L'auteur : Bruno CATANIA
La course : Marathon de Marseille
Date : 18/4/2010
Lieu : Marseille 01 (Bouches-du-Rhône)
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Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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DES CONSEQUENCES IMPREVUES D’UNE RENCONTRE AVEC UN POTEAU
Enfin !!! Me dis-je en me levant ce Dimanche matin. Enfin je vais pouvoir courir le marathon de ma ville, parcourir la cité de mon cœur. A mes yeux la plus belle ville du monde, celle qui se drape dans sa fierté de plus ancienne cité de France du haut de ses plus de 2600 ans.
Car après tout cela n’a été simple, pour l’édition de l’année dernière déchirure musculaire 15 jours avant l’épreuve . Et cette année, une bursite achilléene m’a obligé à laisser au placard mes running pendant plus de deux mois, troquant mon plan d’entraînement de quasiment 4 semaines. Et reprise de la préparation il y a 5 semaines, mais bon je reste confiant après tout je tourne avec plus de 60 kilomètres par semaine avec une pointe à 70 à deux semaines de l’épreuve ( et trois sorties longues de 2h30 à 2h50) . Et puis nomdidjou… je joue à domicile, j’ai parcouru les rues de ma cité, j’en connais tous les coins et les recoins, depuis la Canebière jusqu’aux méandres du Panier en passant par les confins de la Joliette et du Cap Pinède, le parcours sera tout pour moi sauf une surprise. Je les ai arpenté ces rues en vélo et surtout en courant…
Bon certes vu le peu temps dont je disposais aucune course de préparation, pas de séance vraiment dure en fractionné, car je ne voulais pas risquer de me blesser à nouveau et donc j’avais porté l’entraînement plus sur la quantité que la qualité.
C’est donc avec la seule ambition de finir que je gagnais la ligne de départ, mais avec la secrète ambition de passer sous la limite des quatre heures. Comme d’habitude dans de telles épreuves l’ambiance est bonne enfant plusieurs sont déguisés, nous avons les quatre mousquetaires (qui en fait étaient cinq), une carotte géante suivie de prés par une marmotte ou un écureuil (enfin un rongeur quoi !!!).
Coté kikourou, j’ai déjà croisé Riri51 sur la Canebière qui s’engage sur son premier marathon. Et j’aperçois au loin la grande silhouette de Jean Louis alias le Solitaire qui va lui servir de poisson pilote et de reporter photo/vidéo. Mais ils sont déjà dans le sas des 3h30 et moi dans celui des 4 heures. Malgré mes appels, je n’aurai pas le plaisir de lui serrer la main avant le départ.
J’ai donc décidé de prendre un départ régulier, mon GARMIN est paramétré dans ce sens et j’ai pris soin de me placer à coté du meneur d’allure des 4 heures.
8h00, le départ est donné en haut de la Canebière qui comme chacun le sait mène au bout de la Terre, nous piétinons bien quelques secondes et rapidement nous passons l’arche matérialisant la ligne de départ.
Les premiers kilomètres sont un véritable délice, pas une voiture dans les rues, la ville est véritablement à nous, quel plaisir et quelle balade dans une cité rendue à ses habitants !! j’ai calé ma vitesse sur un peu moins de 5:50 au kilomètre. Nous quittons la Canebière et nous engageons une première fois Quai du Port, déjà pas mal d’encouragements, puis Quai de la Tourette, Cathédrale de la Major, une première petite bosse que l’on ré empruntera au 31° kilomètres et rapidement nous gagnons la première difficulté, la montée de Boulevard des Dames, mais tout le monde est frais et je ne pense pas que cela pose de problèmes.
Inconsciemment, je viens d’accélérer je suis maintenant en 5:15-5 :30 mais nous entamons la grande ligne droite qui nous amène de la Porte d’Aix jusqu’au Rond Point de MAZARGUES, presque 10 Km de superbe perspective. Les jambes tournent bien, il fait juste frais mais pas trop, la ville est toujours aussi superbe débarrassée des véhicules. Il manque bien un peu de monde pour nous encourager mais après tout il est encore très tôt.
Me remémorant les conseils de Jean Louis mon poisson pilote lors de mon bizutage de marathonien, je m’alimente consciencieusement à chaque ravitaillement, deux sucres et au moins 20-30 cl d’eau.
Purée… tout va bien la montée vers l’obélisque de MAZARGUES est littéralement avalée le monde est désormais présent, le noyaux villageois est pavoisé au couleur du marathon Ocre et
Bleu, un orchestre de percussion nous encourage de ses rythmes endiablés, il faut dire que les musiciens ne s’économise pas et mouillent réellement le maillot.
Ca y est ça redescend, une belle et longue descente qui va nous amener rapidement sur la troisième difficulté de la journée, la montée de l’Avenue de Hambourg qui me semblent à peine moins difficile que les deux premières toujours en 5 :15-5 :30 au kilo. Ce qui me chagrine un peu, c’est que je n’ai trouvé personne avec qui caler ma foulée et deviser de concert, les kikoureurs que je connais sont soit devant moi, soit derrière moi. Mais ce n’est pas grave car le parcours fait une boucle et nous croisons les coureurs qui parcourent la partie descendante, je croise successivement Jean Louis et Riri, un grand salut pour les encourager. J’ai bien entendu ça et la « Allez kikourou !!! » mais sans pouvoir identifier qui que ce soit.
Désormais nous sommes dans le Parc BORELY qui pour moi évoque toujours la nostalgie de mes débuts dans le Cross de mon collège. Bientôt le panneau du semi est bientôt visible, en parcourant les écrans de mon GARMIN, il faut se rendre à l’évidence je suis sur la base des 3h48-3h50, bon je me calmerai sur le second semi sinon je vais exploser en vol me dis-je.
A peine ais-je le temps de finir mentalement ma phrase qu’un terrible choc à la cuisse me stoppe net , la douleur me précipitant par terre. Je regarde ma jambe gauche, mon cuissard est déchiqueté sur plusieurs centimètres, une belle plaie s’est formée et le quadriceps prend rapidement une teinte bleue d’un superbe effet en d’autres circonstances mais pas sur un parcours de marathon.
Devant moi le responsable un poteau avec son crochet support de chaîne qui s’était mis en tête de se payer un marathonien. Rapidement d’autres coureurs me remettent sur mes jambes, enfin ma jambe, parce que la gauche c’est clair ne va plus mettre d’un grand secours. Le quadriceps est véritablement engourdi, il faut surtout ne pas s’arrêter pour éviter l’hématome de s’installer, c’est pour cette raison que je prends le parti de ne pas m’arrêter au premier poste de secours. Ca tiendra tant que ça tiendra. Je reprends ma course mais l’un dans l’autre c’est presque 10 minutes de perdues.
Il commence à y avoir pas mal de monde sur le parcours, et je prends pour moi chacun des encouragements même si ils ne me sont pas adressés.
Quatrième difficulté, le début de la Corniche Kennedy une belle rampe de 500-600 mètres qui aboutit au plus beau panorama du front de mer, la rade pour soi tout seul (enfin presque on est plus de 2500 quand même). On est en plein soleil plus un brin d’ombre, d’ailleurs pas mal de concurrents commence à ressentir les effets, on voit les premiers marcheurs, mais aussi les premiers joggeurs du dimanche qui sans dossard se donne quelques moments d’euphories en nous accompagnant.
Ma jambe me fait vraiment mal, la plaie s’est bien installé et un filet de sang commence à couler, je la rince abondamment avec une bouteille d’eau et je serre les dents, mais la cadence est forcément ralenti, maintenant en 5 :40-5h50, bon je reste dans les temps pour moins de 4 heures.
La corniche est terminée, nous passons rapidement les noyaux villageois de Malmousque et des Catalans et entamons la descente vers le Vieux Port. Comment décrire la double haie d’encouragement qui nous accompagne, à un instant donnée il me vient une image, une étape du Tour de France, certes moins de monde que dans l’Alpe d’Huez mais l’analogie est proche.
Un « allez Bruno » tonitruant , c’est Roger alias RogerRunner13 devant le stand de ravitaillement.
Et puis pour moi, c’est un peu plus loin que je vais retrouver ma petite famille, je songe à m’arrêter quelques instants, mais vu la douleur qui prend ma jambe, je me dis qu’un arrêt me serait définitif en terme de course.
Allez il reste presque 11 kilomètres, soit quasiment autant que depuis ma rencontre avec le poteau maudit (Celui là je vais lui faire sa fête à ma prochaine ballade au Parc BORELY).
Et pourtant jamais 11 kilomètre ne m’ont paru aussi long, ma jambe gauche ne me permet presque plus aucun appui et évidemment à force d’être sollicitée la droite me fait savoir que « C’est antisyndical à bas les cadences infernales » et « le rendement rend dément ». Je décide de passer en mode d’économie (8 km/h ), et me doper à la moral-ine et au motivex , tout en raclant les fonds de tiroir pour trouver un peu d’endorphine. Je ne regarde même plus mon chrono, de toutes façons une seule chose compte « T E R M I N E R !!! »
Beaucoup de monde me double ce qui me file un peu coup derrière la tête. Soudain dans l’autre sens, un buff kikourou sur un vélo. Un « Allez kikourou » des plus plaisants à mes oreilles, « Allez tu portes les couleurs des kikous » me dis-je. Je tente de me relancer une foulée après l’autre, la cadence augmente peu à peu 7:30 au kilo puis 7 :00 et maintenant 6 :00. Mais le parcours le long du Port Autonome est vraiment casse pattes, à l’allée comme au retour. Voila j’aperçois les dômes de la Cathédrale la Major, un dernier coup de collier « Vos gueules, les cuisses on fonçe » 5:00 au kilo sur les deux derniers kilos me permettent de sauvegarder les 4h15.
L’arrivée est là toute la famille présente, beaucoup, beaucoup de monde. Une charmante bénévole me remets ma médaille, et une non moins charmante m’ôte la puce de mon dossard (un vrai fantasme ).
C’est un véritable chemin de croix pour retrouver ma consigne. Mais je suis dans un état second le corps saturé en endorphine et d’émotions de terminer mon deuxième marathon, avec une pensée « le prochain c’est quand ? » mais avant j’ai un compte à régler avec un poteau du Parc BORELY.
9 commentaires
Commentaire de kkris posté le 19-04-2010 à 22:03:00
merci pour ce cr plein d'humour malgré les circonstances.
bravo à toi d'avoir terminé en dépit de cette agression inqualifiable par un poteau.
bonne récup, à un de ces jours !
Commentaire de Fredy posté le 19-04-2010 à 22:03:00
Moi qui croyait qu'au marathon on se payait le mur. A Marseille on se prend le poteau ;-)
Rien de grave j'espère.
Bonne récup.
Commentaire de CROCS-MAN posté le 19-04-2010 à 22:42:00
BRAVO Bruno, tout au courage, fier d'être marseillais!!
Soignes toi bien et à bientôt.
Commentaire de riri51 posté le 20-04-2010 à 07:41:00
Merci bruno pour ce moment de lecture super agréable et très amusant...4h15 dans ces conditions, cela ne laisse aucun doute...sur un marathon sans poteau c'est du 3h50 à tous les coups! félicitations pour ton courage et ta persévérance, Bonne récup et à bientôt!
Commentaire de RogerRunner13 posté le 20-04-2010 à 07:57:00
Merci Bruno pour ce récit palpitant et puis tu as raison faut lui régler son compte à ce foutu poteau.
Commentaire de Rudyan posté le 20-04-2010 à 10:03:00
Pas facile qd la malchance s'en mêle! Bravo pour ton courage, un marathon c'est déjà beau de le terminer!
A bientot!
Commentaire de JOE14 posté le 21-04-2010 à 11:13:00
C'est dure de finir comme ça quand on est bien, c'est super ce que tu as fait!Tu as serré les dents et tu t'es arraché sur une jambe!
Bravo, surtout qu'il te restait bcp de kilos à faire après ta rencontre face à se fichu poteau, moi je l'aurais découpé dans la nuit pour me venger!
Remets toi bien et bravo!
Commentaire de Eric Kb posté le 24-04-2010 à 13:52:00
Finalement, il n'y pas que les footeux qui ont des problèmes de poteaux !!! Il n'était pas carré au moins ?
Courageux de finir , Bravo!
Eric
Commentaire de superchoco posté le 27-04-2010 à 16:32:00
eh bien 4h15 avec une jambe en moins et une préparation perturbée par une blessure, c'est un superbe résultat ! On sent toute l'émotion de boucler un deuxième marathon, ça donne envie ! bravo et bonne récup'.
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