L'auteur : Matov
La course : Marathon de Marseille
Date : 26/4/2009
Lieu : Marseille 01 (Bouches-du-Rhône)
Affichage : 2036 vues
Distance : 42.195km
Matos : Chaussures Asics Gel Foundation 8
Objectif : Battre un record
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Ayant prévu de faire le marathon de Lyon, j’ai appris avec grand étonnement que celui-ci avait été annulé. Ne voulant pas que mon entraînement soit vain, j’ai décidé de me rabattre sur le marathon de Marseille lorsque j’ai vu qu’il y avait des dossards supplémentaires en vente sur le site de l’événement. J’allais donc pouvoir participer à mon 5ème marathon !!
La nouvelle de l’annulation du marathon de Lyon est venue en même temps qu’une espèce de crève qui m’a frappé le samedi 18, soit 8 jours avant le marathon. Pensant pouvoir surmonter cela assez facilement, je n’ai pas remis en question ma participation au marathon de la cité phocéenne. J’ai pensé nécessaire d’éviter la prise de médicaments pour éviter de polluer mon corps avec de la chimie. Peut-être aurais-je du écouter ma femme qui m’incitait à prendre de l’ibuprofène ou du doliprane pour soulager mon mal-être. Je suis têtu et cela me joue souvent des tours.
Voici l’évolution de mon état de santé la semaine précédant ce marathon :
Samedi : un mal-être général me prend le corps. Grosse fatigue et difficultés à me tenir chaud (peut-être une petite fièvre ?)
Dimanche : un léger progrès le matin, mais je me sens déjà très moyen le soir. Un petit mal de gorge commence à se déclarer.
Lundi : quelques vertiges, et une grosse sueur chaude bien étrange en milieu d’après-midi. Malgré cela je décide tout de même d’aller courir le soir pour entretenir la forme. Je suis obligé d’arrêter au bout de 7km à cause de douleurs bizarres dans la partie droite de ma poitrine.
Mardi : j’ai l’impression de me sentir mieux, mais j’ai mal à la poitrine. C’est peut-être simplement le stress, et la pensée du marathon qui m’attend en fin de semaine. Mon mal de gorge s’amplifie en fin de journée.
Mercredi : gros mal de gorge, mais pour le reste je suis bien. Je vais courir en soirée (8km) – mais je ne me sens pas phénoménal. Une quinte de toux me saisit après que j’ai fini de courir.
Jeudi : Le mal de gorge semble être atténué, mais je me réveille avec le nez complètement congestionné. Aujourd’hui j’ai l’impression que ma tête va exploser. De jour en jour j’ai l’impression qu’un problème en remplace un autre. Depuis mardi je me demande vraiment si je vais pouvoir participer au marathon. Je décide d’attendre samedi matin pour décider.
Vendredi : je ne me sens pas trop mal. Mais cette fois-ci c’est une nouvelle douleur au menu. J’ai l’impression d’avoir une grosse boule au milieu de la gorge, et ça me fait mal rien que d’avaler ma salive. Décidemment, c’est pas gagné. Je vais courir le soir et je suis rassuré de voir que la forme ne m’a pas quitté. Mais l’inflammation dans la gorge est très pénible.
Samedi : la gorge va mieux. De manière générale, je me sens bien aujourd’hui. Je ne me suis pas senti aussi bien depuis une semaine. Je décide donc de dire oui au marathon, malgré la grosse pluie et les rafales qui y sont annoncées. C’est donc parti pour Marseille en voiture avec ma femme et un ami. Arrivée à Marseille à 19h, juste le temps de récupérer le dossard et de faire une petite reconnaissance des lieux. Je découvre Marseille pour la première fois, eh oui !
Dimanche : réveil à 5h15. J’ai pas trop mal dormi même si la nuit a été relativement courte (à peine 5h de sommeil). Aujourd’hui je me sens bien. Je n’ai pas mal à la gorge, ni à la poitrine, ni ailleurs. On arrive au village du marathon vers 7h. J’ai le temps de m’échauffer et de m’étirer tranquillement. Mes jambes sont un peu lourdes, mais pas de quoi s’inquiéter. J’ai un dossard me permettant d’accéder au tout premier sas réservé aux coureurs ayant un objectif de moins de trois heures (j’ai bouclé le marathon de Savoie en 2008 en 2h57). Mon objectif aujourd’hui est de 2h56. C’est très ambitieux, trop ambitieux…
Juste avant le départ, j’aperçois Monsieur Z. (notre recordman européen national !) s’approcher tranquillement de la ligne de départ, tout sourire, très décontracté. Après tout il est chez lui ici à Marseille.
Quant à moi, j'attends le départ. Je tousse un petit peu... ce n'est pas bon signe du tout.
LA COURSE
Le départ est lancé à l’heure ! Dès le début de la course, j’ai un mauvais pressentiment. Psychologiquement, j’ai l’impression de ne pas avoir ce qu’il faut aujourd’hui. Je sais que j’aurais des éléments de réponse à partir du 25ème km (c’est généralement à ce point-là que les réelles douleurs commencent à se faire sentir). Déjà j’ai une petite nausée au ventre.
Les premiers km se déroulent bien. Très tôt dans la course on se retrouve sur une longue ligne droite d’environ 5km dont les 2 tiers sont en descente (faux-plat) et le dernier tiers en faux-plat montant. Jusque là tout va bien. Je suis un peu déçu de voir qu’il n’y a pas de pate de fruits aux ravitos. Je me gave de sucre à chaque fois et je bois beaucoup. Je me rendrai compte plus tard qu’il n’est peut-être pas nécessaire de boire autant avec cette humidité.
La première moitié du parcours est sympathique. J’apprécie notamment la route surplombant la méditerranée, en remontant sur Marseille. Cependant, je note que le parcours est tout sauf plat – rien de très méchant, certes, mais dans un marathon le moindre dénivelé compte.
Je vise à faire la première moitié du marathon en 1:27:30. Après 21,1km j’ai déjà un tout petit peu de retard (1:27:45 environ). Mais j’ai l’impression que mes jambes tournent bien et cela me rassure pour la suite. J’essaie de faire abstraction de certains gènes (nausée, besoin urgent d’uriner !! j’ai sûrement trop bu). Ce qui m’inquiète un peu par contre c’est la toux qui a commencé vers le 12ème km. Pour l’instant, j’arrive à me maîtriser, mais ma gorge et ma poitrine commencent à s’irriter de plus en plus.
La pluie ne cesse de tomber et je sens que ma poitrine prend un coup de froid. Tout cela ne laisse présager rien de très bon.
Au km 25, mes jambes sont encore bien, mais j’ai de plus en plus de mal à maitriser la toux, et cela me ralentit. C’est entre le 27ème et le 31ème km que la dégringolade commence. J’ai beau lutter, mais ce sont les quintes de toux qui prennent le dessus. Je sens que je suis capable de garder le rythme, mais la toux m’en empêche. Plus j’accélère, plus j’ai besoin d’inspirer fort, plus cela provoque la toux. Au km 31, c’est la crise. Je tousse tellement que j’ai l’impression que je vais recracher mes poumons. J’ai peur que cela va me faire vomir. Je suis dégouté. Je n’ai jamais été aussi proche de l’abandon. Soit je continue à forcer la machine, ce qui est inutile au vu de la toux que cela provoque, soit je ralentis à fond pour baisser le niveau de ma respiration. J’ai envie de m’arrêter, j’en ai trop marre.
Je repense aux efforts et aux sacrifices consentis dans la préparation de cette course, sans compter toute la logistique et les frais qu’a impliqués ce déplacement sur Marseille. Je me dis que je n’aurais jamais du m’engager dans cette course, vu l’état dans lequel je me trouvais les jours précédents. Plusieurs éléments font que je n’abandonne pas cette course. 1° : ma femme qui m’a dit qu’elle m’en voudrait si j’abandonnais (c’est elle qui subit tous les aléas de l’entraînement du marathonien, et elle m’a suivi jusqu’ici à Marseille) – quand elle a dit ça, je sais qu’elle ne l’a pas dit sérieusement mais au fond, je pense que ça doit être assez pénible pour elle d’avoir à supporter tous mes caprices de marathonien lors de la préparation au quotidien – je lui dois au moins de finir cette course. 2° Autre raison pour laquelle je n’abandonne pas : je suis tellement loin de la ligne d’arrivée (on est bien éloigné du centre de Marseille) si j’abandonne je ne sais pas combien de temps je vais devoir trainer dans le froid, étant complètement trempé, avant qu’on puisse me ramener au Vieux Port (voitures balai ?).
Je décide donc de continuer mon chemin sur un rythme très réduit (environ 10 ou 11km/h). Les 10 derniers km sont interminables, notamment ceux qui nous font longer l’autoroute A55. Je m’achemine tranquillement sur Marseille. J’en vois certains qui abandonnent, certains qui marchent au bord du chemin. L’envie de marcher me tente mais j’ai pas non-plus envie de prolonger le calvaire.
Finalement je franchis très péniblement la ligne d’arrivée en 3:19:43. Je suis tellement déçu et enragé que je ne peux m’empêcher de craquer complètement. La toux mélangée avec des larmes bien chaudes m’assaillissent et me laissent KO seul dans un coin. Ma chérie aura pu sauter au-dessus d’une barrière pour venir me rejoindre et me relever, voyant bien que j’étais en train de me condamner en restant assis parterre trempé sous la pluie et le vent. Je suis soulagé de me retrouver dans ses bras avant d’être pris en charge par les secouristes de la Croix-Rouge ayant remarqué ma quinte de toux.
L’APRES COURSE
On m’embarque au poste de secours pour me réchauffer et me surveiller. Finalement il n’y aura rien de grave à signaler, même si à un moment donné ils étaient prêts à m’appliquer le défibrillateur.
Quel bilan tirer de cette course ?
Même si la déception est là, je suis heureux d’avoir pu finir la course – cela relève presque du miracle vu mon état à 11km de l’arrivée. Je me suis borné à faire la course malgré les nombreux signes négatifs les jours précédant la course, j’aurais du écouter mon corps et dire non au marathon. Que cela me serve de leçon, et que cela serve aussi de conseil aux coureurs naïfs et inconscients comme moi qui lisent ces lignes aujourd’hui.
Par contre, point très positif ! Pour ceux qui ont suivi la petite histoire dans mon CR précédent (foulées de Villeurbanne), j’ai complètement guéri de cette satanée tendinite au TFL. Les étirements, les nouvelles chaussures et le glaçage du genou ont fait l’affaire !
De mes 5 marathons, ma pire performance aura été celle d’aujourd’hui ! Quelque part, je suis content de cette difficile journée car elle entre dans mon « bagage » de coureur de fond et me servira certainement par la suite à mieux gérer les avants course ainsi que les épreuves en soi. Ça me servira surtout à mieux écouter et respecter mon corps qui a ses limites.
9 commentaires
Commentaire de pifpof posté le 29-04-2009 à 18:08:00
Bravo, beau mental! Cette course te servira pendant longtemps. Notamment dans les moments difficiles! Chapeau!
Commentaire de RogerRunner13 posté le 29-04-2009 à 20:30:00
C'est sur que prendre part à un marathon dans ces conditions de santé et avec le mauvais temps que nous avons eu n'est pas très raisonnable, mais bravo tu as le mental et ça sa aide beaucoup.
Commentaire de JOE14 posté le 29-04-2009 à 22:05:00
Bravo, d'avoir été guerrier, c'est comme ça que l'on fait de grandes choses sur d'autres courses!
de plus ton temps est très bon, tu peux enlever 25mn avec la pluie pour avoir ton temps réel!Encore bravo!
Commentaire de CROCS-MAN posté le 30-04-2009 à 07:56:00
Bravo pour ton courage.
Ton temps au semi n'est il pas plutôt 1h27 que 2h27?
Ta dame aussi est a féliciter, pas facile d'attendre avec ce temps.
Merci pour ton récit
Commentaire de Matov posté le 30-04-2009 à 08:23:00
ah oui le solitaire, tu as raison. Tu as été bien attentif! J'ai corrigé l'erreur. Merci pour le comm! merci aux autres aussi
Commentaire de ch'ti lillois d'vizille posté le 30-04-2009 à 12:54:00
Bravo pour le courage.
Est-ce ta toux qui a provoqué les bourrasques ?? lol.
Après celà, si les bronches ne sont pas nettoyées...
Attention tout de même, le fait d'avoir forcé peut-il engendrer des bronchites chroniques ?
Commentaire de NICO73 posté le 01-05-2009 à 11:25:00
Bravo pour ta gnaque, le temps a été un réèl handicap. Je suis également d'accord avec toi que pour un Marathon, les bosses étaient légèrement difficile ( surtout sur la fin). Le temps n'était peut être pas là, mais ta volonté a été énorme pour limiter les dégâts.
Commentaire de Baobab posté le 03-05-2009 à 14:05:00
Bravo Matthieu, je comprends que tu sois déçu par ta perf, mais si on la met en perspective (malade, sous la pluie, le vent) , c'est bien loin de l'humiliation ! A+
Commentaire de thunder posté le 04-05-2009 à 19:34:00
Tu es un grand malade et en plus tu fais un temps pas dégueu même si c'est le moins bon. Comme disait un ami coureur, il n'y a ni victoire ni défaite juste des expériences
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