L'auteur : akunamatata
La course : La Verti-Causse - 35 km
Date : 27/3/2011
Lieu : St Georges De Luzencon (Aveyron)
Affichage : 2816 vues
Distance : 35km
Objectif : Balade
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Labdien ami(e)s traileurs,
C'est sur l'invitation sympathique de Yoyo que je me dirige de nouveau dans la pittoresque région aveyronaise ce samedi. Le trajet est fait sous un soleil généreux. On a l'impression que c'est déjà le printemps, d'ailleurs c'est demain que l'on change d'horaire. En prévision des futurs étourdis, l'organisation de la course a prévu de delivrer un reveil en guise de prix pour le dernier compétiteur / dormeur à s'élancer du départ à St Georges de Luzençon.
La verticausse est une course d'une taille idéale pour celles et ceux qui veulent profiter d'un week end loin de la foule mais aussi d'une organisation bien rodée (c'est la 10ème édition !). On attend environ 600 coureurs venus d'un peu partout. Lionel s'interroge sur les moyens de faire venir un public au delà de son département aveyronnais. Effectivement il n'est pas simple d'évaluer les stratégies de communication mise en place tout au long de ces années. Du coté élite il y a un gros plateau ici Thierry Breuil, Patrick Bringer,Thomas St Girons, Karine Herry, Jaussaud Grenier Isabelle etc...
Je profite du samedi pour faire quelques photos dans la salle d'inscription, cette dernière est d'une couleur jaune surprenante. Mon Nikon en est tout ébaubit, il se met à perdre son "blanc" et j'ai droit à des photos toutes jaunies (mais pas moisies hein ?)...
Je suis bien guidé par Yoyo qui me fait le tour du circuit en voiture, et plus particulièrement la petite boucle qui passe par la montée surnommée les 4 côtes (faut demander à Yoyo pour le nom, car il y a une raison). Je réfléchis pour ma part au circuit que je vais emprunter qui n'est pas forcément celui de la course. En Effet, je voudrais prendre la tête de course plusieurs fois, alors je me creuse les méninges...
Pas trop le temps de souffler, je suis emporté par une autre bénévole ravie d'avoir un photographe sous la main pour immortaliser la cuisson du pain fait à l'ancienne. L'organisation en plus de la grande course (35km, 1600m+) et la petite (16 km, 600m+) a la délicate attention de faire un parcours rando. Et les randonneurs ont droit à un traitement spécial découverte terroir (je suis jaloux). Bref, ils vont déguster un superbe repas dans une ferme traditionnelle pendant que nous serons entrain de brouter la mousse des pierres tant les pentes sont raides.
Finalement, je ne vais pas partir 30 minutes avant le départ comme envisagé, mais je vais me faire déposer en bas des 4 côtes afin de me positionner et attendre les 30-40 premiers. Il y aura de belles photos à faire sur cette nouvelle partie...les coureurs n'iront pas trop vite (mise au point plus facile) et il y aura le remarquable ouvrage du viaduc de Millau en arrière plan.
L'avantage de rester au départ est de pouvoir faire des gros plans des coureurs dans un état de tension certain. Figer les mimiques, les rituels, tous les petits détails qui montrent l'ambiance spécifique d'une avant course. Le départ a lieu dans la rue principale de St Georges de Luzençon, certainement un spectacle pas banal en soit.
Après les 4 côtes, je vais courir au sein du peloton en espérant ne pas être trop gêné par le port de mon reflex à la main. A priori, l'entrainement sert bien, mais c'est quand même lourd à porter dans une main, je crois que je risque la scoliose ;-).
Je vais poursuivre le peloton pendant quelques kilomètres le temps de rejoindre la bifurcation 35 km et circuit rando. Là je vais couper une grosse boucle qui fait le tour de St Geniez de Bertrand et refaire cette meme boucle à l'envers histoire de prendre tout le monde de face.
Je m'arrêterai une fois les serre file rencontrés, après faudra rentrer en stop ou ...à pinces !
La soirée est vite passée, tous les bénévoles mangent ensemble dans la salle, pâtes, salade, et du pain fabuleux sorti du four ! L'ambiance est détendue, on sent que ce sont des amis de longue date tant les taches se sont harmonieusement déroulées jusqu'à présent. Allez dodo au gite choisi par l'organisation !
Voilà 6h45, Yoyo me téléphone (j'avais un doute sur la mise à l'heure automatique de mon smartphone...le gag !), et c'est parti pour une journée dans les causse ou l'écosse ? En attendant l'hypothétique douche venue du ciel, je me conforte en photographiant et puis surtout en dévorant les généreuses fouasses et petits kawas qui accueillent les participants encore embrumés de l'heure d'été.
Le temps est gris, peu de vent, pluie attendue vers 10h...qui vivra verra, en tout cas il ne fait pas trop froid et j'essaye de prendre un maximum de photos de ...tout (sponsors, lot, personnes etc..)
Le départ est donné à l'heure et je réalise qu'avec un objectif 70-300 c'est impossible d'avoir le recul nécessaire afin de photographier le départ dans son ensemble à moins de se mettre à l'autre bout du village... Lionel avait raison, des étourdis partent bien après l'heure officielle du départ...changement d'heure !
Un coup de Yoyo mobile et me voilà au pied de la montée des 4 côtes, à ma droite le viaduc de Millau, derrière moi le village de creissel, la pente démarre fort c'est l'occasion de s'échauffer l'index droit (photo) et les cuisseaux (mollo). L'organisation a parsemé le single de petits mots doux et énigmatique "en Irlande ça sera moins dur !" . S'il faut en plus réfléchir alors que tout le sang est dans les jambes...Sinon le sentier est un régal, nous longeons la crête et toute la vallée ouest s'offre à nos yeux. Rocailleux, terreux et herbeux, la nature du terrain n'est jamais monotone. Pour le moment le vent est très modéré, je n'ai pas l'impression qu'il va pleuvoir.
L'ouvreur, rouleau de rubalise à la main, arrive au pied alors que je suis au trois quart de la montée. Il monte en petite foulée sur ces pentes à plus de 30%. C'est la seule personne à avoir couru ici, et je soupçonne l'association organisatrice de se lancer des défis "kilo vertical" à cet endroit. J'ai repéré plusieurs spots où le point de vue devrait faire un beau cliché. Dans les derniers mètres d'escalade, (il faut un peu mettre les mains sur la fin), je vois un les points vert et blanc (Breuil et Bringer) déjà détaché de la meute. Yoyo a mis les oriflammes au sommet, c'est vrai qu'on les voit de loin, cela donne un petit effet tour de France, l'an prochain il y aura les groupies c'est promis !
Le temps de redescendre à mi pente et dèjà Patrick et Thierry sont dans leur mano à mano. Patrick, les mains sur les cuisses, imprime un joli rythme, différemment Thierry a le buste droit et s'aide de bâtons très utiles dans cette forte inclinaison. Ils sont bien, concentrés. Je peux à loisir mitrailler car même eux ne vont pas si vite que cela sur ce sentier. Le troisiéme arrive non loin derrière 30 secondes plus tard, je me dis que c'est possible de le suivre sur le prochain spot. Alors voilà, j'emboite le pas, et ouille mais c'est que les jambes piquent un peu et les poumons hyperventilent. Mais finalement ils avancent les bougres !
Ouf, arrêt pour pour moi. Et comme prévu je shoot les 40 premiers avec des petits sauts de puce qui m'amènent progressivement au sommet. Tout le monde a l'air heureux d'être là, certains ont déjà trop forcé et doivent faire des pauses. Je dois désormais suivre le peloton sur le plateau typique des causses. J'avais emprunté ce chemin il y a quelques années lors d'un Off mémorable en 2008. Cette sente est toujours aussi spectaculaire, malgré le temps un peu gris la visibilité est excellente, nous pouvons distinguer les coureurs à plusieurs kilomètres en contrebas.
J'arrive au premier ravito où Ben, appareil photo à la main est déjà là, je lui explique mon périple un peu tortueux. Je lui dis que ça va peut être difficile de retrouver la tête de course dans la montée finale. Il me prend en stop sur 1 km et je pars à toute jambes sur le sentier du 16 km. Je suis au delà du dernier du 16km et les serre file ont enlevé les rubalises, heureusement la signalisation horizontale rouge est excellente, je rattrape des serre files se demandant d'où sort cet hurluberlu ? Pof pof pas trop de le temps de faire la causette, juste quelques photos des derniers et je relance. Je coupe même le sentier au grand dam des coureurs, je dois avoir les oreilles qui sifflent... Mais cela a payé puisqu'au bout d'une DFCI surgit d'une montée Thierry Breuil, le visage marqué par l'effort intense. A peine à 5 secondes suit Patrick qui enjambe la barrière a mouton, à lire l'expression de Patrick à ce moment, c'est le moment de vérité ! Il ne reste plus qu'une belle descente et c'est l'arrivée. C'est à partir d'ici que la course s'est jouée.
Kinou (team platinium), malgré toute sa hargne affichée, a dû laisser partir Thierry Breuil vers la victoire dans l'ultime descente.
Le temps de reprendre mon souffle dans cette descente qu'apparait Thomas St Girons, bizarrement il semble moins souffrir que les 2 premiers. Comme quoi, une course à 2 aux avants poste permet de donner le maximum plutôt qu'être esseulé en chasse patate. Je rencontre le top ten dans toute cette descente (montée pour les concurrents, car je fais maintenant le parcours à l'envers). La première féminine Isabelle Jaussaud Grenier est impressionnante. Sa foulée est encore souple, néanmoins ses poursuivantes se livrent une bataille acharnées pour monter sur la boite (Herry, Chastel, Govignon) se tiennent en trois minutes.
Je remonte un mini canyon et les concurrents déboulent à toutes vitesse, c'est vraiment du technique après le sol plutôt meuble des bois croisés sur le plateau. En tout cas, même si les défaillances commencent à se faire sentir, j'encourage chaque traileur et ceux ci font l'effort de courir en montée (les petits coquins ;-).
C'est une bonne idée finalement d'aller à la rencontre des coureurs, j'apprécie de pouvoir voir tout le monde. Je revois avec plaisir François "Bajé" au détour d'une montée, nous avons évoqué avec plaisir notre solukhumbu trail de novembre dernier. J'arrive à St Geniez de Bertrand vers 13h, il ne reste plus grand monde et les visages sont paradoxalement plus détendus, souriants. Le chrono n'est plus une obsession on dirait. Certains posent en groupent, discutent... Bref ils ont l'air content d'être ici.
Je m'attarde un peu dans le village, attendant les traileus sur tel ou tel endroit qui me semble scénique, et c'est vrai que ce village est magnifique. J'avoue les traceurs ont un certain sens touristique !
Le flots des compétiteurs se raréfie, j'espère bientot croiser le serre file. Mais cela fait bien 30 minutes que je ne croise personne, les balises sont bien là pourtant. Difficile de croire que le dernier ait tant de retard sur les autres. La fatigue aidant (ou pas), je bute sur une souche masquée sous les feuilles. Je pousse un "gleurrkkkk " de surprise. Heureusement pour moi le vol plané est évité de peu (jambe gauche qui passe sous le buste) et l'étreinte virile promise avec l'arbre en face de moi s'évanouit. Néanmoins j'ai eu le temps de penser merde épaule gauche afin de proteger l'appareil (dans main gauche) ou main droite sur le tronc d'arbre...Plus de peur que de mal, un peu surpris quand même d'avoir crié ce "gleuurkk" comique. Pourquoi pas un aaaaaah sonore, ou un gros juron de charretier ? Le temps de méditer sur cette étrange onomatopée, j'arrive non loin de Labro et les bénévoles stationnés ici me demandent si j'ai vu du monde récemment. Je leur confirme que la dernière concurrente en bleu #62 est passée depuis belle lurette. Mais point de serre file ? Après vérification, il semble que ce dernier n'ait pas pu accompagner la #62 (le débalisage prend du temps, et il y avait littéralement une rubalise tout les 5 mètres).
Bref je tiens là mon ticket retour pour St Georges après 20km et 800 m+, 450 photos de course.
C'est un signe, à peine arrivé sur la ligne d'arrivée et c'est une averse qui se déverse sur nos têtes....Merci aux saints qui veillent sur cette belle régions. Je quitte le 18-70 pour le 70-300 et plonge de nouveau dans le jaune de la salle des fêtes. Un beau repas, avec un beau gâteau des 10 ans. Ambiance résolument conviviale, les sourires sont sur toutes les lèvres et c''est tant mieux.
Une belle journée de passer avec des GT (gentils traileurs) et les CB (chics bénévoles), merci à toute l'équipe (Ben, Yoyo, Bernard ...). Une bande de copains de longue date qui donnent une âme à cette course.
Akuna
6 commentaires
Commentaire de benoitb posté le 28-03-2011 à 21:21:00
Merci Akuna pour ce superbe reportage sur cette très jolie course.
Commentaire de lafoisse posté le 28-03-2011 à 21:49:00
Merci pour le récit et les superbes photos.
Une bien belle journée en Aveyron.
Commentaire de Free Wheelin' Nat posté le 28-03-2011 à 22:56:00
"Gleuuurkkk": nouveau cri de guerre Akunamatatien?
Merci pour ce reportage, Akuna, super sympa!
Commentaire de Mustang posté le 29-03-2011 à 07:45:00
sympa cette vue de la course!!
Temps gris,mais joli paysage!
Commentaire de NikoSA posté le 29-03-2011 à 14:04:00
Merci pour ton recit tres original!
Commentaire de raspoutine 05 posté le 30-03-2011 à 17:19:00
Akunamatata... Celui qui remonte les courses... Si le pseudo du Saumon n'était pas déjà pris, je te le proposerais bien.
Merci pour cette vision originale de la course; un plaisir partagé que de voir à l'œuvre les grands coureurs.
Bien sportivement
Raspa
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