Récit de la course : Aubrac Ultra Trail Adventure 2008, par Stéphanos

L'auteur : Stéphanos

La course : Aubrac Ultra Trail Adventure

Date : 22/6/2008

Lieu : Nasbinals (Lozère)

Affichage : 3384 vues

Distance : 85km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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Ultra trail 85 Kms dans l’Aubrac 22 juin 08

Amorce d’une catastrophe annoncée :

 

Ultra trail de l’Aubrac : 2ième objectif de l’année, après les 24H de St Fons. La préparation de cet ultra fut perturbée par le 100 Kms de Crest qui n’était pas prévu. (Voir CR précédent).

Après les 100 Kms, je pris une semaine de repos, me satisfaisant de 2 petits footings. Je tente de reprendre plus intensément la 2ième semaine : trop tôt ! Une douleur inhabituelle apparue sur le dessus du coup de pied,  m’obligea à calmer mon envie. Quelques semaines plus tard, je fis un trail de 25 Kms avec 950 de D+, celui des gorges de l’Ardèche afin de prendre un peu de rythme et de confiance : plus de douleur. J’ai de bonnes sensations à 3 semaines de ce grand rendez-vous.

J-7 je fais le plein de glycogène en commençant le régime malto+une petite cure de ginseng qui ne peut pas me faire de mal.

Ce week-end Aubrac arrive, je m’y rend en bus avec une bonne trentaine de coureurs du club 26 Allan, dont mon épouse qui fera le trail de 22 kms. Des supporters nous accompagnent, ma maman descendue de Tours pour l’occasion et mes enfants. L’organisation de ce week-end sera au top : hébergement, visite de Laguiole, timing parfait…merci aux organisateurs.

Nous sommes 5 du club à faire l’ultra, ce sera le premier pour 3 d’entre nous. Nous serons tous les 5 finishers.  Avec les autres coureurs du club courant soit le marathon ou les 22 Kms, nous termineront 3ième du challenge 4 3 2 1 et nous repartirons avec 30 Kg de fromage !

En ce qui me concerne, tous les feux sont au vert. Une interrogation toute fois : vais-je tenir la distance et ne pas payer mon début d’année chargé ? C’est loin d’être gagné, j’en ai bien conscience. D’autant qu’un coach pense que je vais droit à la catastrophe. Pas très rassurant tout ça ! Pas grave, je n’en fais pas trop de cas, c’est à moi de gérer ma course au mieux en fonction de ce qui va me tomber dessus

Dimanche 3H45 du matin : je suis surpris, beaucoup de coureurs n’ont qu’un petit camelback voire qu’un porte bidon. Je me dis que j’ai du prévoir de trop avec mon sac rempli de ravito, veste et même une paire de pompe de rechange. Je n’ai pourtant pas l’intention de camper. Pas grave, d’habitude c’est moi qui part super light par rapport aux autres. Cela m’entraînera à porter le sac pour des épreuves plus longues à l’avenir.

4H : Me voici parti, le couteau entre les dents. J’ai pris l’option, comme beaucoup d’ailleurs d’aller assez vite les 4, 5 premières heures, condition météo oblige(chaleur). Nous sommes rapidement dans l’alternance entre des passages larges ou monotrace, montée ou descentes, boue, terrain très varié, un vrai trail quoi ! Je ne m’attarderai pas sur la beauté de la région et du parcours, magnifiquement décrit dans le récit de Martine (2ième féminine). Les 2 premières  heures nocturnes ne se passent pas très bien : je me suis tordu la cheville, sans gravité 3 ou 4 fois. Malgré un bon clair de lune, j’ai hâte qu’il fasse jour. Plusieurs kikous m’accompagnent durant cette première partie. On échange quelques mots d’encouragement, cela permet d’oublier un peu ces doutes et d’avancer. Au premier ravito, kms18 je m’arrête, retire mon tee-shirt long, je n’oublie pas de m’alimenter. Je suis prêt à repartir, lorsque mon copain de club, Christophe m’interpelle tout en haut du ravito. J’hésite à y aller pour finalement patienter 30 sec.  pour repartir avec lui. Content de le voir ici, car ces derniers jours, il n’avait pas trop le moral. Une douleur le long du tibia l’a mis en plein doute (je pense à une périostite vu qu’à chaud, il ne ressent plus cette douleur. J’en ai eu dans ma jeunesse, c’était pénible.)Nous repartons ensemble, mais je ne suis pas au mieux. J’ai du mal à relancer et à tenir le rythme. Je lui dis de faire sa course car je ne suis pas trop en jambe et une envie présente me pèse, ce qui m’obligera à m’arrêter. Cet arrêt nature effectué, je me sens mieux. Christophe n’est pas très loin. J’avance, encouragé tout au long du parcours par Badgone qui suit Martine. Je le remercie sincèrement car cela fait vraiment plaisir et permet de se dépasser un peu, de repousser la fatigue même si je sais qu’elle finira par me rattraper. Entre le 40 et le 45 ième, le soleil est de sortie et cela fait bien ¼ d’heure  un point d’eau que j’attends pour me mouiller. J’arrive à une fontaine dans un village où je retrouve Christophe qui m’attend. Je m’asperge abondamment cela me redonne un coup de fouet.  Je rebouste Christophe en le remotivant : »on a fait une bonne partie du parcours, plus de la moitié et rien ne peut nous arrêter, on ne peut aller qu’au bout et peut-être même en dessous des 10H. »                                                                                                                                                

Nous voici à nouveau reparti ensemble, je le sens bien. De nouveau, je n’arriverai pas à le suivre. Je lui dis de ne pas s’occuper de moi et d’y aller, j’ai les jambes lourdes et je paye manifestement le 100 de Crest.  Ce n’est pas grave, je fais de mon mieux et le but est d’être finisher. Au 53ième Km  (ravito) : Christophe est prêt à repartir lorsque j’arrive. Je récupère. Martine arrive, bien en jambe. Je repars derrière elle en essayant de m’accrocher, ce sera peine perdue. Dans une descente, ma cheville vire un peu me provocant une violente douleur au genou sur le côté interne droit. Aïe, ce sont les tendons, pas bon du tout ! Il va falloir lever le pied si je veux finir et surtout ne pas forcer dessus. Si ça lâche, c’est terminé. J’ai vraiment du mal à descendre, je ne peux pas trop m’appuyer dessus. Je fais au mieux en m’économisant. Des coureurs me dépassent et me réconforte en m’annonçant qu’une montée de 10 Kms se profile et que ce sera plus facile pour moi. Effectivement au fil du temps et après mettre passé les jambes dans l’eau froide du ruisseau, je m’aperçois que la marche est possible. C’est avec grand plaisir que j’aborde cette ascension, profitant des magnifiques paysages. Je reprends même une partie des coureurs qui m’ont passé dans les moments difficiles. Je marche alors d’un bon pas pour finir ce trail ne reprenant la course que sur les 10 derniers kms. D’ailleurs vu la chaleur, beaucoup finissent comme ça, très peu de coureurs me doubleront. Je finis 71ième en 10h49 un peu plus de 25 mns derrière Christophe et Martine qui ont fait une superbe course et sont récompensés de longs mois d’entraînement. C’est un beau trail, assez exigent, difficile, usant, dans une région magnifiquement verte. J’y reviendrai sûrement un jour.   Un grand coup de chapeau à Martine qui a fait un beau podium avec une gestion de son effort exemplaire.

Pour ma part, je suis satisfait  de ma course, même si j’ai souffert. Ce n’est pas facile d’enchaîner les ultras ! Mais c’est en forgeant que l’on devient forgeron, et qui permet d’acquérir une précieuse expérience indispensable pour aborder des courses par étapes.

 

 

 je remercie Christian(badgone) pour les belles photos prises durant la course:

http://picasaweb.google.fr/martinevolay/UltraTrailAubracJuin2008

 

 

9 commentaires

Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 05-07-2008 à 08:58:00

Joli CR et félicitations pour ton chrono.
J'étais un des 2 "bleus" que tu as doublés avant ta pause nature, dans la montée vers Brameloup, puis un peu après.
Bonne continuation et à bientôt!
Eric

Commentaire de bruno12 posté le 05-07-2008 à 11:32:00

Salut Steph,

Maintenant je comprends où tu étais passé après le raviot de St Chely où nous sommes arrivés ensembles. Bravo pour ta course et à bientot en éspérant etre dans un meilleurs jour la prochaine fois pour pouvoir te suivre un peu plus longtemps.

Bruno.

Commentaire de Gibus posté le 05-07-2008 à 17:55:00

Salut Steph
Content d'avoir discuté un bout avec toi à ton arrivée.
Remets toi bien vite avec du repos
A bientôt sur des sentiers.

Commentaire de kikidrome posté le 06-07-2008 à 15:18:00

Un grand bravo Steph ! Trois gros morceaux depuis fin mars, fallait avoir le mental et la force de s'entrainer !
Je vois que tu rêves de course à étapes...
je te souhaite de concrétiser tes rêves !

Commentaire de vial posté le 06-07-2008 à 22:20:00

bon il reste encore du fromage à bouffer
si oui j'arrive!!
Encore une grande distance brav
Saurais-tu courir encore un 10 km !
bravo costaud
michel

Commentaire de millénium posté le 08-07-2008 à 10:01:00

bravo stef !
Merci pour ton récit , et bien évidemment un grand bravo pour ta course ! Tu donnes toujours l'impression d'être au taquet , et tu continues , continues ....Impressionnant !

Commentaire de blob posté le 09-07-2008 à 10:20:00

des catastrophes annoncées comme ça, j'en ferai bien mon ordinaire ;-)
bravo pour cette course, surtout après les enchainements que tu as accumulé, et à bientôt sur une autre course

Commentaire de martinev posté le 10-07-2008 à 22:53:00

C'est seulement auujourd'hui que je prends connaissance de ton récit.

Bravo pour ta course. Même si ce fut difficile, tu es allé au bout et cela c'est la plus belle victoire. Tu as le mental pour réaliser de grandes courses.

Merci pour tes félicitations et tes encouragements.

A bientôt

Commentaire de Jerome_I posté le 13-07-2008 à 22:42:00

Salut steph j'étais passé à coté de ce CR c'est vrai qu'on en avait parlé au Ventoux mais je manque de temps pour lire les CRs. En tous les cas, tu as un sacré mental et ca c'est très important en trail et tu as très bien geré cette course "avec les moyens du bord" les heures d'entrainement auraient du payer aussi pour toi, mais peu ètre force un peu plus la récup. A bientot

Jérome

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