Récit de la course : La Montagn'Hard - 57 km 2011, par Bikoon

L'auteur : Bikoon

La course : La Montagn'Hard - 57 km

Date : 2/7/2011

Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)

Affichage : 3892 vues

Distance : 57km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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La Montagn'hard 57 : du beau et pentu

Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas envie de courir la Montagn’hard. Trop dure, trop pentue, trop technique, pas assez roulant…. C’est en tout cas l’idée que je m’en étais faite à travers les différents récits et échos glanés ça et là.

Mon objectif majeur de l’année c’est la CCC, et en guise de préparation au dénivelé je voulais initialement faire le marathon du Mont-Blanc dans le cadre d’un week-end choc. Mais le gala de danse de fin d’année de ma fille ainée programmé le même jour que le MMB est venu changer la donne.

Donc après prises de renseignements sur différents forum, je décide de me jeter à l’eau et de m’inscrire sur ce monument du dénivelé sur le format 57 km et 5000 D+, soit la version « moyenne » du week-end trail à St Nicolas de Véroce. Bye bye l’idée du week-end choc, les mensurations de la bébête devrait suffire à emmagasiner le dénivelé que je souhaite…

J’aborde ce trail avec encore plus d’humilité que d’habitude, l’objectif étant (dans le désordre) : tester le matériel pour la CCC, manger du D+, essayer de prendre du plaisir, profiter du paysage. Je serai soutenu sur cette course par une équipe supportrice de choc : mes parents et ma fille ainée de 7 ans, ma petite femme et la mini puce de 10 mois étant restées à la maison.

Je découvre le village de St Nicolas de Véroce de nuit, en arrivant vers 4h ce 2 juillet, il paraît qu’il est joli comme tout, je verrai ça dans l’après-midi. Pas mal de Kikou et UFO en vue, mais je fais mon timide de service, et je n’ose pas trop les aborder ; rentrant petit à petit dans ma bulle, même si je ne suis pas complètement en mode compétition, je veux être concentré pour gérer au mieux ma course.

Le départ conjoint entre le 57 et le 100 est donné à 5h00 après un briefing très complet d’Olivier l’organisateur, et nous avons à peine le temps de nous chauffer sur un faux plat descendant sur la route menant au village depuis St Gervais que nous attaquons une pente très raide. C’est parti en direction des Toiles, le 1er ravitaillement à environ 12 km et 1200 D+. Les bâtons doivent rester au chaud sur les sacs pendant les 5 premiers kilomètres en attendant que le peloton s’étire, mais certains ont du lire le règlement de travers et les sortent déjà…

Je pars délibérément très en dedans, conscient que la journée sera longue, une première avec autant de dénivelé pour moi. En gros, je suis là « pour voir ». J’ai vraiment à cœur d’essayer de bien gérer ma course, car lors de mes 2 précédents ultras (Ecotrail 2011 et trail de la vallée de Chevreuse 2010 http://www.kikourou.net/recits/recit-10188-trail_de_la_vallee_de_chevreuse_-_aventure_-_55_km-2010-par-bikoon.html) j’avais beaucoup trop subi la course, ne me faisant pas suffisamment plaisir et donc avec un arrière goût désagréable, malgré des classements très satisfaisants.

Je reviens sur un traileur dont la foulée ne m’est pas inconnue : il s’agit de Jean-Philippe (JUANFE sur UFO) avec qui j’avais fait les 30 derniers km de l’Ecotrail 2009 (http://www.kikourou.net/recits/recit-7305-eco_trail_de_paris_ile_de_france-2009-par-bikoon.html) ; quelques mots échangés, il ne joue pas petit bras comme moi : il est parti sur le 100 km… mais j’apprendrais le lendemain qu’il a malheureusement raccourci sa ballade.

Le jour pointe très vite le bout de son nez, la journée promet d’être magnifique, et je range rapidement ma frontale ; les sensations sont bonnes, j’essaie d’être le plus souple possible dans les descentes. Certaines d’entres elles parmi les premières avant les Toiles sont très engageantes pour dérouler, mais pas question d’envoyer, il est bien trop tôt ! Je ronge mon frein, mais je sais que j’ai raison d’être raisonnable à ce stade de la course.

Mon tableau de marche me faisait arriver après environ 2h aux Toiles, mais c’est finalement après 1h46 que je rejoins ce 1er ravito et 152 bpm de fréquence cardiaque moyenne soit 75% de ma FCM. Je m’aperçois que je n’ai pas suffisamment bu, moins d’un litre, je refais néanmoins le plein d’Effinov menthe, et c’est reparti en direction du Prarion via le col de la Forclaz. Au début de la montée, je discute avec un coureur du 100 km, et je me rends compte au bout d’un moment à force de doubler des traileurs que je ne suis pas à mon rythme, je finis donc par décrocher en lui souhaitant bonne route. Le lendemain je réaliserais qu’il termine 4ème du 100 km en 18h33… il a effectivement fait bonne route ! et bien m’en a pris de ne pas suivre son rythme !!

D’autant que cette montée du col de la Forclaz, puis du Prarion, aussi belles soient elles, n’en sont pas moins terribles ! Je surveille mon cardio pour ne pas trop monter dans les tours, mais la pente me fait néanmoins dépasser les 175 bpm régulièrement. Je tâche d’avoir une allure régulière, en poussant bien sur mes bâtons ; et le petit sentier de crête avec le Mont-Blanc sur la gauche est une pure merveille qui fait momentanément oublier la difficulté. C’est le 1er moment difficile de la course, et je me projette mentalement franchissant la ligne d’arrivée avec ma fille pour me re-booster. L’arrivée au sommet du Prarion est elle aussi une récompense, ce paysage à 360° est d’une beauté sauvage à couper le souffle ! Commence alors un sentier monotrace au milieu des rhododendrons au début de leur floraison avec ces points de vue réellement jubilatoire. Encore une fois, je me retiens pour ne pas trop faire bosser les quadriceps, mais la descente n’en est pas moins très ludique.

Le ravitaillement de Bionnassay est atteint après 3h36 de course et 79% de FCM (161 BPM), je me sens bien, parfaitement heureux d’être là. Mon équipe supportrice doit me retrouver au ravitaillement des chalets de Miage après environ 1h30 de marche pour eux, je téléphone pour savoir où ils en sont, et ils m’apprennent que je suis 20ème après ce 2ème ravito J. RDV est donné à Miage. Nous sommes sur un sentier bien pentu que je connais pour l’avoir  emprunté l’an dernier sur la montée du Nid d’Aigle ; à la sortie de la partie boisée nous avons une superbe vue sur le glacier de Bionnassay au pied duquel se trouve le fameux Nid d’Aigle. Le parcours tire sur la droite et emprunte un monotrace très ludique jusqu’à la passerelle enjambant le torrent de Bionnassay qui doit être passée un par un et en marchant. En accédant au col du Tricot j’ai presque attrapé un torticolis à force de regarder sur ma gauche et ce somptueux massif du Mont-Blanc ! En haut du tricot, j’espère que mes parents et ma grande puce sont entrain de m’attendre en contrebas aux chalets de Miage. Comme à la fin de chaque ascension je range mes bâtons sur mon sac pour être plus à l’aise et plus libre de mes mouvements et j’attaque la descente. Enfin j’attaque, c’est beaucoup dire, la descente n’est pas des plus roulantes et j’ai ma cheville droite qui donne des signes de faiblesse.

C’est finalement après 18 mn de descente que je rejoins le 3ème ravitaillement aux chalets de Miage après 5h15 et 77% de FCM (158BPM) en 22ème position. Je retrouve avec bonheur ma fille et mes parents qui sont montés bon train, ½ heure plus vite qu’indiqué par la pancarte ! Une future traileuse ? ;o) Je profite de leur présence pour me regonfler le mental, et accessoirement remplir ma poche à eau, on se donne RDV aux Contamines.

La montée au Truc est avalée sans difficulté particulière, puis on bascule sur les chalets du même nom et un peu plus loin on attaque la montée direction Armancette. C’est une longue et bonne bavante qui commence dans la végétation haute et fournie ; dans cette combe à l’abri du vent où il commence à faire sérieusement chaud. Quand je lève la tête je me demande vraiment où Olivier a l’intention de nous faire passer, car je n’ai pas emporté les mousquetons et le baudrier !!

Puis finalement, je suis soulagé en constatant qu’on bifurque sur la droite avec une vue magnifique sur les Contamines que nous surplombons. Ce petit chemin en balcon qui va nous mener jusqu'au refuge de Tré la tête est un pur régal à courir. A Tré la tête je tombe sur le Bagnard qui est monté avec un ravito de luxe : de la Despérado (que je décline, merci quand même Laurent), des tucs, et sa bonne humeur indéfectible ! Il fait tellement beau qu’il a tombé le haut de sa tenue J Il m’annonce les Contamines dans 5 à 6 km. Bon, comme tout bon bénévole qui se respecte, il a largement sous-estimé la distance car il y avait à priori environ 9 km…

Pas bien grave car cette partie est encore une fois une vraie merveille : un petit sentier parfois technique, souvent très sauvage, et quasiment toujours ludique et superbe. Bien m’en a pris d’avoir sur moi le profil de la course, car ceux qui pensaient que ça ne faisait que descendre entre Tré la tête et les Conta ont du être déçus…  Bon, je reconnais que la fin est un peu longuette avant le ravito le long de ce torrent, heureusement que le vent était de face pour aérer les coureurs.

Pour la 2ème fois je retrouve avec bonheur la team supportrice. J’arrive à 14h pile aux Contamines, soit 9h de course pour 152 BPM de moyenne (75% FCM) en 21ème position. Je me sens toujours bien, les sensations sont bonnes, pas l’impression d’être trop entamé. Par mesure de prudence, je rempli encore une fois ma poche à eau avec un peu moins de 2 litres d’Effinov menthe, car il fait maintenant bien chaud par moment.  La suite du parcours est simple : une grosse montée suivie d’une grosse descente ; soit environ 9 km et 600 mètres de dénivelé positif, et autant négatif. Encore une fois c’est un peu difficile de s’arracher à ces câlins aimants et ces marques d’attention, mais les prochains seront encore meilleurs une fois la ligne franchie. Je repars donc ragaillardi, prêt à en découdre avec cette portion du Mont Joly que l’organisation nous propose.

Je reviens sur un coureur du 100 km avec qui je fais le yoyo depuis plusieurs heures, et je prends sa roue pour attaquer l’ascension car nous montons sensiblement au même rythme. C’est sa 3ème participation sur la version longue de la montagn’hard après malheureusement 2 abandons. Cette édition sera finalement la bonne car il bouclera en 21h38 à une superbe 12ème place ! Nous montons à un rythme pas trop appuyé, mais bien régulier, ce qui fait que l’ascension jusqu’à la bifurcation passe assez vite. Puis vient le moment des au revoir, je souhaite sincèrement beaucoup de courage à mon partenaire du jour, je suis rempli d’admiration pour les costaud(e)s qui s’engagent sur la suite du parcours pour boucler les 100 km. Je commence malgré tout à ressentir de la fatigue quand j’attaque cette dernière descente après 10h34 de course. Et cette fatigue va monter crescendo très rapidement car Olivier a eu l’idée de nous faire passer par des pistes de ski pour rejoindre St Nicolas, et mes quadriceps s’en seraient bien passés… Bref, je suis vite cramé, et ma foulée n’a plus rien d’économique ou fluide ou légère !! J’avoue que je maudis  ces foutues pentes raides, et ne pense qu’à une chose : la ligne d’arrivée.

 

Je retrouve mes parents et ma fille juste en arrivant sur le bitume, et nous en terminons main dans la main avec ma puce comme je l’avais savouré par avance. Je boucle finalement en 11H01 et en 20ème position pour environ 62 km. Merci encore à Olivier d’être un trailer et d’avoir donc pensé ces superbes parcours avec l’œil du coureur ; cette 1ère expérience du trail montagnard très pentu est très positive, j'ai réussi à gérer ma course du début à (presque) la fin, sans jamais subir, mais en maîtrisant et j’en ressors galvanisé pour la CCC.

Et pour encore être tout à fait honnête, je n’exclu pas de m’aligner l’année prochaine sur le 100…

     

8 commentaires

Commentaire de Jean-Phi posté le 22-08-2011 à 09:54:12

Bravo ! Très belle gestion de course !

Commentaire de Land Kikour posté le 22-08-2011 à 10:14:42

Un superbe récit a la mesure de ta très belle course, tu peux être fier de ton parcours Olivier, mais je ne suis pas vraiment surpris :)
Je te souhaite une très belle CCC qui j'en suis certain est largement a ta portée.
Profites !!

Commentaire de Souris posté le 23-08-2011 à 17:37:09

Olivier, merci pour ce CR que je lis seulement aujourd'hui... Trés belle course et performance, belle gestion... j'ai juste le temps de te souhaiter une super CCC maintenant, tous les voyants sont au vert.

Commentaire de Bert' posté le 30-08-2011 à 16:09:16

Encore Bravo Olivier : t'as sacrément assuré pour une 1ère dans le genre... et qui annonce bien d'autres perf' dans le futur !!
Et ça parait si simple en te lisant... ;-)

Commentaire de Olivier91 posté le 22-09-2011 à 22:16:29

Je découvre aujourd'hui ton CR. Franchement, il me fait plaisir, parce que c'est pour procurer ce genre de sentiments que j'ai créé cette course. J'ai fait celle que j'aimerais courir ...
Bravo pour cette très belle course.

Commentaire de Tonton Traileur posté le 19-01-2012 à 19:25:33

je découvre seulement maintenant ce CR !... Je VEUX y aller, je VEUX y aller ! ça devrait être le cas cette année ... Vivement !
Merki Bikoon !

Commentaire de le greg de draveil posté le 20-01-2012 à 15:08:52

c'est effectivement un très bel itinéraire. celui du 100 de 2012 ne sera qu'un prolongement de même niveau. je te félicite pour cette perf.
Grégoire

Commentaire de PhilippeG-641 posté le 20-06-2013 à 16:45:35

Très beau récit Olivier (et une belle gestion de course) !
Il donne du plaisir à le lire, envie de la vivre et c'est l'essentiel car on s'y croirait.
Rdv bientôt avec le même soleil ;-)

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