortes :
"Battez-vous ! rien d'autre à ajouter"
Mille Mercis mon Carapacidé !
Commentaire de robin posté le 01-10-2013 à 16:39:05
waouh ! super récit , génial plein d'émotion, plein de choses !
Respect maître Tortue
Commentaire de La Tortue posté le 11-10-2013 à 19:56:33
Merci à tous pour vos commentaires.
Le prochain récit : pas avant l'an prochain , je vais hiberner un peu ;-))
Commentaire de Razouille posté le 30-11-2013 à 20:38:57
Tombé par hasard sur ce récit, j'ai pris un plaisir immense à lire et vivre cette course surprenante. C'est bien mieux qu'une heure passée devant un feuilleton et très franchement, on s'y croirait. Encore bravo !
Commentaire de augustin posté le 02-10-2014 à 09:52:59
Alors là respect, suis tombé dessus par hasard, et quel récit!!!
C'est vraiment une aventure hors normes, bien écrite et avec toutes ces émotions sportives et familiales on devine un moment atypique.
Je trouvais aussi que 3.8k de nat était "sous-dimensionné" en IM, mais de là à tout tripler...:-)
Merci en tout cas de nous avoir fait vivre "de l'intérieur" cet événement pas comme les autres!
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