Récit de la course : Altriman (format Ironman) 2012, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Altriman (format Ironman)

Date : 7/7/2012

Lieu : Les Angles (Pyrénées-Orientales)

Affichage : 3477 vues

Distance : 234km

Objectif : Pas d'objectif

17 commentaires

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Une course a faire...sans faute !



 ALTRIMAN 2012


L’Altriman, je l’ai découvert en 2009 lors de sa première édition. J’y suis retourné avec grand plaisir en 2011 et à nouveau cette année. Mon seul regret aujourd’hui est d’avoir loupé l’édition 2010, car c’est, et de loin, mon triathlon préféré pour plusieurs raisons :

  Le site : le lac artificiel de Matemale, lové au cœur du plateau du Capcir, est formé par les sources de l’Aude. Il est dominé par la station de ski des Angles d’où la vue est superbe. La météo est changeante et capricieuse, tantôt estivale, tantôt automnale lorsque le Carcanet (brouillard local) monte de la vallée de l’Aude et envahit le plateau en quelques minutes.

Le circuit vélo : largement le plus difficile que je connaisse : un peu moins de 5000 m de D+ sur un peu moins de 200 km et surtout absence quasi-totale de plat. Ca monte ou ça descend tout le temps. Il faut pédaler tout le temps et dans les descentes, il faut faire attention car il y a pas mal de pièges (même si depuis 2009, les passages les plus dangereux ont été gommés).  Le plus difficile des parcours vélo  certes, mais aussi le plus beau. C’est toujours joli, et il faut penser à lever souvent la tête pour en prendre plein les mirettes. Mes passages préférés : les gorges au pied du col de Creu, tous les petits village traversés, de Querigut à Roquefort en passant par Mijanès, Aygueteba, Escouloubre, Matemale, etc…, le plateau de Sault avec ses paysages désertiques à perte de vue, les gorges du col de Garavel pour monter à Roquefort de sault, et last but not least, le port de Palière ! De loin mon col préféré de tous ceux que j’ai grimpés, tant de par la gestion de l’effort qu’il nécessite que de par le panorama à 360° qu’il offre sur les sommets environnants. On est presque toujours seul avec sa machine, avec 2 seules préoccupations : doser son effort et à  admirer le paysage… c’est géant !

- Le marathon : varié, très difficile (700 m D+ environ), avec des A/R, mais pas trop, qui permettent de croiser les copains, de juger les adversaires devant et derrière, sans pour autant que cela devienne monotone. Avec sa montée au hameau du lac qui permet d’apprécier tout le parcours natation du matin. Avec sa montée du lac de Matemale à la station des Angles : cahoteuse, poussiéreuse et particulièrement chaude cette année. Avec sa montée au lac de Balcère, terrible avec son km à 10%, mais quelle récompense que la vue de ce magnifique lac aux eaux limpides et mystérieuses. Comme sur le parcours vélo, il y a si peu de monde sur la course et les écarts sont si importants qu’il est illusoire de trouver des groupes de coureurs pour s’accrocher. L’effort est solitaire et en grande partie mental ! Tout ce que j’aime, et où je suis le plus « fort ».

- L’ambiance : l’équipe d’organisation, menée de main de maitre par Benoit Phalippou, est à la fois très efficace et organisée, tout en étant très cool et sympa. On sent bien que tout est fait pour le plaisir du triathlète. Certains dirons qu’avec seulement une centaine de partant sur le format IM ce n’est pas difficile à organiser, mais il faut préciser que dans le week end, cette formidable équipe réussit la gageure d’organiser : des triathlons kid, une course de natation, et 4 triathlons : sprint, CD, Half et IM !!! Qui dit mieux ! et tout ça sans aucune anicroche et dans une ambiance très champêtre et décontractée ! Chapeau !

- Les catalans : qu’ils soient français ou espagnols, ils expriment  la chaleur et l’enthousiasme des gens du sud, sans avoir l’arrogance  et la prétention que l’on trouve parfois chez CERTAINS méditerranéens (je dis bien certains, car heureusement, j’en connais aussi de très sympa !)

- L’arrivée : monter sur l'estrade au son du « final countown » après 14, 15, 16, 17h d’effort solitaire, de doute parfois, de souffrance toujours, de plaisir surtout, c’est un moment intense qui fait oublier toutes les difficultés de la journée. Cette année, j’ai assisté aux arrivées pendant plus de 3h et je n’ai vu que du bonheur  sur le visage de tous les arrivants !

- La paella du lendemain : à ne manquer sous aucun prétexte !!! Le déjeuner champêtre au bord du lac se déroule pendant que les concurrents du half tournent en CAP. Ça permet d’encourager les copains qui sont sur la distance tout en se sustentant copieusement et en refaisant la course de la veille. Cette année, cerise sur le gâteau, avec le podium de Marie (première féminine) et le mien (3ème vétéran), la paella a eu le temps de refroidir, mais elle était bien bonne quand même !


J’espère très sincèrement vous avoir donné envier d’aller faire cette course, au moins une fois dans votre vie. Je suis certain que vous ne le regretterez pas et si vous ne devez faire qu’un IM de toute votre vie, faites celui-là.

Cela fait maintenant 3 fois que je le termine cet Altriman. Je suis certain qu’il ne faut pas y aller pour chercher une performance, mais pour faire une fantastique ballade et vivre un grand moment de sport en communion avec la nature, son corps et son esprit. Le parcours présente trop de pièges pour tirer des plans sur la comète à l'avance. Il faut rester très humble devant ce parcours, et si les jambes sont là, alors le résultat viendra naturellement, tant par sa propre performance que par la défaillance des autres concurrents.

J’ai pour habitude de dire que l’échauffement se termine en haut du port de Palière et que la course commence vraiment après le ravito de Gesse. Cette année encore je l’ai vérifié. Il faut partir de Gesse avec des jambes encore en excellent  état, sinon, vous n’en verrez pas le bout ou alors dans des conditions très difficiles !  Il est impératif de bien économiser ses forces jusqu’à Gesse car les 60 derniers km de vélo sont monstrueux et le marathon va vous achever  les cuisses ;-) Mais, malgré tout ça, je sais déjà que l’an prochain, si mon emploi du temps le permets, je serais à nouveau au départ pour toutes les raisons évoquées précédemment.

Pour en savoir plus :

http://www.o3series.org/index.php?pg=altriman&cat=epreuves&scat=altriman


ou en images, le clip de l’édition 2012, pour vous faire saliver, mais n’écoutez pas trop le papy qui n’arrête pas de dire que c’est difficile. S’il arrive « encore » à parler, c’est qu’il n’est pas si essoufflé que ça !!!

http://www.youtube.com/watch?v=uSgKi0owzPc&feature=youtu.be

 

J’ai déjà fait 2 Cr de l’Altriman. Dans cette troisième version, je vais essayer de relater  les particularités de cette édition 2012 par rapport à mes précédentes participations.

Initialement, l’Altriman 2012 devait servir de support à un grand rassemblement du zoo, orchestré de longue date par notre Dingo national. Avec l’IM de Nice que j’ai couru 15 jours avant et le Norseman qui sera mon gros objectif pour 2012 et que je dois courir 4 semaines plus tard, j’avais prévu de descendre pour le rassemblement, juste pour encourager les copains ou peut-être ne faire que le half, mais à 3 semaines du départ, mon ami le Lapin, qui m’avait embarqué dans l’Aventure Paris-Brest-Paris l’an dernier, se casse la jambe et la clavicule dans une vilaine chute de vélo à l’entrainement. Ceci va finir de me décider à partir sur le long, pour le « remplacer » et amener symboliquement son dossard malgré tout à l’arrivée !!! Objectif, se faire plaisir au maximum et plus si affinité,  mais surtout si les jambes ont bien récupéré de mes 11h d’effort à l’IM de Nice.

La difficulté du vélo ne me fait pas peur, car je connais le parcours par cœur, et je sais parfaitement comment gérer mon affaire. Je n’ai absolument pas préparé spécifiquement cette course, mais déjà l’an dernier, j’étais arrivé au départ avec 0 km de montagne dans les jambes, mais mes km d’entrainement dans le plat et venteux pays nantais avaient suffi. Seul différence, l’an dernier avec PBP en point de mire, avec les BRM à valider et mon double IM à préparer,  j’avais plus de 10.000 km de vélo dans les pattes début juillet, mais cette année, avec une prépa plus orientée triathlon sur le Norseman, avec plus de CAP et surtout moins d’heure passée en selle, je n’ai « que » 6.000 km au compteur au départ de l’Altriman.

Bon, pas de stress, à Nice, j’avais tourné comme une horloge, donc si les jambes ont récupéré, ça devrait passer sans trop de problème, surtout avec le dossard du lapin sur le ventre qui va me booster. Et puis, je me dis que si ça ne va pas, je me fais une « Zamora » qui l’an dernier avait fait le vélo en récupe de Nice et n’avait même pas pris le départ du marathon.

 

Les fortunes diverses des uns et des autres font que nous serons moins de zanimos/kikoureurs que prévus au départ mais tout ce beau monde se retrouve à 5h30 au bord de l’eau pour une journée qui s’annonce ensoleillée et magnifique. Pan, c’est parti !!!!



La natation : je nage...mal, je pioche, mauvaises sensations tout du long, comme d'habitude en somme ! Comme tous les ans, surement gêné par l’altitude (1500 m), j’ai un peu de mal à poser ma respiration 3 ou 4 temps. Mais l’eau est bonne, calme, le soleil se lève et éclaire les crêtes. Le parcours est bien moins tarabiscoté qu’à Nice, il suffit de viser les phares de la bagnole de l’autre côté du lac. J’essaie comme à l’accoutumée de prendre mon mal en patience et j’attends des heures meilleures. Je sais que je suis une grosse brelle en natation, que je mange mon pain noir de la journée et qu’il faut juste que je termine tranquillou avec les jambes toutes fraiches.

Fin du premier tour, sortie à l’australienne sur le ponton instable des pédalos. J’entends le speaker qui annonce le passage de Marie. Elle est déjà en tête des féminines, elle ne la quittera plus. Un coup d’œil à la montre me confirme que j’ai nagé comme un fer à repasser. Deuxième tour, les hectomètres passent les uns après les autres, je réfléchi  à la façon de m’habiller sur le vélo car le soleil a l’air d’être déjà présent, je gère les sempiternelles crampes qui me chatouillent les mollets, ça m’occupe et ça me permet d’enfin en terminer. Il va vraiment falloir qu’un jour on m’explique enfin comment faire moins de 1h15 sur IM ! Ca y est, pour moi, le départ réel est donné.

Le sourire, car content de voir le Lapin et content de sortir de cette flotte !


Quelqu'un l'a reconnu ? Moustache, pince-nez, bonnet, masque...Le Papy nage incognito !


Je sors de l’eau, cavale comme un gamin jusqu’à mon vélo car je ne suis absolument pas fatigué. Ça pique les pieds dans le sous-bois racineux et jonché de pommes de pin. Finalement, je ne me pose pas de question côté habillement ; comme prévu initialement, j’enfile la trifonction, la veste de vélo (j’aurais pas dû !), les chaussures et zou, 4’ plus tard, y compris les 300 m à faire en courant, je suis sur mon vélo après avoir fait coucou au Lapin et la bise à mon fils Pilou et sa copine qui sont descendus avec moi pour le we.

Un bisou à Pilou et Léna et en route pour les sommets !

Le Boeuf, dit le boss à T1 : miam !


Il est où mon vélo ??



Premier col : l’enchainement Quilliane/Llose. Un amuse-gueule que j’avais monté sur la plaque l’an dernier pour chauffer tranquillement les cuisses. Mais cette année, les jambes sont grippées en cette heure matinale. Bon, je ne force pas, je passe le 34, la route est encore longue.

Col de la Llose, fait la veille avec pilou et le raspa


Au somment de la Llose, petit ravito express. Pour info, je suis parti « les mains dans les poches » avec juste des sandwichs au pain de mie complet avec boursin/sardine (c’est spécial comme gout, mais j’aime bien !) qui m’attendent dans les sacs ravito du 70 et du 140 km avec des recharges de ma potion magique habituelle depuis des années = mélange 50/50 malto/hydrixir.

J’ai décidé, comme à Nice de ne pas me prendre la tête avec l’alimentation. Terminés les gels, barres et autres produits « énergétiques » qui font plus de mal que de bien à mon avis et qui, surtout sur du long, finissent par détraquer le tube digestif. Je gèrerais à l’envie et au besoin; et surtout, je ne mangerais que lorsque j’en ai envie, que ce qui me fera plaisir sur les tables de ravito et je ne me forcerais pas, attendant juste le moment où je ressent un p’tit creux pour commencer à manger. A Nice, j’avais déjà adopté cette technique et je n’avais pas connu mes habituels problèmes digestifs, donc je compte bien réitérer cette même stratégie.

Descente de la Llose, superbe, mais déjà  très sinueuse et piégeuse à l’ordinaire, cette année la DDE n’a rien trouvé de mieux que de gravillonner de nombreux passages pour pimenter l’affaire. Heureusement, c’est bien signalé et c’est debout sur les freins que je passe le petit pont au fond de la gorge qui annonce la remontée vers Matemale.


Deuxième col, le col de Creu : je reprends le Blueb qui fait des photos. Il est en mode ballade/plaisir. C’est exactement comme ça qu’il faut aborder son premier Altriman. Le début du col est très facile. L’an dernier, j’étais monté sur le 50. Là, les jambes ne tournent toujours pas. Quand les premiers pourcentages arrivent, je suis obligé de mettre pas mal à gauche pour garder une bonne fréquence de pédalage. Ce col de Creu présente des coups de culs à fort pourcentage, et je suis déjà tout à gauche ! A ce moment-là, j’ai quand même un petit doute, et je me demande si je n’ai pas un peu présumé de mes forces et que Nice serait peut être toujours dans mes cuisses ! Pas loin du sommet, alors que je crève de chaud avec ma veste, je trouve le Lapin au bord de la route. Cela me donne un bon coup de fouet et ça me relance pour en finir et basculer sur Matemale. Pour info, le Lapin va suivre une grande partie de la course vélo grâce aux charmants parents du Raspa qui vont le piloter toute la journée. Comme ça, malgré ses béquilles est son corps meurtrit, il va pouvoir suivre la course, tout en nous faisant un superbe reportage photographique (alors que je n'ai même pas une photo de lui à mettre dans ce cr !).


Descente courte et rapide sur Matemale, puis le début de la vallée de l’Aude jusqu’après Puyvalador, avec de longs faux plats descendants où les jambes ne tournent toujours pas aussi bien que d’habitude.


Col des Arhes, sens sud/nord, facile, court, je le passe en souplesse en mettant un peu de braquet malgré des jambes encore moyennes mais qui commencent enfin à répondre à mes sollicitations. Puis descente sur Quérigut et le Pla. Prudence, il y a des bagnoles en sens inverse. En bon père de famille (nombreuse !), j’ai pour habitude de ne prendre aucun risque inutile dans les descentes. Tout ce que l’on peut gagner à faire le mariole dans les descentes, c’est quelques secondes mais surtout une première place à l’hosto. Autant garder de l’énergie musculaire et nerveuse pour les montées où l’on peut faire de gros écarts.

Mijanès, km 70 : premier ravito perso. Je charge mes bidons, avale en diagonal quelques « Tucs » et des pâtes de fruits. Le Raspa est là aussi et termine de s’alimenter. Quelques minutes d’arrêt, le temps de faire un gros pipi, de laisser ma veste et mes manchettes dans mon sac ravito (un gros plus de l’organisation : les sacs sont ramenés à l’arrivée contrairement à Nice et à Embrun par exemple), et je repars avec juste la trifonction. Le soleil est bien présent maintenant, pas ou peu de vent, la montée vers le port de Palière s’annonce chaude et après Palière, on ne monte plus très haut et je sais qu’il va faire encore plus chaud, donc inutile de se couvrir ou de se charger inutilement.

Le port de Palière (HC du TdF) : Les premiers lacets dans Mijanès sont très raides ; cependant, je ne sais pas si ce sont les quelques minutes de pause, mais tout de suite, je sens que les jambes commencent à tourner. Après le village, ce sont les longues épingles dans la forêt et je sens que ça va même de mieux en mieux. Je reprends le Raspa, fais un brin de causette avec lui, mais décidément, je me sens enfin bien, et je le laisse. Les km défilent assez vite et avec plaisir malgré la pente sévère par moment ! Déjà le replat de la station de ski ! On aborde maintenant la petite route pastorale avec ses courts lacets. Le paysage est à couper le souffle. J’ai beau le connaitre par cœur ce col, à chaque fois c’est la même féérie de couleur, d’odeur (ça sent le thym par endroit !). Cette montagne est grandiose et imposante.

ça monte un peu quand même !!!



oui, mais que c'est beau !!!


Des inscriptions sur la route pour encourager les zanimos, c’est sympa, on se croirait un peu comme au tour de France !!! C’est Benoit, l’organisateur, qui comme tous les ans nous fait ce petit clin d’œil, merci, c’est vraiment gentil de penser à nous !  Au détour d’une épingle nous attendent le Lapin et les parents Raspa. Un petit coucou vite fait car les jambes tournent bien rond et zou, c’est déjà le sommet ! J’ai dû reprendre  10 ou 15 gars sur les 10 km d’ascension ! Aucune fatigue musculaire au sommet !


Les zanimos/kikoureurs, par ordre de passage au sommet de palière :

La Tortue


Le Raspoutine


Le papy



Le Blueb


Marie

Le Boeuf



Au sommet de palière, Big Peuf est là, comme tous les ans à tenir le ravito. J’attrape un journal au vol et je m’élance sans m'arrêter vers Ax les thermes. Au début,  la descente est très rapide. Ce n’est pas le moment de s’alimenter. Attention à la grille qui coupe la route après 2 km environ au niveau d’un petit hameau. Quand on quitte les pâturages et que l’on rentre dans la forêt, la pente devient moins sévère et les lacets moins proches. C’est le moment de manger tranquillement. Il ne faut pas trainer car sur la fin, la descente redevient assez technique, et après un virage à droite, ça remonte immédiatement sur le col du Chioula.


Pour celui qui ne s’y attend pas, cet enchainement descente Palière / montée Chioula peut surprendre. Il n’y a pas 1 cm de plat, ça attaque tout de suite sur une pente à 6/7% environ. Pendant que je mangeais, 3 ou 4 gars m’ont dépassé dans la descente. Je les reprends au bout de 300m de montée. Ils sont scotchés à la route, alors que bien ravitaillé et surtout ayant anticipé en mettant de très gros braquet sur la fin de la descente pour remettre les cuisses en pression comme me l’a appris le Lapin, j’ai les jambes qui tournent comme des bielles bien huilées. Certes, je pense que le Chioula est le col le plus facile de la journée (pente régulière et modérée, excellent rendement du bitume), mais je vais le passer très facilement. Ca y est le moulin tourne à plein régime ! L’explication de mes difficultés matinales est assez simple; il se trouve que depuis l’Altriman l’an dernier, et mis à part les 2 petits colus montés à Nice et la Llose faite la veille en mode très cool avec le Raspa et mon fiston, je n’avais pas refait de montagne de l’année. Or, la technique de pédalage en montagne, surtout pour quelqu’un comme moi qui mouline beaucoup, c’est très spécifique et mes braves jambes, surtout habituées tout au long de l’année aux longs plats ligériens venteux et souvent arrosés, avaient oublié comme il fallait s’y prendre en montagne.


Après la rapide descente du Chioula, c’est la longue traversée du plateau de Sault. Ce n’est pas mon passage favori, mais c’est là qu’il faut emmener du braquet mais sans pour autant se crameret car beaucoup de temps peut se gagner…ou se perdre. Le parcours a dû être modifié par endroit car je ne reconnais pas certains passages, notamment une très longue ligne droite en faux plat descendant, mais avec vent de face où il faut pédaler dur pour bien avancer. Je reprends Gérald sur un de ces longs faux plats. Ses jambes tournent bien, mais je lui trouve un petit air fatigué. C’est son premier IM, il n’a pas choisi le plus facile, mais son visage à l’arrivée exprimera un bonheur rare !

Ces longues parties « roulantes » et exposées au vent sont entrecoupées de quelques petits « cols », et tout particulièrement un qui m’avait surpris la première année, mais dont je me souviens très bien, c’est le du coup de cul vers Rodome. Après un long passage en descente dans la forêt, facile, avec des courbes peu techniques et surtout avec une bonne visibilité où l’on peut se reposer enfin un peu, on traverse un petit pont, virage à 90° et pan : un coup de cul terrible. Ca grimpe raide pendant 1 km environ puis il faut encore 2 ou 3 km interminables d’efforts pour passer la bosse et reprendre la descente vers Gesse. C’est à mon avis l’un des passages les plus durs du parcours, ça me rappelle le Pallon à Embrun. Heureusement ça ne dure que quelques km. Il suffit de serrer les dents et d'essayer de laisser le moins de force possible.

La descente continue, solitaire, dans des gorges mystérieuses jusqu’à Gesse où l’on rejoint la vallée de l’Aude. Pour celui qui lira ce Cr en prévision de faire l’Altriman un jour, je le dis et j’insiste lourdement : il faut arriver à Gesse le plus frais possible. C’est là que la course commence. Les 70 km de vélo qui suivent et le marathon derrière sont les moments les plus difficiles que j’ai connu jusqu’à maintenant dans ma courte carrière de triathlète.

Ravito express à Gesse (km 140): recharge des bidons, vidange de la tortue, je bourre les poches avec mes sandwichs boursin/sardines et avec des victuailles diverses de l’organisation (pate de fruits, gateaux, tucs) et je repars en compagnie de Jean-Philippe, du club de Clubize, qui a reconnu ma trifonction car le TCN y était en nombre en juin. Nous allons faire ainsi toute la fin du vélo ensemble. Il me semble plus facile que moi dans les montées, mais il s’arrête aux ravitos, ce qui fait que globalement notre progression est similaire.


Encore quelques km très roulants le long de l’Aude, petit virage à droite après la centrale EDF, passage au-dessus de l’Aude et c’est le terrible col de Garavel qui commence. Jusqu’à Ste Colombe, c’est magnifique et facile, la pente est faible, mais dès les premières ruelles du village, la pente est très sévère. Comme le dit le papy, même le pont qui traverse la Guette est en pente ! Ensuite, comme tous les ans, c’est le four. Peu de vent, un soleil de plomb qui descend au fond de la gorge et un tracé sans aucune visibilité vers le sommet, sans épingle pour souffler. J’ai beau le monter pour la troisième fois, je suis incapable de me rappeler combien de temps ça dure. Et comme je n’ai pas de compteur sur mon vélo, je pédale sans information, en essayant de garder un mouvement bien rond ce qui n’est pas facile, et en écoutant que ma vieille carcasse qui peine. Coté développement, c’est tout à gauche, avec arrosage régulier et abondant de ma carapace. Il faut poser le cerveau sur le porte-bagage, prendre son mal en patience et enfin, au détour d’un virage, surgit Roquefort de Sault.

Je vais hésiter puis renoncer à m’immerger totalement dans la fontaine à droite, car je ne veux pas me casser le rythme. En effet, je sais que si les pourcentages les plus durs sont passés, le col est loin d’être terminé. Il reste encore de longs kilomètres, avec des passages de replat, et même parfois des petites descentes où il faut vite manger car ce sont les derniers moments de répits jusqu’à l’arrivée au parc à vélo qui est encore loin. L’antenne qui matérialise le col est visible de loin, mais elle semble ne jamais se rapprocher. Sur la fin, les pourcentages redeviennent plus difficiles, allez encore un effort, et ouf !

La descente qui suit ne permet pas vraiment de se reposer car elle est très sinueuse et très technique. En plus, au milieu, ça remonte sec sur quelques kilomètres. C’est là que je verrais une dernière fois le Lapin et le team Raspa.

Pourcentage et soleil de plomb => Assis et moulinette, ce n'est pas le moment de faire le mariole !


On plonge sur Escouloubre, mais je ne suis pas pressé d’y arriver car après  survient la dernière difficulté qui comme Garavel vaut son pesant de cacahuètes !

Nous voici dans la dernière grosse difficulté,  le col des Arhes, sens nord/sud, qui se monte en 3 parties :

-escouloubre/carcagnère : environ 4 km à plus de 12% de moyenne. Il faut faire le gros dos et s’hydrater car il fait bien chaud, c’est le « Chalvet » local. Mais contrairement à Embrun ou le Chalvet marque la fin des efforts, une fois ce mur passé, il reste encore de longs et difficiles km jusqu’au parc à vélo.

- carcagnères : quelques mètres de répit salvateurs dans le village.

- carcagnère/quérigut : 2 km avec à nouveau de très gros pourcentages et un mur terrible à la sortie de Quérigut. Sauf nécessité absolue, je déconseille de s’arrêter au ravito de Quérigut car en repartir doit être bien difficile !!!

- quérigut/sommet du col des Arhes. On a descendu cette partie ce matin. C’est un profil typique de col à 7% environ de moyenne, bien régulier. Rien de bien méchant, mais après 180 km, ça fait mal aux pates quand même.

Au sommet du col des Arhes, on redescend un peu  sur la vallée de l’Aude pendant quelques km, où nous attend cette année une bien vilaine surprise : un très très très méchant vent de sud (40 km/h environ) qui nous cloue sur place jusqu’au parc à vélo d’autant que ça monte tout le temps. Je suis toujours avec Jean-Philippe, mais plus question de bavarder. On est affalé sur les prolongateurs. Malgré la pente qui n’est pas énorme 2/3% maxi, je suis sur le petit plateau, je tourne les jambes le plus rond possible pour ne pas me cramer pour le marathon mais je ne dois pas dépasser les 20 km/h. Ces 10 derniers km, vent de face, vont en achever quelques uns musculairement  et le vent va tous nous dessécher comme des vieilles pommes.


C’est donc grillé comme une cacahuète que j’arrive au parc à vélo après 9h07 de selle (temps officiels). J'entends le speaker qui m’annonce 16ème, alors que j’ai pourtant mis 15’ de plus que l’an dernier où j’étais arrivé 20ème, mais mon premier tiers de course et surtout ce vent de face sur le retour explique surement cette moins bonne vitesse. En effet, l’an dernier on avait fait les derniers km avec un vent de vallée qui nous poussait gentiment dans le dos.

Transition super express, et zou en route pour le marathon.


Je connais le parcours par cœur : le ponton des pédalos, le sous-bois du poney club, la digue et son ravito avec sa charmante bénévole qui me reconnait comme tous les ans grâce à ma trifonction floquée « tortue », le plat le long du lac avec les camping-cars, le ravito du village avec ses très chaleureux habitants, la montée en haut du hameau du Lac que je fais en marchant à partir des container à poubelle de la deuxième épingle. Puis retour par le même chemin au parc à vélo. Fin du premier A/R, où j’ai pu me rendre compte que mes concurrents précédents sont loin devant et que j’ai par contre 4 ou 5 gars à mes trousses que je trouve pas mal et qui pourraient bien me manger dans les prochains km ! A suivre, la route est encore longue et il ne faut surtout pas tirer des plans sur la comète à ce stade-là.

Ensuite, première montée à la station des Angles, sur un chemin cahoteux mais pas trop méchant. Du trail pépère en somme, mais les efforts précédents commencent à se faire sentir. Le dernier km, bien raide, je le monte en marchant. J’ai une petite pensée pour mon copain François en passant devant la résidence qui nous abritait l’an dernier.

Traversée du village avec une petite descente sympa devant l’espace bleu-neige pour détendre les quadri et gros coup de cul derrière pour monter sur la route de Mont Louis, que je fais en marchant en balançant bien les bras. Un peu de plat sur la route principale de la station en passant devant les commerces, et c’est la longue montée à 10% sur plus d’1 km. En marche forcée, ça passe très bien cette année.

En haut, ravito « peace and love » tenu par de très sympathique 68ards sur le retour. Je m’accorde une petite pause haribo/tuc/coca au son des « jacksons five » et je repars non sans avoir oublié de m’être balancé 1 bouteille d’eau de plus…sur la tête !

Viens l’un des plus beaux moments, l’A/R au lac de Balcère. Pas plat, mais pas trop raide quand même où  je m'efforce de courir tout du long de ces 4 km même quand ça monte. Au demi-tour, je me rends compte que les 2 gars qui étaient devant moi ne sont plus très loin, mais qu’en revanche, ça ne revient pas de derrière, bien au contraire. Ce qui arrive tous les ans, arrive : les gars commencent à craquer, alors que c’est maintenant avec la longue descente vers la station, puis le lac, puis la digue puis l’A/R au hameau du lac qu’il faut au contraire être frais pour courir tout du long.


Le Papy facile, quelle carure, il va falloir arrêter le papillon !


Je croise le papy au-dessus de la salle bleu-neige, puis je croise le vainqueur juste avant qu’il en termine. Thierry Chatron de Toulon gagne son troisième Altriman en 13h06, seulement…30 secondes devant le suivant, un espagnol qu’il n’a réussi à lâcher que dans la dernière montée. Un si faible écart sur un parcours aussi long et exigeant, c’est du jamais vu !

Je croise aussi le Bœuf, mais douché et rhabillé qui m’apprend son abandon par manque de préparation, mais grosse déception, il m’apprend aussi l’abandon du Raspa au sommet de Garavel, pris par des troubles digestifs. Décidément, le solide Raspa est maudit avec cet Altriamn, déjà l’an dernier le parcours avait eu raison de son enthousiasme. Cette fois, ce sont  ses boyaux qui l’abandonnent ! Mais, je l’ai vu nager la veille et pédaler dans Palière, il est fin prêt pour le Norseman où nous serons tous les 2 engagés dans 4 semaines. On s’est d’ailleurs promis de sauter du ferry main dans la main !!! A 5h du matin dans une eau à 14°C, il faudra bien être 2 pour se donner du courage !

Le Blueb qui gère de main de maitre


Marie avec le sourire !


Au 25ème km environ, après avoir croisé le Blueb qui gère son affaire en vieux routier qu’il est,  j’ai fini par rattraper mes 2 précédents concurrents. Sans accélérer, juste en maintenant le rythme, ce sont eux qui ont faibli. Le premier, un gars d’Embrun est arrêté à côté de l’école en train de vomir tripes et boyaux. Il est tout blanc, comme son maillot, mais il me dit que ça va aller. Je file donc et je le laisse à ses petites misères. Le deuxième, un petit jeune de Toulouse, je le double alors qu’il est en train de souffler à un ravito. Moi, je continu ma tactique mis en place depuis le premier ravito : quelques secondes d’arrêt pour me mettre 1 l d’eau sur la tête et dans la casquette, grignoter 2 ou 3 bricoles et avaler un ou deux verre de Perrier ou  de coca.


Bon an, mal an,  et sans vraiment le chercher, la charmante bénévole m’annonce 10 ème au deuxième demi-tour du hameau du lac. Pour la première fois de la journée, je commence à me projeter l’arrivée. L’écart avec le précédent est impossible à combler en 6 ou 7 km, l’écart avec le suivant est fait aussi, et même en finissant très cool, je suis sûr de passer sous la barre des 15h que je savais possible mais n’ayant pas spécifiquement préparé cette course, je ne pensais pas y arriver cette année.

Un dernier passage au parc à vélo, où je fais un petit détour pour aller chercher le t-shirt spécial que je me suis fait imprimer pour l’arrivée, avec un dédicace spéciale au Lapin. En effet, sur ce t-shirt est représenté le lapin en plein effort sur son vélo et sur le cœur est imprimée la radio avec le col du fémur opéré de mon copain.

Je croise une dernière fois le papy qui tourne bien. J’ai décidé de me déguster ces derniers km. Je fini tranquille avec  les jambes qui commencent à être lourdes et il ne sert à rien de se blesser ou de se fatiguer inutilement. J’ai encore 2 semaines d’entrainement chargée à faire derrière et ça ne sert à rien de se taper des courbatoches pendant 8 jours.

L’arrivée : toujours magique, avec la sono du « final countdown » et l’accueil chaleureux de Benoit et de ses bénévoles. Petite dédicace micro au Lapin, une bonne douche, quelques bols de soupe, quelques parts de pizza et je n’ai plus qu’à attendre, en compagnie du Bœuf et du Lapin, l’arrivée de tous mes potos, dans l’ordre : papy, gérald, blueb et enfin marie qui termine première féminine.

Quelques intonations d'émotion dans la voix au moment du petit mot de soutien au Lapin qui pédale sur mon ventre et avec son fémur traumatisé sur le coeur !


Coucou ! je vais passer à la télé ;-)


Une petite nuit de repos, quelques km de vélo matinaux pour éliminer de toutes petites courbatures, et alors que le soleil arrive enfin à chasser le Carcanet, nous nous retrouvons tous pour la paella géante au bord du lac. Tout le monde à l’air en forme, même ceux qui ont abandonné hier. Il faut dire qu’une paella pareille, ça vous requinque, même des boyaux de raspa tout emmêler !

Et cette année2012 restera comme un  grand cru pour les zanimos/kikoureurs :

-          Marie, première féminine

-          Papy, premier V3

-          Votre serviteur, premier V2 et troisième au classement cumulé vétéran ! Incroyable, non ?

Les kikous à l'honneur !


Si si, c'est bien moi sur le podium des vétérans.


Quelques chiffres pour les amateurs de statistiques


Au-delà du récit, j’espère que ces quelques lignes et quelques photos (merci aux auteurs : Pilou, Raspa, Blueb, Lapin), vous auront surtout donné l’envie d’y aller. Je vous assure que c’est une course à faire au moins une fois dans la « carrière » d’un triathlète, surtout un adepte du long.

Si vous avez déjà fait et aimé Embrun, compter 15 à 20% de temps en plus, mais vous allez vous régaler : c’est plus beau (et pourtant, Embrun, c’est déjà beau), plus long, (beaucoup) plus dur, bien mieux organisé, plus humain surtout.

Certes cet Altriman, n’a pas l’aura d’un Embrunman, mais c’est aussi cette intimité que j’aime beaucoup (100 concurrents au départ, ça garantie des longs et beaux moments de solitude et d’introspection). Peu de gens connaissent cette course, il ne tient qu’à vous de la découvrir et de la faire découvrir…Si vous voulez d’autres tuyaux, n’hésitez pas à me contacter en PV.

Au fait,  l’an prochain…j’y serais, je ne m’en lasse pas de toute cette ambiance et de tous ces paysages ! Mais cette fois, je veux aussi voir mon ami le Raspa sur le podium d’arrivée. Et si le Dingo y était aussi, mon bonheur serait total…

 

 

En conclusion de ce CR, je souhaiterais revenir sur ma pratique du triathlon et du sport en général depuis quelques années. En effet, je lis souvent des commentaires élogieux sur mes performances depuis quelques temps. Cela me fait très plaisir bien sur, mais je suis persuadé qu’il n’y a rien d’exceptionnel là-dedans et qu’en aucun cas cela est dû au hasard, et que n’importe qui peut le faire. Le but de ces prochaines lignes n’est pas de « parler de moi » ou de me faire mousser, mais d’essayer de faire partager à certains lecteurs, éventuellement intéressés, ma modeste expérience de la pratique « du long ».

1999, après avoir arrêté le volley ball à haut national, le rugby au niveau régional et la clope au niveau…international (et atteint et dépassé au passage le quintal), je me mets à la CAP en suivant les conseils d’une bande d’allumés du « net », les « zanimos » de la ménagerie du zoo. Objectif : boucler un marathon.

2002, après quelques erreurs de jeunesse à l’entrainement (blessure qui auraient pu être évitées), je boucle mon premier marathon en 4h. Je fais ensuite connaissance réellement progressivement de tous mes copains virtuels du net. C’est le début du trail, des raids de CO, des grands rassemblements de zanimos où les bons coups et les bonnes bouffes sont plus fréquentes que les bons chronos.

2003, première SaintéLyon ; 2005, premier Raid28 ; 2005 encore, premier trail montagne (Mercantour), progression linéaire et régulière, en distance mais pas en performance.

2007, après un « petit » break de 6 mois, le temps de me fixer un nouveau challenge et après avoir mis de côté une saloperie de tumeur au cerveau, je boucle mon premier UTMB,  persuadé d’avoir atteint mes limites en CAP. En fait, cette course et le pourquoi de cette course va me conforter dans l’idée que tout est dans la tête, que le physique n’est pas le plus important et que, comme je le dis toujours « qui veut, peut ! »

En 2008, pour ma première année de tri, je voulais « juste » finir Embrun, qui était un truc à faire et à découvrir d’après ce que j'en avais entendu dire, mais en aucun cas, je ne me voyais devenir un « vrai » triathlète. Mes premiers tris, je les ai tous courus « à l’économie », comme je savais le faire en CAP,  avec pour seul objectif de finir, quel que soit le temps et le classement final, et en prenant le maximum de plaisir à chaque fois.

Je ne pensais pas qu’une fois Embrun réalisé, ce dont je n’ai jamais douté avec la confiance acquise au fil des années précédentes, je poursuivrais dans le triathlon, mais je me suis pris au jeu et j’ai pris gout à ce sport que j’ai trouvé à la fois ludique et  « intelligent » : gestion de l’entrainement, préparation des objectifs à long terme, rythme de vie à adapter, tout cela me plaisait.

L’entrainement natation, sans être un encore un grand plaisir, n’était plus une corvée, grâce aux copains que je me suis fait petit à petit au club du TCN. Quant au vélo et à la CAP cela faisait plusieurs années que je pratiquais, j'étais dans mon élément.

Progressivement, je me suis rapproché d’un profil de « triathlète », tant mentalement que physiquement. Et surtout, je ne voyais plus ce sport comme l’enchaînement de 3 disciplines différentes, mais bien comme un sport à part entière. J’ai travaillé les transitions (à mon premier Embrun, j’avais mis 10’ à chaque transition alors que sur l’Altriman 2012, je reste moins de 2’ à ma chaise à chaque fois !), je me suis équipé en matériel (j’ai quand même gardé mon vieux vélo DKT de mon premier Embrun comme mulet et pour rouler l’hiver). Tous les ans je change quelque chose dans mon matos ; cette année après 4 ans de bons et loyaux service, ma combi commençait à lâcher de partout, donc je l’ai changé. L’an dernier, je m’étais acheté des super chaussures de vélo : 220 euros la paire, comme dit Claire,  « à ce prix-là, je peux m’acheter au moins 2 paires de bottes ! ». Tout ce matériel améliore la performance et le confort certes, mais surtout c’est aussi pour se faire plaisir qu’on se l'offre ; et moi qui rigolait de tous ces triathlètes super équipés il y a quelques années, je me suis là aussi pris au jeu d’avoir du bon matériel bien entretenu. Bon, je ne me balade pas encore torse nu dans les parcs à vélo à rouler les mécaniques, mais j’ai l’air un peu moins couillon qu’avec mon vélo DKT, mes t-shirt délavés et mes cuissards détendus !

2009 et 2010, l’entrainement a commencé à porter ses fruits. J’ai amélioré mes résultats, sans pour autant que cela soit ma priorité. Problème, je faisais souvent un bon vélo mais en CAP, j’avais tendance à perdre des places ou tout au moins à conserver difficilement celles chèrement acquises en vélo.

En 2011, le déclic, je pense que ce fut le double IM en Angleterre, avec une deuxième place totalement inattendu au classement final. Pour la première fois de ma vie, j’ai couru en m’informant de ce que faisait les autres, et j’ai couru non seulement pour le plaisir, mais aussi, je  « l’avoue » sans honte, pour la place ! Une deuxième place sur un « championnat d’Europe », ça se défend, non ?


Pour cette année 2012, j’ai décidé d’appliquer l’adage de Rodolphe, notre entraineur au TCN, qui dit souvent que c’est en CAP qu’il faut être le meilleur et que le temps mis en CAP sur triathlon doit pas être de plus de 10 à 15% de son meilleur temps sur la distance. J’ai donc réduit l’entrainement vélo pour augmenter la partie CAP et surtout, j’ai recommencé à refaire des entrainements de CAP un peu plus structurés comme je le faisais avant quand j’étais seulement coureur/traileur. Jamais de VMA certes car ça me casse et puis j’ai passé l’âge de ces conneries, mais des séances à allure spécifique, du fartlek, du travail en côte, etc…, bref toutes les vieilles recettes de la CAP. Et ça marche ! Je l’ai vérifié cette année à la Tranche et à Nice avec un vélo fait beaucoup plus en dedans, grâce auquel je remonte toutefois encore beaucoup de monde et une très bonne CAP derrière sur laquelle je ne suis pas loin de mes meilleurs chronos secs et au cours de laquelle je double un très grand nombre de concurrents qui ont tous ou presque tendance à faiblir.


J’ai appris autre chose aussi : pour réussir un bon chrono, il ne faut pas…s’en préoccuper au départ ! Je n’ai plus de compteur vélo depuis un bon moment. Avec Endomondo sur l’iPhone, je sais combien de km je fais à chaque sortie, et ça me suffit ; le reste : moyenne horaire, vitesse, etc .. je m’en fou, de toutes façons, la vitesse à l’entrainement n’a aucune espèce d’importance. En course, je pars avec mon GPS de poignet que je règle en mode C.O. uniquement pour me donner des informations sur la distance parcourue, afin de gérer l’effort au mieux, mais je ne me préoccupe pas du temps pendant les premières heures, n’écoutant que me sensations du moment.

A Nice, ce n’est qu’au 30ème km que je me suis préoccupé de la montre et à l’Altriman, j’ai regardé sérieusement l’heure au retour du lac de Balcère, en passant le semi. Dans les 2 cas, je me suis fixé seulement à ce moment-là un objectif chrono (-11h à Nice, et – 15h à l’Altriman). J’ai remarqué que le fait de se fixer cet objectif chrono, rendait à la fois les derniers km plus motivants et obligeait à se faire un peu mal au lieu de laisser aller, mais revers de la médaille, cela prenait un peu plus la tête et « gâchait » un peu le simple fait de participer et d’être sur la course, tout simplement !

Pour en revenir à une discussion qui a eu lieu sur le forum du club récemment : il n’y a pas de vérité unique, chacun court avec ses propres motivations : chrono, classement, devenir finisher, investissement personnel, camaraderie, paysage, plaisir au sens large du terme, etc... Personnellement, je pense que c’est une juste alchimie à trouver entre tous ces paramètres, et que c’est l’ensemble des facteurs qu’il faut prendre en compte mais que la vérité d’une course n’est peut-être pas celle de la course suivante ! Et que la vérité des uns n’est pas celle des autres !

2008 / 2012, bientôt 5 saisons de triathlon. D’un premier tri CD à Rennes où je suis arrivé péniblement au moment où l’on démontait l’arche d’arrivée, à un podium vétéran sur l’un des triathlons les plus difficiles qui existent. Malgré ma VMA de moineau et mon physique en bouteille de Perrier, je reste persuadé qu’il me reste encore quelques progrès à faire, notamment en natation où je suis toujours aussi nul. La marge de progression par rapport à mes possibilités physiologiques n’est certes plus énorme mais elle existe. L’an prochain, pour mes 50 balais, je veux me faire un « truc » qui reste et ensuite, si je pense avoir fait le tour du problème, je passerais peut être à autre chose : j’hésite entre le tricot et le macramé !

En attendant, 2012 est loin d’être terminé !!! Dans 15 jours, le Norseman, avec 2 objectifs : vivre un moment d’exception en famille et avec le Raspa et surtout finir tout en haut de la montagne, sachant que seuls les 160 premiers arrivés au pied du Gastatauppen ont le droit d’attaquer la montée finale. Il faudra donc gérer son effort, mais aussi sa place ! Tout un programme !!!

Bon, j’arrête là mes dissertations philosophiques et s’il y en a encore là à lire mes élucubrations, je vous remercie de votre patience et je vous donne rdv dans quelques semaines pour vous raconter les dernières aventures de la tortue au pays des Vikings…

 

 

Bien amicalement

La Tortue


 

17 commentaires

Commentaire de akunamatata posté le 21-07-2012 à 18:35:58

Toujours aussi detaille tes CR,
ca fait plaisir de voir les zanimos resister au temps qui passe
faire des choses... parce que!
Bravo

Commentaire de Byzance posté le 21-07-2012 à 19:11:04

La tortue ne me semble pas être un pseudo bien approprié pour une telle perf ! Bravo à toi !

Commentaire de cloclo posté le 21-07-2012 à 22:38:36

"La tortue ne me semble pas être un pseudo bien approprié pour une telle perf":
Oh que si, rien ne sert de courir, il faut partir à point ;-)
Bravo pour ce super récit, la Tortue. Et quel look, ce Papy !

Commentaire de La Tortue posté le 22-07-2012 à 08:23:39

Cloclo a bien raison. Tortue je suis, tortue je reste :-))

Commentaire de largo winch posté le 22-07-2012 à 18:29:46

on ne se connait pas, on s'est jamais vu, mais sache que je lis tous tes CR avec admirations et intérets. je suis admiratif de ton parcours. Il ressemble à ce que je voudrais faire du mien. Tu pourrais te poser la question de savoir si le temps passé à écrire ces textes est utiles, et bien sache que oui. Encore bravo, et vivement le CR du Norseman.

Commentaire de robin posté le 23-07-2012 à 13:34:56

Super compte-rendu ! Je l'ai vraiment trouvé super. Encore plus ton analyse. Je crois que tu as trouvé ta pierre philosophale. Il n'y a plus qu'à attendre ton prochain C.R. sur le Norseman. Je m'en régale d'avance
Encore bravo
Robin qui lui a déjà eu le plaisir de croiser la tortue sur le raid de l'estuaire.

Commentaire de LtBlueb posté le 23-07-2012 à 15:10:42

Il y aurait tant à dire et tant à puiser dans ton CR.
Sur ta course du jour d'abord...
Vélo impressionnant !
Course à pied surréaliste !
Résultat monstrueux, mais pas illogique et surtout archi mérité !
Flashback très émouvant sur ces 10+ dernières années et un parcours qui en dit long : il faut ca et un peu d'imagination pour réaliser que tu fus à une époque "le piètre débutant de le Corrida de la Beaujoire" :))
Chapeau l'Ami !

Commentaire de La Tortue posté le 23-07-2012 à 15:34:01

arf ! ça nous rajeunit pas tout ça mon lieutenant et mon Papy;-)
et je l'avais (presque) oubliée cette coursette de 2002 !
bon, allez je vous mets le liens pour les nostalgiques...c'est marrant à relire 11 ans après ;-))
http://www.kikourou.net/recits/recit-692-la_corrida_de_la_beaujoire-2001-par-la_tortue.html

au fait, c'est qui OLT ??

Commentaire de LtBlueb posté le 25-07-2012 à 18:26:05

OLT = OneLineTri, la mecque du forum de tri... bon perso, j'aime moyen , je trouve qu'il y a quelques intolérants ...que j'ai du mal à tolérer :))

Commentaire de Papy posté le 23-07-2012 à 15:19:00

C'est avec les larmes (d'émotion) aux yeux que je m'assoie, et m'associe, à coté du Blueb'.
J'avais lu sur le Zoo, mais avec les photos c'est encore plus prenant.
Même OLT vient te lire...
Ah cette corrida de la Beaujoire, j'entends encore les dents qui claquent, comme les miennes à la sortie de l'eau de l'Altriman (je dois encore chercher mon vélo d'ailleurs, non ? Chuis arrivée ?)
Monstre de volonté tu es, modèle pour beaucoup, plus le reste, pas facile à porter cela tous les jours, mais tu montres que malgré un physique bouteille Perrier (Perrier Jouet ?) tes épaules sont bien bien large...
Si jamais tu trouves le tuyau pour nager plus vite, fais moi signe. J'en ai marre d'entrainer des débutants en natation qui, après 6 mois, vont plus vite que moi !!!
Comme l'Blueb', Chapeau l'Ami !

Commentaire de ouster posté le 23-07-2012 à 22:20:29

Immense respect pour toi l'Ami - pour ta détermination, pour ta modestie et pour ton inspiration. Tes récits me remplit toujours d'espoir et je perds souvent le fil dans mes rêves à moi ! C'est clair que cette course est sur ma liste, et depuis longtemps. Je me suis longtemps obstiné à ne pas sauter les étapes et faire toutes les courses en montagnes que je voulais faire avant de m'attaquer au tri mais à vous lire sur la ML je ne pense pas pouvoir attendre une saison de plus !

Bonne fin de prépa et raconte nous bien la montée du Gastatauppen !!

je rejoins les Zanimos: Chapeau l'Ami !

Commentaire de LtBlueb posté le 25-07-2012 à 18:24:47

Bon je songeais à la retraite , mais si tu te lances sur le tri , j'attendrai sans doute une ou deux années de plus :)

Commentaire de ouster posté le 26-07-2012 à 23:18:25

et bien ! avec des promesses comme celles-ci je ne peux certainement revenir sur mes écrits :)

Commentaire de Runfredo posté le 24-07-2012 à 11:13:27

Superbe récit la tortue, une fois de plus. Jusqu'à maintenant, je me disais que cette course était hors de portée mais la manière dont tu la présentes commence à me faire réflêchir :-) Malgré ta modestie, je pense que tes performances sont impressionnantes. Je te rejoins sur le problème de la CAP chez les triathlètes. Elle devrait avoir une part plus importante dans l'entraînement hors elle est parfois négligée. En tout cas, j'aime beaucoup ton parcours, ta philosophie et la manière dont tu abordes cette discipline. Vraiment bravo.

Commentaire de langevine posté le 25-07-2012 à 17:47:18

Pas mieux qu'Andrew. Pour moi, tu es un exemple de volonté et d'humilité. Je ne me lasse pas de lire tes récits quand la motivation n'est plus là, ça me rebooste un coup! Merci Damien et bravo pour ce joli podium largement mérité!!
Bises!

Commentaire de philomene posté le 25-07-2012 à 21:42:44

Que rajouter à tout les commentaires ci dessus?
Trop fort tu as été, trop gentil ton sourire (et ton "ma Marie" ;) ) quand tu m'as croisé sur le marathon comme à l'arrivée. Trop joli ton récit!
Ah si je peux rajouter que si certains (et surtout certaines ;) dans mon genre) sont arrivés décalqués toi je t'ai vu frais comme un gardon! Et aussi que non content de cavaler comme un lévrier après le vélo, Monsieur la Tortue comme le Papy sont des gentlemen qui prennent soin des autres et de leur matériel à l'arrivée... La classe!
un grand moment! un très grand moment, et pas seulement de triathlon ;)
Un très très grand bravo!

Commentaire de L'Squick posté le 27-07-2012 à 19:43:30

Quand je pense que les Zanimos trouvaient mon CR d'Embrun de 2005 très beau! Le tien est magnifique, que d'envies, et que de belles images me viennent en tête. Tu me redonne vraiment envie de m'y remmettre! En tout cas, chapeau à toi, vraiment félicitations et avec beaucoup d'humilité! Tu es un vrai champion!
L'Squick( un vieux Zanimos)

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