Récit de la course : Marathon Seine-Eure 2010, par bubulle
Le récit
Un bien beau marathon que ce marathon Seine-Eure de Val de Rueil.
L'avantage pour moi est qu'il se situe à 25km de notre résidence
secondaire (sise en le village de Bernières sur Seine dans
l'Eure). Donc logistique simplifiée (même plus simple que pour le
marathon de Paris).
Le marathon a bonne réputation (voir les récits des années
précédentes) et se veut être un des plus roulants et rapides de France
("le marathon de votre record"). C'est vrai que la dénivelée cumulée
est ridicule (on passe de 25m d'altitude à 10m et la côte la plus
importante est la montée du pont sur l'Eure à Louviers).
Bref, plat plat plat...et peu tournant. Donc, rapide. et dans de jolis
paysages, dans la vallée de l'Eure puis celle de la Seine.
Autre spécificité : le départ est distinct de l'arrivée et on s'y rend
donc en bus. Cela complique un peu l'organisation mais a l'avantage
d'un peu plus de convivialité avec tous ces coureurs dans les bus.
Objectif du bubulle sur cette course: 3h35 à 3h40. Mon meilleur temps
à ce jour étant 3h43 sur le Marathon International de Maurepas
(Yvelines) dont je fus le vainqueur et unique participant en mai
2010. Bref, un marathon couru tout seul chez moi, quoi. Mon vrai
mailleur temps officiel sont les 3h49 du marathon de Paris cette
année. Mais c'est vrai que je pense avoir pas mal progressé et les
1h37 du semi de Bois d'Arcy en septembre étaient très encourageants.
Donc, lever à 5h30 du matin pour un départ tranquillou de Bernières à
6h30, une arrivée à Val de Rueil (j'étais venu repérer les lieux la
veille même si je connais déjà un peu la ville) à 7h et, zou, dans le
bus.
Bus dans lequel je vois Sylvie (aka Sylvounette) dont j'avais
découvert le blog par hasard en septembre
(http://sydoky.over-blog.com/) en constatant qu'elle avait couru le
semi de Bois d'Arcy...en prépa de ce marathon Seine-Eure. Le comble
étant qu'entretemps, sans nous concerter, nous avions couru en même
temps la Virée des deux Bois de Villebon!
Bon, dans le bus, je n'engage pas la conversation car elle a retrouvé
un ami de son club et discute avec. On verra bien plus tard.
Arrivée à Amfreville sur Iton, charmant village de la vallée...de
l'Iton. Mais glacial village! 1°C au compteur, brrr. Echauffement
vaille que vaille, je suis vigilant sur la cheville droite qui me fait
des signes de tendinite (j'en ai trop fait en septembre en enchaînant
courses et trails, certains assez durs, du moins pour moi).
Cela dit, ça va pas mal. Je retrouve Sylvie sur la ligne de départ et
là on engage la conversation. En fait, elle vise entre 3h40 et 3h45
avec un départ sur du 5'23"/km (prudent, donc). Moi, j'ai tablé sur du
5'10" ce qui donnerait 3h38...et je me dis que si je le sens bien je
partirai un poil plus vite pour viser les 3h35.
Boum, départ. Déjà, on est derrière le meneur des 3h45, donc faut que
je me dégage un peu. Sylvie va en fait le suivre car il est parti
plutôt vite, à ce qu'elle m'a dit. Je pars donc devant en me calant de
visu sur le meneur des 3h30.
Le problème en faisant ça, c'est qu'on a évidemment tendance à adopter
le même rythme que le ballon qu'on voit sautiller à 100m devant. Et
donc, problème, le bubulle, il tourne sur du 5'00 à 5'05! Trop vite,
camarade...
Je me ramène progressivement à la raison vers le km 5 et reviens vers
du 5'05 (mais pas toujours: y'a encore des km en moins de 5'). Vers le
km 8, les Ekiden commencent à passer (enfin, les avions de chasse
commencent à passer). Sur cette partie, avant Louviers, je commence à
organiser mentalement le groupe avec qui je cours, en donnant des
surnoms persos aux coureurs. Il y a notamment un
"Monsieur Orange" dont le rythme me convient bien, un petit peu
devant. Je le rattrape au début de Louviers et on se fait 2-3 relais
ensemble. Je me rappelle notamment du km 13 où nus nous sommes
retrouvés à 4 en file indienne, sur le même rythme de foulée, avec moi
devant: bam bam bam bam bam....difficile de ne pas se laisser
griser par le martèlement et se sentir comme un pistard sur une
tentative de record du monde.
Résultat: 13ème km en 4'55". Gros malin, bubulle, tu vas avoir l'air
fin, tiens. Donc, on se raisonne un peu et, vers le km 16, je laisse
partir Monsieur Orange et son copain Monsieur Gris. Ils resteront en
fait à 50m devant moi pendant 10km, mais bon....
Vers le 18-19, premier tout petit coup de mou. Pas grand chose, mais
les deux micro-côtes (le pont de l'Eure et celui de la voie express)
tirent un peu les guibolles. Et puis, c'est mon heure d'arrêt
technique "vidange" normalement. Donc, tentative d'arrêt...et, raté,
il fait trop froid (c'est un passage à l'ombre du coteau). Du coup,
j'ai perdu 50m sur mes lièvres...et je me retrouve un peu tout seul
dans ces interminables lignes droites. Mais, bon, ça tient le rythme,
autour de 5'05.
Jusqu'au km 25, rien de passionnant à raconter, on déroule sur un
rythme très régulier. Seul défaut: je commence à sentir les jambes
s'alourdir et je trouve ça un peu tôt. Je m'en doutais: manque de
pratique des longues distances ces derniers mois. J'ai beaucoup couru,
mais rarement au delà d'une distance de semi et jamais au delà de
26km. La dernière longue distance, c'était la Trace du Loup (33km) fin
juin.
Le problème, c'est que, du km 25 au km 32, ce sont des gigantesques
lignes droites (ou routes tournant très légèrement), qu'on est très
espacés....et qu'il y a du vent! De face. Je le tiens en fait pour
responsable des performances pas si extraordinaires de cette année
(2h29 pour le meilleur alors que le record de l'épreuve est 2h22).
Ce vent me fait mal. Je tiens jusqu'au km 30 mais, évidemment, notre
ami le mur est là, tapi au coin du bois. Et il reste encore 2km de ces
fichues routes face au vent. Donc, alors que je tenais les
5'05 jusqu'au km 30, je descends assez brusquement à 5'15, puis assez
vite à 5'25 à partir du km 34). Dommage, je ne profite pas de la
magnifique route de bord de Seine à Posses, que je découvre pour la
première fois (ien que ça fasse pas loin de 30 ans que je connais le
secteur).
À partir de km 34, je sais que ça va se jouer au courage. Je ne veux
pas m'effondrer et je m'accroche fort autour d'un rythme de 5'25 que
j'arrive à tenir. J'arrive même à prendre un gel au km34 (c'était
prévu mais, en général, je saute toujours le dernier par manque de
goût). J'ai bien tenu le rythme pour l'alimentation, avec les gels et,
surtout, une hydratation très régulière. Je suis un adepte de
l'autonomie quasi totale et j'ai donc toujours la gourde de 800ml sur
moi. J'en ai éclusé deux sur ce marathon, ce qui pour moi est beaucoup
mais sûrement bénéfique (faudrait encore boire plus, probablement).
Avantage quand même sur cette fin difficile: pas de signe de crampes à
venir. Les jambes sont dures, évidemment...mais ça tient.
Bon, bien sûr, le retour sur la voie verte le long de l'Eure est
interminable (là aussi, c'est joli comme tout, mais je ne profite pas!)
et, bien sûr, les kilomètres ont l'air de faire 1500m. Mais il faut
croire que non puisque j'arrive à ne pas descendre sour les 5'35 sur
mon "pire" kilomètre. Certes, j'ai mangé mon avance sur le rythme de
5'10" (elle était montée à 2 minutes) et c'est râpé pour le 3h38, mais
faut au moins que j'essaie de tenir 3h40.
Mais ils n'en finissent pas ces derniers kilomètres avec cette voie
ferrée qui nous nargue du haut de son talus. J'ai beau rattraper plein
de march^W coureurs (même des Ekiden...), maintenant, j'ai du mal à
avancer.
Enfin, on finit par tourner à droite et apercevoir au bout d'un ènième
interminable ligne droite une grosse arche bleue. L'arrivée? Pas
possible. Eh non, c'est la "flamme rouge" (sans flamme et sans
rouge). Faut encore se taper un petit tour dans les avenues de Val de
Rueil. Bande de sournois! Mais bon, un peu de motivation, ça sent
l'écurie et y'a un gars en noir 10 mètres devant. Dernier virage, un
petit sprint et, hop, petite victoire personnelle, j'ai passé le gars
en noir. Speaker, encore sprint, ligne d'arrivée, blip de la
montre. 3h40'20".
Toute petite déception de ne pas avoir fait mon objectif, mais grosse
satisfaction d'avoir battu mon record. Bon, bien sûr, j'aurais du
partir moins fort. Cela dit, le fichu vent aurait quand même été là
entre le 25 et le 32 et je ne suis pas sûr que j'y aurais gagné.
À l'arrivée, peu de temps pour me retourner et voir arriver Sylvie qui
a bien terminé. Elle a sûrement bien mieux géré sa course que moi et
termine en 3h43. Surtout, elle termine 2ème V2.
À la fin de la course, je suis resté sur place jusqu'à la remise des
prix. Ce n'est pas trop une habitude pour moi (en général, je rentre à
la maison car Mme Bubulle sacrifie déjà beaucoup de temps à ma passion,
donc je veux éviter d'exagérer). Mais là, l'objectif était surtout
d'être certain de ne pas avoir de souci en conduisant au retour, genre
crampes dans les cuisses et pied bloqué sur l'accélérateur..:-)
Cela m'a permis d'attendre les derniers et d'être parmi les rares à
les applaudir (un peu décevant, ça: il y a plein de monde qui reste,
mais très peu pour aller encourager les derniers: je verrais bien qqs
dizaines de coureurs escortant le dernier courageux sur le dernier
kilomètre).
Puis à assister au début de la remise des prix, qui était toutefois
bien trop longue (remise des prix du championnat de Normandie oblige).
Par contre, pas vu de kikous. J'imagine que le pauvre luclafrat était
bien déçu de rater encore les 3h (j'ai regardé les résultats) et il
est peut-être parti plus vite. Difficile à dire car on ne s'est jamais
vus, donc difficile de se reconnaître!
8 commentaires
Commentaire de Ponpon posté le 18-10-2010 à 00:30:00
Encore un commentaire vivant, j'arrive presque à t'imaginer dans les longues lignes droite avec les collines d'Amfreville sous les Monts sur ta droite !!
Bravo pour cette perf, 3h40 c'est quand même pas rien...
Commentaire de Bleau78 posté le 18-10-2010 à 08:31:00
Bravo, c'est déjà une bonne perf que de battre ses records perso.
Ciao
Marco
Commentaire de francois 91410 posté le 18-10-2010 à 08:41:00
Une course pas si mal gérée que ça : un record sur marathon, ça fait toujours plaisir !! Bonne récup
Commentaire de luclafrat posté le 18-10-2010 à 10:20:00
Bravo Bubulle.
Tu as pris des risques et ça aurait pu mieux payer.
Tu bats toutefois ton record sur la distance, et ja sais que de nombreux coureurs ayant découvert ce circuit pour la première fois l'ont eux-même fait.
Sans ce froid et ce vent, tu aurais sans doute fait beaucoup mieux, car il fallait rester caché dans un groupe pour ne pas épuiser ses ressources.
Tu t'es retrouvé seul face au vent, ce qui m'est arrivé aussi.
J'ai pris des risques en courant souvent seul.
Je suis certes déçu de n'avoir encore pas décendu mon chrono sous les 3 h, mais je reste satisfait du classement et de l'état de forme dans lequel j'ai fini ce marathon.
J'espère vous retouver nombreux sur la ligne de départ l'an prochain.
Sportivement,
Luc
Commentaire de Eponyme posté le 18-10-2010 à 10:22:00
Bravo pour ton nouveau record et pour ce CR bien sympa !
Eponyme, béénvole sur le semi de Bois d'Arcy ;)
Commentaire de djikai posté le 18-10-2010 à 19:16:00
Bravo pour ta course et merci pour ton récit ; ce marathon à l'air bien sympa, à retenir pour l'an prochain (j'avais choisi Vannes cette année).
Commentaire de CROCS-MAN posté le 21-10-2010 à 21:35:00
Merci pour ton récit et bravo.
Commentaire de FrancisCaMousse posté le 30-10-2010 à 18:04:00
Voilà un bien beau récit !
C'est toujours plaisant de lire la façon dont une course a été vécue par une autre personne.
Mon potentiel ??? C'est maintenant que plein de questions me traversent l'esprit... club: oui/non ? plan d'entrainement: oui/non ? Quel potentiel ?
Le marathon est LA COURSE où le chrono m'intéresse ! Mais 3 marathons par an ne me suffisent pas. Donc, si mes potes ne sont pas dispo ou ne veulent rien faire le week-end, je prends mon vélo pour faire une "petite" course du coin... donc peut-être des "petits" trails très bientôt: La ronde des Damps / Le trail du Rouvray
En tout cas, bravo pour ce nouveau record perso.
Au plaisir de vous voir sur une prochaine course...
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