L'auteur : laulau
La course : La Course des Refuges - 40 km
Date : 25/7/2010
Lieu : Cauterets (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 4260 vues
Distance : 40km
Objectif : Pas d'objectif
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Je me suis inscrit assez tôt à cette course pour être sûr d'avoir une place car les inscriptions étaient limitées. C'est un endroit que j'aime beaucoup et je pense que c'est une bonne préparation pour le grand raid des Pyrénées fin août. Je n'avais pas d'objectif particulier juste 3 semaines après le TGV. J'arrive un peu tard samedi soir pour manger avec Grumlie et on partage un plat de pâte en terrasse à Cauterets où la météo est un peu fraîche. Chacun regagne sa voiture-dortoir. Je ne suis sûr que ça fasse du bien à mon dos déjà un peu endolori par des travaux de nettoyage de sentier de randonnée
A 6h45, sur la place , je retrouve pas mal de têtes connues et on papote pas mal !. Je regarde le départ du circuit long qui regroupe les meilleurs coureurs des 3 circuits.
Puis à 7h30, départ de la course du circuit 2 ,39km(en fait 41km sur plusieurs GPS) et 2200m+. Comme tous les bons sont sur le long, les seconds couteaux sont à la fête et on se retrouve vite un groupe de 5 en tête. Ces 5 seront les 5 premiers à l'arrivée ! Passé la route du début, la montée douce vers le lac d'Estom est agréable et on rejoint les derniers du circuit long.
cascade du Lutour
Premier ravitaillement au refuge du lac et premiers encombrements.
Les affaires sérieuses commencent avec la montée raide le col d'Araillé, surtout qu'il faut doubler maintenant pas mal de coureurs et le sentier est souvent étroit.
lac et refuge d'Estom
Cela devient de plus en plus minéral et sous le col, on traverse un beau névé...qui freine encore pas mal de coureurs. La plupart des coureurs nous laisse passer sans problème. On s'encourage les uns les autres !
Arrive le Col d'Araillé étroit et aérien. On m'annonce 3ème rouge (couleur du dossard) et comme je vais bien...alors tout va bien. Dans la descente, le 4ème me rattrape et on descend ensemble à allure moyenne en discutant. On passe la bifurcation vers la Hourquette d'Ossoue et la voie normale du petit Vignemale (mais aussi du Grand) !) Cela me rappelle l'ascension du Petit Vignemale, il y a longtemps, avec mon père où celui-ci avait renoncé 100m sous le sommet. j'avais eu beau l'encourager, l'engueuler, rien à faire ! têtu comme un basque, Aïta!
descente vers le refuge des Oulettes (photo Marc Leclerc)
Bon, passage au refuge des Oulettes.
On prend en plein visage l'immense et impressionnant versant nord du Vignemale...mais on ne voit que le bas.
Là aussi des souvenirs d'ascension estivales ou hivernales affluent, bons ou moins bons ! Le couloir de Gaube, couloir de neige et glace mythique pour un pyrénéiste fait à vitesse grand v, le couloir en Y, mixte(roche et glace) bien technique, la face nord de la Pique Longue où on s'était paumé et fait peur plus d'une fois !, des moments me reviennent en flash !...Mais la course continue et on aborde la dernière montée, le col des Mulets, courte mais bien raide. on double toujours des coureurs du circuit long. Quelques-uns font un peu la sourde oreille pour se laisser doubler (la fatigue ?) et il faut forcer un peu le passage et ce n'est pas trop agréable. Assez vite, le sentier disparaît et il faut monter dans les éboulis, chacun comme il peut. Au bout d'un moment, j'en ai marre et je décide de rejoindre le grand névé. Il est peu dur mais je monte beaucoup plus vite. Un couple de randonneurs peu à l'aise sur la neige me regarde monter avec mes chaussures de trail les yeux écarquillés.
Presque en haut, je rejoins le sentier qui réapparaît et arrive au Col des Mulets où un petit vent froid souffle. Les gendarmes de montagne et les contrôleurs qui y sont sont bien couverts ! Je suis toujours 3ème et ils me disent que le 2ème n'est pas très loin !
En hiver, une année, je me souviens d'une corniche de neige énorme à ce col et on avait dû pelleter pendant un moment pour pouvoir traverser mais c'était dans l'autre sens.
Je file vers le Col d'Aratille par une grande traversée dans la caillasse. Un peu de terre mais surtout de la roche ocre partout partout. ça descend d'abord raide pendant peu de temps puis c'est à flanc quasi jusqu'au col. c'est toujours étroit, peu marqué. Par temps de brouillard, ceux qui ne connaissent pas auraient vite fait de descendre vers l'Espagne. Au fait, dans cette partie...on est en Espagne !
entre le col des mulets et le col d'aratille avec le Vignemale dans le brouillard
col d'Aratille
Passage au col d'Aratille puis traversée au dessus du lac du col. Je vois des randonneurs qui cherchent à passer le névé en travers du sentier. Ce n'est pas très large mais assez raide et surtout, ce névé plonge dans le lac où traîne encore quelques gros glaçons ! je comprends l'inquiétude de gens peu habitués à ça.
le fameux névé au-dessus du lac
Je leur dis qu'en posant les pieds bien à plat sur les traces, ça passe sans problème mais une dame n'a pas l'air convaincue. Tant pis , je continue vers le très beau lac d'Aratille.
lac d'Aratille
La descente est toujours technique sur le sentier soit sur de grandes dalles de granit. On croise pas mal de randonneurs qui montent, certains encouragent, d'autres font un peu la tête, ce que je peux comprendre car leur montée où il doivent souvent faire attention au coureur qui arrive vite n'est pas forcément très agréable. en tous cas, j'essaie le plus possible de ne pas les gêner. Dans la dernière descente, juste avant le refuge Wallon, un coureur me double rapidement alors que je viens de doubler le deuxième ! donc pas de changement de place !
Voilà le refuge Wallon (ou du marcadau) dans un environnement splendide, point de départ de multiples randonnées. J'ai dû y passer des dizaines de nuits mais surtout en hiver. De là, j'ai fait aussi mon 1er 3000, la Grande Fâche, avec le club Léo Lagrange de Bayonne. Je me sentais comme un héros !!...alors qu'on était une trentaine au sommet !
Je me souviens y être monté seul un hiver en pleine nuit alors que j'étais étudiant. Il y avait une tempête de vent du sud. les arbres craquaient de partout. Les ombres devant ma frontale bougeaient dans tous les sens, je ne faisais pas le malin. Je me souviens de la tête des gars devant la petite cheminée (ou du poële) en me regardant entrer !
Le souvenir le plus marrant est avec ma future femme. On n‘avait pas encore d'enfants...ah ! le bon temps On était monté à skis au printemps pour plusieurs jours. En revenant d'une rando, on faisait sêcher des affaires au soleil sur la rambarde devant la terrasse du refuge alors qu'on somnolait comme des lézards au soleil. Un bruit d'hélicoptère nous réveille, il arrive droit vers nous. On se demande s'il va s'arrêter. Finalement, devant le refuge, il se met en stationnaire juste au-dessus du sol. Un gendarme descend, nous demande si on a vu un ou des espagnols en difficulté. On a rien vu alors il remonte dans l'hélico et celui-ci disparaît aussitôt. On se demande si on a rêvé ! y'a juste à aller chercher les vêtements qui ont volés un peu partout, notamment des sous-vêtements de madame !...
Bon ! la course ! , y'a plus qu'à redescendre jusqu'au Pont d'Espagne puis jusqu'à Cauterets. le 2ème n'est pas loin. Un gentil bénévole met quand même du temps à me remplir ma poche à eau, je râle intérieurement !
Peu après le refuge, un point très douloureux dans la fesse droite puis dans l'arrière de la cuisse arrive. ça y est, cette fichue sciatique me revient au mauvais moment. Je repense à Mic31 et Picos de Europa et cette discussion au resto à Pralognan il y a 3 semaines à la veille du TGV. Je ne m'étire jamais...je le paye aujourd'hui ! La suite de la course devient difficile, je ne peux plus lever la jambe droite sans douleur importante. dans les zones à peu près planes, ça va mais quand dans les parties plus pentues et caillouteuses, j'avance doucement comme un canard boiteux. Je me fais rattraper, je repasse devant sur le goudron avant le plateau du Clot. Je ne sais pas trop où le est passage le plus court vers le Pont d'Espagne. Je prends par le sentier du GR10. j'arrive au Pont d'Espagne et je pense qu'on va dérouler tranquille jusqu'à l'arrivée. Erreur !! on prend le GR10 qui suit le gave par un sentier bien ombragé mais où il faut redoubler d'attention car pleins de racines apparentes, de pierres, de marches par ci par là et aussi beaucoup de familles. Cette partie est très belle car elle côtoie les superbes cascades qui s'enchaînent les unes après les autres mais l'objectif est d'arriver « rapidement » à Cauterets sans se faire doubler.
ça y est, j'en ai presque fini, je suis une piste forestière qui domine Cauterets avec la route que l'on a prise ce matin en contrebas. Arrrgh !, je vois le 4ème sur la route en dessous alors que je suis bien le balisage !
Je suis en train de dire à Jeff Bellardi(le photographe) que mon suivant a pris la route !
2mn après, c'est l'arrivée et on m'annonce 4ème ! Bon tant pis ! heureusement, le gars très sympa,( Philippe Maupomé de Bagnères) , reconnaît son erreur de parcours (beaucoup d'autres feront pareil, problème de balisage) et le dit aux organisateurs et me voilà 3ème et 1erV1. Résultat inespéré mais je le répète les meilleurs étaient sur le long. Sur le long, j'aurais pu envisager une place entre 10ème et 15ème, au mieux !
Direction la douche et les bains aux Thermes, ...génial !!!!!
Repas avec les amis de la JA Bordères et longue attente des podiums avec mes amis basques, Henri Caricaburu (1er V2 et 5ème de ma course, Philippe Carricart 38ème et Patrick Etcheverry 27ème du long.
A part cette sciatique qui m'a bien handicapé sur la fin, cette course m'a rappelé pleins de souvenirs et m'en laissera un bon !
Il y a bien des choses à améliorer par ci par là mais c'est vraiment un superbe trail de montagne technique à souhait et qui, j'espère, aura été un très bon entraînement pour le GRP fin août.
Quelques commentaires sur la course ici
http://www.kikourou.net/forum/posting.php?mode=reply&t=18733
8 commentaires
Commentaire de les machine-gônes posté le 30-07-2010 à 19:20:00
Merci pour ce magnifique reportage qui donne drôlement envie d'aller faire un tour dans ce coin. Et bravo pour ta course bien sûr !
Commentaire de Mustang posté le 30-07-2010 à 23:28:00
bravo pour ta course sur un parcours que je connais très bien!! la météo n'était pas te rible mais les difficultés étaient bien présentes!! Respect!
Commentaire de domi81 posté le 31-07-2010 à 05:46:00
beau CR qui donne envie de courir dans les cailloux !
tu es prêt pour le GRP.
félicitations pour ta perf, pour le fair-play du concurrent et pour tes souvenirs...;-)
Commentaire de picos de europa posté le 31-07-2010 à 08:47:00
Ton papa était tétu...mais fort sympathique, comme un basque et un amoureux de la montagne, c'est sûr. Merci pour ces belles photos et bravo pour cette belle place bien méritée. Comme quoi,la forme est bien revenue et les chemins chargés de bons souvenirs donnent des ailes. Après de bonnes vacances, le GRP devrait donc se dérouler à merveille. Bonnes vacances et bon GRP!
Commentaire de mic31 posté le 01-08-2010 à 18:44:00
Joli récit et belle place à l'arrivée, sur un parcours où sûrement je n'aurais pas été à l'aise partout...
Bonne récup et bonne prépa pour le GRP, sans oublier les étirements !
Commentaire de philtraverses posté le 06-08-2010 à 12:47:00
bravo pour ta course ponctuée de beaux souvenirs. Cette course a été un peu ta madeleine de proust faisant remonter tant de souvenirs et d'émotions. merci de nous les faire partager
Commentaire de Ben64 posté le 09-08-2010 à 21:36:00
Wahouu quel récit!! Plein de souvenir, teinté de nostalgie parfois... et une super place à l'arrivée et la victoire dans la catégorie des papys juniors ;-)
Commentaire de the dude posté le 11-08-2010 à 15:08:00
Clap clap clap!!!
Bravo pour ta course et les belles photos!
Un beau voyage dans le temps semble-t-il.
Ton récit m'a aussi rappelé qques souvenirs perso, beaucoup plus récents et modestes, mais j'étais en vacances dans les Hautes Pyrénées et je suis allé me balader du côté du lac de Gaube - refuge des Oulettes - Col des Mulets (sacrée montée dans la caillasse!!!), ce devait être 2 jours après la course 0:)
PS: coup de chapeau au passage pour le type qui termine devant toi et va lui-même annoncer son erreur.
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