L'auteur : Piloumontagne
La course : Trail des Citadelles - 71 km
Date : 23/3/2008
Lieu : Lavelanet (Ariège)
Affichage : 5083 vues
Distance : 71km
Objectif : Pas d'objectif
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Dimanche 23 mars. Les flocons tombent sans discontinuer. Le départ est décalé à 6h15. Je fais la connaissance de quelques amis basques de Pittika. Nous passons ensuite sous le chapiteau de la place pour le briefing. Michel nous accueille chaleureusement et nous donnent quelques indications. La montée à Montségur est supprimée, ce qui se comprend aisément. Déjà qu'en temps de pluie, les pierres et roches sont glissantes, j'ose pas imaginer les conditions actuelles. Il faudra être prudent sur ce parcours.
Une chanson narrant la tragédie cathare nous met dans l'ambiance et puis c'est un petit décompte en toute simplicité : 5, 4, 3, 2 , 1, c'est parti. Nous nous élançons pour ce périple dans le Pays d'Olmes. Je pars vraiment prudemment. Nous quittons Lavenalet. J'allume ma frontale, les flocons tourbillonnent. Progression vraiment tranquilou. Je suis dans le premier tiers des traileurs. Bientôt les premières côtes, synonyme de marche rapide… et de premières photos d'ambiance nocturne et hivernale.
Premières lueurs du jour...
Passage en sous bois en direction des crêtes de Madoual. Les chutes de neiges s'intensifient. Le jour pointe son nez. Il ne vente pas, la température est curieusement clémente. Traversée d'un beau petit hameau, chaleureux encouragements. L'épaisseur de neige au sol devient plus importante. Je dis au gars qui m'accompagne à ce moment là que la chasse aux œufs va être délicate, « surtout les blancs » ajoute-t-il… Je lance même une boule de neige à des bénévoles qui me la rendent bien. Très sympa ce trail. Je poursuis ma progression en direction du Col Figuier, pour ensuite basculer dans une superbe descente.Je me fais super plaisir. C'est la première fois que je cours si longtemps dans la neige. Du coup, je ne m'économise pas. Je ne suis pas la trace, je préfère m'enfoncer dans la neige vierge. C'est grisant, mais aussi plus fatiguant. Arrivé au premier ravito Bélesta, km 18. Un ravissement tellement c'est copieux. Je me contente cependant d'un simple soupe, qui fait un bien fou.
Paysages d'hiver !
Je repars à l'assaut d'une montée de 500 m pour atteindre la crête du Millet. Ensuite, c'est un superbe paysage d'hiver en forêt. Il neige abondamment. Les branches plient sous le poids de cette neige humide et lourde. Les chaussures talochent. Une route forestière nous fait basculer dans la descente. Excellentes sensations. Je suis même trop bien. Fougax km 31. Je suis dans les 25 premiers. Je me ravitaille. J'ai eu chaud pendant cette descente. Encore une belle montée au menu. Passage devant les ruines de Péchiquelle, puis longue traversée à flanc des bois. Un ressaut et enfin un combe qui permet de rejoindre la montée vers le col du Tremblement. Mon rythme de progression se ralentit. Je ne sais pas si c'est le froid, mais j'ai la sensation de m'ankyloser. J'ai froid aux bras, aux doigts et dans le dos. C'est la sueur qui fait des siennes. Je ne me suis peut-être pas assez couvert. Ou alors, je me suis un peu cramé en courant dans le neige (ce qui me semble une évidence à posteriori).
Ruines de Péchiquelle
Bon, j'avance quand même. Mais, un, puis deux, puis trois gars me doublent… et j'arrive pas à m'accrocher. Le moral en prend un coup. Et puis, je commence à avoir l'onglet. Je déteste ça. J'ai un rythme de bonhomme de neige et je commence d'ailleurs à en devenir un. Je croise bientôt des randonneurs qui m'encouragent et me disent qu'il reste à peine 10 mn pour atteindre le col. ENCORE 10 mn, qu'est-ce que je fous dans cette galère. En fait, je crains le froid. C'est mon ennemi. C'est un révélateur pour moi. Lorsque je sens le froid s'imprégner en moi, je sais que c'est un signe de fatigue. Bientôt, le col est en vue. Montségur est dégagé, je prends une photo. J'ai les doigts gelés. J'appréhende le retour du sang, ça va faire mal.
Montségur
Les pointeurs m'encouragent chaleureusement. Ça fait du bien. Eux aussi doivent avoir froid, ils sont bien courageux. Heureusement que les organisateurs ont biffé la montée au château, j'aurais vraiment eu du mal à partir à l'assaut de cette citadelle enneigée. Je me remets à courir dans la descente et rapidement, je me réchauffe. Je file vers Montferrier. J'ai laissé pas mal d'énergie avec ce coup de froid. Et je me sens un peu faiblard, pourtant, il reste encore 28 km.
Au ravitaillement, je prends le temps de me requinquer. Et je me dis que la fin va être longue. Je repars avec un gars qui a des bâtons. Je pensais en prendre également, mais depuis une casse matériel au Trail de l'Origole, un de mes bâtons est orphelin. Va falloir que j'investisse dans une nouvelle paire plus tôt que prévu ! J'avoue regretter à ce moment là de ne pas en avoir. Et la suite me donnera raison, lorsque la boue se substituera à la neige. Je ne préfère pas suivre le rythme du gars et je le laisse filer. Arrivé à Girol, une grosse descente boueuse à souhait s'offre à moi. Et j'arrive en bas sans une seule chute, ni grabuge. Content le Pilou. Je passe sous la route par une passerelle aménagée, puis c'est une longue ascension vers le village de Roquefixade et son fameux château.
Quelques rayons de soleil toisent la neige. Superbe. Beaucoup d'encouragements en traversant le village. Passage au pied du piton rocheux sur lequel se trouve le château et je rejoins le sentier cathare. Un magnifique belvédère sur la citadelle en ruines. Je profite au maximum de ce panorama si inattendu. Les grosses difficultés sont passées. Je craignais d'avoir à nouveau froid, mais aucun souci cette fois.
Roquefixade
La descente vers Roquefort les Cascades est fort agréable. Petits chemins en forêt. Seul un passage vraiment boueux est un peu plus délicat. Je sollicite les branches bienveillantes pour limiter les dégâts. Les Cascades sont superbes. Le niveau d'eau est élevé, je prends tout mon temps à contempler ces merveilles de la nature et à prendre des photos.
Roquefort les Cascades
La végétation est luxuriante, d'une verdure éblouissante qui fait penser à un micro climat. Après cette pause revigorante, j'en fais (encore) une autre au ravitaillement. Puis c'est la dernière côte de cet ultra. Le Cap de la Coume, 400 m à gravir, jusqu'à un feu, m'a dit un bénévole. Au niveau du feu justement (un superbe foyer), je discute (encore) avec un couple bien sympa qui me décrit le panorama que l'on peut apercevoir de là lorsqu'il fait beau.
Crêtes de Lavenalet
Je cours ensuite sur les crêtes, en direction de Lavenalet. Au niveau du Calvaire, c'est une descente tout schuss. Il neige à nouveau. Le terrain est glissant. Je me gamelle à trois reprises, sans mal. Bientôt, j'entends les cris de mes supporters, toute la dream team est là pour me voir arriver, ça me fait super plaisir. Je termine cet ultra heureux mais fatigué. 10 heures dans de telles conditions, c'est difficile. Mais en même temps, je l'ai savouré cet ultra des citadelles sous la neige - et j'en garderai un excellent souvenir à tous points de vue.
Un grand merci à Michel et à son équipe pour leur sang froid. Beaucoup auraient baissé les bras avec une telle météo. La relève est là pour continuer à faire vivre la légende des Citadelles et du Trail dans ce beau Pays d'Olmes. Bravo à tous.
"Neiges en Pays Cathare", un récit complet et en photos sur mon blog : http://piloumontagne.blog4ever.com/blog/lirarticle-132192-695409.html
12 commentaires
Commentaire de taz28 posté le 26-03-2008 à 06:42:00
Merci petit bonhomme de neige pour ce dépaysement total sous des images hivernales magnifiques !!!
Belle course, mais faut pas être frileux, brrrrr...
Taz
Commentaire de Khanardô posté le 26-03-2008 à 11:53:00
Un beau trail, une belle ambiance, un beau récit.
Merci à toi et bravo à tous !
Commentaire de BENIBENI posté le 26-03-2008 à 14:46:00
Encore de belles photos ! Dommage qu'on n'ait pas réussi à se croiser ! Moi j'ai été stoppé à 3.5 Km faute de temps et d'une petit souci de balisage mais ça c'est de la course ! Bravo Pilou et bravo Mic !
Commentaire de Marlène/Mô posté le 26-03-2008 à 15:18:00
Les photos sont très belles. J'aime lire vos CR pour retrouver les sensations.
J'ai bien pensé à vous, les courageux du 71.
Bonne récup,
Mô
Commentaire de la panthère posté le 26-03-2008 à 16:04:00
coucou, le bonhomme de neige....
quelles belles photos! j'ai eu froid rien qu'en les regardant! merci pour ce beau récit enneigé, 10 heures dans le froid! bravo!
Commentaire de maï74 posté le 26-03-2008 à 16:24:00
Sacrée course dans ces conditions, Pilou, tu as bien géré ton coup de barre, et en + t'as pensé à nous ramener des photos, sympa ! Bonne récup
Commentaire de sarajevo posté le 26-03-2008 à 18:13:00
sacré bonhomme ... tu cours et tu photographies...
je suis sur en plus que tu termines bien placé....
Sacré Pilou et merci pour ces belles photos.
a+
pierre
Commentaire de titifb posté le 26-03-2008 à 19:14:00
Merci Pilou pour ce super CR ! C'est toujours un vrai plaisir de te lire : j'en ai l'onglet !!!
Pars pas si vite, économise-toi en début de parcours !!! (conseil de coach...) ! A bientôt Pilou.
Commentaire de Francis31 posté le 26-03-2008 à 19:43:00
Bravo pour ta course : faire un reportage et faire ton temps, c'est digne d'un grand champion..
Commentaire de moumie posté le 26-03-2008 à 22:02:00
bravo pour ce trail vraiment pas évident, vu les conditions météos de ce w-e.
Les photos sont sympas, cela donne vraiment envie d'aller faire un tour en montagne
Bonne récup maintenant
Commentaire de jymm posté le 26-03-2008 à 22:31:00
lire les autres est aussi un apprentissage ..merci à toi et bravo !!!
Commentaire de tounik posté le 05-03-2009 à 13:04:00
En préparation des citadelles, je me penche sur ton récit. J'espère faire aussi bien que toi, pour les photos aussi, et trouver les mêmes ressources en cas de coup de fatigue.
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