L'auteur : Yvan11
La course : Ultra Trail Sobrarbe
Date : 25/6/2011
Lieu : Ainsa (Espagne)
Affichage : 1354 vues
Distance : 65km
Objectif : Pas d'objectif
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Arrivés à Ainsa en fin d'après midi vendredi,nous profitons de la douceur ambiante pour découvrir la vieille ville et les points de vue qu'elle offre.
Les "quatre mousquetaires" sont prets à affronter le Sobrarbe.
Nous découvrons tels des enfants au pied du sapin le contenu de la "bolsa" de l'organisation: le dossard évidemment, un joli tee shirt technique,un poncho"jetable",une carte topo du parcours, un atlas touristique de l'Aragon et plein de brochures touristiques locales.
Nous nous mettons ensuite en quête du resto qui pourra proposer ce dont chacun a envie en cette veille de grande épreuve.
Pour Michel,Estelle et Romain, ce sera une paëlla finalement assez décevante.Pour ma part un simple plat de spaghettis aux crevettes.Tout cela arrosé pour nous quatre par une San Miguel.
Manu, déja en grande forme, combinera une salade de pates au thon gargantuesque avec une pizza,tout cela sagement arrosé d'eau minérale au nom évocateur !
Pour digérer un peu, nous effectuons à travers les charmantes ruelles la remontée vers le parking et nos voitures "camping-cars".
Samedi, c'est plein d'entrain que nous approchons du lieu de départ.
L'heure est un rien plus solennelle pour Manu, qui s'élance sur son premier ultra.
Même de si bonne heure, çà parle fort, pas de doute, nous sommes en Espagne !
Le départ est donné avec un quart d'heure de retard, pas grave, rien ne presse.
Michel s'est placé devant, Romain plutôt en retrait, c'est donc en compagnie de Manu que je m'élance.
Dès les premiers hectometres sur l'asphalte, je ressens une douleur au pied droit.
Afin de protéger ma cheville pas encore remise de l'entorse du week-end dernier, je porte une chevillère ligamentaire, ce qui crée une surépaisseur et occasionne cette douleur.
J'espère qu'une fois chaud,la sensation s'estompera et effectivement quand on aborde les sentiers vers le 4e km,je me crois sorti d'affaire.
Je passe ainsi quelques kilometres à courir agréablement,appréciant pleinement la course et les premiers paysages traversés.
Je chemine toujours avec Manu, et comme au Pays de Sault, j'ai fréquemment l'impression de le freiner.
J'ai en effet décidé de prendre dès le début un rythme "ultra" et donc de marcher dans les côtes,alors que Manu aurait tendance à courir partout.
La vue sur le Mont Perdu est magnifique.
Les kilometres s'enchainent et malheureusement la douleur refait surface,plus intense.
A chaque impact du pied droit au sol, c'est comme un coup de baton qui s'abat sur le côté extérieur et le dessous de mon pied.
Comme déja dit par le passé, "je serre les dents et j'avance"...
On approche du 24e km, qui représentera la fin de la partie roulante de la course mais aussi l'endroit ou Estelle nous attend.Des émotions contraires surgissent.Le plaisir d'être là avec les collegues, la joie de revoir Estelle au bord du sentier après les ennuis de ces dernières semaines mais aussi la crainte d'affronter la suite du parcours, et une espèce de colère contre la douleur...
Estelle voit d'abord passer Michel, en pleine forme et bien placé entre la 20e et la 30e place.
Nous arrivons ensuite.
Sentiment là aussi mitigé entre la joie de voir Estelle et le regret de passer si peu de temps avec elle,alors qu'elle a du nous attendre pas mal de temps.Mais je sais que plus court sont mes arrêts en Ultra mieux je repars.
Au ravito de Lafortunada nous attendent nos batons.
On va de suite comprendre pourquoi c'est jusqu'ici qu'ils nous les ont porté : on quitte le village par un véritable mur en lacets.
On enchaine ensuite avec une piste bien pentue elle aussi.
A partir de là, il va commencer à faire chaud...
Romain, qui était arrivé au ravito quand on allait le quitter, ne tarde pas à nous rejoindre pour de bon.
Je fais une pause pour enlever ma chevillère car je ne supporte plus la douleur.J'en profite pour remplacer le buff par la casquette saharienne , plus adapté au climat ambiant ( thermostat 7-8 !!!! )
La sensation de compression envolée, la douleur persiste...
On arrive ainsi tous les trois au village de Tella.
Après le village, un court répit en descente avant d'affronter la montée au col.
Un ravito près d'un abreuvoir nous donne l'occasion de nous rafraichir.
Les choses sérieuses commencent, l'heure n'est plus à la rigolade !
Manu prend le large petit à petit, et je continue en compagnie de Romain, que je sens un rien plus "frais" que moi.
Le panorama est splendide, le genre qui justifie les kilometres en voiture et les efforts consentis pour le "mériter"...
La douleur au pied a enfin disparu mais c'est maintenant contre la chaleur qu'il faut lutter.
J'ai beau boire fréquemment depuis le début de la course, la sensation de soif est toujours présente.
Ma bouche est sèche en permanence .
La fin de la montée est terrible,hors sentier dans l'herbe, droit dans la pente pour préserver la cheville du dévers.
Quand j'arrive au col, je comprends en une seconde que la suite va être pire.
Il s'agit d'une descente très pentue, cumulant en peu de distance tous les pièges existants pour nos pauvres chevilles ( dévers, cailloux saillants, cailloux roulants,...)
Je comprends immédiatement que je ne dépasserai pas le Maraton aujourd'hui.Ma seule chance aurait été de trouver ici une belle descente presque roulante pour espérer relancer sans prendre de risques pour ma cheville désormais sans protection.
Le terrain miné qui nous attend va m'obliger à une prudence de chaque instant ( de chaque pas ! ) pour pouvoir rentrer en bon état à la maison.
Romain est exactement dans le même état d'esprit que moi.
Un nouvel abreuvoir nous offre un réconfort thermique passager.
Après cette cabane, une petite séance de jardinage va nous séparer et c'est en solitaire que je vais poursuivre ma descente vers Bielsa.
Michel a rejoint Bielsa en 7h mais a préféré stopper là.
Manu, vingt minutes plus tard, décide de poursuivre la course, et donc de gravir en pleine chaleur de mi-journée un nouveau col.
J'arrive après 7h56 de course, encore dans les temps ( 4 minutes ! ) pour pouvoir continuer.
Mais çà serait largement au dessus de mes forces aujourd'hui.
Je peux enfin relacher la pression et laisser monter quelques sanglots, signe que la ballade de 43 km /2200 m D+ a puisé dans les réserves aussi bien physiques que morales
Romain arrive à son tour.
Une bière bien fraiche est la bienvenue !
Tant qu'on y est , soignons aussi la recharge en calories !
On pense beaucoup à Manu qui poursuit son périple pendant ce temps...
On effectue en voiture le trajet vers Plan ou se situe l'arrivée de l'Ultra.
En attendant Manu, je me rafraichis dans l'eau glaciale de la rivière.
L'aire d'arrivée
Terminador Manu, auteur d'une course parfaite aujourd'hui et dont l'arrivée nous comble de joie !
L'interview de l'Allegador ( finisher en français )
Le repas offert après la course : du costaud pour recharger les batteries !
Le trophée original
Le lendemain, petit pique nique en bord de rivière dans la vallée de la Pineta avant de rentrer en France avec tout plein de belles images en tête.
Je remercie encore ici Michel pour avoir pris l'initiative de cette virée en Espagne, qui en appellera beaucoup d'autres, j'en suis certain !
9 commentaires
Commentaire de NICO73 posté le 01-07-2011 à 15:43:00
Les photos sont splendides. On a envie d'y être. Merci
Commentaire de Yvan11 posté le 01-07-2011 à 16:38:59
Merci.
Prochaine édition en 2013 ( 2h30-3h de voiture depuis Toulouse )
Commentaire de Eric Kikour Roux posté le 01-07-2011 à 17:19:42
Salut Yvan,
Il aurait manqué un peu d'arbres à mon gout (pour ne pas finir cramé!), mais la caillasse donne vraiment envie d'y faire un tour; dommage que ce soit si loin...
Pour les frangins, l'heure de la revanche sonnera donc en 2013?
Merci pour ce joli récit si bien illustré.
Commentaire de Yvan11 posté le 06-07-2011 à 17:00:33
Revanche en 2013 mais on y sera déja revenu ( la même orga va faire alterner deux courses qui avait lieu une fois l'an jusqu'à maintenant ).
Et je suis pour l'instant plus attiré par des virées en Espagne que par les Alpes....
Commentaire de Berty09 posté le 03-07-2011 à 21:26:59
Bravo Yvan. C'est du lourd ce trail et avec la chaleur!... Merci pour ce reportage photo très parlant. Bonne chance pour la suite.
Commentaire de Yvan11 posté le 06-07-2011 à 17:01:41
Merci.
La suite à l'Aneto ou même s'il fait chaud la journée on pourra respirer la nuit !!!!
Commentaire de didstzach83 posté le 05-07-2011 à 09:38:56
merci pour les superbes photos, pour le reportage !!!
bonne suite !!!!
Commentaire de laulau posté le 09-07-2011 à 10:10:53
Salut Yvan
Ouh la la, bien trop chaud pour moi ! Les paysages sont bien beaux mais le parcours est trop roulant au moins en première partie pour moi. Bonne suite de prépa pour fin juillet
Commentaire de Land Kikour posté le 13-07-2011 à 22:00:19
Cr, photos pour résumé en un seul mot : Superbe !!!
Ne change rien Yvan, merci
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