Récit de la course : Trail de la Vallée de la Vère - 31 km 2015, par Le Lutin d'Ecouves

L'auteur : Le Lutin d'Ecouves

La course : Trail de la Vallée de la Vère - 31 km

Date : 26/4/2015

Lieu : Athis De L'Orne (Orne)

Affichage : 3200 vues

Distance : 31km

Objectif : Pas d'objectif

27 commentaires

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PEUT MIEUX VÈRE...

Ah, ça s'était vraiment bien passé la semaine d'avant au trail du Perche. Dans le premier quart du peloton, j'avais fini avec la première féminine. Ça, c'est un truc que j'aime bien ! Généralement, les féminines à ce niveau sont plutôt canon...
 
 
Dans ces moments-là, je me sens vraiment en forme et plus jeune que je ne le suis en réalité...
 
Ça c'est presque moi à 40 ans
 
Ce trail, sis à Athis de l'Orne, n'a jamais été facile et j'en ai déjà fait l'amère expérience mais je le connais bien. Je briefe donc les camarades Ecouviens qui m'accompagnent : "Houlà les jeunes, attention, Athis c'est du méchant qui s'laisse pas bouffer la laine sur le dos ! Soyez prudents !" Et perfide, j'ajoute : Mon temps de référence, c'est 2h43 en 2006 mais les p'tits gars, vous pourrez vous estimer heureux si vous faites moins de 3h30 !"
 
Et paf ! Je te leur ai coupé les pattes aux gamins ! Spécialement aux Jumelles, Stéphanie et Sandrine qui m'ont approché dangereusement lors du précédent trail et surtout Mickaël qu'a jamais bouffé de long et que j'entraîne aux fractionnés chaque jeudi.
 
Quand t'es coach, t'as un statut à tenir. Lors de mon premier trail d'Athis il y a 16 ans, je m'étais bien pété la ruche et mon coach Allain m'avait tranquillement poutré dans le dernier quart, un sourire satisfait aux lèvres. Maintenant que c'est moi le coach, j'vais pas m'gêner malgré les 22 ans de différence que ces galopins me rendent. L'expérience, c'est ça qui compte gamin !
 
Photo organisation
 
Dès le premier kilomètre, je passe les jumelles en les enjoignant de lever le pied et d'en garder pour la suite. Elles approuvent...
 
Six bornes à douze de moyenne et pas de fatigue. Il faut dire qu'on court avec les concurrents du 17 km qui en mettent un coup. Bon, dix de moyenne au total avec les difficultés, ça va le faire en un peu plus de trois heures... En 2009 à 53 ans, j'avais mis 2h59 sur le même parcours. Quelques minutes de plus ne seraient pas un déshonneur ! Ah oui, le bois de Berjou... si je me souviens bien, ça grimpe un peu.
 
 Photo Ouest France
 
Ouch ! Mais non, ça grimpe beaucoup vertudieu, et il faut mettre les mains sur les rochers pour se hisser là haut ! Je ne suis plus qu'à deux km/h et j'ai la viande qui me tire comme si on m'avait marché dessus. Allez, courage Lutin, ça va redescendre.
 
Effectivement, ça redescend et je me moque des pingouins qui chipotent alors que je dévale. Je me permets quelques pointes de vitesse dans les premiers dévers des bois en pestant contre  les jeunes qui me bouchent le passage. J'ai retrouvé le 12/13 à l'heure et j'ai l'intention d'en découdre...

Ben, c'est mon rythme qui se retrouve bientôt décousu par une deuxième côte qui déchire ! Encore un monstre vertical puis un autre. La côte des oiseaux, qu'ils appellent ça, moi j'ai juste vu des corbeaux qui guettaient les concurrents à bout de force avec un sourire au coin du bec. Ma moyenne a perdu 2,5 km/h en quatre mille mètres ; en plus, les concurrents du 17 km nous ont quittés depuis un moment et je ne vois plus une seule fille devant moi car la plupart sont sur le trail court. C'est dramatique car le "petit cul" est pour moi un accessoire de motivation indispensable, une promesse de performance.

Là, c'est presque du dopage.
 
En plus, des tas de types se mettent à me doubler ; serait-ce que je ralentis, seraient-ils plus frais que moi ? 

"T'es blessé ?" me dit un de ces petits cons d'un air de commisération."Non c'est ma scoliose" que je lui réponds sèchement. "T'as un problème Lutin" que me dit un autre qui me connaît. "Non, je suis juste vieux."

On va bientôt basculer pour revenir vers Athis quand j'entends les jumelles qui m'interpellent. Les gourdes, elles ont écouté mes conseils et ont intelligemment géré la première moitié de la course. Elles me passent dans une montée et je suis incapable de les suivre en descente ! Elles vont me mettre 9 min dans la vue à l'arrivée et finir 1ère et 2ème SF !!! Mais c'est quoi ça ?


Au bout d'un moment, je me retrouve carrément seul et je finis même par me demander ce que je fiche là... je me mets à réfléchir. Pour tout dire, je suis au bord de l'explosion car quand le cerveau du haut (celui qui pense) prend le relais du cerveau du bas (celui qui mate les petits culs), c'est plus que mauvais signe. Vais-je finir dans un état proche de la flaque de vomi ou de la diarrhée impérieuse comme en 2007 ? Me laissera-t-on mourir dans un fossé ou viendra-t-on m'éponger sur le chemin quitte à employer les grands moyens ?

Ça, c'est le véhicule qui m'a rapatrié il y a huit ans.


Non, que je me dis, on a sa fierté et de plus, plus je vieillis, mieux je m'entraîne. Le coach c'est moi, oui ou merde ? Le coach...

"Salut coach ! C'est vraiment dur ! J'ai bien fait d'écouter tes conseils !" Foutrebleu !!! C'est ce sale gosse de Mickaël ! "Merci maître Yoda" qu'il me dit le foutriquet en me passant sans vergogne. Non mais, t'es pas plus grand que moi, gamin !


T'as pas encore vu mon sabre laser

Il ne reste plus que sept ou huit km ; je résiste bien un moment mais les 22 ans d'écart finissent par faire la différence. Malgré la fumée qui lui sort des oreilles et le carter qui menace de céder, le gamin va se défoncer pour me mettre trois minutes dans le rectum et je vais être obligé de le féliciter comme les jumelles. Coach, c'est vraiment un boulot de chiasson !
 
 
Il ne me reste plus qu'à finir. Je ne suis finalement pas trop détruit grâce à un entraînement de qualité délivré par moi-même que je félicite et remercie à l'occasion. J'essaie de finir sans me vautrer dans le ridicule tout en gardant figure humaine. J'arrive même à sourire aux photographes alors que mes pensées me pousseraient plutôt à me suicider en m'enfonçant mon Camelbak dans la gorge.

 
Non, trêve de mauvaises pensées ! Ma Josette m'attend avec les copains et je ne suis pas dernier, il y a encore 43 clampins derrière moi. 3h37 pour 31,2 km, ce n'est pas déshonorant, c'est juste normal, ce qui est pire. Je suis à ma place et c'est vraiment graaave. Bouououh, j'suis plus qu'un vieux kroumir abandonné dans le fond d'un sabot pourri oublié sur l'étagère moisie d'un hangar désaffecté. 

A l'arrivée, je me précipite sur le bar qui n'a rien d'autre à me proposer que de la Kanterbrau. VDM !





27 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 30-04-2015 à 17:34:32

Des illustrations photographiques bien senties qui donnent des ailes dans le dos.
Un texte plein d'humour et d'auto-dérision.

le Lutin est vieux certes. Mais le Lutin est drôle et alerte.

Commentaire de Arclusaz posté le 30-04-2015 à 19:55:10

Bref le Lutin est vère.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-04-2015 à 22:05:16

Vère de rage ! C'est pô juste de se faire ainsi poutrer !

Commentaire de valdes posté le 30-04-2015 à 18:10:39

J'aime beaucoup l'image du Lutin à 20 ans et regrette de ne point l'avoir connu à l'époque mais bon il n'avait pas encore de réputation, alors un Lutin sans réputation, ... C'est pas vraiment un Lutin. Les deux dernières images sont vraiment tentantes à faire ce super trail de l'Orne, en m'y penchant bien, je jurerais avoir vu une fée parmi les clochettes des fleurs ...
Oui oui, je sais, faut lire, mais nous coller des illustrations pareilles, ... On comprend mieux pourquoi y'en a pas dans les livres de poche ; sinon personne ne les lirait.
Bravo le Lutin, continu à nous enchanter avec tes paysages de contes.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-04-2015 à 22:07:23

Nan, pas à 20 ans, à 40 ans ! A 20 ans, je ressemblais plutôt à un guitariste de hard rock...
Yes, c'est un beau trail mais les trails bretons, c'est pas mal, non ?

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 30-04-2015 à 18:30:53

Et en plus de la Kanterbrau...
TU VAS REMONTER LA PENTE DOUX LUTIN

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-04-2015 à 22:08:24

Merci mon Boukinet ! Tu te rends compte, de la Kanterbrau !!!

Commentaire de Benman posté le 30-04-2015 à 19:14:11

Si c'est effectivement l'excavatrice-aspiratrice en photo qui t'a rapatrié il y a 8 ans, je comprends que tu t'en souviennes, car il est évident que ce genre d'engin te prends, te retourne et t'éparpille façon puzzle pour faire de toi un vague reste de lutin plus très apte aux plaisirs charnels du trail. Ne jamais se fier à l'enseigne; toujours lire la notice...
Bravo quand même pour les neurones qui te restent pour nous faire bidonner ainsi.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-04-2015 à 22:11:14

Des neurones, j'en perds à chaque course... Il me reste le cerveau du bas, heureusement.

Commentaire de Albacor38 posté le 01-05-2015 à 18:25:56

Le cerveau du bas c'est celui qui a deux hémisphères ?

Commentaire de montevideo posté le 30-04-2015 à 20:52:32

Un plaisir à lire comme toujours, j'attends le prochain avec impatience (pour voir la revanche du Lutin ?)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 30-04-2015 à 22:13:36

Ah nan, avec l'ARTPC, le prochain va donner dans le gentil, je pense. Ou alors, je serai vraiment passé du côté obscur... ce qui n'est pas exclu.

Commentaire de philtraverses posté le 01-05-2015 à 11:20:30

tant qu'il y a de l'humour il y a de l'espoir.. le lutin toujours marrant en vere et contre tout. Récit très amusant qui me permet de relativiser ma propre dégringolade.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 01-05-2015 à 11:38:11

Dégringolade peut rimer avec rigolade, c'est une question de point de vue... Merci de sourire à mes récits, ça compte pour moi.

Commentaire de Bacchus posté le 01-05-2015 à 16:04:08

Superbe récit avec plein d'humour comme d'habitude

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 01-05-2015 à 17:41:16

Merci Bacchus pour ce commentaire dionysiaque.

Commentaire de Albacor38 posté le 01-05-2015 à 18:28:59

Très chouette récit ! Je découvre que Le Lutin est un peu le père spirituel du Bouk (oui car le Bouk n'est pas très drôle. Sauf quand il finit 10mn derrière moi en course ce qui heureusement est fréquent en ce moment).

(3h37 pour 31.2km c'est franchement pas mal ! Y'avait combien de dénivelé Lutin ?)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 01-05-2015 à 18:33:35

Merci... Y'avait à peine 1000 m de dénivelé mais c'était du brutal...
Quant au Bouk, je lui révèlerai la vérité quand on se rencontrera sur Bespin...

Commentaire de francois 91410 posté le 01-05-2015 à 23:17:38

Je vois avec beaucoup de satisfaction que tu redeviens petit à petit humain plutôt que lutin, et surtout que tu t'es préservé pour notre aventure très humaine le week end prochain pour Anna et les autres. La bière est déjà dans la glacière ! (véridique, je rejoins le relais dimanche à Toulouse)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 02-05-2015 à 09:49:16

Humain ? Pas d'insulte ! Je leur ferai payer cher à tous !
Quant à la bière, c'est juste une mesure de prudence pour m'empêcher de mordre.

Commentaire de freddo90 posté le 01-05-2015 à 23:25:51

Bravo, quel coach tu fais, belle réussite pour tes disciples ! Et bravo à toi aussi pour enchaîner les courses et des temps toujours honorables ;-)

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 02-05-2015 à 09:56:30

Merci pour les petits jeunes ! J'espère cependant en gratter un à l'occasion un de ces jours... On ne se refait pas.

Commentaire de Steph61 posté le 02-05-2015 à 22:59:49

Bravo Lutin pour ce récit toujours plein d'humour. Même dans la souffrance, tu restes le formidable coach qui nous donne envie de courir, de partager de bons moments lors des courses et entrainements, de se marrer ... et de prendre du plaisir à lire tes récits. J'espère que l'Affligem qui a suivi a réussi à te faire oublier ta Kanterbrau ... La randonnée, elle, était moins dure ... (mais il y avait pas d'aussi joli petits 'culs' que dans la course ...). A bientôt.

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 03-05-2015 à 19:36:24

Heureusement que tu avais emmené ce qu'il fallait, la Kanterbrau du bar m'avait traumatisé. Sincèrement, la randonnée devait regorger de belles filles, j'en connais quelques unes...

Commentaire de robin posté le 04-05-2015 à 09:48:18

Celui qui a poutré périra par le poutre....
Maître Lutin ce récit m'a dérouillé les zygomatiques.
A votre santé

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 04-05-2015 à 10:49:28

Tes zygomatiques sont dérouillés mais c'est le zygoto que je suis qui a dérouillé. Merci pour le com.

Commentaire de philkikou posté le 04-05-2015 à 22:58:15

"requiem aeternam dona eis domine" : refusé le repos éternel, où alors jusqu'à la prochaine course...!!
*Y a t il un lien entre l'affront essuyé et le billet avec un Lutin en verve ???
*Paroles du Lutin entendues après la course :
-"Piétiné c'est mon corps, buvez c'est ma Kanterbrau, touchez pas c'est mon cul..."
*Et à bout de soufle, avant de retrouver le second :" veni, veni, vinqu "

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