Je vais encore vous embêter avec mes petites histoires.
Aujourd'hui, j'ai sorti le VTT, je voulais aller à Cap Fréhel. Je me suis arrêtée à Pléneuf. Enfin, plutôt au Val André. Pléneuf, c'est l'autre ville. Mon VTT a des grandes roues de 700 et des pneus de VTC. Il convient mieux pour les voies vertes et les petites routes défoncées, pas vraiment pour les chemins de terre qui ont bien morflé, des pluies qui sont tombées en abandonce cet hiver et des tracteurs qui les empruntent quand la terre est gorgée d'eau.
Ca n'avançeait pas. A d'autres endroits, les herbes étaient vraiment très hautes, après deux mois de printemps sans nulle fréquentation et se prenaient dans mes rayons, sans parler des orties qui me chatouillaient les jambes.
A Pléneuf Val André. Je vais sur la digue. Je pose le vélo. Je m'apprête à faire quelques photos, j'ai sorti l'appareil et là, un mec passe qui me dit être un élu de la ville et que je n'ai pas le droit de rouler à vélo sur la digue, sinon il allait me coller une amende. Je ne roulais pas. Je prenais des photos. Le con m'a fait éclater en sanglots. On ne peut rien me dire en ce moment. Un rien me fait pleurer.
Certaines personnes ont vraiment développé de sales petites mentalités de dictateurs, pendant cette période du confinement. Ils se lâchent maintenant totalement. Tu fais ceci, je vais te coller une prune, tu fais cela, je vais t'en inventer une autre.
Enfin, on a quand même "gagné", la bataille de la mer. C'est déjà ça.
Dimanche dernier, on a tous cru qu'ils (ils = nos décideurs) avaient décidé de nous ôter tous les plaisirs de nos vies avec ces interdictions totalement débiles d'aller sur les plages ou dans la mer.
Heureusement, une gentille dame qui était à côté, avec son petit loupiot en patinette (elle aussi interdite) m'a réconforté. Elle a même voulu m'offrir un masque qu'elle avait fait elle-même au crochet et m'a dit en avoir fait plus de 100 pendant ces deux derniers mois. Le crochet étant sa passion. Hélas, je crois qu'AFNOR, ce n'est peut-être pas la sienne. Après cet épisode, j'avais juste envie de rentrer et j'ai donc fait demi tour, en prenant un autre itinéraire, pour éviter les orties dont les piqûres me grattaient encore.
Juste avant Planguenoual, sur une toute petite route, je vois une mamie qui marche comme les morts vivants dans Walking Dead. Je me dis d'abord, c'est pas possible, un Humain ne peut pas marcher comme un zombie. Je me dis ensuite qu'elle va tomber. Ca tangue, ça tangue. Elle marche sur le talus, là où il y a des mottes de terre, ça n'aide pas. Je la double. Je me retourne. Elle vient de tomber.
Merdalor.
Je m'arrête.
Je lui demande si elle va bien, si elle peut se relever, si elle a mal quelque part. Elle est vraiment très âgée et entend très mal. Ceci étant, elle a roulé sur elle-même, s'est mise à quatre pattes et a commencé à se diriger vers un muret à un mètre d'elle. Hélas, elle ne parvient pas à se relever. Même en s'agrippant au muret
Qu'est-ce que je fais ? Je la touche ou pas ? J'avais pas emporté de masque bien sûr et bêtement refusé le cadeau de la gentille tricoteuse au crochet d'or non AFNOR.
Je lui demande si elle habite loin ?
Non, en fait à deux maisons. Et son mari ? Le mari va rouspéter si il apprend qu'elle est sortie aussi loin, soit à environ 200 m. Bon alors ? On ose embêter le mari ou bien, elle refait une petite tentative de redressement. Ah ben, non, elle n'y arrive pas. Je vais chercher le mari alors ? Ok.
C'est parti. Je pose définitivement le vélo. Ca fait dix bonnes minutes qu'on papote et qu'elle est étalée dans l'herbe et aucune voiture n'est encore passée et toutes les maisons à côté, apparemment hermétiquement fermées.
Je trouve le marI dans la cour de la maison. Encore plus âgé. Encore plus malentendant. Avec encore plus de difficultés à marcher. Il me demande de m'approcher plus près, car il ne m'entend. Bon pas plus d'un mètre et surtout, j'A.R.T.I.C.U.L.E. Au bout de cinq autres longues minutes, j'arrive à lui expliquer la situation et on tombe d'accord pour que j'aille apporter le zimmer à sa dame. Je m'exécute.
Mais même avec le zimmer, ça aurait pas été possible. La dame n'arrivait même plus à se retourner sur le ventre. Je m'apprête alors à dégainer mon portable pour appeler les secours quand une voisine, dans une maison plus lointaine, me crie qu'elle arrive.
De suite, les choses sont mieux allées. La voisine ayant une fille ambulancière qui est venue, cinq minutes après, en voiture et sans masque, mais avec des gants. Sachant la dame désormais entre de bonnes mains et des mains beaucoup plus compétentes que les miennes, j'ai pris congé et suis repartie, non sans remettre le zimmer à sa place dans la cour de la maison.
Ce serait peut-être bien que je suive une formation de secouriste, non ?
Le protocole de nos autorités ne nous disant pas ce que l'on doit faire dans une telle situation ? On touche la personne ou pas ? Bon là, le cas était un petit peu particulier, la dame avait peut-être aussi fait un très léger malaise.
C'est là que l'on se dit qu'être vieux. C'est terrible. Manifestement, ces deux petits âgés vivent seuls et ont de grandes difficultés à se déplacer. En même temps, ils sont mieux là où ils sont qu'en EHPAD. Certains EHPAD étant excellents et d'autres de vrais mouroir. On l'a découvert ou plutôt redécouvert.
De surcroît si ces âgés n'ont ni fortune (bonne retraite), ni descendance ... Se pose le douloureux problème de l'addition à payer.
Sur le parcours retour, comme on a pas le droit de pique-niquer sur les plages, je ne vous raconte pas le nombre de familles que j'ai vu pique-niquer, de droite et de gauche, tout du long, dans les talus, proches les routes où sur les aires de pique-nique aménagées, littéralement réquisionnées pour l'occasion. Les gens avaient besoin d'être dehors. Ca m'a rappelé les années 1970 où on faisaient ça. On sortait la grosse DS le dimanche pour aller manger dans l'herbe avec les gosses. Des choses simples. Des choses agréables. Des choses que beaucoup de familles avaient besoin de faire ce dimanche.
Et bien sur ça roulait sur deux roues, de partout. Du super cyclo affûté, au Vétiste en passant par la dame à vélo électrique, avec son petit chien dans le panier devant. Et des coureurs, des coureurs de partout. La vie qui repend enfin.
J'ai vu tout à l'heure que, à tort ou à raison que le truc de ne pas dépasser les 100 km, c'est dans 1984 (page 158 pour être exacte). Monsieur Véran, après Matrix, vous devriez faire attention aux réminescences qui vous reviennent sur vos anciennes lectures ou films vus, car cela nous trouble.
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Type de plages dont on nous racontait que le COVID19 allait se faire un régal des petits baigneurs, même sans promiscuité. Avec une eau à 14 °C et la combinaison de 3 mm d'épaisseur, le petit Coronavirus risque plutôt de s'envoler dans le vent.
Nous reste la bataiile des piscines et là, va falloir franchement lutter. C'est pas gagné. Avoir une ancienne nageuse, Ministre des Sports, c'est comme avoir un cordonnier dont on dit qu'il est toujours le plus mal chaussé.