L'auteur : Pyouce
La course : Marathon de La Rochelle
Date : 25/11/2007
Lieu : La Rochelle (Charente-Maritime)
Affichage : 2101 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
Après avoir laissé mon collègue Joël (jo le parigo sur kikourou) dans le sas du début, je me trouve une petite place plus derrière, et discute avec une jeune fille qui fait également son 1er marathon, on échange sur nos émotions du moment. Elle veut essayer de courir entre 3h45 et 4h, moi entre 4h et 4h15, on ne courra donc pas ensemble.
1er km : je ne le vois pas j’entends des coureurs à côté de moi annoncer 5’40 : un peu trop rapide je ralenti donc et je profite ! On rejoint les autres coureurs du départ Maubec, tout va bien, à part la pluie. Au 4ème km, je sens que mon genou gauche commence à se réveiller (douleur survenue en entrainement 15 jours avant) je préfère ignorer la douleur elle est légère si ça se trouve ce n’est que le stress. Il pleut je suis trempée mais c’est que du bonheur, des gens nous encouragent, il y a de la musique, c’est super sympa.
1er ravitaillement, je m’arrête. Au redémarrage, mon genou se réveille de nouveau mais j’oublie…et je profite. Je suis heureuse, je ne sais pas si mon sourire se voit mais je suis heureuse. Je tape dans les mains des enfants, je salue le public. J’essaie de trouver une position confortable pour mon genou, je raccourci la foulée et serre davantage les jambes. Le ravitaillement du 10ème arrive, je m’arrête, mange, bois et repars. Là je sens clairement le genou qui me lance, il ne doit pas aimer les arrêts. Je repars donc concentrée sur la position de mes jambes. J’entame la discussion avec un monsieur dont c’est le 15ème marathon. Il me rassure et me conseille pour le genou, me parle de ses marathons précédents, dont le Médoc, son meilleur souvenir. Au 14ème je vois Loulou (mon chéri), Valérie, Caroline et leurs enfants, je leur laisse mes gants, un petit sourire et repars avec mon compagnon de course qui réussit à me faire oublier la douleur. Finalement, on se perd au 17ème lors d’une pause technique. Je passe le semi en moins de 2h03, je me dis « super j’ai bien géré, même pas fatiguée », j’ai plus mal au genou, je rêve d’un 4h06 … Et là j’entame plusieurs km de bonheur : je me sens hyper bien, sourire aux lèvres dans une ambiance de fou. Je passe le 25ème km et je jubile : ca y est je rentre dans l’inconnu je ne suis jamais allée au-delà !!! Que va-t-il se passer maintenant ? Le ravitaillement du 26ème approche, j’appréhende le ralentissement pour mon genou, je repense aux conseils de mon compagnon de tout à l’heure « repartir tout doucement, progressivement» …. mais la douleur repart. De nouveau j’essaie de trouver une position plus confortable, mais la douleur persiste, s’installe de plus en plus, j’essaie de lutter tant bien que mal en me concentrant sur la position de mes jambes, en essayant de rester là où la route et le plus plat possible mais chaque virage à gauche ou modification de terrain commencent à devenir un supplice pour mon genou.
Vers le 33ème j’entends des hurlements de femme, et devant un attroupement, je m’écarte le plus loin possible me doutant que cela ne doit pas être beau à voir. En effet, une femme est tordue de douleur, des bénévoles ou médecins avec elle, ça me fout des frissons j’ai envie de pleurer. A partir de là, je lutte contre mon genou, je sens bien que je ralenti, j’ai de plus en plus mal, à des moments, je ressens des décharges électriques … j’essaie de l’oublier mais je n’y arrive plus. Mais je dois continuer jusqu’au bout, il reste moins de 10km, c’est peu et tellement ! Les larmes me montent aux yeux tellement j’ai mal au genou. A ce moment-là je vois Loulou parmi le public, il arrive vers moi en courant il a l’air inquiet me demande si ça va, je lui dis que non je n’en peux plus j’ai trop mal. Alors il court avec moi, m’encourage, me dit que j’ai fait le plus dur que j’y suis presque. Au ravitaillement du 36ème, il va me chercher de l’eau pour que je n’aie pas à m’arrêter. Et il continue de courir avec moi, lui qui n’est plus du tout sportif, avec sa polaire, son blouson, son sac à dos ! Et il m’encourage, il crie mon nom, relayé par d’autres spectateurs, ça reste un pur moment de bonheur !
On attaque le 37ème mais là j’ai trop mal au genou, je stoppe la course, et je me mets à marcher. Et là miracle : je n’ai pas mal, la douleur disparaît quand je marche. Comme j’ai encore du jus, je marche de plus en plus vite, Loulou à mes côtés qui continue à scander « allez Sophie », on double même des coureurs ! 1 fois, 2, fois 5 fois j’essaie de repartir en courant mais dès la 1ère foulée j’ai trop mal au genou, il se bloque et me lance des pics, alors on repart en marchant, c’est frustrant ! Je vois le temps qui défile et je sais que c’est foutu pour 4h15, je me sens nulle à ce moment là, j’espère ne pas croiser les 2 Pascals et Joël (on a préparé cette course et on est venu ensemble), je ne veux pas qu’ils me voient dans cet état. On arrive près du port, l’arrivée est en face juste là mais il reste encore un détour à faire. Je continue de marcher aussi vite que je peux, des gens m’encouragent et me disent qu’en trottinant j’irai plus vite mais je ne peux plus je n’arrive plus à courir je réessaye mais la douleur est trop forte, c’est hyper frustrant, mes jambes peuvent encore courir pour tout donner, je le sens, mais le genou bloque. On arrive enfin du bon côté du port, Lou hurle mon nom, les spectateurs aussi, c’est énorme et je rigole ! Il me laisse car il y a des barrières à présent, je me dis qu’il faut que je franchisse la ligne d’arrivée en courant, je me lance c’est horrible j’ai mal en plus il y a des pavés, je sens que mon genou est à vif je baisse la tête, j’entend les encouragements, ceux de Valérie, Aline, Léa, Lola, Pascal, Joël mais je ne peux même pas les regarder j’ai trop mal j’essaie de finir en courant, plus que quelques mètres et … ca y est le tapi bleu, le bip de la délivrance, I DID IT ! je suis passée de l’autre côté même si ça a pris 4h27, je marche sur une jambe mais je suis heureuse, heureuse !!!! Une gentille dame me dit d’aller à la tente médicale mais il y a trop de monde. Je récupère huitres, fleur, k-way, sourires et félicitations des bénévoles, et retrouve mon Loulou champion au pied de la colonne Ré, il a été génial je l’aime et je suis marathonienne !!!!!!
11 commentaires
Commentaire de agnès78 posté le 26-11-2007 à 18:59:00
Un énoooooorme BRAVO madame la marthonienne!
Bonne récup et à bientôt
bises
agnès
Commentaire de la panthère posté le 26-11-2007 à 19:12:00
super!!!ça y est, bienvenue chez les marathoniens, savoure cette griserie qui t'envahit probablement quand tu y repenses....sympa le coach particulier...
Commentaire de KIKIVAL posté le 26-11-2007 à 21:02:00
Sophie, tu me fais pleurer c'est trop beau!!! quel récit , je suis content pour toi tu ne peux pas savoir, je suis presser de te voir a l'entrainement pour que tu me raconte tout ça... tu as eu un courage extraordianire là ou bcp aurait abandonner, non toi tu as fini, tu es tres forte Sophie. bravo a loulou coah perso qui t'as suivi et encourager jusqu'a la fin.
bisous
kikival
Commentaire de hellaumax posté le 26-11-2007 à 21:44:00
Vraiment chapeau! Quel courage il t'a fallu pour aller au delà de la douleur et terminer ton marathon!
Commentaire de PatrickL13 posté le 26-11-2007 à 22:53:00
Bienvenue au club des marathoniens !!!
J'y étais aussi, j'ai aussi souffert mais ce marathon est génial ....
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 26-11-2007 à 23:00:00
Bravo, c'est super, bienvenue chez les marathoniens.
Commentaire de JLW posté le 26-11-2007 à 23:11:00
Un grand bravo pour ton courage. Marathonienne tu as voulu être, marathonienne tu es maintenant.
Commentaire de roro posté le 27-11-2007 à 08:17:00
Quel courage! Félicitations pour ton marathon que tu as terminé malgré ton genou. Bonne récupération (et réparation!)
Commentaire de Fimbur posté le 27-11-2007 à 09:47:00
Super ton récit ! Bravo pour ton marathon ! Tu l'as fait ! YAHOUUUUUUUU
Fimbur
Commentaire de Jo le Parigot posté le 27-11-2007 à 22:39:00
Bravo encore Sophie ! A te lire, je ne regrette pas de t'avoir entraînée dans cette aventure (avec d'autres compagnons) car je crois que ton bonheur l'emporte largement sur ta souffrance.
Loulou n'a pas ménagé ses efforts pour te faire oublier ce genou récalcitrant, bravo à lui aussi.
Commentaire de Kiki14 posté le 30-11-2007 à 16:45:00
ah oui voilà un joli récit ...dur dur quand meme ...on souffre avec toi....aprés le passage de la dame qui hurle...brrrr...mais bon t'es arrivé jusqu'au bout...alors BRAVO à toi et a ton courage
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.