Récit de la course : Trail des Citadelles - 71 km 2008, par Chapi-Chapo

L'auteur : Chapi-Chapo

La course : Trail des Citadelles - 71 km

Date : 23/3/2008

Lieu : Lavelanet (Ariège)

Affichage : 3906 vues

Distance : 71km

Matos : Un moral d'acier !

Objectif : Battre un record

12 commentaires

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Quand la terre devient liquide.

 

Avant

Bon qu'est qu'on fait ? 40 ou 71 ?
71 Km ! Mais t'es pas fou ?
Maryse est au courant ? Non, je lui ai juste dis que je faisais les Citadelles sinon d'abord elle va râler et ensuite elle va s'inquiéter.
Avant veille du départ, Maryse est au courant : « T'es complètement fada mon pauvre ! »
Jour du départ 5 heures du matin : « Soit prudent » Promis !

5 h 20, un renard me traverse devant la voiture poursuivit par une horde de flocons de neige virevoltants, et je suis encore loin de Lavelanet. A l'autoradio passe Fatal Bazouka - Fous ta cagoule ... signes prémonitoires.

Arrivé sur place, déjà les premiers sourires des bénévoles, ils devaient être levés avant moi ceux-la, leur journée va être rude.
Un visage connu, « Salut Mic ». Qui c'est le plus fada dans l'histoire ? Celui qui court ou celui qui organise une course pareille ? Bon, il n'est pas tout seul Mic mais quand même !
Il n'a pas eu le temps de préparer son discours pour le départ, c'est pas grave on s'en passera pour cette fois.

Pendant

6 h 20 c'est parti !
Objectif : être à Raissac avant 18 h, faut être ambitieux !
Préparation psychologique au top : J'ai bûché toutes les astuces piochées Au café du trail des citadelles, j'ai appris le tracé du circuit par cœur, je connais la moindre côte prétexte à marcher, la moindre descente pour se détendre, le moindre plat pour se relancer ... (ah non, les plats, c'est pas ici).
Je peux surtout réciter sur le bout des doigts pas encore gelés toutes les barrières horaires.
Préparation physique : j'ose pas en parler, y a plus assidu que moi ... mais je me sens en pleine forme et le moral fera le reste.

Km 17 : Bellesta ! Déjà ? Cinq étoiles au guide Michelin des ravitos, éclairé, chauffé, tout propre. C'est pas possible, ils veulent pas qu'on reparte, y a même du fromage, jamais vu ça !
Attention je sors mon arme secrète : l'ipod à ma fifille. La samba brésilienne dans la montée du Gélat, ça aide !

Km 32 : Fougax ! J'arrive juste après Charlotte, pas croyable, elle devrait être au moins 10 km devant moi, elle s'est endormie ou j'ai mis l'ipod trop fort ? On me dit qu'il reste une soixantaine de personnes derrière moi, j'ai du trop forcer sur l'ipod !
Les premiers ne se sont même pas arrêtés au ravitaillement, peut-être parce que celui-ci n'est pas chauffé, pourtant le café y est bon et les sourires sont chaleureux.

Km 36 : Ca n'en finit pas de monter, la forêt est grande et je suis tout petit, et maintenant le tonnerre. Si si, je vous assure il neige et il y a le tonnerre en même temps, je ne délire pas, enfin je crois. De quoi j'ai l'air moi avec mes bâtons en fer ? Maman j'ai peur !

Au milieu de tout ça, perdus dans la forêt ou au détour d'un chemin, des bénévoles. Des pas pistonnés ceux-là, des qui ont sûrement dû faire des conneries pour être plantés là au milieu de la neige. Je ne sais pas lequel de nous est le plus heureux de voir enfin quelqu'un. La différence c'est que je me dis « pourvu que je ne sois pas le dernier, attendre tout ce temps pour moi » alors qu'ils se disent « pourvu que ce soit le dernier, attendre tout ce temps pour ça ».

Km 40 : Montségur me nargue du haut de son pog  « Tu ne m'auras pas ! » M'en fous, je reviendrais l'an prochain et tu verras.

Km 47 : Descentes : 5 km vers Montferrier, descente de température, descente de régime, descente de moral, descente de mon avance sur le temps, descente de standing. Le ravito n'est plus qu'une simple tente blanche, je n'y vois pas la croix rouge dessus mais à l'entrée, une table où gisent quelques cadavres de dossards. Un coureur arrive, discute avec sa conscience, elle a le dessus, il jette l'éponge. Un deuxième puis un troisième en fait de même. Je m'enfuis au cas ou ça serait contagieux.

Km je n'sais pas, je n'sais plus, d'ailleurs je m'en fous ! Pour moi, passé Montferrier, chaque pas bat mon propre record de distance et chaque pas dans la boue compte double c'est dire si j'en ai fait des km !

Château de Roquefixade : Toi aussi, comme ton copain de Monségur, tu feras moins le malin l'an prochain.
« Vous êtes le dernier ? »  Heu, je ne sais pas mais c'est vrai qu'il y a un moment que plus personne ne m'a doublé.
« Ne montez pas au château » Ca tombe bien, je suis pressé, j'ai rendez-vous à Roquefort avant 17 h est je suis déjà en retard.

Un kilomètre plus loin : « Encore toi Charlotte ? Qu'est ce que tu fais là ? » Erreur de guidage. Et me voilà maintenant, moi la tortue, seul depuis Montferrier, en train d'indiquer le chemin à une quinzaine de coureurs. Je savais bien que d'apprendre le tracé par cœur cela me servirait.

Km 61 : Roquefort ! « Bonjour, je peux continuer ? » C'est juste mais j'ai le feu vert. Je ne regarde même plus le ravito et repars avant qu'ils ne changent d'avis. Je ne m'appelle pas Bruni, je ne serai donc jamais à Raissac avant 18 h, mais tant pis c'est toujours des kilomètres accrochés à mon palmarès. Qu'ils sont longs ces foutus kilomètres !

Km 66 : Raissac : Fin de la visite, n'oubliez pas le guide. Les passagers de la navette de retour sont priés de bien vouloir se présenter à l'enregistrement. Je n'insiste pas, je connais la suite du parcours, il va faire nuit et je ne suis pas du quartier.

La ballade aura duré 12h20, je pourrais dire que j'en ai profité, ce n'est pas comme les tours de manèges à EuroDisney. Ramené au coût unitaire (0,38 € du km ou 2,19 € de l'heure), c'est le trail le moins cher que je connaisse.

Après

Copains et copines à l'arrivée, Bière, Rapatriement sanitaire (merci Kozo d'avoir conduit au retour), Immersion dans l'eau chaude.
Le lendemain : Grand nettoyage, vite effacer les traces du carnage avant que Maryse ne voie ça.

 

Remerciements

Merci aux copains du TCP (Véro, Véro et Kozo) de m'avoir attendu à l'arrivée... pendant plus de 5 heures si j'ai bien compté.
Merci au troupeau de rhinocéros qui ont gentiment et méthodiquement labouré sur cinquante centimètres de profondeur tous les chemins.
Merci au Conseil Général de L'Ariège et aux communes traversées pour toute la terre que j'ai emportée avec moi, si tous les coureurs ont fait de même, il doit manquer quelques tonnes aux Citadelles.
Merci à Joël Collado pour sa sympathique météo.
Merci à Apple d'avoir inventé l'ipod sans lequel je ne serais pas arrivé au bout.
Merci à The Chemical Brothers, Orange Blossom, U2, Dire Straits, Yannick Noah, Henri Salvador et tant d'autres pour m'avoir soutenu moralement et quelquefois crevé les tympans.

Merci et bravo à tous ceux qui comme moi ne figurent pas sur le classement, quelquefois ça réconforte de se dire qu'on n'est pas tout seul.

Merci enfin et surtout à Michel et à tous ces bénévoles sans qui beaucoup d'entre nous n'auraient rien à raconter plus tard à leurs petits enfants.

12 commentaires

Commentaire de Benoit_11 posté le 26-03-2008 à 10:55:00

Bravo pour ta course et ton récit plein d'humour.
On s'en souviendra de ces Citadelles 2008, que d'émotions...
L'année prochaine, tu iras au bout, c'est sur.
Encore Bravo et à bientôt.

Commentaire de taz28 posté le 26-03-2008 à 13:37:00

Superbe ta course, et ce récit plein d'humour !!!
Je plains sincèrement les pauvres bénévoles punis dans le froid ....brrrr

Merci,

Taz

Commentaire de seapen posté le 26-03-2008 à 14:44:00

Chalut Chapi-chapo.
Tordant ton récit vraiment tordant. mais je ne l'écrirais pas si derrière celui-ci l'on ne devinait pas tout le sérieux de l'affaire. La course a du être très dure et si tu le fais sentir à peine, tu préfères raconter une bonne aventure. Tant mieux pour nous car c'est un petit régal de te lire.
Salutation sportives.

Commentaire de BENIBENI posté le 26-03-2008 à 14:51:00

merci pour ton récit, ça me donne encore froid aux doigts ! La prochaine fois, on essayera de faire plus ample connaissance car entre le boeuf aux carottes et la Patate, ça été short !

Commentaire de Marlène/Mô posté le 26-03-2008 à 15:17:00

Bravo CC, 66 km, c'est pas rien ! Ton CR est très rigolo, j'adore.
@+

Commentaire de Francis31 posté le 26-03-2008 à 19:39:00

Bravo à toi de ne pas avoir été contaminé à Montferrier et quel courage...

Commentaire de Kozo posté le 26-03-2008 à 20:39:00

Bravo Henri pour ton exploit, dans le froid et la souffrance, la neige et les bourasques, la boue et les caillasses, les....!!!
Tu es le héro du TCP! Malgré cela, tu évoques déjà les citadelles 2009!! Deviendrais tu fou? Bon, c'est sur, on les verra de plus près ces chateaux Cathares! Peut etre pourrai-je aussi un jour suivre tes pas sur de telles distances...
amicalement, Franck.

Commentaire de moumie posté le 26-03-2008 à 21:41:00

merci pour ce récit très humoristique, je me suis régalée à te lire.
bravo pour ta course
Moumie

Commentaire de jymm posté le 26-03-2008 à 22:29:00

grosse victoire que tous ces kilomètres parcourus ...bravo !!!

Commentaire de luis ocana posté le 26-03-2008 à 23:47:00

t'es le meilleur henri !!! encore bravo et merci pour ton recit plein d humour et d emotion....éh wai les gars.....c ça la passion....ah !! une chose !! Qui était la plus fiere de son henri le dimanche matin au depart du bus du RELM (ecole de rugby lauragais malepére) pour le tournoi de tournefeuille ?? ben Maryse evidemment !!!! bravo aussi au -11 ans du RELM 4° sur 24 belle perf !!! vas y alex !!!

Commentaire de Lydie posté le 27-03-2008 à 14:19:00

Super récit et superbe course.
Il doit être bien sympa ce trail.
C'est vrai qu'ils sont courageux tous ces bénévoles, chapeaux bas.
Bon anniversaire en passant.
Lydie

Commentaire de cat2513 posté le 28-03-2008 à 16:22:00

super marrant ton récit, je me suis régalé de te lire.
un grand bravo pour tous ces kms parcourus et pour ta force mentale de ne pas avoir cédé à la contagion.
amicalement

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