L'auteur : Mamanpat
La course : Lyon Urban Trail - 42 km
Date : 7/6/2009
Lieu : Lyon 01 (Rhône)
Affichage : 3399 vues
Distance : 42km
Objectif : Pas d'objectif
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Vivre pleinement une course de l'intérieur en étant à son extrémité.
Une antinomie ?
Que le coureur soit aux avants-postes, au milieu ou fin de peloton, il vivra pleinement sa course, à son intensité, avec ses objectifs.
Qu'il se batte contre son adversaire du jour ou contre lui-même.
Mais il est un coureur un peu particulier, qui sans dossard sur la poitrine, connaîtra également un moment sportif d'une intensité hors-norme...
Le Lyon Urban Trail 2009 tel que l'a vibré son serre-file officiel et comme personne d'autre ne l'a vécu !
Il est 7h55 en ce dimanche 7 juin.
Tous les coureurs du 42 km ainsi que les équipes du relais Ekiden sont en place dans le sas de départ.
Les recommandations d'usage sont formulées au micro mais la serre-file que je suis aujourd'hui est trop stressée pour en écouter d'avantage et préfère échanger quelques mots avec les amis qui prendront le départ du 21 km une heure plus tard !
Mince, ça part ! Quelques pas en marche arrière en saluant et patatrac, le serre-file s'emmêle les pieds et finit au sol !
Ca commence bien mais au moins avec un franc fou-rire et de grands saluts à tous les présents qui encouragent la horde de coureurs prêts à gravir plus de 6 000 marches et avaler 1300 mètres de dénivelé positif répartis tout le long du parcours !
Le départ attaque dur avec la rue Terme et ses premiers pourcentages positifs et le fameux tunnel de la ficelle qui nous amène sur le boulevard de la Croix Rousse.
Comme consigné par Michel Sorine, un des organisateurs de l'équipe d'EXTRA SPORTS, je reste avec le dernier qui se détache rapidement et pour cause : ce V3 de 70 ans est plutôt habitué aux marathons roulants et en compte 97 à son actif !
1h15 plus tard, après moultes tours et détours dans la Croix Rousse (qui donneraient presque le tournis !) et déjà un bon nombre d'escaliers gravis dont ceux de la Sarra et de Nicolas de Lange, mon compagnon m'en aura appris plus sur Lyon et ses légendes que je n'aurais jamais osé l'imaginer !
Hélas pendant ce temps, seulement 8 km ont été parcourus et c'est en me confondant en excuses (et après avoir analyser la situation en commun) que je récupère sa puce et le fait poursuivre sur le parcours du 21 km, sur les pavés élimés de la montée du Gourguillon...
Cette mise hors course fera l'objet du premier contact téléphonique avec Sébastien Olive de l'équipe d'EXTRA en lien avec le PC de sécurité.
Premier appel d'une série de 12, tous conclus par un mot gentil, ou d'encouragement, ou de remerciement !
Mais me voilà seule, sans personne en ligne de mire ni à accompagner et je commence mon travail de « débalisage humain » !
C'est en effet une autre de mes missions : je rends leur liberté à tous les signaleurs et agents de la sécurité (en ne manquant pas de prévenir Sébastien à chaque fois que je relève un policier de ses fonctions !)
La nouvelle boucle de Sainte Foy sera la partie la plus « sportive » de mon parcours. Certes je marche dans les difficultés (Montée Saint Laurent, Montée des Villas, Montée du petit Ste Foy, chemin de la Fournache... C'est pentu du côté de La Mulatière et de Sainte Foy !), allonge sur le plat et lâche tout en descente pour tenter de recoller la fin de course et en veillant à saluer tous les signaleurs et leur indiquer que c'est fini.
« C'est fini », voilà d'ailleurs un petit bout de phrase que j'ai du prononcer plus d'une centaine de fois !
J'arrive près de la bifurcation du parcours du 21 km alors que les derniers du petit parcours arrivent sur ma droite.
Montée de l'Antiquaille puis du Télégraphe et le chrono affiche 1h23 (2h38 au total depuis le départ pour une barrière horaire à 2h45) en arrivant au 2ème ravitaillement situé place de la Visitation au 19ème km, juste avant de traverser le théâtre Antique de Fourvière.
Je vérifie la couleur du dossard de tous les coureurs arrêtés là - c'est que je me sens bien moins seule ! - puis repars - non sans avoir salué les bénévoles ! - puisqu'il n'y a pas de brebis égarées du 42 !
Quelle surprise dans la rue du Bas de Loyasse de voir derrière moi un coureur au dossard fuschia (quelle belle couleur que celle du grand parcours !). Il me dit qu'il s'est peut-être trompé vers Fourvière...
Soit, il file mais en avalant un bel escalier plus loin il me semble voir en bas un autre dossard fuschia !
Même question, avec humour, mais cette concurrente semble outrée que j'ose d'une part la tutoyer et d'autre part penser qu'elle est la dernière ! Sport plaisir vous dites ?...
Je tire sur ma carte plastifiée et me rends compte que j'ai « omis » de faire une petite boucle dans le parc des hauteurs à Fourvière... J'ai raté le chemin du Rosaire (quelle ignominie !) et la passerelle des 4 vents ! Comment n'ai-je pu ne pas m'en rendre compte plus tôt !!!
« Sébastien ! M'a trompée !!! » Oups...
Je reste postée là de nombreuses minutes avant de repartir tout doux pour être sûre d'avoir récupéré tout mon petit monde ! (17 minutes pour faire ce 22ème kilomètre...)
C'est Ok, même sur le 21 il n'y a plus personne ! OUF !
Les derniers concurrents un repris du coup une bonne avance. Alors Go !
Descente sur les quais de Saône, puis une longue partie roulante jusqu'au pont Mazaryk et puis le retour sur l'autre berge me permettent de revenir à bonne distance et de vérifier que plus personne ne se trouve derrière.
L'escalier de la montée des Hoches est avalé 2 marches par 2 marches puis me voilà au niveau de mes « derniers » dans le parc de la Cerisaie.
« Tout va bien ? »
« Oui ça va, mais à priori pas autant que vous ! » Ca vaut mieux quand même si je veux mener ma mission à bien !
La traversée du Parc de la Cerisaie me permettra de faire connaissance avec ceux qui seront quelque part mes protégés de ce parcours ! L'un accompagne son frère pour un pari fou qu'ils se sont lancés (la SaintéLyon) sachant que le plus âgé ne court que très peu... et en tennis ! Le 3ème comparse est un habitué... des tendinites aux genoux ! Une le fait déjà souffrir depuis quelques kilomètres, quand à notre novice, ses muscles commencent sérieusement à l'handicaper !
Soucieuse de ma mission du jour, j'ai en stock de quoi soulager les maux et je propose donc Sportenine, Efferalgan ou autre Niflugel et surtout promets des dragibus régulièrement pour faire avancer la troupe !
A la sortie du parc, une drôle de surprise m'attend : un coureur entièrement allongé sur le trottoir est crampé du haut des cuisses aux chevilles !
Je sors ma trousse de Saint Bernard : Sportenine et Noix de cajou pour les circonstances !
Hélas il pense avoir atteint ses limites et ne souhaite pas repartir. Je récupère donc sa puce après m'être assurée au moins 10 fois que c'était sans regret... Heureusement, les signaleurs sont avec lui et comme je leur indique la fin de course ils pourront le ramener place des Terreaux.
30 kilomètres à pied...
Me voilà à nouveau à courser mes lièvres après ces quelques minutes d'arrêt. Descente sur les quais puis la montée d'Yprès que j'attaque à grandes enjambées (autant que peuvent mes courtes cannes !). J'en profite pour appeler ma Maman et lui souhaiter une bonne fête !
Je retrouve les 3 lascars au 3ème ravitaillement (31ème kilomètre) où comme promis je distribue des dragibus ! Les bénévoles y ont droit aussi !
Il n'est pas encore 12h30, pas de souci avec la barrière horaire, le seul objectif est désormais de franchir la ligne d'arrivée.
« Dis papa, c'est quand qu'on arrive ? »
Et si le début de parcours était corsé, la fin n'a rien à lui envier ! Les fameuses montées de la Rochette et de l'Eglise et leurs 24 %, le colimaçon de la montée de la Boucle, les 3 enfants et « enfin » les escaliers « ignobles » des montées Joséphin Soulary et des Fantasques auront fait grimacer à maintes reprise mes 2 valeureux concurrents.
Les dernières marches seront grimpées en les poussant dans le dos et les derniers kilomètres ne seront pas parcourus à plus de 5 km/heure de moyenne tant il devient insoutenable pour eux de seulement même trottiner.
Tout y passe pour les encourager : des « allez » répétés incessamment aux images positives comme un Oasis tropical, un mac chiken à 1 € (mobilier urbain oblige !), la glace sur le genou ou la chance d'être à pied en descente plutôt qu'en montée à vélo comme cette femme croisée qui avait du mal à tourner les pédales !
J'en arrive même à me demander si je ne les saoule pas plus que je ne les aide ! Mais pas question de les laisser seuls face à leur douleur, je préfère leur rappeler qu'ils sont en train de réaliser quelque chose de formidable, qu'ils vont au bout de leur défi et que leur mental est indéniablement en train de se forger dans de l'acier trempé !
Les derniers coups de fil à Sébastien sont enjoués et encourageants : nous sommes attendus pour les podiums des vainqueurs ! C'est que la barrière limite des 7 heures ne sera pas atteinte...
6h00 et une arrivée triomphale !
6h00 sera en effet le temps qu'il aura fallu aux derniers pour arriver à bout de cet exigeant parcours du LUT 2009.
Alors quand on va au bout de soi même de la sorte la plus belle des récompenses est de franchir la ligne d'arrivée comme si vous aviez gagné...
Et c'est ce qu'ont offert Maud Giraud, Martine Volay (respectivement 1ère et 2ème féminine) et Cathy Dubois (vainqueur de l'édition 2008) à nos 2 finishers en venant les chercher avant la traversée de l'Hôtel de Ville pour en descendre le parvis et passer sous l'arche de la délivrance, les applaudissements et les commentaires enlevés du speaker officiel, main dans la main et dans une OLA improvisée !
Cette arrivée restera une image gravée à jamais...
Comme le symbole d'une journée hors du commun où toutes les valeurs humaines et sportives se sont retrouvées autour d'un événement d'un nouveau genre.
Cette mission aura été enrichissante à tout point de vue, autant pour le regard du côté de l'organisation que celui des magnifiques vues qu'offre la ville de Lyon et que pour l'enrichissement personnel qu'elle apporte en apprenant à mieux connaître ses capacités, qu'elles soient physiques, mentales ou d'appréciation des évènements.
Et puis partager les valeurs d'une équipe EXTRA et passionnée, ça n'a pas de prix !
Merci à toute l'équipe, pour tout !
Crédit photos : Mamanpat, Badgone, Grumlie
11 commentaires
Commentaire de millénium posté le 16-06-2009 à 15:01:00
Pour une fois , je suis 1 er !!?
Bravo Madame !!!
Commentaire de VB posté le 16-06-2009 à 16:39:00
Bravo madame !!!
En plus un CR très agréable à lire avec de jolies photos !!!
Bonne récupération
VB
Commentaire de Fimbur posté le 16-06-2009 à 16:54:00
ça à l'air vraiment sympa d'être dernier quand t'es serre-file.
Vive les dragibus !
bonne récup
Fimbur
Commentaire de lulu posté le 16-06-2009 à 17:05:00
En v'là une drôle d'expérience !?
Cela doit être extra.....
Au plaisir....madame balai !!
Commentaire de Bicshow posté le 16-06-2009 à 17:32:00
Bravo très fier de ma remplaçante !!!
Commentaire de Eric Kb posté le 16-06-2009 à 21:45:00
Du coup, personne ne pouvait profiter de ta callipyge silhouette ???
Je ===>
Commentaire de frankek posté le 17-06-2009 à 12:28:00
sympa ton p'tit réçit de serre-file !!! bonne chance pour la suite...
Commentaire de taz28 posté le 17-06-2009 à 14:08:00
Très intéressant ce récit dame Pat vu de ce côté des serre-fils...
Merci pour ces photos et ces nombreux escaliers...!!
Taz_un_jour_peut_être
Commentaire de blob posté le 17-06-2009 à 23:29:00
Quelle plume ! Tu devrais en faire un métier ;-)
Bises, et à bientôt
Commentaire de patcap21 posté le 18-06-2009 à 10:56:00
Bravo madame pat pour cette mission accomplie et merci de nous avoir vivre cette course sous une autre forme que simple participant.
Bises
Pat
Commentaire de Belet posté le 20-06-2009 à 15:19:00
Superbe.
Ca donne envie de se trainer sur la prochaine course ou tu sera serre-file, j\'adorerais me faire fouetter à grand coups de dragibus :)
Arnaud
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