L'auteur : yves_cool_runner
La course : Saintélyon
Date : 5/12/2010
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4230 vues
Distance : 69km
Objectif : Pas d'objectif
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PREAMBULE
Premier footing ce matin, une semaine après une mémorable STL dont les souvenirs sont encore bien présents ! Comme disait le speaker au départ, ce n'est pas le jour pour un chrono, mais vous pourrez dire que vous y étiez !
Comme l'année dernière, pas de préparation spécifique : je capitalise sur l'entraînement du (difficile) marathon de Toulouse (http://www.kikourou.net/recits/recit-11127-marathon_de_toulouse-2010-par-yves_cool_runner.html), qui s'est déroulé 6 semaines avant la STL. 6 semaines plutôt tranquilles, entre la récupération du marathon et les 2 semaines de « jus » avant la STL (233 petits km, mais avec l'acquis de 16 semaines de prépa marathon).
EQUIPEMENT
Au niveau équipement, longtemps dans le doute, j'ai décidé un peu au dernier moment d'abandonner toute « ferraille » d'assistance (bâtons, chaînes, treuil...). La stratégie est de courir léger et de ne pratiquement pas s'arrêter aux ravitos. Je partirai donc ainsi vêtu (j'ai largement pioché dans ma garde robe ski de fond) :
Aux pieds : Cascadia + chaussettes X-Socks Winter Run (isolation garantie du froid avec un dessous de pied en fil d'argent) + mini-guêtres « bas de gamme » Go Sport (les Cascadia avec leur semelle plate cramponnée sur toute la longueur ne permettent pas l'usage de guêtres avec sangle sous la chaussure).
Pour en finir avec les extrémités : bonnet Transjurassienne 2009 sur la tête avec son douillet bandeau intégré en polaire.
1ère / 2ème couches : tee shirt manche longue Odlo warm Evolution (je n'ai quand même pas pris le X-Warm pour conditions polaires !) + tenue Raidlight Wintertrail (vraiment un must de confort et merci aux promos à - 25 % de Running Conseil sur les équipements Raidlight pour la STL).
3ème couche : l'arme absolue, ma veste Salomon Momentum Softshell de ski de fond. A 50 km/h dans une descente avec du ressenti à – 20°, on ne sent absolument rien et c'est super respirant avec les zones aérées sous les bras et dans le dos.
Pour le ravitaillement : sac Hydrapak (en fait de VTT) avec poche à eau de 2 L remplie d'Isostar + quelques barres, de la pâte de coing maison et 2 gels en secours (je ne referai pas l'erreur de 2009 où les gels pris trop tôt m'avaient ruiné les intestins !). Je ne prévois rien en vêtements de rechange, le temps est sec et le froid n'est pas si intense de ce fait. En plus, mon pote Paul sera à Soucieu avec tout le nécessaire au cas où. Je rajoute la couverture de survie, le baladeur que je n'utiliserai pas et le téléphone qui lui servira.
Et enfin, pour éclairer ma route, ma Tikka XP 2, déjà largement suffisante en 2009 et qui le sera d'autant plus avec la neige. Je l'ai juste « alimentée » avec des piles lithium en prévision du froid.
QUELQUES REMARQUES
Bien sur, je ne peux que me joindre au concert de remerciements pour l'AAB. Ambiance conviviale et conditions de préparation au calme, ce qui est loin d'être secondaire dans une telle épreuve. Un grand merci à Mamanpat, Cathy et Blob.
Au niveau de l'organisation, on sent que l'on arrive à la limite de la « capacité ». Ca c'est notamment vu au niveau de la remise des dossards et dans la gestion des sacs vestiaires. Mais globalement, c'est quand même très satisfaisant et les bénévoles sont formidables. Je crois juste qu'il ne faut pas toujours chercher à tout prix à avoir plus de monde et à multiplier les épreuves, mais se fixer une limite raisonnable pour maintenir une qualité optimum.
LA COURSE
AAB sympatique avec Franck (Fimbur), Natou, Mickaël... Arrive aussi mon mentor depuis plus de 25 ans, le très Saint Dalaï GOUROU... Donc abandon interdit pour moi, sinon il m'en parle pendant 10 ans (cf. mon abandon à la STL 1999...) ! Avec Franck, on décide de partir ensemble avec une stratégie « bourrin » : ne pas s'arrêter aux ravitos, enfin, le moins possible. Parce que l'on se doute bien que ce n'est pas sur la « piste » que l'on va gagner du temps... Je rappelle que mes ennuis gastriques en 2009 m'avaient valu 42' d'arrêt au total dont 22 à Soucieu, pour un temps final de 8h07 !!! Bon, ben, allez, un p'tit plâtrage au Smecta pour prévenir !
Ultimes préparatifs : 2 chaufferettes dans le sac, le long de la poche à eau. Tout au long de la course, je pourrai boire tempéré, à l'exception de la première gorgée, le liquide du tuyau, que je recracherai systématiquement. 2 chaufferettes également dans les gants, pour les mimines, mais surtout pour dégeler l'embout du tuyau que je prendrai régulièrement dans la main. Ca fonctionnera nickel, et je n'aurai vraiment aucun problème logistique sur cette course.
23h45 : il est temps d'aller au départ. Avec Franck, on se place à peu près dans le premier quart. La tradition est respectée avec l'allumage des loupiotes, les cris d'enthousiasme et la musique. Mais, je dois confesser que je me demande bien dans quoi on se lance... Surtout, ne pas penser à l'arrivée, mais en termes de course par étapes : donc cap sur Saint Christo !
00h00 : c'est parti pour les 7 premiers km de « chauffe » sur le bitume. Je trouve rapidement un bonnet transjurassienne avec qui tailler une bavette sur la saison de ski de fond qui débute. Avec Franck, on tient le rythme voulu, on avale les premières pentes en courant, puis en alternant prudemment marche et course dans la « poudre », en admirant le magnifique serpent de lumière qui nous suit. Et là, se situera pour moi quasiment le moment le plus difficile de cette STL : je ressens soudain des douleurs abdominales vives qui me mettent le moral dans les chaussettes. Non, ça ne va pas commencer si tôt ! Je préviens Franck qu'un premier arrêt-cahute-goguenot s'annonce et qu'il ne m'attende pas.
01h44 : Saint Christo atteint en 1:44:11, soit 5' de plus qu'en 2009, et encore 5' de perdues pour l'escale technique... 15 km et 10' dans la valise... Je repars un peu stressé, mais heureusement, les douleurs vont s'estomper et disparaître en quelques km (les pâtes de l'AAB ne devaient pas encore être bien digérées !). Peu à peu, l'équilibre se fait, la progression n'est pas toujours facile dans cette poudreuse qui casse les appuis, mais c'est magnifique et ma tenue « douillette » m'évite toute gamberge par rapport aux conditions.
02h38 : Moreau, où le ravitaillement est en fait maintenu, atteint en 2:38:17. Pas une seconde d'arrêt, je continue vers Sainte Catherine et essaie de voir si j'aperçois Franck dans les coureurs que je remonte. Mais il me paraissait bien sur les 15 km parcourus ensemble et je doute de lui avoir déjà repris les 5' perdues à Saint Christo.
03h22 : Sainte Catherine atteint en 3:22:25 après de longues portions de descente où les plaques gelées commencent à poser des difficultés. Le moral est bon, aucun problème à signaler et je progresse bien compte tenu des conditions, mais j'ai quand même déjà 22' de déficit sur 2009, en seulement 27 km. A nouveau pratiquement pas d'arrêt, je continue vers Saint Genoux. Dans la remontée après Sainte Catherine, je sors le téléphone pour appeler Paul, mon assistance mobile qui doit me retrouver à Soucieu. Je lui confirme que tout va bien, mais que je ne devrais pas être à Soucieu avant 5h30 dans le meilleur des cas... C'était optimiste ! En tout cas, merci Paul, parce que savoir que quelqu'un sera là, ça aide et ça pousse. Je raccroche, et j'appelle Franck... Oups, il est derrière moi et sort de Sainte Catherine. Je l'ai doublé sans le voir... Bon, on se souhaite bonne chande pour la suite et c'est reparti. Accessoirement, mon téléphone a pris froid et la batterie est quasiment à plat. Je décide donc de garder les derniers électrons pour un éventuel appel au secours !
04h45 : Saint Genoux atteint en 4:45:03... Le déficit se creuse par rapport à 2009, maintenant 34', notamment en raison d'une descente du Bois d'Arfeuille particulièrement délicate avec la glace. Pas de bouchons, mais un rythme très lent pour éviter la chute. Heureusement, je m'en sors bien et c'est un véritable soulagement que d'arriver en bas sans casse. Malheureusement, j'apprendrai à l'arrivée que ce passage aura mis fin aux espoirs de certains Kikourous (Mamanpat, Gourou). Un passage particulièrement déprimant au ravitaillement de Saint Genoux : de nombreux coureurs qui viennent d'abandonner sont regroupés, enveloppés dans leur couverture de survie. J'imagine leur déception et je leur donne rendez-vous en 2011. Ca y est, c'est la longue descente vers Soucieu, usante, les articulations commencent à grincer, la fatigue à faire son oeuvre. Je me dis que l'objectif raisonnable doit maintenant être autour de 09h00.
05h42 : Soucieu atteint en 5:42:12, soit toujours 34' de perdues par rapport à 2009. Le trou ne s'est pas creusé depuis Saint Genoux. Au niveau sensations, rien à voir avec 2009 : j'étais détruit à ce stade de la course. C'est mon premier véritable arrêt depuis le départ (excepté la cahute de Saint Christo...). Je bois deux verres de soupe, mange un peu de cake, la pâte de coing maison, et retrouve Paul à la sortie du ravito. Je lui dis que tout est OK, que je n'ai pas besoin de me changer, et je repars gonflé à bloc avec seulement 18' de retard sur 2009 (je viens de gagner 16' sur mon temps d'arrêt de l'an dernier à Soucieu !). Là, j'ai un gros moral, je pense naïvement que les conditions vont s'améliorer (moins de neige et de glace) et que je vais limiter la casse sur la fin. Moins de 8h30 me paraît jouable (tu peux y croire !). La suite va démontrer le contraire et je me prends un premier vol dans la descente du Garon, puis un peu plus loin sur le bitume à cause d'une traître plaque de verglas. La fatigue croît et la lucidité décroît ! 2 avertissements sans frais qui me rendent particulièrement prudent. En tout cas, la solidarité est bien là sur cette course, avec des coureurs attentifs et présents en cas de chute. Le trajet est bien long jusqu'à Beaunant (et en plus, le parcours est rallongé sur cette portion d'environ 1,5 km). Encore un passage délicat, le Chemin du Château. Je commence à ne plus être très frais.
07h20 : Beaunant atteint en 7:20:50. Paul est là et me tend une bouteille d'eau. Je lui donne rendez-vous à l'arrivée et je repars d'un bon pas dans la côte des Aqueducs. Le vent a tourné au sud avec des rafales, et nous l'aurons de face pour la fin. Les organisateurs ont vraiment tout prévu ! J'appelle Christine pour lui dire où j'en suis : en train de suivre une charmante coureuse qui a une petit pompon rose en guise de queue de lapin sur son collant. Bon, Christine m'ordonne de la doubler rapidement (oups, j'obtempère !). Arrivée à Sainte Foy, Lyon est à nos pieds. Nous sommes au bout de la nuit et du trajet. Les organisateurs facétieux vont quand même nous faire passer sur les quais de Saône, derrière Perrache : ça aurait sans doute été dommage d'éviter cette portion de glace supplémentaire (très honnêtement de trop). La traversée du Rhône ne peut se faire qu'au Pont Pasteur, et donc passage obligé à la Pointe du Confluent. Que ces quelques centaines de mètres paraissent longues !
Enfin le Parc de Gerland. Dernier virage à gauche, dernière ligne droite. Entrée dans le Palais des Sports. Terminé. Dossard 675 Finisher de cette superbe édition 2010 en 8:40:34 (+ 33' par rapport à 2009), 1155ème et 78ème V2.
Je retrouve tout de suite Gourou qui a rejoint l'arrivée après son abandon à Saint Genoux, puis Paul. Je suis content de ma course, malgré une préparation un peu réduite. Une première conclusion : pour 2011, je préparerai spécifiquement la STL comme objectif majeur, donc je courrai un marathon au printemps pour ne pas mélanger les genres.
Et pour finir, un grand bravo à tous les Kikourous Finishers,
et en particulier aux héros de la LSTL.
13 commentaires
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 12-12-2010 à 18:04:00
Hou ! 8h40, on ne joue pas dans la même cour.
Bravo !
Commentaire de Natou posté le 12-12-2010 à 18:18:00
Je n'arriverai jamais à faire ce chrono ;-)). Bravo Yves !! Tu en as dans les pattes !! Tres heureuse d'avoir fait ta connaissance à l'AAB. Bon courage pour la suite et à très bientot
Commentaire de lulu posté le 12-12-2010 à 18:21:00
Bravo pour ta course !
Et si tu travailles ta glisse même pendant les trails, je ne suis pas prêt de pouvoir rivaliser cet hiver sur les pistes !!??
Commentaire de Mustang posté le 12-12-2010 à 18:43:00
bravo pour ta course bien gérée!!
Commentaire de tidgi posté le 12-12-2010 à 18:53:00
Bravo à toi. Mieux que l'an dernier malgré les conditions. Chapeau !
T'ai pas vu à l'AAB, dommage.
Commentaire de Ironmickey posté le 12-12-2010 à 18:55:00
Hello Yves. Merci d'avoir lu mon récit et bravo à toi pour ce beau chrono, malgré les conditions. D'une année sur l'autre, toutes ces courses sont différentes, en particulier à cette période. Une fois de la neige, du verglas ou alors de la pluie et de la gadoue ou alors un temps sec, etc... Alors je pense que les chronos peuvent servir de repaire dans le temps. C'est tellement différent des course sur route. Finir est une belle chose. Bonne fin d'année et au plaisir de te revoir. Mickaël.
Commentaire de Pat'jambes posté le 12-12-2010 à 21:58:00
Sacré STL! Bravo Yves, bien géré... comme d'hab' quoi... :^)
Commentaire de quicheman posté le 12-12-2010 à 22:01:00
bravo, nous ne devions effectivement pas être loin l'un de l'autre : moi aussi j'ai vu le ponpon rose !
Commentaire de caro.s91 posté le 12-12-2010 à 22:30:00
Bravo Yves, c'est pas mal du tout, avec les conditions météo rencontrées, c'est même un très bon chrono! De plus un récit complet de cette expédition 2010, qui t'a donné envie de revenir en 2011 !!! (pendant ce temps j'étais à l'Origole!)
Bises,
Caro
Commentaire de JLW posté le 15-12-2010 à 21:33:00
En voilà une course bien gérée, tu me mets une heure ds la vue ! Bravo et merci pour ton témoignage.
Commentaire de ArnoS posté le 16-12-2010 à 20:06:00
Merci pour ton post, tu as certainement du me doubler durant cette édition épique. Bonne récup et profite bien des fêtes.
Commentaire de Fimbur posté le 22-12-2010 à 21:56:00
Hello Yves,
bravo pour ta course, merci pour le duo jusqu'à St Christo.
A bientôt au parc,
Bonnes fêtes,
Fimbur
Commentaire de Byzance posté le 23-12-2010 à 18:47:00
Maintenant c'est sur, on s'est vu sans se connaitre quand tu m'as sur la fin (vu un bonnet bleu électrique ? Transju et une nana avec un pompon dans cette partie finale quand j'étais cuit).
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