par patdours » sa fiche K
» 26 Juil 2011, 01:11
Salut,
De retour du trail de Bure. Ce trail n'en fut pas un pour moi au sens littéral du terme ou alors plutot un off pour le moins particulier. Et j'ai pensé, vues les questions soulevées par et suite à cette (més)aventure, à en rédiger un récit.
Voilà deux mois maintenant que (mis à part le trail du Canigou fin juin), je n'arrive pas à faire une course prévue. Et, mis à part une fois où c'était moi qui était « out », c'est toujours la faute à "dame météo" qui fait des siennes. Et donc au nom de la sécurité, le résultat c'est soit course annulée, soit parcours de repli .....
Une première fois, c'était pour risque d'orage.....en montagne, ça arrive !!!!!! Et notamment en fin d’après-midi
Une autre fois, risque de chute de neige au dessus de 2000 m, effectivement en montagne, ça peut arriver aussi......
Cela étant, ayant vécu (voire lu ou encore entendu des récits...) des courses réalisées dans des conditions bien plus difficiles voire épouvantables, ces histoires commençaient à me courir....
On va finir au nom de la sécurité par faire des trail en salle.....
D'autant que, pire, si dans l'organisation, certains sont francs et honnêtes et te renseignent clairement que ça te plaise ou pas, sans détour, d'autres n'hésitent pas à raccoller et à te raconter des histoires jusqu'à qu'a la dernière minute tout ça pour avoir des frais d'inscription. La palme revenant à ceux qui n'hésitent même pas à te refiler des accessoires spécifiques pour l'épreuve, alors qu'il savent depuis deux heures que la course ne va pas avoir lieu.....
Bref, je me rends à Super Dévoluy, un dernier coup d'oeil à la météo qui annonce encore quelques nuages mais tout va se dissiper rapidement avec le vent du nord. Je prévois en conséquence de quoi me couvrir et c'est parti.
je me pointe donc à la station et, au moment de m'inscrire, demande, par réflexe, si le parcours long a bien lieu.
Réponse : On ne sait pas encore. Surpris, je vais à la pêche aux infos, Réponse : il faut attendre les infos des ouvreurs car à priori encore du vent et du brouillard sur le plateau.... j'attends donc pour m'inscrire.
Les inscriptions se poursuivent malgré ce !!! Je dois être spécial ….. La réponse sera donnée à 10mn sur la ligne de départ ….Trop sympa. Coup de gueule, pour savoir. Finalement, un des organisateurs se pointe et dit, météo pourrie sur le plateau (froid, vent et brouillard) donc course annulée, en lieu et place vous ferait la petite boucle …. deux fois.
Je fait ni une ni deux, je reprends mon chèque et part sans dossard et dans l'idée de faire le parcours originalement prévu et surement seul.
Et c'est donc vers le 15éme km, que je quitte le ravito sous l’œil semi inquiet, semi interrogatif des bénévoles et je monte seul vers le plateau de Bure. J'ai des gants, un pull en plus, le gore tex.... et je connais les lieux donc feu.
Peu à peu dans la combe Ratin, vallon qui permet d'accéder au sommet, je passe dans le brouillard et le froid, il commence à givrer, le vent se fait de plus en plus fort. J'enfile alors le gore tex, les gants, je suis paré mais vus les conditions, je sais que sur le plateau, je n'y trainerai pas, je ne monterai pas au pic ce jour, je n'aurai qu'à tout de suite basculé versant sud.
J’accélère le pas malgré la pente et débouche sur le plateau. Un monde de désolation, tout y est gelé, givré, je n'y vois pas à cinq mètres, plus de balises. Le vent, le froid et ce p. de brouillard m’empêchent de lever la tête et d'y voir clair sans me prendre des coup de froid et ce malgré toutes les couches que j'ai pu mettre.
Déjà quinze minutes maintenant que je suis sur ce plateau de m., malgré les quelques cairns que j'arrive à voir et à suivre ça et là, je commence à tourner en rond (les traces GPS me le confirmeront). Je commence à me refroidir sérieusement. Mes vêtements et mes jambes sont toutes blanches de givre, je tremble, je grelotte, rien n'y fait, je balise mais je ne continue de courir dans tous les sens car il suffit que je trouve le GR et après tout sera ok.
30 mn, toujours rien, je n'arrive même pas à retourner sur mes pas pour au moins redescendre par là d’où je suis venu..
Un trou, et l'idée de m'y mettre dedans et d'attendre, au moins m'abriter du froid et'attendre. Mais attendre quoi, qui, je suis tout seul, je dois passer peu à peu en hypothermie, combien de temps vais-je tenir.... j'ai maintenant peur, mais je sais qu'il ne faut pas que je me laisse envahir par elle. Put. pas là, je vais pas finir là, trop c. Nouveau sursaut de survie et seule solution, continue de courir, n'arrête pas.
45 mn. Je m'épuise mais je repars encore, un nouveau cairn, mais celui ci signale le bord du plateau et la falaise, je repars dans l'autre sens, encore un cairn, puis un second et cette fois une peinture rouge et blanche, le GR. Sauvé. Peu importe, le sens, il me fera descendre dans une vallée.
Et effectivement cinq minute après, c'est bon, je suis versant sud, plus de vent, plus de brouillard, plus de froid et même le soleil. Je suis sorti du cauchemar. Un peu plus bas, je croise des jeunes qui montent, ils étaient venus pour voir le trail, j'essaye de parler, j'ai du mal, j'ai encore les sourcils tout gelés, je récupère un moment et redescend avec eux.
Tout va bien mieux maintenant, je reprends alors le cours de mon trail...... un peu plus loin, je rencontrerais et échangerais avec deux organisateurs qui débalisaient. Ils me ravitailleront outre mes espérances. Je repars à blocs et rebascule par le col de Rabou versant Nord, je crains le pire (mais là c'est l'aprem et à 1800 m et non le matin tôt à 2600), il fait certes frais et venteux mais hormis la trace mnésique terrible du matin, tout va bien !!!
QQ km après,je récupère le parcours « officiel du jour », je me jette d'ailleurs sur un ravito (encore merci aux bénévoles plus que compréhensifs, je n'avais pas de dossards ….) et je finis avec qq coureurs qui effectuaient leur ….deuxième boucle.
????????
La seule leçon et conclusion que j'ai envie de donner à cette histoire est : l'aventure ok, le risque ok …. mais JAMAIS SEUL