Avant notre départ en Guadeloupe pour les vacances de Pâques, j’ai regardé par tout hasard si un trail avait lieu lors de notre séjour…coup de chance, le dimanche 22/04, un 21km est annoncé, parcours autour du volcan la Soufrière pour notre plus grand bonheur !
Après une petite semaine de randos et plages, nous nous rendons donc le dimanche matin sur le lieu du départ (les enfants sont restés au bord de la piscine). En espérant que le trail ne soit pas annulé…car nous n’avons pas réussi à avoir quelqu’un pour confirmer par téléphone. Après un lever à 5h du mat et presque 2h de voiture, nous voici rendus sur les lieux pour 7h15, de nombreux coureurs sont là, nous voilà rassurés.

Le retrait des dossards se fait au lieu dit ‘Matouba’.

Nous : « Bonjour, nous venons nous inscrire pour le 21km »

L’organisateur : « Heu, vous avez l’habitude des trails ? »

Nous : « oui, oui »

Lui : « oui mais les trails en Guadeloupe n’ont rien à voir avec les trails de métropole…vous voyez le chemin là », il nous montre un talus un peu pentu avec pleins de racines,, « c’est de la gnognotte par rapport à ce qui vous attend, sur les 20km il est arrivé que certains mettent 9h !! »

Nous : « !!!!!!!! »

Lui : « et puis le chemin n’est pas balisé…dans le parc nous n’avons pas le droit, donc faut connaitre un peu »

Nous : « ?!!??!???!!! »….

Mais des Leleu motivés ça ne lâche pas l’affaire comme ça…

 Inscription faite nous récupérons nos dossards, 744 et 745, un peu d’appréhension quand même de savoir ce qui nous attend…et surtout de ne pas pouvoir estimer le temps : nous avons pris 1,5l + 2 barres chacun + 1 gourde d’eau sucrée pour tous les 2. Pas de ravitaillement prévu sur le parcours.

En attendant le départ prévu à 8h, les gens parlent du chemin, ils connaissent visiblement tous très bien le trajet…nous sommes les seuls ‘touristes’ visiblement ! Bon Philippe me dit que le but est de s’accrocher à un ‘local’ histoire de ne pas se perdre !

8h03, le départ est donné. C’est une descente sur route pendant 2km environ, et bien que l’on ne traine pas trop (11,5km/h environ, certes ce n’est pas super rapide pour certains d’entre vous, mais quand on part pour plusieurs heures il faut en garder sous le pieds) nous sommes quasi les derniers…le ton est donné, les locaux en tête, les 2 parigots derrière !!

Nous nous dirigeons vers le village de Saint Claude, et remonterons ensuite vers les bains jaunes (départ officiel de la rando du volcan en temps normal).

Traversée du village, on passe devant la mairie, puis l’église, il y a pas mal de monde. Un tournant à gauche et puis c’est une belle montée qui s’offre à nous…nous avons fait 2,5km de descente environ. Les bains jaunes sont annoncés à 5km de là…tout en montée !  Nous essayons de relancer dès qu’un faux plat est présent mais c’est assez dur au niveau du souffle pour moi…il fait chaud, la première heure j’ai toujours un peu de mal de ce coté là…Philippe m’encourage dès qu’il peut. Nous remontons quelques personnes (plutôt quelques filles en fait), mais très peu… les ‘locaux’ sont plus habitués que nous à ce genre de relief…cela ne nous décourage pas, nous sommes contents d’être là, faisons notre course à notre rythme, c’est tout ce qui compte.

Et puis le soleil est avec nous…gros coup de chance !! Il faut dire que les alentours du volcan sont régulièrement arrosés, et aujourd’hui le soleil et le ciel bleu sont pour l’instant présents, c’est énorme !

Après 5km de côte dont des passages à fort pourcentage, nous sommes au km 7,5 au parking des bains jaunes. Le volcan proprement dit nous tend les bras. La route est finie, nous attaquons la montée par des espèces de grandes marches avec des gros cailloux. Quelques touristes sont présents, mais assez peu finalement…ils doivent nous prendre pour des fous…

Les bains jaunes sont à 950m d’altitude, c’est un joli site historique équipé d’un bassin tiède (26°c) où la baignade est possible, on n’aurait pas été contre, mais aujourd’hui ce n’est pas prévu au programme J.  Nous avons pourtant vraiment très chaud et cela nous aurait certes fait du bien, nous buvons très régulièrement et avons un peur de manquer d’eau en fait…surtout que nous avons du mal à estimer notre temps de course finalement…au départ ce n’était plus 20 mais 25km annoncés…bref on est un peu dans le flou de ce coté là J

Nous nous dirigeons maintenant vers la ‘citerne’ : altitude 1103m. C’est un ancien cratère aujourd’hui éteint au fond duquel stagne un petit étang, c’est également un site choisi pour l’installation d’antennes de radio. Le brouillard s’est levé, à vrai dire ce n’est pas pour nous déplaire à cet instant car cela fait un peu de fraicheur. Et puis le terrain est propice à la course de nouveau, cela fait du bien de dérouler un peu après ces km de montée sans répit !

Pas de chance, juste à ce moment là j’ai une grosse douleur dans le doigt de pieds !!! Une épine, je suis obligée de m’arrêter pour l’enlever...bon pas de problème, on a du s’arrêter quelques secondes, mais c’est  toujours râlant lorsqu’on est sur un bon rythme. Allez, c’est reparti, on contourne le volcan par la droite en fait, et les premières odeurs de souffre arrivent. On a vraiment l’impression de courir sur un terrain spécial, très agréable comme sensation, vraiment sympa. Une bénévole nous indique qu’il faut maintenant prendre la direction de l’Echelle, un cône qui s’est formé il y a environ 2000 ans. J’ai un peu peur quand j’entends le nom…cela n’augure rien de bon…hummm…

Et effectivement après quelques centaines de mètres à courir, nous revoici en mode marche…et le nom est bien porté !! Des hautes ‘marches’ naturelles sont à gravir. Cela est vraiment difficile. Le chemin est assez étroit, pas mal de plantes sur les cotés. La montée est longue et difficile, mais nous ne chômons pas, nous avons un bon rythme je pense, pas grand monde devant ni derrière (ils sont un peu tous devant en fait je crois… J). Je mange régulièrement un bout de barre énergétique, la route est encore longue, nous ne savons pas trop ce qui nous attend après cette côte.

Nous voici en haut, nous allons redescendre maintenant. Nous sommes au 11^ième km. Une descente dans la bouillasse, nous pouvons courir mais pas très rapidement vu les appuis très glissants.

Nous sommes bien sales avec toute cette boue…mais ce n’est rien par rapport à ce qui nous attend…Et hop déjà une remontée !! C’était trop beau : cette fois nous montons vers le sommet de la Soufrière. Une montée à nouveau très raide et bien crevante.

Le ciel commence à se dégager et nous apercevons quelques morceaux de ciel bleu, le soleil tente de refaire son apparition. Incroyable !! Sachant que le soleil ne fait son apparition que quelques rares jours par an sur le volcan nous avons un bol monstrueux !! Tant mieux nous en profitons bien. Le guadeloupéen qui est derrière nous (ben vous voyez y’en a au moins 1 !!) nous dit que l’on a beaucoup de chance, que c’est exceptionnel. Nous en prenons plein les yeux, le paysage est magnifique vu d’en bas. Toujours ces odeurs de fumeroles de temps en temps, c’est très chouette cette ambiance.

Allez c’est le haut du volcan, quelques parties sont encore dégagées, super ! Quelle chance !

Bien la redescente s’annonce, nous pensons alors que nous allons pouvoir recourir…mais que nenni…c’est vrai sur une petite portion faite de blocs de pierre, il faut faire attention mais c’est jouable, mais là arrive le plus extraordinaire : la trace Carmichaël !!!

4 mots-clés qui pourraient résumer cette descente : boueuse, étroite, dense, pentue !

C’est un chemin très étroit (un seul pied à la fois), rempli de boue, et entouré des 2 cotés par de la végétation extrêmement dense. L’avantage est que lorsqu’on ‘dérape’, on est rattrapé par la végétation sur le coté donc on ne va pas très loin…l’inconvénient est qu’on ne voit quasiment pas où on pose les pieds : une fois dans une énorme flaque d’eau, d’autres fois sur des gros cailloux, d’autre dans de la boue bien épaisse…bref des appuis impossibles pour se maintenir stables…il faut mettre les mains sans arrêt pour espérer ne pas tomber. Du coup l’appareil photo et la caméra sont difficiles à sortir… nous comprenons mieux maintenant les mises en garde de l’organisateur lors de notre inscription ! Et dire qu’on s’était dit ‘7km de descente, c’est tout bon, on lâche les chevaux’ !!! Bien la montée était bien plus facile finalement…

Ce ne sont plus les pieds qui sont sales, mais les mollets, les genoux et les fesses…certains passages sont impossibles à passer debout, il faut presque se laisser glisser sur des petits toboggans de boue J C’est épique, mais vraiment ‘marrant’ : à ce moment là je me dis, ‘si on nous voyait, on nous prendrait pour des tarés…’

Heureusement que la végétation est dense et ‘solide’, elle nous permet régulièrement de nous retenir pour des parties de descente assez périlleuses. Nous aurons environ 5km comme ca, le temps défile lentement, les km aussi.

Je dois bien faire 3-4 chutes sur cette portion.

Nous en finissons enfin avec cette descente (interminable, et qui commence à faire mal aux jambes avec le frottement incessant des plantes sur les mollets, il y a tellement de boue que nous ne voyons pas, mais en fait nous ressortirons de là avec pas mal d’égratignures tout le long des jambes).

Le chemin est maintenant plus large, et nous pouvons de nouveau nous mettre à courir : ca fait du bien !! Cependant la vitesse n’est pas énorme car le sentier est très boueux et de nombreuses racines sortent du sol, et c’est extrêmement glissant de nouveau. Sans arrêt nous nous rattrapons de justesse et nous équilibrons tant bien que mal pour ne pas tomber : cela a son coté marrant, mais la prudence est de mise.

17km au compteur.

Nous descendons toujours, le chemin est maintenant un peu plus large. Des panneaux indiquent ‘Matouba, 1h20’, puis 20’. Je me dis que l’arrivée est proche, à moins qu’ils nous fassent remonter quelque part car visiblement Fil me dit que le dénivelé total annoncé n’est pas atteint…

C’est vraiment très très glissant, des racines de la boue…une traversée de rivière, tout est réuni pour ne pas avoir d’appuis stables encore une fois. Nous courons quand même au mieux que nous pouvons…et puis patratra, je me prends le pied dans une racine, roulé-boulé sur l’épaule, je me retrouve sur les genoux dans l’autre sens…bon coup sur l’épaule, belle petite frayeur, mais apparemment le reste est ok…Philippe vient me relever, et nous repartons. Je me méfie un peu plus du coup des appuis, et ralentis un peu l’allure, dommage on était dans une bonne portion pour courir, mais vraiment le terrain est difficile, énormément glissant (je repense à ce moment là à l’Icetrail de début janvier que l’on avait trouvé boueux, mais ce n’était rien par rapport à ce qui nous a été servi aujourd’hui…).

Notre montre affiche 18,5km, nous ne savons pas trop où nous en sommes, le GPS  donne l’arrivée proche, mais nous n’osons pas encore nous réjouir.

Et puis nous croisons 2 personnes qui nous indiquent le chemin, c’est à gauche, puis c’est l’arrivée. Effectivement 500m plus loin nous arrivons depuis le haut sur les ‘cases’ qui ont servis de retrait de dossard ce matin. Bien contents d’en finir avec cette sortie vraiment très particulière, mais au combien sympathique !

Après 4h30 de course vraiment physique, nous franchissons la ligne d’arrivée, heu en fait...elle est où la ligne, ha ben c’est là, on est juste revenu au point de départ. On note nos dossards, l’organisateur nous voit et nous demande si cela s’est bien passé, très sympa. Nous discutons 5min avec lui, et effectivement c’était du costaud !!

Finalement 20km et 1300 D+. Vu l’état des rivières, le passage au ‘nez cassé’ a été supprimé…

Bien contents de notre sortie, nous prenons quelques gâteaux et boissons présentes dans les ‘cases’ piquenique, allons ensuite chercher nos affaires de rechange dans la voiture et nous nous rinçons dans la rivière toute proche. Jamais nous ne sommes arrivés dans un tel état après un trail…impressionnant. Il nous a fallut un bon moment pour nous rincer nous et nos affaires…

Retour à la voiture, puis à la maison près de Saint François vers 15h30, puis direction la plage des ‘raisins clairs’, superbe plage de sable blanc bordée de cocotiers.

Repos et baignade pour la fin de l’après-midi, bien mérités

Les résultats officiels

1^er homme 2h32 / 1^ère femme 3h33 / 90 arrivants

Anne LELEU – 78^ième – 3^ième V1F – 4h31

Philippe LELEU – 79^ième – 32^ième V1M – 4h31