Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail 2011, par ayrton

L'auteur : ayrton

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail

Date : 27/8/2011

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3521 vues

Distance : 80km

Objectif : Faire un temps

10 commentaires

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Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail 2011

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas fait de courses de plus de 10h et mes derniers entrainements, n'ont également pas été dans ce sens, donc ma tratégie de course passera par un départ prudent, le temps de prendre la mesure de la course.

Nous arrivons relativement tard sur le site du départ, le temps de prendre une photo entre kikous par Caro et un dernier bisou à Papillon en espérant qu'elle ne souffre pas trop avec son genou convalescent.

La météo semble assez clémente contrairement à ceux de l'ultra, pourvu que ça dure.

Je me dirige vers les premières positions, Dawa est bien là, nouvelle égérie de la course, chacun veut avoir sa photo avec le sympathique Népalais qui se prête à chaque sollicitation avec le sourire.

Le départ est proche maintenant, tout le monde a la main sur sa montre, prêt à déclencher le chrono.
Le décompte commence, 5h précise le départ est donné, on sort du village et rapidement la route s'élève.
A partir de ce moment je me fais régulièrement doubler, mais je ne m'affole pas surtout quand je vois certains coureurs le cou en sueur et le souffle bien sonore au bout d'à peine 30 minutes...
Nous arrivons au village de Soulan, il y a pas mal de spectateurs présents pour nous encourager, maintenant nous allons aborder la montagne, les positions sont maintenant stabilisés, on distingue les vaches auprès de nous et surtout il faut éviter leurs déjections qui jonchent le chemin...

Ma frontale ne semble maintenant plus très utile, le jour se lève tout doucement, je me retourne et je vois le soleil orangé s'élever en dessinant les montagnes tout autour et la chenille des frontales progresser, sublime !
Nous arrivons au ravitaillement de Merlans, j'ai les doigts assez glacés, le soleil devrait rapidement arranger ça. Je fais le plein d'eau et je repars, je suis pointé 30e.

Nous allons arriver vers des sections un peu plus techniques, le chemin va s'élever encore quelque peu puis nous allons aborder la descente sur Artigue.
Je ne suis bizarrement pas très à l'aise, alors que c'est en général mon point fort mais je suis assez emprunté, peut-être que l'utilisation des bâtons perturbe ma perception de l'équilibre et j'ai du mal à enchainer.
Depuis le début je suis très rigoureux sur ma prise de gels énergétique et de ma boisson énergétique, du Mozart !
Me voilà à Artigues en 26e position, je prends un petit peu plus de temps pour embarquer de quoi manger mais globalement mes arrêts aux ravitos sont expéditifs.

1700m d'ascension nous attendent jusqu'au Pic du midi, il faut tacher d'être régulier, le début de l'itinéraire se fait dans les bois par une pente bien raide, on passe devant de belles cascades, ce passage est vraiment plaisant.
On sort des bois et on aborde maintenant l'ascension en contournant toute la montagne, je remonte gentiment d'autres coureurs mais je me garde de m'enflammer.
La pente n'est pas très raide, de temps en temps j'alterne course et marche, l'arrivée au Sencours est là, ravito rapide sous une espèce de gros bunker.
Ça repart rapidement vers le pic du midi, c'est une large piste qui monte en lacets qui nous y mène, peu pentue elle est assez ennuyante, ça y est l'observatoire est en vue, je crois y être, mais il est tellement gros qu'il est en fait bien plus loin qu'il n'y parait.
L'ascension finale est plus intéressante, plus caillouteuse et plus pentue, malheureusement en haut la vue est bouchée, je suis pointé 20e, demi-tour dans la descente.

Je descends assez rapidement et double dans la portion roulante, je me sens plutôt à l'aise, après le col du Sencours, le sentier est un plus technique, puis c'est ensuite une portion dans les alpages qui me fait arriver à Tournaboup. Cette descente que je craignais longue est finalement vite avalée grâce à de bonnes sensations et à un itinéraire très varié qui rompt avec la monotonie de certaines descentes du côté de Chamonix...

Je suis pointé maintenant 13e, ça devient intéressant pour le classement, Je vois qu'un coureur est au ravito, je fais de nouveau un arrêt au stand éclair pour le passer.
Je repars sur un bon rythme avec un coureur à ma chasse ! Je cherche un gel dans la poche et... Rien ! Nom de Diou ! Je n'en n'ai plus, j'ai fait une erreur dans le nombre de mes gels embarqués et me voilà à sec... Je vais devoir faire sans un bon moment car le prochain ravitaillement ne comporte que de l'eau, j'en ai pour près de 3h avant le prochain ravito solide !
Pour le moment je suis encore assez énergique et je distance le coureur que je précède, le sentier est assez bucolique par contre il monte somme toute peu du coup l'ascension me parait vraiment longue et je sens maintenant mon manque de sucre dans le sang se faire sentir, je commence à avoir les jambes lourdes.

Derrière ça semble revenir, j'essaye de maintenir une allure convenable mais mon cardio ne veut plus monter, je suis environ à 125 puls, compliqué d'avancer dans ces conditions, sur le final de l'ascension de Barrèges, la pente s'accentue, je peine lamentablement mais bizarrement je creuse l'écart, le barrage est en vue, au pointage on me confirme la 12e place.
Je bascule vers la descente légèrement technique, dans ce sens mon manque d'énergie est moins préjudiciable et j'arrive à me débrouiller.

Des coureurs de l'ultra m'informent que 2 coureurs sont seulement à 2' devant, sympa pour l'info, il faut continuer l'effort...
Finalement je double le premier facilement, il semble emprunté dans la partie technique et au loin je vois le second avec un maillot rouge.
Manifestement je reviens également sur lui, puis la pente se fait moins forte et mon manque d'alimentation se fait sentir, il se retourne, contrôle l'écart, il y a de nombreuses relances je fais l'effort pour lui mettre la pression, mais rien à faire l'écart reste stable au départ de la dernière ascension.
De son côté il rejoint un autre concurrent et font l'ascension ensembles, derrière ils sont également 2 à avoir recollé sur moi, on est 5 en moins de 2', il ne faut rien lacher si prêt du but.
Je perd légèrement du terrain dans l'ascension, vivement le ravito dans l'espoir de me refaire.
Ensuite il y a une portion en faux plat où il faut relancer régulièrement, les jambes sont vraiment lourdes, je ne vais vraiment pas vite quand je me remets à courir, mais même pour 10m, je relance, je ne veux rien regretter, chacun y mets de sa relance et au final c'est le status-quo, c'est un mano à mano génial.
On est maintenant très proche du ravito, je n'en peux plus, un coureur me reprends juste avant le restaurant de Merlans.
J'arrive épuisé comme le 5e de notre groupe, je décide de prendre le temps de bien me ravitailler pour me donner une chance de bien finir, je prends tout ce qui passe, jambon, chocolat, tuc, Orange, brossard, pas très heureux les mariages mais il faut que je me refasse !

Je rebois 2 grands verre d'eau gazeuse et je repars en marchant les mains pleines de Jambon.
L'ascension ne devrait pas être trop longue, j'essaye de croire que la descente me sera profitable, devant l'écart se creuse et le 5e est je pense définitivement hors jeu,il n'y a plus qu'à regarder devant !
Ça y est la fin du Col du Portet est là, à priori c'est maintenant une longue descente au programme.
Je devine tout en bas mon fameux maillot rouge que je tiens dans le viseur depuis 2h, ça parait être loin, mais tout dépend de mon état de forme.

Le début de la descente est vraiment très raide sur des éboulis, les jambes semblent bien répondre mais sur une telles descentes, c'est malgrés tout bien compliqué de descendre rapidement.
Les coureurs de l'ultra semblent vraiment au bout de roulot, et cette partie pentue dure sur 600m de dénivellé sans que je puisse réélement combler mon retard.

Cette partie est enfin finie, là je peux vraiment courir, j'ai une foulée très aérienne, incroyable !
J'y crois vraiment même si je ne vois toujours pas mes compères.
On rejoint la route, petite bosse, puis de l'autre côté les voilà ! le coureur au t-shirt rouge se retourne, et m'aperçois, je déboule littéralement sur eux et les laisse tous les 3 derrières.
On rentre dans les bois, j'entends derrière que la défense s'organise, une petite côte que je passe à bonne allure et ça redescend à nouveau, là j'accélère franchement histoire de les décourager.
J'ai retrouvé une fraicheur impressionnante, j'ai l'impression de commencer la course, un seul coureur ( Etcheverry ) tentera quelques minutes de me suivre, mais je m'aperçois que j'en ai encore sous le pied, et finalement rapidement je ne le verrai plus derrière moi.
J'essaye de profiter de ma forme retrouvée et je tartine tout du long espérant remonter encore, je prends vraiment mon pied avec mes pieds, un pur bonheur !
Manifestement l'écart devant était trop important et je ne gagnerai plus d'autres places, je fini finalement 9e dans une chaude ambiance.

Le lendemain j'ai droit au podium vétéran au côté de Dawa, what else ?

Un grand bravo à Papillon pour sa course, qui malgré des difficultés en tout genre, n'a pas pris la voie de la facilité en prenant la porte de l'abandon mais a su affronter la course les yeux dans les yeux.

10 commentaires

Commentaire de Papillon posté le 30-08-2011 à 18:21:39

Bravo ayrton!!!! A mes yeux tu es vraiment le plus fort... au fait, il va falloir que tu m'apprennes à jouer du Mozart, il me semble que j'ai raté ma partition...
Tu as superbement géré ta course... tu as su te maintenir malgré le manque de coco... bravo, bravo, bravo...

Commentaire de fab84 posté le 30-08-2011 à 19:02:19

Super récit et bravo pour ta perf cela parait si facile encore bravo

Commentaire de Mat69 posté le 30-08-2011 à 19:34:30

Vraiment belle gestion Ayrton, et dire que moi devant, après le col de Barège, j'ai levé un peu le pied pour attendre le 1er V1 et lui faire le rythme jusqu'au bout afin qu'il garde sa place (il ne voulait pas courir du tout la dernière descente à la base)...
Mais bon je t'avais juste vu passer à fond devant moi sur les 25 bosses avant ce 27 août.
Ma gestion fut bien moins bonne que la tienne en tout cas et j'ai vraiment été moins régulier.
Au plaisir de te croiser sur une autre course pour pourquoi pas faire un bout de chemin ensemble.

Commentaire de laulau posté le 30-08-2011 à 19:53:41

Bravo pour ton énorme course et cette belle bagarre finale ! On dirait presque que tu étais sur un trail de 20 bornes !
Comme quoi, on peut vraiment bien s'entraîner tout en étant loin de la montagne.

Commentaire de Bleau78 posté le 31-08-2011 à 18:54:42

Trop Fort Ayrton, vraiment bravo pour ta course.
Ciao
Marco.

Commentaire de mic31 posté le 31-08-2011 à 22:43:02

Bravo grosse grosse course et une superbe place au bout.

Commentaire de psyko posté le 31-08-2011 à 22:57:29

Félicitation Jean-Philippe pour cette super course très bien gérée malgré le manque de gels sur la fin !!!

Commentaire de Le Loup posté le 01-09-2011 à 17:11:05

Good job !

Commentaire de grumlie posté le 01-09-2011 à 22:09:16

1 bien belle perf. A votre passage à la cabane on sentait bien qu'il y avait de la "baston" et que cela serait sérré. Bravo et bonne récup'

Commentaire de AldeBleau posté le 27-03-2015 à 02:30:15

Ben moi je dis : Bravo !
Déterré ce post "because" inscrit sur le GRP/TDC cette année (2015) + voisinage Reclosiesque...
Terminer un ultra en mode "aérien", c'est effectivement un pur bonheur !
(Que je ne manque jamais de m'octroyer, en mode "poireau qui s'économise")
Mais à l'autre bout du spectre, il y a ceux qui se le permettent en montant sur le podium : les vrais champions ! Bravo à toi !

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