Récit de la course : Trail des Citadelles - 71 km 2009, par Eric Kikour Roux

L'auteur : Eric Kikour Roux

La course : Trail des Citadelles - 71 km

Date : 12/4/2009

Lieu : Lavelanet (Ariège)

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Distance : 71km

Objectif : Pas d'objectif

7 commentaires

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Trail des Citadelles 2009 - 73 kms

Rester debout mais de boue

 

Samedi 11 avril 2009, il est 22 heures et grand temps que je prépare un sac avec une panoplie de tenues, les buffs, la casquette, les gants, les bâtons,...bref au lit vers 23h30, je n'ai toujours pas sommeil, tourne, retourne, tourne encore puis finis par sombrer un peu avant de me réveiller vers 1h25 pour éteindre le réveil avant qu'il ne sonne. Il me reste à remplir le Camel avec la boisson (UFO) et le maximum des choses préparées, entre autres choses les gants en soie que je laisserai bien au fond de peur de les garder aux mains mouillés tout le long.

2h10, toute la petite famille embarque, le périple commence ; nous arrivons sur la place de Lavelanet vers 4h15, surpris d'y être si tôt. Je décide de faire un petit tour dans la ville et en descendant de voiture, suis pris de gros vertiges qui ne me quitteront plus avant le début de la course ; à mon retour, il est temps de petit-déjeuner puis de récupérer le dossard. En passant, je croise Mic31 déjà très affairé, mais à l'entendre, bien prêt malgré tout. Aux abords de la salle, après avoir opté pour la tenue (T-shirt , polaire légère et casquette pour la pluie), je retrouve les autres Taill'Aventuriers Aurore et David, inscrits sur le 73, et Philippe sur le 40.

Puis un peu après 6h, Michel nous ayant fait le petit briefing en nous priant d'accepter les barrières horaires, le départ est donné sur la musique d'Yvan, son frère. Immédiatement, j'ai l'impression d'avoir les jambes et que le peloton n'avance pas à mon rythme. J'accélère alors et double un peu jusqu'à me trouver coincé derrière une file de concurrents affairés à éviter la première flaque. Ni une, ni deux, je la traverse tout droit sachant que garder les pieds au sec ne sera de toute façon pas possible aujourd'hui. Un peu plus tard, à l'abord de la première montée, une fille me double, bientôt encouragée par son coach ; tiens, me dis-je, Karine qui me double. Cette montée sans bâton se passe bien, j'ai les jambes, mais survient bientôt la première descente véritable, pleine d'ornières, d'eau et de boue et assez vertigineuse dans la nuit encore présente. Après plusieurs glissades, je freine des 2 pieds et commence à comprendre de quoi sera constituée la journée. Doublé à ce moment par quatre coureurs, je passe à mon tour une fille un peu boueuse. S'ensuivent un parcours un peu plus ludique et une descente bitumée qui me font arriver au premier ravitaillement, en 2h ; j'y retrouve déjà toute la famille ainsi que Marc Andrieux (challenge du SO) et j'y suis bientôt rejoint par cette fille que j'ai doublée et qui fait crépiter les flashes, Karine H (c'était donc encore elle !) qui ne prend que quelques secondes avant de repartir.

A mon tour mais avec beaucoup moins d'empressement, je me remets en route pour une longue ascension : je sors les bâtons et l'entame avec sagesse pour ne pas trop tousser, mais avec fermeté quand même, chaque ralentissement étant synonyme de buée immédiate sur les lunettes. L'eau et la boue sont partout et la descente qui nous amène à Fontestorbes me force à la prudence ; j'y retrouve les enfants et leur donne rendez-vous au prochain ravitaillement, mais que cette portion de piste puis de bitume me semble longue et plate.

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A Fougax en 4h10, je repars tranquillement, sachant que ce qui suit sera le morceau le plus difficile à avaler : la montée vers Montségur s'avérera très longue et pour la seconde fois déjà, les sensations dans mes doigts disparaissent, ils me donnent l'impression d'être étrangers à mon corps. A la troisième fois, supposant qu'il s'agit d'un début d'hypothermie, je comprendrai qu'il faut boire et manger pour récupérer mes sens, mais le retour à la normale est à chaque fois très douloureux. La vue de l'escalade finale au château me délivrera enfin de l'impression d'en avoir fait le grand tour par le bas ; je monte doucement en toussant, ne profite qu'un peu de la vue en raison de la neige et du vent, puis me précipite dans la descente : du caillou, des rochers ... mon domaine, quoi ! en un peu plus glissant et emprunté aujourd'hui ; un coureur m'engueule alors qu'on ne se touche même pas !

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S'ensuit la descente boueuse et...boueuse toujours, vers Montferrier que j'atteins en 6h55.

Après avoir consacré 10 minutes à boire la soupe et à parler aux miens, je repars pour stopper illico avant même de quitter le village : une grosse bosse de boue me gêne sous le pied droit. Désormais, chaque caillou sous la chaussure sera douloureux à cet endroit. Redémarrage donc, en direction de Roquefixade qu'il me semble bientôt deviner un peu plus loin sur ma gauche, pensant encore devoir passer par le château lui-même. Une bonne grosse montée, donc, pendant laquelle j'ai l'impression d'être seul au monde, surtout à ce croisement qui me laissera avec un doute jusqu'à atteindre le PC placé dans le buis.

« - ça monte encore ?

- non non, vous êtes en haut et sur votre gauche un peu plus loin, il y a le château de Roquefixade que vous ne verrez pas !

Ah ? Merci ! »

Et bien si, je l'ai vu le château en contrebas, à la faveur d'un coup de vent glacial. Mais quelle vue splendide! Viennent ensuite les essais de relance dans le buis, essais peu concluants car finissant tous très vite par une glissade, une douleur au pied ou un trébuchement sur une pierre. Le parcours emprunte ensuite des pistes et sentiers plus ou moins pentus, très longs et très boueux, transformés en pistes de ski sur boue ou en torrents selon l'endroit ; bref, moi qui espérais du 10 ou 12 kms par heure à ces endroits en préparant mon plan de marche, j'en suis contraint de me retenir tout le long sur les cuisses et les bâtons, ces derniers me font alors apparaître une douleur dans les 2 coudes qui ne me quittera plus jusqu'au bout, certainement un début de tendinite dû à une sollicitation inhabituelle pour moi qui ai l'habitude de descendre sans retenue ni bâton...J'atteins ensuite les cascades, puissantes, et le dernier ravitaillement à Roquefort auquel je ne m'attarde pas : cela fait 9h59 que la course est lancée. Sachant que la barrière horaire stoppera les concurrents dans 1 heure et demi, je doute à ce moment qu'Aurore ait le temps d'arriver avant.

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En démarrant, j'ose un « A toute à l'heure pour l'arrivée ! Compte entre 1 heure et quart et 1 heure trente ... plutôt 1h30 ! » Suit un long tronçon de piste à peu près plane où chaque relance est à nouveau stérile : chacune se termine en glissade, dans un trou caché au milieu d'une marre brune ou d'un torrent ; nous montons ensuite jusqu'à « Péreille d'en-bas » que nous quittons pour continuer l'ascension jusqu'à la crête, avant de basculer et de redescendre bientôt sur du bitume, ce même bitume dont je regrettais la présence en début de parcours et qui me permet de courir jusqu'à Raissac (Si si, de courir !). Pour qui ne sait pas ce qu'est un mur, rendez-vous là ! Tout doucement, nous nous hissons tout doucement jusqu'en haut où un grand feu nous accueille ; un bénévole m'annonce 2 kms et demi dont les derniers 500 mètres en forte descente. La crête me paraît longue et je me trouve une fois de plus impuissant dans mes tentatives de relance : chaque fois, mes pieds se prennent dans les rochers, le pied droit se pose douloureusement sur un caillou ou encore un virage dans le parcours me replace devant un petit coup de cul que je n'arrive plus à gravir en courant....si bien que la dernière descente me semble une délivrance, malgré sa boue et ses multiples dangers de chute. Mon seul but d'ailleurs à ce moment : ne pas tomber ! Arrivé en bas sous les acclamations du public, je m'offre un salut et découvre rayonnants mes petits bouts, ma chère et tendre, ainsi qu'Aurore qui a jeté l'éponge et Philippe tout heureux de son 40 kms.

Au final, je suis content d'en avoir fini, certes dans un temps de 12h13 alors que j'espérais 10 à 11 heures, mais dans des conditions que j'estime quand même extrêmes, frustré aussi de me retrouver 98ème sur... 175 classés alors que je pensais terminer au moins dans le premier tiers, mais une fois encore, j'ai à en retirer beaucoup de leçons dans la poursuite de ma préparation à l'UTMB.

Au lendemain de ce périple, il m'a été difficile de monter sur le VTT, mais malgré le manque d'étirement et les douleurs aux coudes, les 20 kms de ce décrassage pascal auquel je m'étais engagé de longue date se sont terminés dans un état de grande forme.

Je tiens encore une fois à remercier Michel et toute son équipe pour l'accueil qui nous a été fait tout au long du parcours, fait de plein de sollicitude, de générosité et de gentillesse, pour nous coureurs mais aussi pour nos accompagnants. Enfin, il est certain que je reviendrai dans ces contrées dans de meilleures conditions climatiques et en prenant le temps de faire le touriste.

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7 commentaires

Commentaire de Francis31 posté le 17-04-2009 à 09:50:00

Beau parcours et belle perf au finish.Bravo et respect.

Commentaire de philtraverses posté le 17-04-2009 à 10:14:00

sympa ton récit. On sent que tu en as bavé. Eh oui les citadelles c'est à part. C'est quand même une belle perf et de bon augure pour la suite

A+

Commentaire de Fibre posté le 17-04-2009 à 12:09:00

Bravo Eric,
Belle perf, je pense qu'on a du courir ensemble car j'arrive en 12h09.
Je suis également un peu décu de mon chrono mais ceci est du au fait que l'on ne pouvait pas courir dans les descentes.
A bientot
Fibre

Commentaire de canard49 posté le 17-04-2009 à 14:20:00

C'est dur la CAP dans ces conditions mais tu as réussi à terminer et finalement c'est l'essentiel pour la confiance et pour l'UTMB !!
Bonne récupération
ALex

Commentaire de Yvan11 posté le 17-04-2009 à 15:44:00

Félicitations pour ta course et ton résultat plus qu'honorable vu les conditions...
A bientot

Yvan

Commentaire de lp posté le 17-04-2009 à 17:34:00

Super CR, on a du se croiser, j'ai dépassé qq gars sur la fin (g fini en 12h) et j'ai zappé rapidement les derniers ravitos (maxi 2min de pause) de peur de finir congelé. Je visais également 11h, et je n'ai pas l'impression de mettre en reposer en route !

Commentaire de mic31 posté le 27-04-2009 à 22:05:00

Merci Eric pour ton beau récit et pour les félicitations à l organisation.
Votre plaisir est le notre.
Tu n as à rougir ni de ta place ni de ton temps, finir était déjà un exploit ce jour là.
Je ne lis ton cr qu aujourd hui, je ne t ai donc pas piqué le jeu de mots pour ma lettre info "Des Hommes de boue".
A une prochaine fois et n en fais pas trop, le corps a ses limites.

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