LE TUMB (Titanesque Ultra Monstre blanc) ou en VERSION classique Ultra Trail du Mont Blanc
Le « théoriquement » vendredi 27 août 2010 à 18h30
Découvrez la playlist marco rocco avec Marco Rocco
Après cette fameuse « Sky race » du mois de juillet dans le coin de Pastis dit : Ti Pastaga, et bien je ne me sens pas forcément prête, je ne comprends pas pourquoi j’ai tant mal aux genoux comme cela, la semaine de stage avec le team en juillet , ne me rassure pas non plus, constatant une défaillance en descente, et des difficultés pour crapahuter dans les cols. Bref ! GO NO GO ! J’y vais ? Non ! Je fonce !
C’est la vérité la semaine précédente du « tumb » soit du samedi au mercredi, je suis malade de chez malade avec 40 de fièvre (Jack est témoin, lol avec le thermomètre). Toubib donc ! Un mauvais virus m’a agrippé pas d’antibio, je gère les derniers préparatifs (portable option Internationale, ok ! Le gobelet pliable pas ok ? Les bâtons je prends ou pas ??? La frontale pas ok du tout , les filles, et j’alterne des pauses de repos. Ma dernière séance de 15 km, je transpire comme un bœuf, mais elle passe.
Le mardi je passe un test à l’effort sur vélo (pas malin mais le R.V était fixé depuis longtemps) comme je peux avec de bons résultats, un gros cœur qui fonctionne très bien, ainsi qu’une excellente récupération. Me voilà prête et rassurer pour cet ultra.
En tous les cas, je ne dors pas ou plus et je ne fais que penser à la montagne tout en languissant le départ et en me demandant si je serais capable d’arriver au bout. Je m’imagine « finisher » et pleurer de joie. Vous ne vous rendez pas compte vous ! Les vrais « trailers », les appréhensions d’une routière avec mes côtes qui n’atteignent pas 3 minutes pour les entrainements…
Pour la petite boutade, j’avais une séance de côtes un jour à la sortie de mon travail (entre 2 et 3 minutes) sur goudron en plein cagnard, et je devais la monter 20 fois. En faisant passer mes données le soir à mon coach et bien j’entends dire que je n’ai pas trop forcé apparemment… Je suis (mdr) sans bruit, et bien ! Me dit mon entraineur : « demain tu refais la même séance mais plus rapide ». Ah ! que l’on me dise pas que je suis chouchoutée, sinon vous allez avoir à faire à moi. Et bien le lendemain sagement j’ai effectué ce que Jack m’a demandé car je voulais pas me retaper la même le lendemain,… On ne sait jamais,
En revanche, je garde en mémoire, mes dernières séances avec Jack en montagne, où là ! J’ai franchi un pallier et je grimpe, ma foi, pas trop mal. Mais il me manque ce schéma de course, que faire à tel moment, je me change quand ? Où ?Je mange quoi ? Je bois tous les combiens de kilos ? Ce sont ces repères qui me rassurent, tout doit être réglé comme du papier à musique. Ouf ! Jack m’explique où je le verrais ainsi que le staff, on doit voir le diététicien au salon etc… Me voilà bien rassurée pour me projeter sur la « race ».
Mercredi 25 août 2010
C’est le départ pour Chamonix, ou Jack a réservé un superbe énorme chalet pour les athlètes et le staff et mes 2 gamines.
C’est magnifique, il fait super beau, alors que parait-il ils sortent d’un mois de pluie. Installation, préparatifs, repos, manger, manger, manger. Nous nous retrouvons au complet le jeudi matin et partagerons comme dab de bons moments de rigolades etc… Bastien BRAVAIS et moi-même sommes les 2 du team à faire l’ UTMB ! On c’était retrouvé par hasard sur la course des 2 forts à IRIGNY course FFA ou Bastien fini 3° et ma pomme 4°.
Nous allons donc passer saluer tous nos partenaires au salon UTMB, et le jeudi nous trottons pour essayer tout notre matériel.
Je fais attention pour ma part au protocole de notre diététicien pour les jours précédents la course, et Bass « toon » aussi. Nous nous amusons comme des fous en nous posant régulièrement la question : « Tu dors toi ? », tu te sens bien ? Bastien : « Oui mes puls sont à 32 », bah moi à 80 couchée lui dis-je, morte de rire . Même si je lutte contre mes émotions « j’ai la trouille », voilà ! Ca c’est dit !
Jeudi 26 août 2010
Il est l’heure de notre rendez-vous au superbe hôtel l’ Aiglons à Chamonix pour une interview et une séance photos, nous sommes reçues séparément, mais il y a ou aura l’Anglaise (gagnante), une Espagnole, une Italienne, Karine Herry , et ma poire (pour éviter les répétitions avec pomme).
Je suis reçue avec honneur, nous faisons les présentations avec Patricia, Vincent le photographe et Jean-Baptiste le rédacteur du Jogging International. Tous les 3 sont charmants. C’est parti, pour des photos ou le but est de jouer devant l’objectif, mais ce n’est pas évident d’être décontractée, en tenue ville, puis maillot de bain au bord de la piscine où les résidents de l’hôtel sont présents, mdr. Je réponds à toute les questions et me prends au jeu, pour l’article « belle de trail ».
Et bien, je ne vois pas le temps passé avec eux, les filles sont fières de maman. J’ai passé un excellent moment, et ils m’ont fait oublier mes appréhensions.
Jack et Bastien nous récupère pour fignoler encore les derniers détails (garmin etc…).
Et puis, il faut manger, manger, dormir, se reposer tout un programme. Je veux finir de préparer les sacs pour les différents endroits où le staff sera présent, et je réclame le lit très tôt, fermer les yeux et être allongée c’est toujours cela de pris.
Vendredi 27 août 2010
J’ai un peu mieux dormi, mais pas top les sinus sont pris, je fais des inhalations, j’ai mal à la tête, je n’ai pas faim du tout, un peu sur les nerfs, bref l’avant course. J’ouvre un œil, le ciel est gris, il pleut averse . Je reçois un texto de l’organisation annonçant de prendre du bon matériel pour affronter le froid le vent et la pluie, voilà qui est inquiétant, je suis à charge d’âmes, je divague parfois en me voyant au fond d’un ravin ou en hypothermie, seule et abandonnée dans la montagne. TOP DELIRIUMS TREMENS.
Nous partons retirer nos dossards avec la vérification des sacs avec tout un cheminement ou l’on nous accroche le bracelet correspondant à la course, on récupère la puce ailleurs, c’est très administratif comme organisation on passe d’un bureau à un autre , quelques allers-retours, il manque toujours un truc. Repasser encore au salon, il faut un gobelet pliable qui est introuvable à Lyon !!! Grrr !!! J’veux rentrer mouaa , j’en ai marre de courir à droite et à gauche.
Enfin le repos, je suis seule avec moi-même et dans ces moments ; cela me va bien. J’ai juste besoin d’une présence à côté de moi. Je peux prier, et sachez qu’en pensées le diable ne peut pas les lire, il joue juste avec les paroles qui sortent de notre bouche ou nos habitudes, nos gestes pour nous lier dans nos faiblesses ou nos mauvais penchant (ça c’était pour le sermon du jour, ) . Et bien moi ! Je demande un signe, pour savoir s’ il va me donner la force d’être « finisher ». Deux secondes après, j’ai la réponse à ma question, et je suis très rassurée.
17h00 Ce sont les gros préparatifs, s’habiller complètement, vérifier le camel (les choses obligatoires), le remplir , le mien est petit mais quelle contenance je n’en reviens pas, vive les « camel » NATHAN ! En plus ils sont beaux.
Tout le monde en voiture, le staff, les athlètes, les filles. Nous allons arrivés d’après mes souvenirs 20 min avant le départ. Que de monde ! C’est plus qu’impressionnant cette foule de spectateurs, Jack et Bastien ouvre le chemin, je tiens la main des filles pour ne pas qu'elles se perdent, nous nous faufilons entre les spectateurs pour arriver sur la ligne de départ par le devant, Maître Jack est très fort , et les arrivées du team NB et BVsport se passent généralement d’une façon très originale . Je ne sais pas pourquoi cela me fait penser à Rémy Gaillard (le gars qui fait des farces à tout le monde)…
Le plus amusant, ce sont pour enjamber les barrières, Bastien fait 20 cm de plus que moi, et il m’aide comme un galant homme à les escalader devant une foule de regards amusés et interloqués des spectateurs et coureurs . Nous allons nous placer Bastien dit Bass toon et moi à la 5e ligne environ. Je m’amuse à regarder les gens sur les balcons, les élites devant, Kilian est presque à ma portée et je constate qu’il est guère plus grand que moi, j’aperçois aussi Scott Juret.
L’animateur est du tonnerre ! L’organisation est rodée et plus que parfaite, des photographes, des caméras, il parle en Français puis la traduction en Anglais. On nous fait faire la « ola », nous saluer avec nos compagnons de proximité, en nous serrant la main ou nous embrassant. Mon cœur bat la chamade, et encore plus lorsqu’il mette la musique des chariots de feu et la musique de Vangelis, c’est grandiose et émouvant, cela vous prend aux entrailles , j’vous dis pas. Je regarde les montagnes à côté de moi avec une certaine peur, et humilité devant ces hauteurs. Le décompte se fait, et PAN ! C’est parti, je trottine légèrement, et très vite je peux courir à une petite allure selon les consignes de Jack et Rodio (calculateur), nous sommes acclamés, vraiment l’impression d’être des héros, je salue le maximum, « merci, » j’tape dans les mains, la totale. Ils partent comme des bombes, et oh ! 166 km, 9000 D+, Ah bon vous êtes au courant, ok.
Une partie de goudron, il commence à pleuvoir et de plus en plus, ce n’est pas rassurant pour la nuit.
Au bout de 8 kilomètres de nombreux coureurs mettent la veste imperméable, pour ma part, la bouillote, négatif ! Trop chaud, j’aime la pluie et ne la sens pas. Il pousse au sol à cette occasion des polars , des lunettes de soleil, des gourdes, et moi c’est un coureur qui me ramène ma veste accrochée au camel, gentiment il attache, mais cela ne tient pas bien.
Allez ! On attaque le col Delevret le chemin est assez large, un Italien m’annonce twenty (20° en French) au passage, j’suis mdr ! Pourquoi me dit-il cela fait 1h30 que l’on court ? Ils sont fous ou quoi, il peut se passer tellement de choses en 30 heures. Bref ! Je me sens super bien, ces endroits ou je ne pouvais pas courir à la reco du mois de juillet, je passe les doigts dans le nez à petites foulées, qu’est que je suis contente de mes progrès. Le test sera dans la première descente pour les douleurs horribles dans les genoux lors de mes entrainements à la montagne et à la sky ! En tous les cas, j’men suis pris plein la poire, je ne sais pas ce qu’ils ont à lâcher des caisses comme cela les coureurs aujourd’hui, pfff ! Le bruit passe, mais l’odeur, bonjour les dégâts, je rigole toute seule car en général, ils se retournent légèrement pour voir qui est derrière, et quand il voit que c’est une femme, ils accélèrent… Par honte je pense,
Enfin, après ce moment de rigolade, je suis heureuse de recevoir des textos des amis qui me tiennent au fur et à mesure au courant de mon classement. Je ne vois pas les kilomètres passés car toutes les 10 min je dois boire 3 à 4 gorgées de boisson énergétique car je veux tourner qu’à cela sans manger de solide. Voilà la longue descente sur St Gervais. Mes genoux ? Aucune douleur, le corps est vraiment bien conçu, j’ai eu mal jusqu’à présent en descente et le jour J, il a du me pousser des muscles de « traileuse » je pense . Personne ne me double, waouh ! C’est que je ne me débrouille pas si mal. Malheureusement, je rencontre un blem de frontale et je suis obligée de m’arrêter pour prendre celle de rechange. Des dizaines voire des vingtaines de coureurs me doublent … Pas grave ! Je repars, et je sais que je vais voir Jack et Maria au prochain ravito et me changer. Nous voilà ! C’est reparti pour un accueil incroyable, spectateurs, médias. Maria m’attend, et m’annonce que la course est stoppée, au début je pense qu’elle me blague. A tour de rôle, je vois la tête des coureurs dont certains en larmes, j’entends le message au micro de l’organisation, Jack me rejoins et me prend dans ses bras. Au moins 10 min pour réaliser le truc … Une énorme coulée de boue empêche l’ascension du prochain col (croix de la Seigne). Je look le garnim plus de 21 km et 2h45 de course.
Il pleut des cordes, nous rentrons au chalet, Bastien est arrêté aux Contamines, il rentre avec les parents de Jack et mes petites. Là ! Ou je suis perdue ! C’est le signe que j’ai demandé à Dieu comme quoi je serais « finisher », bah de quoi ??? Ca me travaille, pourtant en tant que chrétienne depuis toute petite, il me semble savoir reconnaitre la voix de Dieu, et cette paix qu’il donne après avoir parlé.
Je file me mettre dans un bon bain chaud, car je suis frigorifiée après la suée et surtout la pluie par-dessus, je pense de suite au 100 km de Millau pour de nouveau rebondir . Envie de bière comme ces derniers temps d’ailleurs, c’est parti pour 2 verres et surtout on discute, on rigole, on parle de nos tempos à Bastien et moi, qui étaient à la minute près respectés, sans le savoir pour ma part (ils me connaissent bien Rodio et Jack). Nous allons dans une bonne ambiance, nous coucher, et paf! Bastien reçois un texto, moi de même, prévoyant un départ de Courmayeur à 10 heures le lendemain. On ne se pose même pas la question, le réveil est mis pour quelques heures de sommeil, qui sera bien agité par l’effort et l’excitation du re-départ.
Samedi 28 août 2010
Une banane, du pain, je prépare des affaires propres, tenue rose et noire, en tant que « belle de trail », je me voie mal repartir sale, donc passage salle de bain, on attache les cheveux, baume sur les lèvres, et c’est tout.
En voiture, rien ne va, j’ai envie de vomir (fatigue je pense). Nous nous plaçons sur la ligne de départ de Courmayeur ou règne la même ambiance que la veille rejoignant les coureurs de la CCC sur le parcours qui sera celui de l’UTMB. Je retrouve un coureur du tumb, venu sans hésitation lui aussi et on discute… nous nous reconnaissons à la couleur de nos bracelets, ainsi que sur le dossard ou je regarde le drapeau Français au dessus de mon prénom, je suis plutôt fière, bah voui !
C’est reparti pour un tour, et de nouveau ils partent comme des déjeantés, je ne dois pas être en forme, effectivement mes jambes ne vont pas du tout, du plomb, le souffle pas "top" puisque fatiguée, je me fais doubler dans tous les sens, l’impression de faire du sur place, et bien ! « Ca promet me dis-je », on attaque Bertone, et aujourd’hui je ne supporte pas le bruit des bâtons, cela devrait être interdit sauf pour les randonneurs , je mets les mains sur les cuisses et je m’active, du mal à garder ma place, tellement ils sont excités, et bah ma foi doubler, je me pousse, laisse passer je ne veux pas gêner non plus.
L’hélicoptère n’est pas loin de nous pour retransmettre les images sur écran géant, je pense. Il fait un grand soleil et chaud. Bon ! Ca c’est fait, nous partons sur une partie légèrement valonnée ou l’on peut courir un peu quand même, je vois que je suis dans les mêmes allures qu’une Japonaise, je croise Salvator (PDG) de chez BVSport qui marche en sens inverse pour aller à la rencontre des coureurs, on se salue chaleureusement et puis je repars, re-voilà l'hélicoptère, je fais un signe, il me semble très proche.
J’arrive à Arnuva, je crois ! Jack et Maria sont là, ils me remplissent le camel qui est quasi vide tellement je suis assoiffée. Je demande à Jack si au niveau de la barrière horaire je ne bloque pas, du coup j’ai vraiment du dire une connerie parce que leurs regards en disait long , bah voui mais je n’ai pas de repère je n’avance pas, enfin une sensation. Jack et Maria me disent que cela va passer je n’en suis pas convaincue du tout. Je pense à Bastien qui doit être à peu près dans le même état que moi.
Le grand col Ferret, il est horrible au niveau des conditions climatiques et des paysages hivernaux, forcément les températures chutes grave, il pleut, de la boue de partout, je fais un pas et recul de deux, bienfait pour toi de dire que les bâtons devraient être interdits, les bâtons ? En fait ils seraient bien utile là, à la guerre comme à la guerre, ils sont tous gelés et s’habillent de coupe vent etc. je n’ai absolument pas froid, je mets mes lunettes en revanche car la pluie et le vent me gêne pour avancer du mieux que je peux, je double une ou deux nanas, je rattrape la Japonnaise avec qui on va jouer au yoyo tout du long d’ailleurs. Je prie, j’avance, je prie, j’avance, je pense aux uns et aux autres pour passer un moment car personne ne se parle, des Italiens à mes côtés, la Japonaise, bref pour le dialogue ce n’est pas top.
La descente sur la Fouly, me suis marrée en fait, de la boue mais comme vous ne pouvez pas imaginer, je glisse sans tomber, je double des coureurs, l’un me dit un Français que je descends bien, c’est bien la première de ma vie que j’entends cela. Il y a bien ma chaussure qui va rester coincer dans une marre de boue à deux fois, mais bon ! Je m’essuie sur mes jambes car il faut mettre les mains dans la bouillasse. Je crois que l’on m’annonce dans les 10. Je fais quelques kilomètres avec le jeune qui a fait le 65 km des aventuriers du bout de Drôme. Il me dit que nous sommes sur de très bonnes allures, c’est vraiment bizarre, tout est relatif. Nous sommes sur la partie goudron, et j’entends : On reconnait la coureuse sur route, et viiii, j’accélère, je double une coureuse (Isabelle), accompagnée d’un homme, on peut papoter 2 minutes.
Je ne sais plus où me situer c’est un ravito, C’est Matthieu que je vois, il me dit que je n’ai pas assez bu et que Jack et Maria sont au prochain ravito. On fait le plein, je refuse de me changer, de manger, je veux partir sans tarder, non ! Je ne suis plus la même en course au bout d’un moment, l’esprit compétitif prend le dessus, donc je veux éviter de perdre du temps un maximum.
J'entends des spectateurs m'appeler "Barbie girl", les booster sont roses , et "elle maquillée en plus, elle est belle", hum! Ca fait plaiz, je réponds que c'est du maquillage permanent en souriant, bla, bla 1 min avec un gars
La Bovine, col hyper technique, il faut parfois s’aider des mains, il est très dur, mais çà va du coup j’ai lâché les gars avec qui j’avais sympathisé, et je crapahute. Cela ne sert à rien de regarder en l’air, car de toute façon dans ses cols, on n’en voit jamais la fin. Sur le faux plat, je rattrape du coup une autre runneuse qui avance très bien mais elles ont toutes des bâtons, je vais re-passer la Japonaise et j’essaye d’accélérer pour tenter de les lâcher sans me griller toutefois. En haut on m’annonce très bien placée 5°, ils doivent se tromper, je pense.
Il y a une longue partie sur goudron, mais je ne pourrais pas vous en dire plus de toute c’est là ou j’irais le plus vite , je cours avec l’organisateur de la course de? Je ne sais plus... un bon moment. Je file... j’entends un coureur maugréer tout seul, j’accélère un peu pour lui demander ce qu’il a. Il me dit : « Regarde le gars, il coupe à travers le champ », je ne suis pas contente non plus. Je lui propose de le rattraper et de lui faire un peu la morale, c’est parti, je prends les devants pour lui causer (l'autre étant bien énervé), et si il me cogne dis-je au gars, mdr ! T’inquiète j’suis là, ok… Nous nous sommes arrêtés et on lui rappelle la charte que nous avons signés, il est un peu penaud , j’enregistre le numéro du dossard. Il s’excuse, c’est bon ! Nous repartons dans une bonne ambiance.
Descente sur Trient, c’est super, aucune douleur aux genoux, je me mets en position ski de fond, je n’oublie pas de regarder 2 à 3 mètres devant mes pieds, je positionne mes bras sur le devant et je joue avec mes bras pour garder un bon équilibre, je vais un mélange de tiping, saut à la corde, je garde un pied très dynamique et je saute à pieds joints comme Jack m'a appris,hyper concentrée la fille. Je suis avec un super gars, qui bavarde bien et qui m’encourage, me félicite, apparemment je le motive pour ne pas marcher comme il aurait fait seul, selon ses dires, alors là ! Mon réservoir de confiance est gonflé à bloc avec ce gars , il ajoute que je suis régulière, impressionnante, que j’ai la bonne technique de descente. Parfait ce jeune homme . Jack m’attend et fait quelques foulées avec nous, ils se reconnaissent et sont potes , Stéphane a toujours de gros défis dans des courses et des raids c’est l’innovateur d’ailleurs du challenge Héro.
Jack du coup lui demande pour "mission" de m’amener au bout, il est heureux et moi aussi, on forme une super équipe . C’est un gros ravito, l’animateur demande à Jack qui je suis, il me présente au micro alors que je suis déjà repartie, mais j’entends au loin. Les consignes de Matthieu ont suivi, et Maria et Jack me gronde un chouille car je ne bois pas assez, effectivement je n’ai pas fait pipi du tout au bout de 10 heures de course, ceci dit j’ai envie, mais je ne veux pas prendre le temps de m’arrêter, quand je vous dis qu’à un moment donné ce n’est plus moi et que je fais n’importe quoi, alors le fait que tout doit être réglé comme du papier à musique ne dure pas longtemps chez moi, enfin j’me comprends.
On en est où ? Je situe plus du tout dans ma tête pas grave, ah oui ! C’est un col régulier et Stéphane le connait par cœur, il m’annonce les kilomètres, le dénivelé, la difficulté, je le suis , les mains sur les cuisses la même technique, il a les bâtons et la plupart me demande d’ailleurs comment j’arrive à grimper sans les bâtons, et bien les quadriceps mes amis, les quadris. Il me semble que deux coureuses me rejoignent et je laisse filer car je ne peux pas faire plus. Bah après le col c’est forcément la descente sur Vallorcine, je commence quand même à fatiguer et le sommeil m’emprisonne, je descends un peu moins bien, certainement un moment d’inatention, et je sens que mon pied droit a vrié sur quoi d’ailleurs, un gros caillou sans doute, celle-ci est plus technique, je m’arrête de douleur , j’ai très mal, c’est une entorse du même côté qu’au trail de Mirmande, tout est foutu, en entrainement avec Jack vers chez moi, elle a vrié aussi, elle est fragile et je n’ai pas assez travaillé la proprioception. Je repars tranquille, maintenant c’est foutu, j’ai peur , je tremble en descente, pour une fois que je me lâchais, mon allure ne sera plus la même du tout, je sens ma cheville gonflée, du coup mon releveur est comprimé et mon pied gauche est bien handicapé.
Ravito, j’informe Jack de cet incident, et je ne pense pas m’engager à la tête aux vents dans la nuit noire.
Et pourtant les mots de la bible s'inscrivent dans mon coeur "Même si les collines venaient à s'ébranler, même si les montagnes venaient à changer de place, l'amour que j'ai pour toi ne changerait jamais, et l'engagement que je prends d'assurer ton bonheur restera inébranlable. c'est moi le Seigneur qui te le dis, moi qui te garde ma tendresse."
Dès que tu sens l'ennemi s'approcher de toi, il te suffit de prier Sylvie: "Saint-esprit, sois mon bouclier et mon protecteur". MARCHE AVEC COURAGE. N'hésite pas à m'invoquer". Dans ces moments je suis
On effectue un changement de chaussure, Maria et Jack me font manger des tucs, du saucisson, je bois, on m’habille, je mets la frontale, les arrêts sont comme en formule 1 très rapides j’ai failli repartir sans mon dossard, car je tente de finir quand même, il y a une partie assez roulante normalement pour courir, j’ai mal, je n’ai plus envie, et j’ai surtout très très sommeil, je vais lutter car je m’efforce de répondre à l’ami de Jack, nous marchons activement, et on va parler de nos vies dans beaucoup de détails du coup, je connais la sienne, il connait la mienne, il est adorable. En bas de ce col monstrueux, en levant la tête on voit des lucioles dans les lacets c’est impressionnant, je ne le connais pas, car pendant la reco je ne l’ai pas fait par douleur des genoux, mais d’après les dires, c’est quelque chose.
Et bien, le plus dur de ma vie , il plus que technique, je me sent parfois partir à la renverse, mon souffle est court, je positionne mes mains sur les quadris, c’est tout en lacets, il y a des marches de géant à escalader, c’est la nuit noire, et j’ai envie de « pisser ». Il faut cette fois ! J’éteins la frontale, je suis au bord du ravin pas le choix, pas la place c’est de la monotrace, je pisse debout, pas le choix non plus, les coureurs passent à côté, mais une fois passés, ils doivent se retourner les coquins car me voilà bien éclairé du popotin, grr!! Ils ne perdent pas le Nord, certains. M’en fou, j’en ai vu d’autres…
Je rejoins la Japonaise qui semble ne pas aller très bien, elle s’arrête pour vomir, depuis que j’ai mangé, ce n’est pas génial non plus, je passe, mais allez 5 min après elle repart de plus belle, me repasse devant à bonne allure, elle est solide la gaillarde vraiment, une autre femme me passe et m’encourage,et une autre je crois que c'est Isa, une runneuse avec qui j'ai discuté un peu (il y a aussi les personnes qui n’ont pas couru la veille et qui sont plus fraiches), allons-y gaiement, mon téléphone sonne, mais je ne décroche pas, je ne vois rien tout devient très compliqué pour moi, il fait 0° et je n’ai toujours pas froid, mais très soif.
Dimanche 29 août 2010
Dans la descente qui suit, une autre me double évidemment je lambine.
La Flégère, Je marche dans les descentes je perds un max de temps, j’ai vraiment peur pour ma cheville. Stéphane m’attend me motive m’annonce les kilomètres avant l’arrivée, j’en ai marre de marcher car mon pied est comprimé, j’en ai marre de me faire doubler c’est dur moralement alors que j’étais bien, j’en ai marre d’avoir marre, mais je me dis que je serais « finisher », le signe de Dieu me tiendra jusqu’à la fin et c’est l’essentiel avec une place honorable. C’est ainsi je vais soigner et consolider cette cheville comme il faut afin de ne pas récidiver à chaque fois.
L’arrivée, c’est génial, il y a encore du monde, je tape dans les mains des gens et enfants... Jack et mes filles font les derniers mètres avec moi, la première fois que nous courons ensemble avec Typhaine, qu’est-ce que je suis heureuse, Jack Mon amour, qui fait le maximum pour moi, me félicite, la ligne d’arrivée est franchit. Retrouvailles avec tout le monde, Bastien qui finit 14°, ma pomme, poire, abricot , 14° femme. Jack me présente Catherine POLETTI, organisatrice de cette ultra(petit bout de femme dynamique) je n’ose pas l’embrasser dans mon état, et elle me répond que les autres ne se gênent pas, lol.
Je suis très satisfaite, heureuse d’avoir fini cette grande course, je ne dis surtout pas mon dernier sur trail ou ultra trail, je sais maintenant que les jambes sont des pilliers. Je pense, que j’aurais fait mieux sur une distance plus longue, sur le véritable UTMB. Satisfaite de n’avoir tourné quasiment à la boisson, ce que je ferais sur un prochain 24 heures.
Ce qui fait un total de 21,810 + 91 km = 112… en 18h30.
Nous finissons la nuit, enfin 2h30 du matin au champagne.
Dès le retour, je reprends les séances de kiné, je mets de la glace tous les soirs. Je prends le lundi en repos run, mardi vélo, et mercredi c’est reparti pour du 30/30, du seuil etc... Car le prochain défi est le 100 km de MILLAU ( Un athlète peu encaisser des charges de travail importantes), ou je serais heureuse d’atterrir dans les bras de Jack à qui je souhaite de tout cœur qu’il atteindra son objectif , et répétant ses gammes sur le marathon du médoc ce jour, il met 2h59 pour plus de 43 km pour tous, et Bastien 2h45 et encore 14°. BRAVO LES CHAMPIONS.
Je remercie Jack pour la patience qu’il a eu de m’apprendre à descendre.
Je remercie Jack en tant que chéri pour ses attentions délicates.
Je remercie cet ami Stéphane , sans lui, je ne sais pas trop??? De plus délicatement pour l'arrivée il se place derrière.
Merci à tout le staff, et à tous mes amis pour les textos d’encouragement et de mon classement le long de la course.
MERCI à tous les bénévoles qui travaillent dans l'ombre, au froid.
QUELQUES VIDEOS:
http://www.youtube.com/watch?v=h3cwZqJh ... re=related
http://www.youtube.com/watch?v=DiQjsNhi ... _embedded#!
http://www.youtube.com/watch?v=l-rCN06O ... re=channel
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Tout ce que tu trouves à faire, fais-le avec l'énergie que tu as, car il n'y a plus ni activité, ni réflexion, ni science, ni sagesse dans le séjour des morts vers lequel tu es en route.
L'Ecclésiaste 9 - 10 (la bible)
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